ARCANES CÉLESTES
DE
L’ÉCRITURE SAINTE OU PAROLE DU SEIGNEUR
DÉVOILÉS :
Ici ceux qui sont dans la Genèse
AVEC
LES MERVEILLES
QUI ONT ÉTÉ VUES DANS LE MONDE DES ESPRITS ET DANS LE CIEL DES ANGES.
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OUVRAGE
D’EMMANUEL SWEDENBORG
PUBLIÉ EN LATIN DE 1749 À 1756,
ET TRADUIT
PAR J. F. E. LE BOYS DES GUAYS.
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TOME PREMIER
GENÈSE
CHAPITRES I – VII
Nos 1 à 825.
1841
MATTHIEU, VI. 33.
Cherchez premièrement le royaume de DIEU et sa justice, et toutes choses vous seront données par surcroît.
LIVRE DE LA GENÈSE.
1. Que la PAROLE de l’Ancien Testament contienne les Arcanes du Ciel, et que tous ces Arcanes, tant en général qu’en particulier, concernent le Seigneur, le Ciel, l’Église, la Foi, et les choses qui appartiennent à la foi, c’est ce que nul mortel ne peut saisir d’après la lettre ; car, d’après la lettre ou le sens de la lettre, personne ne voit autre chose que ce qui concerne en général les externes de l’Église Judaïque, et cependant il y a partout des internes qui ne se montrent jamais dans les externes, excepté un très petit nombre que le Seigneur a révélés, et qu’il a expliqués aux Apôtres ; comme, par exemple, que les Sacrifices signifient le Seigneur ; que la terre de Canaan et Jérusalem signifient le Ciel, qui, d’après cela, est appelé Canaan et Jérusalem céleste ; pareillement le Paradis.
2. Mais que la PAROLE, dans tout son ensemble et dans chaque partie, même dans la plus petite, jusqu’au moindre iota, signifie et enveloppe des choses spirituelles et célestes, l’Univers Chrétien l’ignore encore absolument ; aussi est-ce pour cela qu’il néglige l’ANCIEN TESTAMENT. On peut néanmoins savoir que la Parole, par cela seul qu’elle est la PAROLE du Seigneur et qu’elle vient du Seigneur, ne peut nulle part être donnée, à moins qu’elle ne contienne intérieurement des choses qui concernent le Ciel, l’Église, la Foi ; autrement, on ne peut l’appeler la PAROLE du Seigneur, ni dire qu’elle renferme en elle quelque vie ; car d’où vient la vie, sinon des choses qui appartiennent à la vie, c’est-à-dire, des choses qui, en général et en particulier, se réfèrent au Seigneur Qui est la vie même ? Tout ce qui ne concerne pas intérieurement le Seigneur ne vit donc pas, et même le mot, dans la PAROLE, qui, à sa manière, ne l’enveloppe pas ou ne se réfère pas à lui, n’est pas divin.
3. Sans une telle vie, la PAROLE, quant à la lettre, est morte ; car la Parole est comme l’homme qui, à la connaissance de l’univers chrétien, est Externe et Interne ; l’homme Externe séparé de l’homme Interne est un corps, et ainsi quelque chose de mort ; mais l’homme Interne est celui qui vit et qui fait que l’homme Externe vit ; l’homme Interne est l’âme de l’homme : de même la PAROLE, quant à la lettre seulement, est comme un corps sans l’âme.
4. Par le seul sens de la lettre, quand le mental y est attaché, on ne peut nulle part voir qu’il contient de telles choses. Ainsi, tout ce qu’on peut savoir, d’après le sens littéral de cette première partie de la Genèse, c’est qu’il y est question de la Création du Monde, du Jardin d’Éden, qui est appelé Paradis, et d’Adam comme premier homme créé ; est-il quelqu’un qui pense autre chose ? Mais on verra suffisamment, par ce qui va suivre, qu’elle contient des arcanes qui n’ont encore été révélés nulle part ; et que même le Premier Chapitre de la Genèse, dans le sens interne, traite en général de la NOUVELLE CRÉATION de l’homme, ou de sa RÉGÉNÉRATION, et en particulier de la Très-Ancienne Église, et même de telle sorte qu’il n’y a pas le plus petit mot qui ne soit un représentatif, un significatif, et une enveloppe.
5. Mais qu’il en soit ainsi, nul mortel ne peut jamais le savoir, si ce n’est par le Seigneur ; c’est pourquoi il m’est permis de manifester par avance qu’il m’a été accordé par la Divine miséricorde du Seigneur d’être maintenant depuis quelques années continuellement et sans interruption dans la société des Esprits et des Anges, de les entendre parler et de parler tour à tour avec eux ; qu’ainsi il m’a été donné d’entendre et de voir des choses surprenantes qui se passent dans l’autre vie, choses qui ne sont jamais venues ni à la connaissance ni à l’idée d’aucun homme. Là, j’ai été instruit sur les divers genres d’Esprits ; sur l’État des âmes après la mort ; sur l’Enfer ou état déplorable des infidèles ; sur le Ciel ou état de félicité des fidèles, et surtout sur la Doctrine de foi qui est reconnue dans tout le Ciel, sujets qui, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, seront traités avec plus d’étendue dans la suite de cet Ouvrage.
CHAPITRE PREMIER.
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1. Au commencement Dieu créa le Ciel et la Terre.
2. Et la Terre était vide et vague, et obscurité sur les faces d’un abîme ; et l’Esprit de DIEU se mouvait sur les faces des eaux.
3. Et DIEU dit : Qu’il y ait Lumière ; et il y eut Lumière.
4. Et DIEU vit que bonne (était) la Lumière, et DIEU distingua entre la Lumière et les Ténèbres.
5. Et DIEU appela la Lumière, Jour ; et les Ténèbres il appela Nuit. Et il y eut soir, et il y eut matin : premier Jour.
6. Et DIEU dit : Qu’il y ait une Étendue dans le milieu des eaux, et qu’elle fasse distinction entre eaux d’avec eaux.
7. Et DIEU fit cette Étendue, et elle fit distinction entre les eaux qui (sont) au-dessous de l’étendue et les eaux qui (sont) au-dessus de l’étendue ; et fut fait ainsi.
8. Et DIEU appela l’Étendue, Ciel. Et il y eut soir, et il y eut matin : second Jour.
9. Et DIEU dit : Que soient rassemblées les Eaux au-dessous du Ciel vers un seul lieu, et que paraisse le Sec ; et fut fait ainsi.
10. Et DIEU appela le Sec, Terre ; et l’amas des eaux il appela Mers ; et Dieu vit que bon (cela était).
11. Et DIEU dit : Que la Terre fasse pousser Herbe tendre ; Herbe portant semence ; Arbre à fruit donnant du fruit, selon son espèce, dans lequel (soit) sa semence, sur la terre ; et fut fait ainsi.
12. Et la Terre produisit herbe tendre ; herbe portant semence, selon son espèce ; et arbre donnant du fruit dans lequel (fut) sa semence, selon son espèce ; et DIEU vit que bon (cela était).
13. Et il y eut soir, et il y eut matin : troisième Jour.
14. Et DIEU dit : Soit des Luminaires dans l’étendue des cieux, pour distinguer entre le Jour et la Nuit ; et ils seront pour signes, et pour temps réglés, et pour jours et années.
15. Et ils seront pour Luminaires dans l’étendue des cieux, pour donner lumière sur la terre ; et fut fait ainsi.
16. Et DIEU fit les deux grands Luminaires, le Luminaire grand pour dominer de jour, et le Luminaire moindre pour dominer de nuit, et les Étoiles.
17. Et DIEU les plaça dans l’Étendue des cieux, pour donner lumière sur la terre.
18. Et pour dominer dans le jour et dans la nuit, et pour distinguer entre la lumière et les ténèbres ; et Dieu vit que bon (cela était).
19. Et il y eut soir, et il y eut matin : quatrième Jour.
20. Et DIEU dit : Que les eaux fassent ramper Reptile, âme vivante ; et que Oiseau vole sur la terre, sur les faces de l’étendue des cieux.
21. Et DIEU créa les grandes Baleines, et toute âme vivante qui rampe, que firent ramper les eaux, selon leurs espèces ; et tout Oiseau ailé selon son espèce ; et DIEU vit que bon (cela était).
22. Et DIEU les bénit, en disant : Fructifiez et multipliez-vous, et remplissez les eaux dans les mers ; et l’oiseau sera multiple sur la terre.
23. Et il y eut soir, et il y eut matin : cinquième Jour.
24. Et DIEU dit : Que la Terre produise âme vivante selon son espèce ; Bête (Bestia), et ce qui rampe, et Bête sauvage (Fera) de cette terre selon son espèce, et fut fait ainsi.
25. Et DIEU fit la Bête sauvage (Fera) de la terre selon son espèce ; et la Bête (Bestia) selon son espèce, et tout reptile de l’humus selon son espèce ; et Dieu vit que bon (cela était).
26. Et DIEU dit : Faisons Homme à notre Image, selon notre ressemblance ; et ils domineront sur les poissons de la mer, et sur l’oiseau des cieux ; et sur la bête, et sur toute la terre, et sur tout reptile qui rampe sur la terre.
27. Et DIEU créa l’Homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa.
28. Et DIEU les bénit, et DIEU leur dit : Fructifiez et multipliez-vous, et remplissez la terre, et subjuguez-la, et dominez sur les poissons de la mer, et sur l’oiseau des cieux, et sur tout ce qui vit, rampant sur la terre.
29. Et DIEU dit : Voici, je donne à vous toute herbe portant semence qui (est) sur les faces de toute la terre, et tout arbre dans lequel (il y a) fruit, l’arbre produisant semence, à vous il sera pour nourriture.
30. Et à toute Bête sauvage (Fera) de la terre, et à tout Oiseau des cieux, et à tout ce qui rampe sur la terre, en qui (il y a) âme vivante, tout vert de l’herbe (sera) pour nourriture ; et fut fait ainsi.
31. Et DIEU vit tout ce qu’il avait fait, et voici, très bon (cela était). Et il y eut soir, et il y eut matin : sixième Jour.
CONTENU.
6. Les Six Jours ou temps, qui sont autant d’États successifs, de la Régénération de l’homme, se passent en général ainsi qu’il suit :
7. Le Premier État est celui qui précède la Régénération, tant dès l’enfance qu’immédiatement avant la Régénération, et il est appelé vide, vague et obscurité. Et le premier moteur, qui est la Miséricorde du Seigneur, est l’Esprit de Dieu se mouvant sur les faces des eaux.
8. Le Second État existe lorsqu’il est fait une distinction entre les choses qui viennent du Seigneur et celles qui sont les propres de l’homme : Celles qui viennent du Seigneur sont appelées dans la Parole les Restes (Reliquiae), et ce sont ici principalement les Connaissances de la foi que l’homme a revues dès l’enfance ; elles sont renfermées, et n’apparaissent pas avant qu’il soit dans cet état. Cet état existe rarement aujourd’hui sans qu’il y ait tentation, malaise, tristesse, ce qui fait que les choses corporelles et mondaines, qui sont les propres de l’homme, se reposent, et, pour ainsi dire, meurent : ainsi ce qui appartient à l’homme externe est séparé de ce qui appartient à l’homme interne ; dans l’interne sont les Restes (Reliquiae) renfermés par le Seigneur pour cette époque et pour cet usage.
9. Le Troisième État est celui de la Pénitence ; dans cet état, l’homme, d’après son interne, parle avec piété et dévotion et produit des biens tels que les œuvres de charité, mais qui cependant sont inanimés, parce qu’il pense les faire par lui-même ; et ils sont appelés herbe tendre, puis herbe portant semence, ensuite arbre à fruit.
10. Le Quatrième État existe lorsque l’homme est affecté par l’Amour et éclairé par la Foi ; il parlait auparavant, il est vrai, avec piété, et produisait des biens, mais d’après un état de tentation et d’angoisse, et non d’après la foi et la charité ; c’est pour cela que maintenant la foi et la charité sont allumées dans l’homme interne, et appelées les deux Luminaires.
11. Le Cinquième État existe, lorsqu’il parle d’après la foi, et que par suite il se confirme dans le vrai et dans le bien ; les choses qu’alors il produit sont animées, et appelées poissons de la mer et oiseaux des cieux.
12. Le Sixième État existe, lorsque d’après la foi, et par suite d’après l’amour il prononce les vrais et fait les biens : ce qu’il produit alors est appelé âme vivante et bête. Et parce qu’il commence alors à agir aussi par l’amour en même temps que par la foi, il devient homme Spirituel, et est appelé Image. Sa vie spirituelle se délecte et se nourrit des choses qui appartiennent aux Connaissances de la foi et aux Œuvres de la charité, lesquelles sont appelées sa nourriture ; et sa vie naturelle se délecte et se nourrit des choses qui appartiennent au corps et aux sens : de là, combat jusqu’à ce que règne l’amour, et qu’il devienne homme céleste.
13. Ceux qui sont régénérés ne parviennent pas tous à cet état ; mais quelques-uns, et c’est aujourd’hui la plus grande partie, n’arrivent qu’au premier état ; quelques-uns viennent au second seulement ; quelques-uns au troisième, au quatrième, au cinquième, rarement au sixième, et à peine en est-il un qui parvienne au septième.
SENS INTERNE.
14. Dans le cours de cet Ouvrage, par le SEIGNEUR, on entend uniquement le Sauveur du monde Jésus-Christ, et il est appelé le Seigneur sans autre dénomination ; pour Seigneur il est reconnu et adoré dans tout le Ciel, parce qu’à Lui appartient tout pouvoir dans les cieux et sur les terres : il a même commandé qu’on L’appelât ainsi, en disant : « Vous M’appelez Seigneur ; bien vous dites, car je le suis. » – Jean, XIII. 13. – Et ses disciples, après la résurrection, L’appelèrent le Seigneur.
15. Dans tout le Ciel, on ne connaît pas non plus d’autre Père que le Seigneur, parce qu’il est un, comme Lui-Même l’a dit : « Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie ; Philippe dit : Montre-nous le Père. Jésus lui dit : Depuis tant de temps je suis avec vous, et tu ne m’as point connu ! Philippe, qui M’a vu a vu le Père ; comment, toi, dis-tu : Montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que Moi, (je suis) dans le Père, et que le Père (est) en Moi ? Croyez-Moi que Moi, (je suis) dans le Père, et que le Père (est) en Moi. » – Jean, XIV. 6, 8, 9, 10, 11.
16. Vers. 1. Au commencement Dieu créa le Ciel et la Terre. Est appelé Commencement le temps Très-Ancien ; et çà et là par les Prophètes, Jours de l’antiquité, comme aussi Jours d’éternité. Le commencement enveloppe aussi le premier Temps, lorsque l’homme est régénéré ; car alors il naît de nouveau et reçoit la vie ; la Régénération elle-même est par suite appelée Nouvelle Création de l’homme. Créer, Former et Faire, presque partout dans les prophétiques, signifient, avec des nuances différentes, Régénérer ; comme dans Ésaïe : « Quiconque est appelé de mon nom, et que pour ma gloire j’ai créé, que j’ai formé, même que j’ai fait. » – XLIII. 7. – C’est pour cela que le Seigneur est appelé Rédempteur, Formateur dès l’utérus, Facteur, et aussi Créateur, comme dans le même Prophète : « Moi Jéhovah, votre Saint, le Créateur d’Israël, votre Roi. » – XLIII. 15 ; – dans David : « Le peuple créé louera Jah. » – Ps. CII. 19 ; – dans le Même : « Tu envoies ton esprit ; elles seront créées, et tu renouvelles les faces de l’humus. » – Ps. CIV. 30. – Que le Ciel signifie l’homme interne, et la Terre l’homme externe avant la régénération, c’est ce qu’on verra dans la suite.
17. Vers. 2. Et la Terre était vide et vague, et obscurité sur les faces d’un abîme ; et l’Esprit de Dieu se mouvait sur les faces des eaux. L’homme avant la régénération est appelé Terre vide et vague, et aussi Humus, dans lequel rien de bien et de vrai n’a été semé. Le Vide, c’est où il n’y a rien de bien ; et le Vague, où il n’y a rien de vrai ; de là l’Obscurité, ou la non-intelligence et l’ignorance de toutes les choses qui appartiennent à la foi envers le Seigneur, par conséquent qui appartiennent à la vie spirituelle et céleste ; un tel homme est décrit par le Seigneur dans Jérémie : « Insensé (est) mon peuple ; ils ne M’ont point connu ; des fils stupides, eux, et sans intelligence, sages pour faire le mal ; et faire le bien ils ne savent point. J’ai vu la Terre, et voici, vide et vague, et les Cieux, et point leur Lumière. » – IV. 22, 23, 25.
18. Les faces d’un abîme sont les Cupidités de l’homme, et par suite les Faussetés, d’après lesquelles et dans lesquelles il est tout entier ; et parce qu’il n’y a en lui aucune lumière, il est comme un abîme, ou comme quelque chose d’une confusion obscure ; de tels hommes sont aussi appelés çà et là dans la Parole abîmes et profondeurs de la mer, qui sont taris ou sont dévastés, avant que l’homme soit régénéré ; comme dans Ésaïe : « Réveille-toi comme aux jours d’antiquité, aux générations d’éternités. N’est-ce pas toi qui taris la mer, les eaux du grand abîme, et qui mets les profondeurs de la mer pour chemin afin que passent les rachetés ? Que les rachetés de Jéhovah reviennent ! » – LI. 9, 10, 11. – Un tel homme aussi, lorsqu’il est examiné du Ciel, apparaît comme une masse noire en qui il n’y a rien de vital. Les mêmes choses enveloppent dans le commun la Vastation de l’homme, de laquelle il est souvent question dans les prophètes, et qui précède la régénération ; car avant que l’homme puisse savoir ce que c’est que le vrai et être affecté du bien, les choses qui forment obstacle et opposition doivent être écartées ; ainsi, le vieil homme doit mourir avant que l’homme nouveau puisse être conçu.
19. Par l’Esprit de Dieu est entendue la Miséricorde du Seigneur, laquelle est dite se mouvoir, comme le fait ordinairement une poule sur des œufs ; ici, sur les choses que le Seigneur dépose chez l’homme, et qui dans la Parole sont appelées Restes (Reliquiae) ; ce sont les Connaissances du vrai et du bien, qui ne viennent jamais à la lumière ou au jour, avant que les externes aient été dévastés ; ces Connaissances sont appelées ici les faces des eaux.
20. Vers. 3. Et Dieu dit : Qu’il y ait Lumière ; et il y eut lumière. C’est ce qui arrive en premier lieu, lorsque l’homme commence à savoir qu’il y a quelque bien et quelque vrai d’un ordre plus élevé : les hommes tout à fait externes ne savent même pas ce que c’est que le bien, ni ce que c’est que le vrai ; car toutes les choses qui appartiennent à l’amour de soi et à l’amour du monde, ils les croient des biens, et toutes celles qui favorisent ces amours, ils les croient des vrais ; ainsi ils ne savent pas que ces biens sont des maux, et que ces vrais sont des faux. Mais lorsque l’homme est conçu de nouveau, il commence d’abord par savoir que ses biens ne sont pas des biens ; et lorsqu’il parvient à un plus haut degré de lumière, il sait que le Seigneur est, et que le Seigneur est le bien même et le vrai même : qu’on doive savoir que le Seigneur est, c’est ce que Lui-Même dit dans Jean : « Si vous ne croyez pas que Moi Je suis, vous mourrez dans vos péchés. » – VIII. 24. – Ensuite, que le Seigneur soit le bien même ou la vie, et le vrai même ou la lumière, et qu’ainsi nul bien et nul vrai n’existent que par le Seigneur, c’est aussi ce qui est dit, dans Jean : « Au commencement était la Parole, et la Parole était chez Dieu, et Dieu elle était, la Parole ! Toutes choses par Elle ont été faites, et sans Elle n’a été fait rien de ce qui a été fait ; en Elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; mais la lumière apparaît dans les ténèbres. Lui-Même était la vraie lumière qui éclaire tout homme venant au monde. » – I. 1, 3, 4, 9.
21. Vers. 4, 5. Et Dieu vit que bonne (était) la Lumière, et Dieu distingua entre la Lumière et les Ténèbres. – Et Dieu appela la Lumière, Jour ; et les Ténèbres il appela Nuit. La Lumière est dite bonne, parce qu’elle vient du Seigneur Qui est le bien même ; les Ténèbres sont les choses qui, avant que l’homme soit conçu et naisse de nouveau, apparaissaient comme lumière, parce qu’alors le mal apparaissait comme bien, et le faux comme vrai ; mais ces choses sont des ténèbres, et ce sont des propres de l’homme qui restent en lui. Toutes les choses qui appartiennent au Seigneur sont comparées au Jour, parce qu’elles appartiennent à la lumière ; et toutes celles qui sont les propres de l’homme sont comparées à la Nuit, parce qu’elles appartiennent à l’obscurité : cela est souvent exprimé ainsi dans la Parole.
22. Vers. 5. Et il y eut soir, et il y eut matin : premier Jour. On sait déjà, par ce qui précède, ce que c’est que le soir, et ce que c’est que le matin. Le Soir est tout état précédent, parce que c’est un temps d’ombre, ou un état de fausseté et d’absence de foi ; le Matin est tout état suivant, parce que c’est un temps de lumière, ou un état de vérité et de connaissance de la foi. Le Soir signifie en général tout ce qui est le propre de l’homme, et le Matin, tout ce qui vient du Seigneur ; comme dans David : « L’Esprit de Jéhovah a parlé en moi, et son discours sur ma langue (a été) ; il a dit, le Dieu d’Israël ; à moi il a parlé, le Rocher d’Israël ; Lui, comme la lumière d’un matin, quand se lève le soleil, d’un matin sans nuage, lorsque par sa splendeur, par la pluie, l’herbe tendre (sort) de la terre. » – II Sam. XXIII. 2, 3, 4. – Parce qu’il y a Soir quand il n’y a aucune foi, et Matin, quand il y a foi, l’Avènement du Seigneur dans le Monde est appelé Matin ; et le temps quand Il est venu, parce qu’alors il n’y avait aucune foi, est appelé Soir, dans Daniel : « Le Saint me dit : Jusqu’au Soir, lorsqu’arrive le Matin, deux mille trois cents. » – VIII. 14, 26. – Le Matin est pris semblablement dans la Parole pour tout Avènement du Seigneur ; ainsi, c’est un mot qui se rapporte à la nouvelle création.
23. Que le Jour soit pris pour le Temps même, rien n’est plus commun dans la Parole ; par exemple, dans Ésaïe : « Proche il est, le Jour de Jéhovah. Voici, le Jour de Jéhovah vient. Le ciel j’ébranlerai, et sera ébranlée la terre de son lieu au Jour de l’ardeur de sa colère. Proche à venir est son temps, et ses Jours ne seront point prolongés. » – XIII. 6, 9, 13, 22. – Et dans le même Prophète : « Des Jours de l’antiquité, son antiquité. Il arrivera en ce Jour-là que Tyr sera mise en oubli durant soixante-dix années, selon les Jours d’un seul roi. » – XXIII. 7, 15. – Parce que le Jour est pris pour le Temps, il est aussi pris pour l’État de ce temps, comme dans Jérémie : « Malheur à nous ! parce qu’a décliné le Jour, parce que se sont étendues les ombres du soir. » – VI. 4. – Et dans le même Prophète : « Si vous rendez vaine mon alliance du jour, et mon alliance de la nuit, de sorte que le jour et la nuit ne soient plus dans leur temps. » – XXXIII. 20, 25. – Puis : « Renouvelle nos jours, comme anciennement. » – Lament. V. 21.
24. Vers. 6. Et Dieu dit : Qu’il y ait une Étendue dans le milieu des eaux, et qu’elle fasse distinction entre eaux d’avec eaux. Après que l’Esprit de Dieu ou la Miséricorde du Seigneur a produit au jour les Connaissances du vrai et du bien, et donné pour première lumière que le Seigneur est, et que le Seigneur est le bien même et le vrai même, et qu’il n’y a de bien et de vrai que par le Seigneur, alors elle fait distinction entre l’Homme Interne et l’Homme Externe, et par conséquent entre les Connaissances qui sont chez l’homme interne, et les scientifiques qui appartiennent à l’homme externe. L’homme interne est appelé Étendue ; les connaissances qui sont chez l’homme interne sont appelées eaux au-dessus de l’étendue, et les scientifiques de l’homme externe eaux au-dessous de l’étendue. L’homme, avant qu’il soit régénéré, ne sait pas même qu’il existe un homme Interne, ni à plus forte raison ce que c’est que l’homme Interne ; il pense qu’il n’y a point de distinction à faire, parce qu’étant plongé dans les choses corporelles et mondaines, il y plonge aussi ce qui appartient à l’homme Interne, et fait de choses distinctes entre elles une confusion obscure. C’est pour cela qu’il est d’abord dit : Qu’il y ait une étendue dans le milieu des eaux ; et ensuite : Qu’elle fasse distinction entre eaux d’avec eaux, et non pas qu’elle fasse distinction des eaux entre les eaux. Mais cela est dit aussitôt après, Vers. 7 et 8, de la manière suivante : Et Dieu fit cette Étendue, et elle fit distinction entre les eaux qui sont au-dessous de l’étendue et les eaux qui sont au-dessus de l’étendue ; et fut fait ainsi ; et Dieu appela l’Étendue, Ciel. En conséquence la seconde chose que l’homme remarque, tandis qu’il est régénéré, c’est qu’il commence à savoir qu’il y a un homme Interne, ou que les choses qui sont chez l’homme Interne sont des biens et des vrais qui appartiennent au Seigneur Seul : et parce que l’homme Externe, lorsqu’il est régénéré, est tel qu’il pense toujours faire de lui-même les biens qu’il fait, et dire de lui-même les vrais qu’il dit ; et parce qu’étant tel, il est par là conduit par le Seigneur à faire le bien et à dire le vrai, comme s’il agissait par ses propres, c’est pour cela que la distinction des eaux qui sont au-dessous de l’étendue se fait d’abord, et que celle des eaux qui sont au-dessus de l’étendue ne se fait qu’après. C’est aussi un arcane céleste que l’Homme soit conduit par ses propres, tant par les illusions des sens que par les cupidités, et qu’il soit tourné par le Seigneur vers les choses qui sont des vrais et des biens ; et qu’ainsi tous les instants de la Régénération, tant en général qu’en particulier, s’avancent du soir vers le matin, comme de l’homme externe vers l’homme interne, ou comme de la terre vers le Ciel ; c’est pour cela que maintenant l’Étendue, ou l’Homme Interne, est appelé Ciel.
25. Étendre la Terre et déployer les Cieux est une locution solennelle dans les Prophètes, lorsqu’il s’agit de la Régénération de l’homme, comme dans Ésaïe : « Ainsi a dit Jéhovah, ton Rédempteur et ton Formateur dès l’utérus : (C’est) Moi, Jéhovah, qui fais toutes choses, déployant les Cieux Seul, et étendant la Terre par Moi-Même. » – XLIV. 24. – Puis, lorsqu’il s’agit de l’avènement du Seigneur, il est dit clairement : « Le Roseau Froissé il ne brise point, et le lin fumant il n’éteint point ; selon la vérité il fait ressortir le jugement » ; c’est-à-dire, il ne détruit pas tout d’un coup les illusions, et n’éteint pas les cupidités ; mais il les tourne peu à peu vers le vrai et vers le bien ; ainsi il est dit ensuite : « Dieu Jéhovah crée les Cieux et les déploie, étend la Terre et ses productions, donne âme au peuple sur elle, et esprit à ceux qui y marchent. » – XLII. 3, 4, 5. – Outre plusieurs autres passages.
26. Vers. 8. Et il y eut Soir, et il y eut Matin : Second Jour. Ce que c’est que le Soir, ce que c’est que le Matin, et ce que c’est que le Jour, on l’a vu précédemment, Vers. 5.
27. Vers. 9. Et Dieu dit : Que soient rassemblées les Eaux au-dessous du Ciel vers un seul lieu, et que paraisse le Sec ; et fut fait ainsi. Quand l’homme sait qu’il y a un homme interne et un homme externe, et que du Seigneur les Vrais et les Biens influent de l’homme interne ou par l’homme interne vers l’homme externe, quoique cela ne paraisse pas ainsi, alors les vrais et les biens ou les Connaissances du vrai et du bien, qui sont chez lui, sont serrées dans sa mémoire et reportées parmi les scientifiques ; car tout ce qui est insinué dans la mémoire de l’homme externe, que ce soit naturel, spirituel ou céleste, y reste comme scientifique, et est de là produit par le Seigneur. Ces Connaissances sont les eaux rassemblées vers un seul lieu, et appelées Mers ; l’homme externe lui-même est appelé le sec, et peu après terre, comme on va le voir dans ce qui suit.
28. Vers. 10. Et Dieu appela le Sec, Terre ; et il appela l’amas des eaux, Mers ; et Dieu vit que bon (cela était). Que les eaux signifient les Connaissances et les Scientifiques, et que, par suite, les Mers signifient leur amas, cela est très commun dans la Parole ; ainsi, dans Ésaïe : « Pleine sera la terre de la science de Jéhovah, comme les eaux couvrent la Mer. » – XI. 9. – Et dans le même Prophète, lorsqu’il s’agit du manque de connaissances et de scientifiques : « Les eaux manqueront à la Mer, le fleuve séchera et tarira, et les courants se retireront. » – XIX. 5, 6. – Dans Haggée, lorsqu’il s’agit de l’Église nouvelle : « Moi, je vais ébranler les Cieux et la Terre, et la Mer et le Sec ; et j’ébranlerai toutes les nations, et viendront les désirés de toutes les nations, et je remplirai cette maison de gloire. » – II. 6, 7. – Et dans Zacharie, au sujet de l’homme qui doit être régénéré : « Ce sera un jour unique, celui-là, qui est connu de Jéhovah, non pas jour ni nuit, et il arrivera que vers le temps du soir, il y aura Lumière, et il arrivera qu’en ce jour-là sortiront des eaux vives de Jérusalem, une partie vers la Mer orientale, et une partie vers la Mer occidentale. » – XIV. 7, 8. – Dans David, lorsqu’est décrit l’homme dévasté qui doit être régénéré, et qui doit adorer le Seigneur : « Jéhovah ne méprise point ses captifs, les Cieux et la Terre Le loueront, les Mers et tout ce qui s’y meut. » – Ps. LXIX. 35. – Que la Terre signifie le réceptacle, on le voit dans Zacharie : « Jéhovah qui déploie les Cieux, et fonde la Terre, et forme l’esprit de l’homme au dedans de lui. » – XII. 1.
29. Vers. 11, 12. Et Dieu dit : Que la terre fasse pousser Herbe tendre ; Herbe portant sentence ; Arbre à fruit donnant du fruit, selon son espèce, dans lequel (soit) sa semence, sur la terre ; et fut fait ainsi. – Et la Terre produisit herbe tendre ; herbe portant semence, selon son espèce ; et arbre donnant du fruit dans lequel (fut) sa sentence, selon son espèce ; et Dieu vit que bon (cela était). – Lorsque la Terre ou l’homme est préparé de telle sorte qu’il puisse recevoir du Seigneur les semences célestes, et produire quelque chose du bien et du vrai, alors le Seigneur fait d’abord germer quelque chose de tendre qui est appelé herbe tendre ; puis quelque chose de plus utile, qui se sème de nouveau, et qui est appelé herbe portant semence ; et enfin quelque bien qui fructifie, et qui est appelé arbre donnant du fruit dans lequel est sa semence, selon son espèce. L’homme qui est régénéré est d’abord tel, qu’il pense faire par lui-même le bien et dire par lui-même le vrai, lorsque cependant la vérité est que tout bien et tout vrai viennent du Seigneur ; c’est pourquoi celui qui pense agir ainsi par lui-même n’a pas encore la Vie de la vraie foi, qu’il peut cependant recevoir plus tard ; en effet, il ne peut pas encore croire que cela vient du Seigneur, parce qu’il est dans l’état de préparation pour recevoir la vie de la foi ; cet État est représenté ici par les Choses Inanimées, et l’État de la vie de la foi est représenté peu après par les Choses Animées. Que le Seigneur soit le semeur, que Sa Parole soit la semence, et que l’homme soit la Terre, Lui-Même a daigné le dire, – Matth. XIII. 19 à 24, 37, 38, 39. Marc, IV. 14 à 21. Luc, VIII. 11 à 16. – Il le décrit aussi pareillement : « Il en est du Royaume de Dieu comme lorsqu’un homme jette de la semence en terre ; soit qu’il dorme ou qu’il se lève, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu’il sache comment ; car d’elle-même la terre porte fruit, d’abord herbe, puis épi, puis le plein froment dans l’épi. » – Marc, IV. 26, 27, 28. – Par le Royaume de Dieu est entendu, dans le sens universel, tout le Ciel ; dans un sens moins universel, la véritable Église du Seigneur ; dans un sens particulier, quiconque est dans la vraie foi ou a été régénéré par la vie de la foi ; aussi un tel homme est-il même appelé Ciel, parce que le Ciel est en lui, et Royaume de Dieu, parce que le Royaume de Dieu est en lui, comme le Seigneur l’enseigne Lui-même dans Luc : « Jésus, interrogé par les Pharisiens quand viendrait le Royaume de Dieu, leur répondit et dit : Le Royaume de Dieu ne vient point d’une manière remarquable, et l’on ne dira point : Le voici, ici ; ou : Le voilà, là ; car, voici, le Royaume de Dieu est au dedans de vous. » – XVII. 20, 21. – Tel est le troisième degré de la régénération de l’homme, c’est son état de pénitence ; il s’avance comme les autres de l’ombre vers la lumière, ou du Soir vers le Matin ; c’est pour cela qu’il est dit, Vers. 13 : Et il y eut Soir, et il y eut Matin : troisième Jour.
30. Vers. 14, 15, 16, 17. Et Dieu dit : Soit des Luminaires dans l’étendue des cieux, pour distinguer entre le Jour et la Nuit ; et ils seront pour signes, et pour temps réglés, et pour jours et années. – Et ils seront pour Luminaires dans l’étendue des cieux, pour donner lumière sur la terre ; et fut fait ainsi. – Et Dieu fit les deux grands Luminaires, le Luminaire grand pour dominer de jour, et le Luminaire moindre pour dominer de nuit, et les Étoiles. – Et Dieu les plaça dans l’Étendue des cieux, pour donner lumière sur la terre. Ce que c’est que les grands Luminaires, on ne peut pas bien le comprendre, à moins qu’on ne sache d’abord quelle est l’Essence de la foi, et ensuite quelle est sa Progression chez ceux qui sont créés de nouveau. L’Essence même et la Vie de la foi, c’est le Seigneur Seul ; car celui qui ne croit pas dans le Seigneur ne peut avoir la vie, comme le Seigneur le dit dans Jean : « Celui qui croit dans le Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeurera sur lui. » – III. 36. – La progression de la foi chez ceux qui sont créés de nouveau se fait ainsi : D’abord, il n’y a en eux aucune vie ; car la vie réside, non dans le Mal et dans le Faux, mais dans le Bien et dans le Vrai ; ensuite, ils reçoivent du Seigneur la vie par la Foi ; en premier lieu, par la Foi de la Mémoire, qui est la Foi scientifique ; puis, par la Foi d’Entendement, qui est la Foi intellectuelle ; enfin, par la Foi de Cœur, qui est la Foi de l’Amour ou la Foi salvifique. La Foi scientifique et intellectuelle a été représentée, depuis le Vers. 3 jusqu’au Vers. 13, par les choses inanimées ; et la Foi vivifiée par l’amour est représentée, depuis le Vers. 20 jusqu’au Vers. 25, par les choses animées. C’est pour cela que maintenant il s’agit ici de l’Amour et de la Foi d’après l’amour, qui sont appelés des Luminaires ; l’Amour est le grand Luminaire qui domine de jour, et la Foi d’après l’Amour est le Luminaire moindre qui domine de nuit ; et parce qu’ils ne font qu’un, il est dit d’eux au singulier : Soit des luminaires, et non pas soient. L’Amour et la Foi sont pour l’homme Interne ce que la Chaleur et la Lumière sont pour l’Externe corporel ; c’est pour cela que les uns sont représentés par les autres ; aussi est-il dit que les Luminaires ont été placés dans l’Étendue des Cieux, c’est-à-dire dans l’homme Interne, le grand luminaire dans sa Volonté, et le moindre dans son Entendement ; mais ils apparaissent seulement dans la volonté et dans l’entendement, de même que la lumière du Soleil dans les objets ; c’est la Miséricorde du Seigneur Seul qui affecte d’amour la volonté, et de vérité ou de foi l’entendement.
31. Que les grands Luminaires signifient l’Amour et la Foi, et qu’ils soient aussi nommés Soleil, Lune et Étoiles, c’est ce qu’on voit çà et là dans les Prophètes, comme dans Ézéchiel : « Je couvrirai, quand je t’aurai éteint, les Cieux, et je noircirai leurs étoiles, le Soleil d’un nuage je couvrirai, et la Lune ne fera point luire sa lumière ; tous les Luminaires de lumière dans les Cieux, je les noircirai sur toi, et je répandrai des ténèbres sur ta Terre. » – XXXII. 7, 8. – Dans ce passage, il s’agit de Pharaon et de l’Égypte, par lesquels il est entendu dans la Parole le sensuel et le scientifique ; ici, en ce qu’ils ont éteint l’amour et la foi par les sensuels et par les scientifiques. Dans Ésaïe : « Le jour de Jéhovah pour réduire la terre en désolation ; car les étoiles des cieux et leurs constellations ne feront point luire leur lumière, le Soleil sera obscurci à son lever, et la Lune ne fera point resplendir sa lumière. » – XIII. 9, 10. – Dans Joël : « Il vient, le jour de Jéhovah, jour de ténèbres et d’obscurité ; devant Lui tremble la terre, sont ébranlés les Cieux, le Soleil et la Lune sont assombris, et les Étoiles retirent leur splendeur. » – II. 2, 10. – Dans Ésaïe, où il s’agit de l’avènement du Seigneur et d’éclairer les nations, par conséquent de la nouvelle Église, et, en particulier, de chacun de ceux qui sont dans les ténèbres et qui reçoivent la lumière et sont régénérés, il est dit : « Lève-toi, sois illuminée, car elle vient, la Lumière ; voici, les ténèbres couvrent la terre, et l’obscurité les peuples ; et sur toi se lèvera Jéhovah, et les nations marcheront à ta lumière, et les rois à la splendeur de ton lever ; Jéhovah te sera pour lumière d’éternité ; plus ne se couchera ton Soleil, ni ne se retirera ta Lune, parce que Jéhovah te sera pour lumière d’éternité. » – LX. 1, 2, 3, 19, 20. – Dans David : « Jéhovah, qui fait les cieux en intelligence, qui étend la terre sur les eaux, qui fait les grands Luminaires, le Soleil pour dominer dans le jour, et la Lune et les Étoiles pour dominer dans la nuit. » – Ps. CXXXVI. 5, 6, 7, 8, 9. – Et dans le Même : « Glorifiez Jéhovah, Soleil et Lune ; Glorifiez-Le, (vous) toutes, étoiles de lumière ; glorifiez-Le, Cieux des Cieux, et Eaux qui (êtes) au-dessus des Cieux. » – Ps. CXLVIII. 3, 4. – Dans tous ces passages, les Luminaires signifient l’Amour et la Foi. Parce que les Luminaires représentaient et signifiaient l’Amour et la Foi envers le Seigneur, il fut commandé, dans l’Église Judaïque, qu’un Luminaire perpétuel serait allumé du soir au matin ; car tout ce qui avait été commandé à cette Église était Représentatif du Seigneur ; de ce Luminaire il est parlé ainsi : « Commande aux fils d’Israël de recueillir l’huile pour le Luminaire, afin de faire monter la Lampe continuellement ; dans la Tente de convention, en dehors du Voile qui est sur le Témoignage, la dresseront Aaron et ses fils depuis le soir jusqu’au matin devant Jéhovah. » – Exod. XXVII. 20, 21. – Que cette prescription signifie l’Amour et la Foi, que le Seigneur allume et fait luire dans l’homme Interne, et par l’homme Interne dans l’homme Externe, c’est ce qui, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, sera montré quand il s’agira de ce passage.
32. L’amour et la Foi sont appelés d’abord les Luminaires grands ; ensuite l’Amour, le Luminaire grand, et la Foi, le Luminaire moindre ; et il est dit de l’Amour qu’il dominera dans le jour, et de la Foi, qu’elle dominera dans la nuit ; comme ce sont là des Arcanes, impénétrables surtout dans cette fin des jours, il m’est permis, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, de les révéler. S’ils sont surtout impénétrables dans cette fin des jours, c’est parce que c’est maintenant la Consommation du siècle, et qu’il n’y a presque point d’Amour, ni par conséquent de Foi, comme le Seigneur lui-même l’a prédit dans les Évangélistes, en ces termes : « Le Soleil sera obscurci, et la Lune ne donnera point de Lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les vertus des cieux seront ébranlées. » – Matth. XXIV. 29. – Par le Soleil, il est entendu ici l’Amour qui est obscurci ; par la Lune, la Foi qui ne donne point sa lumière ; par les Étoiles, les Connaissances de la foi qui tombent du Ciel, lesquelles sont les vertus et les puissances des cieux. La Très-Ancienne Église ne reconnut d’autre foi que l’Amour même ; les Anges célestes ne reconnaissent non plus d’autre foi que celle qui vient de l’Amour ; tout le Ciel consiste dans l’Amour ; car dans les cieux il n’est donné aucune autre vie que la vie de l’Amour ; de là vient toute félicité, et la félicité est si grande, que rien n’en peut être décrit, et que jamais l’homme n’en peut avoir aucune idée. Ceux qui sont dans l’amour aiment le Seigneur du fond du cœur ; mais ils savent, disent et perçoivent que tout amour, par conséquent toute vie qui appartient à l’amour seul, et ainsi toute félicité, viennent uniquement du Seigneur ; et que par eux-mêmes ils n’ont pas la moindre parcelle d’amour, de vie et de félicité. Que le Seigneur soit Celui de Qui vient tout Amour, cela aussi a été représenté par le Grand Luminaire ou le Soleil, lors de la transfiguration, car : « Sa face resplendit comme le Soleil, et ses vêtements devinrent comme la Lumière. » – Matth. XVII. 2. – Par la Face sont signifiés les intimes, et par les Vêtements les choses qui procèdent des intimes ; ainsi par le Soleil le Divin du Seigneur ou l’Amour, et par la Lumière son Humain ou la Sagesse d’après l’Amour.
33. Chacun peut très bien connaître qu’il n’existe aucune vie sans quelque Amour, et qu’il n’y a aucune joie à moins qu’elle ne découle de l’Amour ; mais tel est l’Amour, telle est la vie, et telle est la joie. Si tu éloignais les amours, ou, ce qui est la même chose, les cupidités, car elles appartiennent à l’amour, aussitôt la pensée cesserait, et tu serais comme mort. C’est ce qui m’a été montré par une vive expérience (ad vivum). Les amours de soi et du monde ont bien quelque chose qui ressemble à la vie et quelque chose qui ressemble à la joie ; mais comme ils sont entièrement opposés au véritable amour qui consiste à aimer le Seigneur par-dessus toutes choses et le prochain comme soi-même, on peut voir qu’ils sont, non des amours, mais des haines ; car plus quelqu’un s’aime soi-même et aime le monde, plus il hait le prochain, et par conséquent le Seigneur : c’est pourquoi le véritable Amour est l’Amour envers le Seigneur, la véritable vie est la vie de l’amour procédant du Seigneur, et la véritable joie est la joie de cette vie. Il ne peut y avoir qu’un seul Amour Véritable, ainsi il ne peut y avoir non plus qu’une seule vie véritable, d’où proviennent les véritables joies et les véritables félicités, telles que sont celles des Anges dans les Cieux.
34. L’Amour et la Foi ne peuvent jamais être séparés, parce qu’ils constituent une seule et même chose ; c’est pourquoi, lorsque d’abord il s’agit des Luminaires, ils sont pris pour un seul, et il est dit : SOIT des Luminaires dans l’Étendue des Cieux. Il m’est permis de rapporter à ce sujet des choses admirables : Les Anges Célestes, par cela qu’ils sont par le Seigneur dans un tel Amour, sont d’après cet Amour dans toutes les connaissances de la foi, et d’après l’amour, dans une telle vie et dans une telle lumière d’intelligence, qu’on pourrait à peine en donner quelque idée : au contraire, les Esprits qui sont dans la science des doctrinaux de la foi sans l’amour, sont dans une vie si froide et dans une lumière si obscure, qu’ils ne peuvent pas même approcher de la première entrée des cieux sans fuir en arrière : ils disent, il est vrai, avoir cru au Seigneur, mais ils n’ont pas vécu comme il l’a enseigné ; le Seigneur parle d’eux ainsi, dans Matthieu : « Non pas quiconque me dit : Seigneur ! Seigneur ! entrera dans le Royaume des Cieux, mais celui-là qui fait ma volonté ; plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur ! Seigneur ! par ton nom n’avons-nous pas prophétisé ? etc. » – VII. 21, 22 à la fin. – Par là on voit que ceux qui sont dans l’Amour sont aussi dans la foi, et ainsi dans la vie céleste ; mais non ceux qui disent être dans la foi et ne sont pas dans la vie de l’amour. La vie de la foi sans l’amour est comme la Lumière du Soleil sans la Chaleur, ainsi qu’il arrive dans l’hiver, lorsque rien ne croît et que tout languit et meurt ; mais la Foi qui vient de l’Amour est comme la Lumière du Soleil au Printemps, lorsque tout croît et fleurit, car c’est la Chaleur du Soleil qui produit. Il en est de même pour les choses spirituelles et célestes qui sont ordinairement représentées dans la Parole par les choses qui sont dans le monde et sur la terre. L’absence de la foi et la foi sans l’amour sont aussi comparées à l’hiver par le Seigneur, lorsque, parlant de la consommation du siècle dans Marc, il dit : « Priez que votre fuite n’arrive pas en hiver ; car ce seront là des jours d’affliction. » – XIII. 18, 19 ; – la fuite, c’est le dernier temps, même à l’égard de tout homme lorsqu’il meurt ; l’hiver, c’est sa vie sans aucun amour ; et les jours d’affliction sont l’état misérable de l’homme dans l’autre vie.
35. Il y a dans l’homme deux facultés, la Volonté et l’Entendement ; lorsque l’Entendement est gouverné par la Volonté, ces facultés constituent ensemble un seul mental, ainsi une seule vie ; car alors ce que l’homme veut et fait, il le pense aussi et s’y applique ; mais lorsque l’Entendement est en désaccord avec la Volonté, comme chez ceux qui disent avoir la foi mais vivent d’une manière opposée, l’unité du mental est alors divisée en deux parties ; l’une veut s’élever au Ciel, l’autre tend vers l’enfer ; et comme la volonté fait tout, l’homme se précipiterait tout entier dans l’enfer, si le Seigneur n’avait pitié de lui.
36. Ceux qui séparent la foi d’avec l’amour ne savent pas même ce que c’est que la foi ; lorsqu’ils sont dans l’idée de la foi, quelques-uns d’entre eux ne savent autre chose sinon que c’est une pure pensée ; d’autres, que c’est une pensée sur le Seigneur ; et un très petit nombre, que c’est la Doctrine de la foi : mais la Foi est non-seulement la Connaissance et la Reconnaissance de tout ce qu’embrasse la Doctrine de la foi, mais c’est surtout l’Obéissance à tout ce que cette doctrine enseigne ; le premier précepte qu’elle enseigne, auquel on doit obéir, c’est l’Amour du Seigneur et l’Amour du prochain, et celui qui n’est pas dans l’amour n’est pas dans la foi ; c’est ce qu’enseigne le Seigneur d’une manière si claire qu’on ne peut nullement douter : « Le premier de tous les préceptes est : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est un seul Seigneur ; c’est pourquoi tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta pensée, et de toutes tes forces ; c’est là le premier précepte ; et le second, semblable à celui-là : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a point d’autre précepte plus grand que ceux-ci. » – Marc, XII. 28 à 35. – Dans Matthieu, il l’appelle le Premier et le Grand Commandement, et il dit que la Loi et les Prophètes dépendent de ces deux Commandements. – XXII. 34 à 39. – La Loi et les Prophètes, c’est la Doctrine universelle de la foi et toute la Parole.
37. Il est dit que les Luminaires seront pour signes et pour temps réglés, et pour jours et pour années. Quoique, dans le sens de la lettre, il ne semble pas qu’il y ait des arcanes renfermés dans ces expressions, il y en a cependant un trop grand nombre pour qu’ils puissent être exposés maintenant ; il suffira de dire, pour le moment, qu’il y a dans l’universel et dans les singuliers, pour les choses spirituelles et célestes, des vicissitudes qui sont comparées aux vicissitudes des jours et des années ; celles des jours sont du matin à midi, de là au soir, et par la nuit au matin ; celles des années sont semblables, du printemps à l’été, de là à l’automne, et par l’hiver au printemps ; de là viennent les vicissitudes de chaleur et de lumière, et aussi celles des fructifications de la terre ; à ces vicissitudes sont comparées celles des choses spirituelles et célestes ; la vie sans vicissitudes et sans variations serait une, par conséquent nulle ; et l’on ne pourrait ni discerner, ni distinguer, ni à plus forte raison percevoir le bien et le vrai. Ces vicissitudes sont appelées Statuts dans les Prophètes, par exemple dans Jérémie : « Ainsi a dit Jéhovah, qui donne le Soleil pour lumière de jour, et les statuts de la lune et des étoiles pour lumière de nuit. Ces statuts-là se retireront-ils de devant Moi ? » – XXXI. 35, 36. – Et dans le même Prophète : « Ainsi a dit Jéhovah : N’ai-je pas établi mon alliance de jour et, de nuit, les statuts du ciel et de la terre ? » – XXXIII. 25. – Mais il sera, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, traité de ces choses au Ch. VIII, Vers. 22, de la Genèse.
38. Vers. 18. Et pour dominer dans le jour et dans la nuit, et pour distinguer entre la lumière et les ténèbres ; et Dieu vit que bon (cela était). Par jour il est entendu le Bien, par nuit le mal ; c’est pour cela que les biens sont appelés œuvres de jour, et les maux œuvres de nuit : par la lumière il est entendu le Vrai, et par les ténèbres le faux, comme parle le Seigneur : « Les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière ; celui qui agit selon la vérité vient à la lumière. » – Jean, III. 19 à 21. – Vers. 19. Et il y eut soir, et il y eut matin : quatrième Jour.
39. Vers. 20. Et Dieu dit : Que les eaux fassent ramper Reptile, âme vivante ; et que Oiseau vole sur la terre, sur les faces de l’étendue des cieux. Après que les grands Luminaires ont été allumés et placés dans l’Homme Interne, et que l’Externe en reçoit la lumière, alors l’homme commence seulement à vivre ; avant cela, on peut à peine dire qu’il ait vécu ; car le Bien qu’il a fait, il a pensé l’avoir fait par lui-même, et le Vrai qu’il a dit, il a pensé l’avoir dit par lui-même ; et de ce que par lui-même l’homme est mort, et qu’il n’existe en lui que mal et faux, il en résulte que tout ce qu’il produit par lui-même n’est pas vivant, au point qu’il ne peut même faire par lui-même le bien qui est bien en soi. Que l’homme ne puisse même penser le bien, ni vouloir le bien, ni par conséquent faire le bien que d’après le Seigneur, chacun le voit d’après la Doctrine de la foi ; car le Seigneur dit dans Matthieu : « Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme. » – XIII. 37. – Le Bien ne peut non plus venir que de la Source même, qui est unique, comme il le dit aussi : « Nul n’est bon, si ce n’est Dieu seul. » – Luc, XVIII. 19. – Mais néanmoins, lorsque le Seigneur rappelle l’homme à la vie, ou le régénère, il permet d’abord qu’il croie ainsi ; car alors l’homme ne peut pas comprendre autrement, ni autrement être conduit à croire et ensuite à percevoir que tout Bien et que tout Vrai viennent du Seigneur Seul. Pendant tout le temps qu’il a cru ainsi, ses Vrais et ses Biens ont été comparés à l’Herbe tendre, puis à l’Herbe portant semence, et ensuite à l’Arbre à fruit, toutes choses qui sont inanimées ; mais maintenant qu’il a été vivifié par l’Amour et par la Foi, et qu’il croit que c’est le Seigneur qui opère en lui tout le Bien qu’il fait, et tout le Vrai qu’il dit, il est comparé d’abord aux Reptiles de l’eau et aux Oiseaux qui volent sur terre, puis aux Bêtes, toutes choses qui sont animées et sont appelées âmes vivantes.
40. Par les Reptiles, que les eaux produisent, sont signifiés les Scientifiques qui appartiennent à l’homme Externe ; par les Oiseaux en général, les Rationnels et les Intellectuels, dont les derniers appartiennent à l’Homme Interne. Que les Reptiles des eaux ou les poissons signifient les scientifiques, on le voit dans Ésaïe : « Je suis venu, et point d’homme (vir) ; par ma réprimande je ferai tarir la mer, je réduirai les fleuves en désert, fétide deviendra leur poisson, parce que point d’eau, et il mourra de soif. Je revêtirai les cieux de noirceur. » – L. 2, 3. – C’est encore plus manifeste dans Ézéchiel, où le Seigneur décrit le nouveau Temple ou en général la nouvelle Église, et l’homme de l’Église ou le régénéré, car tout homme régénéré est le Temple du Seigneur ; il est dit ainsi : « Le Seigneur Jéhovah m’a dit : Ces eaux qui sortiront vers la limite du côté de l’Orient, elles viendront vers la mer, à la mer conduites, et saines deviendront les eaux ; et il arrivera que toute âme vivante qui rampera, partout où viendra l’eau des torrents, vivra ; et sera le poisson en quantité très grande, parce que viendront là ces eaux ; et elles assainiront, et tout vivra où viendra le torrent ; et il arrivera que se tiendront sur lui des pêcheurs, depuis Engadi jusqu’à En-Églaïm ; avec déploiement de filets ils seront ; selon son espèce sera leur poisson, comme le poisson de la grande mer, en quantité très grande. » – XLVII. 8, 9, 10. – Les pêcheurs, depuis Engadi jusqu’à En-Églaïm avec un déploiement de filets, signifient ceux qui enseigneront les Vérités de la Foi à l’homme naturel. Que les Oiseaux signifient les Rationnels et les Intellectuels, cela est constant dans les Prophètes, comme dans Ésaïe : « Appelant de l’Orient l’oiseau, d’une terre éloignée l’homme de mon conseil. » – XLVI. 11. – Dans Jérémie : « J’ai vu, et voici, point, l’homme, et tous les Oiseaux des cieux ont fui. » – IV. 25. – Dans Ézéchiel : « Je planterai un rameau d’un cèdre élevé, et il produira des branches et donnera du fruit, et deviendra un cèdre magnifique, et habiteront sous lui tout Oiseau de toute aile ; sous l’ombre de ses branches ils habiteront. » – XVII. 23. – Et dans Hosée, lorsqu’il s’agit de la nouvelle Église ou du régénéré : « Et je traiterai pour eux alliance en ce jour-là avec la Bête sauvage (Fera) du champ, et avec l’Oiseau des cieux, et le reptile de l’humus. » – II. 18. – Que la bête sauvage (fera) ne signifie pas une bête sauvage, ni l’oiseau un oiseau, chacun peut le voir, puisque le Seigneur traite une nouvelle alliance avec eux.
41. Tout ce qui est le propre de l’homme n’a aucune vie en soi, et lorsqu’il se fait voir, il apparaît dur comme un os et noir ; mais tout ce qui a la vie par le Seigneur a en soi le spirituel et le céleste, et quand il se fait voir, il apparaît comme quelque chose d’humain ayant vie ; et, ce qui est peut-être incroyable, mais néanmoins très vrai, c’est que chaque parole, chaque idée, et la plus petite chose de la pensée d’un Esprit Angélique sont douées de vie ; dans ses très-singuliers il y a une affection procédant du Seigneur, qui est la Vie Même : c’est pourquoi les choses qui viennent du Seigneur ont la vie en elles, parce qu’elles ont la foi en Lui, et sont signifiées ici par l’âme vivante ; elles ont aussi une sorte de corps signifiée ici par se mouvant ou rampant ; toutefois ce sont encore là des arcanes pour l’homme, mais comme il s’agit ici de l’âme vivante et de ce qui se meut, ici il en est seulement fait mention.
42. Vers. 21. Et Dieu créa les grandes Baleines, et toute âme vivante qui rampe, que firent ramper les eaux selon leurs espèces ; et tout Oiseau ailé selon son espèce ; et Dieu vit que bon (cela était). – Les Poissons, comme il a été dit, signifient les scientifiques, ici animés par la foi qui vient du Seigneur, et par conséquent vivants ; les Baleines signifient les communs des scientifiques, sous lesquels et d’après lesquels existent les scientifiques particuliers ; dans l’univers il n’y a rien qui ne soit sous quelque commun, afin d’exister et de subsister : dans les Prophètes, les Cétacés ou les Baleines sont quelquefois nommés, et ils y signifient les communs des Scientifiques ; Pharaon, Roi d’Égypte, par lequel est représentée la sagesse ou l’intelligence humaine, c’est-à-dire, la science en général, est appelé grande Baleine ; ainsi dans Ézéchiel : « Me voici contre toi, Pharaon, Roi d’Égypte, grande Baleine couchée au milieu de ses fleuves, disant : À moi, mon fleuve, et moi je me suis fait. » – XXIX. 3. – Et ailleurs : « Prononce une lamentation sur Pharaon, Roi d’Égypte, et dis-lui : Tu as été comme une Baleine dans les mers, et tu t’es avancé dans tes fleuves, et tu as troublé les eaux avec tes pieds. » – XXXII. 2. – Par là sont signifiés ceux qui veulent entrer dans les mystères de la foi par les scientifiques, ainsi par eux-mêmes. Dans Ésaïe : « En ce jour-là, Jéhovah visitera avec sa dure et grande et forte épée Léviathan le serpent long, et Léviathan le serpent tortueux, et il tuera les Baleines qui (sont) dans la mer. » – XXVII. 4. – Par tuer les Baleines dans la mer, il est signifié de sorte qu’ils ne connaissent pas même les scientifiques communs. Dans Jérémie : « Il m’a dévorée, il m’a troublée, Nébuchadnessar, Roi de Babel, il m’a rendue vase vide ; il m’a engloutie ; comme une Baleine, il a rempli son ventre de mes délices, il m’a chassée. » – LI. 34. – C’est-à-dire qu’il a englouti les Connaissances de la foi, qui ici sont les délices, comme la Baleine a englouti Jonas, la Baleine étant prise pour ceux qui possèdent les communs des Connaissances de la foi comme scientifiques, et qui agissent ainsi.
43. Vers. 22. Et Dieu les bénit, en disant : Fructifiez et multipliez-vous, et remplissez les eaux dans les mers ; et l’oiseau sera multiplié sur la terre. Tout ce qui en soi a la vie par le Seigneur fructifie et se multiplie d’une manière immense ; tant que l’homme vit dans le corps, il n’en est pas ainsi ; mais dans l’autre vie, c’est une chose étonnante. Fructifier, dans la Parole, se dit des choses qui appartiennent à l’amour ; et Multiplier, des choses qui appartiennent à la foi : le fruit qui appartient à l’amour a de la semence par laquelle il se multiplie si fort. La Bénédiction du Seigneur aussi signifie, dans la Parole, la fructification et la multiplication, parce que celles-ci sont produites par elle. – Vers. 23. – Et il y eut soir, et il y eut matin : cinquième Jour.
44. Vers. 24, 25. Et Dieu dit : Que la Terre produise âme vivante selon son espèce ; Bête (Bestia), et ce qui rampe, et Bête sauvage (Fera) de cette terre selon son espèce ; et fut fait ainsi. – Et Dieu fit la Bête sauvage (Fera) de la terre selon son espèce ; et la Bête (Bestia) selon son espèce, et tout reptile de l’humus selon son espèce ; et Dieu vit que bon (cela était). L’homme, de même que la Terre, ne pout produire rien de bon, à moins qu’il n’ait reçu auparavant comme semence les Connaissances de la foi, par lesquelles il sache ce qu’il doit croire et ce qu’il doit faire : Il appartient à l’Entendement d’entendre la Parole, et a la Volonté de la mettre en pratique ; entendre la Parole et ne pas la mettre en pratique, c’est dire qu’on croit, et néanmoins ne pas vivre selon sa croyance ; un tel homme désunit ces deux facultés, divise le mental, et est appelé Insensé par le Seigneur : « Quiconque entend mes paroles et les met en pratique, je le compare à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc ; mais quiconque entend mes paroles et ne les met pas en pratique, je le compare à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. » – Matth. VII. 24, 26. – Les choses qui appartiennent à l’Entendement ont été signifiées, comme il a été dit, par les Reptiles que les eaux font naître, et par l’Oiseau sur la terre et sur les faces de l’Étendue ; celles qui appartiennent à la volonté sont signifiées ici par l’âme vivante que la terre produit, par la Bête (Bestia) et par ce qui rampe, et ensuite par la Bête sauvage (Fera) de cette terre.
45. Ceux qui vécurent dans les temps très anciens désignèrent ainsi les choses qui appartiennent à l’Entendement et celles qui appartiennent à la Volonté ; de là, dans les Prophètes, et constamment dans la Parole de l’Ancien Testament, de semblables choses sont représentées par les genres d’Animaux. Les bêtes sont de deux genres : il y en a de mauvaises parce qu’elles sont nuisibles ; et il y en a de bonnes, parce qu’elles sont douces. Les choses mauvaises qui sont dans l’homme ont été signifiées par des bêtes mauvaises, telles que les Ours, les Loups, les Chiens ; les choses bonnes et douces l’ont été par des bêtes bonnes et douces, telles que les Taureaux, les Brebis et les Agneaux ; les Bêtes (Bestiæ), parce qu’il s’agit ici des hommes qui doivent être régénérés, sont bonnes et douces ; elles signifient les Affections : les choses qui sont inférieures et qui tiennent plus du corporel sont appelées Bêtes sauvages (Feræ) de cette terre, et ce sont les Cupidités et les Voluptés.
46. Que les Bêtes signifient les Affections chez l’homme, les mauvaises chez les méchants, et les bonnes chez les bons, on peut le voir dans la Parole par plusieurs passages ; dans Ézéchiel : « Me voici à vous, et je me retournerai vers vous, pour que vous soyez cultivées et ensemencées, et je multiplierai sur vous homme et bête, et ils se multiplieront et fructifieront, et je vous ferai habiter selon vos Antiquités. » – XXXVI. 9, 10, 11 ; – là, il s’agit de la Régénération. Dans Joël : « Ne craignez point, bêtes de mon champ, parce que herbeuses sont devenues les demeures du désert. » – II. 22. – Dans David : « Moi, brute, une Bête j’ai été à l’égard de Dieu. » – Ps. LXXIII. 22. – Dans Jérémie : « Voici les jours qui viennent, et j’ensemencerai la maison d’Israël et la maison de Jéhudah de semence d’homme et de semence de Bête, et je veillerai sur eux pour bâtir et pour planter. » – XXXI. 27, 28 ; – là, il s’agit de la Régénération. Que les Bêtes sauvages (Feræ) signifient aussi des affections, on le voit dans Hosée : « Je traiterai pour eux alliance en ce jour-là avec la Bête sauvage (Fera) du Champ, et avec l’Oiseau des Cieux et le Reptile de la Terre. » – II. 18. – Dans Job : « De la part de la Bête sauvage (Fera) de la terre tu ne craindras rien ; car avec les pierres du champ tu auras alliance, et la Bête sauvage (Fera) du champ sera pacifique pour toi. » – V. 22, 23. – Dans Ézéchiel : « Je contracterai avec eux une alliance de paix, et je ferai disparaître de la terre la bête sauvage (fera) mauvaise, en sorte qu’ils habitent dans le désert en sécurité. » – XXXIV. 25. – Dans Ésaïe : « La bête sauvage (fera) du champ M’honorera, parce que j’ai donné dans le désert des eaux. » – XLIII. 20. – Dans Ézéchiel : « Dans ses rameaux ont fait leurs nids tout Oiseau des cieux, et toutes les bêtes sauvages (feræ) du champ ont engendré sous ses rameaux, et sous son ombre ont habité toutes nations grandes. » – XXXI. 6 ; – là, il s’agit de l’Assyrien, par lequel l’homme spirituel est signifié, et il est comparé au Jardin d’Éden. Dans David : « Glorifiez Jéhovah, (vous) tous ses Anges ; glorifiez-le de la terre, (vous) baleines, arbre à fruit, bête sauvage (fera), et toute bête (bestia), reptile et oiseau ailé. » – Ps. CXLVIII. 2, 3, 4, 7, 9, 10. » – Ici, ce sont absolument les mêmes choses qui sont nommées, comme les baleines, l’arbre à fruit, la bête sauvage (fera), la bête (bestia), le reptile, l’oiseau ; si, par elles, on n’entendait pas ce qui, chez l’homme, a de la vie, on ne pourrait jamais dire d’elles qu’elles glorifient Jéhovah. Dans les Prophètes, il est fait une exacte distinction entre les Bêtes (Bestiæ) et les Bêtes sauvages (Feræ) de la terre, ainsi qu’entre les Bêtes (Bestiæ) et les Bêtes sauvages (Feræ) du champ. Aux biens s’applique tellement le nom de Bêtes, que ceux qui sont le plus près du Seigneur dans le Ciel sont appelés Animaux, tant dans Ézéchiel que dans Jean : « Tous les Anges se tenaient autour du trône, et les Anciens et les quatre Animaux, et ils tombèrent devant le trône sur leurs faces, et ils adorèrent l’Agneau. » – Apoc. VII. 11. XIX. 4. – Sont aussi appelés Créatures ceux à qui l’Évangile doit être prêché, parce qu’ils doivent être créés de nouveau : « Allez par tout le monde, et prêchez l’Évangile à toute Créature. » – Marc, XVI. 15.
47. Que ces deux Versets contiennent des arcanes de la Régénération, on peut aussi le voir en ce qu’il a été dit dans le premier Verset : Que la terre produise Âme vivante, Bête (Bestia) et Bête sauvage (Fera) de la terre ; et que dans le second, en intervertissant l’ordre, il est dit que Dieu fit la Bête sauvage (Fera) de la terre, et la Bête (Bestia) ; en effet, d’abord l’homme produit comme par lui-même, plus tard aussi avant qu’il devienne Céleste ; et ainsi la Régénération commence par l’homme Externe et s’avance vers l’homme Interne ; c’est pour cela qu’ici il y a un autre ordre, et que les externes précèdent.
48. D’après ces explications il est maintenant constant que le Cinquième État existe, lorsque l’homme parle d’après la foi qui appartient à l’Entendement, et que par suite il se confirme dans le Vrai et dans le Bien ; et alors les choses qu’il produit sont des choses Animés, qui sont appelés Poissons de la mer, et Oiseaux des cieux. De même, il est constant que le Sixième État existe, lorsque d’après la Foi qui appartient à l’Entendement, et par suite d’après l’Amour qui appartient à la Volonté, il prononce les vrais et fait les biens ; alors les choses qu’il produit sont appelées Âme vivante et Bête. Et parce qu’alors il commence à agir aussi d’après l’amour en même temps que d’après la Foi, il devient l’Homme Spirituel qui est appelé Image, et dont il va être parlé maintenant.
49. Vers. 26. Et Dieu dit : Faisons Homme à notre Image, selon notre Ressemblance ; et ils domineront sur les poissons de la mer, et sur l’oiseau des cieux ; et sur la bête, et sur toute la terre, et sur tout reptile qui rampe sur la terre. Dans la Très-Ancienne Église, comme le Seigneur parlait bouche à bouche avec les hommes de cette Église, il leur apparaissait comme Homme (beaucoup de choses pourraient être rapportées sur ce sujet, mais ce n’est pas encore le moment), c’est pourquoi ils ne donnaient le nom d’Homme qu’au Seigneur et à ce qui Lui appartenait ; eux-mêmes ne se disaient pas non plus hommes ; seulement les choses qu’ils percevaient avoir eues du Seigneur, comme tout Bien de l’Amour et tout Vrai de la Foi, ils disaient qu’elles appartenaient à l’Homme, parce qu’elles appartenaient au Seigneur. De là, dans les Prophètes, par l’Homme et par le Fils de l’Homme il est entendu dans le sens suprême le Seigneur, et dans le sens interne la Sagesse et l’Intelligence, et par suite quiconque a été régénéré ; comme dans Jérémie : « J’ai vu la terre, et voici, Vide et Vague ; et les cieux, et point, leur lumière ; j’ai vu, et voici, point, l’homme, et tous les oiseaux des cieux ont fui. » – IV. 23, 25. – Dans Ésaïe, où par Homme il est entendu dans le sens interne le Régénéré, et dans le sens suprême le Seigneur Lui-Même comme UN : « Ainsi a dit Jéhovah, le Saint d’Israël et son Formateur : Moi, j’ai fait la terre, et l’homme sur elle j’ai créé, Moi ; mes mains ont déployé les cieux, et à toute leur armée j’ai commandé. » – XLV. 11, 12, 13. – C’est pour cela que le Seigneur fut vu Homme par les Prophètes ; ainsi, par Ézéchiel ; « Au-dessus de l’Étendue (était) une ressemblance de trône comme l’aspect d’une pierre de saphir, et sur cette ressemblance de trône une ressemblance comme aspect d’Homme placé au-dessus, en haut. » – I. 26. – Et quand il fut vu par Daniel, il fut appelé Fils de l’Homme ou Homme, ce qui est la même chose : « Je regardai, et voici avec les nuées du ciel comme le Fils de l’Homme qui venait, et il parvint jusqu’à l’Ancien des jours ; et ils Le firent approcher devant Lui, et à Lui fut donné Domination, et Gloire, et Royaume ; et tous les peuples, nations et langues Le serviront ; Sa Domination sera une Domination éternelle qui ne passera point, et Son Royaume (un Royaume) qui ne périra point. » – VII. 13, 14. – Le Seigneur se nomme aussi très souvent Fils de l’Homme ou Homme, et il prédit, comme dans Daniel, son Avènement dans la Gloire : « Ils verront le Fils de l’Homme venir dans les nuées du ciel avec puissance et gloire. » – Matth. XXIV. 23, 30. – Est appelé Nuées des Cieux le Sens Littéral de la Parole ; Puissance et Gloire, le Sens Interne de la Parole, lequel concerne uniquement le Seigneur, et son Royaume dans tous et dans chacun ; de là, dans ce sens, la Puissance et la Gloire.
50. Les choses que les hommes de la Très-Ancienne Église comprenaient par l’Image du Seigneur sont en trop grand nombre pour qu’elles puissent être exprimées : l’homme ignore absolument qu’il est dirigé par le Seigneur au moyen des Anges et des Esprits, et que chez chaque homme il y a au moins deux Esprits et deux Anges ; par les Esprits il y a communication de l’homme avec le Monde des Esprits, et par les Anges communication avec le Ciel ; sans la communication de l’homme par les Esprits avec le Monde des Esprits, et par les Anges avec le Ciel, et ainsi par le Ciel avec le Seigneur, l’homme ne pourrait nullement vivre ; sa vie dépend absolument de cette Conjonction ; si les Esprits et les Anges se retiraient, il périrait à l’instant même. Tant que l’homme n’a pas été régénéré, il est dirigé d’une manière tout autre que lorsqu’il a été régénéré ; quand il n’a pas été régénéré, il y a chez lui de mauvais esprits qui dominent sur lui de telle sorte que les Anges, quoique présents, peuvent à peine faire autre chose que le diriger seulement pour qu’il ne se précipite pas dans le dernier mal, et le tourner peu à peu (flectere) vers quelque bien, en se servant même de ses propres cupidités pour le porter au bien, et des illusions de ses sens pour le conduire au vrai ; alors il a communication avec le monde des esprits par les esprits qui sont chez lui, mais non pas de même avec le Ciel, parce que les mauvais esprits dominent, et que les anges ne font que le détourner. Mais quand il a été régénéré, alors les Anges dominent, et lui inspirent tous les biens et tous les vrais, et aussi l’horreur et la crainte à l’égard des maux et des faux. Les Anges, il est vrai, conduisent, mais seulement comme ministres, car c’est le Seigneur Seul qui dirige l’homme par les Anges et par les Esprits ; et parce que cela se fait par le ministère des Anges, il est dit d’abord ici, au pluriel : Faisons homme à notre Image ; mais comme le Seigneur est toujours le seul qui dirige et dispose, il est dit dans le Verset suivant, au singulier, que Dieu le créa à son Image. C’est aussi ce que le Seigneur dit clairement dans Ésaïe : « Ainsi a dit Jéhovah, ton Rédempteur et ton Formateur des l’utérus : (C’est) Moi, Jéhovah, qui fais toutes choses, déployant les Cieux Seul, et étendant la Terre par Moi-Même. » – XLIV. 24. – Les Anges eux-mêmes avouent aussi qu’il n’y a aucune puissance en eux, mais qu’ils agissent par le Seigneur Seul.
51. Quant à ce qui concerne l’Image, l’Image n’est point la Ressemblance, mais elle est selon la ressemblance ; c’est pour cela qu’il est dit : Faisons homme à notre image, selon notre ressemblance. L’Homme Spirituel est l’Image, mais l’Homme Céleste est la Ressemblance ou l’Effigie ; dans ce Chapitre il s’agit de l’Homme Spirituel, dans le suivant il s’agit de l’Homme Céleste. L’Homme Spirituel, qui est l’Image, est nommé par le Seigneur Fils de lumière, comme dans Jean : « Celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va ; pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que des Fils de lumière vous soyez. » – XII. 35, 36. – Il est aussi nommé Ami : « Vous, mes amis vous êtes si vous faites tout ce que Moi je vous commande. » – Jean, XV. 14, 15. – Mais l’Homme Céleste, qui est la Ressemblance, est appelé Fils de Dieu, dans Jean : « À tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné pouvoir de devenir des Fils de Dieu, à ceux qui croient en Son Nom, qui, non de sangs, ni de volonté de chair, ni de volonté d’homme (viri), mais de Dieu, sont nés. » – I. 12, 13.
52. Tant que l’Homme est Spirituel, sa domination procède de l’homme Externe vers l’homme Interne, comme il est dit ici : Ils domineront sur les poissons de la mer, et sur l’oiseau des cieux ; et sur la bête, et sur toute la terre, et sur tout reptile qui rampe sur la terre ; mais quand il devient Céleste et fait le bien d’après l’Amour, alors la domination procède de l’Homme Interne vers l’Homme Externe, comme le Seigneur Se décrit Lui-Même, et ainsi en même temps l’Homme Céleste qui est sa Ressemblance, dans David : « Tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as placé toutes choses sous ses pieds, tous les troupeaux de menu et de gros bétail et aussi les bêtes des champs, l’oiseau des cieux et les poissons de la mer, ce qui passe par les sentiers des mers. » – Ps. VIII. 7, 8, 9 ; – ici donc il est d’abord parlé des Bêtes, puis de l’Oiseau et ensuite des Poissons de la mer, parce que l’homme Céleste procède d’après l’Amour qui appartient à la volonté : il en est tout autrement chez l’homme Spirituel, chez lequel sont nommés d’abord les poissons et les oiseaux, désignant l’entendement qui appartient à la foi, et ensuite les bêtes.
53. Vers. 27. Et Dieu créa l’homme à son image, et à l’image de Dieu il le créa. S’il est dit ici deux fois l’Image, cela vient de ce que son Image signifie la Foi qui appartient à l’Entendement, et l’Image de Dieu, l’Amour qui appartient à la Volonté, et qui dans l’homme spirituel suit la foi, tandis que dans l’homme Céleste il la précède.
54. Mâle et femelle il LES créa. Les hommes de la Très-Ancienne Église savaient fort bien ce qui est entendu dans le sens interne par Mâle et Femelle ; mais, lorsque le sens intérieur de la Parole fut perdu pour leurs descendants, cet arcane périt aussi. Les Mariages étaient leurs plus grandes félicités et leurs plus chères délices, et ils assimilaient aux mariages toutes les choses qui pouvaient y être assimilées, afin de percevoir par là la félicité du Mariage ; et comme ils étaient des hommes Internes, ils mettaient leurs plaisirs seulement dans les internes ; ils ne regardaient les externes que des yeux ; mais ils portaient leurs pensées sur les choses que ces externes représentaient, de sorte qu’ils ne leur servaient que pour pouvoir reporter leurs idées sur les internes, et des internes sur les Célestes, et ainsi sur le Seigneur, Qui était tout pour eux, par conséquent sur le Mariage Céleste, d’où ils percevaient que provenait la félicité de leurs Mariages. C’est pour cela que dans l’Homme Spirituel ils appelaient l’Entendement le Mâle, et la Volonté la Femelle ; et quand ces deux facultés agissaient d’un commun accord, ils disaient qu’il y avait Mariage. C’est de cette Église qu’émana la formule, devenue solennelle, d’appeler l’Église elle-même, à cause de son affection du bien, Fille et Vierge, comme Vierge de Sion, Vierge de Jérusalem, et aussi épouse. Mais, sur ce sujet, voir Chap. suivant, Vers. 23, et Chap. III, Vers. 15.
