Marthe Dupuy

(?-?)

 

Notice biographique extraite de :

Alphonse SÉCHÉ, Les Muses françaises.

 

 

 

 

 

Marthe Dupuy est née à Blois – petite ville blanche aux jardins verts – sous le ciel délicat et nuancé de la Touraine. C’est là, sans doute, dans ce joli décor où ses yeux se sont ouverts, qu’elle a puisé cet amour des belles lignes, ce culte de l’expression élégante et choisie, cet équilibre de pensée et cette harmonie calme et grave dont ses poèmes sont presque toujours empreints. L’Idylle en Fleur, particulièrement, qui valut à Marthe Dupuy d’obtenir en 1904 le prix Sully Prudhomme, semble une évocation, un clair reflet de ces paysages dont on retrouve partout, au cours du livre, la lumineuse inspiration. Il n’est pas jusqu’aux sonnets antiques, d’une maîtrise et d’une grâce à soutenir la comparaison avec les Idylles grecques de Samain, qui n’aient gardé comme un parfum natal, comme une subtile joliesse moderne, dont l’Hellade ne pouvait toute seule être l’inspiratrice et le modèle. C’est même là l’incontestable originalité de Marthe Dupuy qui mit à profit, volontairement ou non, le précepte de Chénier :

            Sur des pensers nouveaux, faisons des vers antiques...

Mais déjà, dans le même recueil, après avoir marché le long des « chemins souriants », le poète s’engageait dans la « voie douloureuse », c’est-à-dire à travers la vie. Ici ce n’est plus seulement une âme qui recherche et qui rêve, mais un cœur qui souffre et qui s’étonne de pleurer. Aussi le dernier volume de Marthe Dupuy – la Volupté de souffrir – apparaît-il comme un prolongement immédiat et nécessaire, comme le commentaire douloureux de ces premiers désenchantements, que certaines pièces de L’Idylle en Fleur nous faisaient pressentir. La Volupté de souffrir nous dévoilera cette longue série d’épreuves, d’amertumes, de solitude navrante, qui attendaient le poète au seuil de la vie :

            Ma compagne est en noir, elle a nom la Douleur,

            Et, sous mes vêlements de deuil, je lui ressemble.

            Elle a pris mon visage et j’ai pris sa pâleur,

            Tant nous avons vécu d’heures lentes ensemble.

 

« Marthe Dupuy, écrit Auguste Dorchain, chante la douloureuse attente de l’amour dans un cœur qui a vu fuir déjà les premiers printemps de l’âge d’aimer et qui, de printemps en printemps, a senti s’accroître toujours sa soif de tendresse. Quiconque aura vécu par le cœur sera frappé de tout ce qui se cache de passion ardente et de pudique mélancolie dans ces très simples vers, où l’art n’est point artifice, et qui fait penser à certaines pages inimitables de Marceline Desbordes-Valmore… » Peut-être conviendrait-il d’ajouter, sans souligner le parallèle, que Marthe Dupuy montre davantage de contrainte dans l’émotion, moins de lyrisme aussi que l’illustre poétesse; mais qu’en effet la commisération pour les autres et sa propre souffrance lui font parfois rencontrer de ces beaux vers, jaillis du fond de l’âme, qui sont comme le privilège du talent, à défaut d’un prodigue et plus vaste génie.

Marthe Dupuy appartient au groupe parnassien par la technique du vers, par la correction de la rime et aussi, il faut bien le dire, par l'exiguïté volontaire des sujets qu’elle traite.

  

 

 

 

 

 

 

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