Les parents de Jésus
par
SÉDIR
Or, au sixième mois (de l’annonciation de Jean), Dieu envoya l’ange Gabriel dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une vierge, fiancée à un homme nommé Joseph, de la maison de David ; et cette vierge s’appelait Marie. Et l’ange, étant entré chez elle, lui dit : « Je te salue, toi, pleine de grâce ! Le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes. » Et, ayant vu l’ange, elle fut troublée de son discours, et elle se demandait ce que pouvait être cette salutation. Alors l’ange lui dit : « Marie, sois sans crainte, car tu as trouvé grâce devant Dieu ; tu concevras et tu enfanteras un fils à qui tu donneras le nom de Jésus. Il sera grand ; il sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père. Il régnera éternellement sur la maison de Jacob et il n’y aura point de fin à son règne. » Alors Marie dit à l’ange : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? » Et l’ange lui répondit : « Le Saint-Esprit descendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Et voici, Élisabeth ta cousine, elle aussi, a conçu un fils dans sa vieillesse ; et c’est maintenant le sixième mois de celle qui était appelée stérile, car rien n’est impossible à Dieu. » Et Marie dit : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’arrive selon ta parole. » Alors l’ange la quitta.
(LUC ch. I, v. 26 à 38.)
EN relisant l’admirable récit de saint Luc, goûtons la saveur qu’il dégage, quelque peu imprécise d’abord, mais bientôt si rafraîchissante. Ne trouvez-vous pas que ces treize versets, d’une si pure simplicité, d’un naturel si touchant, démontrent jusqu’à l’évidence la non-valeur de l’homme ? Ils ne la démontrent même pas, ils l’affirment, ils la constatent, ils la sous-entendent ; elle se pose là comme un a priori. L’initiative, la volonté, les importantes entreprises, les résultats péniblement conquis, tout cela égale zéro, devant Dieu et devant Son ange.
Voilà qui peut vous paraître dur, à vous, hommes du XXe siècle, justement fiers de vos efforts et de vos triomphes. Circonvenus par les flatteries des séides de l’Adversaire, enclins à écouter leurs conseils insidieux sur la culture de la volonté, l’acquisition des pouvoirs, l’ambition intellectuelle, prenez garde. Entendez les voix du Ciel véritable et véridique. Ne craignez pas de descendre ; vous remonterez d’autant mieux vers la montagne sainte.
Et, cependant, n’oubliez pas qu’il faut agir, peiner, s’activer, encore plus que ne font les plus vigoureux lutteurs du Prince de ce monde.
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Pourquoi l’incarnation du Verbe eut-elle lieu en Judée et en Galilée ? Pourquoi Bethléhem et Nazareth, entre des centaines de bourgades ? À cause de la Volonté divine inconnaissable, d’abord ; mais aussi pour des raisons naturelles.
En effet, rien ne se produit, nulle part, sans provoquer partout des répercussions. Dès que, à l’origine, le Verbe apparut dans cet univers encore tout petit, tous les mondes qui devaient sortir plus tard de ces quelques mondes primitifs eurent à se préparer pour Sa visite. Et la terre, entre autres, s’orienta dans l’espace de telle sorte que la qualité des courants par lesquels elle communique avec le soleil, tout le long de son existence, devienne, à une certaine époque, propre à cette visite. L’Invisible, d’autre part, se localise toujours en quelque point du visible. La Galilée et Bethléhem furent les lieux où, à l’instant de l’Incarnation, aboutissait le chemin direct du soleil à la terre, tracé d’un centre dynamique à l’autre de ces deux astres. De même la lentille recevant les rayons solaires n’enflamme le bois que s’il se trouve exactement à son foyer.
Le Verbe atterrit donc, dans les trois règnes, dans l’humanité, dans l’esprit terrestre, aux endroits exacts prêts à Le recevoir. La Judée, c’était le pays du principe créateur. La Galilée, c’était le point de départ des enroulements ontologiques de notre race. Nazareth, c’est le lieu gardé, séparé, sanctifié. Il y habite une femme, unique entre toutes, cette Vierge-Mère que, dans la nuit des âges, préfigurent toutes les légendes.
Voici le bourg aux rues grimpantes, la petite maison fraîche, le jardinet, le figuier sur la terrasse ; par la porte entrent l’air lumineux, le sourire des grasses collines et le concert des odeurs printanières, les ondulations diaprées des prairies, les longues olivaies, les sentes égayées du bouquet blanc des amandiers en fleurs. De loin en loin des cyprès gardant un portail ou une avenue.