55. Vers. 28. Et Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Fructifiez et multipliez-vous, et remplissez la terre, et subjuguez-la, et dominez sur les poissons de la mer, et sur l’oiseau des cieux, et sur tout ce qui vit, rampant sur la terre. Parce que les Très-Anciens nommaient Mariage la conjonction de l’Entendement et de la Volonté, ou de la Foi et de l’Amour, ils appelaient fructifications tout ce que ce Mariage produisait de Bien, et multiplications tout ce qu’il produisait de Vrai ; par suite, il en fut de même chez les Prophètes, comme dans Ézéchiel : « Je multiplierai sur vous homme et bête, et ils se multiplieront et fructifieront, et je vous ferai habiter selon vos antiquités ; et je vous ferai du bien plus qu’en vos commencements, et vous connaîtrez que Moi (je suis) Jéhovah, et je ferai marcher sur vous, Homme, mon peuple d’Israël. » – XXXVI, 8, 9, 10, 11. – Ici, par homme il est entendu l’homme spirituel qui est aussi nommé Israël ; par les antiquités, l’Église Très-Ancienne ; par les commencements, l’Église Ancienne après le déluge ; si la multiplication qui appartient au vrai précède la fructification qui appartient au bien, c’est parce qu’il s’agit de celui qui doit être régénéré, et non du régénéré. Lorsqu’il y a union entre l’Entendement et la Volonté, ou entre la Foi et l’Amour, l’homme est appelé par le Seigneur Terre mariée, dans Ésaïe : « Il ne sera plus dit à ta terre : La dévastée ; mais on t’appellera Mon bon plaisir en elle ; et ta terre, la mariée ; parce que Jéhovah se complaira en toi, et que ta terre sera mariée. » – LXII. 4 ; – par suite, les fruits qui appartiennent au Vrai sont nommés fils, et les fruits qui appartiennent au Bien, filles ; et cela, très souvent dans la Parole : la terre est remplie, quand les vrais et les biens sont en grand nombre ; en effet, lorsque le Seigneur bénit et dit, c’est-à-dire, lorsqu’il opère, le bien et le vrai croissent immensément, comme Lui-Même le dit : « Semblable est le royaume des Cieux à un grain de sénevé, qu’un homme ayant reçu sema dans son champ ; il est, à la vérité, la plus petite de toutes les semences ; mais quand il a cru, il est plus grand que tous les légumes, et devient arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses rameaux. » – Matth. XIII. 31, 32. – Le grain de sénevé, c’est le bien de l’homme avant qu’il soit spirituel ; il est la plus petite de toutes les semences, parce que l’homme pense faire le bien par soi-même ; ce qu’il fait par soi-même n’est rien que mal ; cependant, comme il est dans un état de régénération, il y a là quelque bien, mais c’est le plus petit de tous ; ensuite, selon que la foi est conjointe avec l’amour, il devient plus grand, et c’est un légume ; enfin lorsque la conjonction est opérée, il devient un arbre, et alors les oiseaux des cieux, qui sont ici les Vrais ou les Intellectuels, font leurs nids dans ses rameaux, qui sont les scientifiques. Quand l’homme est spirituel, de même que lorsqu’il devient spirituel, il est dans le combat ; c’est pourquoi il est dit : Subjuguez la terre, et dominez.
56. Vers. 29. Et Dieu dit : Voici, je donne à vous toute herbe portant semence, qui est sur les faces de toute la terre, et tout arbre dans lequel il y a fruit ; l’arbre produisant semence, à vous il sera pour nourriture. L’homme céleste fait uniquement son plaisir des choses célestes, lesquelles, parce qu’elles conviennent à sa vie, sont appelées Nourriture céleste : l’homme spirituel fait son plaisir des choses spirituelles, lesquelles, parce qu’elles conviennent à sa vie, sont appelées Nourriture spirituelle ; de même l’homme naturel fait le sien des choses naturelles, lesquelles, parce qu’elles appartiennent à sa vie, sont appelées Nourriture, et ce sont principalement les scientifiques. Ici, comme il s’agit de l’homme spirituel, sa Nourriture spirituelle est décrite par des représentatifs, par l’herbe portant semence et par l’arbre dans lequel il y a fruit, et elle est appelée en général arbre produisant semence ; sa Nourriture naturelle est décrite dans le Verset suivant.
57. L’Herbe portant sentence est tout Vrai qui concerne l’usage ; l’Arbre dans lequel il y a fruit est le Bien de la foi ; le fruit est ce que le Seigneur donne à l’homme céleste, mais la Semence d’où vient le fruit est ce qu’il donne à l’homme spirituel ; c’est pour cela qu’il est dit : L’arbre produisant semence, à vous il sera pour nourriture. Que la nourriture céleste soit appelée fruit de l’arbre, on le voit d’après le Chapitre suivant, où il s’agit de l’homme céleste ; ici il sera seulement rapporté ce que le Seigneur a prononcé par Ézéchiel : « Auprès du torrent s’élève sur sa rive, deçà et delà, tout arbre de nourriture, dont la feuille ne tombera point, et le fruit ne sera point consommé, qui en ses mois renaît, parce que ses eaux du Sanctuaire sortent, et sera son fruit pour nourriture, et sa feuille pour médicament. » – XLVII. 12. – Les eaux sortant du Sanctuaire signifient la Vie et la Miséricorde du Seigneur, Qui est le Sanctuaire ; le Fruit, la Sagesse qui leur sert de nourriture ; la Feuille, l’Intelligence qui leur sert pour l’usage, lequel est appelé médicament. Mais que la Nourriture spirituelle soit appelée herbe, c’est ce qui est dit par David : « Jéhovah est mon berger, de rien je ne manquerai ; dans des pâturages herbeux il me fait coucher. » – Ps. XXIII. 1, 2.
58. Vers. 30. Et à toute Bête sauvage (fera) de la terre, et à tout Oiseau des cieux, et à tout ce qui rampe sur la terre, en qui il y a âme vivante, tout vert de l’herbe sera pour nourriture ; et fut fait ainsi. La nourriture naturelle de ce même homme est décrite ici ; son naturel a été signifié ici par la bête sauvage (fera) de la terre et par l’oiseau des cieux, auxquels le légume et le vert de l’herbe sont donnés pour nourriture : de l’une et de l’autre nourriture, tant de la naturelle que de la spirituelle, il est parlé ainsi dans David. : « Jéhovah qui fait germer du foin pour la bête et de l’herbe pour le service de l’homme, afin de faire sortir du pain de la terre. » – Ps. CIV. 14 ; – dans ce passage la bête est prise pour la bête sauvage (fera) de la terre et en même temps pour l’oiseau des cieux, qu’il nomme aux Versets 11 et 12 de ce Psaume.
59. Quant à ce que, ici, seulement le légume et le vert de l’herbe sont la nourriture de l’homme naturel, voici comment la chose se passe : Pendant que l’homme est régénéré et devient spirituel, il est continuellement dans le combat ; aussi l’Église du Seigneur est-elle appelée militante ; en effet, auparavant les cupidités dominaient, parce que l’homme tout entier était composé de pures cupidités et de faussetés qui en proviennent ; lorsqu’il est régénéré, ses cupidités et ses faussetés ne peuvent être détruites en un moment, car ce serait détruire l’homme tout entier, puisqu’il ne s’est pas acquis une autre vie ; c’est pour cette raison que les mauvais esprits sont laissés longtemps chez lui pour exciter ses cupidités, et pour qu’ainsi elles soient dissipées par une infinité de moyens, et même de manière qu’elles puissent être tournées en biens par le Seigneur, et que l’homme puisse être réformé. Dans le temps du combat, les mauvais esprits qui ont la haine la plus violente pour tout ce qui est bien et vrai, c’est-à-dire, pour toutes les choses appartenant à l’amour envers le Seigneur et à la foi en Lui, lesquelles sont uniquement des biens et des vrais parce qu’elles ont en elles la vie éternelle, ne laissent à l’homme, pour toute nourriture, que ce qui est comparé au légume et au vert de l’herbe ; mais le Seigneur lui donne aussi la nourriture qui est comparée à l’herbe portant semence et à l’arbre dans lequel il y a fruit, lesquels appartiennent à la tranquillité et à la paix, avec leurs délices et leurs félicités, et cela par intervalle. Si le Seigneur ne préservait l’homme à tout instant, même au plus petit de tous les instants, il périrait sur-le-champ ; car il règne dans le monde des esprits une haine si meurtrière contre tout ce qui appartient à l’amour et à la foi envers le Seigneur, qu’il n’est jamais possible de la décrire. Qu’il en soit ainsi, je peux l’affirmer avec certitude, parce que depuis quelques années, encore bien que je fusse dans mon corps, j’ai été dans l’autre vie avec les esprits, et entouré par les mauvais, même par les plus mauvais, et quelquefois par des milliers, auxquels il était permis de répandre leurs poisons et de m’infester de toutes les manières possibles ; mais néanmoins ils n’ont pas même pu endommager le moindre de mes cheveux ; ainsi j’étais tenu en sûreté par le Seigneur. Par cette expérience de tant d’années, j’ai été parfaitement instruit sur le monde des esprits, sur ce qui s’y passe, et en même temps sur le combat que ceux qui sont régénérés doivent nécessairement soutenir pour acquérir la félicité de la vie éternelle. Mais comme on ne pourrait pas, par cette description générale, être instruit de manière à avoir une foi exempte de doute, je donnerai dans la suite, par la Divine Miséricorde du Seigneur, des détails sur ce sujet.
60. Vers. 31. Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voici, très bon cela était. Et il y eut soir, et il y eut matin : sixième jour. Dans les Versets précédents il est dit seulement Bon, et ici très Bon ; c’est parce que maintenant les choses qui appartiennent à la foi font un avec celles qui appartiennent à l’amour ; ainsi le mariage entre les spirituels et les célestes a été fait.
61. Toutes les choses qui appartiennent aux connaissances de la foi sont appelées les Spirituels ; et toutes celles qui appartiennent à l’amour envers le Seigneur et à l’égard du prochain, les Célestes ; les spirituels concernent l’entendement de l’homme, et les célestes la volonté.
62. Les Temps et les États de la Régénération de l’homme dans le commun et dans le particulier sont divisés en six, et appelés les Jours de sa création ; car, par degrés, de non-homme qu’il était, il devient d’abord quelque chose, mais peu, ensuite davantage, jusqu’au sixième jour, où il devient Image.
63. Pendant ce temps le Seigneur combat continuellement pour lui contre les maux et les faux, et par ces combats il le confirme dans le vrai et dans le bien ; le temps du combat est le temps de l’opération du Seigneur ; c’est pour cela que le Régénéré est appelé dans les Prophètes l’Œuvre des doigts de Dieu ; et il n’y a point de repos pour lui avant que l’Amour soit devenu le principal ; alors le combat cesse. Lorsque l’œuvre en est venue au point que la foi ait été conjointe à l’amour, il est nommé très Bon, parce qu’alors le Seigneur le conduit comme une ressemblance de Lui-Même. À la fin du sixième Jour les mauvais esprits se retirent, les bons prennent leur place, et l’homme est introduit dans le Ciel, ou dans le Paradis Céleste, dont il sera question dans le Chapitre suivant.
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64. Voilà donc le sens interne de la Parole, sa vie même (ipsissima), qui ne se manifeste nullement d’après le sens de la lettre ; mais les arcanes y sont en si grand nombre que des volumes ne suffiraient pas pour les développer ; ici il n’en est rapporté que très peu, et spécialement ceux qui peuvent confirmer qu’il s’agit ici de la Régénération, et que la Régénération va de l’homme Externe à l’homme Interne : c’est ainsi que les Anges perçoivent la Parole ; ils ignorent entièrement ce qui concerne la lettre, ils ne savent pas même un seul mot quant à la signification la plus proche, ni, à plus forte raison, les Noms de contrées, de villes, de fleuves, de personnes, noms qu’on rencontre tant de fois dans les Historiques et dans les Prophétiques ; ils ont seulement l’idée des choses qui sont signifiées par les mots et par les noms. Ainsi, par Adam dans le Paradis, ils perçoivent la Très-Ancienne Église, et non pas même l’Église, mais la foi de la Très-Ancienne Église envers le Seigneur ; par Noé, l’Église subsistant chez les descendants des Très-Anciens et continuée jusqu’au temps d’Abram ; par Abraham, nullement l’homme qui vécut sous ce nom, mais la Foi salvifique qu’il a représentée, et ainsi des autres ; par conséquent ils perçoivent les choses spirituelles et célestes avec une entière abstraction des mots et des noms.
65. Quelques esprits ayant été élevés à la première entrée du ciel, lorsque je lisais la Parole, et s’étant, de cet endroit, entretenus avec moi, me disaient qu’ils n’y saisissaient pas la moindre chose des mots ou de la lettre, mais seulement les choses que les mots signifiaient dans le sens le plus prochainement intérieur ; ils les proclamaient si belles, et se suivant dans un tel ordre, et les affectant à un tel point, qu’ils les appelaient Gloire.
66. Il y a, en général, dans la Parole quatre styles différents. Le PREMIER est celui qui exista dans la Très-Ancienne Église ; la manière de s’exprimer des hommes de cette Église était telle, que quand ils nommaient des choses terrestres et mondaines, ils pensaient aux choses spirituelles et célestes qu’elles représentaient ; c’est pourquoi non-seulement ils s’exprimaient par des représentatifs, mais ils les rédigeaient aussi en une sorte de série pour ainsi dire historique pour leur donner plus de vie, ce qui leur procurait un très grand plaisir. C’est de ce style qu’il est question lorsque Channah prophétisa en disant : « Parlez haut, haut ; qu’il sorte de l’antique de votre bouche. » – I Samuel, II, 3. – Ces représentatifs sont appelés dans David énigmes (venues) de l’antiquité. – Ps. LXXVIII. 2, 3, 4. – C’est des descendants de la Très-Ancienne Église que Moïse a reçu ces choses concernant la Création, le jardin d’Éden, jusqu’au temps d’Abram. – Le SECOND est le style Historique ; c’est celui des Livres de Moïse, depuis le temps d’Abram et après, et des Livres de Josué, des Juges, de Samuel et des Rois, dans lesquels les Historiques sont absolument tels qu’ils sont rapportés dans le sens de la lettre, mais toujours est-il que dans le sens interne ils contiennent, en général et en particulier, des choses entièrement différentes ; il en sera parlé dans la suite, en leur ordre, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur. – Le TROISIÈME est le style Prophétique, qui est né du style de la Très-Ancienne Église, pour lequel on avait beaucoup de vénération ; il n’est pas continu, ni en apparence historique, comme celui des Très-Anciens, mais il est sans liaison et à peine intelligible, si ce n’est dans le sens interne, ou sont de très profonds arcanes qui se trouvent liés ensemble dans un ordre admirable, et qui concernent l’Homme Externe et l’Homme Interne, plusieurs États de l’Église, le Ciel lui-même, et dans les intimes, le Seigneur. – Le QUATRIÈME style est celui des Psaumes de David ; il tient le milieu entre le style prophétique et le langage ordinaire ; là, sous la personne de David comme Roi, il s’agit, dans le sens interne, du Seigneur.
CHAPITRE DEUXIÈME.
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67. Comme, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il m’a été donné de connaître le Sens Interne de la Parole, et que dans ce sens sont contenus de très profonds arcanes qui, jamais auparavant, n’étaient venus à la connaissance de personne, ni ne peuvent y venir, à moins qu’on ne sache comment les choses se passent dans l’autre vie, car le plus grand nombre des arcanes qui sont dans le sens Interne de la Parole concernent ces choses, les rapportent et les enveloppent, il m’a été permis de dévoiler ce que j’ai entendu et vu depuis quelques années qu’il m’a été donné d’être dans la société des Esprits et des Anges.
68. Plusieurs, je ne l’ignore pas, diront qu’il est impossible, tant que l’on vit dans le corps, de converser avec les Esprits et les Anges ; et plusieurs, que ce sont des fantaisies ; les uns, que je veux par ces récits surprendre la bonne foi ; les autres, autre chose ; mais de tels propos ne m’arrêteront pas, car j’ai vu, entendu, senti.
69. L’homme a été créé par le Seigneur de manière qu’il aurait pu, pendant sa vie dans le corps, parler en même temps avec les Esprits et les Anges, comme cela est même arrivé dans les temps très anciens, car il est un avec eux, par la raison qu’il est un esprit enveloppé d’un corps ; mais comme par la suite des temps les hommes se sont plongés dans les corporels et dans les mondains, au point de ne presque pas s’occuper d’autre chose, la voie par conséquent a été close ; mais dès l’instant que les choses corporelles dans lesquelles l’homme est plongé sont écartées, la voie est ouverte, et il est au milieu des esprits, et associe sa vie avec eux.
70. Comme il m’est permis de découvrir ce que j’ai entendu et vu pendant quelques années, il sera d’abord dit ici ce qui se passe quand l’homme ressuscite, ou comment de la vie du corps il entre dans la vie de l’éternité : et, pour que je fusse certain que les hommes vivent après la mort, il m’a été donné de parler et de converser, non pas seulement un jour ou une semaine, mais des mois et presque une année, avec plusieurs que j’avais connus dans la vie de leur corps, parlant et conversant avec eux comme dans le monde. Ils étaient surtout étonnés de ce que, pendant la vie du corps, ils avaient été dans une telle incrédulité qu’ils pensaient ne devoir pas vivre après la mort, et de ce que d’autres et le plus grand nombre pensent encore de même, tandis que cependant, après la mort du corps, il se passe à peine quelques jours avant qu’on soit dans l’autre vie, car elle est la continuation de la vie.
71. Mais comme ces arcanes seraient épars et sans lien s’ils étaient entremêlés avec ceux qui sont dans le texte de la Parole, je me propose, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, de les adjoindre dans un certain ordre, et même de les faire précéder et suivre chaque Chapitre, outre ceux qui sont insérés çà et là dans le cours de cet Ouvrage.
72. Je me propose donc de dire, à la fin de ce Chapitre, comment l’homme ressuscite d’entre les morts, et entre dans la vie de l’éternité.
CHAPITRE DEUXIÈME.
1. Et furent achevés les Cieux et la Terre, et toute leur armée,
2. Et DIEU acheva dans le Septième Jour son œuvre qu’il fit ; et il se reposa dans le Septième Jour de toute son œuvre qu’il fit.
3. Et DIEU bénit le Septième Jour, et il le sanctifia, parce qu’en lui il se reposa de toute son œuvre, que DIEU créa en (la) faisant.
4. Voilà les Nativités des Cieux et de la Terre, lorsqu’Il les créa, dans le jour où JÉHOVAH DIEU fit la Terre et les Cieux.
5. Et aucune Pousse du champ encore il n’y avait en la terre, et aucune Herbe du champ encore ne germait, parce que JÉHOVAH DIEU n’avait point fait pleuvoir sur la terre. Et d’homme point pour cultiver l’humus.
6. Et une vapeur il fit monter de la terre, et il arrosa toutes les faces de l’humus.
7. Et JÉHOVAH DIEU forma l’homme, poussière de l’humus, et il souffla dans ses narines une respiration de vies, et fut fait l’homme en âme vivante.
8. Et JÉHOVAH DIEU planta un jardin en Éden du côté de l’Orient, et il y plaça l’homme qu’il forma.
9. Et JÉHOVAH DIEU fit germer de l’humus tout Arbre désirable à la vue, et bon pour nourriture ; et l’Arbre de vies dans le milieu du jardin ; et l’Arbre de la science du bien et du mal.
10. Et un Fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin, et de là il se divisait, et était en quatre têtes (de fleuves).
11. Le Nom du premier, Pischon : celui qui entoure toute la terre de Chavillah, où (il y a) de l’Or.
12. Et l’Or de cette terre (est) bon ; là (est) le Bdellium et la pierre de Schoham.
13. Et le Nom du second fleuve, Gichon : celui qui entoure toute la terre de Gusch.
14. Et le Nom du troisième fleuve, Chiddekel : celui qui va orientalement vers Aschur ; et le quatrième fleuve, Phrath.
15. Et JÉHOVAH DIEU prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden, pour le cultiver et pour le garder.
16. Et JÉHOVAH DIEU commanda à l’homme touchant ce (jardin), en disant : Mangeant tu mangeras de tout arbre du jardin.
17. Mais de l’arbre de la Science du bien et du mal, tu n’en mangeras point ; parce que au jour que tu en mangeras, mourant tu mourras.
CONTENU.
73. Lorsque l’HOMME, de Mort qu’il était, est devenu Spirituel, de Spirituel il devient Céleste ; c’est de l’homme Céleste qu’il s’agit maintenant. – Vers. 1.
74. L’Homme Céleste est le Septième Jour, dans lequel le Seigneur se repose. – Vers. 2, 3.
75. Son Scientifique et son Rationnel sont décrits par la pousse et par l’herbe qui sortent de l’humus arrosé par la vapeur. – Vers. 5, 6.
76. Sa Vie est décrite par l’inspiration d’une âme de vies. – Vers. 7.
77. Ensuite son intelligence est décrite par le jardin en Éden du côté de l’Orient ; les arbres de ce jardin, désirables à la vue, sont les Perceptions du Vrai, et les arbres bons pour nourriture sont les Perceptions du Bien : l’Arbre de vies, c’est l’Amour ; l’Arbre de la science, c’est la foi. – Vers. 8, 9.
78. Le Fleuve dans le jardin ; c’est la Sagesse ; de là quatre fleuves, dont le premier est le Bien et le Vrai ; le second, la Connaissance de tout ce qui appartient au bien et au vrai, ou à l’amour et à la foi ; le troisième, la Raison ; le quatrième, la Science : les choses représentées par les deux premiers appartiennent à l’homme interne, et celles représentées par les deux derniers appartiennent à l’homme externe ; toutes viennent de la Sagesse ; et celle-ci procède de l’Amour envers le Seigneur et de la foi en Lui. – Vers. 10, 11, 12, 13, 14.
79. L’homme céleste est un tel jardin ; mais comme ce jardin appartient au Seigneur, il lui est accordé de jouir de toutes ces choses, mais non de les posséder comme siennes. – Vers. 15.
80. Et il lui est permis de connaître, d’après toute perception procédant du Seigneur, ce que c’est que le bien et le vrai ; mais non d’après lui-même et le monde, ou de s’enquérir des mystères de la foi par les sensuels et par les scientifiques, par lesquels son céleste périt. – Vers. 16, 17.
SENS INTERNE.
81. Dans ce Chapitre, il s’agit de l’Homme Céleste ; dans le précédent, il a été question de l’Homme qui, de Mort qu’il était, est devenu Spirituel ; mais comme on ignore aujourd’hui ce que c’est que l’homme Céleste, et qu’on sait à peine ce que c’est que l’homme Spirituel, et ce que c’est que l’homme Mort, je vais, pour montrer ce qui en fait la différence, exposer en peu de mots quel est l’état de chacun d’eux. – Premièrement. L’Homme Mort ne reconnaît d’autre vrai ni d’autre bien que ce qui appartient au corps et au monde ; c’est aussi ce qu’il adore. L’Homme Spirituel reconnaît le Vrai et le Bien spirituels et célestes, mais d’après la foi, d’après laquelle aussi il agit ; mais non de même d’après l’amour. L’homme Céleste croit et perçoit le Vrai et le Bien spirituels et célestes, et ne reconnaît d’autre foi que celle qui procède de l’Amour, qui le dirige aussi dans ses actions. – Secondement. Les fins de l’homme mort regardent seulement la vie du corps et du monde ; il ignore ce que c’est que la vie éternelle, et ce que c’est que le Seigneur ; et s’il le sait, il n’y croit pas. Les fins de l’homme spirituel regardent la vie éternelle, et ainsi le Seigneur. Les fins de l’homme céleste regardent le Seigneur, et ainsi Son Royaume et la vie éternelle. – Troisièmement. L’homme mort, quand il est dans le combat, succombe presque toujours ; et quand il n’est pas dans le combat, les maux et les faux dominent chez lui, et il est esclave : ses Liens sont des Liens Externes ; par exemple, la crainte de la loi, de perdre la vie, les richesses, le lucre et la réputation en vue de ces choses. L’homme spirituel est dans le combat, mais il est toujours vainqueur : les Liens par lesquels il est dirigé sont Internes, et sont appelés liens de la conscience. L’homme céleste n’est point dans le combat ; si les maux et les faux l’assaillent, il les méprise ; aussi est-ce pour cela qu’il est appelé Vainqueur : il n’a pas de liens apparents qui le dirigent, il est libre ; ses liens, qui n’apparaissent pas, sont les perceptions du bien et du vrai.
82. Vers. 1. Et furent achevés les Cieux et la Terre, et toute leur armée. Par ces paroles il est entendu que l’homme est maintenant devenu spirituel, au point d’être Sixième jour. Le Ciel est son homme Interne, et la Terre son homme Externe ; leurs armées sont l’amour, la foi et les connaissances de l’amour et de la foi, qui ont été précédemment signifiés par les grands Luminaires et par les étoiles. Que l’homme Interne soit appelé Ciel, et l’homme Externe Terre, on peut le voir par les passages de la Parole cités dans le Chapitre précédent ; je puis y ajouter ce qui est dit dans Ésaïe : « Je rendrai l’homme (virum) plus rare que l’or massif, et l’homme (hominem) plus que l’or précieux d’Ophir ; c’est pourquoi les Cieux de terreur je frapperai, et sera ébranlée la Terre de son lieu. » – XIII. 12, 13. – Et ailleurs : « Tu oublies Jéhovah ton facteur, qui étend les Cieux et qui fonde la Terre ; mais je placerai mes paroles dans ta bouche, et dans l’ombre de ma main je te cacherai pour étendre le Ciel et pour fonder la Terre. » – LI. 13, 16. – D’après ces passages, il est évident que le ciel et la terre se disent de l’homme : il s’agit, il est vrai, de la Très-Ancienne Église, mais les intérieurs de la Parole sont tels que tout ce qui se dit de l’Église s’applique à tout homme de l’Église, qui, s’il n’était pas Église, ne pourrait être une partie de l’Église, comme celui qui n’est pas le temple du Seigneur ne peut être ce qui est signifié par le temple, lequel est l’Église et le Ciel. C’est aussi pour cela que la Très-Ancienne Église est appelée Homme au singulier.
83. Sont dits achevés les cieux et la terre, et toute leur armée, lorsque l’homme est devenu Sixième jour ; car la foi et l’amour ne font alors qu’un ; et lorsqu’ils font un, ce n’est pas la foi ou le spirituel qui est le principal, mais c’est l’amour ou le céleste qui commence à le devenir, c’est-à-dire que l’homme commence à être céleste.
84. Vers. 2, 3. Et Dieu acheva dans le Septième Jour son œuvre qu’il fit ; et il se reposa dans le Septième Jour de toute son œuvre qu’il fit. – Et Dieu bénit le Septième Jour, et il le sanctifia, parce qu’en lui il se reposa de toute son œuvre, que Dieu créa en la faisant. L’Homme céleste est le Septième Jour ; et comme en lui c’est le Seigneur qui a opéré pendant six jours, il est nommé Son œuvre ; et parce qu’alors le combat cesse, il est dit que le Seigneur se reposa de toute son œuvre. C’est pour cela que le Septième Jour a été sanctifié et appelé, à cause du repos, sabbath ; et ainsi l’homme a été créé, formé et fait ; on le voit clairement par les expressions mêmes.
85. Que l’homme céleste soit le Septième Jour, et que de là le septième jour ait été sanctifié et appelé Sabbath à cause du repos, ce sont là des arcanes non encore dévoilés ; et cela, parce qu’on a ignoré ce que c’est que l’homme céleste ; et que peu de personnes ont su ce que c’est que l’homme spirituel, qu’elles ne pouvaient, par suite de cette ignorance, s’empêcher de confondre avec l’homme céleste, lorsque cependant il existe entr’eux une grande différence ; voir No 81. Ce qui concerne le septième jour, et que l’homme céleste soit le septième jour ou le sabbath, on le voit en ce que le Seigneur Lui-Même est le Sabbath, c’est pour cela même qu’il dit : « Le fils de l’homme est Seigneur, même du Sabbath. » – Marc, II. 27, – paroles qui enveloppent que le Seigneur est l’Homme Même, et le Sabbath Même. Son Royaume dans les Cieux et sur les terres est d’après Lui nommé Sabbath, ou Paix éternelle, et Repos éternel. L’Église très-ancienne, dont il s’agit ici, était de préférence aux Églises suivantes le Sabbath du Seigneur. Toute Église intime du Seigneur, dans la suite, est aussi le Sabbath ; il en est de même de tout Régénéré lorsqu’il devient céleste, parce qu’il est la ressemblance du Seigneur, il a eu auparavant six jours de combat ou de travail. C’est ce qui a été représenté dans l’Église Judaïque par les jours de travail et par le septième qui est le Sabbath ; car tout ce qui avait été institué dans cette Église était représentatif du Seigneur et de son Royaume : la même chose était aussi représentée par l’Arche, lorsqu’elle partait, et lorsqu’elle se reposait ; ses Marches dans le désert représentaient les combats et les tentations ; et son Repos, l’état de paix : c’est pourquoi Moïse disait lorsqu’elle partait : « Lève-toi, Jéhovah, et que soient dispersés tes ennemis, et que fuient ceux qui te haïssent de devant tes faces ; et lorsqu’elle se reposait, il disait : Reviens, Jéhovah, myriades de milliers d’Israël. » – Nomb. X. 35, 36. – Il est dit de l’Arche en cet endroit qu’elle partait de la montagne de Jéhovah pour leur chercher un repos. – Ibid. Vers. 33. – Le repos de l’homme céleste est décrit par le Sabbath dans Ésaïe : « Si tu retires du Sabbath ton pied pour ne pas faire ton désir dans le jour de ma sainteté, et que tu appelles les choses qui appartiennent au sabbath délices au Saint Jéhovah, honorables, et que tu les honores en ne suivant pas tes voies ni ne recherchant ton désir, ni ne prononçant une parole, alors tu seras les délices de Jéhovah, et je te ferai transporter sur les lieux élevés de la terre, et je te nourrirai de l’héritage de Jacob. » – LVIII. 13, 14. – L’homme céleste est tel qu’il agit, non d’après son désir, mais d’après le bon plaisir du Seigneur, qui constitue son désir ; il jouit ainsi de la paix et de la félicité internes exprimées ici par être transporté sur les lieux élevés de la terre, et en même temps de la tranquillité et du plaisir externes signifiés par être nourri de l’héritage de Jacob.
86. Lorsque l’homme spirituel qui est devenu le sixième jour commence à devenir céleste, ce dont il s’agit d’abord ici, il est le Soir du Sabbath, ce qui a été représenté dans l’Église Judaïque par la sanctification du Sabbath à partir du Soir. L’homme Céleste est le Matin, ainsi qu’on va le voir.
87. Si l’homme céleste est le sabbath ou le repos, c’est aussi parce que le combat cesse lorsque l’homme devient céleste ; les mauvais esprits se retirent, et les bons s’approchent, puis aussi les anges célestes ; et lorsque ceux-ci sont présents, les mauvais esprits ne peuvent rester et s’enfuient au loin. Et parce que l’homme n’a pas combattu lui-même, mais que le Seigneur seul a combattu pour l’homme, il est dit que le Seigneur se reposa.
88. Quand l’homme spirituel devient céleste, il est appelé œuvre de Dieu, parce que le Seigneur seul a combattu pour lui, et l’a créé, formé et fait ; c’est pour cela qu’il est dit ici : Dieu acheva dans le septième jour son œuvre, et deux fois : Il se reposa de toute son œuvre ; dans les Prophètes il est souvent appelé œuvre des mains et des doigts de Jéhovah, comme dans Ésaïe, où il s’agit du Régénéré : « Ainsi a dit Jéhovah, le Saint d’Israël, et son Formateur : Des signes demandez-moi sur mes fils, et touchant l’œuvre de mes mains commandez-moi. Moi, j’ai fait la terre, et l’homme sur elle j’ai crée ; Moi, mes mains ont étendu les cieux, et à toute leur armée j’ai commandé : parce qu’ainsi a dit Jéhovah, qui a créé les cieux, Lui, le Dieu qui a formé la terre et qui l’a faite ; Lui, qui l’a affermie ; non pas vide il l’a créée ; pour être habitée il l’a formée : Moi (je suis) Jéhovah, et (il n’est) point d’autre Dieu que Moi. » – XLV. 11, 12, 18, 21. – Par là on voit que la nouvelle création, ou la régénération, est l’œuvre du Seigneur Seul. La distinction entre les mots créer, former et faire est assez marquée dans ce passage d’Ésaïe : « Créer les cieux, former la terre et la faire » ; et ailleurs : « Quiconque a été appelé de mon Nom, et pour ma gloire je l’ai créé, je l’ai formé, même je l’ai fait. » – XLIII. 7. – Pareillement dans le précédent Chapitre, et dans celui-ci, comme ici : Il se reposa de toute son œuvre, que Dieu créa en la faisant ; et cela, toujours avec une idée distincte dans le sens interne ; puis aussi, quand le Seigneur est appelé Créateur, ou Formateur, ou Facteur.
89. Vers. 4. Voilà les Nativités des Cieux et de la Terre, lorsqu’Il les créa, dans le jour où Jéhovah Dieu fit la Terre et les Cieux. Les nativités des Cieux et de la Terre sont les formations de l’homme céleste : qu’il s’agisse maintenant de sa formation, on le voit d’une manière manifeste, même par ce qui est dit dans les Versets suivants ; par exemple, qu’aucune herbe n’avait encore germé ; qu’il n’y avait aucun homme pour cultiver l’humus ; et que Jéhovah Dieu forma l’homme, ensuite toute bête et tout oiseau des cieux, quoique cependant il eût été parlé de leur formation dans le Chapitre précédent ; il s’agit donc ici d’un autre homme. Cela est encore évident en ce que l’expression Jéhovah Dieu est employée maintenant pour la première fois, tandis que dans ce qui précède, où il s’agit de l’homme spirituel, c’est seulement Dieu qui est nommé ; et en ce qu’il est parlé maintenant d’humus et de champ, tandis que précédemment il n’était question que de terre : et si, dans ce Verset, le ciel est d’abord placé avant la terre, et ensuite la terre avant le ciel, c’est parce que la terre signifie l’homme Externe, et le ciel l’homme Interne, chez l’homme spirituel, dans lequel la réformation commence par la terre ou par l’homme externe ; mais ici, où il s’agit de l’homme céleste, elle commence par l’homme Interne ou par le Ciel.
90. Vers. 5, 6. Et aucune Pousse du champ encore il n’y avait en la terre, et aucune Herbe du champ encore ne germait, parce que Jéhovah Dieu n’avait point fait pleuvoir sur la terre. Et d’homme point pour cultiver l’humus. – Et une vapeur il fit monter de la terre, et il arrosa toutes les faces de l’humus. Par la pousse du champ et par l’herbe du champ, il est entendu en général tout ce que produit son homme Externe ; la terre est l’homme Externe pendant que l’homme était spirituel ; l’humus, comme aussi le champ, c’est l’homme Externe pendant qu’il devient céleste ; la pluie, qui aussitôt après est appelée vapeur, c’est la tranquillité de la paix, lorsque le combat a cessé.
91. Mais si l’on ignore quel est l’état de l’homme, lorsque de spirituel il devient céleste, il est impossible de jamais percevoir ce que ces expressions enveloppent, car ce sont de trop profonds arcanes. Lorsque l’homme est spirituel, l’homme Externe ne veut pas encore prêter obéissance à l’homme Interne ni le servir, c’est pourquoi il y a combat ; mais lorsqu’il devient céleste, l’homme Externe commence à obéir à l’homme Interne et à le servir, c’est pourquoi le combat cesse, et la tranquillité survient ; voir No 87. Cette tranquillité est signifiée par la pluie et par la vapeur, car elle est comme une vapeur de laquelle son homme Externe est arrosé et imbibé par son homme Interne. Cette tranquillité qui appartient à la Paix produit les choses qui sont appelées pousse du champ et herbe du champ ; ce sont en particulier les rationnels et les scientifiques qui proviennent d’une origine céleste-spirituelle.
92. On ne peut savoir quelle est la tranquillité de la paix de l’homme Externe, lorsque cesse le combat ou le trouble que causent les cupidités et les faussetés, si l’on ne connaît l’état de Paix. Cet état est si délicieux qu’il surpasse toute idée de plaisir ; ce n’est pas seulement une cessation de combat, mais c’est une vie prenant sa source dans une Paix intérieure, et affectant l’homme externe, au point qu’elle ne peut être décrite. Alors naissent les vrais de la foi et les biens de l’amour qui tirent leur vie du plaisir de la Paix.
93. L’état de l’homme céleste gratifié de la tranquillité de la Paix, réjoui par la pluie et délivré de la servitude du mal et du faux, est ainsi décrit par le Seigneur dans Ézéchiel : « Je traiterai avec eux une alliance de paix, et je ferai disparaître de la terre la bête sauvage (fera) mauvaise, et ils habiteront dans le désert en sécurité, et dormiront dans les forêts ; et je leur donnerai à eux et aux contours de ma colline bénédiction, et je ferai descendre la pluie en son temps ; des pluies de bénédiction ce seront ; et l’arbre du champ donnera son fruit, et la terre donnera son produit, et ils seront sur leur humus en sécurité, et ils sauront que Moi (je suis) Jéhovah, quand je briserai les courroies de leur joug et que je les délivrerai de la main de ceux qui les font servir sous eux ; vous, (vous êtes) mon troupeau, le troupeau de ma pâture ; vous, homme ; Moi, votre DIEU. » – XXXIV. 25, 26, 27, 31. – Et il est dit, dans Hosée, que cela se fait le Troisième jour, qui, dans la Parole, a la même signification que le Septième : « Il nous vivifiera après deux jours, au Troisième jour il nous lèvera, et nous vivrons devant Lui ; et nous connaîtrons et nous continuerons à connaître Jéhovah, dont comme l’Aurore se prépare le lever ; et à nous il viendra comme la pluie, comme une pluie de l’arrière-saison qui arrose la terre. » – VI. 2, 3. – Et cela est comparé, dans Ézéchiel, au germe du champ, lorsqu’il s’agit de l’ancienne Église : « Comme le germe du champ je t’ai rendue, et tu as cru, et tu as grandi, et tu es devenue l’ornement des ornements. » – XVI. 7 ; – puis, dans Ésaïe, au rejeton des plantations, et à l’œuvre des mains de Jéhovah Dieu. – LX. 21.
94. Vers. 7. Et Jéhovah Dieu forma l’homme poussière de l’humus, et il souffla dans ses narines une respiration de vies, et fut fait l’homme en âme vivante. Former l’homme poussière de l’humus, c’est former son homme Externe qui auparavant n’était pas homme ; car il a été dit, Vers. 5, qu’il n’y avait aucun homme pour cultiver l’humus. Souffler dans ses narines une respiration de vies, c’est lui donner la vie de la foi et de l’amour. L’homme fait en âme vivante, c’est l’homme Externe aussi devenu vivant.
95. Il s’agit ici de la Vie de l’homme Externe ; dans les deux Versets précédents, il était question de la vie de sa foi ou de la vie de son entendement ; dans celui-ci, il est parlé de la vie de son amour ou de la vie de sa volonté. L’homme Externe ne voulait pas auparavant obéir à l’homme Interne ni le servir ; mais il combattait continuellement contre lui : c’est pour cela qu’alors l’Externe n’était pas homme ; mais maintenant que l’homme est devenu céleste, l’Externe commence à prêter obéissance à l’Interne et à le servir, et il devient aussi homme, et cela par la vie de la foi et par la vie de l’amour ; la vie de la foi le prépare, la vie de l’amour fait qu’il est homme.
96. S’il est dit que Jéhovah Dieu souffla dans les narines, en voici le motif : Dans l’antiquité et dans la Parole, d’après l’Odeur qui signifie la perception par les Narines, il a été entendu tout ce qui est agréable ; c’est pourquoi on lit souvent au sujet de Jéhovah qu’il s’est délecté de l’odeur de repos qui s’exhalait des holocaustes et des choses qui le représentaient, Lui et son Royaume ; et parce que tout ce qui appartient à l’amour et à la foi lui est très agréable, il est dit qu’il souffla dans les narines une respiration de vies : de là, l’Oint de Jéhovah, ou le Seigneur, est nommé le Souffle de Narines, – Lament. IV. 20. – C’est par suite de cette signification que le Seigneur souffla Lui-Même sur ses disciples, « il souffla et dit : Recevez esprit saint. » – Jean, XX. 22.
97. Si la Vie est décrite par le souffle et par la respiration, c’est aussi parce que les hommes de la Très-Ancienne Église percevaient les états de l’amour et de la foi par les états de la respiration, états qui furent successivement changés dans leurs descendants. On ne peut encore rien dire sur cette respiration, parce que tout ce qui la concerne est aujourd’hui entièrement caché ; les Très-Anciens concevaient bien cela, et ceux qui sont dans l’autre vie le conçoivent aussi ; mais il n’est plus personne sur cette terre qui puisse le comprendre : c’est de là qu’on assimilait l’esprit ou la vie au vent ; lorsque le Seigneur parle de la Régénération de l’homme, il se sert aussi de cette similitude, dans Jean : « L’esprit (ou le vent) souffle où il veut, et tu en entends la voix ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va ; il en est ainsi de quiconque est né de l’esprit. » – III. 8. – Dans David pareillement : « Par la Parole de Jéhovah les cieux ont été faits, et par l’esprit (ou le vent) de sa bouche toute leur armée. » – Ps. XXXIII. 6. – Et dans le Même : « Tu retires leur esprit, ils expirent et à leur poussière ils retournent ; tu envoies ton esprit, ils sont créés, et tu renouvelles les faces de l’humus. » – Ps. CIV. 29, 30. – Que la respiration soit prise pour la vie de la foi et de l’amour, c’est ce qu’on voit dans Job : « L’esprit qui est dans l’homme, et la respiration de Schaddai les rend intelligents. » – XXXII. 8 ; – et dans le Même : « L’Esprit de Dieu m’a fait, et la respiration de Schaddaï m’a vivifié. » XXXIII. 4.
98. Vers. 8. Et Jéhovah Dieu planta un jardin en Éden du côté de l’Orient, et il y plaça l’homme qu’il forma. Par le Jardin il est signifié l’Intelligence, par Éden l’Amour, par l’Orient le Seigneur ; ainsi, par un Jardin en Éden du côté de l’Orient, l’intelligence de l’homme céleste, laquelle influe du Seigneur par l’Amour.
99. Chez l’homme spirituel la vie ou l’ordre de la vie est telle que le Seigneur influe, il est vrai, par la foi dans ses intellectuels, dans ses rationnels et dans ses scientifiques ; mais que, comme son homme Externe combat contre son homme Interne, il lui semble que l’Intelligence lui vient, non du Seigneur, mais de lui-même, au moyen des scientifiques et des rationnels ; tandis que la vie ou l’ordre de la vie de l’homme céleste, c’est que le Seigneur influe par l’Amour et par la foi de l’Amour dans ses intellectuels, dans ses rationnels et dans ses scientifiques ; et comme il n’y a pas combat, il perçoit que cela est ainsi ; en conséquence, l’ordre qui est encore renversé chez l’homme Spirituel a été rétabli chez l’homme Céleste : cet ordre, ou cet homme, est appelé Jardin en Éden du côté de l’Orient. Dans le sens suprême, le Jardin planté par Jéhovah Dieu en Éden du côté de l’Orient, c’est le Seigneur Lui-Même ; dans le sens intime, qui est aussi le sens universel, c’est le Royaume du Seigneur et le Ciel dans lequel l’homme est placé, lorsqu’il est devenu céleste ; son état consiste alors à être avec les anges dans le Ciel, et comme l’un d’eux ; car l’homme a été créé de manière que, pendant sa vie sur la terre, il soit en même temps dans le Ciel ; alors sont ouvertes toutes ses pensées et toutes les idées de ses pensées, et même les paroles et les actions dans lesquelles il y a le céleste et le spirituel, et elles sont toujours mises en évidence par le Seigneur, car dans chacun il y a la vie du Seigneur, laquelle fait qu’il a la perception.
100. Que le Jardin signifie l’Intelligence, et Éden l’Amour, c’est aussi ce qu’on voit dans Ésaïe : « Jéhovah consolera Sion, il consolera toutes ses dévastations, et il rendra son désert comme Éden, et sa solitude comme le Jardin de Jéhovah ; joie et allégresse se trouveront en elle, confession et voix de chant. » – LI. 3. – Là le désert, la joie et la confession sont des mots qui, dans le Prophète, expriment les célestes de la foi ou les choses qui appartiennent à l’Amour ; la solitude, l’allégresse et la voix de chant désignent des spirituels de la foi, qui aussi sont des choses appartenant à l’entendement ; ceux-là se rapportent à Éden, ceux-ci au Jardin ; car, dans ce Prophète, on trouve constamment deux expressions de la même chose, dont l’une signifie les célestes et l’autre les spirituels. Au reste, on verra, au Verset 10, ce que c’est que le Jardin en Éden.
101. Que le Seigneur soit l’Orient, on le voit aussi çà et là dans la Parole ; par exemple, dans Ézéchiel : « Il me conduisit vers la porte, la porte qui regarde le chemin de l’Orient, et voici, la gloire du Dieu d’Israël vint du chemin de l’Orient, et Sa voix (était) comme la voix de beaucoup d’eaux, et la terre resplendissait de Sa gloire. » – XLIII. 1, 2, 4. – Comme le Seigneur est l’Orient, de là venait la sainte coutume, dans l’Église représentative Judaïque, avant l’édification du temple, de tourner le visage vers l’Orient pour prier.
102. Vers. 9. Et Jéhovah Dieu fit germer de l’humus tout Arbre désirable à la vue, et bon pour nourriture ; et l’Arbre de vies dans le milieu du jardin ; et l’Arbre de la science du bien et du mal. L’Arbre signifie la Perception ; l’Arbre désirable à la vue, la Perception du Vrai ; l’Arbre bon pour nourriture, la Perception du Bien ; l’Arbre de vies, l’Amour et la foi qui en provient ; l’Arbre de la science du bien et du mal, la foi qui vient du sensuel ou de la science.
103. Si les Arbres ici signifient les Perceptions, c’est parce qu’il s’agit de l’homme céleste ; il en est autrement lorsqu’il est question de l’homme spirituel ; car tel est le sujet, tel est l’attribut.
104. Mais ce que c’est que la Perception, on l’ignore aujourd’hui ; c’est une sorte de sensation interne qui, venant uniquement du Seigneur, indique si une chose est un Vrai et si elle est un Bien ; elle était bien connue dans la Très-Ancienne Église ; chez les Anges, elle est si manifeste, que par elle ils savent et connaissent ce qui est vrai et ce qui est bien, ce qui vient du Seigneur et ce qui vient d’eux-mêmes, et que si quelqu’un s’approche d’eux, ils savent ce qu’il est à sa seule approche et par une seule de ses idées. L’homme Spirituel n’a aucune Perception, mais il a la Conscience ; l’homme Mort n’a pas même de Conscience, et la plupart ne savent pas ce que c’est que la conscience, ni à plus forte raison ce que c’est que la perception.
105. L’Arbre de vies, c’est l’Amour et la foi qui en provient ; dans le milieu du jardin, c’est dans la volonté de l’homme interne. Ce que le Seigneur possède en premier lieu chez l’homme et chez l’ange, c’est la volonté qui, dans la Parole, est appelée le Cœur ; mais comme personne ne peut faire le bien par soi-même, la volonté ou le cœur n’appartient pas à l’homme, quoiqu’elle lui soit attribuée ; ce qui appartient à l’homme, c’est la cupidité, qu’il appelle volonté. Comme la volonté est le milieu du jardin, où est l’Arbre de vies, et que ce n’est pas la volonté qui appartient à l’homme, mais la cupidité, c’est pour cela que l’Arbre de vies est la Miséricorde du Seigneur, de Qui procèdent tout amour et toute foi, et par conséquent toute vie.
106. Mais, dans la suite, il sera donné plus de détails sur ce que c’est que l’Arbre du jardin ou la perception, l’arbre de vies ou l’amour et la foi qui en provient, et l’arbre de la science ou la foi qui vient du sensuel et de la science.
107. Vers. 10. Et un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin, et de là il se divisait et était en quatre têtes de fleuves. Le fleuve sortant d’Éden signifie la Sagesse provenant de l’Amour qui est Éden ; arroser le jardin, c’est donner l’Intelligence ; de là, se diviser en quatre têtes, c’est la description de l’Intelligence par quatre fleuves, ainsi qu’il suit :
108. Lorsque les Très-Anciens comparaient l’homme à un jardin, ils comparaient aussi à des fleuves la Sagesse et les choses qui appartiennent à la sagesse ; et non-seulement ils les comparaient, mais ils les nommaient ainsi, car tel était leur langage ; il en fut ensuite de même chez les Prophètes, qui ainsi tantôt comparaient, et tantôt nommaient ; par exemple, dans Ésaïe : « Ta Lumière se lèvera dans les ténèbres, et ton Obscurité sera comme la Lumière du jour, et tu seras comme un jardin arrosé, et comme une source d’eaux dont les eaux ne manqueront point. » – LVIII. 10, 11 ; – il s’agit là de ceux qui reçoivent la foi et l’amour. Et encore : « Comme des vallées elles sont plantées, comme des jardins auprès d’un fleuve ; comme des tentes qu’a plantées Jéhovah, comme des cèdres auprès des eaux. » – Nomb. XXIV. 6 ; – là, il est question des Régénérés. Dans Jérémie : « Heureux l’homme qui se confie en Jéhovah ! Il sera comme un Arbre planté près des eaux, et (qui) le long du torrent étend ses racines. » – XVII. 7, 8. – Dans Ézéchiel, il ne s’agit plus d’une comparaison, l’homme est nommé Jardin et Arbre près des fleuves : « Des eaux le firent croître, une profondeur d’eaux le fit grandir ; un fleuve coulait tout autour de sa plante ; et ses canaux il envoyait vers tous les arbres du champ ; il devint beau par sa grandeur, par la longueur de ses rameaux, car sa racine était vers beaucoup d’eaux. Les cèdres ne l’obscurcissaient pas dans le jardin de Dieu, les sapins n’étaient pas pareils à ses rameaux, et les platanes n’étaient pas comme ses branches ; aucun arbre dans le jardin de Dieu ne lui était égal en beauté ; je le rendis beau par la multitude de ses rameaux, et envie lui portèrent tous les arbres d’Éden qui sont dans le jardin de Dieu. » – XXXI. 4, 7, 8, 9. – Par ces passages, on voit que quand les Très-Anciens assimilaient à un jardin l’homme ou ce qui appartient à l’homme, ce qui est la même chose, ils y joignaient aussi des eaux et des fleuves qui l’arrosaient, et que par les eaux et par les fleuves ils entendaient les choses qui lui donnaient de l’accroissement.
109. Que la Sagesse et l’Intelligence, quoiqu’elles apparaissent dans l’homme, appartiennent, comme il a été dit, au Seigneur Seul, c’est ce qui est exprimé clairement par de semblables représentatifs dans Ézéchiel : « Voici des eaux qui sortaient de dessous le seuil de la maison vers l’Orient, parce que la face de la maison (est) l’Orient, et il dit : Ces eaux qui sortent vers la limite du côté de l’Orient, et descendent sur la plaine et viennent du côté de la mer, vers la mer étant sorties, les eaux en seront assainies, et il arrivera que toute âme vivante qui rampera, partout où vient l’eau des torrents vivra. Et auprès du torrent s’élève sur sa rive, de çà et de là, tout arbre à nourriture, dont la feuille ne se fanera point, et ne sera point consommé le fruit, qui en ses mois renaît, parce que ses eaux du Sanctuaire sortent ; et son fruit sera pour nourriture, et sa feuille pour médicament. » – XLVII. 1, 8, 9, 12 ; – ici, le Seigneur est signifié par l’Orient, et par le Sanctuaire d’où sortent les eaux et les torrents. Il en est de même dans Jean : « Il me montra un fleuve pur d’eau de la vie, brillant comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l’Agneau : au milieu de la place et du fleuve, de çà et de là, l’arbre de vie, faisant douze fruits, selon chaque mois rendant son fruit ; et la feuille de l’arbre pour la guérison des nations. » – Apoc. XXII. 1, 2.
110. Vers. 11, 12. Le Nom du premier, Pischon : celui qui entoure toute la terre de Chavillah, où il y a de l’Or. – Et l’Or de cette terre est bon ; là est le Bdellium et la pierre de Schoham. Le premier fleuve ou Pischon signifie l’intelligence de la foi procédant de l’amour ; la Terre de Chavillah, le mental ; l’Or, le bien ; le Bdellium et la Schoham, le vrai. Si l’Or est nommé deux fois, c’est parce qu’il signifie le Bien de l’amour et le Bien de la foi procédant de l’amour ; et s’il est parlé du Bdellium et de la Schoham, c’est parce que l’un signifie le Vrai de l’amour et l’autre le Vrai de la foi procédant de l’amour. Tel est l’homme céleste.
111. Mais il est très difficile de pouvoir dire comment il en est de ces choses dans le sens intérieur, parce qu’aujourd’hui elles sont inconnues ; par exemple, on ignore ce que c’est que la foi qui procède de l’Amour, ce que c’est que la Sagesse, et ce que c’est que l’Intelligence qui en provient ; car les hommes externes connaissent à peine autre chose que la science, qu’ils nomment aussi intelligence, sagesse et foi ; ils ne savent même pas ce que c’est que l’Amour, et beaucoup d’entre eux ignorent ce que c’est que la volonté et l’entendement, et que ces deux facultés constituent un seul mental, lorsque cependant chacune de ces choses a été distinguée des autres, et même très distinguée, et que tout le ciel a été très distinctement mis en ordre par le Seigneur, selon les différences d’Amour et de Foi qui sont innombrables.
112. Mais qu’on sache qu’il n’existe jamais aucune Sagesse qui ne vienne de l’amour, par conséquent du Seigneur ; ni jamais aucune Intelligence qui ne vienne de la foi, par conséquent aussi du Seigneur ; ni jamais aucun Bien qui ne vienne de l’amour, par conséquent du Seigneur ; ni jamais aucun Vrai qui ne vienne de la foi, par conséquent du Seigneur. Ce qui ne vient ni de l’amour ni de la foi, ni par conséquent du Seigneur, est désigné par des noms semblables, mais n’est que bâtard.
113. Que le Bien de la sagesse ou de l’amour ait été signifié et représenté par l’Or, rien n’est plus commun dans la Parole ; tout l’Or dans l’Arche, dans le Temple, dans la Table d’or, dans les Chandeliers, dans les Vases, sur les Vêtements d’Aharon, signifiait et représentait le Bien de la sagesse ou de l’amour : pareillement dans les Prophètes ; ainsi, dans Ézéchiel : « Dans ta Sagesse et dans ton Intelligence, tu t’es fait des richesses, et tu as amassé de l’or et de l’argent dans tes trésors. » – XXVIII. 4 ; – là, il est dit d’une manière manifeste que l’or et l’argent, ou le bien et le vrai, viennent de la sagesse et de l’intelligence ; car l’argent y signifie le vrai, comme aussi l’argent dans l’Arche et dans le Temple. Dans Ésaïe : « Une foule de chameaux te couvrira, des dromadaires de Midian et de Éphah ; tous ceux de Schéba viendront, de l’or et de l’encens ils porteront, et les louanges de Jéhovah ils annonceront. » – LX. 6 ; – de même aussi les sages de l’Orient qui vinrent vers Jésus, lorsqu’il fut né ; ils se prosternèrent, l’adorèrent, ouvrirent leurs trésors, et Lui offrirent de l’Or, de l’encens et de la myrrhe, – Matth. II. 1, 11 ; – là aussi l’Or signifie le bien ; l’encens et la myrrhe désignent les choses qui sont agréables, parce qu’elles viennent de l’Amour et de la foi ; c’est pour cela qu’elles sont appelées les louanges de Jéhovah. Aussi est-il dit dans David : « Il vivra, et il lui donnera de l’Or de Scheba, et il priera pour lui perpétuellement, chaque jour il le bénira. » – Ps. LXXII. 15.
114. Le vrai de la foi a aussi été signifié et représenté dans la Parole par les pierres précieuses ; par exemple, dans le Pectoral du Jugement, et sur les épaules de l’Éphod d’Aharon ; dans le Pectoral, l’Or, l’Hyacinthe, la Pourpre, l’Écarlate teinte deux fois et le Xylinum, représentaient les choses qui appartiennent à l’Amour ; les pierres précieuses, celles qui appartiennent à la foi procédant de l’Amour : pareillement les deux pierres de mémorial sur les épaules de l’Éphod ; elles étaient de Schoham, entourées de fonds d’or. – Exod. XXVIII. 9 à 22. – C’est ce qui est dit d’une manière manifeste dans Ézéchiel, où il s’agit de l’homme qui possède les richesses célestes, la Sagesse et l’Intelligence. « Toi, plein de sagesse et parfait en beauté, en Éden le jardin de Dieu tu as été, toute pierre précieuse (fut) ta couverture, Rubis, Topaze, Diamant, Tharschisch, Schoham et Jaspe, Saphir, Chrysoprase, Émeraude, et Or, l’œuvre de tes tambours et de tes flûtes, en toi, au jour que tu fus créé, ils ont été préparés ; parfait, toi, (tu fus), dans tes voies, depuis le jour que tu fus créé. » – XXVIII. 12, 13, 15. – Chacun peut voir que ces expressions signifient des célestes et des spirituels de la foi, et non des pierres : du reste, chaque pierre représentait un essentiel de la foi.
115. Lorsque les Très-Anciens prononçaient des noms de terre, ils entendaient les choses que ces terres signifiaient, comme ceux qui aujourd’hui sont dans l’idée que la terre de Canaan et la montagne de Sion signifient le Ciel ; ceux-ci, quand ils prononcent ces noms, ne pensent pas même à cette terre ou à cette montagne, mais seulement aux choses qu’elles signifient ; de même ici par la terre de Chavillah, qui est aussi nommée dans la Genèse, – XXV. 18, – où il s’agit des fils d’Ismaël, en ce que « ils habitèrent depuis Chavillah jusqu’à Schur, qui (est) sur les faces de l’Égypte, quand on vient vers Aschur. » Ceux qui sont dans l’idée céleste ne perçoivent par ces paroles que l’Intelligence, et ce qui découle de l’intelligence ; de même aussi par entourer, en ce que le fleuve Pischon entoure toute la terre de Chavillah, ils perçoivent influer, comme par cela que les pierres de Schoham sur les épaules de l’Éphod d’Aharon, étaient entourées de fonds d’or, – Exod. XXVIII. 11, – ils perçoivent que le bien de l’amour influait dans le vrai de la foi ; de même ailleurs, plusieurs fois.
116. Vers. 13. Et le Nom du second fleuve, Gichon : celui qui entoure toute la terre de Cusch. Le second fleuve, qui est appelé Gichon, signifie la connaissance de toutes les choses qui appartiennent au bien et au vrai, ou à l’amour et à la foi ; la terre de Cusch signifie le mental ou la faculté. Le Mental est constitué par la Volonté et par l’Entendement ; les choses qui concernent le premier fleuve se rapportent à la volonté ; celles qui concernent le second se rapportent à l’entendement, auquel appartiennent les connaissances du bien et du vrai.
117. La terre de Cusch, ou l’Éthiopie, abondait aussi en or, en pierres précieuses, et en aromates, qui signifient, comme il a été dit, le Bien, le Vrai et les choses agréables qui en proviennent, telles que sont celles qui résultent des connaissances de l’amour et de la foi ; on peut le voir par les passages précédemment cités, No 113, à savoir : Ésaïe, LX. 6. Matth. II. 1, 11. David, Ps. LXXII. 15. – Que par Cusch, ou l’Éthiopie, ainsi que par Schéba, soient entendues dans la Parole de pareilles choses, on le voit dans les Prophètes ; ainsi, dans Séphanie, où les fleuves de Cusch sont aussi nommés : « Au matin, son jugement à la lumière il produira ; car alors je me tournerai vers des peuples de lèvre claire, afin qu’ils invoquent, eux tous, le nom de Jéhovah, pour Le servir d’une même épaule ; d’au-delà des fleuves de Cusch, mes adorateurs apporteront mon présent. » – III. 5, 9, 10. – Et dans Daniel, où il s’agit du Roi du Septentrion et du Roi du Midi : « Il dominera sur ce qui recèle l’or et l’argent et sur toutes les choses désirables de l’Égypte : et Libyens et Éthiopiens (seront) sous ses pas. » – XI. 43 ; – là, l’Égypte pour les scientifiques, et les Éthiopiens pour les connaissances. Dans Ézéchiel : « Les marchands de Schéba et de Raama, tes marchands, eux, pour les meilleurs des aromates, et pour toute espèce de pierres précieuses, et pour l’or. » – XXVII. 22 ; – par eux pareillement sont signifiées les connaissances de la foi. Dans David, où il s’agit du Seigneur, par conséquent de l’Homme Céleste : « En Ses jours fleurira le juste, et abondance de paix (il y aura), jusqu’à ce que plus de Lune. Les rois de Tharschisch et des Îles apporteront leur présent ; les rois de Schéba et de Séba présenteront leur don. » – Ps. LXXII. 7, 10. – D’après ce qui précède et ce qui suit ce passage, on voit que les célestes de la foi sont signifiés. De semblables choses ont été signifiées par la reine de Schéba, qui vint vers Salomon, lui proposa des énigmes, et lui apporta des aromates, de l’Or et des pierres précieuses, – I Rois, X. 1, 2, 3. – Car tout ce qui est dans les Historiques de la Parole signifie, représente et enveloppe des arcanes, de même que ce qui est dans les Prophètes.
118. Vers. 14. Et le Nom du troisième fleuve, Chiddékel : celui qui va orientalement vers Aschur ; et le quatrième fleuve, Phrath. Le fleuve Chiddékel est la Raison ou la perspicacité de la raison ; Aschur est le Mental rationnel ; le fleuve qui va orientalement vers Aschur signifie que la perspicacité de la raison vient du Seigneur par l’homme Interne dans le mental rationnel qui appartient à l’homme Externe. Phrath ou l’Euphrate, c’est la Science, qui est le dernier ou le terme.
119. Qu’Aschur signifie le mental rationnel, ou le rationnel de l’homme, on le voit manifestement dans les Prophètes ; ainsi, dans Ézéchiel : « Voici, Aschur (était) un Cèdre dans le Liban, beau de branchage, et de bois ombreux, et haut de stature, et parmi les touffus était sa ramée ; des eaux le firent croître ; une profondeur d’eaux le fit grandir ; un fleuve coulait tout autour de sa plante. » – XXXI. 3, 4 ; – le rationnel est appelé Cèdre dans le Liban ; la ramée parmi les touffus signifie les scientifiques de la mémoire qui se comportent ainsi. Encore plus manifestement dans Ésaïe : « En ce jour-là, il y aura un sentier de l’Égypte en Aschur, et Aschur viendra en Égypte, et l’Égypte en Aschur, et les Égyptiens serviront Aschur. En ce jour-là, Israël sera en troisième à l’Égypte et à Aschur, Bénédiction au milieu de la terre, que Jéhovah Zébaoth bénira, en disant : Béni soit mon peuple, l’Égypte ; et l’œuvre de mes mains, Aschur ; et mon héritage, Israël. » – XIX. 23, 24, 25. – Ici et ailleurs, çà et là, par l’Égypte est signifiée la Science, par Aschur la Raison, et par Israël l’Intelligence.
120. De même que par l’Égypte sont signifiés les sciences ou les scientifiques, et aussi les sensuels d’où proviennent les scientifiques, de même ils le sont par l’Euphrate ; on le voit par la Parole dans les Prophètes ; ainsi, dans Michée : « Elle qui disait, mon ennemie : Où (est) Jéhovah ton Dieu ? Le jour où il bâtira tes masures, ce jour-là sera éloigné le statut, ce jour-là et jusqu’à toi l’on viendra d’Aschur, et des villes d’Égypte et jusqu’au fleuve (Euphrate). » – VII. 10, 11, 12 ; – ils parlaient ainsi de l’Avènement du Seigneur, qui devait régénérer l’homme pour le rendre semblable à l’homme céleste. Dans Jérémie : « Qu’as-tu à faire sur le chemin de l’Égypte pour boire les eaux du Schichor ? Et qu’as-tu à faire sur le chemin d’Aschur pour boire les eaux du fleuve (Euphrate) ? » – II. 18 ; – là, l’Égypte et l’Euphrate signifient pareillement les scientifiques, et Aschur les rationnels qui en proviennent. Dans David : « Tu as fait sortir d’Égypte un cep, tu as chassé les nations, tu l’as planté, tu as étendu ses provins jusqu’à la mer, et ses rameaux jusqu’au fleuve (Euphrate). » – Ps. LXXX. 9, 12 ; – là aussi le fleuve Euphrate signifie le sensuel et le scientifique. En effet, l’Euphrate était la limite entre Aschur et les possessions d’Israël, comme le scientifique de la mémoire est la limite entre l’intelligence de l’homme spirituel et la sagesse de l’homme céleste. La même chose est signifiée par ce qui a été dit à Abraham : « Je donnerai à ta semence cette terre depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate. » – Genèse, XV. 18. – Ces deux limites signifient des choses semblables.
121. Par ces fleuves, on peut voir quel est l’ordre céleste, ou comment procèdent les choses qui appartiennent à la vie, à savoir, qu’elles procèdent du Seigneur, Qui est l’Orient ; de Lui procède la Sagesse ; par la Sagesse, l’Intelligence ; par l’Intelligence, la Raison ; ainsi, par la Raison sont vivifiés les scientifiques qui appartiennent à la mémoire : tel est l’ordre de la Vie ; tels sont les hommes célestes : c’est pourquoi, comme les Anciens d’Israël représentaient les hommes célestes, ils furent appelés sages, intelligents et savants, – Deutér. I. 13, 15 ; – pareillement Bessaléel, qui construisit l’arche ; il est dit de lui « qu’il fut rempli d’esprit de Dieu en sagesse, en intelligence et en science, et en toute œuvre. » – Exode, XXXI. 3. XXXV. 31. XXXVI, 1, 2.
122. Vers. 15. Et Jéhovah Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden, pour le cultiver et pour le garder. Par le jardin d’Éden sont signifiées toutes les choses qui sont chez l’homme céleste, et dont il vient d’être parlé ; par le cultiver et le garder il est signifié qu’il lui est accordé de jouir de toutes ces choses, mais non de les posséder comme siennes, parce qu’elles appartiennent au Seigneur.
123. Que toutes ces choses, en général et en particulier, appartiennent au Seigneur, l’homme céleste le reconnaît, parce qu’il le perçoit : l’homme spirituel le reconnaît aussi, mais de bouche, parce qu’il le sait d’après la Parole : l’homme mondain et corporel ne le reconnaît ni n’en convient, mais tout ce qui est chez lui, il dit que cela lui appartient, et il pense que s’il le perdait, il périrait entièrement.
124. Que la sagesse, l’intelligence, la raison et la science appartiennent, non à l’homme, mais au Seigneur, on le voit clairement par les enseignements que le Seigneur donne ; par exemple, dans Matthieu, où il se compare à un Maître de maison qui planta une vigne, l’entoura d’une haie, et la loua à des vignerons. – XXI. 33. – Dans Jean : « L’Esprit de vérité vous conduira dans toute la Vérité ; car il ne parlera pas par lui-même, mais tout ce qu’il aura entendu, il énoncera. Lui Me glorifiera, parce que de ce qui est à Moi il recevra, et vous l’annoncera. » – XVI. 13, 14. – Dans le Même : « L’homme ne peut prendre la moindre chose, si elle ne lui a été donnée du ciel. » – III. 27. – Celui à qui il a été accordé de connaître seulement quelques arcanes du ciel, celui-là sait qu’il en est ainsi.
125. Vers. 16. Et Jéhovah Dieu commanda à l’homme touchant ce jardin, en disant : Mangeant tu mangeras de tout arbre du jardin. – Manger de tout arbre, c’est connaître et savoir par la perception ce que c’est que le bien et le vrai ; car, ainsi qu’il a été dit, la Perception, c’est l’Arbre. Les hommes de la Très-Ancienne Église avaient les connaissances de la vraie foi par des révélations, car ils parlaient avec le Seigneur et avec les anges ; ils étaient instruits aussi par des visions et des songes, qui leur procuraient les plus grandes délices et des plaisirs paradisiaques. Ils avaient continuellement par le Seigneur la perception, qui est telle que dès qu’ils pensaient à des choses qui appartenaient à la mémoire, ils percevaient sur-le-champ si elles étaient conformes au vrai et au bien, au point que quand le faux se présentait à eux, non-seulement ils s’en détournaient, mais encore ils avaient pour lui de l’horreur ; tel est aussi l’état des anges. Mais à la perception de la Très-Ancienne Église a succédé ensuite la connaissance du vrai et du bien, d’après les choses révélées précédemment, puis par celles qui furent révélées dans la Parole.
126. Vers. 17. Mais de l’arbre de la Science du bien et du mal, tu n’en mangeras point ; parce que, au jour que tu en mangeras, mourant tu mourras. Les paroles précédentes et celles-ci signifient qu’il est permis, au moyen de toute perception venant du Seigneur, de connaître ce que c’est que le vrai et le bien, mais non par soi-même ni par le monde, c’est-à-dire qu’il n’est pas permis de s’enquérir des mystères de la foi par des sensuels et par des scientifiques ; par là le céleste de l’homme meurt.
127. De ce que les hommes ont voulu s’enquérir des mystères de la foi par des sensuels ou des scientifiques est résultée la chute de la Très-Ancienne Église, à savoir, de sa postérité dont il sera question dans le Chapitre suivant ; mais encore c’est la cause de la chute de toute Église, car de là découlent non-seulement des faussetés, mais aussi des maux de la vie.
128. L’homme mondain et corporel dit dans son cœur : « Si je ne suis pas instruit sur la foi et sur les choses qui appartiennent à la foi, par les sensuels pour que je voie ou par les scientifiques pour que je comprenne, je ne croirai pas » ; et il se confirme en ce que les choses naturelles ne peuvent être contraires aux spirituelles ; aussi veut-il par les sensuels être instruit des célestes et des Divins, ce qui cependant est aussi impossible qu’il l’est à un chameau de passer par le trou d’une aiguille ; plus il veut devenir sage par les sensuels, plus il s’aveugle, et il arrive au point de ne rien croire, pas même qu’il existe un spirituel, et qu’il y a une vie éternelle ; cela est une conséquence du principe qu’il a adopté ; c’est là manger de l’arbre de la science du bien et du mal ; plus il en mange, plus il devient mort. Celui, au contraire, qui veut devenir sage, non par le monde, mais par le Seigneur, celui-là dit dans son cœur qu’il faut croire au Seigneur, c’est-à-dire, aux choses que le Seigneur à prononcées dans la Parole, parce qu’elles sont des Vérités, et c’est d’après ce principe qu’il pense ; celui-là se confirme par des rationnels, des scientifiques, des sensuels et des naturels, et ceux qui ne sont pas confirmatifs, il les met de côté.
129. Chacun peut savoir que les principes, même les plus faux, du moment où ils sont adoptés, dirigent l’homme, et que ces principes trouvent de l’appui dans toute science et dans tout raisonnement, car une foule d’assentiments arrivent de toute part, et ainsi l’homme est confirmé dans les faux ; c’est pourquoi celui qui a pour principe de ne rien croire, sans avoir auparavant vu et compris, ne peut jamais croire ; car il ne voit avec les yeux ni les célestes ni les spirituels, et il ne les saisit pas avec l’imagination. Mais l’ordre véritable, c’est que l’homme devienne sage d’après le Seigneur, c’est-à-dire, d’après sa Parole : alors toutes choses se suivent dans leur ordre, et même il est illustré dans les rationnels et dans les scientifiques : en effet, il n’a jamais été défendu de s’instruire dans les sciences, car elles sont utiles à la vie et procurent de douces jouissances ; et il n’a jamais été défendu à celui qui est dans la foi de penser et de parler comme les érudits du monde ; mais il faut qu’il ait pour principe de croire à la Parole du Seigneur, et de confirmer les vérités spirituelles et les vérités célestes par les vérités naturelles dans les limites familières au monde savant, et cela autant qu’il est possible ; le principe doit donc être tiré du Seigneur, et non de l’homme ; c’est là la vie ; autrement, c’est la mort.
130. Pour celui qui veut être sage par le monde, son jardin est composé de sensuels et de scientifiques ; son Éden est l’amour de soi et du monde ; son Orient, c’est l’occident ou lui-même ; son fleuve Euphrate, c’est tout son scientifique qui est condamné ; l’autre fleuve qui coule vers Aschur, c’est son raisonnement insensé d’où viennent des faussetés ; le troisième fleuve qui coule vers Cusch, ce sont les principes du mal et du faux dérives de là, lesquels sont les connaissances de sa foi ; le quatrième, c’est la sagesse qui en provient, laquelle dans la Parole est nommée magie ; c’est pour cela que l’Égypte qui signifie la science, après que celle-ci est devenue magique, signifie une telle science ; et cela, par le motif, souvent exprimé dans la Parole, qu’on y veut devenir sage par soi-même ; il en est ainsi parlé dans Ézéchiel : « Ainsi a dit le Seigneur Jéhovah : « Me voici contre toi, Pharaon, Roi d’Égypte, grande Baleine couchée au milieu de ses fleuves, qui dit : À moi mon fleuve, et moi je me suis fait. Et sera la terre d’Égypte en solitude et en dévastation ; et ils connaîtront que Moi (je suis) Jéhovah, parce qu’il a dit : Le fleuve à moi, et moi je me suis fait. » – XXIX. 3, 9. – De tels hommes sont aussi nommés arbres d’Éden dans l’enfer, dans un passage du même prophète, où il s’agit de Pharaon ou de l’Égypte, en ces termes : « Quand je le ferai descendre en enfer avec ceux qui descendent en la fosse. À qui as-tu été fait semblable ainsi en gloire et en grandeur parmi les arbres d’Éden ? Lorsque tu seras descendu avec les arbres d’Éden en la terre inférieure au milieu des incirconcis, avec les transpercés par l’épée : tel sera Pharaon et toute sa troupe. » – XXXI. 16, 18. – Dans ce passage, les arbres d’Éden signifient les scientifiques et les connaissances tirées de la Parole, qu’ils profanent ainsi par les raisonnements.
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18. Et JÉHOVAH DIEU dit : Pas bon (cela), que l’homme soit seul ; je lui ferai un aide comme auprès de lui.
19. Et JÉHOVAH DIEU avait formé de l’humus toute bête du champ, et tout oiseau des cieux, et il (les) amena vers l’homme, afin qu’il vît comment il les appellerait ; et chaque fois, selon que l’homme appelait une âme vivante, cela (était) son nom.
20. Et l’homme appelait de noms toute bête, et l’oiseau des cieux, et toute bête sauvage (fera) du champ ; et à l’homme point ne se trouva d’aide comme auprès de lui.
21. Et JÉHOVAH DIEU fit tomber un assoupissement sur l’homme, et il s’endormit ; et Il prit une de ses côtes, et ferma la chair à sa place.
22. Et JÉHOVAH DIEU édifia en femme la Côte qu’il prit de l’homme, et il l’amena vers l’homme.
23. Et l’homme dit : (Celle-ci) cette fois, os de mes os et chair de ma chair ; à cause de cela, elle sera appelée Épouse, parce que de mari (ex viro) elle a été prise.
24. C’est pourquoi un mari quittera son père et sa mère, et s’attachera à son épouse, et ils seront en une seule chair.
25. Et ils étaient tous deux mis, l’homme et son épouse, et ils ne rougissaient point.
CONTENU.
131. Il s’agit de la postérité de la Très-Ancienne Église, postérité qui désirait vivement le propre.
132. Comme l’homme est tel, qu’il n’est pas content d’être conduit par le Seigneur, et qu’il désire aussi se conduire par lui-même et par le monde, c’est-à-dire, par le propre, il s’agit ici du propre qui lui sera accordé. Vers. 18.
133. Il lui est d’abord donné de connaître les affections du bien et les connaissances du vrai qui lui ont été accordées par le Seigneur ; mais il désire toujours vivement le propre. Vers. 19, 20.
134. En conséquence, il est mis dans l’état du propre, et il lui est donné un propre qui est désigné par la côte édifiée en femme. Vers. 21, 22, 23.
135. Et alors la vie céleste et spirituelle est adjointe au propre, pour que cette vie et le propre paraissent comme faisant un. Vers. 24.
136. Et l’innocence fut insinuée par le Seigneur dans le propre, pour que toutefois il ne fût pas désagréable. Vers. 25.
SENS INTERNE.
137. Dans les trois premiers Chapitres de la Genèse, il s’agit en général de la Très-Ancienne Église qui est appelée Homme, depuis son premier temps jusqu’au dernier où elle périt : dans la partie précédente de ce Chapitre, il est question de son état le plus florissant, quand l’homme était céleste ; il s’agira maintenant de ceux de cette Église et de sa postérité qui désiraient vivement le propre.
138. Vers. 18. Et Jéhovah Dieu dit : Pas bon cela, que l’homme soit seul ; je lui ferai un aide comme auprès de lui. Par seul il est signifié qu’il n’était pas content d’être conduit par le Seigneur, mais qu’il désirait se conduire par lui-même et par le monde. L’aide comme auprès de lui signifie le propre, qui, dans les Versets suivants, est aussi appelé Côte édifiée en femme.
