Julia Allard-Daudet
(1847-?)
Notice biographique extraite de :
Alphonse SÉCHÉ, Les Muses françaises.
Mme Alphonse Daudet, née Julia Allard, naquit à Paris, en 1847. Elle avait dix-huit ans à peine, lorsqu’elle fit insérer dans l’Art, sous le pseudonyme de Marguerite Tournay, ses premiers essais poétiques. « Plus tard, – écrit-elle dans la préface de son recueil de début, – je continuai à des dates éloignées, et je griffonnai des vers comme un peintre des croquis, au bas d’un registre de comptes, au revers d’un devoir de mes enfants, ou de pages lignées d’une fine et serrée écriture qui s’est faite glorieuse. » – N’est-ce pas dire combien peu d’importance Mme Alphonse Daudet attache à ses poésies ! Avec une modestie parfaite, elle ne veut y voir qu’une « élévation courte et subite d’une pensée féminine vers ce qui n’est pas la tâche journalière ou l’obligation mondaine : écart, intervalle, minutes de grâce d’une vie pleine, fleurs du champ défriché, assez semblables à ces plantes menues qui, la moisson faite, pointent entre les javelles, à peine assez hautes pour les dépasser ». Pour elle, faire des vers ne constitue pas une occupation; aucune passion, aucune force intérieure ne l’oblige à écrire des vers : la poésie est une distraction, un agréable passe-temps. Aussi ne faut-il point demander à sa muse de longs poèmes traitant quelque grave et profond sujet, pas même de ces sonnets remis pendant des mois sur le métier. Aucune trace d’effort dans ses vers, pas le moindre vestige d’un laborieux travail. Les jolies pièces de Mme Alphonse Daudet sont d’un art facile, distingué et charmant. D’une main légère, elle esquisse – fraîches aquarelles sur batiste de soie ! – des petits paysages de France; elle dit avec grâce et simplicité la douce joie ou la tendre tristesse... Et tout cela ignore le compliqué moderne et la complexité sentimentale si à la mode depuis quelque temps. Dans un vers clair, Mme Daudet coule sa claire pensée : eau limpide dans un cristal transparent.
Mme Alphonse Daudet fut la collaboratrice dévouée de son mari. Comme l'a écrit J.-M. de Heredia : « Elle a sa part, volontairement discrète, dans la gloire du célèbre romancier. »