Et, un matin, semblable à tous les beaux matins parfumés de ces campagnes bénies, tandis que s’affaire la Vierge, presque une enfant encore, l’ombre de la petite chambre s’atténue et la clarté solaire tombant de la porte se ternit. Un visiteur est entré soudain. Le même athlète aux prunelles de rêve que nous avons entendu parler au vieux Zacharie, le héraut divin, le coureur aux pieds infatigables, Gabriel. Sa forme irréelle dépasse les murs de la chambrette ; la gloire qu’il émane rend livide le jour radieux ; sa robe flottante, ses ailes, ses cheveux d’or translucide se perdent dans cette somptueuse aura ; et la mince jeune femme reculée dans l’angle n’est qu’une longue tache bleu-sombre dans la nuée vibrante d’argents et de nacres qui vient d’envahir la maison.
Le messager s’incline devant la petite forme qui le contemple. Et enfin, enfin, les siècles d’attente se terminent ; les soupirs des générations s’arrêtent ; et retentissent les paroles de salut que des milliers d’échos transportent par toute la terre.
Quelle gravité revêt l’attitude de ce semeur aux ailes flamboyantes ! Si la voix d’un chétif fantôme suffit à abattre des courages virils, quelle n’est pas la force d’âme de cette frêle enfant dont les oreilles s’emplissent de la voix formidable d’un messager du Très-Haut, voix lointaine, voix étrangère, voix où rien ne se discerne d’humain ni de terrestre, écho des solitudes zodiacales, prolongement des tempêtes et des fulgurations où s’entrechoquent des mondes, parole toute saturée des majestueuses harmonies du firmament, parole trop forte, dont le poids écraserait des poitrines ordinaires, sous les vibrations de laquelle la terre tremble, et nos visages prennent la couleur des sépulcres.
Représentez-vous un être à qui Dieu dit : Incendie ce soleil, – et le soleil flambe. Ou bien : Enlève cette race d’Altaïr et pose-la sur Arcturus, – et un demi-milliard d’hommes meurent. Imaginez, si vous pouvez, la puissance d’un tel bras. Voyez ce géant, tout d’un coup surgi au travers des murailles qui se lézardent ; entendez sa voix immuable et calme, mais toute grondante du tonnerre sourd des échos de l’infini. Quel ne serait pas notre bouleversement ?
Elle, la petite jeune fille, tout juste sortie des dépendances du Temple, elle lève les yeux de dessus son ouvrage, et elle est simplement troublée. Il est vrai qu’elle cherchera longtemps à comprendre. Mais n’avoir pas été terrorisée, de quelle exaltation intérieure ce calme relatif n’est-il pas la preuve ? Et comme l’âme de cette enfant avait déjà vécu dans la société des anges !
Écoutez les paroles de la Salutation ; appréciez leur saveur de véracité. Marie est « comblée de la grâce ».
La définition du catéchisme est courte. La grâce, c’est la faveur divine, la tendresse du Père, ce qu’Il nous donne sans que nous le méritions ; c’est aussi la manière dont Il nous fait ces admirables et mystérieux présents. On ne s’aperçoit presque jamais que le Père nous comble ; on sent encore moins l’adorable bonté de Son geste. Dans les rapports qu’Il entretient avec l’homme, le bien, ce sont Ses commandements ; le vrai, c’est le fruit de notre obéissance ; mais le beau, c’est la gratuité de nos récompenses, toujours plus grandes que nos mérites.
Et la Vierge, plénitude de ces dons, demeure la déesse de la Beauté vraie, de cette Beauté qui est le luxe dans l’œuvre de Dieu, qui extasie le poète et l’artiste, qui nous montre enfin la pauvresse de Bethléhem et l’exilée d’Égypte devenue Reine des richesses permanentes et des gloires perpétuelles. La Force qui se tient devant Marie lui présente un triple flambeau, reflet du ternaire divin. Relisez la harangue de l’ange ; la plénitude de la grâce, n’est-ce pas le don propre du Père ? La compagnie du Seigneur, n’est-ce pas le Fils Lui-même ? La bénédiction singulière, n’est-ce pas l’effluence de l’Esprit ?
Nous pourrions tous, si nous le voulions bien, en recevoir autant. La bonté du Père est un soleil, mais les yeux des spectateurs restent clos. Au contraire, un diamant, dans une chambre obscure, se saisit de la moindre lueur et la transforme en éclair. De même fit la Vierge pour le rayon du Saint-Esprit. Son âme désirait le Sauveur avec l’élan le plus intense, et l’ardeur la plus consumante. Sans quoi l’ombre du Très-Haut ne serait pas descendue, n’aurait pas pu descendre sur elle.
Marie ne comprend pas comment son enfant pourra être le Fils du Très-Haut, le signe, le témoin, le corps vivant de l’infinie sollicitude du Père.