139. Dans les temps anciens, ceux qui étaient conduits par le Seigneur, tels qu’étaient les hommes célestes, étaient dits habiter seuls, parce que les maux ou les mauvais esprits ne les infestaient plus ; cela aussi a été représenté dans l’Église Judaïque, en ce que les Juifs, après qu’ils eurent expulsé les nations, habitèrent seuls ; c’est pour cela que, dans la Parole, il est dit quelquefois de l’Église du Seigneur qu’elle est Seule, comme dans Jérémie : « Levez-vous, montez vers la nation tranquille qui habite en sécurité, qui n’a ni portes ni verrous ; Seul, ils habitent. » – XLIX. 31. – Dans la prophétie de Moïse : « Israël habita en sécurité Seul. » – Deutér. XXXIII. 28, – Encore plus manifestement dans la prophétie de Biléam : « Voici le peuple qui Seul habite, et qui parmi les nations n’est point compté. » – Nomb. XXIII. 9 ; – là, les nations sont prises pour les maux. Cette postérité de la Très-Ancienne Église ne voulut pas habiter Seule, c’est-à-dire, être homme céleste, ou être conduite par le Seigneur comme l’homme céleste ; mais elle voulait être parmi les nations, comme l’Église Judaïque ; et parce qu’elle eut ce désir, il est dit que pas bon (cela), que l’homme soit seul ; car celui qui désire est déjà dans le mal, et ce qu’il désire lui est accordé.
140. Que par un Aide comme auprès de lui soit signifié le Propre, on peut le voir d’après la nature du Propre, et d’après ce qui va suivre ; mais comme cet homme de l’Église, dont il s’agit maintenant, était bon par caractère, il lui fut accordé un Propre, mais tel, qu’il paraissait comme lui appartenant ; c’est pourquoi il est dit : Un aide comme auprès de lui.
141. On pourrait, sur le Propre, dire des choses innombrables ; par exemple, comment se comporte le Propre chez l’Homme corporel et mondain, comment chez l’Homme spirituel, et comment chez l’Homme céleste. Chez l’Homme corporel et mondain, le Propre est tout ce qui lui appartient ; un tel homme ne connaît rien autre chose que le Propre ; s’il perdait le Propre, il croirait, comme il a été dit, ne plus exister. Chez l’Homme spirituel aussi, le Propre se présente de même ; car, bien que celui-ci sache que le Seigneur est la vie de tous, et qu’il donne la sagesse et l’intelligence, que par conséquent il donne de penser et d’agir, toujours est-il que, lorsqu’il dit cela, il ne croit pas ainsi. L’Homme céleste, au contraire, reconnaît que le Seigneur est la vie de tous, qu’il donne de penser et d’agir, car il perçoit qu’il en est ainsi et ne désire jamais le Propre ; et, bien qu’il ne désire pas le Propre, il lui est néanmoins donné par le Seigneur un Propre qui a été conjoint avec toute perception du bien et du vrai et avec toute félicité. Les Anges sont dans un tel Propre, et alors dans une paix suprême et dans la tranquillité ; car dans leur Propre sont des choses appartenant au Seigneur, qui dirige leur Propre, ou qui les dirige par leur Propre. Ce Propre est le céleste même ; mais le propre de l’homme corporel est l’infernal. Dans la suite, il en sera dit davantage sur le Propre.
142. Vers. 19, 20. Et Jéhovah Dieu avait formé de l’humus toute bête du champ, et tout oiseau des cieux, et il les amena vers l’homme, afin qu’il vît comment il les appellerait ; et chaque fois, selon que l’homme appelait une âme vivante, cela était son nom. – Et l’homme appelait de noms toute bête, et l’oiseau des cieux, et toute bête sauvage (fera) du champ ; et à l’homme point ne se trouva d’aide comme auprès de lui. Par les Bêtes sont signifiées les affections célestes, par les Oiseaux des cieux, les affections spirituelles ; ou, par les bêtes les choses qui appartiennent à la volonté, et par les oiseaux celles qui appartiennent à l’entendement : les amener vers l’homme, afin qu’il vît comment il les appellerait, c’est lui donner à connaître quelles elles sont ; et les avoir appelées de noms signifie qu’il connût quelles elles étaient ; et bien qu’il eût connu quelles étaient les affections du bien et les connaissances du vrai dont il avait été gratifié par le Seigneur, il n’en désirait pas moins le propre, ce qui est exprimé, de la même manière qu’auparavant, en ce que : Point ne se trouva d’aide comme auprès de lui.
143. Que, dans l’antiquité, par les Bêtes et les Animaux il ait été signifié des affections et d’autres choses semblables chez l’homme, cela peut paraître aujourd’hui étrange ; mais comme on était dans l’idée céleste, et que ces choses, dans le monde des Esprits, sont aussi représentées par des animaux, et même par de pareils animaux, auxquels elles sont semblables, c’est pour cela qu’on n’entendait pas autre chose, quand on s’exprimait ainsi : dans la Parole, partout où les bêtes sont nommées, soit en général, soit en particulier, il n’est pas non plus entendu autre chose ; toute la Parole prophétique est pleine de semblables expressions, aussi quiconque ignore ce que signifie chaque bête en particulier ne peut jamais comprendre ce que contient la Parole dans le sens interne. Mais, comme il a été dit ci-dessus, il y a des bêtes de deux genres, les mauvaises parce qu’elles sont nuisibles, les bonnes parce qu’elles sont inoffensives ; par les bonnes, telles que les brebis, les agneaux, les colombes, sont signifiées les bonnes affections ; ici, parce qu’il s’agit du céleste ou de l’homme céleste-spirituel, il en est de même. Que les Bêtes en général signifient les affections, c’est ce qui a déjà été confirmé par plusieurs passages de la Parole, voir Nos 45, 46, de sorte qu’il n’est pas besoin de le confirmer davantage.
144. Pour comprendre que appeler de nom signifie connaître quel on est, il faut savoir que par le nom les anciens n’entendaient que l’Essence de la chose ; par voir et appeler de nom, ils entendaient connaître quel on est : c’était pour cette raison qu’ils donnaient à leurs fils et à leurs filles des noms selon des choses qui étaient signifiées, car chaque nom renfermait quelque chose de particulier, d’après quoi et par quoi l’on connaîtrait l’origine et la qualité, comme on le verra aussi dans la suite, lorsque, par la Divine Miséricorde du Seigneur, il s’agira des douze fils de Jacob : puis donc que le nom renfermait l’origine et la qualité, par appeler de nom ils n’entendaient rien autre chose ; une telle locution était familière chez eux, et celui qui ne la comprend pas doit être surpris que les noms aient ces significations.
145. Dans la Parole aussi, le nom signifie l’Essence de la chose ; et voir et appeler de nom, connaître quel on est ; ainsi, dans Ésaïe : « Je te donnerai les trésors des ténèbres et les richesses cachées des choses secrètes, afin que tu saches que c’est Moi Jéhovah, le Dieu d’Israël, qui t’appelle de ton nom : à cause de mon serviteur Jacob, et d’Israël mon élu, je t’ai appelé de ton nom, je t’ai surnommé, et tu ne Me connaissais point. » – XLV. 3, 4 ; – là, par appeler de nom et surnommer il est signifié savoir d’avance quel il est. Dans le Même : « On t’appellera d’un nom nouveau que la bouche de Jéhovah déclarera. » – LXII. 2 ; – c’est-à-dire qu’elle (Jérusalem) deviendra tout autre, ainsi qu’on le voit par ce qui précède et par ce qui suit ce passage. Dans le Même : « Israël, ne crains point, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, à moi, toi. » – XLIII. 1 ; – c’est-à-dire qu’il a connu quel il était. Dans le Même : « Élevez en haut vos yeux, et voyez : Qui a créé ces choses ? (c’est celui) qui, faisant sortir en ordre leur armée, toutes par (leur) nom (les) appellera. » – XL. 26 ; – c’est-à-dire qu’il les connaissait tous. Dans l’Apocalypse : « Tu as dans Sardes quelques noms qui n’ont point souillé leurs vêtements. Celui qui aura vaincu sera couvert de vêtements blancs, et je n’effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. » – III. 4, 5. – Et plus loin : « Ceux dont les noms n’ont pas été écrits dans le Livre de Vie de l’Agneau. » – XIII. 8. – Dans ces passages, par les noms il n’est nullement entendu des noms, mais il est entendu les qualités ; et, dans le ciel, on ne sait nulle part le nom de quelqu’un, mais on sait quel il est.
146. On peut, par ce qui précède, apercevoir l’enchaînement des choses qui sont signifiées : Il a été dit au Vers. 18 : Pas bon (cela), que l’homme soit seul, je lui ferai un aide comme auprès de lui ; bientôt après, il est question des bêtes et des oiseaux, dont cependant il avait été parlé précédemment ; et immédiatement après, il est pareillement dit que à l’homme point ne se trouva d’aide comme auprès de lui ; ce qui signifie que, bien qu’il lui eût été accordé de connaître quel il était quant aux affections du bien et aux connaissances du vrai, cependant il désirait toujours vivement le propre : en effet, ceux qui sont arrivés au point de désirer le propre commencent à mépriser les choses qui appartiennent au Seigneur, de quelque manière qu’elles leur soient représentées et démontrées.
147. Vers. 21. Et Jéhovah Dieu fit tomber un assoupissement sur l’homme, et il s’endormit ; et Il prit une de ses côtes, et ferma la chair à sa place. Par la côte, qui est un os de la poitrine, est entendu le Propre de l’homme, dans lequel il y a peu de vital, et même un Propre qui lui est cher : par la Chair à la place de la côte il est entendu un Propre dans lequel il y a le vital : par l’Assoupissement, cet état dans lequel l’homme a été mis, pour qu’il lui parût avoir le propre, état qui est semblable à un sommeil, parce que dans cet état il ne sait autre chose, sinon qu’il vit, pense, parle et agit par lui-même ; mais lorsqu’il commence à savoir que cela est faux, il se réveille comme d’un sommeil, et devient vigilant.
148. Si le Propre de l’homme, et même le Propre qui lui est cher, est désigné par la côte, qui est un os de la poitrine, c’est parce que chez les Très-Anciens la Poitrine signifiait la Charité, parce qu’elle renferme le Cœur et les Poumons ; et les os signifiaient les choses qui ont le moins de valeur, parce qu’en eux il y a le moins de vital ; la chair, au contraire, signifiait des choses qui devaient avoir quelque vital. La cause de ces significations est un profond arcane connu des Très-Anciens. Dans la suite, par la Divine Miséricorde du Seigneur, il en sera parlé.
149. Dans la Parole aussi, par les Os est signifié le Propre, et même le Propre vivifié par le Seigneur ; dans Ésaïe : « Jéhovah rassasiera dans les sécheresses ton âme, et il rendra tes Os dispos, et tu seras comme un jardin arrosé. » – LVIII. 11. – Dans le Même : « Alors vous verrez, et votre cœur se réjouira, et vos Os comme l’herbe germeront. » – LXVI. 14. – Dans David : « Tous mes Os diront : Jéhovah ! Qui (est) comme Toi ? » – Ps. XXXV. 10. – Cela est encore plus évident dans Ézéchiel, où il s’agit d’Os qui devaient être recouverts de chair, et dans lesquels l’esprit devait être introduit : « La main de Jéhovah me plaça dans le milieu de la vallée ; et elle, pleine d’Os ; et il me dit ; Prophétise sur ces Os, et dis-leur : Ô (vous), os desséchés ! écoutez la Parole de Jéhovah. Ainsi a dit le Seigneur Jéhovah à ces os : Voici, je vais amener en vous esprit, et vous vivrez, et je mettrai sur vous des nerfs, et je ferai monter sur vous de la chair, et j’étendrai sur vous de la peau, et je mettrai en vous esprit, et vous vivrez, et vous saurez que Moi (je suis) Jéhovah. » – XXXVII. 1, 4, 5, 6. – Le propre de l’homme, lorsqu’il est vu du ciel, apparaît absolument comme quelque chose d’osseux, inanimé et très difforme, par conséquent mort en soi ; mais, vivifié par le Seigneur, il apparaît comme de Chair ; car le propre de l’homme n’est absolument qu’une chose morte, quoiqu’il lui paraisse comme étant quelque chose, et même comme étant tout ; tout ce qui vit chez lui vient de la vie du Seigneur, et si elle se retirait, il tomberait mort comme une pierre ; car il est seulement un organe de la vie, mais tel est l’organe, telle est l’affection de la vie. Le Seigneur seul à un Propre ; par ce Propre il a racheté l’homme, et par ce Propre il sauve l’homme ; le Propre du Seigneur est la Vie ; par le Propre du Seigneur est vivifié celui de l’homme, qui est un propre mort en soi ; le Propre du Seigneur a aussi été signifié par ces paroles du Seigneur dans Luc : « Un Esprit chair et os n’a point, comme vous Me voyez (en) avoir. » – XXIV. 39. – Il a aussi été signifié en ce que l’Os de la victime Pascale n’était point brisé. – Exod. XII. 46.
150. L’état de l’homme, lorsqu’il est dans le propre, ou lorsqu’il pense vivre par lui-même, a été comparé à un assoupissement ; il était même appelé assoupissement par les anciens ; et dans la Parole, il est dit de ceux qui sont dans cet état, qu’ils sont saisis de l’esprit d’assoupissement et qu’ils dorment. Que le propre de l’homme soit mort en soi, ou que personne n’ait aucune vie par soi-même, c’est ce qui m’a été montré dans le monde des esprits, à un tel point, que les esprits qui n’aiment que le propre, et qui persistent à soutenir avec opiniâtreté qu’ils vivent par eux-mêmes, furent convaincus par de vives expériences et avouèrent qu’ils ne vivent pas par eux-mêmes. Il m’a été donné, depuis déjà quelques années, de connaître mieux que tout autre ce qui en est du propre de l’homme, à savoir, en ce que je n’ai pas pensé la moindre chose par moi-même, et qu’il m’a été donné de percevoir clairement que chaque idée de la pensée influait, et parfois aussi comment et d’où elle influait. L’homme qui pense vivre par lui-même est donc dans le faux, et par cela seul qu’il croit vivre par lui-même, il s’approprie tout mal et tout faux, qu’il ne s’approprierait nullement, s’il croyait ce qui est réellement.
151. Vers. 22. Et Jéhovah Dieu édifia en femme la Côte qu’il prit de l’homme, et il l’amena vers l’homme. Par Édifier il est signifié relever ce qui est tombé ; par la Côte, le propre non vivifié ; par la Femme, le propre vivifié par le Seigneur ; et par amener vers l’homme, qu’un propre lui a été donné. La postérité de cette Église n’ayant pas voulu être homme céleste, comme avaient été ses pères, mais ayant voulu se conduire elle-même, et ayant ainsi désiré vivement un propre, il le lui fut aussi accordé, mais néanmoins vivifié par le Seigneur ; c’est pourquoi il est appelé femme et ensuite épouse.
152. Quiconque veut seulement prêter la plus légère attention, peut savoir que la femme n’a pas été formée d’une Côte de l’Homme, et que ces mots enveloppent des arcanes trop profonds pour que personne jusqu’à présent les ait jamais connus, et que le propre est signifié par la femme, en ce que c’est la femme qui a été trompée ; il n’y a que le propre, ou, ce qui est la même chose, il n’y a que l’amour de soi et du monde qui trompe l’homme.
153. Il est dit Côte édifiée en femme, mais non femme créée, ou formée, ou faite, comme précédemment, où il s’agit de la régénération : s’il est dit édifiée, c’est parce que édifier signifie relever ce qui est tombé ; pareillement dans la Parole, où édifier se dit des maux ; ériger, des faux ; et renouveler, des uns et des autres ; comme dans Ésaïe : « Ils édifieront les dévastations d’éternité, les désolations premières ils érigeront, et ils renouvelleront les villes de dévastation, les désolations de génération et génération. » – LXI. 4 ; – ici, et dans d’autres passages, les dévastations sont prises pour les maux, les désolations pour les faux ; à celles-là est appliqué le mot édifier ; à celles-ci, le mot ériger, comme ailleurs aussi dans les Prophètes, et cela est exactement observé. Dans Jérémie : « Je t’édifierai encore pour que tu sois édifiée, vierge d’Israël. » – XXXI. 4.
154. Il n’y a jamais rien de mal et de faux qui ne soit le propre et ne vienne du propre ; car le Propre de l’homme est le mal même ; de là l’homme n’est que mal et faux. J’ai pu m’en assurer en ce que, dans le monde des esprits, lorsque les propres se présentent à la vue, ils apparaissent si difformes, qu’on ne saurait rien peindre de plus affreux, mais avec diversité, selon la nature du propre, de sorte que celui qui voit ses propres se fait horreur à lui-même, et veut se fuir comme un diable. Au contraire, les propres qui ont été vivifiés par le Seigneur apparaissent beaux et gracieux, avec variété selon la vie à laquelle le céleste du Seigneur peut être appliqué ; et même ceux qui ont été doués de Charité, ou vivifiés par la Charité, apparaissent comme de jeunes garçons et de jeunes filles du visage le plus gracieux ; et ceux qui ont été doués d’Innocence apparaissent comme des enfants nus décorés de diverses manières, la poitrine entourée de guirlandes de fleurs, la tête ceinte de diadèmes, vivant et jouant dans une atmosphère diamantée (aura adamantina), avec perception d’une félicité provenant des intimes.
155. Ces paroles, la côte a été édifiée en femme, renferment plus de choses intimement cachées qu’on ne peut jamais le savoir d’après la lettre ; car telle est la Parole du Seigneur que dans les intimes elle concerne le Seigneur Lui-Même et son Royaume, d’où procède toute Vie de la Parole ; ici pareillement, il y a le Mariage céleste considéré dans les intimes. Le Mariage Céleste est tel qu’il est dans le propre, et le Propre vivifié par le Seigneur est appelé Fiancée du Seigneur, comme aussi Épouse. Le propre ainsi vivifié par le Seigneur a la perception de tout Bien de l’amour et de tout Vrai de la foi ; il a par conséquent toute sagesse et toute intelligence, conjointes à une ineffable félicité ; mais quel est ce propre vivifié, qui est appelé la Fiancée et l’Épouse du Seigneur, cela ne peut être dit en peu de mots ; il sera seulement dit que les Anges perçoivent qu’ils vivent par le Seigneur, et que, lorsqu’ils n’y réfléchissent point, ils ne savent autre chose, sinon qu’ils vivent par eux-mêmes ; mais il y a une affection commune, qui est telle que, pour peu qu’ils s’écartent du Bien de l’amour et du Vrai de la foi, ils perçoivent un changement ; ils sont en conséquence dans leur paix et dans leur félicité, qui sont ineffables, lorsqu’ils sont dans la perception commune qu’ils vivent par le Seigneur. C’est aussi ce propre qui est entendu dans Jérémie, lorsqu’il est dit : « Jéhovah a créé une chose nouvelle sur la terre ; la Femme entourera le Mari (Virum). » – XXXI. 22 : – c’est le Mariage Céleste qui est aussi signifié dans ce passage ; et par la femme il est entendu le propre vivifié par le Seigneur ; entourer se dit de cette femme, car par sa nature le propre entoure, de même que la côte devenue chair entoure le Cœur.
156. Vers. 23. Et l’homme dit : Celle-ci, cette fois, os de mes os, et chair de ma chair ; à cause de cela, elle sera appelée Épouse, parce que de mari elle a été prise. Os des os et chair de la chair signifie le propre de l’homme Externe : l’Os, le propre non ainsi vivifié ; la Chair, le propre vivifié : le Mari (Vir) signifie l’homme Interne ; et parce qu’il a été uni à l’homme Externe, comme il est dit dans le Verset suivant, ce propre, qui a été appelé précédemment femme, est appelé Épouse : cette fois signifie que maintenant cela a été fait ainsi, parce que l’état a été changé.
157. Parce que os des os et chair de la chair signifiait le propre de l’homme Externe dans lequel est l’Interne, on nommait, dans l’antiquité, os des os et chair de la chair tous ceux qui pouvaient être appelés propres, soit qu’ils fussent d’une même maison, ou d’une même famille, ou liés entre eux par quelque parenté ; ainsi, Laban dit à Jacob : « Certes, mon os, et ma chair, toi. » – Gen. XXIX. 14. – Abimélech, en s’adressant aux frères de sa mère, et à la famille de la maison du père de sa mère, dit : « Souvenez-vous que, votre os et votre chair, Moi. » – Jug. IX. 1, 2, 3. – Les tribus d’Israël, en parlant d’elles-mêmes, dirent aussi à David : « Voici, nous, ton os, et ta chair, nous. » – II Sam. V. 1.
158. Que l’Homme (Vir) signifie l’homme Interne, ou, ce qui est la même chose, l’homme intelligent et sage, cela est évident dans Ésaïe : « Je vois, et point d’Homme ; et d’entre eux, et point de conseiller. » – LXI. 28. – C’est-à-dire, il n’y a ni sage, ni intelligent. Dans Jérémie : « Courez par les places de Jérusalem, et voyez si vous trouverez un Homme, s’il en est un qui fasse le jugement, qui cherche la vérité. » – V. 1. – Faire le jugement se dit du sage ; chercher la vérité se dit de l’intelligent.
159. Mais comment il en est ainsi, on ne le perçoit pas facilement, à moins qu’on ne sache quel est l’état de l’homme céleste ; l’état de l’homme céleste est tel que l’homme Interne est distinct de l’homme Externe, et cela, au point qu’il perçoit ce qui appartient à l’Interne et ce qui appartient à l’Externe, et comment l’Externe est gouverné par le Seigneur au moyen de l’Interne. Mais, parce que cette postérité avait désiré le propre qui est de l’homme Externe, son état fut tellement changé qu’elle ne percevait plus que l’homme Interne était distinct de l’homme Externe, et qu’elle était près de penser que l’Interne était un avec l’Externe ; car telle devient la perception, lorsque l’on désire le propre.
160. Vers. 24. C’est pourquoi un mari quittera son père et sa mère, et s’attachera à son épouse, et ils seront en une seule chair. Quitter son père et sa mère, c’est laisser l’homme Interne ; car c’est l’homme Interne qui conçoit et enfante l’homme Externe : s’attacher à son épouse, c’est afin que l’homme Interne soit dans l’homme Externe : en une seule chair, c’est afin que là ils soient ensemble ; et parce que précédemment l’Esprit a été Interne, et que l’Externe procède de l’Interne, ils sont maintenant devenus aussi une chair. Ainsi, la Vie céleste et spirituelle fut adjointe au propre, pour que cette vie et le propre fussent comme un.
161. Cette postérité de la Très-Ancienne Église n’était pas mauvaise, elle était encore bonne, et parce qu’elle désira ardemment vivre dans l’homme Externe ou dans le propre, il lui a aussi été donné par le Seigneur ; mais d’après la Miséricorde le céleste-spirituel y fut insinué. Comment l’interne et l’externe font un, ou comment ils paraissent comme un, on ne peut le savoir, à moins que l’influx de l’un dans l’autre ne soit connu ; pour qu’on en ait seulement une idée, soit pour exemple l’Action : Si dans l’Action il n’y a pas la charité, ou l’amour et la foi, et dans l’amour et la foi le Seigneur, l’Action n’est pas une Action qui puisse être dite œuvre de la charité ou fruit de la foi.
162. Toutes les Lois du vrai et du droit découlent des principes célestes, ou de l’ordre de la Vie de l’homme céleste ; car tout le Ciel est un homme Céleste, par cela que le Seigneur Seul est l’Homme Céleste, et qu’il est tout dans toutes et chacune des choses du ciel et de l’homme céleste ; c’est de là qu’elles sont nommées célestes. Comme des principes célestes, ou de l’ordre de la vie de l’homme céleste, découle toute Loi du vrai et du droit, la Loi des mariages en descend principalement. Il y a un Mariage céleste d’après lequel et selon lequel doivent exister tous les mariages dans les terres ; ce mariage consiste en ce qu’il y a un Seul Seigneur et un seul Ciel, ou une seule Église dont le chef est le Seigneur ; la Loi des Mariages en dérive, en ce que le Mariage doit se composer d’un seul Mari et d’une seule Épouse ; et quand il en est ainsi, les époux représentent le mariage Céleste, et sont une Image de l’homme céleste. Cette Loi ne fut pas seulement révélée aux Maris de la Très-Ancienne Église, elle fut aussi inscrite dans leur homme Interne ; c’est pour cela que le Mari n’eut alors qu’une seule épouse et constitua une seule maison ; mais quand leurs descendants eurent cesse d’être hommes internes, et furent devenus hommes externes, alors ils prirent plusieurs épouses. Comme les hommes de la Très-Ancienne Église par leurs mariages représentaient le mariage céleste, l’Amour conjugal était pour eux comme le Ciel et comme la félicité céleste ; mais quand l’Église eut décliné, ils ne percevaient plus la félicité dans l’amour conjugal, mais dans le plaisir de la pluralité, plaisir qui appartient à l’homme Externe ; c’est ce qui est appelé par le Seigneur la dureté de cœur, à cause de laquelle il leur fut permis par Moïse d’avoir plusieurs épouses, comme le Seigneur l’enseigne Lui-Même : « À cause de la dureté de votre cœur, Moïse vous a écrit ce précepte ; mais du commencement de création, mâle et femelle Dieu les fit ; c’est pourquoi un homme laissera son père et sa mère, et s’attachera à son épouse, et les deux seront une seule chair ; cela donc que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare point. » – Marc, X. 5, 6, 7, 8, 9.
163. Vers. 25. Et ils étaient tous deux nus, l’homme et son épouse, et ils ne rougissaient point. Ils étaient nus, et ne rougissaient point, signifie qu’ils étaient innocents, à savoir, en ce que le Seigneur avait insinué l’innocence dans leur propre, pour qu’il ne fût point désagréable.
164. Le propre de l’homme, comme il a été dit, n’est que mal, et lorsqu’il se montre à la vue, il est de la forme la plus hideuse ; mais quand la charité et l’innocence sont insinuées par le Seigneur dans le propre, il apparaît beau et gracieux, selon ce qui a été dit No 154. C’est la charité et l’innocence qui, non-seulement atténuent le propre, ou le mal et le faux de l’homme, mais qui aussi l’annulent presque, comme chacun peut le remarquer dans les petits enfants : Lorsqu’ils se caressent entre eux et qu’ils font des amitiés à leurs parents, et qu’en même temps une innocence enfantine brille dans tout son éclat, non-seulement les maux mêmes et les faux mêmes ne se montrent point, mais encore ils ont quelque chose qui plaît. Par là on peut savoir que personne ne peut être admis au Ciel à moins qu’il n’ait quelque innocence, selon ces paroles du Seigneur : « Laissez les petits enfants venir à Moi, et ne les empêchez point ; car à leurs semblables appartient le Royaume de Dieu. En vérité, je vous dis : « Quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point. Et, les ayant pris dans ses bras, il leur imposa les mains, et les bénit. » – Marc, X. 14, 15, 16.
165. Que la Nudité dont ils ne rougissaient point signifie l’innocence, on le voit clairement par ce qui est dit dans la suite, qu’après avoir perdu leur intégrité et leur innocence, ils rougirent de leur nudité, et qu’elle leur parut comme une honte ; c’est pourquoi ils se cachaient : d’après les choses aussi qui sont représentées dans le monde des esprits, on voit même que la nudité, dont on ne rougit point, signifie l’innocence ; en effet, lorsque les esprits veulent se disculper et prouver qu’ils ne sont point coupables, ils se montrent nus pour attester leur innocence : on le voit surtout par ceux qui sont innocents dans le ciel ; ils apparaissent comme de petits enfants nus et ceints de guirlandes, selon leur genre d’innocence ; mais ceux qui n’ont pas autant d’innocence apparaissent couverts de vêtements gracieux et brillants qu’on prendrait pour une étoffe de soie diamantée, ainsi que les Anges quelquefois ont été vus par les Prophètes.
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166. Telles sont les choses que contient la Parole dans ce Chapitre, mais ce qui a été exposé n’est qu’une faible partie de ce qu’elle renferme ; et comme il s’agit de l’homme Céleste, à peine connu aujourd’hui de quelqu’un, cette faible partie ne peut manquer de paraître obscure à plusieurs.
167. Mais si l’on savait combien il y a d’arcanes contenus dans chaque petit Verset, on serait saisi d’étonnement ; il y est contenu tant d’arcanes qu’on ne saurait jamais en dire le nombre ; on ne s’en aperçoit nullement d’après la lettre. Pour en donner une idée en peu de mots, je dirai que, dans le monde des Esprits, les paroles du sens littéral sont représentées d’une manière vivante (ad vivum) telles qu’elles sont, dans un ordre admirable, car le monde des Esprits est représentatif ; et tout ce qui est représenté d’une manière vivante est perçu dans le second Ciel par les Esprits angéliques, quant aux moindres particularités des choses représentées ; et tout ce qui est perçu par les Esprits angéliques, les Anges du troisième Ciel le perçoivent avec encore plus d’extension par des idées angéliques qu’on ne saurait exprimer, et même, lorsqu’il plaît au Seigneur, avec une variété qui est indéfinie. Telle est la Parole du Seigneur.
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DE LA RÉSURRECTION DE L’HOMME D’ENTRE LES MORTS, ET DE SON ENTRÉE DANS LA VIE ÉTERNELLE.
168. Comme il m’est permis de décrire, en série, comment de la vie du corps l’homme entre dans la vie de l’éternité, afin que, ainsi qu’il a été dit, l’on sût comment l’homme est ressuscité, je vais rapporter, non la chose apprise par ouï-dire, mais ce qui m’a été montré par une vive expérience.
169. Je fus réduit à un état d’insensibilité quant aux sens corporels, par conséquent presqu’a l’état des mourants, la vie intérieure cependant me restant entière, avec la pensée, afin que je perçusse et retinsse dans ma mémoire ce qui se passe en ceux qui sont morts et sont ressuscités. J’eus d’abord la respiration qui est propre à la vie, puis une respiration tacite.
170. Il y avait présents des Anges célestes, qui occupaient la province du cœur, de sorte qu’il semblait, quant au cœur, que j’étais uni à eux, au point qu’enfin il me fut à peine laissé quelque chose qui m’appartînt, excepté la pensée, et par suite la perception ; et cela, pendant quelques heures.
171. J’étais ainsi éloigné de la communication avec les esprits du monde des esprits, qui pensaient que j’étais sorti de la vie du corps.
172. Outre les Anges célestes qui occupaient la province du cœur, deux Anges étaient encore placés près de ma Tête ; et je perçus qu’il en est ainsi pour chaque mourant.
173. Les Anges qui étaient placés près de ma tête gardaient un profond silence, communiquant seulement avec la face les choses qu’ils pensaient ; de sorte que je percevais qu’en moi il avait été, pour ainsi dire, introduit une autre face, et même deux faces, parce qu’il y avait deux Anges. Lorsque les Anges perçoivent que leurs faces sont reçues, ils connaissent que l’homme est mort.
174. Après qu’ils eurent reconnu leurs faces, ils introduisaient quelques changements autour de la province de la Bouche, et communiquaient ainsi les choses qu’ils pensaient ; car il est ordinaire aux Anges célestes de parler par la province de la bouche : il m’avait été donné de percevoir leur langage cogitatif.
175. Une odeur aromatique, comme celle d’un cadavre embaumé, se fit sentir ; car lorsque les Anges célestes sont présents, ce qui est cadavéreux est senti comme une odeur aromatique ; quand les mauvais esprits sentent cette odeur, ils ne peuvent approcher.
176. Pendant ce temps-là, j’étais tenu, quant à la province du Cœur, assez étroitement uni aux Anges célestes, ce que je perçus ; et je le sentis aussi par le pouls.
177. Il me fut insinué que les choses que l’homme a pensées au moment de la mort, lesquelles sont pieuses et saintes, sont retenues par les Anges : il me fut encore insinué que ceux qui meurent pensent le plus ordinairement à la vie éternelle, et rarement au salut et à la félicité ; aussi les Anges les tiennent-ils dans la pensée de la vie éternelle.
178. Ils sont tenus assez longtemps dans cette pensée par les Anges célestes, avant que ces Anges se retirent ; et ils sont abandonnés aux Anges spirituels, auxquels ils sont ensuite associés. Pendant ce temps ils ne savent autre chose sinon qu’ils vivent dans le corps, mais cette perception est obscure.
179. Du moment que les intérieurs du corps se refroidissent, les substances vitales sont séparées de l’homme, en quelqu’endroit qu’elles soient, fussent-elles même renfermées dans mille liens entrelacés en forme de labyrinthe ; car l’efficacité de la Miséricorde du Seigneur, que j’avais perçue auparavant comme une Attraction vive et forte, est si grande que rien de vital ne peut rester.
180. Après que je fus comme ressuscité, les Anges célestes qui se tenaient près de ma tête restèrent pendant quelque temps auprès de moi, et ne parlaient que tacitement ; d’après leur langage cogitatif, je percevais qu’ils regardaient comme rien toutes les illusions et toutes les faussetés, se riant d’elles, non pas, il est vrai, comme d’objets de moquerie, mais comme de choses dont ils ne devaient pas s’occuper : le langage dont ils se servent, quand ils commencent aussi à parler avec les âmes de ceux chez lesquels ils sont d’abord, est cogitatif sans être sonore.
181. L’homme, ainsi ressuscité par les Anges célestes, est encore dans une vie obscure ; quand arrive le temps où il doit être remis aux Anges Spirituels, alors, après un délai, les Célestes se retirent, lorsque les Spirituels se sont approchés ; et il me fut montré comment ceux-ci opèrent pour qu’il reçoive l’usage de la lumière ; sur ce sujet, voir la Continuation, en tête du Chapitre suivant.
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LIVRE DE LA GENÈSE
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CHAPITRE TROISIÈME.
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CONTINUATION. – DE L’ENTRÉE DU RESSUSCITÉ DANS LA VIE ÉTERNELLE.
182. Quand les Anges célestes sont auprès du ressuscité, ils ne l’abandonnent point, car ils aiment chaque homme ; mais quand l’âme est telle qu’elle ne peut être plus longtemps dans la compagnie des Anges célestes, elle-même désire alors se séparer d’eux ; quand cela arrive, viennent des Anges spirituels qui lui donnent l’usage de la lumière, car auparavant elle ne voyait rien, mais seulement pensait.
183. Il me fut montré comment ces Anges opèrent : ils paraissaient dérouler en quelque sorte la tunique de l’œil gauche vers la cloison nasale, afin d’ouvrir l’œil et de donner l’usage de la lumière ; l’homme ne perçoit pas autrement, sinon que cela se fait ainsi, mais c’est une apparence.
184. Après que la membrane semble avoir été déroulée, il apparaît quelque chose de lumineux, mais obscur, comme lorsque l’homme voit à travers ses paupières à son premier réveil ; et il est dans un état tranquille, étant encore sous la garde des Anges célestes : puis il apparaît quelque chose d’ombreux de couleur céleste avec une petite étoile ; mais j’eus la perception que cela se fait avec variété.
185. Ensuite il semble que quelque chose se déroule mollement de dessus sa face, et la perception lui est donnée ; les Anges alors ont le plus grand soin que de lui il ne vienne point d’idée, à moins que ce ne soit une idée plus douce ou d’amour : et il lui est donné de connaître qu’il est un esprit.
186. Alors il entre dans une vie, qui d’abord est heureuse et gaie, car il lui semble être arrivé à la vie éternelle ; cela est représenté par une lueur blanche tirant sur un blond agréable ; par là est signifiée sa première vie, à savoir, en ce qu’elle est céleste-spirituelle.
187. Qu’il doive ensuite être reçu dans la société des bons esprits, cela a été représenté par un jeune homme monté sur un Cheval, qu’il dirige vers l’enfer ; mais le Cheval ne peut faire un pas. Il est représenté comme un jeune homme, parce que, dès que d’abord il vient dans la vie éternelle, il est au milieu des Anges, et qu’ainsi il lui semble être dans la fleur de la jeunesse.
188. La vie suivante a été représentée en ce qu’il descendait de cheval et allait à pied, parce qu’il ne peut pas faire mouvoir de place le cheval ; et il lui est insinué qu’il doit être instruit des connaissances du vrai et du bien.
189. Ensuite il voit des sentiers obliques s’élevant en pente douce, qui signifient que c’est par les connaissances du vrai et du bien et par la reconnaissance de lui-même qu’il doit être conduit peu à peu vers le Ciel ; car, sans la reconnaissance de soi-même, et sans les connaissances du vrai et du bien, personne ne peut y être conduit. – Voir la Continuation à la fin de ce Chapitre.
CHAPITRE TROISIÈME.
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1. Et le Serpent était rusé plus que toute bête sauvage (fera) du champ, que fit JÉHOVAH DIEU, et il dit à la femme : Quoi ! Dieu a-t-il dit : Vous ne mangerez point de tout arbre du jardin ?
2. Et la femme dit au serpent : Du fruit de l’arbre du jardin nous mangerons.
3. Et du fruit de l’arbre qui (est) dans le milieu du jardin, DIEU a dit : N’en mangez point, et n’y touchez point, de peur que vous n’en mouriez.
4. Et le Serpent dit à la femme : En mourant point ne mourrez.
5. Parce que Dieu sait qu’au jour que vous en mangerez, ouverts seront vos yeux, et vous serez comme DIEU, sachant le bien et le mal.
6. Et la femme vit que bon l’arbre (était) à manger, et appétissant, lui, aux yeux, et désirable l’arbre pour donner intelligence ; et elle prit de son fruit, et (en) mangea, et elle (en) donna aussi à son mari avec elle ; et il (en) mangea.
7. Et furent ouverts les yeux de tous deux, et ils connurent que nus, eux (ils étaient) ; et ils cousirent de la feuille de figuier, et se firent des ceintures.
8. Et ils entendirent la voix de JÉHOVAH DIEU, laquelle se promenait dans le jardin, au vent du jour ; et l’homme se cacha, et son épouse, de devant la face de JÉHOVAH DIEU, au milieu de l’arbre du jardin.
9. Et JÉHOVAH DIEU cria à l’homme, et lui dit : Où, toi, (es-tu) ?
10. Et il dit : Ta voix j’ai entendu dans le jardin, et j’ai craint, parce que nu, moi (je suis), et je me suis caché.
11. Et il dit : Qui t’a indiqué que toi, nu (tu es) ? N’as-tu pas mangé de l’arbre dont je t’ai commandé de ne pas manger ?
12. Et l’homme dit : La femme que tu (m’) as donnée avec moi, m’a donné de l’arbre, et j’(en) ai mangé.
13. Et JÉHOVAH DIEU dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? Et la femme dit : Le serpent m’a trompée, et j’(en) ai mangé.
CONTENU.
190. Il s’agit du Troisième État de l’Église Très-Ancienne, qui désirait vivement le propre, jusqu’au point de l’aimer.
191. Comme, par l’amour de soi, ou propre amour, les hommes commençaient alors à ne rien croire de ce qu’ils ne saisissaient pas par les sens, le Sensuel est représenté par le Serpent, l’Amour de soi ou propre amour par la Femme, et le Rationnel par le Mari (Virum).
192. De là, le serpent ou le sensuel persuada à la femme d’examiner si les choses qui concernent la foi envers le Seigneur étaient certaines, ce qui est signifié par manger de l’arbre de la science. Le consentement donné par le rationnel de l’homme est signifié par cela que le mari en mangea. – Vers. 1 à 6.
193. Mais ils perçurent qu’ils étaient dans le mal. Par ce reste de perception, signifié en ce que leurs yeux furent ouverts, et qu’ils entendirent la voix de Jéhovah, – Vers. 7, 8 ; – et par de la feuille de figuier dont ils se firent des ceintures, – Vers. 7 ; – puis par la pudeur, ou l’action de se cacher au milieu de l’arbre du jardin, – Vers. 8, 9 ; – comme aussi par la reconnaissance et la confession renfermées dans les Vers. 10, 11, 12, 13, il est évident que la bonté naturelle était restée chez eux.
SENS INTERNE.
194. Vers. 1. Et le Serpent était rusé plus que toute bête sauvage (fera) du champ, que fit Jéhovah Dieu, et il dit à la femme : Quoi ! Dieu a-t-il dit : Vous ne mangerez point de tout arbre du jardin ? Par le Serpent est entendu ici le Sensuel de l’homme, auquel on se fie ; par la Bête sauvage (fera) du champ ici, comme précédemment, toute affection de l’homme externe ; et par la Femme, le Propre. Ces paroles du Serpent : Quoi ! Dieu a-t-il dit : vous ne mangerez point de tout arbre ? signifient qu’ils étaient d’abord dans le doute. Il s’agit de la Troisième Postérité de l’Église Très-Ancienne qui a commencé à ne pas croire aux choses révélées, à moins de voir et de sentir qu’elles sont certaines. Leur premier État est décrit dans ce Verset et dans le suivant, en ce qu’il était dubitatif.
195. Les Très-Anciens nommaient bêtes et oiseaux toutes les choses qui étaient dans l’homme, et en cela, ils n’entendaient nullement se servir de comparaisons ; tel était leur langage, qui se maintint même dans l’Ancienne Église, après le déluge, et fut conservé semblable chez les Prophètes. Les Sensuels de l’homme étaient nommés Serpents, parce que comme les serpents se traînent le plus près de la terre, de même les choses sensuelles sont celles qui tiennent de plus près au corps. De là, on nommait venins de serpent les Raisonnements d’après les sensuels sur les mystères de la foi ; et serpents, ceux qui les employaient ; et comme on se livre à beaucoup de raisonnements lorsqu’on s’appuie sur les sensuels ou sur les choses visibles, telles que sont les choses terrestres, corporelles, mondaines et naturelles, il est dit que le serpent était rusé plus que toute bête sauvage (fera) du champ ; il est dit pareillement dans David : « Ils aiguisent leur langue comme un serpent ; un venin d’aspic (est) sous leurs lèvres. » – Ps. CXL. 4, 5, 6 : – là, il s’agit de ceux qui séduisent l’homme par des raisonnements. Dans le Même : « Ils se fourvoient dès l’utérus, proférant le mensonge ; un venin ils ont, à l’instar du venin du serpent, comme le venimeux aspic sourd, qui bouche son oreille pour ne pas entendre la voix de ceux qui chuchotent, de celui qui forme des associations de sages. » – Ps. LVIII. 4, 5, 6 : – ici sont appelés venin du serpent les raisonnements qui sont tels qu’on n’écoute pas ce qui est sage ou la voix du sage ; de là chez les Anciens cette formule que le serpent se bouche l’oreille. Dans Amos : « Comme si venait quelqu’un en la maison et appuyait sa main sur la paroi, et que le mordît un serpent ; ne sera-t-il pas ténèbres le jour de Jéhovah et non lumière, et obscurité, et non splendeur (n’y aura-t-il pas) en lui ? » – V. 19, 20 : – la main sur la paroi, c’est la propre puissance et la confiance dans les sensuels, d’où résulte l’aveuglement qui est décrit. Dans Jérémie : « La voix de l’Égypte comme d’un serpent se fera entendre ; car avec force ils iront et avec des haches ils viendront à elle, comme des fendeurs de bois. Ils abattront sa forêt, dit Jéhovah, parce qu’elle ne sera pas recherchée ; car ils sont multipliés plus que la sauterelle, et ils sont innombrables : la fille de l’Égypte est rendue honteuse, elle sera livrée en main du peuple du septentrion. » – XLVI. 20, 22, 23, 24 : – l’Égypte est prise pour le raisonnement sur les Divins, d’après les sensuels et les scientifiques ; les argumentations sont nommées voix de serpent, et l’aveuglement qui en résulte est signifié par le peuple du septentrion. Dans Job : « Le venin des aspics il sucera, la langue de la vipère le tuera ; il ne verra point les ruisseaux, les courants de fleuves de miel et de beurre. » – XX. 16, 17 : – les fleuves de miel et de beurre sont les spirituels et les célestes, que ne doivent point voir les raisonneurs ; les argumentations sont appelées venins d’aspics et langue de vipère. – Voir ci-après plusieurs choses sur le serpent, Vers. 14, 15.
196. Ceux qui, dans l’antiquité, eurent plus de confiance dans les sensuels que dans les choses révélées furent appelés serpents ; aujourd’hui, c’est encore pire ; car il y a non-seulement des hommes qui ne croient à rien, à moins de voir et de sentir, mais il y en a aussi qui se confirment par des scientifiques inconnus aux Très-Anciens, et qui par conséquent s’aveuglent beaucoup plus. Pour qu’on sache comment ceux qui jugent des choses célestes par les sensuels, par les scientifiques et par les philosophiques, s’aveuglent au point de ne plus ensuite rien voir ni rien entendre, et d’être non-seulement des serpents sourds, mais même des serpents volants, beaucoup plus pernicieux, dont il est aussi question dans la Parole, soit pour exemple ce qu’ils croient au sujet de l’Esprit. Celui qui est Sensuel, ou croit seulement aux sens, nie que l’Esprit existe, parce qu’il ne le voit pas ; il dit : « Cela n’est rien, puisque je ne le sens pas ; ce que je vois et ce que je touche, je sais que cela est. » Celui qui est Scientifique, ou qui conclut d’après les sciences, dit : « Qu’est-ce que l’Esprit, sinon peut-être un souffle, ou une chaleur, – ou quelque chose qu’il déduit de sa science, – à la mort il s’évanouit ; est-ce que les animaux n’ont pas aussi un corps, des sens, un analogue de la raison ? et l’on dit qu’ils doivent mourir, et que l’Esprit de l’homme doit vivre !… » En conséquence, il nie que l’Esprit existe. Les Philosophes qui veulent être plus subtils que les autres, parlent de l’Esprit en termes qu’eux-mêmes ne connaissent pas, puisqu’ils sont en contestation sur ce point, soutenant qu’on ne saurait appliquer à l’Esprit un seul mot qui ait le moindre trait au matériel, à l’organique ou à l’étendue ; ainsi, ils en jugent d’après leurs idées, de sorte qu’il s’évanouit pour eux et devient un néant. Les plus Sensés disent bien que l’Esprit est la pensée, mais lorsqu’ils raisonnent sur la pensée, comme ils la séparent du substantiel, ils finissent par conclure qu’elle doit s’évanouir lorsque le corps expire. Ainsi, tous ceux qui raisonnent d’après les sensuels, les scientifiques et les philosophiques, nient que l’Esprit existe ; et comme ils nient qu’il existe, ils ne croient à rien de ce qui est dit sur l’Esprit et sur les choses spirituelles. Si, au contraire, on interroge les Simples de cœur, ils disent, eux, qu’ils savent qu’il existe, parce que le Seigneur a dit qu’ils vivraient après la mort ; ceux-ci n’éteignent pas leur rationnel, mais ils le vivifient par la Parole du Seigneur.
197. Par le serpent, chez les Très-Anciens, qui furent des hommes célestes, était signifiée la circonspection, ainsi pareillement le sensuel par lequel ils prenaient des mesures pour que les méchants ne leur nuisissent pas ; c’est ce qu’on voit par ces paroles du Seigneur à ses disciples : « Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. » – Matth. X. 16. – Le serpent d’airain qui fut élevé dans le désert représentait aussi le Sensuel du Seigneur, qui seul est l’Homme Céleste, et seul possède la circonspection et pourvoit à tout ; c’est pourquoi ceux qui le regardèrent furent sauvés.
198. Vers. 2, 3. Et la femme dit au serpent : Du fruit de l’arbre du jardin nous mangerons. – Et du fruit de l’arbre qui est dans le milieu du jardin, Dieu a dit : N’en mangez point et n’y touchez point, de peur que vous n’en mouriez. Le fruit de l’arbre du jardin, c’est le Bien et le Vrai qui leur avaient été révélés par la Très-Ancienne Église. Le fruit de l’arbre qui est dans le milieu du jardin, dont ils ne devaient pas manger, c’est le Bien et le Vrai de la foi, dont ils ne devaient pas s’instruire par eux-mêmes : n’y pas toucher, c’est ne pas juger du bien et du vrai de la foi d’après soi-même, ou d’après le sensuel et le scientifique ; qu’ils en mourraient signifie que par là périrait la foi, ou toute sagesse et toute intelligence.
199. Que le fruit de l’arbre dont ils ne devaient pas manger signifie le Bien et le Vrai de la foi, qui leur avaient été révélés par la Très-Ancienne Église, ou les connaissances de la foi, on peut le voir en ce qu’il est dit, le fruit de l’arbre du jardin, dont ils pouvaient manger, et non de l’Arbre du jardin, comme précédemment, Chap. II, Vers. 16, lorsqu’il s’agissait de l’Homme Céleste ou de la Très-Ancienne Église ; l’arbre du jardin, comme il a été dit là, signifie la perception qui appartient au bien et au vrai, bien et vrai qui, parce qu’ils en dérivent, sont appelés ici fruit ; le fruit a même très-souvent cette signification dans la Parole.
200. S’il est dit ici que l’arbre de la science est dans le milieu du jardin, tandis que précédemment, Chap. II, Vers. 9, c’est l’Arbre de vies, et non l’arbre de la science, qui est dit être dans le milieu du jardin, c’est parce que le milieu du jardin signifie l’intime, et que l’intime de l’homme céleste, ou de la Très-Ancienne Église, était un arbre de vies, c’est-à-dire, l’Amour et par suite la foi ; mais le milieu du jardin, ou l’intime de cet homme, qui peut être appelé homme céleste-spirituel, ou de sa postérité, était la foi. Il est impossible de décrire cela plus amplement, parce qu’on ignore absolument aujourd’hui quels ont été ceux qui ont vécu dans ce temps très-ancien. Ils avaient un caractère absolument autre, lequel n’existe aujourd’hui chez qui que ce soit : ce caractère, pour en donner seulement une idée, était tel, que d’après le Bien ils connaissaient le Vrai, ou d’après l’Amour ce qui appartient à la Foi ; mais quand cette Génération expira, elle fut remplacée par une autre qui était d’un caractère entièrement différent, à savoir, en ce que ce n’était pas d’après le bien qu’on connaissait le vrai, ou d’après l’amour les choses qui appartiennent à la foi ; mais d’après le vrai on connaissait le bien, ou, d’après ce qui appartient aux connaissances de la foi, on savait ce qui appartient à l’amour, et chez la plupart on s’en tenait presque uniquement au savoir. Un tel changement fut fait après le déluge, afin que le monde ne pérît pas.
201. Puis donc qu’un caractère tel que celui des Très-Anciens avant le déluge n’existe et ne se rencontre plus aujourd’hui, il ne peut pas être facile de faire saisir ce qu’enveloppent les Paroles dans le sens réel ; elles sont très-bien comprises dans le Ciel, car les Anges et les Esprits Angéliques, qui sont dits célestes, sont d’un caractère tel que celui qu’avaient les très-anciens régénérés avant le déluge ; mais les Anges et les Esprits Angéliques, qui sont dits spirituels, sont d’un caractère tel que celui qu’ont eu, après le déluge, ceux qui ont été régénérés ; ceux-là et ceux-ci avec une variété qui est indéfinie.
202. La Très-Ancienne Église, qui était homme céleste, était telle que non-seulement elle ne mangeait pas de l’arbre de la science, c’est-à-dire, n’apprenait pas d’après les sensuels et les scientifiques ce qui appartient à sa foi, mais il ne lui était pas même permis de toucher à cet arbre, c’est-à-dire, de penser d’après les sensuels et les scientifiques quelque chose qui concernât la foi, de peur que de la vie céleste on ne tombât dans la vie spirituelle, et ensuite plus bas. Telle est aussi la vie des Anges Célestes ; ceux, d’entre eux qui sont plus intimement célestes n’admettent pas même que la foi soit nommée, ou quoi que ce soit qui tienne du spirituel ; et si elle est nommée par d’autres, au lieu de la foi ils perçoivent l’amour avec une différence connue d’eux seulement ; ainsi, tout ce qui appartient à la foi, ils le dérivent de l’amour et de la charité ; ils supportent encore moins d’entendre, au sujet de la foi, quelque chose de rationnel, et point du tout quelque chose de scientifique ; car ils reçoivent du Seigneur, par l’Amour, la perception de ce qui est bien et de ce qui est vrai ; d’après la Perception, ils savent à l’instant si telle chose est ou n’est pas ainsi ; lors donc qu’au sujet de la foi il est dit quelque chose, ils se contentent de répondre que c’est ainsi, ou que ce n’est pas ainsi, parce qu’ils perçoivent cela par le Seigneur. C’est là ce que signifient ces paroles du Seigneur, dans Matthieu : « Votre discours sera oui, oui ; non, non ; ce qui est en sus de cela vient du malin. » – V. 37. – On voit maintenant pourquoi il ne leur était pas même permis de toucher au fruit de l’arbre de la science ; car en y touchant, ils seraient dans le mal, ou en mourraient. Outre cela, les Anges célestes parlent entre eux, comme les autres, sur différents sujets, mais dans un langage céleste, formé et dérivé de l’Amour, langage qui est plus ineffable que celui des Anges spirituels.
203. Les Anges spirituels, au contraire, s’entretiennent de la foi ; ils confirment même, au moyen des intellectuels, des rationnels et des scientifiques, les choses qui la concernent ; mais ils ne concluent jamais d’après eux sur la foi ; ceux qui concluent sont dans le mal. En effet, ces Anges ont aussi par le Seigneur la Perception de toutes les choses qui appartiennent à la foi, mais non une Perception telle qu’est celle des Anges célestes. La Perception des Anges spirituels est une sorte de conscience qui a été vivifiée par le Seigneur et apparaît comme une Perception céleste, mais elle n’est point céleste ; c’est seulement une perception spirituelle.
204. Vers. 4, 5. Et le Serpent dit à la femme : En mourant point ne mourrez. – Parce que Dieu sait qu’au jour que vous en mangerez, ouverts seront vos yeux, et vous serez comme Dieu, sachant le bien et le mal. Par s’ils mangeaient du fruit de l’arbre, leurs yeux seraient ouverts, il est signifié que s’ils examinaient par le sensuel et le scientifique, c’est-à-dire, par eux-mêmes, les choses qui appartiennent à la foi, ils verraient clairement qu’elles n’étaient pas telles qu’ils le croyaient. Ils seraient comme Dieu, sachant le bien et le mal, signifie que s’ils agissaient par eux-mêmes, ils seraient comme Dieu, et pourraient se conduire eux-mêmes.
205. Chaque petit Verset contient un état particulier, ou un changement d’état dans l’Église ; les premiers Versets, en ce qu’ils percevaient encore que c’était illicite, quoiqu’ils y inclinassent ; ces Versets-ci, en ce qu’ils commencèrent à douter si ce ne serait pas licite, puisqu’ils verraient ainsi si ce qu’ils avaient appris des anciens était vrai, et qu’en conséquence leurs yeux seraient ouverts ; enfin, que comme chez eux l’Amour de soi commençait à dominer, ils pourraient se conduire eux-mêmes, et ainsi être semblables au Seigneur. L’Amour de soi a cela de particulier qu’on veut être conduit non par le Seigneur, mais par soi-même, et quand on est conduit par soi-même, on consulte les sensuels et les scientifiques pour savoir ce qu’on doit croire.
206. Quels hommes, plus que ceux qui s’aiment eux-mêmes et sont en même temps savants d’après le monde, croient avoir les yeux ouverts, et savoir, comme Dieu, ce que c’est que le bien et le mal ? Mais qu’y a-t-il de plus aveugle qu’eux ? Si seulement on les consulte, on verra qu’ils ne savent pas et croient encore moins que l’Esprit existe : ce que c’est que la vie spirituelle et la vie céleste, ils l’ignorent absolument : ils ne reconnaissent pas non plus la vie éternelle, car ils croient qu’ils mourront comme la brute : ils ne reconnaissent nullement le Seigneur, mais ils n’adorent qu’eux-mêmes et la nature : ceux qui veulent parler avec circonspection disent qu’une sorte d’Être Suprême, dont ils ignorent l’essence, gouverne toutes choses. Ce sont là leurs principes, qu’ils confirment chez eux de plusieurs manières par les sensuels et par les scientifiques ; s’ils l’osaient, ils le feraient même devant l’univers. Quoiqu’ils veuillent se faire reconnaître pour des dieux ou pour les plus sages des hommes, si on leur demandait s’ils savent ce que c’est que de ne pas avoir le propre, ils répondraient que ce serait ne pas avoir l’être ; qu’ils ne seraient rien s’ils étaient privés du propre : si on leur demandait ce que c’est que de vivre par le Seigneur, ils penseraient que c’est une idée fantastique : si on leur demandait s’ils savent ce que c’est que la Conscience, ils diraient que ce n’est autre chose qu’une invention qui peut servir de frein au vulgaire : si on leur demandait s’ils savent ce que c’est que la perception, ils ne feraient que se moquer, et la nommeraient une sorte d’enthousiasme. Voilà quelle est leur sagesse, voilà comme ils ont les yeux ouverts, et comme ils sont des dieux. Ils partent de semblables principes, qu’ils croient plus clairs que le jour ; ils avancent ensuite, et c’est ainsi qu’ils raisonnent sur les mystères de la foi : que résulte-t-il de là, sinon un abîme de ténèbres ? Eux, plus que les autres, sont les serpents qui séduisent le monde. Toutefois, telle n’était pas encore cette postérité de l’Église très-ancienne ; mais telle était devenue celle dont il sera question, du Vers. 14 au Vers 19 de ce Chapitre.
207. Vers. 6. Et la femme vit que bon l’arbre était à manger, et appétissant, lui, aux yeux, et désirable l’arbre pour donner intelligence ; et elle prit de son fruit, et en mangea, et elle en donna aussi à son mari avec elle ; et il en mangea. Bon à manger signifie la Cupidité ; appétissant aux yeux, la Fantaisie ; désirable pour donner intelligence, la Volupté. Ces choses appartiennent au Propre ou à la Femme. Par le Mari, en ce qu’il en mangea, il est entendu le Rationnel en ce qu’il donna son consentement ; No 205.
208. Telle fut la Quatrième Postérité de l’Église très-ancienne ; elle se laissa séduire par son propre Amour, et ne voulut pas croire aux choses révélées, à moins de les voir confirmées d’après les sensuels et les scientifiques.
209. Les expressions qui sont employées ici, comme Arbre bon à manger, appétissant aux yeux, désirable pour donner intelligence, sont telles, qu’elles étaient applicables au caractère de ceux qui vécurent dans ce temps très-ancien ; elles concernent en particulier la volonté, car tous leurs maux jaillissaient de la volonté. Lorsque, dans la Parole, il s’agit des postdiluviens, il est employé de semblables expressions, lesquelles concernent, non pas ainsi la volonté, mais l’entendement ; car les très-anciens par le Bien avaient le vrai, mais ceux-ci ou les postdiluviens par le Vrai avaient le bien.
210. Qu’on sache donc ce que c’est que le Propre. Le Propre de l’homme est tout mal et tout faux jaillissant de l’Amour de soi et du monde ; et ceux qui sont dans le Propre croient non au Seigneur ou à la Parole, mais à eux-mêmes, et pensent que ce qu’ils ne saisissent point par les sens et par la science n’est rien ; d’où il résulte qu’ils ne sont plus que mal et que faux, et ainsi considèrent tout à rebours. Ce qui est mal, ils le voient comme bien ; ce qui est bien, comme mal ; ce qui est faux, comme vrai, et ce qui est vrai, comme faux ; ce qui existe, ils s’imaginent que ce n’est rien, et ce qui n’est rien, ils s’imaginent que c’est tout : la Haine, ils l’appellent amour ; l’Obscurité, lumière ; la Mort, vie, et vice versa : dans la Parole, de tels hommes sont nommés boiteux et aveugles. Tel est donc le Propre de l’homme ; en soi il est infernal et damné.
211. Vers 7. Et furent ouverts les yeux de tous deux, et ils connurent que nus, eux, ils étaient. Furent ouverts leurs yeux signifie que par un dictamen intérieur ils connurent et reconnurent qu’ils étaient nus, c’est-à-dire qu’ils n’étaient plus, comme auparavant, dans l’innocence, mais dans le mal.
212. Que par l’ouverture des yeux il soit signifié un dictamen provenant de l’intérieur, on le voit d’après de semblables expressions dans la Parole ; par exemple, d’après ce que dit de lui-même Biléam, qui se nomme l’homme à l’œil ouvert, parce qu’il avait eu des visions. – Nomb. XXIV. 3, 4. – Et d’après Jonathan : quand il goûta d’un rayon de miel, et que de l’intérieur il lui fut suggéré que cela était mal, il est dit que ses yeux virent, ainsi furent comme illuminés, pour qu’il vît ce qu’il ne connaissait pas. – 1 Sam. 14. 27-29. – Outre cela, les yeux, dans la Parole, sont très-souvent pris pour l’entendement, ainsi pour le dictamen intérieur qui en provient aussi, comme dans David : « Illumine mes yeux, de peur que peut-être je ne dorme (du sommeil) de la mort. » – Ps. XIII. 4 ; – les yeux, au lieu de l’entendement. Dans Ézéchiel : « Qui ont des yeux pour voir, et ne voient point. » XII. 2 ; – au lieu de qui ne veulent pas comprendre. Dans Ésaïe : « Enduis ses yeux, de peur qu’il ne voie de ses yeux. – VI. 10 ; – au lieu de qu’ils soient aveuglés, de peur qu’ils ne comprennent. Il est dit par Moïse au peuple : « Jéhovah ne vous a point donné un cœur pour connaître, ni des yeux pour voir, ni des oreilles pour entendre. » – Deutér. XXIX. 3 ; – le cœur, au lieu de la volonté, les yeux, au lieu de l’entendement. Il est dit du Seigneur dans Ésaïe : « Qu’il doit ouvrir les yeux aveugles. » – XLII. 7. – Et dans le même Prophète : « (Délivrés) de l’obscurité et des ténèbres, les yeux des aveugles verront. » – XXIX. 18.
213. Que par connaître qu’ils étaient nus il soit signifié qu’ils connurent et reconnurent qu’ils n’étaient plus, comme auparavant, dans l’innocence, mais dans le mal, on le voit par le dernier Verset du Chapitre précédent, où il est dit : « Et ils étaient tous deux nus, l’homme et son épouse, et ils ne rougissaient point » ; on y voit que ne point rougir d’être nus signifie qu’ils étaient innocents : le contraire est signifié, lorsqu’ils rougissent, comme ici, en ce qu’ils cousirent des feuilles de figuier et se cachèrent : en effet, privés d’innocence, la nudité devient pour eux un opprobre et un scandale, parce qu’ils ont conscience qu’ils pensent mal. C’est de là que la nudité est prise, dans la Parole, pour une action honteuse et pour le mal, et se dit d’une Église corrompue ; par exemple, dans Ézéchiel : « Elle était nue, et dépouillée, et foulée dans son sang. » –XVI. 7, 22. – Dans le Même : « Qu’ils la laissent nue et dépouillée et que sa nudité soit mise à découvert. » – XXIII. 29. – Dans Jean : « Je te conseille d’acheter des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu, et que ne paraisse point la honte de ta nudité. » – Apoc. III. 18. – Et lorsqu’il s’agit du dernier jour : « Heureux celui qui veille et qui garde ses vêtements, afin qu’il ne marche point nu, et qu’on ne voie point sa honte. » – Apoc. XVI. 15. – Dans le Deutéronome : « Si le mari trouve dans l’épouse une nudité quelconque, qu’il lui écrive une lettre de divorce. » – XXIV. 1. – C’est encore pour cela qu’il fut ordonné à Aharon et à ses fils d’avoir des caleçons de lin, lorsqu’ils approcheraient de l’autel, et lorsqu’ils rempliraient leur ministère, afin de cacher la chair de leur nudité, de peur qu’ils ne portassent l’iniquité et ne mourussent. – Exod. XXVIII. 42-43.
214. Ils sont dits nus, parce qu’ils ont été abandonnés au Propre ; car ceux qui sont abandonnés au propre ou à eux-mêmes n’ont plus rien de l’intelligence et de la sagesse, ou de la foi ; ainsi ils sont dépouillés du vrai et du bien ; et, par cela même, dans le mal.
215. Que le Propre ne soit que mal et que faux, c’est aussi ce que j’ai pu constater, en ce que tout ce que les esprits disaient d’après eux-mêmes était tellement le mal et le faux, qu’il suffisait qu’il me fût donné de savoir qu’ils parlaient d’après eux-mêmes pour que je connusse sur-le-champ que c’était le faux, quoiqu’ils fussent, lorsqu’ils parlaient, dans une si forte persuasion que c’était le vrai qu’ils n’en doutaient nullement : semblable à eux est l’homme qui est dans le propre. Il m’a pareillement été donné de percevoir que tous ceux qui ont commencé à raisonner sur les choses qui concernent la vie spirituelle et la vie céleste, ou qui appartiennent à la foi, doutaient, et même niaient ; car, raisonner sur la foi, c’est douter et nier : et comme c’est d’après eux-mêmes ou d’après le propre, ce sont de pures faussetés dans lesquelles ils tombent ; par conséquent un abîme de ténèbres, c’est-à-dire, de faussetés : quand ils sont dans cet abîme, la plus légère objection prévaut sur mille vérités ; c’est comme un grain de poussière, qui, appliqué à la pupille de l’œil, intercepte la vue de l’univers et des choses qu’il contient. Le Seigneur parle ainsi de ces hommes, dans Ésaïe : « Malheur à ceux qui sont sages à leurs yeux, et devant leurs faces intelligents. » – V. 21. – Dans le Même : « Ta sagesse, et ta science, elle, t’a détournée ; et tu as dit dans ton cœur : Moi, et après moi point d’autre ; c’est pourquoi viendra sur toi un mal, dont tu ignores l’origine, et tombera sur toi une affliction que tu ne pourras détourner, et viendra sur toi tout à coup une vastation que tu ne connais point. » – XLVII. 10-11. – Dans Jérémie : « Tout homme est devenu stupide par la science, tout fondeur est devenu honteux par la statue ciselée ; car mensonge, son idole de fonte, et point d’esprit en elle. » – LI. 17. – La statue ciselée, c’est le faux qui appartient au propre, et l’idole de fonte le mal qui appartient au propre.
216. Et ils cousirent de la feuille de figuier, et se firent des ceintures. Coudre de la feuille, c’est s’excuser ; le Figuier est le Bien naturel ; se faire des ceintures, c’est être affecté de pudeur. Ainsi parlaient les Très-Anciens, et ils ont décrit cette postérité de l’Église, à savoir, en ce que l’innocence qu’elle avait précédemment fut remplacée par le Bien naturel par lequel son mal était caché, et en ce qu’elle fut affectée de pudeur, parce qu’elle était dans le bien naturel.
217. Que le Cep dans la Parole signifie le Bien spirituel, et le Figuier le Bien naturel, on l’ignore absolument aujourd’hui, parce que le sens interne de la Parole est perdu, lorsque cependant c’est là ce qu’ils signifient ou enveloppent partout où on les rencontre : il en est de même dans les paraboles que le Seigneur a prononcées sur la vigne et sur le figuier ; ainsi, dans Matthieu : « Jésus voyant un Figuier sur le chemin, il y vint, mais il n’y trouva rien, sinon des feuilles seulement ; c’est pourquoi il lui dit : Que désormais de toi il ne naisse point de fruit à éternité, et incontinent le figuier sécha. » – XXI. 19 ; – par là il était entendu qu’aucun bien ne fut trouvé sur la terre, pas même le bien naturel. Par le cep et par le figuier il est entendu la même chose dans Jérémie : « Ont-ils été confus de ce qu’ils ont commis l’abomination ? Ils n’ont pas même été affectés de pudeur, et n’ont pas su rougir ; c’est pourquoi en rassemblant je les rassemblerai, dit Jéhovah ; il n’y a point de raisins au Cep, point de figues au Figuier, et la feuille est tombée. » – VIII. 12, 13 ; – par là il est signifié que tout bien, tant spirituel que naturel, a péri, parce qu’ils en sont arrivés au point de ne pas même être affectés de pudeur ; de même aujourd’hui, ceux qui sont dans le mal ont si peu de pudeur qu’ils se vantent de leur mal. Dans Hosée : « Comme des raisins dans le désert j’ai trouvé Israël ; comme une primeur dans un figuier en son commencement j’ai vu vos pères. » – IX. 10. – Et dans Joël : « Ne craignez point, bêtes de mes champs, parce que l’arbre portera son fruit ; le figuier et le cep montreront leur vigueur. » – II. 22. – Le Cep est pour le Bien spirituel ; le Figuier, pour le Bien naturel.
218. Vers. 8. Et ils entendirent la voix de Jéhovah Dieu, laquelle se promenait dans le jardin, au vent du jour ; et l’homme se cacha, et son épouse, de devant la face de Jéhovah Dieu, au milieu de l’arbre du jardin. Par la voix de Jéhovah Dieu, laquelle se promenait dans le jardin, il est entendu le dictamen qu’ils redoutaient ; le dictamen est le reste de perception qu’ils avaient ; par le vent (aura) ou le souffle (spiritus) du jour est signifié le temps où l’Église avait encore un reste de perception ; se cacher de la face de Jéhovah Dieu, c’est redouter le dictamen, comme ont coutume de faire ceux qui ont conscience d’avoir mal agi ; par le milieu de l’arbre du jardin, où ils se cachaient, est signifié le bien naturel ; est appelé milieu ce qui est intime ; l’arbre est la perception, comme il a été dit précédemment ; mais comme il y avait peu de perception, l’arbre est dit au singulier, comme un seul de reste.
219. Par la voix de Jéhovah Dieu, laquelle se promenait dans le jardin, il est entendu le dictamen qu’ils redoutaient : on peut le voir par la signification de la Voix dans la Parole, où la Voix de Jéhovah est prise pour la Parole elle-même, pour la Doctrine de foi, pour la Conscience, ou avertissement interne, et même pour tout reproche qui en provient ; c’est pour cela que les foudres sont aussi appelées Voix de Jéhovah, comme dans Jean : « Alors l’Ange s’écria d’une voix grande, comme un lion rugit, et lorsqu’il eut crié, les sept tonnerres firent entendre leurs voix. » – Apoc. X. 3, 4 ; – c’est-à-dire qu’alors il y eut voix externe et interne. Dans le Même : « Aux jours de la voix du septième Ange sera consommé le mystère de Dieu. » – Apoc. X. 7 ; – pareillement, dans David : « Chantez à Dieu, psalmodiez au Seigneur, à Celui qui chevauche sur les cieux des cieux d’antiquité ; voici, il donnera de sa voix, une voix de force. » – Ps. LXVIII. 33, 34 ; – les cieux des cieux d’antiquité sont pris pour la sagesse de la Très-Ancienne Église ; la voix est prise pour la Révélation, et aussi pour le dictamen interne. Dans le Même : « La voix de Jéhovah sur les eaux ; la voix de Jéhovah en puissance ; la voix de Jéhovah en gloire ; la voix de Jéhovah brisant les cèdres ; la voix de Jéhovah lançant des flammes de feu ; la voix de Jéhovah fait trembler le désert ; la voix de Jéhovah fait mettre bas les biches, et dépouille les forêts. » – Ps. XXIX. 3, 4, 5, 7, 8, 9. – Et dans Ésaïe : « Jéhovah fera entendre l’excellence de sa voix ; car par la voix de Jéhovah sera consterné Aschur. » – XXX. 30, 31.
220. Par la voix qui se promenait, il est entendu qu’il leur restait un peu de perception, étant comme seule pour eux, et comme non entendue, ainsi qu’on le voit aussi par le Verset suivant, où il est dit que Jéhovah cria à l’homme ; comme dans Ésaïe : « Voix de qui crie dans le désert ; une voix dit : Crie. » – XL. 3, 6 ; – le désert, c’est l’Église où il n’y a aucune foi ; la voix de celui qui crie, c’est l’annonce de l’Avènement du Seigneur, et en général toute annonce de son avènement, comme chez les régénérés chez lesquels il y a un dictamen.
221. Par le vent (aura) ou le souffle (spiritus) du jour est signifié le temps où l’Église avait encore un reste de perception : on peut le voir par la signification du Jour et de la Nuit. Les Très-Anciens comparaient les États de l’Église aux temps du jour et de la nuit ; aux temps du jour, lorsqu’elle était encore dans la lumière ; ici donc au souffle ou au vent du jour, parce qu’ils avaient quelque reste de perception, qui leur faisait connaître qu’ils étaient déchus. Le Seigneur appelle aussi Jour un état de foi, et Nuit un état sans aucune foi, comme dans Jean : « Il me faut faire les œuvres de Celui qui M’a envoyé, tandis qu’il est Jour ; la Nuit vient où personne ne pourra travailler. » – IX. 4. – C’est pour cela que les États de la Régénération de l’homme ont été, dans le Premier Chapitre, nommés Jours.
222. Se cacher de la face de Jéhovah, c’est redouter le dictamen comme ont coutume de faire ceux qui ont conscience d’avoir mal agi : on le voit par leur réponse, Vers. 10, où sont ces paroles : « Ta voix j’ai entendu dans le jardin et j’ai craint, parce que nu, moi, je suis. » – La face de Jéhovah ou du Seigneur, c’est la Miséricorde, la Paix et tout Bien, comme on le voit clairement par la Bénédiction : « Que Jéhovah fasse luire ses Faces sur toi, et te fasse Miséricorde ; que Jéhovah lève ses Faces vers toi, et te donne la Paix. » – Nomb. VI. 23, 26. – Et dans David : « Que Dieu nous fasse Miséricorde et nous bénisse ; qu’il fasse luire ses Faces sur nous. » – Ps. LXVII. 2. – Et ailleurs : « Plusieurs disent : Qui nous fera voir le Bien ? Apporte sur nous la lumière de tes Faces, Jéhovah ! » – Ps. IV. 7, 8. – C’est pour cela que la Miséricorde du Seigneur est appelée l’Ange des faces, dans Ésaïe : « Je mentionnerai les Miséricordes de Jéhovah, qui les a rétribués selon ses commisérations, et selon la multitude de ses miséricordes, et il est devenu pour eux un Sauveur ; en chaque détresse pour eux, point de détresse, et l’Ange de ses faces les a sauvés ; à cause de son Amour et à cause de sa Clémence, Lui les a rachetés. » – LXIII. 7, 8, 9.
223. Comme la Face du Seigneur est la Miséricorde, la Paix et tout Bien, il en résulte qu’il ne regarde jamais qui que ce soit qu’avec Miséricorde, et qu’il ne détourne jamais sa face de personne ; mais que c’est l’homme qui, lorsqu’il est dans le mal, détourne sa face ; comme le Seigneur le dit dans Ésaïe : « Ce sont vos iniquités qui font séparation entre vous et votre Dieu ; et vos péchés font cacher (ses) faces de vous. » – LIX. 2. – Il en est aussi de même ici, en ce qu’ils se sont cachés de la face de Jéhovah, parce qu’ils étaient nus.
224. La Miséricorde, la Paix, tout Bien, ou la face de Jéhovah, sont les choses qui produisent le dictamen chez ceux qui ont la perception, et aussi chez ceux qui ont la conscience, mais avec différence ; et elles opèrent toujours avec commisération ; mais elles sont reçues selon l’état dans lequel est l’homme. L’État de cet homme, ou de cette postérité de la Très-Ancienne Église, était le Bien Naturel ; et ceux qui sont dans le bien naturel se sentent portés à se cacher par crainte et par pudeur de ce qu’ils sont nus, mais ceux qui ne sont dans aucun bien naturel ne se cachent même pas, parce qu’ils n’ont pas de pudeur. C’est de ceux-ci qu’il est question dans Jérémie, – VIII. 12, 13. – Voir précédemment, No 217.
225. Que le milieu de l’arbre du jardin signifie le Bien naturel, dans lequel il y a quelque perception, qui est appelée arbre, on peut aussi le voir par le jardin dans lequel était l’homme céleste ; car est appelé jardin tout ce qui est bien et vrai, avec différence selon l’homme qui le cultive : le bien n’est bien qu’autant que son intime est le céleste, d’après lequel ou par lequel existe la perception provenant du Seigneur ; cet intime est appelé milieu, comme aussi dans la Parole.
226. Vers. 9, 10. Et Jéhovah Dieu cria à l’homme, et lui dit : Où, toi, (es-tu) ? – Et il dit : Ta voix j’ai entendu dans le jardin, et j’ai craint, parce que nu, moi (je suis), et je me suis caché. Ce que c’est que crier, ce que c’est que la voix dans le jardin et pourquoi ils avaient craint parce qu’ils étaient nus et s’étaient cachés, cela a été précédemment expliqué. Il arrive communément dans la Parole qu’il est d’abord demandé à l’homme où il est et ce qu’il fait, quoique le Seigneur sache tout d’avance ; mais cette demande est faite afin que l’homme reconnaisse et avoue.
227. Mais il faut qu’on sache d’où proviennent la perception, le dictamen et la conscience ; comme cela est entièrement ignoré aujourd’hui, il m’est permis d’en dire quelque chose. Il est très-vrai que l’homme est gouverné par le Seigneur au moyen des esprits et des anges ; quand les mauvais esprits commencent à dominer, alors les anges s’efforcent de détourner les maux et les faux ; de là résulte un combat ; c’est ce combat qui est senti au moyen de la perception, du dictamen et de la conscience : par là, comme aussi par les tentations, l’homme pourrait savoir manifestement qu’il y a chez lui des esprits et des anges, s’il n’était pas tout entier plongé dans les corporels au point de ne rien croire de ce qui est dit des esprits et des anges ; c’est pourquoi, quand ceux qui sont tels sentiraient cent fois ces combats, ils diraient toujours que ce sont des fantaisies, et que c’est le résultat de quelque maladie du mental. Il m’a été donné des milliers de fois et presque continuellement, depuis plusieurs années jusqu’à ce jour, d’éprouver des combats, et d’en avoir une vive sensation ; et aussi de savoir qui étaient ces esprits, leurs qualités, en quel lieu ils étaient, quand ils s’approchaient, quand ils s’éloignaient, et de parler avec eux.
228. On ne saurait exprimer combien est fine la perception des anges ; s’il s’introduit quelque chose d’opposé au vrai de la foi et au bien de l’amour, ils perçoivent la qualité de ce qui s’introduit, et l’instant de son introduction, mille fois mieux que l’homme lui-même qui en sait à peine quelque chose : la plus petite chose de la pensée chez l’homme est plus perceptible aux anges que la plus grande ; cela est incroyable, mais cependant très-vrai.
229. Vers. 11, 12, 13. Et il dit : Qui t’a indiqué que toi, nu (tu es) ? N’as-tu pas mangé de l’arbre dont je t’ai commandé de ne pas manger ? – Et l’homme dit : La femme que tu (m’) as donnée avec moi, elle, m’a donné de l’arbre, et j’(en) ai mangé. – Et Jéhovah Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? Et la femme dit : Le serpent m’a trompée, et j’(en) ai mangé. – Ce que signifient ces paroles, on le voit d’après ce qui a été précédemment expliqué, à savoir, que le Rationnel de l’homme se laissa tromper par le propre qui lui était cher, ou par l’amour de soi, de sorte qu’il ne croyait rien, à moins de voir et de sentir. Chacun peut voir que Jéhovah Dieu n’adressa pas la parole à un serpent, et qu’il n’y avait pas de serpent ; qu’il ne s’adressa pas non plus au sensuel qui est signifié par le serpent, mais que ces expressions enveloppent autre chose, à savoir, qu’ils perçurent que leurs sens les avaient trompés, et que, parce qu’ils s’étaient aimés, ils désiraient connaître si ce qu’on leur avait dit du Seigneur et de la foi en Lui était vrai, et que c’est ainsi qu’ils voulurent d’abord croire.
230. Le mal dominant de cette postérité était l’amour de soi, et non en même temps l’amour du monde, comme aujourd’hui ; car ils vivaient divisés en maisons et en familles, et n’ambitionnaient pas des richesses.
231. Le mal, et de la Très-Ancienne Église qui exista avant le déluge, et de l’Église Ancienne qui vécut après le déluge, puis le mal de l’Église Judaïque, et ensuite le mal de l’Église Nouvelle ou des Gentils après l’Avènement du Seigneur, comme aussi le mal de l’Église d’aujourd’hui, consista à croire, non au Seigneur ou à la Parole, mais à soi-même et à ses sens ; c’est ce qui détruisit la foi ; et lorsqu’il n’y a aucune foi, il n’y a aucun amour du prochain, par conséquent tout est faux et mal.
232. Aujourd’hui le mal est pire qu’autrefois, parce qu’on peut confirmer l’incrédulité des sens par des scientifiques inconnus aux anciens ; de là, une si grande obscurité quelle ne peut nullement être décrite ; si l’homme savait combien est grande cette obscurité, il en serait saisi d’étonnement.
233. Explorer les mystères de la foi par les scientifiques est aussi impossible qu’il l’est à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, et aussi impossible qu’il l’est à une côte de diriger les fibrilles les plus pures de la poitrine et du cœur ; respectivement au spirituel et au céleste, le sensuel et le scientifique sont aussi grossiers et même beaucoup plus grossiers. Celui qui veut seulement porter ses investigations sur les secrets de la nature, qui sont innombrables, en découvre à peine un, et pendant ces investigations, il tombe dans des erreurs, comme on le sait très-bien ; que sera-ce donc s’il veut pénétrer les secrets de la vie spirituelle et céleste, où, puisqu’il s’agit de la nature invisible, il y en a des myriades pour un ? Pour éclaircir ce sujet, soit seulement cet exemple : par lui-même l’homme ne peut que faire le mal et se détourner du Seigneur ; cependant ce n’est pas l’homme qui fait cela, mais ce sont les mauvais esprits qui sont chez lui ; ce ne sont même pas les mauvais esprits, mais c’est le mal même qu’ils se sont approprié ; et toujours est-il que l’homme fait le mal, se détourne et est en faute ; et cependant il ne vit que par le Seigneur. D’un autre côté, l’homme par lui-même ne peut jamais faire le bien ni se tourner vers le Seigneur, mais cela est fait par les anges ; et ce ne sont pas les anges qui le peuvent faire, mais c’est le Seigneur seul ; et toujours est-il que l’homme peut comme par soi-même faire le bien et se tourner vers le Seigneur ; que la chose se passe ainsi, jamais ni les sens, ni la science, ni la philosophie, ne peuvent le saisir ; si on les consulte, cela est nié d’une manière absolue, et cependant la chose est vraie en soi ; pareillement pour toutes les autres. D’après cela, on voit que ceux qui consultent les sensuels et les scientifiques sur les choses qu’ils doivent croire, se précipitent, non-seulement dans le doute, mais même dans la négation, c’est-à-dire, dans l’obscurité ; et lorsqu’ils sont dans l’obscurité, ils sont aussi dans toutes les cupidités ; car lorsqu’ils croient ce qui est faux, ils font aussi ce qui est faux ; et lorsqu’ils croient qu’il n’y a ni spirituel, ni céleste, ils croient qu’il n’y a que le corporel et le mondain ; en conséquence ils aiment tout ce qui appartient à eux et au monde ; c’est ainsi que du faux naissent les cupidités et les maux.
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14. Et JÉHOVAH DIEU dit au serpent : Parce que tu as fait cela, maudit, toi, (tu seras), plus que toute bête, et plus que toute bête sauvage (fera) du champ ; sur ton ventre tu marcheras, et poussière tu mangeras tous les jours de ta vie.
15. Et inimitié je mettrai entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence ; Lui te foulera la tête, et toi tu Le blesseras au talon.
16. Et à la femme il dit : Multipliant je multiplierai ta douleur, et ta conception ; avec douleur tu enfanteras des fils, et à ton mari ton obéissance, et lui dominera sur toi.
17. Et à l’homme il dit : Parce que tu as écouté la voix de ton épouse, et que tu as mangé de l’arbre, duquel je t’ai commandé, disant : Tu n’en mangeras point, maudit (sera) l’humus à cause de toi ; en grande douleur tu en mangeras tous les jours de ta vie.
18. Et épine et chardon il te produira, et tu mangeras l’herbe du champ.
19. À la sueur de ton visage tu mangeras le pain, jusqu’à ce que tu retournes à l’humus, parce que de lui tu as été pris ; parce que poussière, toi, (tu es), et en poussière tu retourneras.
CONTENU.
234. L’état subséquent de l’Église jusqu’au déluge est décrit ; et comme l’Église se perdit alors totalement, il est prédit que le Seigneur viendra dans le monde, et sauvera le genre humain.
235. Les hommes n’ayant plus voulu croire que ce qu’ils saisissaient par les sens, le Sensuel, qui est le Serpent, se maudit lui-même et devint infernal. Vers. 14.
236. En conséquence, pour que l’homme ne se précipitât pas tout entier dans l’enfer, le Seigneur promit de venir dans le monde. Vers. 15.
237. L’Église est plus amplement décrite par la femme, qui s’aima elle-même, ou aima le propre, au point de ne plus rien pouvoir saisir de vrai, quoiqu’il leur eût été donné un rationnel qui devait dominer. Vers. 16.
238. Puis, le Rationnel est présenté tel qu’il fut, en ce qu’il consentit ; et ainsi il se maudit aussi et devint infernal, de sorte que non plus la raison resta, mais le raisonnement. Vers. 17.
239. Sont décrites la malédiction et la vastation, et aussi la nature brutale (ferina) des hommes de cette Église. Vers. 18.
240. Puis, l’aversion pour tout ce qui est de foi et d’amour ; et ainsi, après avoir été hommes, ils devinrent non hommes. Vers. 19.
SENS INTERNE.
241. Les Très-Anciens, qui étaient des hommes célestes, étaient d’une telle nature que toutes les choses qui se présentaient à leur vue dans le monde et sur la terre, ils les voyaient, il est vrai, mais leur pensée se portait sur les Célestes et les Divins qu’elles signifiaient ou représentaient ; leur vue n’était qu’une sorte d’instrument ; de là la nature de leur langage. Tout homme, d’après sa propre expérience, peut savoir comment il en était ainsi ; en effet, quiconque porte toute son attention sur le sens des mots de celui qui parle, entend les mots, il est vrai, mais c’est comme s’il ne les entendait pas, il en saisit seulement le sens ; et celui qui pense plus profondément ne fait pas même attention au sens des mots, mais il s’attache à saisir ce qu’il y a de plus universel dans le sens. Ces postérités, dont il s’agit maintenant, ne ressemblaient plus à leurs pères ; comme elles aimaient les choses terrestres et mondaines, quand elles les voyaient, elles y attachaient leur mental et pensaient à elles, et d’après elles aux choses Célestes et Divines ; c’est ainsi que pour ces hommes, le sensuel commença à être le principal, et non l’instrumental, comme il avait été pour leurs pères ; et, lorsque le mondain et le terrestre deviennent le principal, on raisonne d’après eux sur les choses célestes, et l’on s’aveugle. Chacun encore, d’après sa propre expérience, peut savoir comment il en est ainsi ; en effet, quiconque, au lieu de faire attention au sens des mots de celui qui parle, ne s’attache qu’aux mots, saisit peu de chose du sens, moins encore de l’universel du sens, et juge quelquefois, d’après un seul mot, et même d’après un seul point grammatical, de tout ce que dit celui qui parle.
242. Vers. 14. Et Jéhovah Dieu dit au serpent : Parce que lu as fait cela, maudit, toi, (tu seras) plus que toute bête, et plus que toute bête sauvage (fera) du champ ; sur ton ventre tu marcheras, et poussière tu mangeras tous les jours de ta vie. – Jéhovah Dieu dit au serpent, signifie qu’ils perçurent qu’il s’agissait de leur sensuel ; le serpent maudit plus que toute bête, et plus que toute bête sauvage (fera) du champ, signifie que le sensuel se détourna du céleste et se tourna vers le corporel, et qu’ainsi il se maudit lui-même : la bête (bestia) et la bête sauvage (fera) du champ signifient ici comme ci-dessus les affections : le serpent qui marchera sur le ventre signifie que le sensuel ne pourrait plus regarder en haut vers les célestes, mais tournerait ses regards en bas vers les corporels et vers les terrestres : manger de la poussière tous les jours de sa vie signifie que le sensuel devint tel qu’il ne pouvait plus vivre que de choses corporelles et terrestres, qu’ainsi il devint infernal.
243. Dans le très-ancien homme céleste, les Sensuels du corps étaient tels qu’ils obéissaient et étaient soumis à leur homme interne ; c’était là toute leur occupation ; mais après que les hommes eurent commencé à s’aimer, ils préférèrent les sensuels à l’homme interne ; en conséquence, les sensuels furent séparés, et ils devinrent corporels, et ainsi damnés.
244. Jéhovah Dieu dit au serpent, signifie qu’ils perçurent qu’il s’agissait de leur sensuel : cela a été précédemment montré, il est donc inutile de s’y arrêter.
245. Il dit au serpent : Maudit, toi, tu seras, plus que toute bête, et plus que toute bête sauvage (fera) du champ, signifie que le sensuel se détourna du céleste et se tourna vers le corporel, et qu’ainsi il se damna ou se maudit lui-même : on peut suffisamment le voir par le sens interne de la Parole. Jamais Jéhovah Dieu, ou le Seigneur, ne maudit qui que ce soit, ne se fâche contre personne, n’induit personne en tentation, ne punit ni à plus forte raison ne maudit personne ; mais c’est la tourbe diabolique qui fait de telles choses ; rien de semblable ne peut jamais provenir de la source de Miséricorde, de Paix et de Bonté. S’il est dit ici, et çà et là dans la Parole, que Jéhovah Dieu non-seulement détourne ses faces, se met en colère, punit, tente, mais encore tue et même maudit, c’est pour que l’on croie que le Seigneur gouverne et ordonne tout en général et en particulier dans l’univers, même le mal, les peines, les tentations ; et qu’ensuite, après que cette idée très-commune a été reçue, on apprenne comment il gouverne et ordonne, et qu’il tourne en bien le mal de la peine et le mal de la tentation. C’est par les choses les plus communes que commence, dans la Parole, le mode d’enseigner et de s’instruire ; aussi ces choses les plus communes abondent-elles dans le sens de la lettre.
246. La Bête (Bestia) et la Bête sauvage (Fera) du champ signifient les affections : on peut le voir par ce qui a déjà été dit de la bête (bestia) et de la bête sauvage (fera), Nos 45, 46 ; m’est permis d’y ajouter ce témoignage pris dans David : « Une pluie de bienveillances tu répands, ô Dieu ! Ton héritage en souffrance, tu le fortifies : ta Bête (Fera) y habitera. » – Ps. LXVIII. 10, 11 ; – là aussi la Bête (Fera) est prise pour l’affection du bien, puisqu’elle habitera dans l’héritage de Dieu. S’il est dit ici, comme au Chapitre II. 19, 20, la bête et la bête sauvage (fera) du champ, tandis qu’au Chapitre I. 24, 25, il est dit la bête et la bête sauvage (fera) de la terre, c’est parce qu’il s’agit de l’Église ou de l’homme régénéré, tandis que dans le Chapitre premier il s’agissait de la non-Église ou de l’homme qui doit être régénéré ; car champ est un mot qui s’applique à l’Église ou au Régénéré.
247. Le serpent qui marchera sur le ventre signifie que le sensuel ne pourrait plus regarder en haut vers les célestes, comme auparavant, mais tournerait ses regards en bas vers les corporels et vers les terrestres : on le voit en ce qu’anciennement par le Ventre étaient signifiées les choses qui sont le plus près de la terre, par la Poitrine celles qui sont sur la terre, et par la Tête celles qui sont au-dessus. Ainsi, ici, le sensuel, qui en soi est ce qu’il y a de plus bas dans l’homme, s’étant tourné vers le terrestre, il est dit qu’il marchera sur le ventre. C’est aussi ce qui a été signifié dans l’Église Judaïque par le prosternement du ventre jusqu’à terre, et par de la poussière répandue sur la tête ; il en est parlé ainsi dans David : « Pourquoi caches-tu tes faces, oublies-tu notre misère et notre oppression ? car notre âme est affaissée jusqu’à la poussière, et notre Ventre est attaché à la terre ; lève-toi à notre secours, et rachète-nous à cause de ta Miséricorde. » – Ps. XLIV. 25, 26, 27 ; – là aussi, l’on voit que l’homme est attaché à la poussière et à la terre par le ventre, lorsqu’il se détourne de la face de Jéhovah. Dans Jonas aussi, par le Ventre du grand poisson, dans lequel il fut englouti, sont signifiés les inférieurs de la terre, comme on le voit par sa prophétie : « Du ventre de l’enfer j’ai crié, tu as entendu ma voix. » – Jon. II. 3 ; – là, l’enfer, c’est la terre inférieure.
248. En conséquence, lorsque l’homme regardait les célestes, on disait qu’il marchait droit et regardait en haut, ou par devant, ce qui est la même chose ; et lorsqu’il regardait les corporels et les terrestres, on disait qu’il était courbé vers la terre et regardait en bas, ou par derrière ; ainsi dans le Lévitique : « (C’est) Moi, Jéhovah votre Dieu, qui vous ai tirés de la terre d’Égypte, pour que vous ne fussiez pas leurs esclaves, et ai rompu les liens de votre joug, et vous ai fait marcher droit. » – XXVI. 13. – Dans Michée : « Vous ne retirerez point de là vos cols, et ne marcherez point droit. » – II. 3. – Dans Jérémie : « De péché Jérusalem a péché ; c’est pourquoi ils l’ont méprisée, parce qu’ils ont vu sa nudité ; aussi, elle, a-t-elle gémi, et s’est-elle retournée en arrière. D’en haut il a envoyé un feu dans mes os, et m’a fait retourner en arrière, il m’a rendue désolée. – Lament. I. 8, 13. – Dans Ésaïe : « Jéhovah, ton Rédempteur, qui fait retourner les sages en arrière, et fait que leur science devient folie. » – XLIV. 24, 25
249. Manger de la poussière tous les jours de sa vie signifie que le sensuel devint tel qu’il ne pouvait plus vivre que de choses corporelles et terrestres, qu’ainsi il devint infernal : on le voit aussi par la signification de la poussière, dans la Parole, comme dans Michée : « Pais ton peuple, comme aux jours d’éternité ; les nations verront, et elles rougiront de toute leur puissance ; elles lécheront la poussière comme le serpent, et comme les serpents de la terre, elles remueront hors de leurs clôtures. » – VII. 14, 16, 17 ; – les jours d’éternité sont pris pour la très-ancienne Église ; les nations, pour ceux qui se confient au propre, lesquels sont dits lécher la poussière comme le serpent. Dans David : « Devant Dieu se prosterneront les barbares, et ses ennemis la poussière lécheront. » – Ps. LXXII. 9 ; – les barbares et les ennemis, ce sont ceux qui regardent seulement les terrestres et les mondains. Dans Ésaïe : « Du serpent la poussière sera le pain. » – LXV. 25. – Comme la poussière signifiait ceux qui regardaient les corporels et les terrestres, et non les spirituels et les célestes, le Seigneur ordonna à ses disciples, si une ville ou une maison n’était pas digne, de secouer la poussière de leurs pieds, – Mat. X. 14. – Que la poussière signifie le damné et l’infernal, c’est ce qu’on verra avec plus de détails au Vers. 19.
250. Vers. 15. Et inimitié je mettrai entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence ; Lui te foulera la tête, et toi tu Le blesseras au talon. Personne n’ignore aujourd’hui que ce Verset est la première Prophétie sur l’avènement du Seigneur dans le monde ; c’est aussi ce qu’on voit clairement par ces paroles elles-mêmes : de là, et d’après les Prophètes, les Juifs savent aussi que le Messie doit venir. Mais personne n’a encore su ce qui, dans l’espèce, est entendu par le serpent, par la femme, par la semence du serpent, par la semence de la femme, par la tête du serpent que Lui foulera, et par le talon que le serpent doit blesser ; il faut donc l’exposer. Ici, par le Serpent, est entendu en général tout mal, et en particulier l’amour de soi ; par la Femme, l’Église ; par la Semence du serpent, toute infidélité ; par la Semence de la femme, la foi envers le Seigneur ; par Lui, le Seigneur lui-même ; par la Tête du serpent, la domination du mal en général et de l’amour de soi en particulier ; par fouler, l’abaissement pour qu’il marche sur le ventre et qu’il mange la poussière ; par le talon, le naturel infime (le plus bas), comme le corporel, que le serpent doit blesser.
251. Si par le serpent il est entendu en général tout mal et en particulier l’amour de soi, c’est parce que tout mal est issu du sensuel, puis du scientifique, qui ont d’abord été signifiés par le serpent ; c’est pour cela qu’il signifie maintenant le mal lui-même, quel qu’il soit, et en particulier l’amour de soi, ou la haine contre le prochain et le Seigneur, laquelle est la même chose que l’amour de soi. Ce mal ou cette haine étant multiple, et se divisant en plusieurs genres et en un plus grand nombre d’espèces, est distingué, dans la Parole, par des genres de serpents ; à savoir, par des couleuvres, des basilics, des aspics, des hémorrhées, des dipsades ou serpents ardents, des serpents volants et des serpents rampants, des vipères, ainsi selon les différences du venin, qui est la haine ; comme dans Ésaïe. « Ne te réjouis pas, Philistée, toi, tout entière, de ce qu’a été brisée la verge qui te frappait ; car de la racine du serpent sortira un basilic, et son fruit (sera) un serpent volant. » – XIV. 29 ; – la racine du serpent est le sensuel et le scientifique, le basilic est le mal du faux qui en provient, le serpent volant est la cupidité qui appartient à l’amour de soi. Et dans le même Prophète, il est parlé des mêmes choses autrement en ces termes : « Des œufs de Basilic ils feront éclore, et des toiles d’araignée ils tisseront ; celui qui mange de leurs œufs meurt, et lorsqu’on (les) presse, il (en) sort une Vipère. » – LIX. 5. – Ce serpent, dans l’Apocalypse, est appelé grand dragon roux, le serpent ancien, puis Diable et Satan, séduisant toute la terre. –– XII. 3, 9. XX. 2. – Ici et ailleurs, par le diable, ce n’est jamais quelque diable comme chef des autres qui est entendu, mais c’est toute la tourbe des mauvais esprits et le mal lui-même.
252. Par la Femme il est entendu l’Église : on peut le voir d’après le Mariage céleste, dont il a été parlé ci-dessus, No 155. Le Mariage céleste est tel que le Ciel et par conséquent l’Église sont unis au Seigneur par le Propre, de telle sorte que le mariage a lieu dans le propre, car sans le propre il ne peut y avoir union ; quand le Seigneur par sa Miséricorde insinue dans ce propre l’Innocence, la Paix, le Bien, il apparaît toujours comme propre, mais alors il est céleste et très-heureux, comme on l’a vu précédemment, No 164. Mais quel est le propre céleste et angélique qui vient du Seigneur, et quel est le propre infernal et diabolique qui vient de l’homme lui-même, cela ne peut pas encore être dit ; il y a entre eux la même différence qu’entre le Ciel et l’Enfer.
253. D’après le propre céleste et angélique, l’Église dans la Parole est appelée Femme, et aussi Épouse, puis Fiancée, Vierge, Fille. Elle est appelée Femme dans l’Apocalypse : « Une Femme entourée du soleil, (ayant) sous ses pieds la lune, et sur sa tête une couronne de douze étoiles. Le dragon poursuivit la femme qui avait enfanté un mâle. » – XII. 1, 4, 5, 13 ; – là, par la Femme il est entendu l’Église, par le soleil l’amour, par la lune la foi, par les étoiles comme précédemment les vérités de la foi, que les mauvais esprits ont en haine et poursuivent par tous les moyens. Elle est appelée Femme et aussi Épouse dans Ésaïe : « Parce que ton Mari, Celui qui t’a faite, Jéhovah Zebaoth, (est) son nom, et ton Rédempteur, le Saint d’Israël, Dieu de toute la terre s’appelle ; car, comme une Femme abandonnée et affligée d’esprit, Jéhovah t’a appelée, et (comme) une Épouse des adolescences. » – LIV. 5, 6 ; – là, le Mari, Celui qui l’a faite, au pluriel en quelque sorte, parce qu’il y a en même temps le propre ; la Femme abandonnée et l’Épouse des adolescences, c’est spécialement l’ancienne et la très-ancienne Église. Pareillement dans Malachie : « Jéhovah s’est porté témoin entre toi et l’Épouse de tes adolescences. » – II. 14. – Elle est appelée Épouse et Fiancée, dans l’Apocalypse : « Je vis la Ville Sainte, la Nouvelle Jérusalem descendant de Dieu, par le Ciel, préparée comme une Fiancée ornée pour son Mari. Viens, je te montrerai la Fiancée, de l’Agneau l’Épouse. » – XXI. 2, 9. – Elle est fréquemment nommée, dans les Prophètes, Vierge et Fille.
254. Par la Semence du serpent, il est entendu toute infidélité : on le voit par la signification du serpent, en ce qu’il est tout mal ; la semence est ce qui produit et est produit, ou ce qui engendre et est engendre ; et comme il s’agit ici de l’Église, c’est l’infidélité ; elle est appelée, dans Ésaïe, Semence de méchants, semence d’adultère, semence de mensonge, lorsqu’il s’agit de l’Église Judaïque pervertie : « Malheur à la nation pécheresse, au peuple chargé d’iniquité, à la semence de méchants, aux fils corrupteurs, qui ont abandonné Jéhovah, ont provoqué le Saint d’Israël, se sont retournés en arrière. » – I. 4. – Puis : « Approchez ici, fils de la devineresse, semence d’adultère ; n’êtes-vous pas nés de la prévarication, semence de mensonge ? » – LVII. 3, 4. – Et : « Tu as été jeté hors de ton sépulcre comme un rejeton abominable, car ta terre tu as corrompu, ton peuple tu as tué ; elle ne sera point appelée à éternité la semence des méchants. » – XIV. 19, 20 ; – là, il s’agit du serpent ou dragon qui y est appelé Lucifer.
255. Par la Semence de la femme, il est entendu la foi envers le Seigneur : on le voit par la signification de la Femme, qui est l’Église ; sa semence n’est autre chose que la foi ; c’est d’après la foi envers le Seigneur qu’elle existe et qu’elle est nommée Église. Dans Malachie, la Foi est appelée Semence de Dieu : « Jéhovah s’est porté témoin entre toi et l’Épouse de tes adolescences, et pas un n’a fait (cela) ; et le reste, en qui (il y a) esprit, eh quoi ! en est-il un seul qui cherche la semence de Dieu ? Mais soyez attentifs en votre esprit, de peur qu’on n’agisse perfidement contre l’épouse de tes adolescences. » – II. 14, 15 ; – là, l’épouse des adolescences, c’est l’ancienne et la très-ancienne Église, de la semence ou de la foi de laquelle il s’agit. Dans Ésaïe : « Je répandrai des eaux sur l’altéré, et des ruisseaux sur l’aride ; je répandrai mon esprit sur ta semence et ma bénédiction sur ceux issus de toi. » – XLIV. 3 ; – là aussi, il s’agit de l’Église. Dans l’Apocalypse : « Le dragon s’irrita contre la femme, et s’en alla faire la guerre aux restes de sa semence, qui gardaient les commandements de Dieu, et ont le témoignage de Jésus-Christ. » – XII. 17. – Et dans David : « J’ai traité alliance avec Mon Élu ; j’ai juré à David, mon serviteur : Jusqu’à éternité j’affermirai ta semence ; et j’établirai à perpétuité Sa Semence ; et Son Trône comme les jours des Cieux : Sa Semence à éternité sera, et Son Trône comme le Soleil devant Moi. » – Ps. LXXXIX. 4, 5, 30, 37 ; – là, par David est entendu le Seigneur, par le Trône son Règne, par le Soleil l’Amour, par la Semence la Foi.
256. Non-seulement la Foi est appelée la semence de la femme, mais le Seigneur Lui-Même est aussi nommé Semence de la femme, tant parce que Seul il donne la foi, et est ainsi la Foi, que parce qu’il Lui a plu de naître, et même dans une Église qui était entièrement tombée, par l’amour de soi et du monde, dans un propre infernal et diabolique, pour unir par sa Divine Puissance le Propre Divin Céleste au propre humain dans Son Humaine Essence, afin qu’en Lui ils ne fissent qu’un ; sans cette union, le Monde eût péri entièrement. Comme le Seigneur est ainsi la Semence de la Femme, il est dit : Lui (te foulera la tête), et non pas elle (la semence).
257. Par la Tête du serpent, il est entendu la domination du mal en général et de l’amour de soi en particulier : on peut le voir par la nature de cet amour, qui est telle que non-seulement il recherche la domination, mais veut la domination sur toutes les choses de la terre ; et, non content de cela, il la veut sur toutes les choses du Ciel ; ce n’est pas encore assez pour lui, il la veut sur le Seigneur, et même cela ne lui suffirait point ; voilà ce qui est caché dans chaque étincelle de l’Amour de soi ; pour peu qu’on le favorise, et si on lui lâchait les rênes, on le verrait s’élancer et s’accroître jusqu’à ce point : par là on voit comment le serpent, ou le mal de l’Amour de soi, veut dominer, et comment il hait celui sur lequel il ne peut dominer ; c’est là la Tête du serpent qui se dresse, et que le Seigneur foule aux pieds, et abaisse même jusqu’à terre, pour qu’il marche sur le ventre et mange la poussière, comme il est dit au Verset précédent. Ainsi est décrit le serpent, ou le dragon, qui est appelé Lucifer, dans Ésaïe : « Lucifer, tu as dit dans ton cœur : Aux cieux je monterai, par-dessus les étoiles de Dieu j’élèverai mon trône, et je m’assiérai en la montagne de convention aux côtés du Septentrion, je monterai sur les hauts lieux de la nuée, pareil je deviendrai au Très-Haut ; cependant dans l’enfer tu seras précipité, vers les côtés de la fosse. » – XIV. 13, 14, 15. – Le serpent ou dragon est aussi décrit dans l’Apocalypse : « Un dragon grand, roux, ayant sept Têtes et dix cornes, et sur ses Têtes beaucoup de diadèmes ; mais il fut précipité en la terre. » – XII. 3, 9 ; – là il est montré combien il dresse la tête. Dans David : « Jéhovah a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis en marchepied pour tes pieds. Jéhovah enverra de Zion le sceptre de ta force, il jugera les nations, il a rempli (tout) de cadavres ; il a écrasé la tête (le chef) sur beaucoup de terre, (qui) du torrent dans le chemin boira, c’est pourquoi il élèvera la tête. » – Ps. CX. 1, 2, 6, 7.
258. Par fouler aux pieds ou écraser il est entendu l’abaissement pour qu’il marche sur le ventre et mange la poussière : on le voit maintenant, et d’après le Verset précédent ; pareillement aussi dans Ésaïe : « Jéhovah a abaissé ceux qui habitaient haut ; la ville superbe, il l’humiliera jusqu’à terre, il l’abaissera jusqu’à la poussière ; le pied la foulera. » – XXVI. 5, 6. – Puis : « Il abattra à terre avec la main ; aux pieds sera foulé la couronne de fierté. » – XXVIII. 2-3.
259. Que par le Talon soit entendu le naturel infime ou le corporel, on ne peut le comprendre, à moins qu’on ne sache comment les très-anciens considéraient les choses qui sont dans l’homme : ils rapportaient ses Célestes et ses Spirituels à la Tête et à la Face ; ce qui en dépendait, comme la Charité et la Miséricorde, à la Poitrine ; les Naturels, au Pied ; les naturels inférieurs, à la Plante ; les naturels infimes et les corporels, au Talon ; et non-seulement ils les rapportaient à ces parties, mais il les nommaient même ainsi. Les infimes de la raison ou les scientifiques ont aussi été entendus par ce que Jacob a prophétisé sur Dan : « Dan sera un serpent sur le chemin, un aspic sur le sentier, mordant les talons du cheval, et son cavalier tombe à la renverse. » – Genèse 49. 17 ; – et par ce qui est dit dans David : « L’iniquité de mes talons m’a environné. » – Ps. XLIX. 6 ; – pareillement par ce qui est dit de Jacob, qu’en sortant, sa main saisit le talon d’Ésaü, et que c’est de là qu’il fut nommé Jacob, – Genèse XXV. 26 ; – le nom de Jacob vient du mot talon, parce que l’Église Judaïque, signifiée par Jacob, devait blesser le talon. Le serpent peut seulement blesser les naturels infimes, mais il ne peut, à moins que ce ne soit une espèce de Vipère, blesser dans l’homme les naturels intérieurs, encore moins les spirituels, et nullement les célestes ; le Seigneur les préserve et les cache à l’insu de l’homme ; les choses que le Seigneur cache sont nommées, dans la Parole, restes (reliquiæ). Dans la suite, par la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera dit comment, par le sensuel et par l’amour de soi, le serpent détruisit ces infimes chez les Antédiluviens ; comment il les détruisit, chez les Juifs, par les sensuels, les traditions et les minuties, et par l’amour de soi et du monde ; et comment aujourd’hui il les détruit et les a détruits par les sensuels, les scientifiques et les philosophiques, et en même temps par ces mêmes amours.
260. D’après ce qui précède, on voit qu’il fut révélé à l’Église de ce temps-là que le Seigneur viendrait dans le monde pour sauver les hommes.
261. Vers. 16. Et à la femme il dit : Multipliant je multiplierai ta douleur et ta conception ; avec douleur tu enfanteras des fils, et à ton mari ton obéissance, et lui dominera sur toi. Par la femme maintenant est signifiée l’Église, d’après le propre qu’elle aima ; par multipliant multiplier la douleur est signifié le combat, et d’après le combat, l’anxiété : par la conception, toute pensée : par les fils qu’elle enfantera avec douleur, les vrais qu’elle doit ainsi produire : par le mari, ici comme précédemment, le Rationnel auquel elle doit obéir et qui dominera.
262. Par la Femme est signifiée l’Église : cela a été dit précédemment ; ici, c’est l’Église pervertie, d’après le propre, qui précédemment a été signifié par la femme, parce qu’il s’agit de la postérité de la très-ancienne Église, qui s’était pervertie.
263. Lors donc que le sensuel se détourne ou se maudit, il s’ensuit que les mauvais esprits commencent à combattre avec vigueur, et les anges, qui sont chez l’homme, à faiblir ; aussi le combat est-il décrit par multipliant multiplier la douleur quant à la conception et quant à l’enfantement des fils, c’est-à-dire, quant aux pensées et aux productions du vrai.
264. Que la conception et l’enfantement des fils ne soient jamais pris, dans la Parole, autrement que dans le sens spirituel, à savoir, la conception pour la pensée et l’œuvre du cœur, et les fils pour les vrais, on peut le voir par ces passages-dans Hosée : « (Quant à) Éphraïm, comme l’oiseau s’envolera leur gloire, dès l’enfantement, et dès l’utérus, et dès la conception ; quand même ils élèveraient leurs fils, encore les en priverai-je en sorte qu’ils ne deviennent point homme ; et même, malheur à eux, de ce que je me serai retiré d’eux ! » – IX. 11, 12 ; – là, Éphraïm signifie les intelligents ou l’intelligence du vrai, et les fils les vrais eux-mêmes. Pareillement ailleurs il est dit d’Éphraïm ou de l’intelligent qui est devenu insensé : « Les douleurs de celle qui enfante sont venues sur lui ; c’est un fils non sage, parce qu’à temps il ne se tiendra point sur la brèche de la matrice des fils. » – XIII. 13. – Et dans Ésaïe : « Rougis, Sidon ; car elle a dit, la mer, la forteresse de la mer, disant : Je n’ai point été en travail d’enfant, je n’ai point enfanté ; et je n’ai point élevé de jeunes gens, ni fait croître de jeunes filles : lorsque le bruit (en sera parvenu) en Égypte, on sera dans la douleur de l’enfantement, en raison de la renommée de Tyr. » – XXIII. 4, 5 ; – là, Sidon est prise pour ceux qui ont été dans les connaissances de la foi et qui les ont perdues par les scientifiques, et sont par suite devenus stériles. Et dans le même Prophète : « Avant d’être en travail d’enfant elle a enfanté, et avant que la douleur lui vînt, elle est accouchée d’un mâle. Qui a entendu une telle chose ? Qui a vu rien de semblable ? Est-ce que la terre produit en un seul jour ? Et ne ferai-je pas enfanter ? a dit Jéhovah ; Moi qui fais enfanter, fermerai-je (l’utérus) ? a dit ton Dieu. » – LXVI. 7, 8, 9 ; – là, il s’agit de la régénération, et par les fils sont pareillement signifiés les vrais de la foi. Les Biens et les Vrais, parce qu’ils sont des conceptions et des enfantements du mariage céleste, sont nommés fils, même par le Seigneur, dans Matthieu : « Celui qui sème la bonne semence est le Fils de l’Homme ; le champ, c’est le monde ; mais la semence, ce sont les fils du Royaume. » – XIII. 37, 38. – Les Biens et les Vrais de la foi salvifique sont aussi nommés « fils d’Abraham », – Jean VIII. 39 ; – car la semence, comme il a été dit, No 255, c’est la Foi ; par conséquent, les fils, qui sont le produit de la semence, sont les biens et les vrais de la foi : dé là aussi le Seigneur, parce qu’il est Lui-même la semence, S’est nommé le Fils de l’homme, c’est-à-dire, la Foi de l’Église.
265. Par le mari est signifié le Rationnel : on le voit par le Verset 6 de ce Chapitre, où il est dit : La Femme (en) donna à son Mari (qui était) avec elle et il (en) mangea, ce qui a signifié que le Rationnel donna son acquiescement ; et par ce qui a été montré sur le Mari, No 158, où par lui il a été entendu le sage et l’intelligent ; mais ici, comme la sagesse et l’intelligence ont été perdues par l’action d’avoir mangé de l’arbre de la science, il est entendu le Rationnel, parce qu’il n’était pas resté autre chose, car le rationnel est un émule de l’intelligence ou lui est en quelque sorte semblable.
266. Comme toute Loi et tout Précepte existe d’après le céleste et le spirituel, comme d’après son vrai principe, il s’ensuit qu’il en est aussi de même de cette Loi qui est celle des Mariages, à savoir que l’Épouse, par ce motif qu’elle agit d’après la cupidité qui appartient au propre, et non de même d’après la raison, ainsi qu’agit le Mari, doit être soumise à la prudence du Mari.
267. Vers. 17. Et à l’homme il dit : Parce que tu as écouté la voix de ton épouse, et que tu as mangé de l’arbre, duquel je t’ai commandé, disant : Tu n’en mangeras point, maudit (sera) l’humus à cause de toi ; en grande douleur tu en mangeras tous les jours de ta vie. Par l’homme, en ce qu’il a écouté la voix de son épouse, il est signifié le Mari ou le Rationnel, en ce qu’il a donné son acquiescement ; et parce que le rationnel a consenti, il s’est aussi détourné ou s’est maudit, et par cette raison, l’homme externe tout entier ; c’est ce qui est signifié par maudit sera l’humus à cause de toi ; l’état misérable de sa vie est signifié en ce qu’il doit en manger en grande douleur ; et même jusqu’à la fin de cette Église, ce qui est tous les jours de sa vie.
268. L’humus signifie l’homme externe : on peut le voir d’après ce qui a déjà été dit de la terre, et de l’humus, et du champ. Quand l’homme a été régénéré, il n’est plus nommé terre, mais humus, parce qu’en lui ont été implantées des semences célestes ; il est aussi comparé à l’humus, et nommé humus çà et là dans la Parole ; c’est dans l’homme Externe, ou dans son affectif et sa mémoire, que sont implantées les semences du bien et du vrai, et non dans l’homme Interne, parce que dans l’Interne il n’y a aucun propre de l’homme ; les propres sont dans l’Externe. Dans l’Interne sont les biens et les vrais, et quand les biens et les vrais semblent n’être plus présents, alors l’homme est externe ou corporel ; bien qu’ils aient été renfermés par le Seigneur dans l’Interne, l’homme n’en sait rien, car ils ne paraissent pas, sinon quand l’Externe meurt, pour ainsi dire, comme il arrive souvent dans les tentations, les infortunes, les maladies et au moment de la mort. Le Rationnel appartient aussi à l’homme Externe, No 118, parce qu’en soi il forme un certain medium entre l’interne et l’Externe, car l’Interne, au moyen du rationnel, opère dans l’Externe corporel ; mais quand le rationnel donne son acquiescement, il sépare alors l’Externe de l’Interne, de sorte qu’on ne sait plus que l’homme Interne existe, ni par conséquent ce que c’est que l’Intelligence et la Sagesse qui appartiennent à l’Interne.
269. Que Jéhovah Dieu ou le Seigneur n’ait pas maudit l’humus ou l’homme Externe, mais que l’homme Externe se soit détourné ou séparé de l’Interne, et qu’ainsi il se soit maudit lui-même, on le voit d’après ce qui a été montré précédemment, No 245.
270. Manger de l’humus en grande douleur signifie un état misérable de la vie : on le voit par ce qui précède et par ce qui suit, outre que manger, dans le sens interne, c’est vivre ; puis aussi, en ce qu’une telle vie en est la suite, quand les mauvais esprits commencent à combattre, et les anges qui sont chez l’homme à faiblir ; et davantage ensuite, quand les mauvais esprits commencent à dominer ; alors les mauvais esprits gouvernent son homme Externe, et les anges son homme Interne, dont il reste si peu, qu’à peine les anges peuvent trouver de quoi le défendre ; de là la misère et l’anxiété. Si les hommes morts sentent rarement une telle misère et une telle anxiété, c’est parce qu’ils ne sont plus hommes, bien qu’ils se croient hommes de préférence aux autres ; car, de même que la brute, ils ne savent ce que c’est que le spirituel et le céleste, ni ce que c’est que la vie éternelle ; comme elle, ils portent leurs regards en bas vers les choses terrestres, ou au dehors vers les choses mondaines, pourvu qu’elles favorisent leur propre et satisfassent leurs penchants et leurs sens, leur rationnel y donnant son plein assentiment ; et comme ils sont morts, ils ne soutiendraient aucun combat ou tentation ; s’il en survenait une, elle serait trop grave pour qu’ils pussent vivre, et ainsi ils se maudiraient encore plus et se précipiteraient dans une damnation encore plus profondément infernale ; c’est pourquoi ils sont épargnés jusqu’à ce qu’ils soient passés dans l’autre vie, où aucune tentation ni aucune misère ne peuvent les faire mourir ; alors ils en éprouvent de très-graves, qui sont semblablement signifiées par ces mots : Maudit sera l’humus, et tu en mangeras en grande douleur.
271. Que les jours de la vie signifient la fin des jours de l’Église, c’est ce qui résulte évidemment de ce qu’ici il s’agit, non d’un homme en particulier, mais de l’Église et de son état ; la fin des jours de l’Église était le temps du déluge.
272. Vers. 18. Et épine et chardon il te produira, et tu mangeras l’herbe du champ. – Par l’épine et le chardon, il est entendu la malédiction et la vastation : manger l’herbe du champ signifie vivre comme une bête.
L’homme vit comme une bête lorsque l’interne est séparé de l’Externe, de sorte qu’il n’opère en lui que de la manière la plus commune ; car si l’homme est homme, il tient cela du Seigneur par son homme Interne ; mais si l’homme est une bête, il tient cela de l’Externe, qui, séparé de l’Interne, n’est autre chose qu’une bête ; il y a en lui une semblable nature, de semblables cupidités, de semblables appétits, de semblables fantaisies et de semblables sensations ; les organes aussi sont semblables : si cependant il peut raisonner, et comme il lui semble, avec adresse, il tient cela de la substance spirituelle par laquelle peut influer la vie du Seigneur ; mais elle est pervertie chez un tel homme et se change en vie du mal, ce qui est la mort ; de là il est appelé mort.
273. L’épine et le chardon signifient la malédiction et la vastation : on le voit en ce que la moisson et l’arbre fruitier signifient l’opposé, à savoir, les bénédictions et les multiplications. Que l’épine, le chardon, la ronce, le buisson épineux, l’ortie, aient de telles significations, on le voit d’après la Parole ; par exemple, dans Hosée : « Voici, ils s’en sont allés à cause de la dévastation ; l’Égypte les rassemblera, Moph les ensevelira ; le désirable de leur argent, le chardon le possédera ; l’ortie héritera d’eux, le buisson épineux (sera) dans leurs tentes. » – IX. 6. – Là, l’Égypte et Moph sont pris pour ceux qui veulent s’instruire des choses divines par eux-mêmes et par leurs scientifiques. Dans le même Prophète : « Détruits seront les hauts lieux d’Aven, le péché d’Israël ; l’Épine et le Chardon monteront sur leurs autels. » – X. 8. – Là, les hauts lieux d’Aven sont pour l’amour de soi ; l’épine et le chardon sur les autels, pour la profanation. Dans Ésaïe : « Sur les mamelles ils se frappent à cause des champs de désir, à cause du cep fertile ; sur l’humus de mon peuple la ronce épineuse montera. » – XXXII. 12, 13. – Et dans Ézéchiel : « Elle ne sera plus pour la maison d’Israël une ronce piquante, ni une épine douloureuse, de tous leurs environs. » – XXVIII. 24.
274. Manger l’herbe du champ ou la pâture champêtre, c’est vivre comme une bête : on le voit dans Daniel, lorsqu’il s’agit de Nébuchadnessar : « D’entre les hommes ils te chasseront, et avec la bête du champ (sera) ton habitation ; l’herbe comme les bœufs ils te feront manger, et sept temps passeront sur toi. » – IV. 25. – Et dans Ésaïe : « N’as-tu pas ouï dire que depuis longtemps j’ai fait cela, et que depuis les jours d’antiquité je l’ai formé ; maintenant je l’ai amené, et ce sera pour dévaster en monceaux les forteresses, les villes munies ; et leurs habitants, de main courte, ont été consternés et couverts de honte ; ils sont devenus herbe du champ et herbe potagère, gazon des toits et récolte desséchée avant la moisson. » – XXXVII. 26, 27 ; – on voit ici ce que signifient l’herbe du champ, l’herbe potagère, le gazon des toits et la récolte desséchée ; car il s’agit ici des temps antédiluviens, ce qui est entendu par depuis longtemps et par les jours d’antiquité.
275. Vers. 19. À la sueur de ton visage tu mangeras le pain, jusqu’à ce que tu retournes à l’humus, parce que de lui tu as été pris ; parce que poussière, toi, (tu es), et en poussière tu retourneras. – Par manger le pain à la sueur du visage, il est signifié avoir en aversion ce qui est céleste : retourner à l’humus d’où il a été pris, c’est retourner à l’homme externe tel qu’il fut avant sa régénération : être poussière et retourner en poussière, c’est être damné et infernal.
276. Manger le pain à la sueur du visage signifie avoir en aversion ce qui est céleste : on peut le voir par la signification du Pain ; par Pain, il est entendu tout ce qui est spirituel et céleste, c’est-à-dire, la nourriture angélique, sans laquelle l’ange ne pourrait pas plus vivre que l’homme qui serait privé de pain ou de nourriture. Le céleste et le spirituel dans le ciel correspondent aussi au pain sur les terres ; et même ils sont représentés par le pain, comme on le voit par beaucoup de passages : que le Seigneur soit le Pain, parce que de Lui vient tout ce qui est Céleste et Spirituel, Lui-Même l’enseigne dans Jean : « C’est ici le Pain qui du Ciel est descendu ; celui qui mangera ce pain vivra éternellement. » – VI. 58. – C’est pour cela aussi que le Pain et le Vin sont des Symboles dans la Sainte Cène ; ce céleste a aussi été représenté par la Manne. Que le Céleste et le Spirituel soient la nourriture angélique, on le voit aussi par les paroles du Seigneur : « Non pas de pain seul vivra l’homme, mais de toute Parole sortant de la bouche de Dieu. » – Matth. IV. 4, – c’est-à-dire, de la vie du Seigneur, de laquelle émane tout ce qui est céleste et spirituel. La dernière Postérité de la Très-Ancienne Église, qui précéda immédiatement le déluge, et dont il s’agit ici, était tellement corrompue et plongée dans les sensuels et les corporels, que ces hommes ne voulaient pas entendre ce que c’était que la vérité de la foi, ce que c’était que le Seigneur, ni qu’il devait venir et les sauver ; et lorsqu’on parlait de telles choses, ils les avaient en aversion ; cette aversion est décrite par manger le pain à la sueur du visage. Il en fut de même des Juifs, qui, parce qu’ils étaient tels qu’ils ne reconnaissaient pas les célestes, et ne voulaient d’autre Messie qu’un Messie mondain, ne purent s’empêcher d’avoir en aversion la manne, parce qu’elle était la représentation du Seigneur, et de la nommer pain méprisable ; c’est pourquoi des serpents furent envoyés contre eux, – Nomb. XXI. 5, 6. – De plus, les célestes qui leur causaient des angoisses, de la misère, des larmes, étaient appelés pain d’angoisse, pain de misère, pain de larmes ; ceux qui leur causaient de l’aversion sont nommés ici pain de la sueur du visage.
277. Tel est le sens interne. Celui qui presse la lettre n’y voit rien autre chose, sinon que l’homme devait tirer son pain de l’humus par le travail ou la sueur du visage ; mais ici par homme il n’est pas entendu un seul homme, mais la Très-Ancienne Église ; ni par l’humus, de l’humus ; ni par le pain, du pain ; ni par le jardin, un jardin ; mais des choses qui sont les célestes et les spirituels, comme il a été suffisamment montré.
278. Retourner à l’humus d’où il a été pris, signifie que l’Église retournerait à l’homme Externe, tel qu’il fut avant la Régénération : on le voit en ce que l’humus signifie l’homme Externe, comme il a été dit précédemment. Et que la poussière signifie le damné et l’infernal, on le voit aussi d’après ce qui a été dit du serpent, de qui, parce qu’il fut maudit, il est dit qu’il mangerait la poussière ; outre ce qui a été montré là sur la signification de la poussière, il convient d’ajouter ce qui est dit dans David : « Devant Jéhovah se courberont tous ceux qui descendent dans la poussière, et celui dont il n’a pas vivifié l’âme. » – Ps. XXII. 30. – Et ailleurs : « Caches-tu tes faces ? ils sont troublés. Retires-tu leur souffle ? ils expirent et ils retournent en leur poussière. » – Ps. CIV. 29 ; – ce qui signifie que ceux qui se détournent de la face du Seigneur expirent ou meurent, et ainsi retournent à la poussière, c’est-à-dire, deviennent damnés et infernaux.
279. Tous ces Versets en série renferment donc : que le sensuel se détourne du céleste, Vers. 14 ; que le Seigneur viendra dans le monde pour l’unir à Lui, Vers. 15 ; que l’homme Externe s’étant détourné, il y a eu combat, Vers. 16 ; puis misère, Vers. 17 ; puis damnation, Vers. 18 ; et enfin l’enfer, Vers. 19. Ces choses se sont succédé dans cette Église depuis sa quatrième Postérité jusqu’au déluge.
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20. Et l’homme appela le nom de son Épouse Chavah, parce qu’elle sera Mère de tous vivants.
21. Et JÉHOVAH DIEU fit à l’homme et à son épouse des tuniques de peau, et les (en) revêtit.
22. Et JÉHOVAH DIEU dit : Voici, l’homme a été, comme l’un de nous, à savoir le bien et le mal ; et maintenant peut-être étendrait-il sa main, et prendrait aussi de l’arbre de vies, pour (en) manger et vivre à éternité.
23. Et JÉHOVAH DIEU le renvoya du jardin d’Éden, pour cultiver l’humus d’où il avait été tiré.
24. Et il chassa l’homme, et il fit habiter du côté de l’Orient, vers le jardin d’Éden, les Chérubins et la flamme du glaive qui se tourne, pour garder le chemin de l’arbre de vies.
CONTENU.
280. Il s’agit ici sommairement de la Très-Ancienne Église, et de ceux qui rétrogradèrent, et par conséquent de sa Postérité, jusqu’au déluge, quand elle expira.
281. De la Très-Ancienne Église elle-même, qui était céleste, et de la vie de la foi envers le Seigneur, appelée Chavah et Mère de tous vivants. Vers. 20.
282. De sa Première postérité, dans laquelle était le Bien Céleste-Spirituel, et de la Seconde et de la Troisième, dans lesquelles était le Bien naturel, ce qui est signifié par la tunique de peau que Jéhovah Dieu fit à l’homme et à son épouse. Vers. 21.
283. De la Quatrième postérité, chez laquelle le Bien naturel commença à être dissipé : Ceux-ci, s’ils eussent été créés de nouveau ou instruits dans les célestes de la foi, auraient péri, ce qui est signifié par peut-être étendrait-il sa main, et prendrait aussi de l’arbre de vies, et vivrait à éternité. Vers. 22.
284. De la Cinquième postérité : Ils furent privés de tout bien et de tout vrai, et réduits à l’état où ils avaient été avant la régénération, ce qui est signifié par être renvoyé du jardin d’Éden, pour cultiver l’humus d’où il avait été tiré. Vers. 23.
285. De la Sixième et de la Septième postérité : Ils furent privés de la science du bien et du vrai, et abandonnés à leurs affreux amours et à leurs persuasions funestes, et il fut ainsi pourvu à ce qu’ils ne profanassent pas les choses saintes de la foi, ce qui est signifié par être chassés, et faire habiter les Chérubins avec la flamme du glaive pour garder le chemin de l’arbre de vies. Vers. 24.
SENS INTERNE.
286. Dans ce qui précède, il a jusqu’ici été question des Très-Anciens, en ce qu’ils furent régénérés ; d’abord, de ceux qui vécurent comme des bêtes et enfin devinrent hommes spirituels ; puis de ceux qui, étant devenus hommes célestes, constituèrent la Très-Ancienne Église ; ensuite de ces hommes et de leurs descendants qui rétrogradèrent, et, par ordre, de la Première postérité, de la Seconde, de la Troisième, et enfin des suivantes jusqu’au Déluge. Dans les Versets qui suivent jusqu’à la fin de ce Chapitre, il y a une Récapitulation, à partir de l’Homme de la Très-Ancienne Église jusqu’au Déluge ; ainsi c’est un sommaire de tout ce qui précède.
287. Vers. 20. Et l’homme appela le nom de son Épouse Chavah, parce qu’elle sera Mère de tous vivants. – Par homme il est entendu ici l’homme (vir) de la Très-Ancienne Église, ou l’homme céleste ; par l’épouse et la mère de tous vivants, l’Église : elle est dite Mère, parce que c’est la Première Église ; de vivants, d’après la foi envers le Seigneur Qui est la Vie Même.
288. Que par Homme il soit entendu l’homme (vir) de la Très-Ancienne Église, ou l’homme céleste, cela a été montré précédemment ; et même que le Seigneur Seul est Homme, que c’est de Lui que vient tout homme céleste, parce que cet homme est à Sa ressemblance. De là fut nommé homme quiconque était de l’Église, quelle que fût sa qualité, et enfin quiconque apparaît par le corps comme homme, afin de le distinguer des bêtes.
289. Que par Épouse il soit entendu l’Église, et dans le sens universel le Royaume du Seigneur dans les cieux et dans les terres, cela aussi a été montré plus haut ; d’où il suit que par Mère il est entendu la même chose. On voit communément dans la Parole que l’Église est appelée Mère ; ainsi, dans Ésaïe : « Où est la lettre de divorce de votre Mère ? » – L. 1. – Dans Jérémie : « Confuse est devenue votre Mère, de honte a été couverte Celle qui vous a engendrés. » – L. 12. – Dans Ézéchiel : « Fille de ta mère, qui a dédaigné son mari et ses fils ! votre Mère, Chitthéenne ; et votre Père, Émorréen ! » – XVI. 45. – Dans ce passage, le Mari est pris pour le Seigneur et pour tout ce qui est céleste ; les fils, pour les vrais de la foi ; Chitthéenne, pour le faux ; Émorréen, pour le mal. Dans le Même : « Ta Mère, comme une vigne à ta ressemblance près des eaux plantée, fertile en fruits et en feuillage elle fut, à cause des eaux abondantes. » – XIX. 10. – Mère est prise ici pour l’Ancienne Église. La Très-Ancienne Église principalement est dite Mère, parce qu’elle fut la Première, comme aussi la seule qui fût céleste, et c’est pour cela qu’elle fut, plus que toutes les autres, aimée du Seigneur.
290. Qu’elle soit dite mère de tous vivants, à cause de la foi envers le Seigneur Qui est la Vie Même, on peut aussi le voir d’après ce qui a été montré plus haut. Il ne peut y avoir qu’une Vie unique de laquelle émane la vie de tous, et il ne peut y avoir de vie qui soit vie si ce n’est par la foi envers le Seigneur qui est la Vie, ni de foi dans laquelle soit la Vie si ce n’est par le Seigneur Même, par conséquent dans laquelle il soit Lui-Même. C’est pourquoi, dans la Parole, le Seigneur est dit Seul Vivant, et est appelé « le VIVANT JÉHOVAH », – Jér. V. 2. XII. 16. XVI. 14, 15. XXIII. 7. Ézéch. V. 11. – « Celui qui vit éternellement », – Dan. IV. 31. Apoc. IV. 10. V. 14. Apoc. X. 6. –. Dans David : « La Source de la Vie. » – Ps. XXXVI. 10. – Dans Jérémie : « La Fontaine des eaux vives. » – XVII. 13. – Le Ciel, qui vit par le Seigneur, est appelé « la Terre des vivants », – Ésaïe XXXVIII. 11. LIII. 8. Ézéch. XXVI. 20. Ézéch. XXXII. 23, 24, 25, 26, 27, 32. Ps. XXVII. 13. Ps. LII. 7. CXLII. 6. – Ceux qui ont la foi envers le Seigneur sont aussi appelés « les Vivants », comme dans David : « Lui qui place notre âme parmi les Vivants. » – Ps. LXVI. 9. – Il est dit de ceux qui sont dans la foi qu’ils sont dans « le Livre de Vie », – Ps. LXIX. 29. – Et « dans le Livre de Vie », – Apoc. XIII. 8. XVII. 8. XX. 15. – C’est pourquoi aussi ceux qui reçoivent la foi envers le Seigneur sont dits « vivifiés », – Hosée VI. 2. Ps. LXXXV. 7. – Réciproquement, ceux qui ne sont pas dans la foi ont été appelés morts, ce qui en est une conséquence ; comme aussi dans Ésaïe : « Les morts ne vivront pas ; les Réphaïm ne se relèveront pas, parce que tu les as visités et anéantis. » – XXVI. 14 ; – ce sont ceux qui sont enflés par l’amour de soi ; se relever signifie entrer dans la Vie ; ils sont même nommés « Transpercés », – Ézéch. XXXII. 23, 24, 25, 26, 28, 29, 30, 31. – Et l’enfer est appelé « la Mort », – Ésaïe XXV. 8. XXVIII. 15. – Ils sont aussi nommés « Morts » par le Seigneur, – Matth. IV. 16. Jean V. 25. VIII. 21, 24, 51, 52.
291. Dans ce Verset est décrit le premier temps, lorsque l’Église était dans la fleur de sa jeunesse, représentant le Mariage céleste ; c’est pourquoi elle est même décrite par un Mariage, et appelée Chavah, mot dérivé de Vie.
292. Vers. 21. Et Jéhovah Dieu fit à l’homme et à son épouse des tuniques de peau, et les (en) revêtit. Ces paroles signifient que le Seigneur les prépara pour le Bien spirituel et naturel ; cette préparation est exprimée par faire et revêtir ; et le Bien spirituel et naturel, par la tunique de peau.
293. Que ce soit là la signification de ces paroles, on ne peut nullement le voir d’après la lettre ; mais il est néanmoins évident qu’elles enveloppent de profonds arcanes ; car chacun peut savoir que Jéhovah Dieu ne leur a pas fait des tuniques de peau.
294. Que la tunique de peau signifie le bien spirituel et naturel, c’est ce qui ne peut être évident que par la révélation du sens interne, et ensuite par les passages de la Parole où se rencontrent de semblables expressions. Ici, il est dit Peau en général, et il est entendu une peau de chevreau, de brebis, de bélier, lesquelles, dans la Parole, signifient les affections du bien, la charité, et ce qui appartient à la charité. Les mêmes choses sont signifiées par les brebis dans les sacrifices. Sont appelés Brebis tous ceux qui sont doués du bien de la charité, c’est-à-dire, du bien spirituel et naturel ; de là le Seigneur est nommé le Pasteur des brebis, et ceux qui sont doués de la charité sont nommés Brebis, comme chacun le sait.
295. S’ils sont dits revêtus d’une tunique de peau, c’est parce que les Très-Anciens, dans leur état d’innocence, étaient dits Nus, et qu’ensuite l’état où ils se trouvèrent, lorsque ayant perdu l’innocence, ils reconnurent qu’ils étaient dans le mal, est aussi appelé nudité ; pour que tout paraisse lié en forme d’histoire, selon la manière de parler des Très-Anciens, il est dit ici qu’ils sont revêtus, afin qu’ils ne soient pas nus ou dans le mal : qu’ils aient été dans le bien spirituel et naturel, on le voit d’après ce qui a été dit et montré sur eux, du Vers. 1 au Vers. 13 de ce Chapitre ; et maintenant en ce que Jéhovah Dieu fit des tuniques et les en revêtit ; car il s’agit ici de la première et surtout de la seconde et de la troisième postérité de l’Église, qui furent gratifiées d’un tel bien.
296. Que par les peaux de chevreaux, de brebis, de chèvres, de taissons, de béliers, soient signifiés les Biens spirituels et naturels, on peut le voir par le sens interne de la Parole, où il s’agit de Jacob et de l’Arche : au sujet de Jacob, il est dit qu’étant revêtu des habits d’Ésaü et ayant sur ses parties nues, c’est-à-dire sur ses mains et sur son cou, des peaux de chevreaux, Isaac en sentit l’odeur et dit : « L’odeur de mon fils est comme l’odeur d’un champ. » – Genèse XXVII. 22, 27 ; – lesquelles peaux signifient les biens spirituels et naturels, comme on le verra, lorsque, par la Divine Miséricorde du Seigneur, ce passage sera expliqué. Au sujet de l’Arche, il est dit que la couverture de la Tente était de peaux de béliers et de peaux de taissons, – Exod. XXVI. 14. XXXVI. 19, – et qu’Aharon et ses fils, lorsqu’ils partaient, enveloppaient l’arche d’une couverture de peaux de taissons, pareillement la table et ses vases, pareillement le chandelier et ses vases, pareillement l’autel d’or, pareillement les vases du ministère et de l’autel, – Nomb. IV. 6, 8, 10, 11, 12 ; – lesquelles peaux signifient le bien spirituel et naturel, comme on le verra aussi, lorsque, par la Divine Miséricorde du Seigneur, ces passages seront expliqués ; car tout ce qui était dans l’Arche, dans l’habitacle, dans la tente, et même tout ce qui était sur Aharon, quand il était revêtu des habits de sainteté, signifiait le céleste-spirituel, de sorte qu’il n’y avait pas un seul objet, quelque petit qu’il fût, qui ne représentât distinctement quelque chose.
297. Le Bien céleste est ce qui n’est point vêtu, car il est intime, et il est innocent ; mais le Bien céleste-spirituel est ce qui d’abord est vêtu, et le Bien naturel ce qui l’est ensuite ; car ils sont extérieurs et comparés aux vêtements ; ainsi, quand il s’agit de l’Église Ancienne, dans Ézéchiel : « Je te vêtis de broderie, je te chaussai de taisson, je te ceignis de fin lin, et te couvris de soie. » – XVI. 10. – Dans Ésaïe : « Revêts tes habits d’ornement, Jérusalem, ville de sainteté. » – LII. 1. – Dans l’Apocalypse : « Ils n’ont point souillé leurs vêtements ; et ils marcheront avec Moi en vêtements blancs, parce que dignes ils sont. » – III. 4, 5. – Il y est aussi question de vingt-quatre anciens « revêtus de vêtements blancs », – IV. 4. – Ainsi, les Biens extérieurs, qui sont les célestes-spirituels et les naturels, sont des vêtements ; c’est pour cela même que ceux qui ont été gratifiés des biens de la charité apparaissent, dans le Ciel, revêtus de vêtements éclatants ; mais ici, parce que l’homme est encore dans le corps, c’est une tunique de peau.
298. Vers. 22. Et Jéhovah Dieu dit : Voici, l’homme a été, comme l’un de nous, à savoir le bien et le mal ; et maintenant peut-être étendrait-il sa main, et prendrait aussi de l’arbre de vies pour en manger et vivre à éternité. – S’il est parlé de Jéhovah Dieu au singulier et ensuite au pluriel, c’est parce que par Jéhovah Dieu il est entendu le Seigneur et en même temps le Ciel Angélique. L’homme sachant le bien el le mal signifie qu’il est devenu Céleste, par conséquent sage et intelligent. Pourvoir à ce qu’il n’étendît la main et ne prît de l’arbre de vies signifie qu’il ne devait pas être instruit dans les mystères de la foi, qu’ainsi il ne pourrait nullement être sauvé pour l’éternité, ce qui est vivre à éternité.
299. Il y a ici deux Arcanes : Le premier, c’est que Jéhovah Dieu signifie le Seigneur et en même temps le Ciel ; le second, c’est que s’ils eussent été instruits dans les mystères de la foi, ils auraient péri pour l’éternité.
300. Quant au premier arcane, qui consiste en ce que par Jéhovah Dieu il est entendu le Seigneur et en même temps le Ciel, il faut observer que, dans la Parole, c’est toujours par une cause secrète que le Seigneur est nommé tantôt Jéhovah seulement, tantôt Jéhovah Dieu, tantôt Jéhovah et ensuite Dieu, tantôt le Seigneur Jéhovih, tantôt Dieu d’Israël, tantôt Dieu seulement, comme dans le premier Chapitre de la Genèse, où il n’est appelé que Dieu, même où il est dit, au pluriel : « Faisons l’homme à notre image » ; et ce n’est que dans le Chapitre second, où il s’agit de l’homme céleste, qu’il est nommé Jéhovah Dieu. Il est appelé Jéhovah parce que Seul il Est, ou Seul il Vit, ainsi à cause de son Essence ; Dieu, parce qu’il peut tout, ainsi à cause de sa Puissance, comme on le voit dans la Parole, où se trouvent ces distinctions, – Ésaïe XLIX. 4, 5. LV. 7. Ps. XVIII. 3, 29, 30, 32. XXXVIII. 16. – C’est pour cela qu’on appelait Dieu tout ange ou tout esprit qui parlait avec l’homme, et auquel on attribuait quelque pouvoir, comme on le voit dans David : « Dieu s’est placé dans l’assemblée de Dieu, au milieu des dieux, il jugera. » – Ps. LXXXII. 1. – Et ailleurs : « Qui dans l’Éther sera comparé à Jéhovah ? Qui sera assimilé à Jéhovah entre les fils des dieux ? » – Ps. LXXXIX. 7. – Et ailleurs : « Confessez le Dieu des dieux ; confessez le Seigneur des seigneurs. » – Ps. CXXXVI. 2, 3. – Les hommes ont même été appelés dieux, par suite de leur puissance ; par exemple, – Ps. LXXXII. 6. Jean X. 34, 35. – Moïse est dit aussi Dieu de Pharaon, – Exod. VII. 1. – C’est encore pour cela que Dieu est dit, au pluriel, Élohim : mais comme les anges, de leur propre aveu, n’ont pas le moindre pouvoir par eux-mêmes, et n’ont de puissance que par le Seigneur ; et comme il ne saurait exister qu’un seul Dieu, voilà pourquoi, dans la Parole, par Jéhovah Dieu il est entendu le Seigneur Seul. Mais, si quelque chose se fait par le ministère des anges, comme dans le Premier Chapitre de la Genèse, alors est employée la forme du pluriel. Il en est de même ici, parce que l’homme céleste n’a pu, comme homme, être comparé au Seigneur, mais pouvait être assimilé aux Anges ; c’est pourquoi il est dit que l’homme a été, comme l’un de nous, à savoir le bien et le mal, c’est-à-dire, sage et intelligent.
301. Le second arcane, c’est que s’ils eussent été instruits dans les mystères de la foi, ils auraient péri pour l’éternité, ce qui est signifié par ces paroles : Maintenant, peut-être étendrait-il sa main, et prendrait aussi de l’arbre de vies, pour (en) manger et vivre à éternité. Voici ce qui en est : Lorsque les hommes ont renversé en eux l’ordre de la vie, et ne veulent vivre et être sages que par eux-mêmes et par leur propre, ils soumettent à des raisonnements tout ce qu’ils entendent de relatif à la foi, pour savoir si cela est ainsi ou non ; et comme ils n’agissent que d’après eux-mêmes, d’après leurs sensuels et les scientifiques, ils ne peuvent que nier, et quand ils nient, ils blasphèment aussi et profanent ; enfin, ils s’inquiètent peu de mêler ce qui est profane avec ce qui est saint. Quand l’homme devient tel, alors dans l’autre vie il est tellement damné qu’il n’y a aucun espoir de salut ; car ce qui a été mêlé par des profanations reste mêlé ; s’il survient quelque idée de sainteté, aussitôt se présente l’idée profane qui y est conjointe, ce qui fait qu’il ne peut être dans une société autre que celle des damnés. Dans l’autre vie, les esprits dans le monde des esprits, et à plus forte raison les esprits angéliques, perçoivent de la manière la plus exquise tout ce qui est conjoint à l’idée de la pensée d’un autre, et cela est poussé au point que par une seule de ses idées ils savent quel il est. De telles choses profanes jointes aux choses saintes ne peuvent être dissipées, à moins que ce ne soit par des tortures infernales, et si grandes que si l’homme le savait, il se garderait de la profanation comme de l’enfer même.
302. Comme les Juifs étaient tels, ce fut pour ce motif que les mystères de la foi ne leur furent révélés nulle part ; il ne leur fut pas même dit ouvertement qu’ils vivraient après la mort, ni dit ouvertement que le Seigneur viendrait dans le monde pour les sauver ; bien plus, ils étaient et sont encore tenus dans une si grande ignorance et dans un si grand aveuglement qu’ils n’ont pas su et ne savent pas qu’il y a un homme interne, ou qu’il existe dans l’homme quelque chose d’interne ; car s’ils l’eussent su et s’ils le savaient jusqu’au point de le reconnaître, ils sont tels qu’ils le profaneraient, et qu’ainsi il n’y aurait pour eux aucun espoir de quelque salut dans l’autre vie. C’est là ce qui était entendu par le Seigneur dans Jean : « Il a aveuglé leurs yeux et a endurci leur cœur, de peur qu’ils ne voient des yeux et ne comprennent du cœur, et qu’ils ne se convertissent et que je ne les guérisse. » – XII. 40. – Et quand le Seigneur parla avec eux par paraboles, il ne leur en expliqua non plus aucune, « afin qu’en voyant ils ne vissent point, et qu’en entendant ils n’entendissent point et ne comprissent point », comme Lui-même le dit dans Matthieu, – XIII. 13. – C’est aussi pour ce motif que tous les mystères de la foi ont été cachés pour eux et mis à couvert sous les représentatifs de leur Église ; et la nature du style prophétique tient à ce même motif. Mais, autre chose est de savoir, et autre chose est de reconnaître ; celui qui sait et ne reconnaît pas, celui-là est comme s’il ne savait pas ; mais celui qui reconnaît et ensuite blasphème et profane, c’est celui-là dont le Seigneur voulait parler.
303. L’homme s’acquiert une vie par toutes les choses qu’il se persuade, c’est-à-dire qu’il reconnaît et croit ; ce qu’il ne se persuade point, ou ce qu’il ne reconnaît et ne croit point, n’affecte en rien son mental ; c’est pourquoi personne ne peut profaner les choses saintes s’il n’a été persuadé au point de reconnaître et néanmoins de nier ; ceux qui ne reconnaissent pas peuvent savoir, mais ils sont comme s’ils ne savaient pas ; ils sont comme ceux qui savent des choses qui sont de néant. Tels furent les Juifs vers l’époque de l’avènement du Seigneur ; et lorsque les hommes sont ainsi, il est dit, dans la Parole, qu’ils sont dévastés, ou qu’il n’y a plus aucune foi ; alors il n’y a pas de danger à ce que les intérieurs de la Parole leur soient ouverts, car alors ils sont comme ceux qui voient sans voir, qui entendent sans entendre, et qui ont le cœur épaissi, dont le Seigneur dit par Ésaïe : « Va, et dis à ce peuple : En entendant, entendez, mais ne comprenez point ; et en voyant, voyez, mais ne connaissez point. Engraisse le cœur de ce peuple, et appesantis ses oreilles, et enduis ses yeux, de peur qu’il ne voie de ses yeux, et que de ses oreilles il n’entende, et que son cœur ne comprenne, et qu’il ne se convertisse pour se guérir. » – VI. 9, 10 : – et que les mystères de la foi ne soient pas dévoilés avant qu’on soit devenu tel, c’est-à-dire, avant qu’on ait été dévasté au point de ne plus rien croire, afin que, comme il a été dit, on ne puisse pas profaner, le Seigneur, dans Ésaïe, le dit aussi d’une manière claire dans ce qui est à la suite : « Je dis : Jusques à quand, Seigneur ? Et il dit : Jusqu’à ce que soient désolées les villes à n’avoir aucun habitant, et les maisons à n’avoir aucun homme, et que l’humus soit réduit en désolation ; et Jéhovah éloignera l’homme. » – Ibid. Vers. 11, 12 ; – est dit homme celui qui est sage, ou qui reconnaît et croit. Tels étaient, comme il a été dit, les Juifs vers l’époque de l’avènement du Seigneur, et pour la même raison ils sont même encore tenus par les cupidités, surtout par l’avarice, dans une vastation telle que, bien qu’ils entendent des milliers de fois parler du Seigneur et des représentatifs de l’Église chez eux, en ce que dans chaque particularité ils signifient le Seigneur, néanmoins ils ne veulent rien reconnaître ni rien croire. Ce fut donc pour cette raison que les Antédiluviens furent renvoyés du jardin d’Éden, et dévastés jusqu’au point de ne pouvoir plus rien reconnaître de vrai.
304. D’après ce qui précède, on voit que ce sont là les choses qui sont entendues par ces paroles : « Que peut-être il n’étende ta main, et ne prenne de l’arbre de vies, et ne mange et ne vive éternellement. » – Prendre de l’arbre de vies et manger, c’est savoir, jusqu’au point de reconnaître tout ce qui est d’amour et de foi ; car les vies, au pluriel, sont l’amour et la foi ; manger signifie, ici comme précédemment, connaître ; vivre à éternité, ce n’est pas vivre éternellement dans le corps, mais c’est vivre après la mort dans la damnation éternelle. L’homme, qui est mort, n’est pas appelé mort parce qu’il doit mourir après la vie du corps, mais parce qu’il doit mener la vie de la mort, car la mort est la damnation et l’enfer. Par vivre il est signifié la même chose dans Ézéchiel : « Vous faites la chasse aux âmes de mon peuple, et vous faites vivre vos âmes, et vous me profanez auprès de mon peuple, en tuant des âmes qui ne mourront point, et en faisant vivre des âmes qui ne vivront point. » – XIII. 18, 19.
305. Vers. 23. Et Jéhovah Dieu le renvoya du jardin d’Éden pour cultiver l’humus d’où il avait été tiré. – Être renvoyé du jardin d’Éden, c’est être privé de toute intelligence et de toute sagesse. Cultiver l’humus d’où il avait été tiré, c’est devenir corporel, comme il avait été avant la régénération.
Être renvoyé du jardin d’Eden, c’est être privé de toute intelligence et de toute sagesse : on le voit d’après la signification du jardin et d’Éden, précédemment donnée ; car le jardin signifie l’intelligence ou l’entendement du vrai, et Éden, parce qu’il représente l’amour, signifie la sagesse ou la volonté du bien.
Cultiver l’humus d’où il avait été tiré, c’est devenir corporel, comme il avait été avant la régénération : cela a été montré précédemment, au Vers. 19, où sont les mêmes expressions.
306. Vers. 24. Et il chassa l’homme, et il fit habiter du côté de l’Orient, vers le jardin d’Éden, les Chérubins, et la flamme du glaive qui se tourne, pour garder le chemin de l’arbre de vies. – Chasser l’homme, c’est le priver entièrement de toute volonté du bien et de l’entendement du vrai, au point qu’il en soit séparé et ne soit plus homme. Faire habiter les Chérubins du côté de l’Orient, c’est pourvoir à ce qu’il ne puisse entrer dans aucun arcane de la foi ; car l’Orient, vers le jardin d’Éden, c’est le Céleste d’où procède l’intelligence : par les Chérubins est signifiée la Providence du Seigneur, pour qu’un tel homme n’entre point dans les choses qui appartiennent à la foi : par la flamme du glaive qui se tourne est signifié le propre amour avec ses folles cupidités et leurs persuasions qui sont telles qu’à la vérité il veut entrer, mais il est entraîné loin de là vers les corporels et les terrestres, et cela pour garder le chemin de l’arbre de vies, c’est-à-dire, pour qu’il ne puisse pas profaner les choses saintes.
307. Il s’agit ici de la sixième et de la septième postérité qui périrent par le déluge. Ces hommes furent entièrement chassés du jardin d’Éden, ou privés de toute intelligence du vrai ; ils devinrent comme s’ils n’étaient plus hommes, et furent abandonnés à leurs folles cupidités et à leurs vaines persuasions.
308. Ce que signifie l’Orient, et ce que signifie le jardin d’Éden, on l’a montré précédemment ; en conséquence, il est inutile de s’y arrêter. Mais que les Chérubins signifient la Providence du Seigneur pour que l’homme, d’après le propre, le sensuel et le scientifique, n’entre pas follement dans les mystères de la foi, et ne les profane, et ainsi ne périsse, on peut le voir d’après plusieurs passages de la Parole, où il est question des Chérubins. Comme les Juifs étaient tels que s’ils eussent manifestement connu quelque chose de l’avènement du Seigneur, des représentatifs ou des types de l’Église en ce qu’ils signifiaient le Seigneur, de la vie après la mort, de l’homme intérieur, et le sens interne de la Parole, ils auraient profané et auraient péri pour l’éternité, c’est pourquoi cela a été représenté par des Chérubins placés sur le Propitiatoire, au-dessus de l’Arche, sur les tapisseries de l’habitacle, sur le voile, pareillement dans le Temple, et a signifié que le Seigneur gardait, – Exode, XXV. 18, 19, 20, 21. XXVI. 1, 31. I Rois, VI. 23 à 29, 32, 35. – En effet, l’Arche dans laquelle était le Témoignage signifiait la même chose qu’ici l’Arbre de vies, c’est-à-dire, le Seigneur et les Célestes qui appartiennent uniquement au Seigneur ; c’est de là que le Seigneur est souvent appelé le Dieu d’Israël monté sur les Chérubins ; c’est aussi entre des Chérubins qu’il parla avec Aharon et Moïse, – Exode XXV. 22. Nomb. VII. 89. – Cela est clairement décrit dans Ézéchiel, où sont ces paroles : « La Gloire du Dieu d’Israël s’éleva de dessus le Chérubin sur lequel elle avait été, vers le seuil de la maison ; elle cria à l’homme vêtu de lin et lui dit : Passe par le milieu de la ville, par le milieu de Jérusalem, et grave un signe sur les fronts des hommes qui gémissent et soupirent, à cause de toutes les abominations faites au milieu d’elle ; et il dit aux autres : Passez par la ville après lui et frappez ; que votre œil n’épargne point ; et de clémence n’usez point ; vieillard, jeune homme, et vierge, et enfant, et femmes, tuez jusqu’à destruction ; souillez la maison et remplissez les parvis de transpercés. » – IX. 3, 4, 5, 6, 7. – Et ensuite : « Il dit à l’homme vêtu de lin : Entre au travers de la roue, au-dessous du Chérubin, et emplis tes paumes de charbons de feu d’entre les Chérubins, et répands (les) sur la ville : un Chérubin étendit sa main d’entre les Chérubins vers le feu, qui (était) entre les Chérubins ; il (en) prit et (le) mit dans les paumes de l’homme vêtu de lin, qui (le) reçut et sortit. » – X. 1 à 7. – Il résulte de là que la Providence du Seigneur, afin qu’on ne pénètre pas dans les mystères de la foi, est signifiée par les Chérubins, et que c’est pour cela que les Juifs furent abandonnés à leurs folles cupidités, qui ici aussi sont signifiées par le feu qui devait être répandu sur la ville, et en ce qu’on ne devait épargner personne.