Mais elle accepte : « Je suis la servante du Seigneur. » Expression simple de l’état d’âme le plus sublime. Puisse cette simplicité nous rendre le goût du simple ! Aujourd’hui, les paroles sont pompeuses et les pensées fort petites. Il faudrait au contraire que les pensées fussent hautes. Un vêtement riche sur un corps débile fait disparate, mais un vêtement simple sur un noble corps se trouve stylisé par les lignes de celui-ci. Puissions-nous être prosaïques par la parole, et magnifiques par les sentiments ! Pour cela soyons d’abord véridiques. L’homme qui ne mentirait pas en écrivant au bas d’une lettre : « Je suis, monsieur, votre très dévoué serviteur », qui penserait sincèrement ce qu’il écrit, celui-là commencerait à grandir devant le Très-Haut, de cette sorte de grandeur au regard de laquelle toutes les majestés terrestres ne sont que bassesses.
Arrêtez vos regards sur cet état de la Vierge : servante du Seigneur. Tout le monde est aussi le serviteur de quelqu’un, de soi-même la plupart du temps, de ses propres passions et de ses propres vices ; l’élite de l’humanité sert tels dieux régents de nos idéals naturels de Sagesse et de Beauté. Çà et là, de très rares servent l’Idéal surnaturel : le Seigneur. Que ces derniers sont nobles, et grands, et purs !
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Ces petites remarques peuvent paraître insignifiantes. Rien n’est insignifiant. L’élan forcené qui est l’état d’âme habituel du disciple de Jésus a besoin d’un contrepoids extérieur : la pratique. La vie intérieure et l’extérieure doivent concorder, sans quoi l’être se déséquilibre. Ne craignez donc point de chercher des applications aux récits de l’Évangile ; quelque naïves qu’elles soient, leur source et leur fin les rendront graves et utiles.
Voyez dans cette scène de l’Annonciation l’exemple parfait de ce que doit être notre conduite. Un travail constant, en vue du devoir de chaque jour ; tout à coup, une descente extraordinaire d’un ange du Verbe ; et, malgré le trouble, malgré l’incompréhension, il faut accepter, s’offrir à Dieu tout de suite et tout entier. Voilà ce qui fit la grandeur de la Vierge ; voilà ce que doit être notre cœur s’il veut recevoir réellement le Christ.
Admirez comme les tableaux évangéliques sont vrais. Si la main gauche doit ignorer le bienfait que dispense la droite, si la seule vraie sainteté est celle qui s’ignore, à plus forte raison l’âme repentante et brûlante ne doit pas savoir lorsqu’elle atteint le fond désolé du repentir ni quand elle monte à l’incandescence extrême de l’Amour. C’est pourquoi l’apparition soudaine de l’ange la surprend ; voilà pourquoi elle accueille sans la comprendre bien l’annonce de la descente divine, l’unique objet cependant de ses larmes et de ses soupirs : « Sur le minuit, l’Époux vient... »
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Cessons un instant de contempler la scène physique de l’Annonciation, pour en scruter l’arrière-plan. Nous en dégagerons les mêmes maximes. Entrons, je vous prie, dans cet univers très inconnu que Dieu a construit pour entretenir avec nous des relations directes. Ici, le Père est un pôle ; nous sommes l’autre pôle ; rien, une abstraction mathématique ; entre Lui et nous se dresse la stature immense du Sauveur et se déploient les cortèges infinis du Paraclet.
Ceci est l’univers triple et un de la Grâce, de la Présence et de la Bénédiction. Marie en fut la première habitante ; elle en est devenue le génie recteur.
Saint Thomas définit Dieu l’Acte pur. Le moindre de Ses mouvements crée. Quand Il nous donne quelque chose, cette grâce est une étincelle du Verbe, soit une présence ; ce don est une force régénératrice, soit une bénédiction. Voyez Marie comblée des faveurs surnaturelles ; par conséquent, Dieu est réellement là, à ses côtés ; elle est revêtue de l’Esprit. Tout se tient dans le Royaume de l’harmonie ; et ses révélateurs ne séparent les phases de ses manifestations que pour en faciliter l’intelligence.
Nous savons déjà que si, en face de la Nature, en face des autres hommes, en face des dieux, l’homme est un personnage, et quelquefois un maître, – en face de Dieu, dans l’univers de la grâce, il n’est rien. Ne suivons pas les minutieuses analyses que la théologie exécute des modes de la grâce ; elles ne nous sont pas utiles ; il nous suffit d’avoir conçu le néant de nos efforts et de nos mérites en face de la Justice de Dieu. Alors Son Amour inclinera sur nous une main forte et compatissante, et nous versera Ses trésors, comme si nous avions eu du mérite à faire ce que nous avons fait. Le muet enseignement que Marie nous montre, c’est que, tout en nous dépensant comme les plus acharnés lutteurs pour l’existence, nous apercevions cette énergie même comme une grâce gratuite.
À partir de cet état d’âme, Dieu vient avec nous ; le Christ nous accompagne ; Jésus soutient nos pas malhabiles. Imaginez le maître de la terre penché avec sollicitude sur les premiers gonflements d’un bourgeon. Que le bourgeon sente cela ; quelle reconnaissance n’exhalera-t-il pas !
Quelle béatitude alors que les jours du disciple, même au sein des pires douleurs ! Il marche dans l’ombre de l’Ami ; le manteau de la foi l’enveloppe ; son esprit entend des mots d’éternité ; un bras puissant le soutient ; par intervalles, Jésus le prend et l’élève au-dessus de la foule environnante. De quelles merveilles les yeux extasiés du disciple ne s’emplissent-ils pas ? Présence ineffable de Celui que son cœur cherche et chérit depuis toujours ; délices meurtrières et revivifiantes, transports, agonies, envols ; drames sacrés dont les acteurs passent sous nos yeux parfois, ensevelis dans le manteau de l’humilité, Marie vous a vécus ; et, par elle, vous revenez transfigurer çà et là ceux d’entre les hommes qui se sont purifiés.
Qu’est-ce que bénir ? C’est souhaiter du bien, c’est l’usage de la faculté que possèdent nos vœux de tendre à se réaliser. Nos ancêtres connurent cette force, et les psychistes anglo-américains d’aujourd’hui ne nous disent que de très vieilles choses. Mais notre pensée, n’étant jamais complètement pure, n’est jamais complètement effective. Seule la bénédiction venue du Ciel se réalise in toto ; parce que, seule entre des milliards, elle est la projection de la bonté du Père, portant des fruits jusque dans le monde physique. « Le Père seul est bon. »
Nos yeux ne sont pas sensibles à la bonté. L’univers spirituel comporte plusieurs aspects : l’aspect de grandeur, l’aspect de complexité, l’aspect de sang, l’aspect d’égoïsme, l’aspect de terreur, l’aspect de beauté. Des hommes, en nombre, se trouvent qui perçoivent plus ou moins nettement ces différents visages de la vie ; bien rares ceux auxquels le visage de bénévolence se révèle, parce que très rares ceux qui dirigent leur esprit au moyen des actes du corps vers la bonté véritable ; et, cependant, tous les êtres, tous les phénomènes sont des bénédictions de Dieu. Ceux qui portent en eux les clartés divines affirment tous cela : l’univers est une immense bénédiction.
Pour pénétrer un peu plus le sens profond de ce mot, il faut voir en Jésus le type parfait de la bénédiction. L’ange Le caractérise ainsi par Son double lignage : Fils du Très-Haut et Fils de David en même temps ; car toute bénédiction est la réponse à une demande expresse ou tacite ; et les bénédictions qui viennent de Dieu sont en effet éternelles.
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Or, la naissance de Jésus arriva ainsi : Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte par la vertu du Saint-Esprit, avant qu’ils fussent ensemble.
Alors Joseph, son époux, étant un homme de bien, et ne voulant pas lui faire affront, voulut la quitter secrètement.
Mais, comme il pensait à cela, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains point de prendre Marie pour ta femme ; car ce qu’elle a conçu est du Saint-Esprit ; et elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ; car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Or, tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait dit par le prophète : Voici, une vierge sera enceinte, et elle enfantera un fils, et on le nommera EMMANUEL, ce qui signifie : DIEU AVEC NOUS.
Joseph donc, étant réveillé de son sommeil, fit comme l’ange du Seigneur lui avait commandé et il prit sa femme.
Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté son fils premier-né, auquel il donna le nom de Jésus.
(MATTHIEU ch. I, v. 18 à 25.)
Voici maintenant l’une des figures les plus attachantes et les plus humaines du Nouveau Testament. L’humble époux de la Vierge vécut la médiocre existence de l’immense majorité des hommes. Les personnages de l’Évangile, quand on les sépare du prestige des liturgies et des apologétiques, sont de pauvres gens. Il est bon de les voir tels qu’ils vécurent ; cela nous montre dans le sol de quelles vallées profondes Dieu place les germes de Ses chefs-d’œuvre ; cela nous encourage tous, puisque tous nous sommes mécontents de notre sort.
Le personnage et le nom de Joseph peuvent faire naître dans l’esprit du contemplatif beaucoup d’enseignements intellectuels. Il est de tradition que cet homme fut un compagnon charpentier. Par cela s’éclaire tout le système de la Franc-Maçonnerie symbolique 1. La vraie maçonnerie – quoi qu’en disent certains polémistes contemporains –, la vraie maçonnerie fut chrétienne jusqu’au XVIIIe siècle ; là, son esprit s’altéra, il est vrai ; mais ses formes demeurèrent chrétiennes. Et ce sera la gloire de Cagliostro d’avoir consumé sa vie à tenter une purification de ce vaste corps en effervescence.