309. Que par la flamme du glaive qui se tourne soit signifié le propre amour avec ses folles cupidités et leurs persuasions, qui sont telles qu’elles veulent, il est vrai, entrer, mais sont entraînées de là vers les corporels et les terrestres, c’est ce qui peut être confirmé par un si grand nombre de passages de la Parole, qu’on en remplirait des pages entières ; soient seulement ceux-ci, dans Ézéchiel : « Prophétise et dis : Ainsi a dit Jéhovah : Dis, le glaive, le glaive aiguisé et même fourbi pour faire un grand carnage, aiguisé pour qu’il y ait en lui éclair ; qu’il redouble, le glaive ; une troisième fois, le glaive de leurs transpercés ; le glaive du grand carnage, qui pénètre dans les cabinets jusqu’à eux, pour que le cœur se liquéfie ; et il multipliera les achoppements à toutes leurs portes ; j’ai répandu la terreur du glaive ; ah ! il est devenu éclair. » – XXI. 9, 10, 14, 15, 19, 20. – Le glaive est pris ici pour la désolation de l’homme, afin qu’il ne voie rien du bien et du vrai, mais de pures faussetés et les contraires, ce qui est désigné par multiplier les achoppements. Et dans Nahum : « Cavalier faisant lever, et flamme de glaive, et éclair de hache, et multitude de transpercés. » – III. 3. – Il s’agit de ceux qui veulent entrer dans les arcanes de la foi.
310. Chaque parole de ce Verset renferme tant d’arcanes profonds, qu’il est impossible de les exposer ; ils sont applicables au génie de ce peuple qui périt par le déluge, génie qui était tout à fait différent du génie de ceux qui vécurent après le déluge. Pour qu’il en soit dit seulement quelques mots : Leurs premiers ancêtres qui constituèrent la Très-Ancienne Église étaient célestes ; ainsi en eux des semences célestes avaient été mises ; de là, leurs descendants avaient eu chez eux une semence d’origine céleste ; la semence d’origine céleste est telle, que l’Amour gouverne tout le mental de l’homme et le rend un ; car le mental humain consiste en deux parties, la volonté et l’entendement ; à la volonté appartient l’Amour ou le bien, à l’entendement appartient la foi ou le vrai ; d’après l’Amour ou le bien, ils percevaient ce qui appartenait à la foi ou au vrai ; ainsi le mental était un ; quand on est tel, la semence qui en provient reste chez les descendants ; et si ceux-ci se détournent du vrai et du bien, il y a un très-grand danger, car ainsi ils pervertissent tout leur mental, au point que dans l’autre vie il peut à peine être rétabli. Il en est autrement de ceux chez qui, au lieu de la semence céleste, il y a la semence spirituelle, comme chez les Postdiluviens et chez ceux qui vivent aujourd’hui ; chez eux il n’y a aucun Amour, ainsi aucune volonté du bien, mais cependant la foi, ou l’entendement du vrai, peut être donnée ; d’après la foi, ou l’entendement du vrai, ils peuvent être conduits à une certaine charité, mais par un autre chemin, et même par la Conscience insinuée par le Seigneur en eux au moyen des connaissances du vrai et du bien ; c’est pourquoi leur état est tout autre que n’était l’état des Antédiluviens ; dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera parlé de cet état. Ce sont là des arcanes qui sont aujourd’hui entièrement ignorés de l’homme ; car aujourd’hui on ne sait pas ce que c’est que l’homme spirituel, ni à plus forte raison quel est le mental et quelle est la vie de l’homme, et par conséquent quel est son état après la mort.
311. L’état de ceux qui ont péri par le déluge est tel dans l’autre vie, qu’ils ne peuvent jamais être dans le monde des esprits ou avec les autres esprits ; mais ils sont dans un enfer séparé des enfers des autres, et même comme sous une sorte de montagne ; il apparaît entre eux comme une montagne provenant de l’atrocité de leurs fantaisies et de leurs persuasions. Leurs fantaisies et leurs persuasions sont telles, qu’elles introduisent dans les autres esprits un si grand engourdissement, qu’ils ne savent s’ils vivent ou s’ils sont morts ; car elles leur enlèvent tout entendement du vrai pour qu’ils ne perçoivent rien. Ils avaient aussi été dans une telle persuasion lorsqu’ils avaient vécu ; et comme ils devaient être tels dans l’autre vie, qu’ils ne pourraient jamais être avec d’autres esprits sans introduire en eux une sorte de mort, ils ont tous été détruits ; et le Seigneur, par Sa Divine Miséricorde, a introduit d’autres états chez les Postdiluviens.
312. L’état de ces Antédiluviens a été entièrement décrit dans ce Verset, à savoir, en ce qu’ils furent chassés, ou séparés du bien céleste ; en ce que furent placés les Chérubins du côté de l’Orient, vers le jardin d’Éden ; et, parce qu’ils étaient d’une telle nature, il est dit du côté de l’Orient, vers le jardin d’Éden, paroles qui ne sont applicables qu’à eux seuls et ne peuvent être dites de ceux qui vécurent dans la suite ; de ceux-ci il aurait été dit du côté du jardin d’Éden, vers l’Orient ; puis, en ce qu’il est dit la flamme du glaive qui se tourne ; s’il eut été question de ceux d’aujourd’hui, il eût été dit le glaive de flamme, et aussi l’arbre de vie, et non l’arbre de vies ; outre d’autres choses en série qui ne peuvent être nullement expliquées et qui sont seulement comprises par les Anges auxquels le Seigneur les révèle ; car chaque état renferme un nombre indéfini d’arcanes dont pas même un seul n’est connu du genre humain.
313. D’après ce qui vient d’être dit sur le Premier Homme, on peut voir que ce n’est pas de lui que le Mal Héréditaire est venu jusque dans tous ceux qui vivent aujourd’hui, et que c’est une erreur de croire qu’il n’y ait pas d’autre mal héréditaire que celui qui vient de cette source ; car c’est de la Très-Ancienne Église qu’il s’agit ici, et elle est appelée Homme, lequel, lorsqu’il est appelé Adam, signifie que l’homme a été tiré de l’humus, ou que, de non homme, il a été fait homme au moyen de la Régénération par le Seigneur : c’est là l’origine de ce nom, et c’est là sa signification. Quant au Mal Héréditaire, voici ce qui en est : Quiconque commet un péché actuel en introduit en soi la nature, et par suite le mal est implanté dans ses enfants et devient héréditaire ; ainsi il vient à chacun par son père, son aïeul, son bisaïeul, son trisaïeul, et par ceux qui les ont précédés en ordre ; c’est de cette manière qu’il se multiplie et s’accroît dans la postérité descendante et reste chez chacun ; et chez chacun il est augmenté par ses péchés actuels, et n’est dissipé, de manière à ne plus nuire, que chez ceux qui sont régénérés par le Seigneur. Chacun, s’il y fait attention, peut le savoir, en ce que les mauvaises inclinations des parents restent d’une manière visible dans les enfants, de sorte qu’on peut par là distinguer une famille d’une autre famille, et même une génération d’une autre génération.
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CONTINUATION. – DE L’ENTRÉE DE L’HOMME DANS LA VIE ÉTERNELLE.
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314. Après que les Anges spirituels, dont il a été précédemment question, ont donné au Ressuscité ou à l’Âme l’usage de la lumière, pour qu’il puisse voir ce qui l’entoure, ils lui rendent tous les services qu’il peut désirer dans cet état ; ils l’instruisent de toutes les choses qui sont dans l’autre vie, mais en tant qu’il peut les comprendre : s’il a été dans la foi, ils lui montrent même, s’il le désire, les merveilles et les magnificences du Ciel.
315. Mais si le Ressuscité ou l’Âme n’est pas d’un caractère à vouloir être instruit, il désire alors s’éloigner de la société des Anges, ce qui est perçu par les Anges avec une grande lucidité ; car, dans l’autre vie, toutes les idées de la pensée se communiquent : quand donc il désire s’éloigner, ce ne sont pas eux qui l’abandonnent, mais c’est lui qui les quitte. Les Anges aiment tout homme, et leur plus grand désir est de rendre des services, d’instruire et de conduire au Ciel ; c’est en cela que consistent leurs suprêmes délices.
316. Quand l’Âme se sépare ainsi des Anges spirituels, de bons Esprits la reçoivent ; et quand elle est en société avec eux, ils lui rendent aussi de bons offices ; mais si sa vie dans le monde a été telle qu’il ne lui soit pas possible de rester en société avec les bons Esprits, elle désire aussi se séparer d’eux ; et cela se répète longtemps et bien des fois, jusqu’à ce qu’elle s’associe avec ceux qui conviennent absolument à sa vie dans le monde, chez lesquels elle trouve une vie quasi sienne ; et alors, chose étonnante, on mène avec eux une vie semblable à celle qu’on a eue dans le corps : mais lorsqu’on est retombé dans cette vie, il en résulte un nouveau commencement de vie ; quelques-uns, après un plus grand intervalle de temps, d’autres, après un plus petit, sont portés de là vers l’enfer ; mais ceux qui ont été dans la foi envers le Seigneur sont, à partir de ce nouveau commencement de vie, conduits par degrés vers le Ciel.
317. Mais les uns sont conduits au Ciel plus lentement, les autres plus promptement ; et même j’en ai aussi vu quelques-uns qui y furent transportés immédiatement après la mort ; j’en rapporterai seulement deux exemples :
318. Un certain esprit vint à moi et me parla ; il me fut facile de reconnaître, à certains signes, qu’il était nouvellement sorti de la vie terrestre ; d’abord, il ignorait où il était, se croyant encore dans le monde : et quand il lui fut donné de savoir qu’il était dans l’autre vie et que maintenant il ne possédait rien, ni maison, ni richesses, ni choses semblables, mais qu’il était dans un autre Royaume, où il se trouvait privé de tout ce qu’il avait eu dans le monde, alors, en proie à l’anxiété, il ne savait où aller, ni où se loger ; mais il lui fut dit que le Seigneur Seul pourvoit aux besoins de chacun et de tous. Il fut alors livré à lui-même pour qu’il pensât comme dans le monde ; et il pensait (car dans l’autre vie les pensées de tous peuvent être clairement perçues), il pensait, dis-je, à ce qu’il allait faire, privé qu’il était de tout ce qui aurait pu le faire vivre : mais comme il était dans cette anxiété, il fut transféré au milieu des Esprits célestes qui étaient de la province du cœur, et il en reçut tous les services qu’il pouvait désirer. Ayant été, après cela, livré de nouveau à lui-même, il se mit par impulsion de charité à penser comment il pourrait reconnaître de si grands bienfaits, ce qui manifestait que, lorsqu’il était dans la vie du corps, il avait été dans la charité de la foi ; c’est pourquoi il fut aussitôt enlevé dans le Ciel.
319. J’en vis aussi un autre transporté immédiatement au Ciel par les Anges ; il fut accepté par le Seigneur, et la gloire du Ciel lui fut montrée. Je vis, en outre, par plusieurs expériences, que quelques-uns y furent conduits après un court espace de temps.
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LIVRE DE LA GENÈSE
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CHAPITRE QUATRIÈME.
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QUELLE EST LA VIE DE L’ÂME OU DE L’ESPRIT.
320. Pour ce qui en général concerne, après la mort, la vie des Âmes ou des Esprits novices, il m’a été montré par plusieurs expériences que l’homme, en arrivant dans l’autre vie, ne sait pas qu’il est dans l’autre vie, pensant être encore dans le monde, et même dans son corps ; c’est au point que, quand on lui dit qu’il est un esprit, il est saisi de surprise et d’étonnement, tant en raison de ce qu’il est absolument comme homme quant aux sens, aux désirs, aux pensées, qu’en raison de ce que, quand il vivait dans le monde, il n’a pas cru à l’existence de l’esprit, et pour quelques-uns, de ce qu’ils n’ont pas cru que l’esprit pût être tel.
321. Il est un autre point, c’est que l’Esprit possède des facultés sensitives, et des moyens de penser et de s’exprimer si supérieurs à ceux qu’il possédait dans la vie du corps, qu’on peut à peine établir de comparaison entre eux ; cependant les Esprits ne le savent pas avant que la réflexion leur soit donnée par le Seigneur.
322. Qu’on se garde bien de la fausse opinion que les Esprits n’ont pas un sensitif bien plus exquis que dans la vie du corps ; je sais le contraire par mille et mille expériences ; et si on ne veut pas le croire, par suite des suppositions qu’on s’est formées à l’égard de l’esprit, qu’on se le rappelle lorsqu’on viendra dans l’autre vie, où l’expérience elle-même forcera de le croire. Les esprits jouissent de la Vue, car ils vivent dans une lumière ; et les bons esprits, les esprits angéliques et les anges sont dans une si grande lumière, que celle de midi dans le monde peut à peine lui être comparée ; dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera parlé de la Lumière dans laquelle ils vivent et voient : ils jouissent de l’Ouïe ; elle est si exquise, que l’ouïe dont ils jouissaient dans le corps ne peut lui être comparée ; ils ont parlé avec moi depuis maintenant quelques années presque continuellement ; dans la suite aussi d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera dit quelque chose de leur Langage : ils ont l’Odorat ; il en sera aussi parlé dans la suite d’après la Divine Miséricorde du Seigneur : ils ont le Tact le plus exquis ; de là leurs douleurs et leurs tourments dans l’enfer ; car au tact se rapportent toutes les sensations qui ne sont que des diversités et des variétés du tact : ils ont des Cupidités et des Affections auxquelles ne peuvent être comparées celles qu’ils ont eues dans la vie du corps ; il en sera question dans la suite d’après la Divine Miséricorde du Seigneur : ils Pensent avec beaucoup plus de perspicacité et de netteté qu’ils n’ont pensé dans la vie du corps ; dans une seule idée de leur pensée, ils enveloppent beaucoup plus de choses que dans mille lorsqu’ils pensaient dans la vie du corps : ils Parlent entre eux avec tant de pénétration, de finesse, de sagacité et de netteté, que si l’homme percevait seulement quelque chose de leur langage, il en serait saisi d’admiration : en somme, ils n’ont absolument rien perdu qui les empêche d’être comme des hommes, mais ils sont plus parfaits, ayant seulement laissé des os et de la chair, et par conséquent des imperfections. Ils reconnaissent et perçoivent que, tandis qu’ils avaient vécu dans le corps, c’était l’esprit qui avait senti ; que, quoiqu’il eût été dans le corps, il n’avait pas cependant appartenu au corps ; c’est pourquoi, le corps étant rejeté, les sensations sont bien plus exquises et plus parfaites : dans les sens consiste la vie, car sans les sens il n’y a aucune vie, et tels sont les sens, telle est la vie, ce qui peut être connu de chacun.
323. À la fin du Chapitre il sera donné quelques exemples concernant ceux qui ont pensé autrement dans la vie du corps.
CHAPITRE QUATRIÈME.
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1. Et l’Homme connut Chavah son épouse, et elle conçut et enfanta Caïn, et elle dit : J’ai acquis homme (virum) Jéhovah.
2. Et elle enfanta encore son frère, Habel ; et fut Habel pasteur de troupeau, et Caïn fut cultivateur d’humus.
3. Et il arriva à fin de jours que Caïn apporta du fruit de l’humus en présent à JÉHOVAH.
4. Et Habel apporta aussi, lui, des premiers-nés de son troupeau, et de leur graisse, et JÉHOVAH regarda vers Habel et vers son présent.
5. Et vers Caïn et vers son présent il ne regarda point ; et fut excitée colère à Caïn fortement, et furent abattues ses faces.
6. Et JÉHOVAH dit à Caïn : Pourquoi est excitée colère en toi, et pourquoi sont abattues tes faces ?
7. N’est-ce pas que si tu fais bien, élévation (il y aura) ? et si tu ne fais pas bien, à la porte le péché est couché ; et vers toi son désir (le désir de ton frère), et toi tu domines sur lui.
8. Et Caïn parla à Habel son frère ; et il arriva, tandis qu’ils étaient dans le champ, et se leva Caïn contre Habel son frère, et il le tua.
9. Et JÉHOVAH dit à Caïn : ou (est) Habel, ton frère ? et il dit : Je ne sais ; est-ce que gardien de mon frère, moi, (je suis) ?
10. Et il dit : Qu’as-tu fait ? Voix des sangs de ton frère (il y a), qui crient à Moi de l’humus.
11. Et maintenant, maudit, toi (tu es) de dessus l’humus, qui a ouvert sa bouche, pour recevoir de ta main les sangs de ton frère.
12. Quand tu cultiveras l’humus, il ne te donnera plus sa force ; errant et fugitif tu seras sur la terre.
13. Et Caïn dit à JÉHOVAH : Trop grande est mon iniquité pour qu’elle soit enlevée.
14. Voici, tu m’as chassé aujourd’hui de dessus les faces de l’humus, et de devant tes faces je serai caché, et je serai errant et fugitif sur la terre, et il arrivera que quiconque me trouvera me tuera.
15. Et JÉHOVAH lui dit : C’est pourquoi quiconque tuera Caïn au septuple sera puni ; et JÉHOVAH mit un signe sur Caïn, pour que quiconque le trouverait ne le frappât point.
16. Et Caïn sortit de devant les faces de JÉHOVAH, et il habita en terre de Nod, à l’Orient d’Éden.
17. Et Caïn connut son épouse, et elle conçut et enfanta Chanoch ; et il bâtissait une ville ; et il appela le nom de la ville du nom de son fils Chanoch.
18. Et à Chanoch naquit Irad ; et Irad engendra Méchujael, et Méchujael engendra Methuschael, et Methuschael engendra Lamech.
19. Et Lamech prit pour lui deux épouses ; le nom de l’une, Adah ; et le nom de l’autre, Zillah.
20. Et Adah enfanta Jabal, lequel fut père de l’habitant de la tente et du troupeau.
21. Et le nom de son frère, Jubal, lequel fut père de quiconque touche la harpe et l’orgue.
22. Et Zillah aussi, elle, enfanta Thubal Caïn, qui instruisait tout ouvrier en airain et en fer. Et la sœur de Thubal Caïn, Naamah.
23. Et Lamech dit à ses épouses Adah et Zillah : Écoutez ma voix, épouses de Lamech, et prêtez oreille à ma parole, parce qu’un homme (virum) j’ai tué, ma blessure ; et un jeune homme, ma meurtrissure.
24. Or, au septuple doit être vengé Caïn ; et Lamech, soixante-dix-sept fois.
25. Et l’homme connut encore son épouse, et elle enfanta un fils et appela son nom Scheth ; car, (dit-elle), DIEU a replacé en moi une autre semence au lieu d’Habel, parce que l’a tué Caïn.
26. Et à Scheth, lui aussi, naquit un fils, et il appela son nom Énosch : alors on commença à invoquer le nom de Jéhovah.
CONTENU.
324. Il s’agit des Doctrines séparées de l’Église, ou des Hérésies, et ensuite de la naissance d’une Église nouvelle appelée Énosch.
325. La Très-Ancienne Église avait, par l’Amour, la foi envers le Seigneur ; mais il y eut des hommes qui séparèrent la foi d’avec l’Amour : la Doctrine de la foi séparée d’avec l’Amour fut appelée Caïn ; la Charité, qui est l’Amour à l’égard du prochain, fut nommée Habel. Vers. 1, 2.
326. Le Culte de l’une et de l’autre est décrit ; celui de la foi séparée, par le présent de Caïn ; et celui de la charité, par le présent d’Habel. Vers. 3, 4. Le culte d’après la charité fut agréable, mais non le culte d’après la foi séparée. Vers. 4, 5.
327. Le changement en mal de l’état de ceux qui étaient dans la foi séparée est décrit par la colère excitée et par l’abattement des faces de Caïn. Vers. 5, 6.
328. D’après la charité on connaît quelle est la foi ; puis, la charité veut être chez la foi si la foi ne devient pas le principal et n’est pas élevée au-dessus de la charité. Vers. 7.
329. La Charité fut éteinte chez ceux qui séparèrent la foi et la préférèrent à la charité ; cela est décrit en ce que Caïn tua son frère Habel. Vers. 8, 9.
330. La Charité éteinte est appelée voix des sangs. Vers. 10. La doctrine pervertie, malédiction de dessus l’humus, Vers. 11. Le faux et le mal qui en provinrent sont signifiés par errant et fugitif tu seras sur la terre. Vers. 12. Et parce qu’on se détourna du Seigneur, il y avait danger de mort éternelle. Vers. 13, 14. Mais comme c’est par la foi que la Charité devait dans la suite être implantée, c’était un sacrilège de la violer ; c’est le signe mis sur Caïn. Vers. 15. L’éloigner du siège où elle avait été auparavant, c’est habiter à l’Orient d’Éden. Vers. 16.
331. Cette hérésie, s’étant alors étendue, fut appelée Chanoch. Vers. 17.
332. Les hérésies qui en surgirent sont aussi désignées par leurs noms ; dans la dernière d’entre elles, qui est appelée Lamech, il ne resta plus rien de la foi. Vers. 18.
333. Alors naquit une nouvelle Église qui fut désignée par Adah et Zillah, et décrite par leurs fils Jabal, Jubal et Thubalcaïn ; les Célestes de l’Église furent représentés par Jabal, ses Spirituels par Jubal, et ses Naturels par Thubalcaïn. Vers. 19, 20, 21, 22.
334. Cette Église naquit lorsqu’il n’y eut plus ni aucune foi ni aucune charité, et lorsque ce qu’il y a de plus sacré eut été violé ; cela est décrit, Vers. 23, 24.
335. Récapitulation du sujet : – Après que la foi séparée, qui est Caïn, eut éteint la charité, il fut donné par le Seigneur une nouvelle foi, par laquelle la charité fut implantée ; cette foi est Scheth. Vers. 25.
336. La charité implantée par la foi est appelée Énosch ou autre Homme ; c’est le nom de cette Église. Vers. 26.
SENS INTERNE.
337. Comme il s’agit ici de la décadence de l’Église très ancienne, ou de la falsification de la Doctrine, et conséquemment d’hérésies et de sectes désignées sous les noms de Caïn et de ses descendants, il faut qu’on sache qu’on ne pourrait jamais comprendre comment la Doctrine a été falsifiée, ou quelles ont été les hérésies ou les sectes de cette Église, si l’on n’avait pas une connaissance convenable de ce qu’était la vraie Église ; au moyen de cette connaissance, on pourra le comprendre. Dans ce qui précède, il a été assez souvent parlé de la Très-Ancienne Église, et montré qu’elle a été homme Céleste, et qu’elle n’a reconnu d’autre foi que celle qui venait de l’amour envers le Seigneur et à regard du prochain : par cet amour ils recevaient du Seigneur la foi ou la perception de tout ce qui était de foi ; en conséquence, ils ne voulaient pas nommer la foi, pour ne pas la séparer de l’amour, comme il a été montré ci-dessus, Nos 200 à 203. – Tel est l’homme Céleste ; et parce qu’il est tel, il est décrit par des représentatifs, même dans David, où il s’agit du Seigneur, Qui est nommé Roi, et de l’homme céleste qui est appelé fils du Roi : « Donne tes jugements au Roi, et ta justice au fils du Roi ; que les montagnes portent la paix au peuple, et que les collines (soient) dans la justice ; ils Te craindront avec le Soleil et à la face de la Lune de génération en génération ; en ses jours le juste fleurira, et beaucoup de paix jusqu’à ce que point de Lune. » – Ps. LXXII. 1, 3, 5, 7. – Par le Soleil il est entendu l’amour ; par la Lune, la foi ; par les montagnes et les collines, l’Église très ancienne ; par de génération en génération, les Églises postdiluviennes : il est dit, jusqu’à ce que point de Lune, parce que la foi sera amour. – Voir aussi ce qui est dit dans Ésaïe, XXX. 25. – Telle fut la Très-Ancienne Église, et telle fut sa doctrine ; aujourd’hui c’est tout différent, car aujourd’hui la foi précède, mais au moyen de la foi la charité est donnée par le Seigneur, et alors la charité devient le principal : il s’ensuit donc que la doctrine fut falsifiée dans le temps très-ancien, lorsque l’on confessa la foi, et qu’ainsi on sépara la foi d’avec l’amour. Ceux qui falsifièrent ainsi la doctrine, ou séparèrent la foi d’avec l’amour, ou confessèrent la foi seule, furent alors appelés Caïn, et cela était chez eux une énorme (hérésie).
338. Vers. 1. Et l’Homme connut Chavah son épouse, et elle conçut et enfanta Caïn, et elle dit : J’ai acquis homme (virum) Jéhovah. – Par l’Homme et Chavah son épouse est signifiée l’Église Très-Ancienne, comme il a été montré ; son premier enfant ou premier-né est la Foi, qui est ici nommée Caïn; elle dit : J’ai acquis homme Jéhovah, signifie que la foi chez ceux qui furent appelés Caïn a été connue et reconnue comme chose existant par soi.
339. Dans les trois précédents Chapitres, il a été assez montré que par l’homme et par son épouse était signifiée la Très-Ancienne Église, pour qu’on ne puisse pas en douter ; et puisque l’homme et son épouse, c’est la Très-Ancienne Église, on voit par là qu’il n’y a pas eu d’autre conception ni d’autre enfantement. Il était ordinaire chez les Très-Anciens d’imposer des noms, et par les noms de signifier des choses, et d’établir ainsi une généalogie ; les choses, en effet, qui appartiennent à l’Église se comportent de même, l’une est conçue et enfantée par l’autre, et il en est de cela comme d’une génération ; c’est pourquoi il est commun dans la Parole, lorsqu’il s’agit de telles choses de l’Église, de les appeler conception, enfantement, descendants, petits-enfants, enfants, fils, filles, jeunes gens, etc. Les prophétiques sont pleins de telles dénominations.
340. Elle dit : J’ai acquis homme Jéhovah, signifie que la foi, chez ceux qui furent appelés Caïn, fut connue et reconnue comme chose existant par soi : on le voit d’après ce qui a été dit au commencement de ce Chapitre. Ils ignoraient auparavant, pour ainsi dire, ce que c’était que la foi, parce qu’ils avaient la perception de toutes les choses qui étaient de foi ; mais lorsqu’ils commencèrent à faire sur la foi une doctrine distincte, ils mirent à part les choses dont ils avaient la perception, et les rédigèrent en doctrine, et appelèrent cette doctrine j’ai acquis homme Jéhovah, comme s’ils eussent découvert quelque chose de nouveau ; ainsi ce qui avait été inscrit dans le cœur devint un scientifique. Anciennement, on donnait un nom à tout ce qui était nouveau, et l’on expliquait ainsi ce que les noms enveloppaient ; par exemple, ce que signifie Ismaël, Jéhovah a entendu ma misère. – Genèse, XVI. 11 ; – Ruben, Jéhovah a vu ma misère. – XXIX. 32 ; – Siméon, Jéhovah a entendu que j’étais moins aimée. – Ibid. 33 ; – Jéhudah, cette fois, je confesserai Jéhovah. – Ibid. 35. – L’Autel construit par Moïse fut nommé Jéhovah étendard. – Exode, XVII. 15. – Ici, la doctrine même de la foi est nommée J’ai acquis homme Jéhovah ou Caïn.
341. Vers. 2. Et elle enfanta encore son frère, Habel ; et fut Habel pasteur de troupeau, et Caïn fut cultivateur d’humus. – Le second enfantement de l’Église est la Charité, qui est signifiée par Habel et par frère : le pasteur de troupeau est celui qui exerce le bien de la charité : le cultivateur d’humus, c’est celui qui est sans charité par suite de la foi séparée de l’amour, foi qui est nulle.
342. Le second enfantement de l’Église est la Charité : on peut le voir d’après les choses que l’Église conçoit et enfante, qui ne sont autres que la foi et la charité ; semblables choses ont été signifiées par les premiers enfants que Léa eut de Jacob, par Ruben la foi, par Siméon la foi en acte, par Levi la charité. – Genèse, XXIX. 32, 33, 34. – C’est pour cela que la Tribu de Levi reçut le sacerdoce et représenta le pasteur de troupeau. La charité, parce qu’elle est le second enfantement de l’Église, est appelée frère, et elle est nommée Habel.
343. Le pasteur de troupeau est celui qui exerce le bien de la charité : chacun peut le savoir ; en effet, cette expression se rencontre souvent dans la Parole de l’Ancien et du Nouveau Testament ; celui qui conduit et enseigne est appelé Pasteur ; ceux qui sont conduits et enseignés sont appelés troupeau. Celui qui ne conduit pas au bien de la charité et qui n’enseigne point le bien de la charité n’est point vrai pasteur ; et celui qui n’est pas conduit au bien, quoiqu’il apprenne le bien, n’est pas troupeau. Il est même superflu de confirmer par la Parole que le Pasteur et le troupeau ont des significations ; néanmoins je citerai les passages suivants : Dans Ésaïe : « Le Seigneur donnera la pluie de ta semence dont tu sèmes l’humus, et le pain de la récolte de l’humus ; il paîtra tes troupeaux en ce jour-là en prairie spacieuse. » – XXX. 23. – Là, le pain de la récolte de l’humus, c’est la charité. Dans le Même : « Le Seigneur Jéhovih, comme un Pasteur, paîtra son troupeau ; en son bras il rassemblera les agneaux, et (les) portera dans son sein : les (brebis) pleines doucement il conduira. » – XL. 11. – Dans David : « Pasteur d’Israël, prête l’oreille ; (Toi) qui conduis comme un troupeau Joseph ; qui es assis sur les Chérubins, resplendis. » – Ps. LXXX. 2. – Dans Jérémie : « À une (femme) belle et délicate j’ai rendu semblable la fille de Sion ; vers elle viendront des Pasteurs et leurs troupeaux, ils planteront près d’elle des tentes à l’entour, ils paîtront chacun leur espace. » – VI. 2, 3. – Dans Ézéchiel : « Le Seigneur Jéhovih a dit : Je les multiplierai comme un troupeau d’hommes, comme troupeau sanctifié, comme le troupeau de Jérusalem, dans ses temps fixés ; ainsi seront les villes désertes pleines d’un troupeau d’hommes. » – XXXVI. 37, 38. – Dans Ésaïe : « Tous les troupeaux de l’Arabie seront rassemblés vers toi, les béliers de Nebajoth seront à ton service. » – LX. 7. – Ceux qui conduisent le troupeau au bien de la charité, ce sont ceux qui rassemblent le troupeau ; ceux, au contraire, qui ne le conduisent pas au bien de la charité sont ceux qui le dispersent ; car tout assemblage, toute union résulte de la charité et toute dispersion, toute désunion vient du manque de charité.
344. À quoi sert la foi, ou à quoi servent la science, la connaissance et la doctrine de la foi, si l’homme ne suit pas les préceptes qu’elle enseigne ? Le principal précepte qu’elle enseigne, c’est la charité, – Marc, XII. 28 à 35. Matth. XXII. 34 à 39 ; – c’est là la fin de toutes choses, c’est là où elle tend ; si ce but n’est pas atteint, qu’est-ce que la science ou la doctrine, sinon une chose de néant ?
345. Le cultivateur d’humus, c’est celui qui est sans charité par suite de la foi séparée de l’amour, foi qui est nulle : on peut le voir d’après ce qui est dit plus loin, que Jéhovah ne regarda point vers son présent, et que Caïn tua son frère, c’est-à-dire qu’il détruisit la charité signifiée par Habel. Ils étaient dits cultiver l’humus ceux qui ont en vue les corporels et les terrestres, comme il est évident d’après ce qui est rapporté au Chapitre III, Vers. 19, 23, où il est dit que l’homme fut renvoyé du jardin d’Éden pour cultiver l’humus.
346. Vers. 3. Et il arriva à fin de jours que Caïn apporta du fruit de l’humus en présent à Jéhovah. – Par fin de jours est entendu le progrès du temps ; par le fruit de l’humus, les œuvres de la foi sans la charité ; par le présent à Jéhovah, le culte qui en dérive.
347. Par fin de jours est entendu le progrès du temps : chacun peut le voir. Dans son origine, et lorsqu’elle était encore dans sa simplicité, cette doctrine, qui est appelée Caïn, ne se montra pas aussi stérile que dans la suite ; c’est ce qui résulte de ce qu’on l’appela, quand elle naquit, acquisition d’homme Jéhovah : ainsi, dans son origine, la foi ne fut pas aussi séparée d’avec l’amour qu’elle le fut à fin de jours, ou par le progrès du temps, ainsi que cela arrive à toute doctrine de la vraie foi.
348. Par le fruit de l’humus sont entendues les œuvres de la foi sans la charité : cela est évident d’après ce qui suit ; en effet, les œuvres de la foi sans la charité sont des œuvres d’une foi nulle, mortes en elles-mêmes, car elles appartiennent seulement à l’homme externe ; il en est ainsi parlé dans Jérémie : « Pourquoi la voie des impies prospère-t-elle ? Tu les as plantés, même ils ont pris racine ; ils se sont avancés, même ils produisent du fruit ; tu es près de leur bouche, mais loin de leurs reins : jusques à quand la terre sera-t-elle en deuil, et l’herbe de tout le champ se flétrira-t-elle ? » – XII. 1, 2, 4. – Ils sont près de la bouche et loin des reins ceux qui vivent dans la foi séparée de la charité, et c’est d’eux qu’il est dit que la terre est en deuil. Ils sont aussi appelés le fruit des œuvres dans le Même : « Trompeur est le cœur par-dessus toutes choses, et désespéré, lui ; qui le connaît ? Moi Jéhovah qui sonde le cœur, qui éprouve les reins, et pour donner à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses œuvres. » – XVII. 9, 10. – Dans Michée : « La terre sera en désolation à cause de ses habitants, pour le fruit de leurs œuvres. » – VII. 13. – Mais qu’un tel fruit soit un fruit nul ou une œuvre morte, et que le fruit périsse et aussi la racine, on le voit dans Amos : « J’ai détruit devant eux l’Émorréen, dont la hauteur (était) comme la hauteur des cèdres et qui robuste (était) comme un chêne ; cependant j’ai détruit son fruit par le haut et ses racines par le bas. » – II. 9. Et dans David : « Leur fruit de dessus la terre tu détruiras, et leur semence d’entre les fils des hommes. – Ps. XXI. 11. – Au contraire, les œuvres de la charité sont vives ; c’est d’elles qu’il est dit qu’elles poussent des racines en dessous et qu’elles portent du fruit en dessus, comme dans Ésaïe : « Ce qui sera échappé de la maison de Jéhudah de reste poussera racine en bas, et fera du fruit en haut. » – XXXVII. 31. – Faire du fruit en haut, c’est d’après la charité ; un tel fruit est nommé fruit d’excellence dans le même Prophète : « En ce jour-là, le germe de Jéhovah sera en honneur et en gloire ; et le fruit de la terre, en excellence et en ornement pour ceux qui seront réchappés d’Israël. » – IV. 2. – Il est aussi le fruit du salut, comme il est appelé dans le même Prophète : « Répandez la rosée, ô Cieux ! d’en haut ; et que les nuées se fondent en justice ; que la terre s’ouvre, et qu’ils produisent fruit de salut, et que la justice germe en même temps : Moi, Jéhovah, je créerai cela. » – XTV. 8.
349. Par le Présent est entendu le Culte : on peut le voir par les représentatifs de l’Église Judaïque, dans laquelle tous les Sacrifices, tant les prémices de la terre et de tous ses fruits, que l’oblation des premiers-nés, sont nommés Présents ; en eux consistait le culte ; et comme tous ces présents représentaient des choses célestes et se référaient au Seigneur, par eux était signifié le vrai culte ; c’est ce qui peut être notoire pour chacun ; car que serait un représentatif sans la chose qu’il représente, et que serait l’externe sans l’interne, sinon une sorte d’idole privée de vie ? L’externe tire sa vie des internes, ou du Seigneur par les internes ; il résulte de là que tous les présents de l’Église représentative signifient le culte du Seigneur ; il sera parlé de chacun d’eux dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur. Que par les présents en général soit entendu le culte, on peut encore le voir par ce qui est dit çà et là dans les Prophètes ; ainsi dans Malachie : « Qui soutiendra le jour de son avènement ? Il sera assis fondant et épurant l’argent, et il purifiera les fils de Levi, et les nettoiera comme l’or et comme l’argent ; et ils offriront à Jéhovah un présent en justice ; alors sera agréable à Jéhovah le présent de Jéhudah et de Jérusalem comme aux jours d’éternité, et comme aux années anciennes. » – III. 2, 3, 4 – Le présent en justice qu’offriront les fils de Levi, ou ceux qui adoreront avec sainteté, c’est l’interne ; les jours d’éternité, c’est l’Église Très-Ancienne ; et les années anciennes sont l’Église Ancienne. Dans Ézéchiel : « En la Montagne de ma sainteté, en la montagne de hauteur d’Israël, ils Me serviront, toute la maison d’Israël, toute cette terre ; là, je leur serai propice, et là je chercherai vos oblations, et les prémices de vos présents dans toutes vos sanctifications. » – XX. 40. – Les oblations et les prémices des présents dans les sanctifications sont pareillement les œuvres de la charité, sanctifiées par le Seigneur. Dans Séphanie : « Au-delà des fleuves de l’Éthiopie mes adorateurs apporteront mon présent. » – III. 10. – L’Éthiopie, ce sont ceux qui possèdent les choses célestes, lesquelles sont l’Amour, la Charité et les œuvres de la Charité.
350. Vers. 4. Et Habel apporta aussi, lui, des premiers-nés de son troupeau, et de leur graisse, et Jéhovah regarda vers Habel et vers son présent. – Par Habel, ici, comme précédemment, il est signifié la charité ; par les premiers-nés du troupeau, le saint qui appartient au Seigneur Seul ; par la graisse, le céleste même qui appartient aussi au Seigneur : Jéhovah regarda vers Habel et vers son présent signifie que les choses de la charité et tout le culte qui en dérive furent agréables au Seigneur.
351. Par Habel il est signifié la charité : cela a été montré précédemment. La Charité signifie l’amour à l’égard du prochain et la miséricorde ; car celui qui aime son prochain comme soi-même a aussi pitié de lui, lorsqu’il souffre, comme il aurait pitié de soi-même.
352. Par les Premiers-nés du troupeau est signifié ce qui appartient au Seigneur Seul : on peut le voir par les Premiers-nés dans l’Église représentative, qui tous étaient des choses saintes, car ils concernaient le Seigneur qui est Seul le Premier-né. L’Amour, et par suite la foi, c’est le Premier-né ; tout amour appartient au Seigneur, et il n’est pas d’amour, si faible qu’il soit, qui appartienne à l’homme ; c’est pourquoi le Seigneur est Seul le Premier-né. Cela fut représenté dans les Églises anciennes par les Premiers-nés de l’homme et de la bête, qui étaient sanctifiés à Jéhovah, – Exode, XIII. 2, 12, 15 ; – et en ce que Lévi, qui dans le sens interne signifie l’amour, étant né après Ruben et Siméon, qui dans le sens interne signifient la foi, sa Tribu fut acceptée à la place de tous les Premiers-nés et devint sacerdoce, – Nomb. III. 40 à 46. VIII. 14 à 20. – Au sujet du Seigneur, qu’il soit le Premier-né de tous, quant à son Essence Humaine, cela est écrit ainsi dans David : « Lui, il M’appellera : Mon Père, Toi ; mon Dieu, et le Rocher de mon salut : aussi, Moi, Premier-né je l’établirai, Souverain sur les rois de la terre. » – Ps. LXXXIX. 27, 28. – Et dans Jean : « Jésus-Christ, Premier-né d’entre les morts et Prince des rois de la terre. » – Apoc. I. 5. – Il est à observer que les Premiers-nés du Culte signifient le Seigneur, mais les Premiers-nés de l’Église signifient la foi.
353. Par la graisse est signifié le céleste même qui appartient aussi au Seigneur. Le céleste est tout ce qui appartient à l’amour ; la foi aussi est céleste, quand elle vient de l’Amour ; la charité est le céleste ; tout bien de la charité est céleste ; ces choses ont toutes été représentées par les Graisses dans les sacrifices, et même d’une manière distincte par la graisse qui est sur le foie, ou la taie ; par la graisse qui est sur les reins ; par la graisse qui couvre les intestins ; et par celle qui est au-dessus des intestins ; ces graisses étaient saintes et brûlées sur l’autel. – Exod. XXIX. 13, 22. Lév. III. 3, 4, 14. IV. 8, 9, 19, 26, 31, 35. VIII. 16, 25. – C’est pour cela qu’elles sont nommées « pains d’ignition en repos pour Jéhovah », – Lév. III. 14, 16 ; – et c’est pour cela qu’il fut défendu au peuple juif de manger aucune graisse tirée des bêtes, ce qui est nommé « statut d’éternité en leurs générations », – Lév. III. 17. VIII. 23, 25. – La cause de cette défense vient de ce que cette Église était telle, qu’elle ne reconnaîtrait pas les internes, ni à plus forte raison les célestes. Que la graisse signifie les célestes et les biens de la charité, on le voit dans les Prophètes ; ainsi, dans Ésaïe : « Pourquoi employez-vous l’argent pour ce qui n’est point du pain, et votre travail pour ce qui ne rassasie point ? Écoutez en M’écoutant, et mangez du bon, afin que se délecte dans la graisse votre âme. » – LV. 2. – Dans Jérémie : « Je remplirai l’Âme des prêtres de graisse, et mon peuple de mon bien sera rassasié. » – XXXI. 14. – On voit clairement par là que ce n’est pas la graisse mais le bien céleste-spirituel qui est entendu. Dans David : « Ils sont remplis de la graisse de ta maison, et au torrent de tes délices tu les abreuves, parce que avec Toi (est) la source des vies ; par ta lumière nous voyons lumière. » – Ps. XXXVI. 9, 10. – Là, la graisse et la source de vie sont employées pour le céleste, qui appartient à l’amour ; le torrent des délices et la lumière pour le spirituel, qui appartient à la foi venant de l’amour. Dans le Même : « De moelle et de graisse sera rassasiée mon âme, et avec des lèvres de cantiques (Te) louera ma bouche. » – Ps. LXIII. 6. – Là, la graisse est semblablement employée pour le céleste, et les lèvres de cantiques pour le spirituel ; que ce soit le céleste, on le voit clairement, puisqu’il est dit que l’âme sera rassasiée. C’est de là que les prémices elles-mêmes, parce qu’elles étaient les premiers-nés de la terre, sont nommées graisse, – Nomb. XVIII. 12. – Comme il y a des genres innombrables de célestes et des espèces plus innombrables encore, ils sont ainsi décrits en général dans le cantique que Moïse chanta en présence du peuple : « beurre de la vache et lait du troupeau, avec graisse des agneaux et des béliers, fils de Baschan, et des boucs, avec graisse des reins du froment, et sang du raisin tu boiras, le vin. » – Deutér. XXXII. 14. – Quelqu’un peut-il jamais savoir ce que cela signifie, si ce n’est d’après le sens interne ? Sans le sens interne, personne ne peut savoir ce que signifient le beurre de la vache, le lait du troupeau, la graisse des agneaux, la graisse des béliers et des boucs, les fils de Baschan, la graisse des reins du froment, le sang du raisin ; sans le sens interne, il n’y aurait là que des mots et rien de plus, lorsque cependant tous ces mots et chacun d’eux signifient des genres et des espèces de Célestes.
354. Jéhovah regarda vers Habel et vers son présent signifie que les choses de la charité et tout le culte qui en dérive furent agréables au Seigneur : c’est ce qui a été précédemment expliqué, tant pour ce qui concerne Habel que pour ce qui concerne le présent.
355. Vers. 5. Et vers Caïn et vers son présent il ne regarda point ; et fut excitée colère à Caïn fortement, et furent abattues ses faces. – Par Caïn, comme il a été dit, est signifiée la foi séparée d’avec l’amour, ou une doctrine telle, que la foi puisse être séparée : par son présent vers lequel Jéhovah ne regarda point, il est signifié, comme précédemment, que son culte ne fut point agréé : par la colère excitée à Caïn, et par ses faces qui furent abattues, il est signifié que les intérieurs furent changés : par la colère, que la charité s’est retirée : et par la face sont signifiés les intérieurs, qui sont dits s’abattre (ou tomber) lorsqu’ils sont changés.
356. Que par Caïn soit signifiée la foi séparée d’avec l’amour, ou une doctrine telle que la foi puisse être séparée ; puis aussi que le présent vers lequel Jéhovah ne regarda point signifie que son culte ne fut point agréé, c’est ce qui a été montré précédemment.
357. Par la colère excitée à Caïn il est signifié que la charité se retira : on peut le voir par ce qui est dit plus loin, qu’il tua son frère Habel, par lequel est signifiée la Charité. La colère est une affection générale, résultant de tout ce qui contrarie l’amour du propre et ses cupidités ; dans le monde des mauvais esprits, cela est perçu d’une manière manifeste, car la colère y est commune contre le Seigneur, parce qu’ils ne sont dans aucune charité, mais dans des haines ; tout ce qui ne favorise pas l’amour du propre et du monde excite une contrariété qui se manifeste par la colère. Au sujet de Jéhovah, dans la Parole, il est très-souvent question de colère, d’emportement, comme aussi de fureur ; mais ces passions appartiennent à l’homme, et sont attribuées à Jéhovah parce que cela apparaît ainsi, et pour les motifs précédemment donnés ; ainsi, dans David : « Il envoya contre eux la colère de sa narine, et emportement, et fureur, et détresse, et immission d’anges mauvais ; il nivela le sentier à la colère, il ne préserva point de la mort leur âme. » – Ps. LXXVII. 49, 50 ; – non pas que Jéhovah se mette en colère contre qui que ce soit, mais ce sont les hommes qui se livrent eux-mêmes à la colère ; non pas qu’il envoie de mauvais anges, ainsi qu’il est dit ici, mais c’est l’homme qui s’associe avec eux : c’est pourquoi il est ajouté qu’il nivelle le sentier à la colère et qu’il ne préserve point de la mort leur âme. Ainsi, dans Ésaïe : « À Jéhovah il viendra, et seront confus tous ceux qui se sont irrités contre Lui. » – XLV. 24. – Il résulte de là que la colère signifie les maux, ou, ce qui est la même chose, se retirer de la charité.
358. Par les faces abattues il est signifié que les intérieurs furent changés : on le voit par la signification de la face, et par la signification d’être abattu. La face, chez les anciens, signifia les internes, parce que c’est par le moyen de la face que les internes brillent ; dans les temps très-anciens, les hommes étaient même tels que leur face concordait entièrement avec leurs internes, de sorte que chacun aurait pu voir, d’après la face d’un autre, quel était son animus ou son mental. On regardait comme chose énorme de montrer sur la face autre chose que ce qu’on pensait ; la dissimulation et la ruse étaient alors abominables ; c’est pour cela que par la face étaient signifiés les internes. Lorsque la charité brillait sur la face, on disait que les faces étaient élevées ; et, quand le contraire arrivait, on disait que les faces étaient abattues. C’est ainsi qu’en parlant du Seigneur, il est dit qu’il élève ses faces sur l’homme ; par exemple, dans la Bénédiction, – Nomb. VI. 26, et Ps. IV. 7 ; – ce qui signifie que le Seigneur donne à l’homme la charité. Ce que c’est qu’abattre la face, on le voit dans Jérémie : « Je ne ferai pas abattre ma face contre vous, parce que Moi (je suis) miséricordieux, dit Jéhovah. » – III. 12. – La face de Jéhovah est la miséricorde ; lorsqu’il élève la face sur quelqu’un, c’est qu’il lui donne la charité par Miséricorde ; le contraire arrive lorsqu’il fait abattre la face, c’est-à-dire, lorsque la face de l’homme s’abat.
359. Vers. 6. Et Jéhovah dit à Caïn : Pourquoi est excitée colère en toi, et pourquoi sont abattues tes faces ? – Jéhovah dit à Caïn signifie que la conscience parla : par la colère excitée, et les faces abattues, il est signifié, comme précédemment, que la charité s’est retirée et que les intérieurs ont été changés.
360. Il n’est pas besoin de confirmation pour montrer que par Jéhovah dit à Caïn il est signifié que la conscience parla ; un semblable passage a été expliqué précédemment.
361. Vers. 7. N’est-ce pas que si tu fais bien, élévation (il y aura) ? et si tu ne fais pas bien, à la porte le péché est couché ; et vers toi son désir (le désir de ton frère), et toi, tu domines sur lui. – Si tu fais bien, élévation (il y aura) signifie : si tu veux le bien, la charité est chez toi ; si tu ne fais pas bien, à la porte le péché est couché signifie : si tu ne veux pas le bien, la charité est nulle, mais il y a le mal ; vers toi son désir, et toi tu domines sur lui signifie que la charité veut être chez toi, mais ne le peut, parce que tu veux dominer sur elle.
362. Ici est décrite la doctrine de la foi, qui est appelée Caïn, laquelle ayant séparé la foi d’avec l’amour, l’a aussi séparée d’avec la charité, qui est fille de l’amour. Partout où il y a quelque Église, là existent des hérésies, par ce motif que, quand on arrête sa pensée sur un seul article de foi, on en fait la chose principale ; car telle est la pensée de l’homme que s’il porte toute son attention sur quelque point, il le place avant tout autre, surtout quand la fantaisie (son imagination) le revendique comme une propre découverte ; et quand l’amour de soi et du monde viennent le stimuler, il n’est rien alors qui ne lui semble s’accorder avec son idée et la confirmer, tellement qu’il irait jusqu’à jurer qu’elle est vraie, lorsque cependant elle est fausse. C’est ainsi que ceux qui furent appelés Caïn firent de la foi l’essentiel, et la placèrent au-dessus de l’amour ; et comme ils vivaient par conséquent sans amour, ils furent conduits dans cet état, tant par l’amour de soi que par la fantaisie qui en dérive.
363. Par la description renfermée dans ce Verset, on voit quelle fut la doctrine de foi qui a été appelée Caïn ; la suite, dans ce Verset, montre que la charité aurait pu être adjointe à la foi, mais de telle sorte que la charité aurait dominé, et non la foi ; c’est pourquoi, il est dit en premier lieu, si tu fais bien, élévation (il y aura), ce qui signifie, si tu veux le bien, la charité pourrait être adjointe ; bien faire, dans le sens interne, signifie bien vouloir ; car faire le bien tire sa source de vouloir le bien : anciennement l’action et la volonté faisaient un ; par l’action on apercevait la volonté, parce qu’il n’y avait rien de simulé. Que l’élévation signifie que la charité est présente, on le voit d’après ce qui a été précédemment dit des faces, qu’élever les faces, c’est avoir la charité, et qu’abattre les faces, c’est le contraire.
364. En second lieu, il est dit : Si tu ne fais pas bien, à la porte le péché est couché, ce qui signifie : si tu ne veux pas le bien, la charité est nulle, mais il y a le mal ; que le péché, lorsqu’à la porte il est couché, ce soit le mal qui est prêt et veut entrer, chacun peut le voir ; car, quand la charité est nulle, il y a dureté de cœur et haine, par conséquent toute espèce de maux. Le péché, en général, est pris pour le diable ou la troupe infernale, qui est toute prête quand l’homme est sans charité ; la seule chose qui repousse loin de la porte le diable et sa troupe, c’est l’Amour envers le Seigneur et à l’égard du prochain.
365. En troisième lieu, il est dit : À toi son désir, et toi tu domines sur lui, ce qui signifie que la charité veut être dans la foi mais ne le peut, parce que la foi veut dominer sur elle, ce qui est contraire à l’ordre. Tant que la foi veut dominer, il n’y a pas de foi ; mais quand la charité domine, alors il y a foi ; car le principal de la foi est la charité, comme il a été montré plus haut. La charité peut être comparée à la flamme qui est l’essentiel de la chaleur et de la lumière, car la chaleur et la lumière en proviennent ; la foi séparée peut être comparée à la lumière qui, lorsqu’elle est privée de la chaleur de la flamme, est lumière, il est vrai, mais lumière d’hiver sous laquelle tout s’engourdit et meurt.
366. Vers. 8. Et Caïn parla à Habel son frère ; et il arriva, tandis qu’ils étaient dans le champ, et se leva Caïn contre Habel son frère, et il le tua. – Caïn parla à Habel signifie un laps de temps ; par Caïn est signifiée, comme il a été dit, la foi séparée d’avec l’amour ; par Habel, la charité qui est le frère de la foi ; aussi est-ce pour cela qu’ici elle est appelée frère deux fois : le champ signifie tout ce qui appartient à la doctrine : se leva Caïn contre Habel son frère, et il le tua, signifie que la foi séparée éteignit la charité.
367. Il est inutile de confirmer ces significations par des passages semblables de la Parole ; seulement il sera montré que la Charité est le frère de la Foi et que le champ signifie tout ce qui appartient à la doctrine. Que la Charité soit le frère de la Foi, chacun peut le voir d’après la nature ou l’essence de la foi : leur fraternité a même été représentée par Ésaü et Jacob ; c’est aussi pour cela qu’il y eut contestation sur le droit de primogéniture et sur la domination qui en résulte. Elle a aussi été représentée par Pérès et Zérach, fils de Thamar et de Judah, – Genèse XXXVIII. 28, 29, 30, – où il s’agit aussi de primogéniture. Elle a encore été représentée par Éphraïm et Ménassé, – Genèse XLVIII. 13, 14 ; – pareillement, au sujet de la primogéniture et de la domination qui en est la suite : de même aussi par d’autres, car l’une et l’autre, ou la foi et la charité, sont enfants de l’Église ; la foi est nommée homme (vir), comme Caïn, au Vers. 1 de ce Chapitre ; et la charité, frère, par exemple, – És. XIX. 2, – Jér. XIII. 14, – et ailleurs. L’union de la foi et de la charité est appelée l’alliance des frères, – Amos, I. 9. – Ce qui est signifié par Caïn et Habel a été pareillement représenté par Jacob et Ésaü, comme il a été dit ; que Jacob ait voulu aussi supplanter Ésaü, on le voit aussi dans Hosée : « Pour visiter sur Jacob ses voies, selon ses œuvres il le rétribuera ; dans le ventre (de sa mère) il a supplanté son frère. » – XII. 3, 4. – Mais qu’Ésaü, ou la Charité représentée par Ésaü, finirait par dominer, on le voit par la prédiction prophétique d’Isaac, son père : « Sur ton épée tu vivras, et ton frère tu serviras ; et il arrivera, quand tu domineras, que tu rejetteras son joug de dessus ton cou. » – Genèse XXVII. 40 : – ou, ce qui est la même chose, l’Église des nations ou l’Église nouvelle est représentée par Ésaü, et l’Église Judaïque par Jacob ; c’est pour cela qu’il est dit tant de fois de reconnaître les nations pour frères. C’est même d’après la charité que, dans l’Église des nations ou Église primitive, tous se nommaient frères. Sont aussi appelés frères par le Seigneur ceux qui écoutent la Parole et la mettent en pratique, – Luc, VIII. 21 ; – ceux qui écoutent sont ceux qui ont la foi, ceux qui mettent en pratique sont ceux qui ont la charité ; mais ceux qui écoutent ou disent avoir la foi, et qui ne mettent point en pratique ou n’ont point la charité, ne sont pas des frères, car le Seigneur les compare à des insensés, – Matth. VII. 24, 26.
368. Que le champ signifie la doctrine, ainsi tout ce qui appartient à la doctrine concernant la foi et la charité, on le voit par la Parole : Dans Jérémie : « Ma montagne dans le champ ! tes richesses, tous tes trésors, au pillage je les livrerai. » – XVII. 3. – Là, le champ, pour la doctrine ; les richesses et les trésors, pour les richesses spirituelles de la foi, ou pour ce qui appartient à la doctrine de la foi. Dans le Même : « La neige du Liban se retirera-t-elle du rocher de mon champ ? » – XVIII. 14. – Il est dit de Sion qu’elle sera labourée comme un champ, lorsque la doctrine de la foi sera nulle, – Jérém. XXVI. 18. Mich. III. 12. – Dans Ézéchiel : « Il a pris de la semence de la terre, et il l’a mise dans un champ de semailles. » – XVII. 5. – il s’agit là de l’Église et de sa foi, car la doctrine est appelée champ d’après la semence. Dans le Même : « Et que sachent tous les arbres du champ que Moi, Jéhovah, j’humilie l’arbre élevé. » – XVII. 24. – Dans Joël : « Dévasté est le champ, en deuil est l’humus, car dévasté a été le froment, tari est le vin, affaiblie est l’huile, confus sont les laboureurs ; elle a péri, la moisson du champ, tous les arbres du champ sont desséchés. » – I. 10, 11, 12 ; – là, le champ, pour la doctrine ; les arbres, pour les connaissances ; les laboureurs, pour ceux qui les cultivent. Dans David : « Le champ bondira de joie et tout ce qui (est) en lui, alors chanteront tous les arbres de la forêt. » Ps. XCVI. 12 ; – là, le champ ne peut bondir de joie, ni les arbres de la forêt chanter ; mais ceci s’applique aux connaissances de la foi qui sont chez l’homme. Dans Jérémie : « Jusques à quand s’affligera-t-elle, la terre ; et l’herbe de tout le champ sera-telle desséchée ? » – XII. 4 ; – pareillement, ni la terre, ni l’herbe du champ ne peuvent s’affliger ; mais il s’agit ici de ce qui est chez l’homme et en vastation. De même dans Ésaïe : « Les montagnes et les collines retentiront devant vous de chant, et tous les arbres du champ applaudiront avec la paume (de la main). » – LV. 12. – Le Seigneur, parlant de la consommation du siècle, donne aussi le nom de champ à la doctrine de la foi : « Deux seront dans un champ, l’un sera pris, l’autre sera laissé. » – Matth. XXIV. 40. Luc, XVII. 36 ; – là, par champ est entendue la doctrine de la foi, aussi bien la fausse que la vraie, comme ici ; parce que le Champ est la doctrine, quiconque reçoit quelque semence de foi est aussi nommé champ, soit l’Homme, soit l’Église, soit le Monde.
369. De là résulte maintenant la signification de ces mots : tandis qu’ils étaient dans le champ, Caïn se leva contre Habel son frère, et il le tua, à savoir, que, tandis que l’une et l’autre, tant la foi que la charité, procédaient de la doctrine de la foi, la foi séparée d’avec l’amour ne pouvait que mépriser la charité, et par conséquent l’éteindre. C’est ce qu’ont encore coutume de faire aujourd’hui ceux qui disent de bouche que la foi seule sauve lors même qu’on ne fait aucune œuvre de charité ; ainsi, par cette supposition même, ils éteignent la charité, lorsque cependant ils savent et avouent de bouche que la foi n’est pas salvifique, s’il n’y a pas d’amour.
370. Vers. 9. Et Jéhovah dit à Caïn : Où (est) Habel, ton frère ? Et il dit : Je ne sais ; est-ce que gardien de mon frère, moi, (je suis) ? Jéhovah dit à Caïn signifie une certaine perception, venant de l’intérieur, qui lui rappela la charité ou Habel son frère : il dit : Je ne sais ; est-ce que gardien de mon frère, moi, je suis ? signifie qu’il méprisait la charité, au service de laquelle il ne voulait pas se mettre ; qu’ainsi il rejetait entièrement tout ce qui était de charité. Telle devint leur doctrine.
371. Par Jéhovah qui parle, les Très-Anciens désignaient la Perception ; car ils savaient que le Seigneur leur donnait la faculté de percevoir. Cette perception ne put rester qu’autant de temps que l’Amour fut le principal ; lorsque l’Amour envers le Seigneur, et par conséquent à l’égard du prochain, se relâcha, la perception se perdit, et il ne resta de perception qu’en proportion de l’amour. Ce perceptif était propre à la Très-Ancienne Église ; mais après que la foi eut été séparée d’avec l’Amour, comme chez les Postdiluviens, et que la charité eut été dominée par la foi, la Perception fut remplacée par la Conscience, qui enseigne aussi, mais d’une autre manière ; il en sera parlé dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur. Lorsque la conscience enseigne, il est dit de même dans la Parole que Jéhovah parle, parce que la conscience est formée de choses révélées et de connaissances tirées de la Parole, et lorsque la Parole dit ou enseigne, c’est le Seigneur qui dit ; c’est pourquoi, rien n’est plus commun que de dire, même aujourd’hui, que le Seigneur parle, lorsqu’il s’agit d’une chose de conscience ou de foi.
372. Être gardien signifie servir, comme les gardes de la porte et les gardes du seuil dans l’Église Judaïque : la foi est dite gardienne de la charité, parce qu’elle doit la servir ; mais selon les principes de cette doctrine, c’était que la foi dominât, comme il a été dit au Vers. 7.
373. Vers. 10. Et il dit : Qu’as-tu fait ? Voix des sangs de ton frère (il y a), qui crient à Moi de l’humus. – Voix des sangs de ton frère signifie la violence faite à la charité ; les sangs qui crient signifient la culpabilité ; l’humus signifie le schisme ou l’hérésie.
374. Voix des sangs, signifie la violence faite à la charité : on le voit par plusieurs passages de la Parole, où la Voix est prise pour tout ce qui accuse, et le Sang, pour tout péché, surtout pour la haine ; car celui qui a son frère en haine le tue dans son cœur, ainsi que le Seigneur l’enseigne : « Vous avez entendu qu’il a été dit par les anciens : Tu ne tueras point ; mais celui qui tuera sera sujet au jugement ; mais Moi je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère, témérairement, sera sujet au jugement ; et celui qui aura dit à son frère : Raka, sera sujet au conseil ; et celui qui lui aura dit : Fou, sera sujet à la géhenne du feu. » – Matth. V. 21, 22 ; – par là sont entendus les degrés de haine ; la haine est opposée à la charité, et elle tue, sinon avec la main, du moins en intention, et de toute manière possible ; il n’y a que les liens externes qui l’empêchent d’agir avec la main ; ainsi toute haine est sang, comme dans Jérémie : « En quoi rends-tu bon ton chemin pour rechercher l’amour ; même dans tes pans a été trouvé le Sang des âmes d’indigents innocents. » – II. 33, 34. – Et, parce que la Haine est Sang, toute iniquité est sang, car la haine est la source de toutes les iniquités ; comme dans Hosée : « Se parjurer, et mentir, et tuer, et voler, et commettre adultère ! Ils font violence ; et les Sangs aux Sangs ont touché ; c’est pourquoi dans le deuil sera la terre, et dans la langueur tomberont tous ceux qui l’habitent. » – IV. 2, 3 ; – et dans Ézéchiel : « Ne jugeras-tu point la ville de Sangs, et ne lui notifieras-tu point toutes ses abominations ? Ville qui répand le Sang au milieu d’elle, tu t’es rendue coupable par ton Sang que tu as répandu. » – XXII. 2, 3, 4, 6, 9 ; – là, il s’agit de la dureté de cœur. Dans le Même : « La terre est pleine de jugement de Sangs, et la ville est pleine de Violence. » – VII. 23 ; – et dans Jérémie : « À cause des péchés des Prophètes de Jérusalem, des iniquités de ses Prêtres, qui répandent au milieu d’elle le Sang des justes, ils errent aveugles dans les places, ils sont souillés de Sang. » – Lament. IV. 13, 14 – Dans Ésaïe : « Lorsque le Seigneur aura lavé les souillures des filles de Sion, et aura nettoyé les Sangs de Jérusalem du milieu d’elle, par esprit de jugement et par esprit de combustion. » – IV. 4. – Dans le Même : « Les paumes de vos mains ont été souillées dans le Sang, et vos doigts dans l’Iniquité. » – LIX. 3. – Dans Ézéchiel : « J’ai passé près de toi, et je t’ai vue foulée aux pieds dans tes Sangs, et je t’ai dit : Dans tes Sangs vis ; et je t’ai dit : Dans tes Sangs vis. » – XVI. 6, 22 ; – là, il s’agit des abominations de Jérusalem, qui sont appelées Sangs. La dureté de cœur et la haine des derniers temps sont aussi décrites par le sang dans l’Apocalypse, – XVI. 3, 4. – Il est dit Sangs au pluriel, parce que toutes les iniquités et les abominations prennent leur source dans la haine, comme toutes les choses bonnes et saintes dans l’amour ; celui donc qui a le prochain en haine le tue s’il le peut, et il le tue de toute manière possible, ce qui est lui faire violence ; c’est là ce qui est particulièrement signifié ici par voix des Sangs.
375. Voix qui crie, et voix de cri, c’est dans la Parole une formule solennelle, et s’applique à tout ce qui a rapport à quelque bruit, à quelque tumulte, à quelque évènement malheureux, même à un évènement heureux, comme dans – l’Exode, XXXII. 17, 18. Séph. I. 9, 10. Ésaïe, LXV. 19. Jér. XLVIII. 3. – Ici, elle accuse.
376. Maintenant, il suit de là que les sangs qui crient signifient la culpabilité ; car ceux qui emploient la violence deviennent coupables ; ainsi, dans David : « Le mal tuera l’impie, et ceux qui haïssent le juste seront tenus pour coupables. » – Ps. XXXIV. 22. – Dans Ézéchiel : « Ô ville ! tu t’es rendue coupable par le sang que tu as répandu. » – XXII. 4.
377. L’humus signifie ici le schisme ou l’hérésie : on le voit en ce que le Champ signifie la Doctrine ; en conséquence l’humus dans lequel se trouve le Champ est le schisme. L’homme lui-même est un humus, de même qu’il est un Champ, parce que c’est en lui que ces choses sont semées ; car il est homme par les semences qu’il a reçues ; bon et véridique par les biens et les vrais ; mauvais et trompeur par les maux et les faux. Celui qui est dans une doctrine en tire sa dénomination ; il en est de même de celui qui est dans un schisme ou dans une hérésie. Ici donc l’humus est pris pour le schisme ou l’hérésie qui est dans l’homme.
378. Vers. 11. Et maintenant, maudit, toi (tu es) de dessus l’humus, qui a ouvert sa bouche, pour recevoir de ta main les sangs de ton frère. – Maudit, toi tu es de dessus l’humus, signifie que, par le schisme, il est devenu l’opposé de ce qu’il était : qui a ouvert sa bouche, signifie qu’il a enseigné : pour recevoir de la main les sangs de ton frère, c’est qu’il a fait violence à la charité qu’il a éteinte.
379. Que ces choses soient signifiées, on le voit par ce qui précède ; et que maudit, ce soit être l’opposé, on l’a vu aussi plus haut, No 245, car les iniquités et les abominations, ou les haines, sont ce qui détourne l’homme, de sorte qu’il porte ses regards seulement en bas, ou vers les corporels et les terrestres, et ainsi vers les choses qui sont de l’enfer, ce qui arrive lorsque la charité est envoyée en exil et éteinte ; car alors le lien entre le Seigneur et l’homme est brisé ; il n’y a de conjonction que par la charité seule, ou par l’amour et la miséricorde ; il ne saurait y en avoir par la foi sans la charité, car cette foi est nulle ; c’est purement une science telle que peut l’avoir aussi la tourbe diabolique, par laquelle elle peut artificieusement tromper les homme probes et contrefaire les anges de lumière : c’est ce qu’ont parfois coutume de faire les prédicateurs les plus pervers, même avec un zèle qui imite la piété, quoique rien ne soit plus éloigné de leur cœur que ce qu’ils profèrent de bouche. Peut-il exister quelqu’un d’un jugement assez étroit pour croire que la foi seule de la mémoire, ou la pensée seule qui en dérive, puisse produire de l’impression, quand chacun sait, par sa propre expérience, que nul n’estime ni les paroles ni les approbations d’un autre, quelles qu’elles soient, lorsqu’elles ne sont l’expression ni de la volonté ni de l’intention ? C’est par la volonté et l’intention qu’on plaît à un autre et que la conjonction s’établit entre deux personnes. Vouloir, voilà l’homme lui-même ; penser et dire ce qu’on ne veut pas, ce n’est pas là l’homme ; l’homme tire sa nature et son caractère du vouloir, car le vouloir impressionne. Si l’homme, au contraire, pense bien, l’essence de la foi, ou la charité, est dans sa pensée, parce qu’en elle il y a le vouloir bien ; mais s’il dit qu’il pense le bien et qu’il vive mal, il ne peut jamais avoir d’autre vouloir que le vouloir mal ; c’est pourquoi sa foi est nulle.
380. Vers. 12. Quand tu cultiveras l’humus, il ne te donnera plus sa force ; errant et fugitif tu seras sur la terre. – Cultiver l’humus signifie s’adonner à ce schisme ou à cette hérésie : ne plus te donner sa force, c’est être stérile : être errant et fugitif, c’est ne pas savoir ce que c’est que le vrai ni ce que c’est que le bien.
381. Cultiver l’humus signifie s’adonner à ce schisme ou à cette hérésie : on le voit par la signification de l’humus, qui vient d’être donnée. Ne plus donner sa force, c’est être stérile : on le voit clairement d’après cela et d’après les paroles elles-mêmes ; puis aussi, en ce que ceux qui professent la foi sans la charité ne professent aucune foi, comme il a été dit.
382. Être errant et fugitif sur ta terre, signifie ne pas savoir ce que c’est que le vrai ni ce que c’est que le bien : on le voit par la signification d’errer et de fuir, dans la Parole ; ainsi dans Jérémie : « Les Prophètes et les Prêtres errent aveugles dans les places, ils sont souillés de sang ; les choses qu’ils ne peuvent (toucher), ils les touchent de leurs vêtements. » – Lament. IV. 13, 14 ; – là, les Prophètes sont pris pour ceux qui enseignent ; les Prêtres, pour ceux qui vivent selon ce qui a été enseigné ; errer aveugles dans les places, c’est ne savoir ce que c’est que le bien ni ce que c’est que le vrai. Dans Amos : « Une partie d’un champ a reçu la pluie, et la partie du champ sur lequel il n’a pas plu est séchée ; de là, iront en errant deux ou trois villes vers une seule ville pour boire des eaux, et elles ne seront point rassasiées. » – IV. 7, 8 ; – la partie du champ sur laquelle la pluie est tombée est la doctrine de la foi d’après la charité ; la partie ou la glèbe du champ sur lequel il n’a pas plu est la doctrine de la foi sans la charité ; errer pour boire les eaux, c’est pareillement chercher quel est le vrai. Dans Hosée : « Éphraïm a été frappé ; leur racine est séchée ; ils ne feront point de fruit ; mon Dieu les rejettera, parce qu’ils ne l’ont point écouté ; et ils seront errants parmi les nations. » – IX. 16, 17 ; – Éphraïm est pris pour l’intelligence du vrai ou de la foi, parce qu’il est le premier-né de Joseph ; la racine qui est séchée, c’est la charité qui ne peut produire du fruit ; errer parmi les nations, c’est ne connaître ni le vrai ni le bien. Dans Jérémie : « Montez contre l’Arabie, et dévastez les fils de l’Orient ; fuyez, errez au loin ; ils se sont profondément précipités pour habiter, les habitants de Chazor. » – XLIX. 28, 30 – l’Arabie et les fils de l’Orient, c’est pour la possession des richesses célestes ou des choses qui appartiennent à l’amour, au sujet desquelles, quand elles sont dévastées, il est dit fuir et errer, ou être fugitif et errant, parce qu’alors ils ne font rien de bien ; et des habitants de Chazor, ou de ceux qui possèdent les richesses spirituelles qui appartiennent à la foi, il est dit qu’ils se précipitent profondément, ou qu’ils périssent. Dans Ésaïe : « Tous tes principaux errent ensemble, par l’effet de l’arc ils ont été liés ; au loin ils ont fui. » – XXII. 3 ; – là il s’agit de la vallée de la vision, ou de cette fantaisie que la foi peut être donnée sans la charité ; de là vient que, dans le Verset 14, il est dit que celui qui professe la foi sans la charité est errant et fugitif, c’est-à-dire qu’il ne sait rien de vrai ni de bien.
383. Vers. 13. Caïn dit à Jéhovah ; Trop grande est mon iniquité pour qu’elle soit enlevée. – Caïn dit à Jéhovah, signifie un certain aveu qu’il est dans le mal, aveu produit par une sorte de douleur interne : l’iniquité trop grande pour être enlevée, signifie le désespoir qui en résulte.
384. Il est constant, par là, qu’il était néanmoins resté quelque bien dans Caïn ; mais que tout bien de la charité ait ensuite péri, on le voit d’après ce qui est dit de Lamech, Vers. 19, 23, 24.
385. Vers. 14. Voici, tu m’as chassé aujourd’hui de dessus les faces de l’humus, et de devant tes faces je serai caché, et je serai errant et fugitif sur la terre, et il arrivera que quiconque me trouvera me tuera. – Être chassé de dessus les faces de l’humus, signifie être séparé de tout vrai de l’Église : être caché de devant tes faces, signifie être séparé de tout bien de la foi de l’amour : être errant et fugitif sur la terre, c’est ne savoir ce que c’est que le vrai ni ce que c’est que le bien ; quiconque trouvera tuera, c’est que tout mal et tout faux détruira.
386. Être chassé de dessus les faces de l’humus, signifie être séparé de tout vrai de l’Église : on le voit par la signification de l’humus, qui dans le sens réel est l’Église, ou l’homme de l’Église, par suite tout ce que professe l’Église, comme il a été dit précédemment ; du sujet dépend l’attribut ; c’est aussi pourquoi celui qui professe mal la foi, ou qui professe un schisme ou une hérésie, est aussi appelé humus. Être chassé des faces de l’humus, c’est donc ici ne plus être dans le Vrai de l’Église.
387. Être caché de devant tes faces, signifie être séparé de tout bien de la foi de l’amour : on le voit par la signification des faces de Jéhovah ; la face de Jéhovah, comme il a été dit précédemment, est la Miséricorde, d’où procèdent tous les biens de la foi de l’amour ; c’est pour cela que les biens de la foi sont signifiés ici par les faces.
388. Être errant et fugitif sur la terre, c’est, comme précédemment, ne savoir ni le vrai ni le bien.
389. Quiconque le trouvera le tuera, signifie que tout mal et tout faux le perdra : c’en est la conséquence ; en effet, la chose se passe ainsi : Quand l’homme se prive de la charité, alors il se sépare du Seigneur ; la charité seule, ou l’amour à l’égard du prochain, et la miséricorde, c’est ce qui conjoint l’homme au Seigneur ; sans la charité, il y a disjonction ; et quand il y a disjonction, il est abandonné à lui-même ou au propre : alors tout ce qu’il pense est le faux, et tout ce qu’il veut est le mal ; ce sont là les choses qui tuent l’homme, ou qui font qu’il n’a rien de la vie.
390. Que ceux qui sont dans le faux et dans le mal soient dans une continuelle frayeur d’être tués, c’est ce qui est décrit dans Moïse : « Et sera votre terre désolation, et vos villes dévastation ; quant au reste d’entre vous, j’introduirai la mollesse dans leur cœur, dans les terres de leurs ennemis ; et les poursuivra le bruit d’une feuille agitée, et ils fuiront la fuite de l’épée ; et ils tomberont sans que personne ne poursuive, et ils chancelleront chacun sur son frère, comme devant l’épée, sans que personne ne poursuive. » – Lévit. XXVI. 33, 36, 37. – Dans Ésaïe : « Les perfides agissent avec perfidie, et avec une perfidie de perfide ils exécutent perfidement ; et il arrivera que celui qui s’enfuira devant la voix d’épouvante tombera dans la fosse ; et celui qui remontera du milieu de la fosse sera pris dans le filet : la prévarication de la terre sera lourde sur elle ; c’est pourquoi elle tombera et ne pourra plus se relever. » – XXIV. 16 à 20. – Dans Jérémie : « Voici, je ferai venir l’épouvante sur toi ; de tous vos alentours vous serez expulsés, chacun sur sa face, et personne qui rassemble ceux qui seront errants. » – XLIX. 5. – Dans Ésaïe : « (Vous avez dit : Non) ; à cheval nous nous enfuirons ; à cause de cela, vous fuirez ; et (vous avez dit) : Sur des (chevaux) légers nous monterons ; à cause de cela, ceux qui vous poursuivront seront rendus plus légers ; un millier à la menace d’un seul, et à la menace de cinq vous fuirez. » – XXX. 16, 17. – Ici, et ailleurs dans la Parole, sont décrits ceux qui sont dans le mal et dans le faux, en ce qu’ils fuient et craignent d’être tués ; il y a chez eux crainte de tout homme, parce que personne ne les protège : tous ceux qui sont dans le mal et dans le faux ont de la haine pour le prochain ; de là chacun d’eux désire tuer les autres.