Joseph 2 fut le protecteur du mystère de l’Incarnation ; Thomas d’Aquin et Bossuet l’ont vu avec toute la netteté de leur magnifique bon sens. Essayons d’expliquer pourquoi. Le Père organisa le monde comme le champ clos où combattent deux forces égales : la Sienne ou plutôt la portion de Sa Toute-Puissance nécessaire à la vie universelle et la puissance de l’Adversaire, égale et opposée à la précédente. Notez bien que celle-ci provient du même Créateur. Lorsque ce Père très bon voulut sauver ce monde par Son Fils, l’Adversaire pouvait retarder ce salut ; il fallait tout cacher jusqu’à ce que la personne physique de Jésus fût assez forte pour la résistance. Il fallait, d’autre part, que le Verbe, dans Son Incarnation, suive la voie commune ; l’œuvre aurait été tronquée si le Verbe avait surgi tout à coup en stature d’homme, ou s’Il S’était contenté, comme dans certains avatars, de Se choisir un médium, et de concentrer sur lui Son influence et Sa puissance. D’autre part, l’Adversaire se renseigne sur tout ce qui se passe dans le monde ; il inspecte par ses propres moyens ; sa police, la plus vigilante qui soit, surveille ce que pensent et ce que sentent les hommes.
Il fallait que la venue du Verbe en telle ville, dans tel ménage, demeure complètement ignorée ; et, pour cela, que les époux eux-mêmes, tout en étant prévenus de l’importance de leur mission, ne sachent pas exactement en quoi elle consistait ; parce que, leur bouche aurait-elle été muette, leur cœur aurait laissé échapper de l’admiration et des transports ; et les séides de l’enfer se seraient vu indiquer ainsi la voie du miracle.
Joseph joua un rôle très indispensable. Si la Judée avait connu le secret de la naissance de Jésus, tout le monde aurait été scandalisé. De même, si l’on nous prouvait que le bien que nous faisons ne vient pas de nous, notre orgueil, trop rudement abattu, ne nous laisserait plus les forces nécessaires pour travailler. Joseph fut ainsi placé pour que le Christ paraisse suivre la loi commune, pour éviter le scandale, pour fournir aux témoins encore incapables de croire l’excuse de leur aveugle obstination. Ayons le courage, nous autres, de regarder en face notre néant, et de nous dire l’exacte vérité. L’apparente paternité de Joseph nous donne la clef de la vraie régénération. L’homme ne parvient au Ciel, au véritable Ciel du Père, ni par ses propres forces, ni par l’aide d’un maître vivant ou mort, ni par le secours d’aucun dieu. Le Ciel seul nous conduit vers Lui-même. Tout est donné par le Ciel, jusqu’à ce repentir qui paraît naître de notre propre fonds, ou de l’influence religieuse extérieure. C’est par les anges du Ciel que lève en nous le germe de la conversion ; mais ils se cachent pour ce faire, à cause des ennemis internes et externes, comme ils se cachèrent autrefois pour réaliser la Miséricorde divine dans la personne de l’Enfant Jésus 3.
Il était nécessaire, en un mot, lors de la descente du Verbe, que toutes les portes fussent fermées, sauf une seule.
Et quand, plus tard, le Christ nous recommandera de ne point cacher la Lumière, Il nous avertira, par contre, de ne pas jeter les choses saintes aux chiens ; s’Il ordonne d’être simple comme la colombe, Il ajoute aussitôt : et prudent comme le serpent. Ainsi, pour Le mieux comprendre, est-il nécessaire de se placer successivement au plus grand nombre possible de points de vue opposés.
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Regardons, si vous le voulez bien, le père nourricier du Christ, pour tirer de son exemple un enseignement.
Joseph est l’homme du silence, l’homme de la nuit, l’homme du mystère, l’homme du songe. Toute son existence est gouvernée par quatre songes ; il les écoute et les réalise par quatre actes d’obéissance de la sorte la plus rare. Collaborateur du Père, informé des plans providentiels, il se tait ; c’est le plus sûr des confidents, lui qui aurait tant de choses étonnantes à dire. Et les hommes par millions parlent sans cesse, sans motifs et sans fruits. Comme son épouse, il est le gardien de plusieurs secrets. On peut, avec quelque attention contemplative, apercevoir, dans l’intime de cet ouvrier, le type d’un initiateur de la plus haute catégorie. Car son domaine est le silence ; et son enseignement, il le prononce sans ouvrir la bouche.
La foule a besoin de bruit ; mais le silence est nécessaire à ceux qui, dans les profondeurs, entendent voler les anges, se déployer les harmonies célestes et s’élever ces chants indicibles, auprès desquels nos musiques les plus géniales ne sont que bruits discordants. Comme il y a des choses par-delà nous-mêmes ! On ne parle pas pendant l’effort. Ceux dont l’esprit œuvre sans cesse aiment à se taire. Et le silence est le frère de la solitude et de la nuit, ces déesses aimées des grands travailleurs, verseuses de réconfort et de calme.
Joseph le silencieux reçoit de l’évangéliste l’éloge le plus magnifiquement concis : « C’était un homme juste. » C’est tout 4. Être juste, c’est atteindre l’équilibre, c’est maintenir la balance égale entre toutes les tendances adverses dont l’homme est le champ de bataille. Cela suppose un exercice constant de la force, ainsi qu’une science parfaite des choses. Joseph, vigoureux ouvrier, agit trop pour prendre le temps de discourir. Aussi l’Église a-t-elle, par une antiphrase significative, consacré à ce muet le jour anciennement régi par le dieu de l’éloquence : le mercredi. Mercure, l’Hermès emprunté par les Grecs aux Égyptiens, l’Hiram maçonnique, dirigeait encore les âmes et les esprits par-delà les sombres portes. Les mythologies, bien que profondément différentes par leurs principes propres, nous montrent des dieux remplissant des offices analogues. Et c’est parce que l’esprit de Joseph accomplit dans les mondes spirituels un travail d’enseigneur, d’initiateur, que la liturgie place sa fête au 19 mars 5. Le 19, nombre de la cité sainte, et de la hache du charpentier ; le 19 mars, jour appartenant à la dernière semaine régie par le signe des Poissons. Le signe est double, comme tous les êtres invisibles dont les hiérophantes annonçaient autrefois les révélations. Les Poissons furent toujours les muets et vivants hiéroglyphes de la vie individuelle, du but apostolique, et du Sauveur Lui-même.
Le catholicisme contient des vérités singulières. D’une façon générale, dans l’ordre de la connaissance, il réalise cette parole de Siméon, que le Christ « élève les faibles, et renverse les puissants » ; car, s’il conserve les fonctions ontologiques telles que les anciens sages les avaient découvertes, il les déplace, les intervertit, et donne à leurs titulaires des positions nouvelles.
Ainsi, en Joseph, l’Église glorifie l’humble père de famille et l’ouvrier, le type le moins mystérieux qui soit, et le moins cultivé. Mais, dans l’occulte Royaume dont ce monde-ci n’est que l’ombre, elle attribue à Joseph les surveillances les plus secrètes. Elle voit en cette âme l’initiatrice par excellence, puisqu’elle la nomme : Lumière des patriarches. Elle l’assimile au Raphaël ancien, au maître des courants vitaux, au thérapeute, à l’Asclépios, aux Açwins, puisqu’elle l’indique comme l’Espoir des malades. Elle le rapproche de l’Hermanubis memphite, du Yama de Bénarès, puisqu’elle l’invoque comme patron de la Bonne Mort. Enfin, célébrant saint Joseph comme vainqueur des démons, elle renouvelle mot pour mot les louanges adressées dans les vieux temples à tous les Janus, tous les Jason, les Thoth, les Rishis, par l’intervention desquels les pauvres humains résistent aux attaques infernales.
Que ces rapprochements, pour rapides qu’ils soient, nous fassent pressentir la richesse du trésor inexploré que cache la lettre de notre religion. Mais aussi, ne nous hypnotisons pas sur ces trésors ; c’est la merveille extérieure ; il y a dans l’Évangile d’autres vertus encore et d’autres magnificences ; c’est vers celles-là seules que je souhaite vous conduire. Or, elles sont indicibles ; je ne puis vous les décrire, mais « venez et voyez ».
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Regardons le texte en toute simplicité.
Voici un homme déjà mûr, dans le cœur duquel se lève la grave aurore de l’Amour. Il aime une jeune fille avec cette nuance de profondeur que donne la différence des âges ; elle est toute pure à ses yeux, liliale, candide, merveilleuse, unique. Et des apparences attaquent tout à coup cette fleur céleste. Quel désastre dans le cœur de l’homme ! Quel déchirement ! Mais il ne pense qu’à sauvegarder l’honneur de celle qu’il a tout lieu de croire indigne ; il lui cherche une retraite honorable 6. C’est à ce moment que l’ange intervient et lui demande un nouvel effort.
L’intervention a lieu par un songe. Je ne vous referai ni l’apologie du rêve, ni sa théorie. Vous savez tous, pour me l’avoir entendu dire maintes fois, que le rêve est la méthode la plus sûre, la plus certaine et la plus morale d’entrer en relations avec l’Invisible. En général nous voyons, dans le sommeil, des tableaux plus ou moins symboliques. Mais Joseph, comme les patriarches, comme nous, lorsque nous serons devenus des justes, Joseph voit un être, un ange. Pour que nos songes soient véridiques, exacts et nets, il faut une seule condition, nécessaire et suffisante, c’est qu’au préalable nous vivions corps, âme et esprit dans la Vérité. Tout au moins que nous nous efforcions d’être aussi des justes.