391. Que ceux qui sont dans le faux et dans le mal craignent tout le monde, on peut très-bien le savoir d’après les mauvais esprits dans l’autre vie : Ceux qui se sont dépouillés de toute charité sont errants et fugitifs ; en quelque endroit qu’ils aillent, si c’est vers quelques sociétés, aussitôt celles-ci, dès leur première arrivée, perçoivent leur qualité ; une telle perception existe dans l’autre vie ; non-seulement elles les chassent, mais elles les punissent rigoureusement, et elles iraient même jusqu’à les tuer, si c’était possible. Les méchants se plaisent surtout à se punir et à se tourmenter les uns les autres ; c’est en cela que consiste leur plus grande jouissance. Et, ce qui est encore un arcane, c’est que le faux même et le mal même sont dans la cause ; en effet, ce que chacun désire pour un autre retourne sur lui-même, car le faux et le mal portent avec eux la peine du faux et du mal, par conséquent la crainte de la peine.
392. Vers. 15. Et Jéhovah lui dit : C’est pourquoi quiconque tuera Caïn au septuple sera puni ; et Jéhovah mit un signe sur Caïn, pour que quiconque le trouverait ne le frappât point. – Quiconque tuera Caïn au septuple sera puni, signifie que violer la foi ainsi séparée serait un sacrilège : Jéhovah mit un signe sur Caïn, pour que personne ne le frappât, signifie que le Seigneur distingua cette foi d’une manière particulière, pour qu’elle fût conservée.
393. Avant d’expliquer que telle est la signification dans le sens interne, il faut qu’on sache comment la chose se passe à l’égard de la foi. La Très-Ancienne Église était telle qu’elle ne reconnaissait d’autre foi que celle qui venait de l’Amour, au point qu’on ne voulait même pas alors nommer la foi ; car tout ce qui était de foi, on le percevait par l’Amour qui procède du Seigneur : tels sont aussi les Anges célestes, dont il a été parlé précédemment. Mais comme il fut prévu que le genre humain ne pourrait rester dans cet état, et que les hommes sépareraient la foi d’avec l’amour envers le Seigneur, et feraient d’après la foi une doctrine particulière, il fut même pourvu à ce qu’aussi elle fût séparée, mais de telle sorte néanmoins que par la foi, ou par les connaissances de la foi, ils reçussent du Seigneur la charité, de manière que la connaissance ou l’audition précédât, et qu’au moyen de la connaissance ou de l’audition, le Seigneur accordât la charité, c’est-à-dire, l’amour à l’égard du prochain et la miséricorde, laquelle charité serait non-seulement inséparable de la foi, mais constituerait même le principal de la foi. Alors à la place de la Perception qui existait dans la Très-Ancienne Église, succéda la Conscience, qui, étant acquise par la foi jointe à la charité, dicterait, non pas ce que c’est que le vrai, mais ce qui est vrai, et cela, parce que le Seigneur a ainsi parlé dans la Parole. Telles devinrent les Églises après le déluge, quant à la plus grande partie ; telle fut l’Église primitive, ou la première Église après l’Avènement du Seigneur. C’est en cela que les Anges spirituels sont distingués des Anges célestes.
394. Maintenant, comme cela a été prévu, et qu’il y a été pourvu, pour que le genre humain ne pérît pas d’une mort éternelle, il est dit ici que personne ne devait faire violence à Caïn, par lequel est signifiée la foi séparée ; et qu’un signe fut mis sur lui, c’est-à-dire que le Seigneur distingua cette foi d’une manière particulière, pour qu’elle fût conservée. Ce sont là des arcanes qui n’avaient encore jamais été dévoilés ; et ce sont ceux que le Seigneur indiquait par ces paroles qu’il prononça sur le Mariage et sur les Eunuques : « Il y a des Eunuques qui, du ventre de (leur) mère, sont nés tels ; et il y a des Eunuques qui ont été faits eunuques par les hommes ; et il y a des Eunuques qui se sont faits eunuques eux-mêmes pour le royaume de Dieu : qui peut comprendre, qu’il comprenne. » – Matth. XIX. 12. – Sont dits Eunuques ceux qui sont dans le Mariage céleste ; du ventre nés tels, ceux qui sont comme les Anges célestes ; faits par les hommes, ceux qui sont comme les Anges spirituels ; faits par eux-mêmes, ceux qui sont comme les Esprits angéliques, qui ne sont pas ainsi d’après la charité, mais d’après l’obéissance.
395. Quiconque tuera Caïn au septuple sera puni, signifie que violer la foi ainsi séparée serait un sacrilège : on le voit par la signification de Caïn, en ce qu’il est la foi séparée, et par la signification de sept, en ce que c’est l’inviolable (sacro-sanctum). Le nombre septénaire fut jugé saint, comme on le sait, à cause des six jours de la création, et du septième, qui est l’homme céleste, dans lequel il y a la Paix, le repos, le sabbat ; de là vient que le nombre septénaire se rencontre si souvent dans les rites de l’Église Judaïque, et que partout il y est pris pour la sainteté : c’est de là que les temps étaient distingués en sept, aussi bien les grands intervalles que les petits, et étaient appelés Semaines : par exemple, dans Daniel, les grands intervalles de temps jusqu’à la venue du Messie, – IX. 24, 25. – Le temps de sept années est aussi nommé Semaine par Laban et par Jacob, – Genèse, XXIX. 27, 28. – C’est pour cela que partout où se trouve le nombre septénaire, il est pris pour ce qui est saint ou sacro-saint, comme dans David : « Sept fois le jour je te loue. » – Ps. CXIX. 164. – Dans Ésaïe : « La Lumière de la Lune sera comme la Lumière du Soleil, et la Lumière du Soleil sera septuple comme la Lumière de sept jours. » – XXX. 26 ; – là, le Soleil est l’Amour, et la Lune la Foi d’après l’amour, laquelle sera comme l’amour. De même que les temps de la Régénération de l’homme ont été distingués en six, avant le septième, ou l’homme céleste, de même aussi sont distingués les temps de la vastation, jusqu’à ce qu’il ne reste rien de céleste. C’est ce qui a été représenté par plusieurs captivités des Juifs, et par la dernière à Babylone qui dura sept siècles ou soixante-dix années ; et parfois il a été dit que la terre reposerait ses sabbats : cela a été aussi représenté par Nébuchadnessar, dans Daniel : « Son cœur, non plus d’homme, sera changé, et un cœur de bête lui sera donné, et sept temps passeront sur lui. » – IV. 16, 22, 29. – Dans Jean, il s’agit de la vastation des derniers temps : « Je vis dans le Ciel un autre signe, grand et admirable : Sept Anges ayant sept plaies, les dernières. » – Apoc. 15. 1, Apoc. 15. 6, 7. – « Ils fouleront la cité sainte quarante-deux mois », ou six fois sept mois. – Apoc. 11. 2. – « Je vis un livre écrit en dedans et par derrière, scellé de sept sceaux. » – Apoc. V. 1. – De là étaient exprimés par le septénaire les augmentations et les accroissements de peines, comme dans Moïse : « Si, après cela, vous ne m’obéissez pas, encore je vous châtierai au septuple, à cause de vos péchés. » – Lév. XXVI. 18, 21, 24, 28. – Dans David : « Rends à nos voisins le septuple en leur sein. » – Ps. LXXIX. 12. – En conséquence, comme c’était un sacrilège de faire violence à la foi, parce qu’elle devait être utile, comme on l’a vu, il est dit maintenant qu’au septuple serait puni celui qui tuerait Caïn.
396. Jéhovah mit un signe sur Caïn, pour que personne ne le frappât, signifie que le Seigneur distingua la foi d’une manière particulière, pour qu’elle fût conservée : on le voit par la signification du signe, et en ce que mettre un signe sur quelqu’un, c’est distinguer ; ainsi, dans Ézéchiel : « Jéhovah dit : Passe par le milieu de la ville, par le milieu de Jérusalem, et marque d’un Signe les fronts des hommes qui gémissent et qui soupirent sur toutes les abominations. » – IX. 4 ; – là, marquer d’un signe les fronts signifie, non pas tracer un signe ou une ligne sur leurs fronts, mais les distinguer des autres. Il est dit de même dans Jean, « causer du dommage aux hommes qui n’auraient pas le Signe (sceau) de Dieu sur leurs fronts » – Apoc. 9. 4 ; – là, avoir le signe signifie aussi être distingué. Dans le Même, un signe est aussi nommé caractère (marque) : « Donner un caractère sur la main et sur les fronts. » – Apoc. XIII. 16. – Ce que ces choses signifiaient était représenté, dans l’Église Judaïque, par l’attache du grand et principal précepte sur la main et sur le front, ainsi qu’il est dit dans Moïse : « Écoute Israël : Jéhovah notre Dieu (est) Jéhovah seul ; tu aimeras Jéhovah ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toutes tes forces : et tu les attacheras (ces paroles) pour signe sur ta main ; et qu’elles soient comme des fronteaux entre tes yeux. » – Deutér. IV. 4, 5, 8. XI. 13, 18. – Par là il était représenté qu’ils devaient distinguer le Précepte sur l’amour de préférence à tous les autres préceptes, d’où l’on voit clairement la signification de la marque sur la main et sur le front. Dans Ésaïe : « Je viens pour rassembler toutes les nations et (toutes) les langues ; et elles viendront et verront ma gloire, et je poserai en elles un signe. » – LXVI. 18, 19 ; – et dans David : « Tourne-toi vers moi, et aie pitié de moi ; donne ta force à ton serviteur, et sauve le fils de ta servante ; fais avec moi un signe en bien, et que ceux qui me haïssent (le) voient et soient confus. » – Ps. LXXXVI. 16, 17. – D’après cela, on voit maintenant ce que c’est que le signe ; en conséquence, que personne ne croie que quelque signe ait été mis sur quelqu’un nommé Caïn, car le sens interne de la Parole enveloppe des choses tout autres que celles du sens de la lettre.
397. Vers. 16. Et Caïn sortit de devant les faces de Jéhovah, et il habita en terre de Nod, à l’Orient d’Éden. – Sortir de devant les faces de Jéhovah, c’est être séparé du bien qui vient de la foi de l’amour. Habiter en terre de Nod, c’est être hors du vrai et du bien ; à l’Orient d’Éden, c’est près le mental intellectuel, où régnait auparavant l’amour.
398. Sortir de devant les faces de Jéhovah, signifie être séparé du bien qui vient de la foi de l’amour : on le voit précédemment, Vers. 14. – Habiter en terre de Nod, signifie être hors du vrai et du bien : on le voit par la signification du mot Nod, à savoir, être errant et fugitif, et en ce que être errant et fugitif, c’est avoir été privé du vrai et du bien, comme il a été montré plus haut. – L’Orient d’Éden, c’est près le mental intellectuel, où régnait auparavant l’Amour ; puis aussi, près le mental rationnel où régnait auparavant la Charité : on le voit d’après ce qui a été dit plus haut sur la signification de l’Orient d’Éden, à savoir, que l’Orient est le Seigneur, et Éden l’Amour. Chez les hommes de la Très-Ancienne Église, le mental, que constituent la volonté et l’entendement, était un ; car la volonté y était tout, de sorte que l’entendement appartenait à la volonté ; et cela, parce qu’on ne faisait pas de distinction entre l’amour qui appartient à la volonté et la foi qui appartient à l’entendement, parce que l’amour était tout et que la foi appartenait à l’amour ; mais après que la foi eut été séparée d’avec l’amour, comme chez ceux qui étaient appelés Caïn, aucune volonté ne régnait plus ; et comme l’entendement ou la foi régnait dans le mental au lieu de la volonté ou de l’amour, il est dit qu’il habita à l’Orient d’Éden ; car, ainsi qu’il vient d’être dit, la foi était distinguée, ou un signe était mis, afin qu’elle fût conservée pour être utile au genre humain.
399. Vers. 17. Et Caïn connut son épouse, et elle conçut et enfanta Chanoch ; et il bâtissait une ville ; et il appela le nom de la ville du nom de son fils Chanoch. – Caïn connut son épouse, et elle conçut et enfanta Chanoch, signifie que ce schisme ou cette hérésie en produisit d’elle-même une autre qui fut nommée Chanoch. La ville bâtie signifie tout doctrinal et hérétique provenant de cette origine. Comme le schisme ou l’hérésie fut appelée Chanoch, il est dit qu’il appela le nom de la ville du nom de son fils Chanoch.
400. Caïn connut son épouse, et elle conçut et enfanta Chanoch, signifie que ce schisme ou cette hérésie en produisit d’elle-même une autre : c’est la conséquence manifeste de ce qui précède, et aussi du premier Verset, où il est dit que l’Homme et Chavah son épouse engendrèrent Caïn. Ainsi, les conceptions et les enfantements, dont il sera fait mention dans la suite, sont des conceptions et des enfantements semblables, tant de l’Église que des hérésies, dont on formait une généalogie, car il y a similitude ; d’une seule hérésie reçue, il en naît plusieurs.
401. Que l’hérésie et tout ce qu’elle renferme de doctrinal ou d’hérétique ait été appelé Chanoch, on le voit encore en quelque sorte par ce nom, qui signifie instruction puisée de là ou initiée.
402. La ville bâtie signifie tout doctrinal et hérétique provenant de cette origine : on le voit par la Parole, partout où l’on rencontre le nom de quelque ville ; là, ce n’est jamais une ville, mais c’est quelque chose de doctrinal ou d’hérétique qui est signifié ; car ce que c’est que la ville, et quel en est le nom, les anges l’ignorent absolument ; ils n’ont et ne peuvent jamais avoir aucune idée de la ville, parce qu’ils sont, comme il a déjà été dit, dans des idées spirituelles et célestes ; mais ils perçoivent seulement ce que les villes signifient ; par exemple, par la Cité Sainte, qui est aussi appelée la Sainte Jérusalem, il n’est entendu rien autre chose que le Royaume du Seigneur dans l’universel, ou en quelqu’un en particulier en qui réside le Royaume du Seigneur ; par la cité ou par la montagne de Sion, pareillement, par la montagne le céleste de la foi, et par la cité le spirituel de la foi. Le céleste même et le spirituel même sont aussi décrits par les cités, les palais, les maisons, les murs, les fondements des murs, les avant-murs, les portes, les verrous ; et, au milieu, le Temple ; comme dans Ézéchiel, XLVIII. – dans l’Apocalypse, XXI. 15 à 27 ; – elle est appelée la Sainte Jérusalem, Ibid. Vers. 2, 10 ; – dans Jérémie, XXXI. 38 ; – dans David, « Cité de Dieu, (lieu) saint des habitacles du Très-Haut », – Ps. XLVI. 5. – Dans Ézéchiel, la Cité est appelée Jéhovah-là. – XLVIII. 35. – Il est dit dans Ésaïe, en parlant d’elle : « Des fils de l’étranger bâtiront tes murs ; ils se prosterneront à la plante de tes pieds tous ceux qui te rejetaient ; ils t’appelleront la Cité de Jéhovah, la Sion du Saint d’Israël. » – XL. 10, 14. – Dans Zacharie, Jérusalem est nommée « Cité de vérité », et la montagne de Sion, « Montagne de sainteté » – VIII. 3 ; – dans ce passage, la cité de vérité ou Jérusalem signifie les spirituels de la foi ; et la montagne de sainteté ou de Sion, les célestes de la foi. Comme les célestes et les spirituels de la foi ont été représentés par la cité, de même tous les doctrinaux ont été signifiés par les cités de Jéhudah et d’Israël, lesquelles aussi, lorsqu’elles sont nommées, signifient en particulier quelque doctrinal ; mais quel est ce doctrinal, personne ne peut le savoir que par le sens interne. De même que par les Villes ont été signifiés les doctrinaux, de même aussi par les Villes ont été signifiés les (dogmes) hérétiques, et lorsqu’elles sont nommées elles signifient en particulier quelque (dogme) hérétique. Maintenant, on peut voir, par les seuls passages qui suivent, que la ville, en général, signifie le doctrinal ou l’hérétique : Dans Ésaïe : « En ce jour-là, il y aura cinq Villes dans la terre d’Égypte, parlant de la lèvre de Canaan, et jurant à Jéhovah Sébaoth ; Ville de Chérés sera appelée l’une. » – XIX. 18 ; – il s’agit là de la science des spirituels et des célestes, au temps de l’avènement du Seigneur. Dans le Même : « De tumulte pleine, ville tumultueuse, ville bondissante. » – XXII. 1, 2 ; – là, il s’agit de la vallée de la vision, ou de la fantaisie. Dans Jérémie : « Les villes du midi ont été fermées, et personne qui (les) ouvre. » – XIII. 19 ; – là, il est question de ceux qui sont dans le midi, ou dans la lumière de la vérité, et qui l’éteignent. Dans le Même : « Jéhovah a pensé à détruire le mur de la fille de Sion, il met dans le deuil l’avant-mur et le mur ; ensemble ils ont été affaiblis ; ses portes ont été enfoncées en terre, il a détruit et brisé ses verrous. » – Lament. II. 8, 9 ; – là, chacun peut voir que par mur, avant-mur, portes et verrous, il n’est pas entendu autre chose que des doctrinaux. De même dans Ésaïe : « On chantera ce cantique dans la terre de Jéhudah : Une ville forte (est) à nous ; salut il établira murs et avant-mur ; ouvrez les portes, pour qu’elle entre, la nation juste qui garde les fidélités. » – XXVI. 1, 2. – Dans le Même : « Je T’exalterai, je confesserai Ton Nom ; tu as mis (partie) de la Ville en monceau, la Ville munie en ruine ; le palais des étrangers, de la Ville jamais ne sera rebâti ; à cause de cela, un peuple fort T’honorera, une Ville de nations formidables Te craindra. » – XXV. 1, 2, 3 ; – là non plus il ne s’agit pas de quelque ville. Dans la Prophétie de Biléam : « Édom (lui) sera en héritage, et il dominera de Jacob ; et il fera périr ce qui sera de reste de la Ville. » – Nomb. XXIV. 19 ; – là, chacun peut voir que la ville ne signifie pas une ville. Dans Ésaïe : « La Ville de vanité a été ruinée, toute maison a été fermée, pour qu’on n’entre point ; clameur au sujet du vin dans les places. » – XXIV. 10, 11 ; – la ville de vanité est prise pour les vanités de la doctrine ; les places, ici et ailleurs, signifient ce qui appartient à la ville, les faux ou les vrais. Dans Jean : « Lorsque le septième ange versa sa fiole, devint la Ville grande en trois parties, et les Villes des nations tombèrent. » – Apoc. XVI. 19. – Que la ville grande soit ce qui est hérétique, et pareillement les villes des nations, chacun peut le voir ; il est aussi expliqué que la ville grande est la femme que Jean a vue, – Apoc. XVII. 18 ; – que la femme soit une semblable Église, c’est ce qui a été précédemment montré.
403. D’après ces explications, on voit ce que signifie la Ville ; mais comme toutes ces choses sont liées en forme d’histoire, ceux qui restent dans le sens de la lettre ne peuvent faire autrement que de penser que Caïn a bâti une ville et l’a nommée Chanoch, quoique d’après le sens de la lettre, ils devraient aussi de la sorte penser que la terre était alors peuplée, bien que Caïn fût le premier né d’Adam ; la série historique porte cela avec elle ; mais, ainsi qu’il a été dit précédemment, c’était une coutume chez les Très-Anciens de mettre tout en forme d’histoire sous des types représentatifs, ce à quoi ils prenaient un très grand plaisir ; alors, tout leur semblait, pour ainsi, dire, doué de vie.
404. Vers. 18. Et à Chanoch naquit Irad ; et Irad engendra Méchujael, et Méchujael engendra Méthuschael, et Méthuschael engendra Lamech. – Tous ces Noms signifient des hérésies dérivées de la première, qui fut appelée Caïn ; et comme de ces hérésies il ne subsiste que les noms, il est inutile d’en parler : on pourrait des dérivations des noms tirer quelque chose, par exemple, ce que signifie Irad, en ce que de la ville il descend, ainsi de l’hérésie appelée Chanoch ; et ainsi du reste.
405. Vers. 19. Et Lamech prit pour lui deux épouses ; le nom de l’une, Adah ; et le nom de l’autre, Zillah. – Par Lamech, qui est le sixième en ordre à partir de Caïn, est signifiée la vastation, en ce qu’il n’y a plus aucune foi : par les deux épouses est signifiée l’origine d’une nouvelle Église ; par Adah, la mère des célestes et des spirituels de cette Église, et par Zillah, la mère de ses naturels.
406. Par Lamech est signifiée la vastation, ou qu’il n’y a aucune foi : on peut le voir par les Versets suivants, 23 et 24, où il est dit qu’il a tué un homme (virum), pour sa blessure ; et un jeune homme, pour sa meurtrissure ; là, par l’homme il est entendu la foi, et par le jeune homme ou le jeune enfant, la charité.
407. Voici ce qui arrive, en général, quant à l’état de l’Église ; c’est que, par la suite des temps, elle s’éloigne de la vraie foi, et qu’enfin elle cesse d’en avoir aucune ; lorsqu’elle n’a aucune foi, il est dit qu’elle est dévastée. Il en fut ainsi de l’Église Très-Ancienne chez ceux qui ont été appelés Caïnites ; il en fut de même de l’Église Ancienne instituée après le déluge ; de même de l’Église Judaïque qui fut tellement dévastée, au temps de l’avènement du Seigneur, que les Juifs ignoraient absolument que c’était Lui qui devait venir pour les sauver, et qu’ils n’eurent aucune foi en Lui ; il en fut encore de même de l’Église primitive, ou de celle qui fut instituée après la venue du Seigneur, et qui, aujourd’hui, est tellement dévastée qu’il n’y a aucune foi. Néanmoins, il reste toujours quelque noyau de l’Église, que ceux qui ont été dévastés quant à la foi ne reconnaissent point. C’est ainsi qu’un reste de la Très-Ancienne Église se conserva jusqu’au déluge, et fut ensuite continué après le déluge ; ce reste de l’Église est appelé Noach (Noé).
408. Quand l’Église est tellement dévastée qu’il ne reste plus aucune foi, elle recommence de nouveau, ou autrement dit il brille une nouvelle lumière qui, dans la Parole, est appelée Matin. Si cette nouvelle lumière ou matin n’apparaît pas avant que l’Église ait été dévastée, c’est parce que les choses de la foi et de la charité ont été mêlées avec des choses profanes ; et, tant que ce mélange existe, rien de ce qui concerne la lumière ou la charité ne peut être insinué, car l’ivraie étouffe toute bonne semence ; mais quand il n’y a aucune foi, il n’y a plus de danger que la foi soit profanée puisqu’on ne croit pas ce qui est dit : ceux qui ne reconnaissent ni ne croient, mais qui savent seulement, ne peuvent profaner, comme il a été dit précédemment. Ainsi, aujourd’hui les Juifs, vivant au milieu des Chrétiens, ne peuvent ignorer que les Chrétiens reconnaissent le Seigneur pour le Messie qu’eux-mêmes attendirent et qu’ils attendent encore ; mais ils ne peuvent profaner, parce qu’ils ne reconnaissent ni ne croient. Il en est de même des Mahométans et des Gentils qui ont entendu parler du Seigneur. Ce fut pour cette raison que le Seigneur ne vint pas dans le monde, avant que l’Église Judaïque eût entièrement cessé de reconnaître et de croire.
409. Il en arriva de même à l’égard de l’hérésie qui a été appelée Caïn, laquelle fut dévastée par la suite des temps ; car elle reconnut, il est vrai, l’amour, mais elle fit de la foi le principal, et la préféra à l’amour ; toutefois les hérésies dérivées de là se fourvoyèrent de plus en plus, et Lamech, qui fut le sixième en ordre, nia même absolument la foi : quand ce temps fut arrivé, une lumière nouvelle ou matin se montra, et il fut formé une nouvelle Église, qui est nommée ici Adah et Zillah, lesquelles sont appelées épouses de Lamech. Elles sont dites épouses de Lamech, qui n’avait aucune foi, comme les Églises Interne et Externe des Juifs, qui n’eurent non plus aucune foi, sont aussi appelées épouses dans la Parole ; cela fut même représenté par Léa et Rachel, les deux épouses de Jacob ; Léa représentait l’Église Externe, et Rachel l’Église Interne : ces Églises, quoiqu’elles paraissent deux, n’en forment cependant qu’une seule ; car sans l’Interne, l’Externe ou la représentative n’est rien, sinon quelque chose d’idolâtrique ou de mort ; mais l’Interne avec l’Externe constituent une seule et même Église, comme ici Adah et Zillah. Mais comme Jacob, ou la postérité de Jacob, n’avait, de même que Lamech aucune foi, l’Église ne put pas y rester, mais fut transportée chez des Gentils qui avaient vécu, non dans l’infidélité, mais dans l’ignorance. Il est rare, si toutefois cela arrive, que l’Église reste chez ceux qui possèdent les vérités lorsqu’ils ont été dévastés ; mais elle est transportée vers ceux qui n’ont aucune connaissance de ces vérités, car ceux-ci embrassent la foi bien plus facilement que ceux-là.
410. Il y a deux espèces de vastations ; la première se fait sur ceux qui savent et ne veulent pas savoir, ou qui voient et ne veulent pas voir ; telle fut celle des Juifs, et telle est aujourd’hui celle des Chrétiens : l’autre se fait sur ceux qui ne savent ou ne voient rien, parce qu’ils ignorent ; tels ont été et tels sont encore aujourd’hui les Gentils. Quand le dernier temps de la vastation est arrivé chez ceux qui savent et ne veulent pas savoir, ou qui voient et ne veulent pas voir, alors de nouveau surgit une Église, non chez eux, mais chez ceux qu’ils appellent Gentils. C’est ce qui arriva à la Très-Ancienne Église avant le déluge, à l’Ancienne Église après le déluge, et à l’Église Judaïque. Si une nouvelle lumière commence alors à briller, c’est, comme il a été dit, parce qu’alors on ne peut plus profaner les choses qui sont révélées, parce qu’on ne reconnaît et on ne croit point que ce sont des vrais.
411. Que le dernier temps de la vastation doive arriver avant qu’une nouvelle Église puisse surgir, c’est ce qui est dit plusieurs fois par le Seigneur dans les Prophètes ; là est appelé vastation ce qui concerne les célestes de la foi, et désolation ce qui concerne les spirituels de la foi ; et aussi consommation et destruction, comme dans Ésaïe, – VI. 9, 11, 12. XXIV. 1 à 23. XXIII. 8 et suiv. XLII. 15 à 18. Jérém, XXV. 1 à 38. Daniel, VIII. 1 à 27. IX. 24 à 27. Séphanie, I. 1 à 18. Deutér. XXXII. 1 à 52. Apoc. XV. XVI et suiv.
412. Vers. 20. Et Adah enfanta Jabal, lequel fut père de l’habitant de la tente et du troupeau. – Par Adah est signifiée, comme précédemment, la mère des célestes et des spirituels de la foi : par Jabal, père de l’habitant de la tente et du troupeau, est signifiée la doctrine sur les choses saintes de l’amour, et sur les biens qui en procèdent ; ce sont les célestes.
413. Par Adah est signifiée la mère des célestes de la foi : on le voit par son premier-né Jabal, en ce qu’il est dit père de l’habitant de la tente et du troupeau, expressions qui désignent les célestes, puisqu’elles signifient les choses saintes de l’amour, et les biens qui en procèdent.
414. Habiter la tente, c’est le saint de l’amour : on le voit par la signification des tentes dans la Parole, comme dans David : « Jéhovah ! qui séjournera dans ta Tente, qui habitera en la montagne de ta sainteté ? Celui qui marche en intégrité, et qui pratique la justice, et qui parle avec vérité en son cœur. » – Ps. XV. 1, 2 ; – là, par les choses saintes de l’amour, qui consistent à marcher en intégrité et à pratiquer la justice, il est décrit ce que c’est qu’habiter dans la Tente ou en la montagne de la sainteté. Dans le Même : « Sur toute la terre s’est répandue leur ligne, et jusqu’à l’extrémité du globe leur discours ; pour le soleil il a posé une tente en eux. » – Ps. XIX. 5 ; – là, le soleil est mis pour l’amour. Dans le Même : « Je séjournerai dans ta Tente à éternités, je me réfugierai sous le couvert de tes ailes. » – Ps. LXI. 5 ; – la Tente est là pour le céleste, et le couvert des ailes pour le spirituel qui en procède. Dans Ésaïe : « Affermi a été par la Miséricorde le trône ; et il est assis sur lui dans la vérité, dans la Tente de David, jugeant et recherchant le jugement, et hâtant la justice. » – XVI. 5 ; – là aussi la tente est pour le saint de l’amour ; de même rechercher le jugement et hâter la justice. Dans le Même : « Regarde Sion, la Cité de notre fête solennelle ; que tes yeux voient Jérusalem, l’habitacle tranquille, la Tente qui ne sera point déplacée. » – XXXIII. 20 ; – il s’agit là de la Jérusalem Céleste. Dans Jérémie : « Ainsi a dit Jéhovah : Voici que, Moi, je ramène la captivité des Tentes de Jacob, et de ses habitacles j’aurai compassion ; et la cité sera bâtie sur son éminence. » – XXX. 18 ; – la captivité des tentes est prise pour la vastation des célestes, ou des choses saintes de l’amour. Dans Amos : « En ce jour-là, je dresserai le Tabernacle de David, qui est tombé, et je réparerai leurs brèches, et ses ruines je relèverai, et je le bâtirai comme aux jours d’éternité. » – IX. 11 ; – le Tabernacle est aussi là pour les célestes et pour leurs choses saintes. Dans Jérémie : « Dévastée a été toute la terre ; tout à coup ont été dévastées mes Tentes, subitement mes rideaux. » – IV. 20 ; – et ailleurs : « Ma Tente a été dévastée, et tous mes cordages ont été rompus ; mes fils sont sortis d’avec moi, et ils ne sont plus : plus personne qui étende ma Tente, et qui dresse mes rideaux. » – X. 20 ; – la tente est là pour les célestes ; les rideaux et les cordages, pour les spirituels qui en procèdent. Dans le Même : « De leurs Tentes et de leurs troupeaux ils s’empareront ; leurs rideaux, et tous leurs vases, et leurs chameaux ils prendront pour eux. » – XLIX. 29 ; – là, il s’agit de l’Arabie et des fils de l’Orient, par lesquels sont représentés ceux qui possèdent les célestes ou les choses saintes. Dans le même : « Sur la Tente de la fille de Sion le Seigneur a répandu comme un feu son emportement. » – Lament. II. 4 ; – c’est la vastation des célestes, ou des choses saintes de la foi. Si, dans la Parole, la Tente est prise pour les célestes et pour les choses saintes de l’amour, c’est parce que anciennement les hommes exerçaient le Culte saint dans leurs Tentes ; mais lorsqu’ils eurent commencé à profaner les Tentes par des cultes profanes, ils construisirent d’abord un Tabernacle et ensuite un Temple ; voilà pourquoi les Tentes avaient aussi la signification qu’eurent plus tard le Tabernacle et ensuite le Temple : l’homme sanctifié fut en conséquence nommé Tente et Tabernacle, de même que Temple du Seigneur. Que la Tente, le Tabernacle et le Temple aient une même signification, on le voit dans David : « Une chose j’ai demandée à Jéhovah, je la rechercherai : c’est que je demeure dans la Maison de Jéhovah tous les jours de ma vie, pour contempler avec délices Jéhovah, et pour me tenir dès le matin dans son Temple ; parce qu’il me cachera dans son Tabernacle au jour du mal ; il me tiendra caché dans le secret de sa Tente, sur un rocher il m’élèvera ; et, dès à présent, ma tête s’élèvera contre mes ennemis qui sont autour de moi, et je sacrifierai dans sa Tente des sacrifices de cris de réjouissance. » – Ps. XXVII. 4, 5, 6. – Dans le sens suprême, le Seigneur, quant à son Humaine Essence, est la Tente, le Tabernacle, le Temple ; c’est de là qu’a été ainsi nommé tout homme céleste, et par suite tout ce qui est céleste et saint : et comme le Seigneur a aimé la Très-Ancienne Église plus que celles qui suivirent, et qu’alors les hommes vivaient seuls entre eux ou dans leurs familles, et exerçaient un culte si saint dans leurs tentes, voilà pourquoi les Tentes furent jugées plus saintes que le Temple qui fut profane. C’est en souvenir de cela que fut, en conséquence, établie la Fête des tabernacles, après la récolte du produit de la terre ; afin que les Israélites habitassent, comme les Très-Anciens, sous des Tabernacles, – Lévit. XXIII. 39 à 44. Deutér. XVI. 13. Hosée, XII. 10.
415. Par le Père du troupeau est signifié le Bien qui vient de là, ou des choses saintes de l’amour ; on peut le voir d’après ce qui a été montré ci-dessus, Vers. 2 de ce Chapitre, que le Pasteur du troupeau signifie le Bien de la charité ; mais ici il est dit le Père et non le Pasteur, le troupeau (pecus) et non le troupeau (grex) ; et l’expression du troupeau (pecoris), dont il est le père, suit immédiatement celle de la tente ; de là on voit que le bien qui vient du saint de l’amour est signifié, et il est entendu l’habitacle, ou le parc du troupeau, ou le père de ceux qui habitaient la tente et les parcs du troupeau, expressions qui signifient les biens provenant des célestes de l’amour, comme on le voit aussi çà et là dans la Parole ; ainsi, dans Jérémie : « Je rassemblerai les restes de mon troupeau de toutes les terres dans lesquelles je les ai dispersés, et je les ramènerai à leurs parcs, afin qu’ils produisent du fruit et se multiplient. » – XXIII. 3. – Dans Ézéchiel : « Dans un bon pâturage je les paîtrai, et sur les hautes montagnes d’Israël sera leur parc ; là, ils reposeront dans un parc bon, et un pâturage gras ils paîtront sur les montagnes d’Israël. » – XXXIV. 14 ; – 14, les parcs et les pâturages sont pour les biens de l’amour ; le gras se dit de l’amour, Dans Ésaïe : « Il donnera la pluie de ta semence, dont tu sèmeras l’humus ; et le pain, le produit de l’humus, sera gras et huileux ; il paîtra tes troupeaux en ce jour-là en prairie spacieuse. » – XXX. 23 ; – là, par le pain est signifié le céleste, et par le gras où paissent les troupeaux les biens qui en procèdent. Dans Jérémie : « Jéhovah a racheté Jacob, et ils viendront et chanteront sur la hauteur de Sion, et ils afflueront vers le bien de Jéhovah, sur le froment, et sur le vin doux, et sur l’huile, et sur les fils du menu bétail et du gros bétail, et leur âme sera comme un jardin arrosé. » – XXXI. 11, 12 ; – la sainteté de Jéhovah est décrite ici par le froment et par l’huile ; les biens qui en résultent sont décrits par le vin doux, et par les fils du menu et du gros bétail, ou du troupeau (pecoris). Dans le Même : « Vers la fille de Sion viendront les pasteurs et les troupeaux de leur bétail, et ils planteront près d’elle des tentes à l’entour ; ils paitront chacun leur espace. » – VI. 3 ; – la fille de Sion est là pour l’Église céleste, à laquelle se réfèrent et les Tentes et les troupeaux de bétail.
416. Que les choses saintes de l’amour et les biens qui en proviennent soient signifiés, on peut le voir encore en ce que Jabal n’était pas le premier qui eut habité la tente et les parcs du troupeau, car il est dit aussi d’Habel, second fils de l’Homme et de Chavah, qu’il fut pasteur de troupeau, et Jabal est le septième en ordre à partir de Caïn.
417. Vers. 21. Et le nom de son frère, Jubal, lequel fut père de quiconque touche la harpe et l’orgue. – Par le nom de son frère, Jubal, est signifiée la doctrine des spirituels de cette même Église : par père de quiconque touche la harpe et l’orgue sont signifiés les vrais et les biens de la foi.
418. Dans le précédent Verset, il s’agit des célestes qui appartiennent à l’amour, et dans celui-ci, des spirituels qui appartiennent à la foi ; ceux-ci sont exprimés par la harpe et l’orgue. Que par les instruments à cordes, tels que les harpes et autres instruments de cette espèce, aient été signifiés les spirituels de la foi, on le voit en beaucoup d’endroits ; de semblables instruments, dans le culte de l’Église représentative, ne représentaient pas autre chose ; il en était aussi de même des Cantiques ; de là tant de chantres et de musiciens. Cela vient de ce que toute joie céleste produit l’allégresse du cœur, qui se manifeste par le chant et ensuite par les instruments à cordes qui rivalisaient et exaltaient le chant ; toute affection du cœur a aussi en elle-même la propriété de produire le chant, par conséquent ce qui a rapport au chant ; l’affection du cœur est le céleste ; le chant par suite est le spirituel. Que le chant et ce qui ressemble au chant signifient le spirituel, c’est ce que j’ai pu voir par les Chœurs angéliques, qui sont de deux genres, les uns célestes et les autres spirituels ; les Chœurs spirituels, par leur son d’une harmonie légère auquel peut être assimilé le son des instruments à cordes, sont bien différents des Chœurs célestes dont il sera parlé dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur. Les Très-Anciens rapportaient aussi à la province du cœur ce qui était céleste, et à la province des poumons ce qui était spirituel ; ainsi, ils rapportaient le spirituel à tout ce qui concerne les poumons, par exemple, aux paroles du chant et à tout ce qui ressemble au chant, par conséquent aux paroles ou aux sons de ces instruments ; et cela, non-seulement parce que le cœur et les poumons représentent une sorte de mariage de même que l’amour et la foi, mais aussi parce que les Anges célestes appartiennent à la province du cœur, et les Anges spirituels à celle des poumons. Que de telles choses soient entendues ici, on peut encore le savoir en ce que c’est la Parole du Seigneur, dans laquelle il n’y aurait aucune vie s’il était simplement exposé que Jubal était père de ceux qui touchent la harpe et l’orgue : il ne serait utile à personne de le savoir.
419. De même que les célestes sont les choses saintes de l’amour et les biens qui en proviennent, de même les spirituels sont les vrais et les biens de la foi ; car c’est le propre de la foi de comprendre non-seulement ce que c’est que le vrai, mais encore ce que c’est que le bien ; les connaissances de la foi enveloppent l’un et l’autre ; mais être tel que l’enseigne la foi, c’est le céleste. Comme la foi enveloppe l’un et l’autre, ils sont signifiés par deux instruments, la harpe et l’orgue ; la harpe, comme on le sait, est un instrument à cordes ; en conséquence elle signifie le vrai spirituel ; l’orgue, au contraire, tient le milieu entre les instruments à cordes et les instruments à vent ; c’est pourquoi il signifie le bien spirituel.
420. Dans la Parole, il est question de divers instruments, et chaque instrument a sa signification ; il en sera parlé en son lieu d’après la Divine Miséricorde du Seigneur ; il suffit maintenant de citer ce qui en est dit dans David : « Je sacrifierai dans la tente de Jéhovah des sacrifices de cris de réjouissance ; je chanterai et psalmodierai à Jéhovah. » – Ps. XXVII. 6 ; – là, le céleste est exprimé par la tente, et le spirituel qui en procède, par cris de réjouissance, par chanter et par psalmodier. Dans le Même : « Justes, chantez à Jéhovah ; aux (hommes) droits bienséante est sa louange ; confessez Jéhovah sur la harpe, sur le nablion à dix cordes psalmodiez-lui ; chantez-lui un cantique nouveau ; rendez beau toucher avec cri de joie ; car droite est la parole de Jéhovah, et toute son œuvre (est) dans la vérité. » – Ps. XXXIII. 1, 2, 3, 4 ; – il s’agit des vrais de la foi, auxquels s’appliquent ces choses. Les spirituels, ou les vrais et les biens de la foi, étaient célébrés avec la harpe et les nablions, avec le chant et tout ce qui ressemble au chant ; mais les choses saintes, ou les célestes de la foi, étaient célébrées avec les instruments à vent, tels que trompettes et autres semblables ; de là, tant d’instruments autour du temple ; de là, telles ou telles cérémonies dans chacune desquelles on employait si souvent des instruments déterminés. C’est pour cela que les instruments ont été pris pour les choses mêmes qu’ils célébraient et les ont signifiées, comme on le voit encore dans David : « Je te célébrerai avec l’instrument du nablion pour ta vérité, ô mon Dieu ! je te psalmodierai avec la harpe, Saint d’Israël ; mes lèvres chanteront quand je te psalmodierai, et (aussi) mon âme, que tu as rachetée. » – Ps. LXXI. 22, 23 ; – là, pareillement, il s’agit des vrais de la foi. Dans le Même : « Répondez à Jéhovah avec confession ; psalmodiez à notre Dieu avec la harpe. » – là, la confession concerne les célestes de la foi ; c’est pourquoi il est dit Jéhovah ; et psalmodier avec la harpe concerne les spirituels de la foi, c’est pourquoi il est dit Dieu. Dans le Même : « Qu’ils louent le nom de Jéhovah en chœur ; que sur le tambour et la harpe ils Lui psalmodient. » – Ps. CXLIX. 3 ; – là, le tambour est pris pour le bien, et la harpe pour le vrai, dont ils célèbrent les louanges. Dans le Même : « Louez Dieu avec son de trompette ; louez-Le avec nablion et harpe ; louez-Le avec tambour et chœur ; louez-Le avec luth et orgue, louez-Le avec cymbales retentissantes ; louez-Le avec cymbales de jubilation. » – Ps. CL. 3 à 5 ; – il s’agit des biens et des vrais de la foi, pour lesquels il y a louange ; et qu’on ne croie pas que tant d’instruments soient nommés sans que chacun d’eux ait quelque signification. Dans le Même : « Envoie ta lumière et ta vérité ; qu’elles me conduisent, me mènent vers la montagne de ta sainteté et vers tes habitacles ; et j’entrerai vers l’autel de Dieu, vers le Dieu de l’allégresse de mon ravissement ; et je te célébrerai sur la harpe, Dieu, mon Dieu ! » – Ps. XTIII. 3, 4 ; – il s’agit des connaissances du bien et du vrai. Dans Ésaïe : « Prends la harpe, fais le tour de la ville, touche bien, multiplie le chant, afin que tu sois rappelée en mémoire. » – XXIII. 16 ; – il s’agit de choses qui appartiennent à la foi et aux connaissances de la foi. C’est encore plus manifeste dans Jean : « Les quatre Animaux et les vingt-quatre Anciens se prosternèrent devant l’Agneau, ayant chacun des harpes, et des fioles d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints. » – Apoc. V. 8 ; – chacun peut comprendre qu’ils n’avaient point de harpes, mais que les vrais de la foi sont signifiés par les harpes, et les biens de la foi par les fioles d’or pleines de parfums : dans David sont appelées Louanges et Confessions les choses qui se faisaient avec des instruments, – Ps. XLII. 5. LXIX. 31. – Et ailleurs dans Jean : « J’entendis une voix du Ciel, comme une voix de beaucoup d’eaux ; j’entendis une voix de joueurs de harpes jouant de leurs harpes : « ils chantaient un cantique nouveau. » – Apoc. XIV. 2, 3 ; – et ailleurs. « Des hommes se tenaient auprès de la mer de verre, ayant des harpes de Dieu. » – Apoc. XV. 2. – Il est une chose digne d’être rapportée, c’est que les Anges et les Esprits discernent non-seulement les sons du chant et des instruments, mais encore ceux de la voix, selon les différences quant au bien et au vrai ; et qu’ils n’admettent de ces sons que ceux qui sont en concordance ; il résulte de là qu’il y a une concordance des sons, et par conséquent des instruments, avec la nature et l’essence du bien et du vrai.
421. Vers. 22. Et Zillah aussi, elle, enfanta Thubal Caïn, qui instruisait tout ouvrier en airain et en fer. Et la sœur de Thubal Caïn, Naamah. – Par Zillah est signifiée, comme il a été dit, la mère des naturels de l’Église nouvelle : par Thubal Caïn instruisant tout ouvrier en airain et en fer est signifiée la doctrine du bien et du vrai naturels ; l’airain signifie le bien naturel ; et le fer, le vrai naturel : par la sœur de Thubal Caïn, Naamah, est signifiée une semblable Église, ou la doctrine du bien et du vrai naturels, hors de cette Église.
422. Comment la chose se passe à l’égard de cette nouvelle Église, on peut le voir d’après l’Église Judaïque. Celle-ci était interne et externe : les célestes et les spirituels constituaient l’Église Interne, et les naturels l’Externe : l’Interne était représentée par Rachel, l’Externe par Léa ; mais comme Jacob, ou ses descendants entendus dans la Parole par Jacob, étaient tels qu’ils ne voulaient que les Externes ou un culte dans les externes, Léa fut donnée à Jacob avant Rachel ; et par Léa dont la vue était faible fut représentée l’Église Judaïque, et par Rachel l’Église nouvelle des Gentils ; c’est pourquoi Jacob est pris dans l’un et l’autre sens dans les Prophètes ; dans l’un, quand est signifiée l’Église Judaïque pervertie ; dans l’autre, quand c’est la vraie Église externe des Gentils ; quand c’est l’interne, il est appelé Israël : dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il en sera parlé.
423. Il est dit de Thubal Caïn qu’il instruisait tout ouvrier, et non pas qu’il en était le père, comme il l’a été dit de Jabal et de Jubal ; la raison de cela, c’est que les Célestes et les Spirituels, ou les internes, n’existaient point antérieurement ; c’est pourquoi, comme alors ils commencent à exister, Jabal et Jubal en sont dits les pères ; mais les naturels ou les externes existaient auparavant, et sont maintenant appliqués aux internes ; et c’est pour cela que Thubal Caïn est dit instruire l’ouvrier, et non en être le père.
424. Par l’ouvrier il est signifié, dans la Parole, le sage, l’intelligent, celui qui sait ; ici par l’ouvrier en airain et en fer, ceux qui sont dans la science du bien et du vrai naturels ; comme dans Jean : « Avec impétuosité sera précipitée Babylone, cette grande ville, et elle ne sera plus trouvée. Et voix de joueurs de harpe, et de musiciens, et de joueurs de flutes et de trompettes, ne sera plus entendue en toi ; et nul ouvrier, de quelque métier que ce soit, ne sera plus trouvé en toi. » – Apoc. XVIII. 21, 22. – Les joueurs de harpe sont pris, comme précédemment, pour les vrais ; et ceux qui sonnent de la trompette, pour les biens de la foi : l’ouvrier, de quelque métier que ce soit, est pris pour celui qui sait, ou pour la science du vrai et du bien. Dans Ésaïe : « Un ouvrier fond l’image taillée, et un fondeur la recouvre d’or, et des chaînettes d’argent il fond ; il cherche un ouvrier sage qui dispose la statue, afin qu’elle ne puisse pas être ébranlée. » – XL. 19, 20. – II s’agit de ceux qui, d’après la fantaisie, s’imaginent un faux, représente ici par l’image taillée, et qui l’enseignent pour qu’il paraisse comme étant le vrai. Dans Jérémie : « Ensemble ils s’infatuent, ils deviennent fous ; enseignement de vanités est le bois ; de l’argent battu, de Tharschisch est apporté, et de l’or, d’Uphaz, ouvrage d’ouvrier et des mains d’un fondeur ; hyacinthe et vêtement, ouvrage de sages en entier. » – X. 3, 8, 9. – Ces expressions signifient celui qui enseigne des faux, et compile dans la Parole pour forger ses fictions ; c’est là ce qui est appelé enseignement de vanités et ouvrage de sages ; de tels hommes ont été autrefois représentés par des ouvriers qui fondent des idoles, ou des faux, qu’ils ornent d’or, c’est-à-dire, d’un simulacre de bien ; d’argent, c’est-à-dire, d’un simulacre de vrai ; d’hyacinthe et de vêtement, c’est-à-dire, de vrais naturels qui semblent s’y adapter.
425. Le monde ignore encore que l’Airain signifie le bien naturel, et que tout métal qui est nommé dans la Parole a une signification dans le sens interne ; qu’ainsi l’Or signifie le Bien céleste ; l’Argent, le Vrai spirituel ; l’Airain, le Bien naturel ; le Fer, le Vrai naturel, et ainsi des autres ; pareillement la Pierre et le Bois ; de telles choses ont été signifiées par l’or, l’argent, l’airain et le bois dans l’Arche et dans le Tabernacle, de même dans le Temple ; il en sera parlé dans la suite d’après la Divine Miséricorde du Seigneur. Dans les Prophètes il apparaît clairement que de telles choses sont signifiées ; par exemple, dans Ésaïe : « Tu suceras le lait des nations, et la mamelle des rois tu suceras ; au lieu de l’Airain je ferai venir de l’or ; et au lieu du Fer je ferai venir de l’argent ; et au lieu des Bois de l’airain ; et au lieu des Pierres du fer ; je remplacerai ton cens par la paix, et tes exacteurs par la justice. » – LX. 16, 17 ; – là, il s’agit de l’Avènement du Seigneur, de son Royaume et de l’Église céleste ; l’or au lieu de l’airain, c’est le bien céleste à la place du bien naturel ; l’argent au lieu du fer, c’est le vrai spirituel à la place du vrai naturel ; l’airain au lieu des bois, c’est le bien naturel à la place du bien corporel ; le fer au lieu des pierres, c’est le vrai naturel à la place du vrai sensuel. Dans Ézéchiel : « Javan, Thubal et Meschech, eux (ont été) tes commerçants, en fait d’âme d’homme ; et de vases d’airain ils ont fourni ton négoce. » – XXVII. 13 ; – là, il s’agit de Tyr par qui sont signifiés ceux qui possèdent les richesses spirituelles et célestes ; et les vases d’airain sont pris pour les biens naturels. Dans Moïse : « Une terre dont les pierres (sont) du fer, et des montagnes de laquelle tu tireras de l’airain. » – Deutér. VIII. 9 ; – là, pareillement, les pierres sont prises pour le vrai sensuel, le fer pour le vrai naturel ou rationnel, et l’airain pour le bien naturel. Les quatre animaux ou Chérubins vus par Ézéchiel avaient les pieds brillants comme de l’airain poli. – I. 7 ; – là encore l’airain signifie le bien naturel, car le pied de l’homme représente le naturel. De même Daniel vit : « Un homme vêtu de lin, et ses reins ceints d’or d’Uphaz, et son corps comme une Tharschisch ; ses bras et ses pieds, comme l’aspect de l’airain poli. » – Daniel, X. 5, 6. – Que le serpent d’airain, – Nomb. XXI. 9, – ait représente le Bien sensuel et naturel du Seigneur, on l’a vu plus haut.
426. Que le Fer signifie le Vrai naturel, on le voit par les passages qui viennent d’être cités, et aussi par ce qui est dit dans Ézéchiel au sujet de Tyr : « Tharschisch (a été) ta négociatrice, à cause de la multitude de toute richesse ; en argent, fer, étain et plomb, ils ont fourni tes marchés : Dan et Javan et Meusal dans tes foires ont fourni le fer poli ; de la casse et de la canne en ton marché il y avait. » – XXVII. 12, 19 ; – par ce passage, et par tout ce qui, dans ce Chapitre, précède et suit, on voit clairement qu’il est signifié des richesses célestes et spirituelles, et quelque richesse spéciale par chaque chose qui est nommée, puis aussi par les noms ; car la Parole du Seigneur est spirituelle, et non une simple série de mots. Dans Jérémie : « Brisera-t-on le fer, le fer du septentrion, et l’airain ? Tes prévisions et tes trésors au pillage je livrerai, non pour un prix ; et cela, à cause de tous tes péchés. » – XV. 12, 13 ; – là, le fer et l’airain sont pris pour le vrai et le bien naturels ; ce qui vient du septentrion signifie le sensuel et le naturel, car le naturel, respectivement au spirituel et au céleste, est comme l’obscurité ou le septentrion respectivement à la lumière ou au midi, ou comme l’ombre que signifie aussi ici Zillah, qui est la mère ; que les provisions et les trésors soient les richesses célestes et spirituelles, cela aussi est bien évident. Dans Ézéchiel : « Prends-toi une poêle de fer, et établis-la pour muraille de fer entre toi et la ville, et dresse ta face vers elle, et qu’elle soit sous le siège, et que tu la serres de près. » – IV. 3 ; – que le fer ici signifie la vérité, cela aussi est évident ; à la vérité est attribuée la force, parce qu’on ne peut lui résister ; c’est pourquoi la force se dit aussi du fer par lequel est signifiée la vérité ou le vrai de la foi, qui brise et écrase, comme on le voit dans Daniel, – II. 33, 40 ; – et dans Jean : « Celui qui vaincra, je lui donnerai pouvoir sur les nations, et il les gouvernera avec une verge de fer ; comme des vases d’argile elles seront brisées. » – Apoc. II. 26, 27. – Dans le Même : « La femme enfanta un fils mâle, qui doit paître toutes les nations avec une verge de fer. » – Apoc. XII. 5. – Que la verge de fer soit la vérité qui appartient à la Parole du Seigneur, cela est expliqué dans Jean : « Je vis le Ciel ouvert, et voici, un Cheval blanc ; et celui qui était monté dessus est appelé fidèle et véritable, et en justice il juge et combat ; il était revêtu d’un vêtement teint de sang, et s’appelle son nom : La Parole de Dieu ; de sa bouche sort une épée tranchante, pour qu’il en frappe les nations, et Lui les paîtra avec une verge de fer. » – Apoc. XIX. 11, 13, 15.
427. Vers. 23. Et Lamech dit à ses épouses Adah et Zillah : Écoutez ma voix, épouses de Lamech, et prêtez oreille à ma parole, parce qu’un homme (virum) j’ai tué, ma blessure ; et un jeune homme, ma meurtrissure. – Par Lamech est signifiée, comme précédemment, la vastation : qu’il ait dit à ses épouses Adah et Zillah de prêter oreille à sa parole, c’est la confession, qui ne se fait que là où est l’Église, représentée, comme il a été dit, par ses épouses : qu’il ait tué un homme, sa blessure, cela signifie qu’il a éteint la foi ; par l’homme est signifiée la foi, comme ci-dessus : qu’il ait tué un jeune homme, sa meurtrissure, cela signifie qu’il a étouffé la charité : par la blessure et par la meurtrissure il est signifié qu’il n’y avait plus rien d’intact ; par la blessure, la foi désolée, et par la meurtrissure, la charité dévastée.
428. D’après ce qu’on lit dans ce Verset, et ce qui est renfermé dans le suivant, on voit clairement que par Lamech est signifiée la vastation ; car il dit qu’il a tué un homme et un jeune homme, et que Caïn au septuple doit être vengé, et Lamech soixante-dix-sept fois.
429. Que par l’homme soit signifiée la foi, on le voit par le premier Verset de ce Chapitre, où Chavah dit, après avoir enfanté Caïn : J’ai acquis homme Jéhovah, par quoi est entendue la doctrine de la foi, laquelle est appelée Homme Jéhovah ; on le voit aussi d’après les explications qui ont été données plus haut sur Homme (Vir), en ce qu’il signifie l’entendement qui appartient à la foi. Qu’il ait aussi éteint la charité, qui est appelée jeune homme ou enfant, c’est encore ce que l’on voit ; car celui qui nie ou tue la foi, nie et tue en même temps la charité qui prend naissance au moyen de la foi.
430. Dans la Parole, le jeune homme ou l’enfant signifie l’innocence, puis aussi la charité ; car la véritable innocence n’est pas donnée sans la charité, ni la véritable charité sans l’innocence. Il y a trois degrés d’innocence qui, dans la Parole, sont distingués par les enfants à la mamelle, les petits enfants et les enfants. Or, comme la véritable innocence ne peut être accordée sans le véritable amour et sans la charité, c’est aussi par les mêmes, à savoir, par les enfants à la mamelle, par les petits enfants et par les enfants que sont signifiés les trois degrés d’amour, à savoir, l’amour tendre comme celui d’un enfant à la mamelle envers sa mère ou sa nourrice, l’amour tel que celui d’un petit enfant pour son père et sa mère, et la charité semblable à l’amour de l’enfant pour celui qui l’instruit. Ainsi, dans Esaïe : « Le loup habitera avec l’agneau, et le léopard avec le chevreau couchera, et le veau et le lionceau, et le bétail gras ensemble ; et un enfant les conduira. » – XI. 6 ; – là, l’agneau, le chevreau et le veau sont pris pour les trois degrés d’innocence et d’amour ; le loup, le léopard et le lionceau pour les opposés ; et l’enfant, pour la charité. Dans Jérémie : « Vous, vous faites un grand mal contre vos âmes, en séparant de vous l’homme (vir) et l’épouse, le petit enfant et l’enfant à la mamelle du milieu de Jéhudah, pour n’en laisser aucun parmi vous de reste. » – XLIV. 7 ; – l’homme et l’épouse sont pris pour les intellectuels du vrai et pour les volontaires du bien ; le petit enfant et l’enfant à la mamelle, pour les premiers degrés d’amour. Que le petit enfant et l’enfant soient l’innocence et la charité, on le voit clairement par ces paroles du Seigneur dans Luc : « On apportait à Jésus de petits enfants pour qu’il les touchât ; il dit : Laissez les petits enfants venir à moi, et ne les empêchez pas, car à ceux qui sont tels appartient le Royaume de Dieu. En vérité, je vous dis : « Quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point. » – XVIII. 15 à 17. – Le Seigneur lui-même est appelé enfant ou petit enfant, – Ésaïe, IX. 5, – parce qu’il est Lui-Même l’Innocence même et l’Amour même ; et là, il est appelé Admirable, Conseiller, Dieu, Héros, Père d’éternité, Prince de paix.
431. Que par la blessure et par la meurtrissure il soit signifié qu’il n’y avait plus rien d’intact, et en particulier par la blessure la foi désolée, et par la meurtrissure la charité dévastée, on le voit en ce que la blessure se dit de l’homme, et que la meurtrissure se dit du jeune homme ; la désolation de la foi et la vastation de la charité sont décrites par les mêmes expressions dans Ésaïe : « Depuis la plante des pieds jusqu’à la tête, rien en lui d’intact ; blessure, meurtrissure, et plaie récente, non pressée, ni bandée, ni adoucie avec de l’huile. » – I. 6 ; – là, la blessure se dit de la foi désolée ; la meurtrissure, de la charité dévastée ; et la plaie, de l’un et de l’autre.
432. Vers. 24. Or, au septuple doit être vengé Caïn ; et Lamech, soixante-dix-sept fois. – Cela signifie qu’ils ont éteint la foi entendue par Caïn, foi qui ne pouvait être violée sans sacrilège, et qu’en même temps ils avaient éteint la charité qui devait naître au moyen de la foi, ce qui est un sacrilège beaucoup plus grand ; et que c’est pour cela qu’il y avait damnation, ce qui est être vengé soixante-dix-sept fois.
433. Que Caïn, qui doit être vengé au septuple, signifie que c’était un sacrilège de violer la foi séparée, entendue par Caïn, ainsi qu’il a été montré au Verset 15 ; et que par soixante-dix-sept fois il soit signifié que le sacrilège était beaucoup plus grand, et qu’en conséquence il y avait damnation, on peut le voir par la signification de soixante-dix-sept. Que le nombre septénaire soit saint, cela vient de ce que le septième jour signifie l’Homme Céleste, l’Église Céleste, le Royaume Céleste, dans le sens suprême le Seigneur lui-même ; de là, le nombre septénaire, partout où il se trouve dans la Parole, signifie ce qui est saint ou inviolable, et cette sainteté ou cette inviolabilité s’applique aux choses ou selon les choses dont il s’agit ; de même aussi, le nombre soixante-dix qui comprend sept siècles ; car le siècle, dans la Parole, est de dix années : quand on voulait parler de quelque chose de très saint ou de très inviolable, on disait alors soixante-dix-sept fois, comme lorsque le Seigneur dit « qu’il fallait pardonner à son frère, non pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept », – Matth. XVIII. 21, 22 ; – par là il est entendu qu’il faut pardonner à son frère autant de fois qu’il pèche, c’est-à-dire, sans fin ou éternellement, ce qui est le saint. Or, comme il s’agit d’être vengé soixante-dix-sept fois, c’est la damnation, parce que c’était violer ce qui doit être le plus inviolable.
434. Vers. 25. Et l’homme connut encore son épouse, et elle enfanta un fils et appela son nom Scheth ; car, (dit-elle), Dieu a replacé en moi une autre semence au lieu d’Habel, parce que l’a tué Caïn. – Par l’homme et son épouse il est entendu ici la Nouvelle Église, signifiée précédemment par Adah et Zillah : par son fils, qu’elle appela du nom de Scheth, est signifiée la foi nouvelle par laquelle est implantée la charité : par Dieu a replacé une autre sentence au lieu d’Habel, parce que l’a tué Caïn, il est signifié que la charité, que Caïn a séparée, et qu’il a éteinte, est accordée maintenant par le Seigneur à cette Église.
435. Que par l’homme et son épouse il soit entendu ici la Nouvelle Église signifiée précédemment par Adah et Zillah, personne ne peut le savoir et le conclure du sens de la lettre, parce que l’homme et son épouse avaient précédemment signifié la Très-Ancienne Église et sa postérité, mais on le voit d’après le sens interne ; puis aussi en ce que, dans le Chapitre suivant, Vers. 1 à 3, il est dit de nouveau de l’homme et de son épouse, qu’ils ont engendré Scheth, mais absolument en d’autres termes, où il est signifié la première postérité de la Très-Ancienne Église ; si, ici, il n’était pas signifié quelque autre chose, une répétition aurait été inutile ; de même que dans le Chapitre premier, où il s’agit de la création de l’homme, puis des plantes de la terre et des bêtes, et pareillement dans le Chapitre second, par la raison, comme il a été dit, que dans le Chapitre premier il s’agissait de la création de l’homme spirituel, et dans le second, de la création de l’homme céleste. Quand il y a une semblable répétition d’une seule et même personne ou d’une seule et même chose, il est signifié dans l’un des passages autre chose que dans l’autre ; mais ce qui est signifié, on ne peut jamais le savoir que par le sens interne : la série même des choses confirme également ; outre cela, l’homme et l’épouse sont des expressions communes qui signifient l’Église dont il s’agit, et d’où vient l’origine (de qua, et ex qua).
436. Par son fils, qu’elle appela du nom de Scheth, est signifiée la foi nouvelle par laquelle est implantée la charité : on le voit d’après ce qui a été dit ci-dessus ; puis aussi d’après ce signe mis sur Caïn pour que personne ne le tuât ; en effet, la chose se passe ainsi en série : La foi séparée d’avec l’amour a été signifiée par Caïn, et la charité par Habel ; Caïn qui tue Habel, c’est la foi séparée qui éteint la charité ; le signe mis par Jéhovah sur Caïn, pour que personne ne le tue, c’est la conservation de la foi, afin que par elle le Seigneur puisse implanter la charité ; plus tard, Jabal qu’enfante Adah signifie que le saint de l’amour et le bien qui en procède ont été donnés par le Seigneur au moyen de la foi ; son frère Jubal signifie le spirituel de la foi, et Thubal Caïn qu’enfante Zillah signifie le bien et le vrai naturels qui procèdent du saint de l’amour et du spirituel de la foi. Dans ces deux Versets se trouve une conclusion, et par conséquent un sommaire consistant en ce que par l’homme et son épouse est signifiée cette nouvelle Église appelée d’abord Adah et Zillah, et par Scheth la foi par laquelle est implantée la charité ; dans le Verset suivant, par Énosch est signifiée la charité implantée par la foi.
437. Que Scheth signifie ici la foi nouvelle par laquelle devait être implantée la charité, cela s’explique par le nom de Scheth, en ce qu’il a été ainsi appelé, parce que Dieu avait replacé une autre semence au lieu d’Habel parce que l’avait tué Caïn. L’autre semence que Dieu replaça signifie que le Seigneur donna une autre foi ; l’autre semence est la foi par laquelle sera implantée la charité ; que la semence signifie la foi, on le voit ci-dessus, No 255.
438. Vers. 26. Et à Scheth, lui aussi, naquit un fds, et il appela son nom Énosch : alors on commença à invoquer le nom de Jéhovah. – Par Scheth est signifiée la foi par laquelle devait être implantée la charité : par son fils, dont le nom fut Énosch, est signifiée l’Église, qui eut la charité pour principal de la foi : alors on commença à invoquer le nom de Jéhovah, signifie que le culte de cette Église fut fondé sur la charité.
439. Par Scheth est signifié la foi par laquelle devait être implantée la charité : cela a été montré dans le Verset précédent. Que par son fils, dont le nom fut Énosch, il soit signifié l’Église qui eut la charité pour principal de la foi, on le voit aussi d’après ce qui vient d’être dit ; puis aussi en ce qu’il est nommé Énosch, nom qui signifie aussi l’Homme, non pas l’homme céleste, mais l’homme humain-spirituel, qui ici est Énosch ; on le voit encore d’après ces mots qui suivent immédiatement : Alors on commença à invoquer le nom de Jéhovah.
440. Alors on commença à invoquer le nom de Jéhovah, signifie que le culte de cette Église fut fondé sur la charité : on peut le voir en ce que invoquer le nom de Jéhovah est une formule solennelle et commune de tout culte du Seigneur ; que ce soit d’après la charité, on le voit en ce qu’ici il est dit Jéhovah ; et, dans le Verset précédent, Dieu ; et en ce que le Seigneur ne peut être adoré que d’après la charité ; d’après une foi qui ne procède pas de la charité il n’y a point réellement un culte, parce que c’est seulement le culte de la bouche et non du cœur. Qu’invoquer le nom de Jéhovah ce soit une formule commune de tout culte du Seigneur, on le voit d’après la Parole ; ainsi, il est dit au sujet d’Abraham : « Il dressa un autel à Jéhovah, et il invoqua le nom de Jéhovah. » – Genèse, XII. 8. XIII. 4. – « Il planta un bois en Béerscheba, et là il invoqua le nom de Jéhovah Dieu d’éternité. » – Genèse, XXI. 33. – Que ce soit la formule de tout culte, on le voit dans Ésaïe : « Jéhovah, le Saint d’Israël, a dit : Tu ne m’as point invoqué, Jacob ! en sorte que tu te sois fatigué pour Moi, Israël ! tu ne m’as point amené de bête de tes holocaustes, et par tes sacrifices tu ne m’as point honoré ; je ne t’ai point fait servir pour des oblations, et ne t’ai point fatigué pour de l’encens. » – XLIII. 22, 23. – Là est sommairement exposé tout le culte représentatif.
441. Que l’invocation du nom de Jéhovah n’ait pas été commencée alors pour la première fois, on peut assez le voir par ce qui a été dit précédemment de la Très-Ancienne Église qui, mieux que toutes les autres, adora et honora le Seigneur, et d’Habel qui offrit en présent les premiers-nés de son troupeau. Par invoquer le nom de Jéhovah il n’est donc signifié ici rien autre chose que le culte de la Nouvelle Église, lorsque l’Église eut été détruite par ceux qui sont appelés Caïn, et enfin Lamech.
442. Par ce qui vient d’être montré dans ce Chapitre, on voit clairement que dans le temps très ancien il y eut plusieurs doctrines séparées de l’Église, et plusieurs hérésies dont chacune a eu son nom. Ces doctrines séparées et ces hérésies appartenaient à une pensée beaucoup plus profonde qu’elle ne l’est aujourd’hui, parce que tel était le génie des hommes de cette époque.
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QUELQUES EXEMPLES D’APRÈS DES ESPRITS, SUR CE QUE, DANS LA VIE DU CORPS,
ILS AVAIENT PENSÉ DE L’ÂME OU DE L’ESPRIT.
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443. Dans l’autre vie, on peut clairement percevoir quelles opinions les Esprits, lorsqu’ils vivaient dans le corps, ont eues au sujet de l’âme, de l’esprit et de la vie après la mort ; car lorsqu’ils sont tenus dans un état, comme s’ils étaient dans le corps, ils pensent d’une manière semblable, et la pensée est communiquée aussi manifestement que s’ils parlaient ouvertement. De l’un d’eux, qui avait depuis peu de temps quitté le monde, je perçus, ce que du reste il avoua lui-même, qu’il avait, il est vrai, cru à l’esprit, mais qu’il vivrait d’une vie obscure, parce qu’il pensait que la vie du corps étant enlevée, ce qui restait ne pouvait être que quelque chose d’obscur ; car il avait placé dans le corps la vie ; c’est pourquoi il avait eu de l’esprit une idée comme d’un fantôme, et s’était confirmé dans cette idée, par la raison qu’il avait vu les brutes jouir aussi de la vie à peu près de la même manière que les hommes. Il était maintenant très-étonné que les esprits et les anges vécussent dans une lumière très-éclatante, dans un très-haut degré d’intelligence, de sagesse et de félicité, avec une telle perception qu’on saurait à peine le décrire, et eussent ainsi une vie nullement obscure, mais claire et très-distincte.
444. Je parlai avec un autre qui avait cru, lorsqu’il vivait dans le monde, que l’esprit n’avait pas d’étendue, et ne voulait, d’après ce principe, admettre aucune expression qui renfermât en elle l’idée de l’étendue. Je lui demandai ce qu’il pensait de lui-même, maintenant qu’il était une âme ou un esprit, et qu’il jouissait de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, d’un tact exquis, de la faculté de désirer et de penser, au point de se croire absolument comme dans le corps. Il était tenu dans l’idée dans laquelle il était quand il pensait ainsi dans le monde ; alors, il me dit que l’esprit est la pensée. Mais il me fut donné de lui répondre comme s’il eut vécu dans le monde : « Ne sais-tu pas que la vue corporelle ne peut exister sans l’organe visuel ou l’œil ? Comment pourrait donc exister la vue interne ou la pensée, si elle n’avait pas une substance organique d’où elle put tirer l’existence ? » Il reconnut alors que, dans la vie du corps, il avait été travaillé de la fantaisie de croire que l’esprit était seulement une pensée privée de tout organe ou d’étendue. Il ajoutait que si l’âme ou l’esprit était seulement une Pensée, l’homme n’aurait pas besoin d’un si grand Cerveau, le cerveau tout entier étant un composé d’organes pour les sens intérieurs ; que si cela n’était pas ainsi, le crane aurait pu être vide, et la pensée n’y aurait pas moins fait agir l’esprit ; que par cela seul, puis aussi par l’opération de l’âme dans les muscles, au point de produire de si nombreux mouvements, il pouvait se convaincre que l’esprit est un composé d’organes ou est une substance organique. En conséquence, il avoua son erreur, et il s’étonnait d’avoir été si insensé.
445. Il a déjà été dit que les savants croient absolument que l’âme, qui doit vivre après la mort, ou l’Esprit, est une Pensée abstraite ; cela résulte évidemment de ce qu’ils ne veulent admettre, en parlant d’elle, ni le mot d’étendue, ni rien de ce qui a rapport à l’étendue ; et cela, parce que la pensée, considérée abstractivement de son sujet, n’a pas d’étendue ; mais le sujet de la pensée et les objets de la pensée ont de l’étendue ; et si quelques objets de la pensée n’en ont pas, les hommes les déterminent et leur donnent de l’étendue pour les pouvoir saisir. C’est ce qui montre d’une manière évidente que, par Âme ou Esprit, les savants ne saisissent rien autre chose que la Pensée seule, et qu’ainsi ils ne peuvent faire autrement que de croire qu’elle doit cesser d’exister lorsqu’ils meurent.
446. Je me suis entretenu avec des esprits sur l’opinion des hommes qui vivent aujourd’hui en ce qu’ils ne croient point à l’esprit, parce qu’ils ne le voient pas de leurs yeux et ne le saisissent pas au moyen de leurs sciences, et ainsi en ce qu’ils nient non-seulement que l’esprit ait de l’étendue, mais encore qu’il soit une substance, parce que la question sur ce qu’on doit entendre par substance est en litige ; et comme ils nient qu’il ait de l’étendue, et se disputent au sujet de la substance, ils nient même que l’esprit soit dans un lieu et conséquemment dans le corps humain, lorsque cependant l’homme le plus simple peut savoir que son âme ou son esprit est dans son corps. Comme je leur parlais ainsi, ces esprits, qui étaient des plus simples, s’étonnaient que les hommes d’aujourd’hui fussent si insensés ; et comme je leur répétais les mots sur lesquels ils se disputaient, comme parties hors de parties et autres de même genre, ils disaient que de telles expressions étaient vides de sens, bonnes pour des bateleurs et des baladins, et indignes d’occuper jamais l’esprit de l’homme, parce qu’elles ferment le chemin qui conduit à l’intelligence.
447. Un esprit, récemment entré dans l’autre vie, s’entretint avec moi lorsqu’il m’entendit parler de l’esprit ; il me disait, se croyant encore homme : Qu’est-ce que l’esprit ? Je lui répondis que l’esprit est dans chaque homme, et que l’homme, quant à la vie, est esprit ; que le corps lui sert seulement pour vivre sur la terre, et que les os et la chair, ou le corps, n’ont jamais vécu ni pensé. Comme il hésitait, je lui demandai s’il avait jamais entendu parler de l’âme ; il me dit : Qu’est-ce que l’âme ? je ne sais pas ce que c’est que l’âme. Alors il me fut donné de lui dire que lui maintenant était une âme ou un esprit, ce dont il pouvait s’assurer en ce qu’il était au-dessus de ma tête, et ne s’appuyait pas sur la terre, si toutefois il pouvait le percevoir. Alors, il s’enfuit tout effrayé, en s’écriant : Je suis un esprit ! je suis un esprit ! – Un certain Juif croyait absolument vivre dans le corps, au point qu’on aurait pu à peine l’en dissuader ; et lorsqu’on lui eut montré qu’il était un esprit, il ne cessait pas néanmoins de dire qu’il était un homme, parce qu’il voyait et entendait. Tels sont ceux qui, dans le monde, ont été hommes corporels. Beaucoup d’autres exemples auraient pu être rapportés, mais ceux-ci sont seulement pour confirmer que, dans l’homme, c’est l’esprit qui sent, et non le corps.
448. J’ai parlé avec beaucoup d’esprits qui, dans la vie de leur corps, avaient été connus de moi, et j’ai parlé avec eux longtemps, pendant des mois et une année, d’une voix aussi claire, mais interne, comme avec des amis dans le monde. J’ai aussi fait tomber la conversation sur l’état de l’homme après la mort : ils étaient très-étonnés de ce que personne, dans la vie du corps, ne savait ou ne croyait qu’on dut vivre ainsi après la vie du corps, quand cependant la mort est la continuation de la vie, et le passage d’une vie de ténèbres à une vie brillante de lumière, et de plus en plus brillante pour ceux qui sont dans la foi envers le Seigneur. Ils voulaient que je disse à leurs amis qu’ils vivaient, et que je leur écrivisse quel était l’état de ceux d’entre eux auxquels j’avais aussi raconté plusieurs faits relatifs à leurs amis ; mais je répondis que si je le leur disais, ou le leur écrivais, ils ne me croiraient pas ; qu’ils traiteraient cela d’illusions ; qu’ils s’en moqueraient, et demanderaient des signes ou des miracles avant de croire ; qu’ainsi je m’exposerais à leur dérision ; et qu’il y en aurait tout au plus quelques-uns qui croiraient à la véracité de mes assertions ; en effet, on nie de cœur qu’il y ait des esprits, et ceux qui ne le nient pas ne veulent néanmoins point entendre dire que quelqu’un puisse parler avec les esprits. Les idées actuelles sur les esprits n’appartinrent jamais aux temps anciens, elles sont de nos jours, où l’on veut par le seul raisonnement explorer la nature des esprits qu’on prive, par des définitions et des suppositions, de toute espèce de sensations ; et plus on veut être érudit, plus on persiste dans de telles idées.
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LIVRE DE LA GENÈSE
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CHAPITRE CINQUIÈME.
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DU CIEL ET DE LA JOIE CÉLESTE.
449. Personne ne sait encore ce que c’est que le Ciel, ni en quoi consiste la Joie Céleste ; ceux qui ont porté leurs pensées sur l’un et sur l’autre en ont conçu des idées si communes et si grossières, qu’il en est à peine une qui ait de la vraisemblance : j’ai pu savoir d’une manière certaine, par les Esprits qui étaient récemment passés de ce monde dans l’autre vie, quelle notion ils avaient eue du Ciel et de la Joie Céleste ; car, abandonnés à eux-mêmes comme s’ils étaient dans le monde, ils pensent de la même manière. Je vais rapporter seulement quelques exemples.
450. Quelques-uns d’eux, qui dans le monde avaient paru bien plus instruits que les autres sur la Parole, s’étaient fait du Ciel une idée si fausse, qu’ils s’imaginaient qu’on est dans le Ciel quand on est dans le haut, et qu’on peut de là gouverner les choses qui sont au-dessous, ainsi être dans sa propre gloire et dans l’éminence au-dessus des autres. Comme ils étaient dans une telle fantaisie, et afin qu’ils sussent qu’ils étaient dans le faux, ils furent élevés dans le haut, et il leur fut donné une espèce de gouvernement sur les choses inférieures ; mais ils reconnurent avec confusion que c’est là un ciel de fantaisie, et que le Ciel ne consiste pas à être dans le haut, mais qu’il est partout où l’on vit dans l’amour et la charité, ou partout où l’on a en soi le Royaume du Seigneur, et où l’on ne veut pas s’élever au-dessus des autres ; car vouloir être plus grand que les autres constitue l’enfer et non le ciel.