Qui est l’ange Gabriel ? Il y a, dans la vie cosmique, deux courants : l’un monte, l’autre lui répond en descendant du Ciel pour l’aider. L’ange est une des vagues de ce dernier. Les lois organiques, les centres spirituels, les propriétés innées, les modes mentaux, les états psychiques, les sciences sont quelques autres de ces vagues.
Les anges construisent nos états moraux. Ce sont des êtres individuels et immatériels ; ils se groupent par fonctions autour d’un des leurs, qui a reçu une volonté plus forte. Ils évoquent pour ainsi dire à l’existence nos pensées, nos sentiments, nos actes qui, sans leur appel, resteraient souvent enfouis dans les couches profondes de notre être. Ils se construisent peu à peu sur terre des représentations d’eux-mêmes, des corps ; une famille, un métier, une association, une espèce botanique, zoologique, humaine, ce sont des corps angéliques. Un homme entièrement absorbé dans une fonction unique, saint Vincent de Paul, Bach, est un ange, bon ou mauvais.
Or, dans le cas qui nous occupe, il fallait que les parents terrestres de Jésus vivent désormais sous l’empire absolu d’un sentiment unique, celui du mystère, de l’incompréhensible et du silence. Il fallait qu’ils soient les gardiens de l’Enfant, dans le matériel et dans l’immatériel, il fallait créer en eux un état d’âme, et le développer jusqu’à ce qu’il envahisse leur personnalité entière, jusqu’à la mort. Cela, c’est le travail de l’ange.
Quant à nous, dont l’espoir obstiné est de devenir un jour, dans notre psychisme, ce que Joseph et Marie furent admirablement dans le physique, dédions à nos songes des soins plus attentifs. Attendus avec prière, enregistrés avec exactitude, étudiés avec un calme bon sens, ils nous donneront bien des précieux conseils ; nous ouvrirons ainsi nos yeux et nos oreilles, comme le Christ le recommandait parfois à Ses disciples.
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Un autre point nous reste à considérer. C’est les deux noms du Messie qu’indiquent l’ange et le prophète : Jésus, Emmanuel.
Parmi les sagesses humaines, aucune n’admet que le Messie soit fils de Dieu ; mais quelques-unes, comme le babisme, le croient fils d’une vierge. La connaissance de l’identité spirituelle de Jésus est d’ordre supra-intellectuel 7, partant indémontrable ; c’est un don, analogue par exemple au sens esthétique, au sens moral. Il est possible cependant de s’acheminer vers cette notion, en s’efforçant de sentir ce que représentent ces deux mots : Jésus, Emmanuel.
Il y a une vertu dans les noms, une autre vertu que celle de l’hiéroglyphisme, un parfum plus vivant que celui qu’ils dégagent lorsqu’on les presse sous des in-folio. Il ne s’agit pas d’entrer dans des considérations ésotériques sur le Tétragramme et sur le shin hébraïques en quoi se décompose le nom de Jésus ; Reuchlin et Claude de Saint-Martin l’ont fait abondamment. Ni de dire pourquoi des points-voyelles changent Josué en Jésus. Ni quels rapports relient Emmanuel avec les Manou et les Minos et les Numa du polythéisme.
Disposons plutôt nos cœurs comme lorsque les rafraîchit la beauté des campagnes printanières. Laissons tomber les craintes, les inquiétudes, les soucis et les remords. Redevenons des enfants joyeux qui jouent dans la clarté. Peut-être alors sentirons-nous l’approche lointaine des gloires du Nom tout-puissant. Peut-être ces deux syllabes divines nous dévoileront-elles le Créateur des êtres, la force du Père, l’image parfaite du Ciel, le type de l’Éternité, ce vouloir inlassable, constamment actif, et qui comble sans cesse, en tous lieux, à tous moments, les désirs mystiques des créatures ; nous apercevrons la forme éclatante de Celui qui est l’Ami, le Sauveur et l’Époux. Nous saurons pourquoi le nom de Jésus, prononcé de toutes nos forces réunies, prosterne les anges, les démons et les éléments ; nous comprendrons enfin comment ce Christ est le seul digne d’être appelé Emmanuel, Dieu avec nous.