481. Un esprit qui avait, dans la vie du corps, exercé un grand pouvoir, en avait conservé dans l’autre vie les habitudes et voulait encore commander ; il lui fut dit qu’il était dans un autre Royaume, que ce Royaume était éternel, que son pouvoir avait été enfoui avec son corps dans la terre, et que maintenant chacun n’est estimé que selon le bien et le vrai, et selon la Miséricorde du Seigneur qu’il s’est attirée par sa vie dans le monde ; qu’il en est de ce Royaume comme de ceux de la terre, où l’on est estimé en raison des richesses qu’on possède et de la faveur dont on jouit auprès du prince ; qu’ici les richesses sont le bien et le vrai, et la faveur du prince, la Miséricorde du Seigneur ; que s’il veut commander à d’autres titres, il devient rebelle, parce qu’il est dans le Royaume d’un Autre. À ces mots, la confusion s’empara de lui.
452. J’ai parlé avec des esprits qui s’imaginaient que le Giel et la Joie Céleste consistaient à être les plus grands ; mais il leur fut dit que dans le Ciel le plus grand est celui qui est le plus petit : car celui qui veut être le plus petit jouit de la plus grande félicité : et comme le plus petit jouit de la plus grande félicité il en résulte qu’il est le plus grand ; et qu’est-ce que d’être le plus grand, sinon d’être le plus heureux ? les puissants cherchent à l’être par la puissance, et les riches par la richesse. Et, de plus, il leur fut dit que le Ciel ne consiste pas à désirer être le plus petit dans le but d’être le plus grand, car alors on aspire et on désire être le plus grand ; mais qu’il consiste à vouloir de tout cœur plus de bien aux autres qu’à soi-même, et à leur être utile pour leur propre bonheur, non par aucune vue de récompense pour soi-même, mais par amour.
453. Quelques esprits ont du Ciel une idée si grossière, qu’ils s’imaginent que c’est seulement une admission, et même un lieu fermé dans lequel on est admis au moyen d’une porte qui s’ouvre, et introduit par ceux qui en sont les portiers.
454. D’autres croient qu’il consiste dans une vie oisive où l’on est servi par les autres ; mais il leur fut dit que jamais aucune félicité ne consiste à vivre dans le repos, et que si c’était là la félicité, chacun voudrait avoir la félicité des autres pour soi, et que par cela même personne n’en jouirait ; qu’une telle vie, au lieu d’être active, serait oisive et conduirait à l’engourdissement, lorsque cependant ils pouvaient eux-mêmes savoir que, sans une vie active, il ne saurait y avoir de félicité de la vie. La vie angélique consiste dans l’usage et dans les biens de la charité ; car les anges ne perçoivent rien de plus heureux que de former et d’instruire les esprits qui sont récemment sortis du monde, d’être utiles aux hommes, de modérer les mauvais esprits qui sont en eux, afin qu’ils ne dépassent pas les bornes, et d’inspirer aux hommes le bien ; puis aussi, de ressusciter les morts pour la vie éternelle, et de les introduire ensuite dans le ciel, si leurs âmes sont dans un état qui le permette. Par ces usages, ils perçoivent plus de félicité qu’on ne pourrait jamais le décrire ; ils sont ainsi les images du Seigneur ; ainsi ils aiment le prochain plus qu’eux-mêmes ; c’est donc là le Ciel : c’est pour cela que dans l’usage, et d’après l’usage, et selon l’usage, c’est-à-dire, selon les biens de l’amour et de la charité, il y a félicité angélique. Pour faire rougir de honte ceux qui avaient eu cette idée, que la joie céleste consistait à vivre oisifs en respirant dans le repos la joie éternelle, il leur fut donné, après ces observations, de percevoir, pour qu’ils en eussent honte, ce qu’était une telle vie ; et ils perçurent qu’elle était très triste, et que toute joie périssant ainsi, ils la prendraient en peu de temps en aversion et en dégoût.
455. Un certain esprit d’entre les plus instruits au sujet de la Parole, pendant qu’il vivait dans le monde, s’était formé une telle idée de la joie céleste, qu’il la faisait consister dans une lumière de gloire, comme la lumière que donnent les rayons solaires lorsqu’ils paraissent dorés, par conséquent aussi dans une vie oisive. Pour qu’il connût qu’il était dans le faux, il lui fut donné d’être dans une telle lumière ; alors il éprouva, au milieu de cette lumière, un grand plaisir, comme s’il eût, dit-il, été au ciel ; mais il ne put pas y rester longtemps, car peu à peu l’ennui s’empara de lui et sa joie devint nulle.
456. Des esprits qui avaient été très-instruits disaient que la joie céleste consistait dans une vie nullement occupée à faire les biens de la charité, mais seulement à louer et à célébrer le Seigneur, et que c’était là la vie active. Mais il leur fut dit que louer et célébrer le Seigneur n’est pas cette vie active, mais est l’effet de cette vie ; car le Seigneur n’a pas besoin de louanges, mais il veut qu’on fasse les biens de la charité ; selon ces biens, on reçoit du Seigneur la félicité. Néanmoins, ces esprits très-instruits ne purent avoir dans ces biens de la charité aucune idée de la joie ; ils y trouvaient celle de la servitude ; toutefois les anges attestèrent que c’est en cela que consiste la plus grande liberté, conjointe à une félicité ineffable.
457. Presque tous ceux qui viennent du monde dans l’autre vie s’imaginent que l’enfer est semblable pour tous, et que le ciel est semblable pour tous ; cependant il y a dans l’un et dans l’autre des diversités et des variétés en nombre indéfini, et jamais l’enfer pour l’un n’est absolument semblable à l’enfer pour l’autre, ni le ciel pour l’un absolument semblable au ciel pour l’autre, de même qu’il n’y a jamais un homme, ou un esprit, ou un ange, qui soit tout à fait semblable à un autre. Lorsque seulement je pensais que deux êtres étaient absolument semblables ou égaux, ceux qui sont dans le monde des esprits et ceux qui sont dans le ciel angélique étaient saisis d’effroi, et disaient que tout UN est forme de l’harmonie de plusieurs, que l’UN est tel qu’est l’harmonie, et qu’il ne peut jamais subsister d’UN d’une manière absolue, mais seulement un UN harmonique. Ainsi, chaque société dans le ciel forme un UN, et toutes les sociétés ensemble, ou tout le ciel, un UN ; et cela, par le Seigneur Seul, au moyen de l’amour. Un ange faisait une énumération des genres les plus universels des joies des esprits, ou habitants du premier ciel, jusqu’au nombre de 478 ; que de genres innombrables moins universels, et que d’espèces innombrables appartenant à chaque genre ! Et, puisque là il y en a tant, que de genres de félicité en nombre indéfini dans le ciel des esprits angéliques, et combien plus encore dans le ciel des anges !
458. De mauvais esprits ont quelquefois pensé qu’il y avait un autre ciel que celui du Seigneur : il leur fut aussi permis de chercher partout où ils pourraient ; mais, confus de honte, ils ne trouvèrent nulle part un autre ciel. Les mauvais esprits, en effet, tombent en délire, tant par haine contre le Seigneur que par le tourment infernal, et ils se jettent dans de telles fantaisies.
459. Il y a trois Cieux : le Premier, où sont les bons Esprits ; le Second, où sont les Esprits angéliques ; le Troisième, où sont les Anges. Les Esprits, les Esprits angéliques et les Anges sont distingués en Célestes et en Spirituels : les Célestes sont ceux qui, par l’amour, ont reçu du Seigneur la foi, comme ceux qui étaient de la Très-Ancienne Église, et dont il a déjà été parlé ; les Spirituels sont ceux qui, par les connaissances de la foi, ont reçu du Seigneur la charité, d’après laquelle ils agissent.
La suite à la fin de ce Chapitre.
CHAPITRE CINQUIÈME.
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1. Voici le livre des nativités de l’Homme, au jour que DIEU créa l’homme ; à la ressemblance de DIEU il le fit.
2. Mâle et femelle il les créa ; et il les bénit ; et il appela leur nom Homme, au jour qu’ils furent créés.
3. Et l’Homme vécut cent trente ans ; et il engendra à sa ressemblance, selon son image ; et il appela son nom Scheth.
4. Et les jours de l’Homme, après qu’il eut engendré ce Scheth, furent huit cents ans ; et il engendra des fils et des filles.
5. Et tous les jours de l’Homme, lesquels il vécut, furent neuf cent trente ans, et il mourut.
9. Et Scheth vécut cent cinq ans, et il engendra Énosch.
7. Et Scheth, après qu’il eut engendré cet Énosch, vécut huit cent sept ans ; et il engendra des fils et des filles.
8. Et tous les jours de Scheth furent neuf cent douze ans, et il mourut.
9. Et Énosch vécut quatre-vingt-dix ans, et il engendra Kénan.
10. Et Énosch, après qu’il eut engendré ce Kenan, vécut huit cent quinze ans ; et il engendra des fils et des filles.
11. Et tous les jours d’Énosch furent neuf cent cinq ans, et il mourut.
12. Et Kenan vécut soixante-dix ans, et il engendra Mahalalel.
13. Et Kénan, après qu’il eut engendré ce Mahalalel, vécut huit cent quarante ans ; et il engendra des fils et des filles.
14. Et tous les jours de Kénan furent neuf cent dix ans, et il mourut.
15. Et Mahalalel vécut soixante-cinq ans, et il engendra Jared.
1é. Et Mahalalel, après qu’il eut engendré ce Jared, vécut huit cent trente ans ; et il engendra des fils et des filles.
17. Et tous les jours de Mahalalel furent huit cent quatre-vingt-quinze ans, et il mourut.
18. Et Jared vécut cent soixante-deux ans, et il engendra Chanoch.
19. Et Jared, après qu’il eut engendré ce Chanoch, vécut huit cents ans ; et il engendra des fils et des filles.
20. Et tous les jours de Jared furent neuf cent soixante-deux ans, et il mourut.
21. Et Chanoch vécut soixante-cinq ans, et il engendra Méthuschelach.
22. Et Chanoch, après qu’il eut engendré ce Méthuschelach, marcha avec Dieu trois cents ans ; et il engendra des fils et des filles.
23. Et tous les jours de Chanoch furent trois cent soixante-cinq ans.
24. Et Chanoch marcha avec Dieu, et il ne fut plus, parce que Dieu le prit.
25. Et Méthuschelach vécut cent quatre-vingt-sept ans, et il engendra Lamech.
26. Et Méthuschelach, après qu’il eut engendré ce Lamech, vécut sept cent quatre-vingt-deux ans ; et il engendra des fils et des filles.
27. Et tous les jours de Méthuschelach furent neuf cent soixante-neuf ans, et il mourut.
28. Et Lamech vécut cent quatre-vingt-deux ans, et il engendra un fils.
29. Et il appela son nom Noach, disant : Celui-ci nous consolera de notre œuvre et de la douleur de nos mains à cause de l’humus que Jéhovah a maudit.
30. Et Lamech, après qu’il eut engendré ce Noach, vécut cinq cent quatre-vingt-quinze ans ; et il engendra des fils et des filles.
31. Et tous les jours de Lamech furent sept cent soixante-dix-sept ans, et il mourut.
32. Et son fils Noach vécut cinq cents ans, et Noach engendra Schem, Cham et Japheth.
CONTENU.
460. Dans ce Chapitre il s’agit spécialement de ce que devint la Très-Ancienne Église dans ses descendants, environ jusqu’au déluge.
461. La Très-Ancienne Église même, qui fut céleste, est celle qui est appelée homme, et ressemblance de Dieu. Vers. 1.
462. Une Seconde Église, qui ne fut pas aussi céleste que la Très-Ancienne, est appelée Scheth. Il en est parlé, Vers. 2 et 3.
463. Une Troisième Église fut appelée Énosch, Vers. 6 ; une Quatrième, Kenan, Vers. 9 ; une Cinquième, Mahalalel, Vers. 12 ; une Sixième, Jared, Vers. 15 ; une Septième, Chanoch, Vers. 18 ; une Huitième, Méthuschelach, Vers. 21.
464. L’Église appelée Chanoch est décrite comme ayant formé une doctrine des révélations et des perceptions de la Très-Ancienne Église ; quoique cette doctrine ne fût d’aucune utilité pour ce temps, elle fut néanmoins conservée pour l’usage de la postérité ; c’est ce qui est signifié en ce que « Chanoch ne fut plus, parce que Dieu le prit. » Vers. 22, 23, 24.
465. Une Neuvième Église fut appelée Lamech. Vers. 25.
466. Une Dixième, mère des trois Églises après le déluge, est Noach : cette Église doit être appelée l’Église Ancienne. Vers. 28, 29.
467. L’Église nommée Lamech est décrite comme n’ayant plus chez elle aucun reste de la perception de la Très-Ancienne Église ; et l’Église nommée Noach comme une Nouvelle Église. Vers. 29.
SENS INTERNE.
468. D’après ce qui a été dit et montré dans le Chapitre précédent, il est évident que par les Noms ont été signifiées des Hérésies et des Doctrines ; de là on peut voir que par les Noms, dans ce Chapitre, il a aussi été signifié, non des personnes, mais des choses, et ici des Doctrines ou des Églises, qui ont été conservées, depuis la Très-Ancienne Église jusqu’à Noach, quels qu’aient été même les changements qu’elles ont éprouvés. Mais comme, à l’égard de l’Église, il arrive que, par le laps du temps, elle décroît et reste enfin parmi un petit nombre d’hommes, ces hommes, en faible nombre, chez lesquels elle était restée au temps du déluge, sont appelés Noach. Que la vraie Église décroisse et reste chez un petit nombre d’hommes, on peut le voir par les autres Églises qui ont été de même en décroissant. Ceux qui restent sont appelés, dans la Parole, Restes (Reliquiae) et Résidu (Residuum), et même sont dits être au milieu de la terre. Il en est de l’universel comme du particulier, ou de l’Église comme de chaque homme ; si le Seigneur ne conservait chez chaque homme les Restes (Reliquiae), il serait impossible que l’homme ne pérît pas d’une mort éternelle, car la vie spirituelle et la vie céleste sont dans les Reliquiae ; de même, si dans le commun ou l’universel il n’y avait toujours quelques hommes chez qui l’Église ou la vraie foi fut conservée, le genre humain périrait ; car à cause de quelques individus, comme on le sait, une cité est conservée, même tout un Royaume. Il en est de cela comme du cœur chez l’homme ; tant que le cœur est sain, les viscères qui l’environnent peuvent vivre ; mais lorsqu’il est sans vigueur, la langueur s’empare de toutes les parties, et l’homme meurt. Ce sont les derniers Restes (Reliquiae) qui sont signifiés par Noach ; car, eux exceptés, comme on le voit dans le Chapitre suivant, Verset 12, toute la terre avait été corrompue. Il est çà et là question, dans les Prophètes, de ces Restes chez chaque homme et dans l’Église ; ainsi, dans Ésaïe : « Celui qui sera Resté dans Sion et celui qui sera de Reste dans Jérusalem, Saint on l’appellera, quiconque (sera) écrit pour les vies dans Jérusalem, lorsque le Seigneur aura lavé les souillures des filles de Sion, et que les sangs de Jérusalem il aura effacé du milieu d’elle. » – IV. 3, 4 ; – là, il s’agit des Restes par lesquels sont signifiés les Restes (Reliquiae) de l’Église, et de l’homme de l’Église, auxquels s’applique le saint ; car ceux qui étaient restés dans Sion et dans Jérusalem n’ont pas pu être saints par cela seul qu’ils étaient de reste. Pareillement, dans le Même : « Et il arrivera en ce jour-là que les Restes d’Israël et que l’Évasion de la maison de Jacob ne continueront plus de s’appuyer sur celui qui les frappait ; et ils s’appuieront sur Jéhovah, le Saint d’Israël, en vérité : les Restes reviendront, les Restes de Jacob, vers le Dieu puissant. » – X. 20, 21, 22. – Dans Jérémie : « En ces jours-là et en ce temps-là, on cherchera l’iniquité d’Israël, mais plus elle ne sera ; et les péchés de Jéhudah, et ils ne seront plus trouvés ; car je pardonnerai à celui que j’aurai fait demeurer de Reste. » – L. 20. – Dans Michée : « Les Restes de Jacob (seront) au milieu de peuples nombreux comme une rosée de par Jéhovah, comme des pluies sur l’herbe. » – V. 6. – Le Résidu, ou les Restes (Reliquiae) de l’homme ou de l’Église ont été aussi représentés par les dîmes qui étaient saintes ; de là aussi le nombre décennaire est saint ; en conséquence, dix se dit des Résidus, comme dans Ésaïe : « Jéhovah éloignera l’homme, et beaucoup (sera) ce qui (sera) laissé dans le milieu de la terre ; et encore en elle (il y aura) une dixième partie ; et elle reviendra, et sera pour être émondée comme le chêne et l’yeuse, lorsqu’on en abat une tige ; semence de sainteté, sa tige. » – VI. 12, 13 ; – là, le Résidu est appelé semence de sainteté. Dans Amos : « Ainsi a dit le Seigneur Jéhovih : La ville qui sortait (avec) mille fera de Résidu cent ; et celle qui sortait (avec) cent fera de Résidu dix pour la maison d’Israël. » – V. 3. – Dans ces passages et dans plusieurs autres sont signifiés, dans le sens interne, les Restes (Reliquiae) dont il s’agit. Qu’une ville soit conservée à cause des Restes (Reliquiae) de l’Église, on le voit d’après ce qui a été dit à Abraham au sujet de Sodome : « Abraham dit : Peut-être s’en trouvera-t-il dix ? Et il dit : Je ne la détruirai pas à cause des dix. » – Genèse, XVIII. 32.
469. Vers. 1. Voici le livre des nativités de l’Homme, au jour que Dieu créa l’homme ; à la ressemblance de Dieu il le fit. – Le livre des nativités est le recensement de ceux qui furent de la Très-Ancienne Église : au jour que Dieu créa l’homme, c’est quand l’homme devint spirituel : à la ressemblance de Dieu il le fit, c’est quand il devint céleste ; ainsi, c’est une description de la Très-Ancienne Église.
470. Le livre des nativités est le recensement de ceux qui furent de la Très-Ancienne Église : on le voit suffisamment par ce qui suit ; en effet, ici jusqu’au Chapitre XI ou jusqu’à Éber, les Noms signifient des choses et nullement des personnes. Dans le temps très-ancien, le genre humain était distingué en maisons, familles et nations (gentes) : le mari et son épouse avec leurs enfants, et même quelques membres de leur famille qui les servaient, constituaient la maison ; un nombre plus ou moins grand de maisons, placées à peu de distance l’une de l’autre, mais néanmoins non confondues ensemble, constituaient la famille ; un nombre plus ou moins grand de familles constituaient la nation.
471. S’ils habitaient ainsi, à savoir, seuls entre eux, distingués seulement en maisons, familles et nations, c’était afin que par ce moyen l’Église se conservât saine, et que toutes les maisons et les familles dépendissent de leur chef (parens), et persistassent ainsi dans l’amour et dans le vrai culte. En outre, chaque maison avait un génie particulier distinct de celui d’une autre ; car on sait que les enfants, et même les descendants, tirent de leurs parents un génie et des marques tellement caractéristiques, qu’on peut les reconnaître à leur physionomie et à plusieurs autres signes ; c’est pourquoi, afin que les caractères ne fussent pas confondus et que leur distinction fut exactement conservée, il plut au Seigneur qu’ils habitassent de cette manière. Ainsi, l’Église représentait au vif (ad vivum) le Royaume du Seigneur ; car, dans le Royaume du Seigneur, il y a d’innombrables sociétés, distinguées l’une de l’autre selon les différences de l’amour et de la foi. C’est là, ainsi qu’il a déjà été dit, vivre seul ; et c’est là habiter les tentes, comme il a aussi été dit ; c’est là enfin ce qu’il a plu au Seigneur que l’Église Judaïque fît aussi, lorsqu’il l’a distinguée en maisons, en familles, en nations, et qu’il à prescrit de contracter mariage entre familles ; la cause est la même ; il en sera parlé dans la suite d’après la Divine Miséricorde du Seigneur.
472. Au jour que Dieu créa l’homme, c’est quand l’homme devint spirituel ; et à la ressemblance de Dieu il le fit, c’est quand il devint céleste : on le voit d’après ce qui a été dit et montré ci-dessus. Le mot créer s’applique particulièrement à l’homme, lorsqu’il est créé de nouveau ou régénéré, et le mot faire, lorsqu’il est perfectionné ; c’est pourquoi, dans la Parole il y a une distinction régulière entre créer, former et faire, comme aussi précédemment au Chapitre II, où il s’agit de l’homme spirituel devenu céleste : « Dieu se reposa de toute son œuvre, que Dieu créa en (la) faisant » ; et çà et là ailleurs, où créer concerne l’homme spirituel, et faire, c’est-à-dire, perfectionner, concerne l’homme céleste. Voir Nos 16 et 88.
473. Que la ressemblance de Dieu soit l’homme céleste, et l’image de Dieu l’homme spirituel, cela aussi a été montré ci-dessus ; en effet, l’image tend à la ressemblance, et la ressemblance est l’effigie, car l’homme céleste est absolument dirigé par le Seigneur, comme une ressemblance de Lui-Même.
474. Puis donc qu’il s’agit de la nativité ou de la propagation de la Très-Ancienne Église, il est d’abord décrit ici que de spirituelle elle a été faite céleste, car de là suivent les propagations.
475. Vers. 2. Mâle et femelle il les créa ; et il les bénit ; et il appela leur nom Homme, au jour qu’ils furent créés. – Par mâle et femelle est signifié le mariage entre la foi et l’amour : par appeler leur nom Homme, il est signifié que c’cst l’Église qui principalement est appelée Homme.
476. Par mâle et femelle est signifié le mariage entre la foi et l’amour : cela a déjà été dit et montré, à savoir, que le mâle ou le mari signifie l’entendement et ce qui appartient à l’entendement, ainsi ce qui appartient à la foi, et que la femelle signifie la volonté ou ce qui appartient à la volonté, ainsi ce qui appartient à l’amour ; c’cst pour cela qu’elle a aussi été appelée Chavah, d’après la vie qui appartient à l’amour seul ; c’est encore pour cela que par femelle est signifiée l’Église, comme il a aussi été montré précédemment, et par mâle, l’homme (vir) de l’Église. Il s’agit ici de l’état de l’Église, lorsqu’elle était spirituelle, et sur le point d’être faite céleste, c’est pourquoi mâle est mis le premier, comme au Chap. I, Vers. 26, 27. Le mot créer concerne aussi l’homme spirituel ; mais bientôt après, dès que le mariage est fait, ou dès que l’Église a été faite céleste, il n’est dit ni mâle ni femelle, mais Homme, qui signifie l’un et l’autre d’après le mariage ; c’est pour cela qu’il est dit aussitôt pour signifier l’Église : « Et il appela leur nom Homme. »
477. Que l’Homme soit la Très-Ancienne Église, cela a souvent été dit et montré ci-dessus ; en effet, dans le sens suprême, le Seigneur lui-même est seul l’Homme ; de là sont appelées homme, d’abord l’Église céleste, parce qu’elle est la ressemblance, et ensuite l’Église spirituelle, parce qu’elle est l’image ; mais, dans un sens commun, est appelé homme quiconque a l’entendement humain, car c’est par l’entendement que l’homme est homme, et que l’un est plus homme que l’autre, quoique la distinction de l’homme d’avec l’homme dut être selon la foi de l’amour envers le Seigneur. Que la Très-Ancienne Église, et toute Église véritable, et par suite ceux qui sont de l’Église, ou qui puisent dans le Seigneur l’amour et la foi, soient principalement appelés Homme, on le voit d’après la Parole ; ainsi, dans Ézéchiel : « Je ferai multiplier sur vous l’Homme, la maison d’Israël tout entière ; je ferai multiplier sur vous l’Homme et la bête, pour qu’ils se multiplient et fructifient ; et je vous ferai habiter comme dans vos Antiquités, et je vous ferai du bien plus que dans vos Commencements ; je ferai marcher sur vous l’Homme, mon peuple Israël. » – XXXVI. 10, 11, 12 ; – là, l’Église Très-Ancienne est signifiée par les antiquités ; les Églises Anciennes, par les commencements ; l’Église primitive ou des Gentils, par la maison d’Israël et par le peuple Israël ; et ces Églises sont appelées l’Homme. Dans Moïse : « Souviens-toi des jours d’éternité ; ayez l’intelligence des années de génération et génération : lorsque le Très-Haut donnait l’héritage aux nations, lorsqu’il séparait les fils de l’Homme, il établit les bornes des peuples selon le nombre des fils d’Israël. » – Deutér. XXXII. 7, 8 ; – là, l’Église Très-Ancienne est signifiée par les jours d’éternité ; les Églises Anciennes, par génération et génération ; sont appelés fils de l’homme ceux qui étaient dans la foi envers le Seigneur, foi qui est le nombre des fils d’Israël. Que le régénéré soit appelé Homme, on le voit dans Jérémie : « J’ai vu la terre, et voici, vide et vague ; et les cieux, et ils n’(ont) point leur lumière ; j’ai vu, et voici, point d’Homme, et tous les oiseaux des cieux se sont enfuis. » – IV. 23, 25 ; – la terre est là pour l’homme externe ; le ciel, pour l’homme interne ; l’Homme, pour l’amour du bien ; l’oiseau des cieux, pour l’entendement du vrai. Dans le Même : « Voici, les jours viennent, et j’ensemencerai la maison d’Israël et la maison de Jéhudah de semence d’homme et de semence de bête. » – XXXI. 27 ; – l’homme est là pour l’homme interne ; la bête pour l’homme externe. Dans Ésaïe : « Renoncez à l’Homme en la narine de qui (il y ait) esprit, car à combien sera-t-il estimé ? » – II. 22 ; – l’homme est pris pour l’homme de l’Église. Dans le Même : « Jéhovah éloignera l’Homme, et beaucoup (sera) ce qui (sera) laissé dans le milieu de la terre. » – IV. 12 ; – là, il s’agit de la vastation de l’homme, au point qu’il n’y ait plus ni bien ni vrai. Dans le Même : « Consumés seront les habitants de la terre, et il y aura de reste de l’Homme (Énosch), très peu. » – XXIV. 6 ; – l’homme est pris là pour ceux qui ont la foi. Dans le Même : « Désolés sont les sentiers ; on a cessé de passer par le sentier : il a rendu vaine l’alliance, il a méprisé les villes ; il n’a point fait cas de « l’Homme (Énosch) ; la terre est en deuil et languit. » – XXXIII. 8, 9 ; – il s’agit de l’homme, qui, dans la langue hébraïque, est-Énosch. Dans le Même : « Je rendrai plus précieux l’Homme (Énosch) que l’or pur, et l’Homme (Adam) plus que l’or d’Ophir ; pour cela j’ébranlerai le ciel, et la terre sera transportée de sa place. » – XIII. 12, 13 ; – là, l’homme nommé en premier lieu est Énosch, et l’homme nommé ensuite est Adam.
478. S’il est dit Adam, c’est parce que le mot hébreu Adam signifie Homme ; mais que le mot Adam n’ait jamais été employé comme nom propre pour désigner un homme en particulier, on le voit clairement ici et par ce qui précède, en ce qu’il se dit, non au singulier, mais au pluriel, c’est-à-dire, s’applique aussi bien au mari qu’à la femme, qui tous deux ensemble sont appelés l’Homme ; qu’il s’agisse de l’un et de l’autre, chacun peut le voir d’après les paroles, car il est dit : « Il appela leur nom Homme, au jour qu’ils furent créés » ; pareillement au Chapitre I : « Faisons Homme à notre image, et ils domineront sur les poissons de la mer. » – Vers. 26, 28 ; – de là aussi on peut voir qu’il s’agit, non d’un certain homme créé le premier de tous, mais de la Très-Ancienne Église.
479. Par appeler le nom ou appeler du nom, il est signifié dans la Parole connaître la qualité, ainsi qu’il a déjà été montré ; ici, connaître quelle était la Très-Ancienne Église, à savoir, que l’Homme fut tiré de l’humus ou régénéré par le Seigneur, car Adam est l’humus ; et qu’ensuite, lorsqu’il fut fait céleste, il devint Homme plus éminemment d’après la foi de l’amour envers le Seigneur.
480. On voit aussi par le Chap. I, Vers. 26, 27, qu’ils furent appelés Homme, au jour qu’ils furent créés, c’est-à-dire, à la fin du sixième jour qui répond au soir du sabbat, ou lorsque le sabbat ou le septième jour commença ; car le septième jour ou le sabbat, c’est l’homme céleste, comme il a été montré précédemment.
481. Vers. 3. Et l’Homme vécut cent trente ans ; et il engendra à sa ressemblance, selon son image ; et il appela son nom Scheth. – Par cent trente ans est signifié le temps qui s’écoula avant que l’Église nouvelle eût pris son origine ; et comme elle ne différait pas d’une manière absolue de la Très-Ancienne Église, il est dit qu’elle naquit à sa ressemblance et selon son image ; mais ici la ressemblance se rapporte à la foi, et l’image à l’amour ; cette Église a été appelée Scheth.
482. Personne n’a su jusqu’à présent ce que signifient, dans le sens interne, les années et les nombres d’années que l’on trouve dans ce Chapitre. Ceux qui restent dans le sens de la lettre pensent que ce sont des années comme celles dont on se sert dans le monde pour mesurer le temps ; néanmoins, ici et jusqu’au Chapitre XII, il n’y a rien d’historique, quoique le sens de la lettre paraisse contenir des faits d’histoire ; mais tout ce qui est rapporté, tant en général qu’en particulier, contient autre chose. Ce qui a été dit des noms s’applique aussi aux nombres : dans la Parole, on rencontre souvent le nombre ternaire, puis aussi le septénaire, et partout ces nombres signifient quelque chose de saint ou d’inviolable quant aux états que les temps ou d’autres expressions enveloppent ou représentent. On ne doit pas faire de différence entre les plus petits intervalles de temps et les plus grands ; car, de même que les parties appartiennent au tout, de même les plus petits intervalles appartiennent aux plus grands ; il doit y avoir, en effet, similitude d’action, pour que le tout existe convenablement d’après ses parties, ou le plus grand d’après les plus petits ; ainsi, dans Ésaïe : « Maintenant Jéhovah a parlé, disant : Dans trois Ans, selon les Années d’un mercenaire, et vile sera rendue la gloire de Moab. » – XVI. 14. – Dans le Même : « Le Seigneur m’a dit : Encore un An, selon les Années d’un mercenaire, et sera consumée toute la gloire de Kédar. » – XXI. 16 ; – là, sont signifiés tant les plus petits intervalles que les plus grands. Dans Habakuk : « Jéhovah ! j’ai entendu ce qu’on dit de Toi ; j’ai respecté, Jéhovah ! ton ouvrage ; dans le milieu des Années vivifie-le, dans le milieu des Années fais-le connaître. » – III. 2 ; – là, le milieu des Années, c’est l’Avènement du Seigneur ; c’est aussi, dans de plus petits intervalles, tout avènement du Seigneur, par exemple, quand l’homme est régénéré ; et, dans de plus grands, quand de nouveau l’Église du Seigneur se relève : il est aussi appelé l’Année des rachetés, dans Ésaïe : « Le jour de la vengeance (est) dans mon cœur, et l’Année de mes rachetés est venue. » – LXIII. 4. – Il en est aussi de même des mille ans pendant lesquels Satan doit être lié, – Apoc. XX. 2, 3, 7 ; – et des mille ans de la première résurrection, – Apoc. XX. 4, 5, 6. – Ces mille ans signifient les états de ceux dont il est parlé, et non pas un intervalle de mille années ; car de même que les Jours, comme il a déjà été montré, sont pris pour l’état, de même aussi les Années, et les états sont décrits par le nombre des Années ; de là on peut voir que les temps, dans ce Chapitre, enveloppent aussi les états ; car chaque Église a été dans un état de Perception différent de celui d’une autre, en raison des différences du caractère provenant du mal héréditaire et du mal actuel.
483. Par les noms qui suivent, ainsi par Scheth, Énosch, Kénan, Mahalalel, Jared, Chanoch, Méthuschélach, Lamech, Noach, il est signifié autant d’Églises, dont la première et la principale fut celle qui a été appelée Homme. Le principal des Églises fut la Perception ; aussi les différences entre les Églises de cette époque furent principalement des différences de perceptions. Il m’est permis, au sujet de la Perception, de rapporter ici ce qui suit : Dans tout le ciel, il ne règne que la Perception du bien et du vrai, et elle est telle qu’il est impossible de la décrire ; ses différences sont innombrables, de sorte qu’une société n’a pas une perception semblable à celle d’une autre société ; là, les Perceptions se classent en genres et en espèces ; les genres en sont innombrables, et les espèces de chaque genre sont pareillement innombrables : il en sera parlé dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur. Les genres et les espèces de chaque genre étant innombrables, et les subdivisions des espèces encore plus innombrables, on peut voir combien aujourd’hui l’univers a peu de connaissances sur ce qui concerne le spirituel et le céleste, et qu’il n’en a presque aucune, puisqu’il ne sait même pas ce que c’est que la Perception, et que si on lui en parle, il ne croit pas qu’elle existe ; de même aussi pour d’autres choses. La Très-Ancienne Église représentait le Royaume Céleste du Seigneur, même quant aux différences génériques et spécifiques de perceptions ; mais comme on ignore absolument aujourd’hui ce que c’est que la Perception dans ce qu’elle a de plus commun, parler des genres et des espèces de perceptions de ces Églises, ce ne serait que rapporter des choses étranges et inconnues. Les Très-Anciens, pour cette raison, ont été distingués en maisons, familles et nations (gentes), et leurs mariages se contractaient entre maisons et familles, afin que les genres et les espèces de perceptions existassent, et ne fussent dérivées des parents que selon les propagations des caractères ; c’est pourquoi ceux qui ont été de la Très-Ancienne Église habitent aussi ensemble dans le Ciel.
484. Que l’Église, qui a été appelée Scheth, ait été presque semblable à la Très-Ancienne Église, on le voit en ce qu’il est dit que l’Homme engendra à sa ressemblance, selon son image, et qu’il appela son nom Scheth ; la ressemblance concerne la foi, et l’image l’amour ; en effet, cette Église n’était pas comme la Très-Ancienne Église quant à l’amour, et par suite quant à la foi envers le Seigneur, ce qui est évident en ce qu’il est dit peu auparavant : « Mâle et femelle il les créa, et il les bénit ; et il appela leur nom Homme », ce qui signifie l’homme spirituel du sixième jour, comme il vient d’être dit ; c’est pourquoi sa ressemblance fut comme homme spirituel du sixième jour, c’est-à-dire que l’amour ne fut pas de même le principal, mais que néanmoins la foi fut conjointe à l’amour.
485. Qu’ici par Scheth il soit entendu une autre Église que celle qui a été décrite précédemment par Scheth, au Chapitre IV, Verset 25, on le voit, No 435. Que des Églises de doctrines différentes aient été appelées d’un Nom semblable, cela est évident en ce que dans le Chapitre précédent, Versets 17 et 18, des Églises ont été appelées Chanoch et Lamech, et que dans celui-ci, d’autres Églises sont pareillement appelées Chanoch et Lamech, Vers. 21 et 30.
486. Vers. 4. Et les jours de l’Homme, après qu’il eut engendré ce Scheth, furent huit cents ans ; et il engendra des fils et des filles. – Par les jours sont signifiés les temps et les états en général : par les ans, les temps et les états en particulier : par les fils et les filles, les vrais et les biens qu’ils perçurent.
487. Que par les jours soient signifiés les temps et les états en général, cela a été montré dans le premier Chapitre, où les jours de la création n’ont pas signifié autre chose. Il est très-ordinaire, dans la Parole, d’appeler jours un temps quelconque, comme évidemment ici, et dans les Versets suivants, 5, 8, 11, 14, 17, 20, 23, 27, 31 ; c’est même pour cela que les états des temps en général sont aussi signifiés par les jours ; et quand on y ajoute les années, par les temps des années sont signifiés quels états, ainsi des états en particulier. Les Très-Anciens avaient leurs nombres par lesquels ils signifiaient les différentes choses de l’Église ; par exemple, les nombres trois, sept, dix, douze, et plusieurs autres qu’ils composaient avec ces nombres et avec d’autres, et ils exprimaient ainsi les états de l’Église. C’est pourquoi ces nombres contiennent des arcanes qui exigeraient beaucoup d’explications ; c’était le Comput des états de l’Église. Aussi trouve-t-on çà et là quelque chose de semblable dans la Parole, surtout dans la Parole prophétique ; aussi voit-on dans les rites de l’Église Judaïque des nombres de temps et de mesures ; par exemple, en ce qui concerne les sacrifices, les gâteaux, les oblations, etc., qui partout signifient des choses saintes selon leur application : c’est pourquoi les choses qui sont spécialement enveloppées ici par huit cents, dans le Verset suivant par neuf cent trente, et dans la suite par les nombres d’années, sont en si grande quantité, qu’il est impossible de les exposer ; ce sont les changements d’état de leur Église appliqués à leur état commun. Dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera dit ce que signifient les nombres simples jusqu’à douze ; sans la connaissance préalable de la signification de ces nombres, il est impossible de saisir celle des nombres composés.
488. Que les Jours signifient les états en général, et les Années les états en particulier, on peut aussi le voir d’après la Parole, ainsi qu’il a été dit ; par exemple, dans Ézéchiel : « Tu as fait approcher tes Jours, et tu es venue jusqu’à tes Années. » – XXII. 4 ; – là il s’agit de ceux qui commettent l’abomination et qui comblent la mesure des péchés ; aussi leur état est-il exprimé en général par les jours et en particulier par les années. Dans David : « Des Jours aux Jours du Roi tu ajouteras ; ses Années comme de génération en génération (seront). » – Ps. LXI. 7 ; – il s’agit du Seigneur et de son Royaume ; là aussi les jours et les années sont l’état de son Royaume. Dans le Même : « J’ai pensé aux Jours de l’antiquité, aux Années des siècles. » – Ps. LXXVII. 6 ; – là, les jours de l’antiquité sont les états de l’Église Très-Ancienne ; et les années des siècles, les états de l’Église Ancienne. Dans Ésaïe : « Le Jour de la vengeance (est) dans mon cœur, et l’Année de mes rachetés est venue. » – LXIII. 4 ; – il s’agit des derniers temps ; là, le jour de la vengeance est pour l’état de damnation, et l’année des rachetés pour l’état de béatitude. Pareillement dans le Même : « Pour proclamer l’Année du bon plaisir pour Jéhovah, et au Jour de la vengeance pour notre Dieu ; pour consoler tous ceux qui sont dans le deuil. » – LXI. 2 ; – là encore il est dit le jour, et aussi l’année, et ils signifient les états. Dans Jérémie : « Renouvelle nos Jours comme dans l’antiquité. » – Lament. V. 21 ; – là, c’est évidemment pour l’état. Dans Joël : « Il vient le Jour de Jéhovah, car il est proche ; jour de ténèbres et d’obscurité, jour de nuage et de brouillard ; il n’y en a point eu de semblable à lui depuis le siècle, et après lui il n’y en aura point jusqu’aux Années de génération en génération. » – II. 1, 2, 11 ; – là, le jour est mis pour l’état de ténèbres, d’obscurité, de nuage et de brouillard de chacun en particulier, et de tous en général. Dans Zacharie : « J’ôterai l’iniquité de cette terre en un Jour ; en ce jour-là, vous crierez, l’homme à son compagnon, sous la vigne et sous le figuier. » – III. 9, 10 ; – et ailleurs : « Il y aura un Jour, lequel est connu de Jéhovah, non pas Jour, ni nuit, et il arrivera qu’au temps du soir, il y aura lumière. » – XIV. 7 ; – là, il est évident que c’est l’état, car il est dit qu’il y aura un jour, ni jour ni nuit, et qu’au temps du soir il y aura lumière. C’est aussi ce qui est évident par ces paroles du Décalogue : « Honore ton père et ta mère afin que soient prolongés tes Jours, et que bien te soit sur l’humus. » – Deutér. V. 16. XXV. 15 ; – là, la prolongation des jours n’est pas la longévité, c’est un état heureux. Dans le sens de la lettre, on ne peut que voir le temps dans l’expression de jour ; mais, dans le sens interne, on y voit l’état ; les anges, qui sont dans le sens interne de la Parole, ne savent point ce que c’est que le temps ; car ils n’ont point de soleil ni de lune qui distinguent les temps ; par conséquent ils ne savent pas ce que c’est que le jour et l’année, mais ils connaissent ce que c’est que l’état et ses changements ; c’est pourquoi devant les anges, qui sont dans le sens interne de la Parole, tout ce qui appartient à la matière, à l’espace et au temps disparaît ; par exemple, ce qui est dans le sens de la lettre, dans Ézéchiel : « Proche est le Jour, et proche (est) le Jour de Jéhovah, jour de nuage ; temps des nations ce sera. » – XXX. 3 ; – et dans Joël : « Ah ! ce Jour ! car proche (il est) le Jour de Jéhovah, et comme une dévastation. » – I. 15 ; – là, le jour de nuage, c’est le nuage ou la fausseté ; le jour des nations, ce sont les nations ou la méchanceté ; le jour de Jéhovah, c’est la vastation. Lorsque la notion du temps est écartée, il reste la notion de l’état des choses qui ont été dans ce temps. Il en est de même des jours et des années qui sont tant de fois nommés dans ce Chapitre.
489. Que par les fils et les filles soient signifiés les vrais et les biens qu’ils perçurent, et même par les fils les vrais, et par les filles les biens, on peut le voir d’après un grand nombre de passages dans les Prophètes, car les conceptions et les enfantements de l’Église, dans la Parole, de même qu’anciennement, ont été nommés fils et filles ; ainsi, dans Ésaïe : « Les nations marcheront à ta lumière, et les rois à la splendeur de ton lever ; lève à l’entour tes yeux, et vois ; tous, ils se sont assemblés et viennent à toi ; tes Fils de loin viendront, et tes Filles à (ton) côté seront nourries : alors tu verras et seras dans l’abondance, et il s’étonnera et se dilatera, ton cœur. » – LX. 3, 4, 5 ; – là, les fils sont mis pour les vrais, et les filles pour les biens. Dans David : « Délivre-moi et retire-moi de la main des Fils de l’étranger, dont la bouche profère vanité ; nos Fils (sont) comme des plants grandis en leur jeunesse ; nos Filles, comme des angles taillés pour forme de temple. » – Ps. CXLIV. 11, 12 ; – les fils de l’étranger, pour les vrais falsifiés ou les faux ; nos fils, pour les doctrinaux du vrai ; et nos filles, pour les doctrinaux du bien. Dans Ésaïe : « Je dirai au Septentrion : Donne ; et au Midi : Ne retiens pas ; amène mes Fils de loin, et mes Filles de l’extrémité de la terre, faisant sortir un peuple aveugle, et des yeux il aura ; et des sourds, et des oreilles ils auront. » – XLIII. 6, 8 ; – là, les fils sont mis pour les vrais, les filles pour les biens, les aveugles pour ceux qui verront les vrais, les sourds pour ceux qui obéissent. Dans Jérémie : « La honte a consumé le travail de nos pères dès notre jeunesse, leur menu bétail, leur gros bétail, leurs Fils et leurs Filles. » – III. 24 ; – là, les fils et les filles, pour les vrais et les biens. Que les enfants (nati) et les fils soient mis pour les vrais, on le voit dans Ésaïe : « Jacob ne sera plus confus, et ses faces ne pâliront plus ; car lorsqu’il verra ses enfants (natos), ouvrage de mes mains ; au milieu de lui ils sanctifieront mon nom et sanctifieront le Saint de Jacob, et le Dieu d’Israël ils redouteront ; ils auront connaissance, les égarés d’esprit, en intelligence. » – XXIX. 22, 23, 24 ; – le Saint d’Israël, le Dieu de Jacob, c’est le Seigneur ; les enfants (nati) sont les régénérés qui obtiennent l’intelligence du bien et du vrai, ainsi que le texte même le dit. Dans le Même : « Chante, stérile (qui) n’avais pas enfanté ; car nombreux (seront) les Fils de la désolée plus que les Fils de la mariée. » – LIV. 1 ; – les fils de la désolée sont là pour les vrais de l’Église primitive ou des Gentils ; et les fils de la mariée, pour les vrais de l’Église Judaïque. Dans Jérémie : « Ma tente a été dévastée, et tous mes cordages ont été rompus ; mes Fils, sortis de moi, et ils ne sont plus. » – X. 20 ; – les fils sont là pour les vrais. Dans le Même : « Ses Fils seront comme autrefois, et leur assemblée devant Moi sera affermie. » – XXX. 20 ; – pour les vrais de l’Église Ancienne. Dans Zacharie : « J’exciterai tes Fils, ô Sion ! avec tes Fils, ô Javan ! et je te disposerai comme l’épée d’un puissant. » – IX. 13 ; – pour les vrais de l’amour de la foi.
490. Que la fille soit prise pour les biens, cela a lieu très-souvent dans la Parole ; par exemple, dans David : « Des Filles de rois (sont) parmi tes précieuses ; la reine se tient à ta droite, parée du plus bel or d’Ophir ; la Fille de Tyr avec présent, toute glorieuse (est) la Fille de roi intérieurement, de tissus d’or son vêtement ; en la place de tes pères seront tes Fils. » – Ps. XLV. 10 à 17 ; – là, le bien et le beau de l’amour et de la foi sont décrits par la fille. De là les Églises sont nommées filles, et même d’après les biens ; par exemple, fille de Sion, et fille de Jérusalem, – Ésaïe XXXVII. 22, – et dans plusieurs autres endroits. Elles sont encore nommées filles du peuple, – Ésaïe XXII. 4 ; – filles de Tharschisch, – Ésaïe XXIII. 10 ; – fille de Sidon, – Ésaïe XXIII. 12 ; – filles qui sont dans le champ, – Ézéchiel, XXVI. 6, 8.
491. Les mêmes choses sont signifiées par les fils et les filles dans ce Chapitre, Versets 4, 7, 10, 13, 16, 19, 26, 30 ; mais telle est l’Église, tels sont les fils et les filles, ou les vrais et les biens. Ici, ce sont des vrais et des biens qui furent distinctement perçus, parce qu’ils se disent de la Très-Ancienne Église, la principale et la mère des autres Églises et de celles qui leur ont succédé.
492. Vers. 5. Et tous les jours de l’Homme, lesquels il vécut, furent neuf cent trente ans, et il mourut. – Par les jours et les ans sont signifiés ici, comme précédemment, des temps et des états : il mourut, signifie qu’il n’y eut pas une semblable perception.
493. Que par les jours et les années soient signifiés des temps et des états, il ne faut pas s’arrêter plus longtemps à le montrer, il sera seulement dit ici que, dans le monde, il est impossible qu’il n’y ait pas des temps et des mesures auxquels des nombres sont appliqués, parce qu’on est dans les derniers de la nature ; mais, toutes les fois qu’ils sont appliqués, par les nombres de jours et d’années, puis par les nombres de mesures, il est signifié quelque chose, abstraction faite des temps et des mesures, selon la signification du nombre, comme lorsqu’il est dit qu’il y a six jours de travail et que le septième est saint ; – voir ci-dessus ; – que le jubilé était proclamé la quarante-neuvième année, et célébré la cinquantième ; qu’il y avait douze tribus d’Israël, et autant d’apôtres du Seigneur ; soixante-dix anciens, et autant de disciples du Seigneur, etc., etc., etc. Ce sont là des nombres qui signifient quelque chose de spécial, abstraction faite des sujets auxquels ils sont appliqués ; et lorsque l’abstraction est faite, ce sont des états qui sont signifiés par ces nombres.
494. Il mourut, signifie qu’il n’y eut pas une semblable perception : on le voit par la signification du mot mourir, qui signifie tout ce qui cesse d’être tel qu’il était ; comme dans Jean : « À l’Ange de l’Église dans Sardes écris : « Voici ce que dit Celui qui a les sept esprits et les sept étoiles : Je connais tes œuvres, que tu as nom d’être vivant, et mort tu es. Sois vigilant, et affermis les restes qui vont mourir ; car je n’ai point trouvé tes œuvres parfaites devant Dieu. » – Apoc. III. 1, 2. – Dans Jérémie : « Je jetterai (toi et) ta mère, qui t’a engendré, sur une terre autre, où vous n’êtes point nés ; et là vous mourrez. » – XXII. 26 ; – la mère est là pour l’Église. Voici, en effet, comme il a été dit, ce qui se passe dans l’Église : Elle décroît et dégénère, et son ancienne intégrité se détruit, surtout parce que le mal héréditaire augmente ; car chaque parent ajoute un nouveau mal au mal héréditaire ; tout mal actuel chez les parents revêt une sorte de nature ; et, lorsqu’il se reproduit souvent, il devient naturel, se joint au mal héréditaire, est transplanté dans les enfants, et par conséquent dans les descendants ; c’est ainsi que le mal héréditaire est immensément augmenté chez les descendants, ce que chacun peut savoir d’après le mauvais penchant des enfants, absolument semblable à celui de leurs parents et aïeux. Elle est donc très-fausse, l’opinion de ceux qui croient qu’il n’existe d’autre mal héréditaire que celui qu’ils disent avoir été implanté par Adam, voir No 313, lorsque cependant chacun, par ses péchés actuels, fait héréditaire un mal, l’ajoute aux maux reçus de ses pères, et en fait ainsi un monceau, qui reste dans toute sa postérité, et ne peut être tempéré que chez ceux qui sont régénérés par le Seigneur. Telle est la principale cause qui fait que toute Église dégénère ; ainsi de même pour l’Église Très-Ancienne.
495. On ne peut voir comment la Très-Ancienne Église a décliné, à moins qu’on ne sache ce que c’est que la Perception ; car c’était une Église perceptive, telle qu’il n’y en a aucune aujourd’hui. La Perception de l’Église consiste en ce qu’on perçoit par le Seigneur, comme les anges, ce que c’est que le Bien et le Vrai, non pas ce que c’est que le bien et le vrai de la société civile, mais ce que c’est que le bien et le vrai de l’amour et de la foi envers le Seigneur ; d’après une confession de la foi confirmée par la vie, on peut voir quelle est la nature de la perception, et s’il y a perception.
496. Vers. 6. Et Scheth vécut cent cinq ans, et il engendra Énosch. – Scheth, comme il a été dit, est une autre Église, moins céleste que la Très-Ancienne, sa mère ; néanmoins l’une des Très-Anciennes : il vécut cent cinq ans, signifie des temps et des états comme ci-dessus : il engendra Énosch, signifie que de ces Églises est descendue une autre Église qui a été appelée Énosch.
497. Scheth est une autre Église, moins céleste que la Très-Ancienne, sa mère ; néanmoins l’une des Très-Anciennes : on le voit d’après ce qui a été dit de Scheth, Verset 3. Il arrive aux Églises, comme il a été déjà dit, de décroître peu à peu et avec le temps, quant aux principes essentiels, surtout par le motif précédemment donné.
498. Il engendra Énosch, signifie que de ces Églises est descendue une autre Église qui a été appelée Énosch : on le voit aussi en ce que les Noms, dans ce Chapitre, ne signifient autre chose que des Églises.
499. Vers. 7 et 8. Et Scheth, après qu’il eut engendré cet Énosch, vécut huit cent sept ans ; et il engendra des fils et des filles. – Et tous les jours de Scheth furent neuf cent douze ans, et il mourut. – Les jours et les nombres d’années signifient, comme ci-dessus, des temps et des états : les fils et les filles ont la même signification que précédemment ; il en est de même de il mourut.
500. Vers. 9. Et Énosch vécut quatre-vingt-dix ans, et il engendra Kénan. – Par Énosch, comme il a été dit, est signifiée la Troisième Église, encore moins céleste que l’Église nommée Scheth ; néanmoins l’une des Très-Anciennes. Par Kénan est signifiée une Quatrième Église, qui succéda aux précédentes.
501. Il en a été des Églises qui avec le temps ont succédé l’une à l’autre, et dont l’une est dite née de l’autre, comme il en est des fruits ou de leurs semences, dans le milieu ou dans les intimes desquels il y a comme les fruits des fruits, ou comme les semences des semences, d’après lesquels vivent des choses qui succèdent l’une à l’autre, pour ainsi dire, en ordre ; car plus on s’écarte du centre pour aller aux périphéries, moins il y a d’essence de fruit ou de semence, jusqu’à ce qu’enfin il n’y ait plus que des pellicules ou enveloppes, dans lesquelles se terminent les fruits ou les semences. Ou, comme il en est du cerveau, dans les intimes duquel il y a des parties organiques très-subtiles, nommées substances corticales, d’après lesquelles et par lesquelles procèdent les opérations de l’âme ; à ces substances succèdent en ordre des enveloppes très-légères, ensuite plus denses, enfin communes appelées méninges, qui se terminent dans d’autres encore plus communes, et enfin dans l’enveloppe la plus commune, qui est appelée le Crâne.
502. Ces trois Églises, l’Homme, Scheth, Énosch, constituèrent la Très-Ancienne Église, néanmoins avec une différence de perfection quant aux perceptions. Le perceptif de la Première Église diminua constamment dans les suivantes, et devint plus commun, ainsi que cela arrive, comme il a été dit, dans le fruit ou la semence ou le cerveau. La perfection consiste dans la faculté de percevoir distinctement, et elle diminue quand cette faculté, au lieu d’être aussi distincte, devient plus commune ; alors à une perception plus claire succède une perception plus obscure, et c’est ainsi qu’elle commence à s’évanouir.
503. Le perceptif de la Très-Ancienne Église consistait non-seulement à percevoir ce que c’est que le bien et le vrai, mais aussi à faire le bien avec félicité et plaisir. Sans la félicité et le plaisir de faire le bien, le perceptif n’est pas vivant, mais par là il vit ; la vie de l’amour, et de la foi qui en procède, telle que fut celle de la Très-Ancienne Église, est la vie quand on est dans l’usage, ou dans le bien et le vrai de l’usage : c’est de l’usage, par l’usage et selon l’usage que la vie est donnée par le Seigneur. Il ne peut y avoir aucune vie dans ce qui est inutile, car tout ce qui est inutile est rejeté. C’est en cela que les Très-Anciens étaient des ressemblances du Seigneur ; c’est même pour cela que dans les perceptifs ils devinrent ses images. Le perceptif consiste à connaître ce que c’est que le bien et le vrai, ainsi ce qui appartient à la foi. Celui qui est dans l’amour se plaît, non à connaître, mais à faire le bien et le vrai, c’est-à-dire, à être dans l’usage.
504. Vers. 10, 11. Et Énosch, après qu’il eut engendré ce Kénan, vécut huit cent quinze ans ; et il engendra des fils et des filles. – Et tous les jours d’Énosch furent neuf cent cinq ans, et il mourut. – Ici pareillement les jours et les nombres d’années, puis les fils et les filles, comme aussi il mourut, signifient de semblables choses.
505. Énosch, comme il a été dit, est la Troisième Église, l’une des Très-Anciennes, mais moins céleste, par conséquent moins perceptive que l’Église Scheth, qui elle-même n’était ni aussi céleste ni aussi perceptive que l’Église, sa mère, appelée Homme. Ces Trois Églises, qui constituent la Très-Ancienne, ont, respectivement aux Églises suivantes, une sorte de rapport avec le noyau des fruits ou l’intérieur des semences, et les Églises suivantes, avec leur nature membraneuse.
506. Vers. 12. Et Kénan vécut soixante-dix ans, et il engendra Mahalalel. – Par Kénan est signifiée une Quatrième Église ; par Mahalalel, une Cinquième.
507. L’Église appelée Kénan ne doit pas de même être comptée parmi ces trois plus parfaites, car alors la perception qui, chez les précédentes, avait été distincte, commença à devenir commune, et par comparaison comme les premières et plus tendres membranes sont au noyau du fruit ou de la semence. Cet état n’est pas décrit, il est vrai, mais on le voit par ce qui suit ; par exemple, par la description des Églises qui furent appelées Chanoch et Noach.
508. Vers. 13, 14. Et Kénan, après qu’il eut engendré ce Mahalalel, vécut huit cent quarante ans ; et il engendra des fils et des filles. – Et tous les jours de Kénan furent neuf cent dix ans, et il mourut. – Les jours et les nombres d’années ont la même signification que ci-dessus. Les fils et les filles signifient ici, comme précédemment, les vrais et les biens qu’ils perçurent, mais plus communément : il mourut signifie pareillement que la perception cessa d’être telle.
509. Il faut seulement observer ici que toutes ces choses sont relatives à l’état de l’Église.
510. Vers. 15. Et Mahalalel vécut soixante-cinq ans, et il engendra Jared. – Par Mahalalel est signifiée, comme il a été dit, une Cinquième Église ; par Jared, une Sixième.
511. Comme le Perceptif a été en décroissant, et que d’excellent ou de distinct qu’il était, il est devenu de plus en plus commun ou obscur, il en a aussi été de même de la vie d’amour ou d’usages ; car telle est la vie d’amour ou d’usages, tel est le perceptif : d’après le bien connaître le vrai, c’est le céleste. La vie de ceux qui constituèrent l’Église appelée Mahalalel était telle qu’ils préféraient l’agrément que procurent les vrais aux plaisirs provenant des usages. Il m’a été donné de le savoir par expérience chez ceux qui leur ressemblent dans l’autre vie.
512. Vers. 16, 17. Et Mahalalel, après qu’il eut engendré ce Jared, vécut huit cent trente ans ; et il engendra des fils et des filles. – Et tous les jours de Mahalalel furent huit cent quatre-vingt-quinze ans, et il mourut. – Même signification que ci-dessus.
513. Vers. 18. Et Jared vécut cent soixante-deux ans, et il engendra Chanoch. – Par Jared est signifiée, comme il a été dit, une Sixième Église ; par Chanoch, une Septième.
514. Il ne sera rien rapporté non plus de l’Église appelée Jared ; mais d’après l’Église Mahalalel qui la précéda, et l’Église Chanoch qui la suivit, on peut voir ce qu’elle fut, puisqu’elle est intermédiaire.
515. Vers. 19, 20. Et Jared, après qu’il eut engendré ce Chanoch, vécut huit cents ans ; et il engendra des fils et des filles. – Et tous les jours de Jared furent neuf cent soixante-deux ans, et il mourut. – Même signification que ci-dessus. – Que l’âge des hommes n’ait pas été si grand, au point que Jared eût vécu 962, et Méthuschélach 969, chacun peut le voir ; puis aussi par les explications qui seront données, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, sur le Verset 3 du Chapitre suivant, où il est dit : « Leurs jours seront cent vingt ans. » Ainsi, le nombre des années signifie, non pas l’âge auquel a atteint tel ou tel homme, mais les temps et les états d’une Église.
516. Vers. 21. Et Chanoch vécut soixante-cinq ans, et il engendra Méthuschélach. – Par Chanoch, comme il a été dit, est signifiée une Septième Église ; et par Méthuschélach, une Huitième.
517. La qualité de l’Église Chanoch est décrite dans ce qui va suivre.
518. Vers. 22. Et Chanoch, après qu’il eut engendré ce Méthuschélach, marcha avec Dieu trois cents ans ; et il engendra des fils et des filles. – Marcher avec Dieu signifie la doctrine concernant la foi : les fils et les filles signifient les doctrinaux concernant les vrais et les biens.
519. Il y eut à cette époque des hommes qui, au moyen des perceptifs de la Très-Ancienne Église et des Églises suivantes, faisaient une doctrine pour servir de règle et pour qu’on sût par là ce que c’est que le bien et le vrai. Ceux qui agissaient ainsi furent appelés Chanoch ; c’est ce qui est signifié par ces mots : Et Chanoch marcha avec Dieu ; ils appelaient même ainsi cette doctrine : c’est aussi ce qui a été indiqué par le nom Chanoch, qui signifie instruire : on le voit aussi d’après la signification du mot marcher, et en ce qu’il est dit avoir marché avec Dieu, et non avec Jéhovah. Marcher avec Dieu, c’est enseigner et vivre selon la doctrine de la foi ; mais marcher avec Jéhovah, c’est vivre d’une vie d’amour. Marcher est une formule solennelle qui signifie vivre ; par exemple, marcher dans la loi, marcher dans les statuts, marcher dans la vérité : marcher concerne proprement la vie qui appartient à la vérité, par conséquent, qui appartient à la foi, ou à la doctrine de la foi. On peut même apercevoir par les passages suivants ce que marcher signifie dans la Parole. Dans Michée : « Il t’a indiqué, ô homme ! ce que c’est que le bien ; et qu’est-ce que Jéhovah demande de toi, sinon de pratiquer le jugement et l’amour de la Miséricorde, et de s’humilier en marchant avec ton Dieu ? » – VI. 8 ; – ici marcher avec Dieu signifie aussi vivre selon ce qui a été indiqué ; mais ici, il est dit avec Dieu, tandis qu’au sujet de Chanoch il y a un autre mot qui signifie aussi d’avec Dieu, de sorte que le mot a un double sens. Dans David : « Tu as préservé mes pieds de l’achoppement pour marcher devant Dieu dans la lumière des vivants. » – Ps. LVI. 14 ; – là, marcher devant Dieu, c’est dans la vérité de la foi, qui est la lumière des vivants. De même, dans Ésaïe : « Le peuple, ceux qui marchaient dans les ténèbres, ont vu une grande lumière. » – IX. 1. – Le Seigneur dit dans Moïse : « Je marcherai au milieu de vous, et je vous serai pour Dieu, et vous, vous me serez pour peuple. » – Lévit. XXVI. 12 ; – pour, afin qu’ils vécussent selon la doctrine de la loi. Dans Jérémie : « On les exposera (ces ossements) au soleil et à la lune, et aux armées des cieux, qu’ils ont aimés et qu’ils ont servis, et après lesquels ils ont marché et qu’ils ont cherchés. » – VIII. 2. – Ici évidemment il est distingué entre les choses d’amour et les choses de foi ; celles d’amour sont désignées par aimer et servir ; et celles de foi, par marcher et chercher. Dans les Prophètes, les mots sont employés avec la plus grande exactitude, et jamais l’un n’est mis à la place de l’autre. Mais marcher avec Jéhovah ou devant Jéhovah signifie, dans la Parole, vivre d’une vie d’amour.
520. Vers. 23, 24. Et tous les jours de Chanoch furent trois cent soixante-cinq ans. – Et Chanoch marcha avec Dieu, et il ne fut plus, parce que Dieu le prit. – Tous les jours de Chanoch furent trois cent soixante-cinq ans, signifie peu ; marcher avec Dieu, c’est, comme il a été dit, la doctrine concernant la foi ; il ne fut plus, parce que Dieu le prit, signifie que cette doctrine fut gardée pour l’usage de la postérité.
521. Si ces mots, il ne fut plus, parce que Dieu le prit, signifient que cette doctrine fut gardée pour l’usage de la postérité, c’est parce que Chanoch, comme il a été dit, rédigea en doctrine le perceptif de la Très-Ancienne Église, ce qui n’était pas permis dans ce temps ; car connaître par la perception et apprendre par la doctrine sont des choses tout à fait différentes. Ceux qui sont dans la perception n’ont pas besoin de connaître, par le moyen d’une doctrine rédigée, ce qu’ils connaissent. Soit un exemple pour illustration : Celui qui sait bien penser n’a pas besoin d’apprendre à penser par des moyens artificiels ; il perdrait par là sa faculté de bien penser, comme il arrive à ceux qui se traînent dans la poussière scolastique. Ceux qui agissent d’après la perception reçoivent du Seigneur la faculté de connaître par un chemin interne ce qui est bien et vrai, tandis que ceux qui agissent d’après une doctrine le connaissent par un chemin externe ou par le moyen des sens corporels ; la différence est comme celle qu’il y a entre la lumière et les ténèbres. Qu’on ajoute à cela que les perceptions de l’homme céleste ne peuvent nullement être décrites, car elles se produisent dans les choses les plus minimes et les plus singulières avec toute variété selon les états et les circonstances. Mais comme il avait été prévu que le perceptif de la Très-Ancienne Église périrait, et que dans la suite on apprendrait, au moyen de doctrines, ce que c’est que le vrai et ce que c’est que le bien, ou que par les ténèbres on viendrait à la lumière, voilà pourquoi il est dit ici que Dieu le prit, c’est-à-dire qu’il garda la doctrine pour l’usage de la postérité.
522. Il m’a aussi été donné de connaître quel était devenu le perceptif de ceux qui sont appelés Chanoch : c’était une sorte de commun obscur, sans rien de distinct ; car le mental alors détermine l’intuition hors de soi dans les doctrinaux.
523. Vers. 25. Et Méthuschélach vécut cent quatre-vingt-sept ans, et il engendra Lamech. Par Méthuschélach est signifiée une Huitième Église ; et par Lamech, une Neuvième.
524. Il n’est rien rapporté de spécial sur la qualité de cette Église ; mais il résulte de la description de l’Église appelée Noach que le perceptif de celle-ci devint commun et obscur, de sorte qu’il y eut décroissance d’intégrité, et, par conséquent, de sagesse et d’intelligence.
525. Vers. 26, 27. Et Méthuschélach, après qu’il eut engendré ce Lamech, vécut sept cent quatre-vingt-deux ans ; et il engendra des fils et des filles. – Et tous les jours de Méthuschélach furent neuf cent soixante-neuf ans, et il mourut. – Même signification que ci-dessus.
526. Vers. 28. Et Lamech vécut cent quatre-vingt-deux ans, et il engendra un fils. – Par Lamech est signifiée ici une Neuvième Église, dans laquelle la perception du vrai et du bien fut si commune et si obscure qu’elle était presque nulle, ainsi une Église dévastée : par son fils est signifiée l’origine d’une nouvelle Église.
527. Par Lamech est signifiée une Église dans laquelle la perception du vrai et du bien fut si commune et si obscure qu’elle fut presque nulle, ainsi une Église dévastée : on peut le voir d’après ce qui précède, et d’après ce qui suit, car elle est décrite dans le Verset qui va suivre. Lamech, dans le Chapitre précédent, signifiait presque la même chose qu’ici, à savoir, la vastation ; voir Chap. IV, Vers. 18, 19, 23, 24. Celui dont Lamech est issu porte aussi presque le même nom, à savoir, Méthuschael, de sorte que des choses presque semblables ont été signifiées par les Noms ; par Méthuschael et Méthuschélach, quelque chose qui se meurt ; et par Lamech, ce qui est détruit.
528. Vers. 29. Et il appela son nom Noach, disant : Celui-ci nous consolera de notre œuvre et de la douleur de nos mains à cause de l’humus que Jéhovah a maudit. – Par Noach est signifiée l’Église Ancienne : par nous consoler de notre œuvre et de la douleur de nos mains à cause de l’humus que Jéhovah a maudit, est signifiée la doctrine par laquelle ce qui avait été renversé serait rétabli.
529. Par Noach est signifiée l’Église Ancienne, ou la mère de trois Églises après le déluge : on le voit d’après ce qui suit, où il s’agit plusieurs fois de Noach.
530. Dans ce Chapitre, par les Noms, comme il a été dit, sont signifiées des Églises ou, ce qui est la même chose, des doctrines ; car d’après la doctrine l’Église existe, et elle est appelée Église ; ainsi, par Noach est signifiée l’Église Ancienne, ou la doctrine qui restait de la Très-Ancienne Église. Il a été dit ci-dessus ce qui se passe à l’égard des Églises ou des doctrines, à savoir, qu’elles décroissent jusqu’à ce qu’il ne leur reste plus rien des biens et des vrais de la foi, et alors dans la Parole l’Église est dite dévastée ; mais néanmoins il y a toujours des Restes qui sont préservés, ou des hommes, quoiqu’en petit nombre, chez qui restent le bien et le vrai de la foi ; si le bien et le vrai de la foi n’étaient pas conservés chez eux, il n’y aurait aucune conjonction du ciel avec le genre humain. Quant à ce qui concerne les Restes (Reliquiae) qui sont chez l’homme pris individuellement, moins ils sont nombreux, moins ses rationnels et ses scientifiques peuvent être éclairés ; car c’est des Restes, ou du Seigneur par le moyen des Restes, qu’influe la lumière du bien et du vrai : s’il n’y avait aucun Reste chez l’homme, il ne serait pas homme, mais il serait plus vil que la brute ; moins il y a chez lui de Restes, moins il est homme ; et plus il y en a, plus il est homme. Il en est des Restes comme d’un astre ; moins l’astre est grand, moins il répand de lumière ; plus il est grand, plus il en répand. Le peu de bien et de vrai qui restait de la Très-Ancienne Église était chez ceux qui constituèrent l’Église appelée Noach ; cependant ce qui restait appartenait, non à la perception, mais à l’intégrité, puis aussi à la doctrine tirée des perceptifs des Églises Très-Anciennes ; c’est pour cela qu’alors seulement une nouvelle Église commença à être suscitée par le Seigneur ; comme cette Église a été d’un caractère tout à fait différent de celui des Églises Très-Anciennes, elle doit être appelée Église Ancienne ; Ancienne, par ce fait qu’elle a existé à la fin des siècles avant le déluge, et dans le premier temps après le déluge. Dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera parlé de cette Église.
531. Par nous consoler de notre œuvre et de la douleur de nos mains à cause de l’humus que Jéhovah a maudit, est signifiée la doctrine par laquelle ce qui avait été renversé serait rétabli : on le verra aussi, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, dans ce qui suit. Par l’œuvre il est signifié qu’ils ne pouvaient percevoir ce que c’est que le vrai qu’avec travail et angoisse ; par la douleur des mains à cause de l’humus que Jéhovah a maudit, il est signifié qu’ils ne pouvaient rien faire de bien : c’est ainsi qu’est décrit Lamech, ou l’Église dévastée. Il y a œuvre et travail de nos mains lorsqu’on doit par soi-même, ou par le propre, rechercher ce que c’est que le vrai et faire ce qui est le bien ; ce qui en résulte est l’humus que Jéhovah a maudit, c’est-à-dire qu’on n’en retire que le faux et le mal. Voir, du reste, ce que signifie la malédiction de Jéhovah, No 245. Consoler se réfère au fils ou à Noach, par lequel est signifiée une nouvelle régénération, ainsi une nouvelle Église, qui est l’Ancienne ; par elle donc, ou par Noach, est aussi signifié le repos, et d’après le repos la consolation, de même qu’il est dit de la Très-Ancienne Église qu’elle fut un septième jour, dans lequel le Seigneur se reposa. Voir Nos 84 à 88.
532. Vers. 30, 31. Et Lamech, après qu’il eut engendré ce Noach, vécut cinq cent quatre-vingt-quinze ans ; et il engendra des fils et des filles. – Et tous les jours de Lamech furent sept cent soixante-dix-sept ans, et il mourut. – Par Lamech est signifiée, comme il a été dit, l’Église dévastée : par les fils et les filles sont signifiés les conceptions et les enfantements d’une telle Église.
533. Comme il n’est non plus rien rapporté au sujet de Lamech, si ce n’est qu’il engendra des fils et des filles, qui sont les conceptions et les enfantements d’une telle Église, il est inutile de s’y arrêter plus longtemps. Quels ont été ces enfantements, ou ces fils et ces filles, on peut le voir par cette Église elle-même ; car telle est l’Église, tels sont ses enfantements. Les deux Églises qui ont été appelées Méthuschélach et Lamech expirèrent peu de temps avant le déluge.
534. Vers. 32. Et son fils Noach vécut cinq cents ans ; et Noach engendra Schem, Cham et Japheth. – Par Noach est signifiée, comme il a été dit, l’Église Ancienne : par Schem, Cham et Japheth, sont signifiées les trois Églises Anciennes qui sont issues de l’Ancienne appelée Noach.
535. Que l’Église appelée Noach ne doive pas être mise au nombre des Églises qui ont existé avant le déluge, on peut le voir d’après le Verset 29, en ce qu’elle les consolera de leur œuvre et de la douleur de leurs mains à cause de l’humus que Jéhovah a maudit. Cette consolation consistait en ce qu’elle devait survivre et rester. Dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera parlé de Noach et de ses fils.
536. Comme, dans ce qui précède, il a été souvent question de la Perception des Églises qui ont existé avant le déluge, et qu’aujourd’hui la Perception est une chose entièrement inconnue, et même tellement inconnue qu’on pourrait penser que c’est une sorte de révélation continue, ou que c’est une sorte d’insite ; que les uns pourraient croire que c’est quelque chose de purement imaginaire, et d’autres, avoir sur ce point des idées différentes, – et cependant la Perception est le Céleste même donné par le Seigneur à ceux qui sont dans la foi de l’amour, – et comme dans tout le Ciel la Perception existe avec une innombrable variété, en conséquence pour qu’on ait une notion de la Perception je pourrai dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, la décrire quant à ses genres telle qu’elle est dans les Cieux.
CONTINUATION. – DU CIEL ET DE LA JOIE CÉLESTE.
537. Un certain esprit s’appliqua à mon côté gauche, me demandant si je savais comment il pourrait entrer dans le Ciel ; il me fut donné de lui répondre qu’on n’était admis dans le Ciel que par le Seigneur, qui seul connaît la qualité de chacun. Tels sont plusieurs de ceux qui arrivent de notre monde ; ils ne demandent qu’à entrer dans le Ciel, ignorant absolument ce que c’est que le Ciel, et ce que c’est que la joie céleste, ne sachant pas que le Ciel est l’Amour mutuel, et que la joie céleste est la joie qui en résulte ; c’est pourquoi ceux qui l’ignorent sont d’abord informés de ce que c’est que le Ciel et la joie céleste, même par vive expérience ; c’est ainsi qu’il en arriva à un certain esprit, nouvellement sorti du monde, qui désirait pareillement le Ciel ; pour qu’il perçût quel était le Ciel, ses intérieurs furent ouverts, afin qu’il ressentît quelque chose de la joie céleste ; dès qu’il en eut la sensation, il se mit à s’affliger et à se tourmenter, demandant avec supplication d’en être délivré, disant qu’il lui était impossible de vivre en raison de son anxiété : en conséquence, ses intérieurs du côté du Ciel furent fermés, et il fut ainsi remis dans son état. On peut voir par là à quels remords de conscience et à quelle anxiété sont livrés ceux qui sont seulement admis pour peu de temps dans le Ciel, quand ils ne sont pas en état d’y rester.
538. Quelques esprits recherchaient aussi le Ciel avec instance, ne sachant pas en quoi il consistait ; il leur fut dit que si l’on n’est pas dans la foi de l’amour, il est aussi dangereux de venir dans le Ciel que de se jeter dans les flammes ; mais néanmoins ils persistaient à le chercher : lorsqu’ils furent arrivés à la première entrée, ou dans la sphère inférieure des esprits angéliques, ils furent tellement saisis d’effroi qu’ils se jetèrent avec précipitation en arrière. Ils apprirent par là combien il est dangereux d’approcher seulement du Ciel, avant d’avoir été préparé par le Seigneur à recevoir les affections de la foi.
539. Un autre esprit qui, dans la vie du corps, avait considéré les adultères comme rien, fut aussi admis à la première entrée du Ciel, parce qu’il l’avait désiré. Lorsqu’il y fut arrivé, il commença à éprouver de la douleur et à sentir son infection cadavéreuse, à un tel point qu’il ne lui fut plus possible de la supporter ; il lui semblait que, s’il eût pénétré plus avant, il aurait péri. Ayant donc été précipité de là sur la terre inférieure, il était irrité de ce qu’étant venu à la première entrée du Ciel, il avait souffert de semblables tortures ; c’est parce qu’il était dans une sphère opposée à celle de l’adultère ; il est du nombre des réprouvés.
540. Presque tous ceux qui viennent dans l’autre vie ignorent ce que c’est que la béatitude et la félicité célestes, parce qu’ils ne savent pas ce que c’est que la joie interne et quelle en est la qualité ; ils s’en forment seulement une idée d’après les allégresses et les joies corporelles et mondaines. Ils considèrent par conséquent comme rien ce qu’ils ne connaissent pas, lorsque cependant les joies corporelles et mondaines sont relativement de nulle valeur et méprisables. Les esprits probes, qui ne savent pas ce que c’est que la joie céleste, sont donc d’abord portés, pour qu’ils la comprennent et la connaissent, dans des séjours paradisiaques qui surpassent toute idée de l’imagination, et dont il sera parlé dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur ; ils croient alors être arrivés dans le Paradis céleste ; mais on leur apprend que ce n’est pas là la vraie félicité céleste ; c’est pourquoi il leur est donné de connaître des États intérieurs de joie perceptibles à leur intime ; ensuite, ils sont placés dans un état de Paix jusque dans leur intime ; ils avouent alors que rien ne saurait exprimer cet état, ni en donner une idée ; enfin, ils sont mis dans l’état d’innocence jusque même dans leur sens intime : c’est ainsi qu’il leur est donné de connaître véritablement ce que c’est que le bien spirituel et céleste.
541. Quelques esprits, qui ne savaient pas ce que c’était que la joie céleste, furent enlevés à l’improviste dans le Ciel, ayant été placés dans un état à pouvoir y être transportés, c’est-à-dire, assoupis quant aux corporels et aux fantaisies. Alors, j’entendis l’un d’eux me dire qu’il sentait maintenant pour la première fois combien il y avait de joie dans le Ciel ; qu’il avait été dans une grande déception lorsqu’il avait eu d’autres idées sur ce point ; et qu’il percevait à présent l’intime de sa joie, indéfiniment au-dessus de la plus grande volupté dont on jouit dans la vie du corps, volupté qu’il appelait impure.