Il est avec nous, en effet, non pas seulement du haut de Son trône céleste, ni par les puissants effluves de Sa compassion divine, ni par le ministère de Ses serviteurs qu’Il nous envoie, ni par l’influence de Son esprit ; Il fut avec nous, il y a deux mille ans, physiquement ; Il visita beaucoup plus de contrées qu’on ne le croit ; et beaucoup d’autres que les Israélites purent voir ce visage auguste, et subir les graves délices de Son regard. Je vous le déclare, en vérité, à vous tous qui savez que notre Christ Jésus est le Fils unique du Père, vous ne savez cela que parce que vous L’avez rencontré autrefois, dans quelque ville de l’Empire, dans les forêts de la Celtide, dans les déserts libyques, dans les jungles ou dans les montagnes, ou sur les vastes mers inconnues.
Ceci suffirait à tout autre qu’à Lui pour prendre ce titre d’Emmanuel, mais ces fatigues ne rassasient pas l’amour qui Le consume. Non seulement Il est venu sur terre ; mais encore, Il y est resté. Plusieurs hommes, qui se vouèrent corps et âme à Son service, reçurent Sa visite, Ses visites, devrais-je dire ; pour quelques-uns même, la présence divine réelle devint une compagnie constante. Et enfin, en chacun de nous, l’Emmanuel a déposé une parcelle de Lui-même ; tous, jusqu’au plus vil, nous portons en nous, en plus de la lumière vive qui nous fut donnée à notre création, un germe du Verbe. Développons-le, et nous deviendrons des frères du Christ. Souvenons-nous de ces choses ; rappelons-les sans cesse à notre cœur, à notre pensée, à notre corps ; efforçons-nous, une minute après l’autre, à être nous-mêmes, pour les créatures que le Père plaça derrière nous, de nouveaux Emmanuels, des copistes enthousiastes et scrupuleux de Celui qui nous a dit la parole la plus encourageante : « Faire la volonté de mon Père qui est dans les cieux, c’est être mon frère, c’est être mon père, c’est être ma mère. » Que les horizons infinis, par cette promesse dévoilée, nous exaltent à jamais au-dessus de nous-mêmes !
SÉDIR, L’enfance du Christ,
Bibliothèque des Amitiés Spirituelles.
1 Chaque système maçonnique représente ou rappelle une initiation. L’écossisme est le plus normal ; il donne d’abord dans les premiers grades une préparation morale ; du 4e au 17e on développe les données traditionnelles de l’hermétisme et le développement de ses principes dans l’histoire. Le 18e, la Rose-Croix, est essentiellement chrétien ; il célèbre l’acte essentiel de toute religion, comme ayant reçu du Christ sa forme définitive. Du 19e au 30e degré sont retracés les travaux de l’adepte dans le temple et parmi les foules : arts occultes, extase, applications sociales. Les trois derniers degrés représentent l’adepte sorti du temple, et accomplissant sur un peuple la mission pour laquelle il fut prédestiné. Mais, notons-le, ceci n’est qu’une interprétation extérieure des enseignements de l’Évangile ; c’est leur reflet dans le monde de la volonté.
2 Faut-il remarquer que Cagliostro portait le nom de Joseph ? – En Kabbale, ce nom représente soit l’espace fluidique entre la terre et la lune et ses courants, soit la manifestation de la Lumière jusque-là captive dans les replis du serpent. Cf. L’Annonciateur, de Villiers de l’Isle-Adam : « ... Helcias disparut dans une fulguration. »
3 Et, cependant, le Ciel qui nous donne tout ne commence Ses dons que lorsque notre effort vers Lui atteint la limite extrême de nos forces. – Paradoxes, direz-vous ; ou, au moins, antinomies insolubles. Non pas. Cette situation de notre liberté en face de la grâce s’explique quand on s’aperçoit qu’elle est à cheval sur deux modes, ou sur deux mondes. Elle est la tangence de l’humain avec le divin ; et le théoricien, pour la comprendre, ne doit se placer ni dans l’un ni dans l’autre de ces plans, mais, par un prodige d’équilibre, sur tous les deux à la fois.
4 On croit seulement, selon saint Épiphane et l’Église d’Orient, que saint Joseph mourut veuf, à l’âge de quatre-vingt-un ans.
5 Cf. le Dakshinamourti brahmanique.
6 Cf. Psaume XCI, I : Celui qui est affermi dans le premier monde est à l’abri des atteintes du destin.
7 Les méthodes de kabbale littérale donnent des preuves relatives de cette vérité. En voici une :
En grec, le nom de Jésus (Iesous) vaut 888.
En hébreu, le mot Messie vaut 345.
L’aphorisme : l’Être est l’Être (Aeie Asher Aeie) = 543 (nombre précédent lu de droite à gauche). Or, 345 + 543 = 888.
D’autre part les nombres
de Joseph : 156,
de Marie : 248,
de Vérité : 484,
additionnés donnent encore 888. Mais de telles démonstrations ne sont guère que des jeux de l’esprit.