542. Ceux qui sont enlevés au Ciel afin qu’ils sachent en quoi il consiste, chez ceux-là, ou bien les corporels et les fantaisies sont assoupis, car personne ne peut entrer dans le Ciel avec les corporels et les fantaisies qu’il emporte du monde avec soi, ou bien ils sont entourés par une sphère d’esprits par lesquels sont tempérées d’une manière miraculeuse les choses qui sont immondes, et qui font la discordance : chez quelques-uns, les intérieurs sont ouverts ; ainsi, et non autrement, selon leurs vies et les caractères qu’ils en ont contractés.
543. Certains esprits désiraient savoir ce que c’était que la joie céleste ; il leur avait été en conséquence accordé de percevoir l’intime de leur joie jusqu’à ce degré qu’ils ne pouvaient plus la soutenir ; mais néanmoins ce n’était pas la joie angélique, c’en était à peine comme le moindre degré, ce qu’il me fut donné de percevoir par la communication de leur joie ; elle était si faible qu’elle semblait froide, et cependant ils la disaient céleste au dernier degré, parce que c’était leur joie intime : on voyait par là que non-seulement il y a des degrés, mais même que l’intime de l’un approche à peine de l’extime ou du médium de l’autre ; puis aussi que, quand un esprit reçoit l’intime de sa joie, il est dans sa joie céleste, et qu’il n’en supporterait pas une plus intérieure sans éprouver de la douleur.
544. Quelques esprits, ayant été admis dans le Ciel de l’innocence du premier Ciel, et de là s’étant entretenus avec moi, avouèrent que l’état de joie et d’allégresse est tel qu’on ne peut jamais en avoir quelque idée ; cependant, c’était seulement dans le premier Ciel, car il y a trois Cieux, et dans chacun d’eux un état d’innocence avec ses innombrables variétés.
545. Pour que je pusse savoir ce que c’est que le Ciel et quel est le Ciel, et ce que c’est que la joie céleste, il m’a été souvent et longtemps donné par le Seigneur de percevoir les charmes des joies célestes ; je peux donc les connaître, puisque c’est par vive expérience, mais je ne saurais jamais les décrire ; cependant, pour qu’on en ait seulement une idée, je dirai que c’est une Affection de plaisirs et de joies innombrables, présentant une sorte de commun simultané, dans lequel commun, ou dans laquelle commune affection, il y a des harmonies d’affections innombrables qui parviennent à la perception, non distinctement, mais obscurément, parce que la perception est très-commune ; toutefois, il m’a été donné de percevoir qu’elles renferment des choses innombrables, placées dans un tel ordre qu’on ne saurait jamais les décrire ; ces choses innombrables découlent, telles qu’elles sont, de l’ordre du Ciel : il y a un ordre semblable dans chaque partie d’une affection et dans ses plus petites parties, qui ne se présentent que comme une unité très-commune, et sont perçues selon la capacité de celui qui en est l’objet ; en un mot, il y a des choses en nombre indéfini dans la forme la mieux ordonnée dans chaque commun ; et il n’y a rien qui ne vive qui n’affecte même les intimes, car les joies célestes découlent des intimes. J’ai perçu aussi que la joie et le délice partaient comme du cœur pour se répandre avec la plus grande suavité dans toutes les fibres intimes, et de là dans les faisceaux de fibres, avec un tel sens intime de plaisir, qu’il semble que chaque fibre ne soit autre chose qu’une joie et qu’un délice, et pareillement chaque perceptif et chaque sensitif ; tout vit de félicités ; la joie des voluptés du corps, comparée à ces joies, est comme un brouillard épais et piquant comparé à un air pur et très-doux.
546. Pour que je susse comment la chose se passe à l’égard de ceux qui sont dans le Ciel par suite de leur désir et ne sont pas tels qu’ils puissent y être admis, je vis, quand j’étais dans une certaine société céleste, un Ange comme un petit enfant, ayant sur la tête une couronne de fleurs azurées d’un éclat resplendissant, et autour de sa poitrine des guirlandes de couleurs différentes, ce qui me donna à connaître que j’étais dans une société où il y avait la charité ; alors dans la même société furent admis quelques esprits probes qui, aussitôt qu’ils entraient, devenaient beaucoup plus intelligents et s’exprimaient comme des esprits angéliques. Ensuite il en fut introduit qui prétendaient être innocents par eux-mêmes ; leur état m’était représenté par un petit enfant qui rejetait le lait de sa bouche : c’est ainsi qu’en agissent ceux-là. Puis, il en fut admis d’autres qui pensaient être intelligents par eux-mêmes ; leur état était représenté par leurs faces qui paraissaient fines, assez belles ; ils étaient coiffés d’un bonnet pointu d’où pendait une aigrette ; toutefois, leurs faces ne paraissaient pas avoir la carnation humaine, mais elles étaient comme celles de statues sans vie ; tel est l’état de ceux qui croient être spirituels par eux-mêmes ou pouvoir par eux-mêmes avoir la foi. D’autres esprits furent admis qui ne pouvaient y rester ; ils tombaient dans l’abattement, ensuite dans l’angoisse, puis s’enfuyaient.
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LIVRE DE LA GENÈSE
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CHAPITRE SIXIÈME.
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DU CIEL ET DE LA JOIE CÉLESTE.
547. Les âmes qui viennent dans l’autre vie ignorent toutes ce que c’est que le Ciel et ce que c’est que la joie céleste ; elles pensent la plupart que c’est une sorte de joie dans laquelle on peut être introduit, de quelque manière qu’on ait vécu, lors même qu’on aurait eu de la haine pour le prochain et qu’on aurait passé sa vie dans les adultères : elles ne savent nullement que le Ciel est l’amour mutuel et chaste, et que la joie céleste est la félicité qui en résulte.
548. Je me suis parfois entretenu de l’état de la vie éternelle avec des esprits récemment arrivés de notre monde, à savoir, en ce qu’il leur importait de connaître qui est le Seigneur du Royaume, quel est le gouvernement, et quelle est la forme du gouvernement, ainsi qu’agissent dans le monde ceux qui vont habiter dans un autre Royaume ; ce que ceux-ci font d’abord, c’est de s’informer qui en est le Roi, de quel caractère il est, quel est son gouvernement, et de connaître plusieurs particularités concernant ce Royaume ; à plus forte raison, eux doivent-ils faire de même dans un Royaume où ils doivent vivre éternellement ; et il leur fut dit que le Seigneur Seul gouverne non-seulement le Ciel, mais aussi l’Univers, car celui qui gouverne l’un gouverne l’autre ; que le Royaume dans lequel ils sont maintenant est le Royaume du Seigneur ; que les lois de ce Royaume sont les vérités éternelles qui toutes sont fondées sur cette unique Loi, que l’on doit aimer le Seigneur par-dessus toutes choses, et le prochain comme soi-même ; et que même, ce qui est encore plus, ils doivent à présent, s’ils veulent être comme les anges, aimer le prochain plus qu’eux-mêmes. Lorsqu’ils eurent entendu ces paroles, ils ne pouvaient rien répondre, car dans la vie du corps ils avaient entendu quelque chose de semblable, mais ils n’y avaient pas cru ; ils étaient étonnés qu’il y eût dans le Ciel un tel amour, et qu’il fût possible à quelqu’un d’aimer le prochain plus que soi-même, lorsque cependant ils avaient entendu qu’on doit aimer le prochain comme soi-même. Mais ils furent informés que tous les biens croissent indéfiniment dans l’autre vie ; et que dans le corps la vie est telle que la progression du bien ne peut aller au-delà d’aimer le prochain comme soi-même, parce qu’on est dans les corporels ; mais qu’une fois que ces corporels ont été écartés, l’amour s’épure et devient enfin l’amour Angélique, qui consiste à aimer le prochain plus que soi-même. Qu’un tel amour soit possible, on a pu le voir d’après l’amour conjugal de quelques personnes, en ce qu’elles ont préféré la mort au dommage de leur conjoint ; d’après l’amour des parents envers leurs enfants, en ce qu’une mère souffre la faim plutôt que de voir son enfant manquer d’aliments ; même chez les oiseaux et chez les animaux ; comme aussi d’après l’amitié sincère, en ce qu’on s’expose pour des amis à des dangers ; et même d’après l’amitié civile ou feinte qui veut imiter l’amitié sincère, en ce qu’on offre les meilleures choses à ceux auxquels on dit vouloir du bien, et qu’on agit ainsi de bouche, quoique le cœur n’y soit pour rien ; enfin, d’après la nature de l’amour, qui est telle que sa joie consiste à être utile aux autres, non pour soi-même, mais pour celui qu’on aime. Mais ils ne purent comprendre ces choses, ceux qui s’aimaient plus que les autres ; ni ceux qui, dans la vie, avaient été avides de gain ; et, moins que tous les autres, les avares.
549. L’état angélique est tel que chacun communique aux autres sa béatitude et sa félicité ; car il y a dans l’autre vie une communication et une perception très-exquises de toutes les affections et de toutes les pensées ; c’est pourquoi chacun communique sa joie à tous, et la joie de tous est communiquée à chacun, de sorte que chacun est comme un centre de tous ; c’est là la Forme Céleste : en conséquence, plus nombreux sont ceux qui constituent le Royaume du Seigneur, plus grande est la félicité, car elle augmente en raison du nombre ; de là vient que la félicité céleste est ineffable. Il y a une semblable communication de tous avec chacun et de chacun avec tous, quand l’un aime l’autre plus que soi-même ; mais si quelqu’un se veut plus de bien qu’à autrui, alors règne l’amour de soi, qui ne communique à autrui rien autre chose que l’idée de soi, idée tout à fait sordide ; et, quand elle est perçue, il est aussitôt séparé et rejeté.
550. De même que dans le corps humain toutes les parties en général et chacune en particulier concourent aux usages communs et particuliers, de même dans le Royaume du Seigneur, qui est comme un seul homme, et même est appelé le Très-Grand Homme, chacun concourt de près ou de loin par une multiplicité de moyens différents à la félicité de tous les autres ; et cela, selon l’ordre établi et continuellement maintenu par le Seigneur Seul.
551. Le Ciel tout entier se réfère au Seigneur, et tous et chacun se réfèrent uniquement à Lui dans l’universel et dans les très-singuliers ; de là l’Ordre, de là l’Union, de là l’Amour mutuel, et de là la Félicité ; car ainsi chacun tend au salut et à la félicité de tous, et tous tendent au salut et à la félicité de chacun.
552. Que toute joie et tout bonheur dans le Ciel viennent du Seigneur Seul, c’est ce qui m’a été montré par plusieurs expériences, dont il m’est permis d’en rapporter une ici : Je voyais que certains Esprits Angéliques mettaient toute leur application à former en l’honneur du Seigneur un Chandelier avec ses branches qu’ils ornaient de fleurs ; il me fut donné de voir pendant une ou deux heures combien de peine ils prenaient pour que toutes ses parties fussent gracieuses et représentatives dans l’ensemble et dans les détails, pensant agir par eux-mêmes ; mais il m’était donné d’apercevoir clairement qu’ils ne pouvaient cependant rien trouver par eux-mêmes ; enfin, après quelques heures, ils dirent qu’ils avaient formé, en l’honneur du Seigneur, un très-beau Chandelier représentatif ; et ils en ressentaient intimement de la joie ; mais je leur dis qu’ils n’avaient cependant rien trouvé ni rien formé par eux-mêmes, mais que le Seigneur Seul avait agi pour eux. Au premier instant, ils voulaient à peine le croire ; mais, comme ils étaient des Esprits Angéliques, ils furent illustrés et avouèrent que c’était vrai. Il en est de même pour les autres représentatifs, pour tout ce qui concerne les affections et les pensées, et par conséquent pour les joies et les félicités célestes, en ce que les moindres d’entre elles viennent du Seigneur Seul.
553. Ceux qui sont dans l’Amour mutuel s’avancent continuellement dans le Ciel vers le printemps de leur adolescence ; et plus ils vivent de milliers d’années, plus ils marchent vers un printemps agréable et heureux, et cela durant l’éternité, avec des accroissements continuels, selon les progrès et les degrés de l’amour mutuel, de la charité et de la foi. Les personnes du sexe féminin qui sont mortes vieilles et décrépites, et qui ont vécu dans la foi au Seigneur, dans la charité à l’égard du prochain, et dans un amour conjugal heureux avec leur mari, viennent de plus en plus, après une succession d’années, dans la fleur de la jeunesse et de l’adolescence, et parviennent à une beauté qui surpasse toute idée de beauté perceptible à la vue ; car c’est la bonté et la charité qui donnent la forme et présentent une image d’elles-mêmes, et qui font que l’agréable et le beau de la charité resplendissent de toutes les parties de la face, de sorte qu’elles-mêmes sont des formes de la charité : quelques esprits les ont vues et sont restés saisis d’admiration. La forme de la charité, qui est vue d’une manière vivante dans l’autre vie, est telle que c’est la charité elle-même qui donne l’effigie et qui est donnée en effigie, et même au point que l’ange tout entier, principalement la face, est pour ainsi dire la Charité, qui avec clarté non-seulement apparaît, mais encore est perçue ; cette forme, quand on la regarde, est une beauté ineffable qui affecte de charité la vie intime même du mental ; par la beauté de cette forme sont présentés en image les vrais de la foi, qui aussi par suite sont perçus. Ceux qui ont vécu dans la foi au Seigneur, c’est-à-dire, dans la foi de la charité, deviennent dans l’autre vie de telles formes ou de telles beautés ; tous les Anges sont de telles Formes dont les variétés sont innombrables ; le Ciel en est composé.
CHAPITRE SIXIÈME.
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1. Et il arriva que l’homme commençait à se multiplier sur les faces de l’humus, et des filles leur naquirent.
2. Et les fils de Dieu virent les filles de l’homme, que bonnes elles (étaient), et ils prirent pour eux des épouses de toutes celles qu’ils choisirent.
3. Et JÉHOVAH dit : Mon esprit ne reprendra point l’homme perpétuellement, parce qu’il est chair ; et ses jours seront cent vingt ans.
4. Les Néphilim étaient sur la terre en ces jours-là, et surtout après que furent entrés les fils de Dieu vers les filles de l’homme, et qu’elles leur eurent enfanté ; eux, les hommes forts qui, dès le siècle, (furent) hommes de renom.
5. Et JÉHOVAH vit que multiplié était le mal de l’homme en la terre, et que toute imagination des pensées de son cœur (n’était) rien que mal chaque jour.
6. Et JÉHOVAH se repentit de ce qu’il avait fait l’homme en la terre, et il s’en affligea en son cœur.
7. Et JÉHOVAH dit : Je détruirai l’homme, que j’ai créé, de dessus les faces de l’humus, depuis l’homme jusqu’à la bête, jusqu’au reptile, et jusqu’à l’oiseau des cieux, parce que je me repens de les avoir faits.
8. Et Noach trouva grâce aux yeux de JÉHOVAH.
CONTENU.
554. Il s’agit de l’état des Antédiluviens.
555. Chez l’homme, où était l’Église, commencèrent à régner les cupidités, qui sont les filles. Alors à leurs cupidités ils conjoignirent les doctrinaux de la foi, et se confirmèrent ainsi dans les maux et dans les faux, ce qui est signifié en ce que les fils de Dieu prirent pour eux des Épouses d’entre les filles de l’homme. Vers, 1, 2.
556. Comme il n’y avait ainsi en lui aucun Reste du bien et du vrai, il est prédit que l’homme serait formé d’une autre manière, pour qu’il y eût en lui des Restes (Reliquiae), qui sont signifiés par cent vingt ans. Vers. 3.
557. Ceux qui plongèrent les doctrinaux de la foi dans les cupidités, et qui, par là et par l’amour de soi, conçurent d’affreuses persuasions de prééminence au-dessus des autres, sont les Néphilim. Vers. 4.
558. De là il n’y eut plus aucune volonté ni aucune perception du bien et du vrai. Vers. 5.
559. La Miséricorde du Seigneur est décrite par se repentir et s’affliger en son cœur. Vers. 6. Ces hommes devinrent tels qu’il était impossible qu’ils ne fussent pas détruits par leurs cupidités et leurs persuasions. Vers. 7. Aussi, pour que le genre humain fût sauvé, il est dit qu’il existerait une Nouvelle Église, qui est Noach. Vers. 8.
SENS INTERNE.
561. Mais qu’on sache ce que c’est que les Restes (Reliquiae) : Ce sont non-seulement les biens et les vrais procédant de la Parole du Seigneur, qui sont enseignés à l’homme dès son enfance et qui s’impriment ainsi dans sa mémoire ; mais ce sont aussi tous les états qui en dérivent, comme les états d’innocence pendant l’enfance ; les états d’amour envers les parents, les frères, les instituteurs, les amis ; les états de charité à l’égard du prochain, et de compassion envers les pauvres et les indigents ; en un mot, tous les états du bien et du vrai. Ces états, avec les biens et les vrais imprimés dans la mémoire, sont les Restes (Reliquiae) qui sont conservés par le Seigneur chez l’homme, et renfermés dans son homme Interne, sans qu’il en sache absolument rien ; et ils sont soigneusement séparés de toutes les choses qui sont les propres de l’homme ou des maux et des faux. Tous ces états sont ainsi conservés par le Seigneur chez l’homme, afin que le moindre d’entre eux ne périsse pas. C’est ce qu’il m’a été donné de savoir en ce que chaque état de l’homme, depuis son enfance jusqu’à son extrême vieillesse, non-seulement reste dans l’autre vie, mais encore revient, et même tout à fait tel qu’il avait été quand l’homme vivait dans le monde ; ainsi, non-seulement les biens et les vrais imprimés dans la mémoire sont reproduits, mais encore tous les états d’innocence et de charité ; et quand les états de mal et de faux, ou de méchanceté et de fantaisie reparaissent, car ils restent aussi et reparaissent tous jusque dans leurs plus petites circonstances, alors ces états sont tempérés par le Seigneur au moyen des autres. On peut conclure de là que si l’homme n’avait aucun Reste, il ne lui serait jamais possible d’éviter la damnation éternelle. Voir ce qui a été précédemment dit, No 468.
562. Les Antédiluviens arrivèrent au point de n’avoir enfin presqu’aucun Reste (Reliquiae) ; et cela, parce qu’ils étaient d’une telle nature, qu’ils s’étaient imbus de persuasions affreuses et abominables au sujet de tout ce qui se présentait à eux et tombait dans leurs pensées, en sorte qu’ils ne voulaient en rien s’en départir, croyant même, tant était poussé loin chez eux l’amour de soi, qu’ils étaient presque des dieux, et que tout ce qu’ils pensaient était divin. Une telle nature de persuasion n’a jamais existé, avant et depuis cette époque, chez aucune nation, car elle porte en elle la mort ou la suffocation ; c’est pourquoi, dans l’autre vie, ces Antédiluviens ne peuvent jamais résider où sont d’autres esprits : dès qu’ils paraissent, ils enlèvent aux autres, par l’influx de leurs persuasions excessivement opiniâtres, toute faculté de penser ; sans mentionner d’autres inconvénients dont il sera parlé dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur.
563. Lorsqu’une telle persuasion s’empare de l’homme, elle est comme une glu à laquelle s’attachent les biens et les vrais qui seraient des Restes (Reliquiae), en sorte que des Restes ne peuvent plus être renfermés, et que ceux qui ont été renfermés ne peuvent être d’aucun usage. Aussi, lorsque les Antédiluviens furent parvenus au comble d’une telle persuasion, ils s’éteignirent d’eux-mêmes et furent suffoqués comme par une inondation assez semblable à un déluge ; c’est pour cela que leur extinction est comparée à un déluge, et décrit aussi par le déluge selon la coutume des Très-Anciens.
564. Vers. 1. Et il arriva que l’homme commençait à se multiplier sur les faces de l’humus, et des filles leur naquirent. – Par l’homme est signifié ici le genre humain de ce temps-là : par les faces de l’humus, toute cette contrée où était l’Église : par les filles sont signifiées ici les choses qui appartenaient à la volonté de cet homme, par conséquent les cupidités.
565. Par l’homme est signifié ici le genre humain de ce temps-là, et certainement méchant et corrompu : on le voit par les Versets suivants : « Mon esprit ne reprendra point l’homme perpétuellement, parce qu’il est chair. » – Vers. 3. – « Multiplié était le mal de l’homme en la terre, et toute imagination des pensées de son cœur (n’était) que mal. » – Vers. 5. – « Je détruirai l’homme que j’ai créé. » – Vers, 7. – Et Chapitre suivant, Versets 21, 22 : « Alors expira toute chair qui se traînait sur la terre, et tout ce qui avait souffle d’esprit de vies en ses narines. » Il a été dit précédemment, en parlant de l’homme, que le Seigneur Seul est Homme, et que c’est par Lui que tout homme céleste, ou toute Église céleste, est appelée Homme ; de là, les autres hommes ont été appelés hommes ; et il en a été de même aussi de tout homme d’une foi quelconque, afin de le distinguer de la brute ; mais l’homme n’est homme et distinct de la brute que par les Restes (Reliquiae) qui, ainsi qu’il a été dit, appartiennent au Seigneur ; de là aussi l’homme est appelé homme ; et comme c’est à cause des Restes (Reliquiae) qui appartiennent au Seigneur, il est aussi appelé ainsi par le Seigneur, lors même qu’il est très-méchant ; car l’homme n’est nullement homme, mais il est la plus vile des brutes, s’il n’y a point de Restes (Reliquiae) en lui.
566. Par les faces de l’humus est signifiée toute cette contrée où était l’Église : on le voit par la signification de l’Humus ; car, dans la Parole, l’humus est soigneusement distincte de la terre ; par l’Humus il est partout signifié l’Église ou quelque chose de l’Église ; de là aussi le nom de l’homme ou Adam, qui est l’humus ; par la Terre il y est entendu çà et là ce qui n’est point l’Église, ou là où il n’y a rien de l’Église ; ainsi, dans le Chapitre premier, la Terre seulement est nommée, parce qu’il n’y a pas encore Église ou d’homme régénéré ; dans le Chapitre deuxième, l’Humus est nommé pour la première fois, parce qu’alors il y a Église ; pareillement ici et dans le Chapitre suivant : « Je détruirai de dessus les faces de l’humus tout ce qui subsiste. » – Vers. 4, 23 ; – là, il est signifié dans la contrée où est l’Église ; et dans le même Chapitre : « Pour vivifier semence sur les faces de la terre. » – Vers. 3 ; – là, il s’agit de l’Église qui doit être créée. Pareillement partout dans la Parole ; par exemple, dans Ésaïe : « Jéhovah aura pitié de Jacob, et il choisira encore Israël ; et il les placera sur leur humus ; et des peuples les recevront et les conduiront en leur lieu, et la maison d’Israël les aura en héritage sur l’Humus de Jéhovah. » – XIV. 1, 2 ; – là, il s’agit d’une Église formée ; mais, lorsqu’il n’y a pas Église, il est dit Terre dans le même Chapitre, Versets 9, 12, 16, 20, 21, 23, 26. Dans le même Prophète : « Et l’Humus de Jéhudah sera à l’Égypte pour tremblement en ce jour-là, il y aura cinq villes dans la Terre de l’Égypte parlant de la lèvre de Canaan. » – XIX. 17, 18 ; – là, l’humus, c’est où il y a Église ; et la terre, où il n’y a pas Église. Dans le Même : « Chancelant chancellera la Terre comme un homme ivre ; Jéhovah visitera l’armée de hauteur en la hauteur, et les rois de l’Humus sur l’Humus. » – XXIV. 20, 21 ; – pareillement, dans Jérémie : « À cause de l’Humus crevassé, parce qu’il n’y a point eu de pluie en la Terre, les laboureurs sont confus ; ils ont couvert leur tête ; car même la biche dans le champ a mis bas. » – XIV. 4, 5 ; – là, la terre est mise pour le contenant où il y a humus, et l’humus pour le contenant où il y a champ. Dans le Même : « Il a ramené la semence de la maison d’Israël de la Terre septentrionale, et de toutes les Terres où je les ai chassés ; et ils habiteront sur leur Humus. » – XXIII. 8 ; – la terre et les terres sont dites là où il n’y avait pas Églises ; et l’humus, là où il y aura Église ou un culte vrai. Dans le Même : « Je livrerai les restes de Jérusalem, qui sont de reste dans cette Terre, et ceux qui habitent dans la Terre d’Égypte, et je les livrerai à trouble et à mal dans tous les royaumes de la Terre ; et j’enverrai sur eux l’épée, la famine et la peste, jusqu’à les consumer de dessus l’Humus que je leur avais donné, à eux et à leurs pères. » – XXIV. 8, 9, 10 ; – l’humus, pour la doctrine et le culte qui en procède : pareillement dans le Même, Jérémie XXV. 5. Dans Ézéchiel : « Je vous rassemblerai des Terres dans lesquelles vous avez été dispersés, et vous reconnaîtrez que Moi (je suis) Jéhovah, quand je vous ramènerai à l’Humus d’Israël, à la Terre au sujet de laquelle j’ai levé ma main pour la donner à vos pères. » – XX. 41, 42 ; – l’humus, pour le culte interne ; la terre est nommée lorsqu’il n’y a pas de culte interne. Dans Malachie : « Je réprimerai pour vous celui qui dévore, et il ne corrompra point pour vous le fruit de l’Humus ; et ne sera point stérile pour vous le cep dans le champ ; et heureux vous diront toutes les nations, parce que vous serez une Terre de bon plaisir. » – III. 11, 12 ; – là, la terre, pour le contenant ; ainsi, évidemment pour l’homme, qui est appelé terre, quand l’humus est pris pour l’Église ou pour la doctrine. Dans Moïse : « Chantez, nations, son peuple ; il fera l’expiation de son Humus, de son peuple. » – Deutér. XXXII. 43 ; – évidemment pour l’Église des Gentils, qui est appelée humus. Dans Ésaïe : « Avant que l’enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, abandonné sera l’Humus que tu as en dégoût à cause de ses deux rois. » – VII. 16 ; – il s’agit de l’Avènement du Seigneur ; l’humus abandonné, c’est l’Église ou la vraie doctrine de la foi. Qu’il soit dit Humus et Champ à cause de la semence, cela est évident ; par exemple, dans Ésaïe : « Il donnera la pluie de ta semence dont tu ensemenceras l’Humus, les bœufs et les ânons labourant l’Humus, etc. » – XXX. 23, 24 ; – et dans Joël : « Dévasté est le Champ, en deuil est l’Humus, parce que dévasté est le froment. » – I. 10. – De là il est maintenant évident que l’Homme qui, en langue hébraïque, est appelé Adam, par dérivation de l’Humus, signifie l’Église.
567. Est appelée étendue de l’Église toute la région où sont ceux qui ont été instruits dans la doctrine de la vraie foi, comme la terre de Canaan lorsque là était l’Église Judaïque, et comme l’Europe où est maintenant l’Église chrétienne : les terres et les régions qui sont en dehors ne sont pas l’étendue de l’Église ou les faces de l’humus. Où elle a été avant le Déluge, on peut le voir d’après les terres qu’entouraient les fleuves sortant du jardin d’Éden, par lesquels sont aussi décrites çà et là, dans la Parole, les limites de la terre de Canaan ; puis aussi d’après ce qui suit, par exemple, d’après les Néphilim sur la terre, lesquels furent dans la terre de Canaan, comme on le voit par les Fils d’Énack en ce qu’ils étaient d’entre les Néphilim, – Nomb. XIII. 33, 34.
568. Les Filles signifient les choses qui appartiennent à la volonté de cet homme, par conséquent les cupidités : on le voit d’après ce qui a été dit et montré au sujet des fils et des filles au Chap. V, Vers. 4, où les fils ont signifié les vrais, et les filles les biens ; les filles ou les biens appartiennent à la volonté ; mais tel est l’homme, tel est l’entendement et telle est la volonté ; par conséquent tels sont les fils et telles sont les filles. Ici, il s’agit de l’homme corrompu qui n’a aucune volonté, mais qui, au lieu de volonté, a la propre cupidité qu’on croit être la volonté et qu’on appelle aussi volonté : l’attribut est conforme à la qualité du sujet : que l’homme, auquel les filles sont attribuées, soit l’homme corrompu, cela a été précédemment montré. Si les filles signifient ce qui appartient à la volonté, et, lorsqu’il n’y a aucune volonté du bien, les cupidités ; et si les fils signifient ce qui appartient à l’entendement, et, lorsqu’il n’y a aucun entendement du vrai, les fantaisies, cela vient de ce que le sexe féminin est tel, et qu’il a été formé de manière que la volonté ou la cupidité règne de préférence à l’entendement ; telle est toute la disposition des fibres des femmes, et telle leur nature : le sexe masculin, au contraire, a été formé de manière que l’entendement ou la raison règne ; telle est aussi la disposition des fibres des hommes, et telle leur nature. De là le mariage de l’un et de l’autre sexe, comme est celui de la volonté et de l’entendement dans chaque homme ; et parce qu’aujourd’hui il n’y a aucune volonté du bien, mais qu’il y a cupidité, et que néanmoins il peut y avoir une sorte d’intellectuel ou de rationnel, voilà pourquoi tant de lois ont été établies dans l’Église Judaïque au sujet de la prérogative du mari et de l’obéissance de l’épouse.
569. Vers. 2. Et les fils de Dieu virent les filles de l’homme, que bonnes elles (étaient), et ils prirent pour eux des épouses de toutes celles qu’ils choisirent. – Par les fils de Dieu sont signifiés les doctrinaux de la foi : par les filles ici, comme ci-dessus, les cupidités : ces mots, les fils de Dieu virent les filles de l’homme, que bonnes elles étaient, et ils prirent pour eux des épouses de toutes celles qu’ils choisirent, signifie qu’ils conjoignirent les doctrinaux de la foi avec des cupidités, et même avec des cupidités de tout genre.
570. Par les fils de Dieu sont signifiés les doctrinaux de la foi : on le voit par la signification des fils, dont il a été parlé précédemment, et au Chapitre V, Verset 4, où les fils ont signifié les vrais de l’Église. Les vrais de l’Église sont les doctrinaux, lesquels considérés en eux-mêmes étaient des vrais, parce que les hommes dont il s’agit les tenaient des Très-Anciens par tradition ; c’est pour cela qu’ils sont appelés des fils de Dieu, et aussi parce qu’à leur égard les cupidités sont appelées des filles de l’homme. Il est décrit ici quels ont été ces hommes, à savoir, qu’ils ont plongé dans leurs cupidités les vrais de l’Église, qui sont des choses saintes, et qu’ils les ont ainsi corrompus ; de là ils ont confirmé leurs principes avec une persuasion très-forte. Chacun peut juger par soi-même et par d’autres de quelle manière cela arrive : ceux qui se persuadent une chose quelconque se confirment par tout ce qu’ils croient être vrai, et même par les choses qui sont dans la Parole du Seigneur ; car lorsqu’on s’attache à des principes adoptés avec persuasion, on fait en sorte que tous les favorise et les approuve, et on s’obstine d’autant plus qu’on s’aime davantage. Telle fut cette race, dont il sera parlé, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, dans la suite, où il sera aussi parlé des affreuses persuasions de ces hommes, persuasions qui, chose étonnante, sont d’une telle nature qu’il ne leur est nulle part permis d’influer au moyen de raisonnements ; alors ils anéantiraient tout le rationnel des esprits qui seraient en leur présence ; mais ils peuvent seulement influer au moyen des cupidités : de là, on voit ce que signifie les fils de Dieu virent les filles de l’homme, que bonnes elles étaient, et ils prirent pour eux des épouses de toutes celles qu’ils choisirent, à savoir, qu’ils conjoignirent les doctrinaux de la foi avec des cupidités, et même avec des cupidités de tout genre.
571. Quand l’homme en est venu au point de plonger les vrais de la foi dans ses cupidités désordonnées, il profane les vrais et se prive des Reliquiae qui, bien qu’elles subsistent toujours, ne peuvent néanmoins se produire ; en effet, dès qu’elles se produisent, elles sont de nouveau profanées par ce qui est profane ; car les profanations de la Parole forment comme un calus qui fait obstacle et qui absorbe les biens et les vrais des Restes (Reliquiae). Que l’homme se garde donc de la profanation de la Parole du Seigneur ; car, quoique celui qui est dans de faux principes ne croie pas que les choses qui y sont renfermées soient des vérités, néanmoins ce sont des vérités éternelles dans lesquelles réside la vie.
572. Vers. 3. Et Jéhovah dit : Mon esprit ne reprendra point l’homme perpétuellement, parce qu’il est chair ; et ses jours seront cent vingt ans. – Jéhovah dit : Mon esprit ne reprendra point l’homme perpétuellement, signifie que l’homme ne serait plus ainsi conduit : parce qu’il est chair, signifie parce qu’il est devenu corporel : ses jours seront cent vingt ans, signifie que les Restes de la foi doivent demeurer en lui ; c’est aussi une prédiction sur la future Église.
573. Jéhovah dit : Mon esprit ne reprendra point perpétuellement l’homme, signifie que l’homme ne serait plus ainsi conduit : on le voit par ce qui précède et par ce qui suit ; – par ce qui précède, en ce que ces Antédiluviens, en plongeant les doctrinaux ou les vrais de la foi dans des cupidités, étaient devenus tels qu’ils ne pouvaient plus être repris, ou savoir ce que c’était que le mal ; tout perceptif du vrai et du bien était éteint par les persuasions, parce qu’ils croyaient qu’il n’y avait de vrai que ce qui était conforme à leurs persuasions ; – par ce qui suit, en ce que l’homme de l’Église fut formé d’une autre manière après le déluge ; la perception fut remplacée en lui par la Conscience au moyen de laquelle il pût être repris. C’est pour cela que la répréhension par l’esprit de Jéhovah signifie un dictamen interne, la perception ou la conscience ; et l’esprit de Jéhovah, l’influx du vrai et du bien, comme on le voit aussi dans Ésaïe : « Je ne disputerai pas éternellement, je ne serai pas perpétuellement indigné, car l’esprit de devant Moi accablerait, et Moi j’ai fait les âmes. » – LVII. 16.
574. Chair signifie que l’homme est devenu corporel : on le voit par la signification de la chair dans la Parole, où cette expression est prise tant en général pour tout homme qu’en particulier pour le corporel : Pour tout homme, dans Joël : « Je répandrai mon esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront. » – II. 28 ; – la chair, pour l’homme ; l’esprit, pour l’influx du vrai et du bien procédant du Seigneur. Dans David : « Toi qui entends les prières, jusqu’à Toi viendra toute chair. » – Ps. LXV. 3 ; – toute chair, pour tout homme. Dans Jérémie : « Maudit (soit) l’homme (vir) qui se confiera en l’homme (homine), et fera de la chair son bras. » – XVII. 5 ; – la chair, pour l’homme ; le bras, pour la puissance. Dans Zacharie : « Tais-toi, toute chair ! devant Jéhovah. » – II. 17 ; – toute chair, pour tout homme : Pour le Corporel en particulier : dans Ésaïe : « L’Égypte (est) homme et non pas Dieu, et ses chevaux (sont) chair et non pas esprit. » – XXX. 3 ; – c’est-à-dire que leur scientifique est corporel ; les chevaux, ici et dans d’autres passages de la Parole, sont pris pour le rationnel. Dans le Même : « Il taillera à droite et sera affamé, et mangera à gauche, et ils ne seront pas rassasiés ; chacun la chair de son bras ils mangeront. » – IX. 19 ; – c’est-à-dire, les propres qui tous sont corporels. Dans le Même : « Depuis l’âme et jusqu’à la chair il consumera. » – X. 18 ; – la chair, pour les corporels. Dans le Même : « La gloire de Jéhovah sera révélée, et ils (la) verront, toute chair ensemble ; une voix dit : Crie ; et il dit : Que crierai-je ? Toute cette chair (est) herbe. » – LX. 5, 6 ; – la chair, pour tout homme qui est corporel. Dans le Même : « Dans le feu Jéhovah contestera, et par son glaive avec toute chair, et seront multipliés les blessés de Jéhovah. » – LXVI. 16 ; – le feu, pour le châtiment des cupidités ; le glaive, pour le châtiment des faussetés ; la chair, pour les corporels de l’homme. Dans David : « Dieu se ressouvint que chair, eux (ils étaient), un esprit qui s’en va, pour ne point revenir. » – Ps. LXXVIII. 39. – Il s’agit du peuple dans le désert, désirant de la chair, parce qu’il était corporel. Ce désir qu’il avait eu de manger de la chair représentait la convoitise pour ce qui était seulement corporel, – Nomb. XI. 32, 33, 34.
575. Les jours de l’homme seront cent vingt ans, signifie que les restes de la foi doivent demeurer en lui. Dans le Chapitre précédent, Versets 3 et 4, il a été dit que les jours et les années signifient des temps et des états, et que les Très-Anciens, par des nombres diversement composés, avaient désigné les états et les changements d’états de l’Église ; mais quant au comput de leurs choses ecclésiastiques, c’est une de ces connaissances entièrement perdues. Ici, il se présente pareillement des nombres d’années dont on ne pourrait jamais connaître la signification, à moins de savoir ce qui est caché dans chaque nombre, depuis un jusqu’à douze et au-delà. Il est bien évident que ces nombres enveloppent quelque autre chose et un arcane ; en effet, cette durée de la vie fixée à cent vingt ans n’a aucun rapport avec ce qui précède dans ce même Verset ; et, dans la suite, les hommes n’ont pas vécu 120 ans, comme on le voit par ceux qui ont existé après le déluge, Chap. XI ; ainsi Schem vécut 500 ans après avoir engendré Arphachsad ; Arphachsad, 403 ans après avoir engendré Schélach ; Schélach, pareillement 403 ans après avoir engendré Éber ; Éber, 430 ans après avoir engendré Péleg : Noach, après le déluge, vécut 350 ans, –– Chap. IX. 28, – et de même plusieurs autres. Ce qu’enveloppe le nombre 120, on le voit par cela seul qu’il est composé de 10 et de 12 multipliés l’un par l’autre, à savoir, qu’il signifie les Restes (Reliquiae) de la foi. Le nombre Dix, dans la Parole, comme aussi les dîmes, signifie et représente les Restes qui ont été conservés par le Seigneur dans l’homme interne, lesquels sont saints, parce qu’ils appartiennent au Seigneur Seul. Le nombre Douze signifie la Foi ou l’ensemble de toutes les choses qui appartiennent à la foi ; le nombre formé par la multiplication de ces deux nombres signifie donc les Reliquiae de la foi.
576. Que le nombre Dix, de même que les Dîmes, signifie les Reliquiae, on peut le voir d’après les passages suivants ; dans Ésaïe : « Des maisons nombreuses dans la désolation seront, de grandes et de belles sans habitant ; car Dix arpents de vigne feront un Bath, et un Chomer de semence fera un Épha. » – V. 9, 10. – Il s’agit de la vastation des spirituels et des célestes ; dix arpents de vigne feront un bath, c’est-à-dire que les Restes des spirituels seront en très-petite quantité ; un chomer de semence fera un épha, c’est-à-dire que les Restes des célestes seront en très-petite quantité. Dans le Même : « Beaucoup (sera) ce qui sera abandonné au milieu de la terre, et encore en elle une dixième partie (il y aura), et qui sera convertie, et cependant elle sera pour être extirpée. » – VI. 12, 13 ; – le milieu de la terre, c’est l’homme interne ; une dixième partie, ce sont les Restes, si petits qu’ils soient. Dans Ézéchiel : « Balances de justice, et Épha de justice, et Bath de justice, vous aurez : l’Épha et le Bath mesure une seront ; pour contenir un Dixième du Chomer le Bath, et un Dixième du Chomer l’Épha ; au Chomer se rapportera leur mesure ; et le statué pour l’huile (sera) le Bath d’huile, un Dixième le Bath pour le Kôre ; Dix Baths (pour) un Chomer, car Dix Baths (font) un Chomer. » – XLV. 10, 11, 14 ; – là, il est traité des choses saintes de Jéhovah au moyen de mesures par lesquelles sont signifiés les genres de ces choses saintes ; Dix signifie les Restes des célestes et des spirituels qui en procèdent ; car, pourquoi tant de mesures déterminées par des nombres, comme dans ce Chapitre et les précédents dans ce Prophète, où il s’agit de la Jérusalem céleste et du Temple nouveau, et dans d’autres Prophètes, puis au sujet des différents rites de l’Église Judaïque, si ces mesures ne contiennent pas de saints arcanes ? Dans Amos : « Elle est tombée, elle ne pourra plus se relever, la vierge d’Israël. Ainsi a dit le Seigneur Jéhovih : La ville qui sortait (avec) Mille de reste, elle fera Cent ; et celle qui sortait (avec) Cent de reste, elle fera Dix pour la maison d’Israël. » – V. 2, 3 ; – là sont nommés les Restes dont il ne doit demeurer qu’une très-petite partie, puisque c’est seulement leur dixième partie, ou des restes de restes. Dans le Même : « L’orgueil de Jacob et ses palais je hais, et j’enfermerai la ville et tout ce qu’elle contient ; et il arrivera que s’il y a de reste Dix hommes dans une maison, aussi ils mourront. » – VI. 8, 9. – Il s’agit des Reliquiae qui doivent à peine rester. Dans Moïse : « L’Ammonite et le Moabite ne viendront point dans l’assemblée de Jéhovah, même leur Dixième génération ne viendra point dans l’assemblée de Jéhovah jusqu’à éternité. » – Deutér. XXIII. 3. – L’Ammonite et le Moabite représentent la profanation des célestes et des spirituels de la foi, au sujet des Restes desquels il a été parlé ci-dessus. Que les Dîmes représentent les Restes, on le voit d’après ce qui est dit dans Malachie : « Apportez toutes les Dîmes à la maison du trésor, afin qu’il y ait une proie dans ma maison ; et qu’on M’éprouve donc en cela, si je ne vous ouvre les cataractes du ciel, et si je ne répands sur vous la bénédiction. » – III. 10 ; – afin qu’il y ait une proie dans ma maison, c’est pour signifier les Reliquiae dans l’homme interne, lesquelles sont comparées à une proie, parce qu’elles sont insinuées pour ainsi dire furtivement au milieu de tant de maux et de faux, et c’est par ces Reliquiae que vient toute bénédiction. Que toute la charité de l’homme vienne par les Reliquiae qui sont dans son homme interne, c’est aussi ce qui fut représenté dans l’Église Judaïque en ce que, après qu’on avait donné les dîmes, les Lévites les distribuaient à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve, – Deutér. XXVI. 12 et suiv. – Comme les Reliquiae appartiennent au Seigneur Seul, c’est pour cela que les dîmes sont appelées sainteté à Jéhovah ; il en est ainsi parlé dans Moïse : « Toutes les Dîmes de la terre, de la semence de la terre, du fruit de l’arbre, à Jéhovah, elles ; sainteté à Jéhovah. Toutes les Dîmes du gros et du menu bétail, tout Dixième qui passe sous la houlette (du berger) sera sainteté à Jéhovah. » – Lévit. XXVII. 30, 32. – Les Dix préceptes du Décalogue ou les Dix Paroles, et leur inscription par Jéhovah sur des tables, – Deutér. X. 4, – signifient les Reliquiae ; l’inscription de la main de Jéhovah signifie que les Reliquiae appartiennent au Seigneur Seul ; ce qui est dans l’homme interne a été représenté par les Tables.
577. Que Douze signifie la Foi, ou les choses qui appartiennent à l’Amour et par suite à la foi dans un seul complexe, c’est ce qui peut être aussi confirmé par beaucoup de choses dans la Parole, tant par les Douze fils de Jacob et par leurs noms que par les Douze tribus d’Israël et par les Douze disciples du Seigneur ; mais, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il en sera parlé dans la suite, surtout dans les Chapitres XXIX et XXX de la Genèse.
578. Par ces seuls nombres on peut voir ce que la Parole du Seigneur renferme dans son sein et dans ses replis intérieurs ; ce sont des arcanes profondément cachés qui ne se montrent nulle part à l’œil nu : il y en a partout ; chaque mot en contient de semblables.
579. Que chez ces Antédiluviens, dont il est parlé, les Reliquiae aient été en petit nombre et presque nulles, on le verra dans ce qui, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, sera dit dans la suite ; et comme chez eux les Reliquiae n’ont pu être conservées, il est prédit ici, au sujet de la nouvelle Église appelée Noach, qu’elle aurait des Reliquiae, dont il sera aussi, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, parlé dans la suite.
580. Vers. 4. Les Néphilim étaient sur la terre en ces jours-là, et surtout après que furent entrés les fils de Dieu vers les filles de l’homme, et qu’elles leur eurent enfanté ; eux, les hommes forts qui, dès le siècle, (furent) hommes de renom. Par les Néphilim sont signifiés ceux qui, d’après la persuasion de leur élévation et de leur prééminence, ne firent aucun cas de tout ce qui était saint et vrai : surtout après que furent entrés les fils de Dieu vers les filles de l’homme, et qu’elles leur eurent enfanté, signifie que ce fut, lorsqu’ils eurent plongé les doctrinaux de la foi dans leurs cupidités et contracté les persuasions du faux : hommes forts ils furent appelés à cause de l’amour de soi : dès le siècle hommes de renom, signifie que précédemment aussi ils avaient été tels.
581. Par les Néphilim sont signifiés ceux qui, d’après la persuasion de leur élévation et de leur prééminence, ne firent aucun cas de tout ce qui était saint et vrai : on le voit d’après ce qui précède et ce qui suit immédiatement, à savoir, en ce qu’ils avaient plongé les doctrinaux dans leurs cupidités, ce qui est signifié en ce que les fils de Dieu étaient entrés vers les filles de l’homme, et qu’elles leur avaient enfanté. La persuasion, au sujet de soi-même et des illusions qu’on se forme, augmente aussi en raison de la multitude des entrants, au point qu’elle devient enfin persuasion indélébile ; et quand les doctrinaux de la foi s’y joignent par suite des principes qu’on a adoptés, on ne fait aucun cas de tout ce qui est saint et vrai, et l’on devient Néphilim. Cette race qui vécut avant le déluge est telle, ainsi qu’il a été dit, que par ses très-affreuses fantaisies qui se répandent comme une sphère empoisonnée et suffocante, elle anéantit et suffoque n’importe quel esprit, au point qu’il ne sait plus penser à quoi que ce soit, et qu’il lui semble être à demi-mort ; et si le Seigneur, par son Avènement dans le monde, n’eût délivré le monde des esprits d’une race si pernicieuse, aucun esprit n’aurait pu y habiter, et le genre humain, que le Seigneur gouverne par les esprits, aurait par conséquent péri. C’est pourquoi ces Néphilim sont maintenant tenus dans l’enfer, comme sous un rocher épais et couvert de brouillards, au-dessous du Talon du pied gauche (du grand homme spirituel, et ils n’osent point sortir de cette prison ; le monde des esprits est ainsi délivré de cette troupe si dangereuse : il sera parlé, en particulier, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, de cette troupe et de sa sphère empoisonnée de pernicieuses persuasions : ce sont là ceux qui sont appelés Néphilim, et qui ne font aucun cas de tout ce qui est saint et vrai. Il est aussi fait mention d’eux dans la Parole ; mais leurs descendants ont été appelés Énakim et Réphaïm ; qu’ils aient été appelés Énakim, on le voit dans Moïse : « Les explorateurs de la terre de Canaan dirent : Nous avons vu là les Néphilim, les fils d’Énak, descendant des Néphilim ; et nous étions à nos yeux comme des sauterelles, et de même nous étions à leurs yeux. » – Nomb. XIII. 33. – Qu’ils aient été appelés Réphaïm, on le voit aussi dans Moïse : « Les Émim auparavant habitaient dans la terre de Moab, peuple grand, et nombreux, et haut (de taille), comme les Énakim ; pour Réphaïm ils étaient réputés, eux aussi, comme les Énakim ; et les Moabites les appellent Émim. » – Deutér. II. 10, 11. – Les Néphilim ne sont plus mentionnés, mais c’est les Réphaïm qui sont décrits dans les Prophètes comme ayant été tels ; par exemple, dans Ésaïe : « L’enfer en bas s’est soulevé pour toi, venant au-devant de toi ; pour toi il a excité les Réphaïm. » – XIV. 9 ; – il s’agit de l’enfer, où sont de tels hommes. Dans le Même : « Les morts ne vivront point, les Réphaïm ne se relèveront point, parce que tu les as visités et les as détruits, et tu as fait périr toute mémoire d’eux. » – XXVI. 14 ; – là aussi il s’agit de leur enfer, duquel ils ne se relèveront plus. Et dans le Même : « Ils vivront, tes morts, mon cadavre, ils ressusciteront ; réveillez-vous et chantez, habitants de la poussière ; car rosée d’herbes, ta rosée ; mais la terre des Réphaïm, tu (la) rejetteras. » – XXVI. 19 ; – la terre des Réphaïm, c’est l’enfer dont il a été parlé. Dans David : « Pour les morts feras-tu un miracle ? les Réphaïm se relèveront-ils ? te reconnaîtront-ils ? » – Ps. LXXXVIII. 11 ; – il s’agit pareillement de leur enfer, et de ce qu’ils ne peuvent se relever ni infester la sphère du monde des esprits par les poisons de leurs affreuses persuasions. Mais il a été pourvu par le Seigneur à ce que le genre humain ne fût plus imbu de fantaisies et de persuasions si affreuses. Ceux qui vécurent avant le déluge étaient d’une nature et d’un caractère tels qu’ils pouvaient être imbus de ces abominations, d’après une cause non encore connue de qui que ce soit, de laquelle aussi, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera parlé dans la suite.
582. Après que furent entrés les fils de Dieu vers les filles de l’homme, et qu’elles leur eurent enfanté, signifie que lorsqu’ils eurent plongé les doctrinaux de la foi dans leurs cupidités ils devinrent Néphilim : on le voit d’après ce qui vient d’être dit et montré, Vers. 2, à savoir, que les fils de Dieu signifient les doctrinaux de la foi, et les filles, les cupidités ; l’enfantement qui en résulte ne peut être que le mépris et la profanation des choses saintes de la foi ; car les cupidités de l’homme, qui proviennent de l’amour de soi et du monde, sont entièrement opposées à tout ce qui est saint et vrai ; et chez l’homme les cupidités ont le dessus ; en conséquence, quand le saint et le vrai, qui ont été reconnus, sont plongés dans les cupidités, c’en est fait de l’homme ; car ces cupidités ne peuvent être ni extirpées ni détruites ; elles sont inhérentes à chaque idée, et les idées, dans l’autre vie, ont une communication réciproque ; aussi dès que quelque idée du saint et du vrai est produite, le profane et le faux y sont adjoints, ce qui est aussitôt et à l’instant perçu : c’est pour cela que ceux qui sont dans cette position doivent nécessairement être séparés et précipités dans l’enfer.
583. Hommes forts furent appelés les Néphilim, à cause de l’amour de soi : on le voit aussi çà et là dans la Parole, où ceux qui sont tels sont appelés forts ; par exemple, dans Jérémie : « Les forts de Babel ont cessé de combattre, ils se tiennent dans leurs retranchements ; leur force les abandonne, ils sont devenus des femmes. » – LI. 30 ; – là, les hommes forts de Babel sont pris aussi pour ceux qui se sont laissé séduire par l’amour de soi. Dans le Même : « Épée contre les menteurs, et ils deviendront insensés ; épée contre ses (hommes) forts, et ils seront consternés. » – L. 36. – Dans le Même : « J’ai vu, eux ont été consternés, tournés en arrière ; leurs (hommes) forts ont été meurtris, et de fuite ont fui, et n’ont point regardé en arrière ; terreur de toute part ! Il ne fuira point, le léger ; et il n’échappera point, le Fort. Montez sur les chevaux, et élancez-vous avec furie, chars ! Qu’ils sortent, les Forts, Kusch, Puth, les Ludiens. » – XLVI. 5, 6, 9 ; – là, il s’agit de la persuasion produite par les raisonnements. Dans le Même : « Comment dites-vous : Forts (nous sommes), nous, et des hommes de valeur pour la guerre ? dévasté a été Moab. » – XLVIII. 14, 15. – Dans le Même : « Elle a été prise, la ville, et ses remparts ; on s’en est emparé, et le cœur des Forts de Moab est devenu, en ce jour-là, comme le cœur d’une femme dans l’angoisse. » XLVIII. 41 ; – pareillement le cœur des Forts d’Édom. – XLIX. 22. – Dans le Même : « Jéhovah a racheté Jacob ; il l’a retiré de la main d’un plus Fort que lui. » – XXXI. 11 ; – là, le fort est exprimé par un autre mot. Que les Énakim, d’entre les Néphilim, aient été renommés comme des hommes forts, on le voit dans Moïse : « Tu passes aujourd’hui le Jourdain pour venir posséder des nations grandes et nombreuses plus que toi, des villes grandes et escarpées jusqu’au ciel, un peuple grand et haut (de taille), les fils des Énakim que tu connais, et dont tu as entendu dire : Qui tiendra devant les fils d’Ênak ? » – Deutér. IX. 1, 2
584. Vers. 5. Et Jéhovah vit que multiplié était le mal de l’homme en la terre, et que toute imagination des pensées de son cœur (n’était) rien que mal chaque jour. – Jéhovah vit que multiplié était le mal de l’homme en la terre, signifie que la volonté du bien commença à être nulle ; toute imagination des pensées du cœur (n’était) rien que mal chaque jour, signifie que la perception du vrai et du bien était nulle.
585. Le mal de l’homme multiplié en la terre, signifie que la volonté du bien commença à être nulle : on le voit par ce qui précède, en ce qu’il n’y avait plus aucune volonté, mais qu’il y avait seulement cupidité ; puis aussi, par la signification de l’homme en la terre ; la terre, dans le sens littéral, c’est où est l’homme ; dans le sens interne, c’est où est l’amour ; et comme l’amour appartient à la volonté ou à la cupidité, la terre est prise pour la volonté même de l’homme. En effet, l’homme est homme par vouloir, non de même par savoir et comprendre ; car savoir et comprendre découlent de son vouloir, et tout ce qui n’en découle pas, il ne veut ni le savoir ni le comprendre ; bien plus, quand il dit et fait autre chose que ce qu’il veut, il n’en est pas moins dirigé par quelque chose de la volonté, plus éloigné de son langage et de son action. Que la Terre de Canaan ou la Terre sainte soit prise pour l’Amour, et ainsi pour la volonté de l’homme céleste, cela peut être confirmé par plusieurs passages de la Parole, et pareillement que les terres des différentes nations sont prises pour leurs amours, qui sont en général l’amour de soi et l’amour du monde ; mais comme cela se rencontre si souvent, il n’y a pas lieu de s’y arrêter ici. Il résulte de là que par le mal de l’homme en la terre il est signifié son mal naturel, qui appartient à la volonté ; ce mal est dit multiplié, parce que la dépravation n’était pas telle chez tous, qu’ils ne voulussent pas de bien aux autres, mais c’était en vue d’eux-mêmes ; mais que la perversion soit devenue complète, cela est signifié par l’imagination des pensées du cœur.
586. L’imagination des pensées du cœur n’était rien que mal chaque-jour, signifie que la perception du vrai et du bien était nulle, parce que les hommes, comme il a été dit et montré, avaient plongé les doctrinaux de la foi dans leurs infâmes cupidités. Lorsque cela arriva, toute perception fut détruite, et à la place de la perception succéda une affreuse persuasion ou une fantaisie très-opiniâtre et mortifère, qui fut aussi la cause de leur extinction et de leur suffocation. Cette persuasion qui cause la mort est signifiée ici par l’imagination des pensées du cœur ; mais par l’imagination du cœur, sans le mot des pensées, est signifié le mal de l’amour de soi ou des cupidités, comme au Chapitre VIII, Verset 21, où, après que Noach eut offert des holocaustes, Jéhovah dit : « Je ne maudirai plus l’humus à cause de l’homme, parce que l’imagination du cœur de l’homme (est) mauvaise dès sa jeunesse. » – L’imagination, c’est ce que l’homme forge lui-même, et ce dont il se persuade ; comme dans Habakuk : « À quoi sert l’image taillée ? parce que l’a taillée son formateur. (À quoi sert) l’image de fonte et ce qui enseigne le mensonge ? parce que le formateur s’est confié dans sa formation (son Imagination) pour faire des idoles muettes. » – II. 18 ; – l’image taillée signifie les fausses persuasions produites par les principes qu’on a conçus en soi-même et tirés de soi-même ; le formateur est celui qui se persuade ce à quoi est appliqué le mot imagination (formation). Dans Ésaïe : « Subversion vôtre ! est-ce que comme l’argile le formateur (potier) sera réputé ? L’ouvrage dira-t-il à celui qui l’a fait : Il ne m’a pas fait ? et le Formé (Imagination) dira-t-il au Formateur : Il n’a pas compris ? » – XXIX. 16 ; – l’imagination, ici, est mise pour la pensée qui vient du propre, et par suite pour la persuasion du faux. En général, l’imagination est ce que l’homme forge d’après le cœur ou la volonté, comme aussi ce qu’il forge d’après la pensée ou la persuasion ; ainsi, dans David : « Jéhovah connaît notre Formation (Imagination) ; il se souvient que poussière (nous sommes), nous. » – Ps. CIII. 14. – Dans Moïse : « Je connais son Imagination, ce qu’il fait aujourd’hui, avant que je l’introduise sur la terre. » – Deutér. XXXI. 21.
586 (bis). Vers. 6. Et Jéhovah se repentit de ce qu’il avait fait l’homme en la terre ; et il s’en affligea en son cœur. – Se repentit signifie la Miséricorde : il en est de même de il s’en affligea en son cœur : se repentir concerne la Sagesse ; s’affliger en son cœur concerne l’Amour.
587. Jéhovah se repentit de ce qu’il avait fait l’homme en la terre, signifie la Miséricorde ; et il en est de même de il s’en affligea en son cœur : on le voit en ce que Jéhovah ne se repent jamais, parce qu’il prévoit d’éternité tout en général et chaque chose en particulier ; et lorsqu’il fit l’homme, c’est-à-dire, lorsqu’il le créa de nouveau et le perfectionna jusqu’au point de le rendre céleste, il prévit aussi que, par le laps du temps, il tomberait dans l’état où il était ; et, comme il avait prévu cette dépravation, il ne put pas se repentir. C’est ce qu’on voit clairement dans Samuel ; Samuel dit : « L’Invincible d’Israël ne ment point, et il ne se repentira point, parce que non pas homme, Lui, pour se repentir. » – I Sam. XV. 29 ; – et dans Moïse : « Dieu n’est point homme (vir) pour mentir, ni fils de l’homme pour se repentir. Aurait-il dit, et ne ferait-il pas ? Aurait-il parlé, et ne ratifierait-il pas ? » – Nomb. XXIII. 19 ; – mais se repentir signifie avoir compassion. La Miséricorde de Jéhovah ou du Seigneur enveloppe, en général et en particulier, tout ce qui est fait par le Seigneur pour le genre humain, qui est dans une telle position que le Seigneur a pitié de lui en général, et de chaque homme en particulier selon son état. Ainsi, il a pitié de l’état de celui dont il permet la punition, et il a pitié de celui à qui il accorde la jouissance d’un bien. La punition vient de la Miséricorde, parce que celle-ci dirige vers le bien tout le mal de la peine ; et il est de la Miséricorde d’accorder la jouissance d’un bien, parce qu’il n’est personne qui mérite quelque bien, car tout le genre humain n’est que mal, et de soi-même chacun se précipite vers l’enfer ; aussi la Miséricorde consiste-t-elle à en délivrer : et il n’est nulle autre chose que la Miséricorde, parce qu’elle n’a besoin de qui que ce soit. Son nom de Miséricorde lui vient de ce qu’elle délivre l’homme des misères et de l’enfer ; par conséquent, eu égard à l’état où se trouve le genre humain, elle est un effet de l’amour envers tous, parce que tous les hommes sont dans cet état.
588. Mais il est dit du Seigneur qu’il se repent et qu’il s’afflige en son cœur, parce que c’est ce qui semble inhérent à toute miséricorde humaine ; aussi est-ce ici une locution selon les apparences, comme il s’en rencontre souvent ailleurs dans la Parole. Personne ne peut savoir ce que c’est que la Miséricorde du Seigneur, parce qu’elle surpasse à l’infini tout entendement de l’homme ; mais on sait ce que c’est que la miséricorde de l’homme : elle consiste dans le regret et l’affliction ; et si l’on ne prend pas une idée de la Miséricorde d’après une autre affection dont on connaît la qualité, on ne peut avoir aucune pensée sur ce point, ni par conséquent en être instruit. Voilà pourquoi les choses propres à l’homme sont si souvent appliquées aux attributs de Jéhovah ou du Seigneur ; par exemple, que Jéhovah ou le Seigneur punit, induit en tentation, détruit, se met en fureur, lorsque cependant il ne punit jamais l’homme, ne l’induit jamais en tentation, ne le détruit jamais et ne se met jamais en fureur ; c’est pourquoi, lorsque de telles passions sont attribuées au Seigneur, il s’ensuit que le repentir et l’affliction lui sont aussi attribués, car l’attribution des unes est une conséquence de l’attribution des autres, comme on le voit clairement par ces passages dans la Parole ; dans Ézéchiel : « Consommée sera ma colère, je ferai reposer ma fureur, et je me repentirai », – V. 13 ; – là, comme la colère et la fureur lui sont attribuées, de même aussi lui est attribué le repentir. Dans Zacharie : « De même que j’ai pensé à faire du mal, quand vos pères M’ont excité à colère, dit Jéhovah Sébaoth, et je ne m’en suis point repenti, de même convertis-toi ; je penserai en ces jours-là à faire du bien à Jérusalem, et à la maison de Jéhudah. » – VIII. 14, 15 ; – là, il est dit que Jéhovah a pensé à faire du mal, tandis que cependant il ne pense jamais à faire de mal à personne ; il veut, au contraire, du bien à tous et à chacun. Dans Moïse, lorsqu’il supplie les faces de Jéhovah : « Reviens de l’ardeur de ta colère, et repens-toi touchant le mal à ton peuple. Et Jéhovah se repentit touchant le mal qu’il avait dit qu’il ferait à son peuple. » – Exod. XXXII. 12, 14 ; – là aussi est attribuée à Jéhovah l’ardeur de la colère, et, par suite, le repentir. Dans Jonas, le roi de Ninive dit : « Qui sait si Dieu ne reviendra pas, et ne se repentira pas jusqu’à se détourner de l’ardeur de sa colère ; et nous ne périrons point. » – III. 9 ; – de même il est parlé de repentir, parce qu’il est parlé de colère. Dans Hosée : « Mon cœur s’est converti en moi ; en même temps se sont échauffées mes compassions ; je ne mettrai pas à exécution l’ardeur de ma colère. » – XI. 8, 9 ; – là, pareillement, il est dit du cœur que ses compassions se sont échauffées, de même qu’il est dit ici que Jéhovah s’est affligé en son cœur ; les compassions signifient évidemment beaucoup de Miséricorde. De même dans Joël : « Convertissez-vous à Jéhovah votre Dieu, parce que Clément et Miséricordieux, Lui ; lent à colère, et abondant en Miséricorde, et se repentant touchant le mal. » – II. 13 ; – là aussi il est évident que se repentir signifie la Miséricorde. Dans Jérémie : « Peut-être qu’ils écouteront et se détourneront chacun de son chemin mauvais, et que je me repentirai du mal. » – XXVI. 3 ; – là, se repentir, c’est avoir compassion. Dans le Même : « Si cette nation-là se détourne de son mal, je me repentirai touchant le mal. » – XVIII. 8 ; – là aussi se repentir signifie avoir compassion s’ils se convertissent, car c’est l’homme qui détourne de lui la Miséricorde du Seigneur ; jamais le Seigneur ne se détourne de l’homme.
589. D’après ces passages et plusieurs autres dans la Parole, on peut voir qu’il y est parlé selon les apparences chez l’homme ; c’est pourquoi celui qui, d’après les apparences selon lesquelles il est parlé dans la Parole, voudrait confirmer des principes faux, celui-là le pourrait d’après d’innombrables passages. Mais autre chose est de confirmer des principes faux par la Parole, et autre chose est de croire simplement les choses qui sont dans la Parole. Celui qui confirme des principes faux adopte d’abord un principe duquel il ne veut jamais se départir, ou sur lequel il ne veut pas faire la moindre concession ; mais il amasse et entasse des arguments confirmatifs partout où il peut en trouver ; en conséquence, il en tire aussi de la Parole, jusqu’à se persuader à un tel point qu’il ne lui est plus possible de voir le vrai. Celui, au contraire, qui croit simplement ou dans la simplicité du cœur ne commence pas par adopter des principes ; mais par cela seul que le Seigneur a dit telle chose, il pense que cette chose est vraie ; et s’il est instruit de la manière dont il doit la comprendre d’après d’autres passages de la Parole, il acquiesce alors et se réjouit en son cœur. Bien plus, celui qui croit par simplicité que le Seigneur se met en colère, punit, se repent, éprouve de la douleur, et que cet homme craigne ainsi de se livrer au mal et fasse le bien, une telle croyance ne lui est nullement préjudiciable, car de cette manière il croit aussi que le Seigneur voit tout en général et en particulier ; et lorsqu’il est dans une telle foi, il est ensuite éclairé sur le reste dans l’autre vie, s’il ne l’a pas été auparavant. Il en est tout autrement pour ceux qui forment leur persuasion d’après des principes adoptés en raison de la concordance qu’ils ont avec l’amour hideux de soi-même ou du monde.
590. Que se repentir se rapporte à la sagesse, et que s’affliger en son cœur se rapporte à l’amour, cela ne peut être expliqué à la conception humaine, on peut seulement l’expliquer selon les choses qui sont chez l’homme, ainsi au moyen des apparences. Il y a chez l’homme, dans chaque idée de la pensée, quelque chose qui appartient à son entendement et à sa volonté, ou à sa pensée et à son amour ; l’idée qui ne tire pas quelque chose de sa volonté ou de son amour n’est pas une idée ; car il n’est jamais possible de penser d’une autre manière ; il y a une espèce de mariage perpétuel et indissoluble entre la pensée et la volonté ; ainsi, aux idées de la pensée de l’homme sont inhérentes ou adhérentes les choses qui appartiennent à sa volonté ou à son amour ; par ce qui a lieu chez l’homme, on voit qu’on peut, pour ainsi dire, avoir connaissance, ou plutôt avoir quelque idée de ce que renferme la Miséricorde du Seigneur, à savoir, la Sagesse et l’Amour. Ainsi, dans les Prophètes, et surtout dans Ésaïe, il y a presque partout deux expressions qui s’appliquent à chaque chose ; l’une enveloppe le spirituel, et l’autre le céleste : le Spirituel de la Miséricorde du Seigneur est la Sagesse, et le Céleste est l’Amour.
591. Vers. 7. Et Jéhovah dit : Je détruirai l’homme, que j’ai créé, de dessus les faces de l’humus, depuis l’homme jusqu’à la bête, jusqu’au reptile, et jusqu’à l’oiseau des cieux, parce que je me repens de les avoir faits. – Jéhovah dit : Je détruirai l’homme, signifie que l’homme se détruirait lui-même : que j’ai créé, de dessus les faces de l’humus, signifie l’homme issu de la postérité de la Très-Ancienne Église : depuis l’homme jusqu’à la bête, et jusqu’au reptile, c’est que tout ce qui appartient à la volonté de l’homme le détruirait : jusqu’à l’oiseau des cieux, c’est tout ce qui appartient à son entendement ou à sa pensée : parce que je me repens de les avoir faits, signifie, comme précédemment, la Commisération.
592. Jéhovah dit : Je détruirai l’homme, signifie que l’homme se détruirait lui-même : on le voit d’après ce qui a été dit précédemment, à savoir, qu’en parlant de Jéhovah ou du Seigneur, il est dit qu’il punit, qu’il tente, qu’il fait du mal, qu’il détruit ou tue, qu’il maudit ; comme lorsqu’il est rapporté que Jéhovah tua Her, le premier-né de Jéhudah, et Onan un autre fils de Jéhudah, – Genèse XXXVIII. 7, 10 ; – que Jéhovah mit à mort tous les premiers-nés de l’Égypte, – Exod. XII. 12, 29. – Ainsi, il est dit dans Jérémie : « Ceux que j’ai frappés dans ma colère et dans ma fureur. » – XXXIII. 5. – Dans David : « Il a envoyé sur eux l’ardeur de sa colère, colère véhémente, et fureur et angoisse, envoi d’anges mauvais. » – Ps. LXXVIII. 49. – Dans Amos : « Y aura-t-il un mal dans la ville, et que Jéhovah n’ait pas fait ? » – III. 6. – Dans Jean : « Sept fioles d’or pleines de la colère du Dieu qui vit aux siècles des siècles. » – Apoc. XV. 1, 7 ; XVI. 1. – Toutes ces choses sont attribuées à Jéhovah, quoique ce soit absolument le contraire ; il a été dit précédemment pour quel motif elles lui sont attribuées ; c’est aussi afin qu’on saisisse d’abord cette idée très-commune que le Seigneur gouverne et dispose tout en général et en particulier ; mais que plus tard on reconnaisse que le Seigneur ne fait aucun mal, qu’à plus forte raison il ne tue pas ; mais que c’est l’homme qui se fait du mal à lui-même, qui se perd, qui se tue ; encore n’est-ce pas l’homme qui agit ainsi, ce sont les mauvais esprits qui l’excitent et le dirigent ; néanmoins c’est l’homme, parce qu’il ne croit pas autrement sinon que c’est lui-même. C’est ainsi qu’il est maintenant dit ici, en parlant de Jéhovah, qu’il détruirait l’homme, lorsque cependant c’était l’homme qui se perdait et se détruisait lui-même. On peut surtout voir ce qui en est par ceux qui, dans l’autre vie, sont dans les tourments et dans l’enfer, qui se lamentent continuellement, et attribuent au Seigneur tout le mal de leur peine : il en est de même dans le monde des esprits mauvais ; les esprits mauvais font consister leur plaisir, et même leur plus grand plaisir, à faire souffrir et à punir les autres ; ceux qui souffrent et qui sont punis pensent que cela vient du Seigneur ; on leur dit et on leur fait voir que du Seigneur il ne vient pas le plus petit mal, mais que ce sont eux-mêmes qui sont la cause de leur mal ; car, dans l’autre vie, il y a un tel état et un tel équilibre entre toutes choses, que le mal retourne sur celui qui fait le mal et devient le mal de la peine, et cela ne peut pas ne pas exister ; c’est ce qui s’appelle être permis, et cela, pour la correction du mal ; mais toujours est-il que le Seigneur tourne tout mal de la peine en bien, de sorte que du Seigneur il ne vient jamais rien que du bien. Mais qu’est-ce que la Permission ? Personne ne le sait, encore. On croit que ce qui est permis est fait par le Seigneur qui permet, parce qu’il permet, mais il en est tout autrement ; dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il en sera parlé.
593. Que j’ai créé, de dessus les faces de l’humus, signifie l’homme issu de la postérité de la Très-Ancienne Église : on le voit, non-seulement en ce qu’il est dit d’abord l’homme qu’il a créé, c’est-à-dire, régénéré, et, plus tard, qu’il a fait, c’est-à-dire, perfectionné, ou régénéré au point de le rendre céleste ; mais aussi en ce qu’il est dit de dessus les faces de l’humus ; l’humus, comme déjà il a été montré, c’est où est l’Église : on le voit encore en ce qu’il s’agit de ceux qui ont plongé les doctrinaux de la foi dans leurs cupidités ; ceux qui n’ont point eu la doctrine de la foi n’ont pas pu agir ainsi ; ceux qui sont hors de l’Église sont dans l’ignorance du vrai et du bien ; et ceux qui sont dans l’ignorance peuvent être dans une certaine espèce d’innocence, tandis qu’ils disent et font quelque chose de contraire aux vrais et aux biens de la foi, car ils peuvent être poussés par un certain zèle pour le culte dont ils ont été imbus dès l’enfance, et que pour cela même ils croient véritable et bon : mais il en est tout autrement pour ceux qui ont chez eux la doctrine de la foi ; ceux-ci peuvent mêler des vrais avec des faux, et des choses saintes avec des choses profanes ; par suite leur sort, dans l’autre vie, est bien plus misérable que le sort de ceux qu’on appelle Gentils, desquels, avec la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera parlé dans la suite.
594. Depuis l’homme jusqu’à la bête, et jusqu’au reptile, c’est que tout ce qui appartient à la volonté de l’homme le détruirait : on le voit par la signification de l’homme, de la bête et du reptile. L’homme n’est homme que par la volonté et l’entendement, par lesquels il est distingué des brutes ; en toute autre chose il est très-semblable à elles. Chez ceux-ci, il n’y avait plus aucune volonté du bien, ni aucun entendement du vrai ; la volonté du bien avait été remplacée par d’insensées cupidités, et l’entendement du vrai par d’insensées fantaisies ; et les unes s’étaient mêlées avec les autres : aussi, après que de cette manière ils eurent, pour ainsi dire, détruit les Restes (Reliquiae), il était impossible qu’ils ne s’éteignissent pas. Que toutes les choses qui appartiennent à la volonté soient appelées bêtes et reptiles, on le voit par ce qui a déjà été dit des bêtes et des reptiles ; mais ici, comme il s’agit de tels hommes, par les bêtes sont signifiées, non pas les bonnes affections, mais les mauvaises, par conséquent les cupidités ; et par les reptiles, les voluptés tant corporelles que sensuelles : que les bêtes et les reptiles signifient de telles choses, il n’est plus besoin de le confirmer d’après la Parole, parce que cela a déjà été fait précédemment. Voir les Nos 45, 46, 142, 143.
595. L’oiseau des cieux signifie tout ce qui appartient à l’entendement ou à la pensée : on le voit aussi ci-dessus, No 40.
596. Vers. 8. Et Noach trouva grâce aux yeux de Jéhovah. – Par Noach est signifiée l’Église nouvelle : Il trouva grâce aux yeux de Jéhovah, signifie que le Seigneur avait prévu que le genre humain pouvait ainsi être sauvé.
597. Par Noach est signifiée l’Église nouvelle, qui doit être appelée l’Église Ancienne, afin d’établir une distinction entre l’Église Très-Ancienne, qui exista avant le déluge, et celle-ci qui fut établie après le déluge. Les états de ces Églises ont été tout à fait différents ; l’état de l’Église Très-Ancienne consistait en ce que les hommes recevaient du Seigneur la perception du bien, et par suite celle du vrai ; et l’état de l’Église Ancienne ou de Noach consistait en ce qu’elle avait la Conscience du bien et du vrai. Ainsi, telle est la différence entre avoir la perception et avoir la Conscience, telle fut la différence entre l’état de l’Église Très-Ancienne et l’état de l’Église Ancienne : la perception n’est pas la conscience ; ceux qui sont Célestes ont la perception, ceux qui sont Spirituels ont la conscience ; la Très-Ancienne Église fut Céleste, mais l’Ancienne fut Spirituelle. La Très-Ancienne Église avait une révélation immédiate, au moyen d’un commerce avec les esprits et les Anges, comme aussi au moyen de visions et de songes donnés par le Seigneur ; par là il était donné aux hommes de cette Église de connaître d’une manière commune ce que c’est que le bien et le vrai ; et après qu’ils avaient ainsi acquis des notions communes, ces notions étaient confirmées comme principes par des choses innombrables, au moyen des perceptions : ces choses innombrables étaient les notions particulières ou singulières des notions communes auxquelles elles se référaient ; ainsi les notions communes étaient chaque jour corroborées comme principes : tout ce qui n’était pas conforme aux notions communes, ils le percevaient comme n’ayant pas de réalité, et tout ce qui y était conforme, ils le percevaient comme réel : tel est aussi l’état des Anges célestes. Les notions communes de la Très-Ancienne Église confirmées comme principes étaient des Vérités célestes et éternelles, par exemple : Que le Seigneur gouverne l’univers ; que du Seigneur procèdent tout bien et tout vrai ; que du Seigneur procède toute vie ; que le propre de l’homme n’était que mal ; et que ce propre était mort en soi, outre plusieurs autres ; c’est du Seigneur qu’ils recevaient la perception de choses innombrables qui confirmaient ces vérités et s’accordaient avec elles. Pour eux l’Amour était le principal de la foi ; au moyen de l’Amour il leur était donné par le Seigneur de percevoir tout ce qui appartenait à la foi ; par suite la foi pour eux était amour, comme il a été dit précédemment. Mais l’Ancienne Église fut faite absolument différente ; il en sera parlé dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur.
598. Il trouva grâce aux yeux de Jéhovah, signifie que le Seigneur avait prévu que le genre humain pouvait ainsi être sauvé : la Miséricorde du Seigneur enveloppe et concerne le salut de tout le genre humain ; il en est aussi de même de la Grâce ; c’est pourquoi le salut du genre humain est signifié. Par Noach est signifiée non-seulement l’Église nouvelle, mais aussi la foi de cette Église, qui était la foi de la Charité ; ainsi le Seigneur avait prévu que par la foi de la Charité le genre humain pouvait être sauvé ; il sera parlé de cette foi dans la suite. Mais, dans la Parole, la Miséricorde et la Grâce sont distinctes, et même selon la différence de ceux qui reçoivent. La Miséricorde s’applique à ceux qui sont célestes, et la Grâce à ceux qui sont spirituels ; car les Célestes ne reconnaissent rien autre chose que la Miséricorde, et les Spirituels connaissent à peine autre chose que la Grâce : les Célestes ignorent ce que c’est que la Grâce ; les Spirituels savent à peine ce que c’est que la Miséricorde, qu’ils confondent avec la Grâce, faisant de l’une et de l’autre une seule et même chose. Cela vient du motif d’humiliation des uns et des autres, qui diffère en ce sens que ceux qui sont dans l’humiliation du cœur implorent la Miséricorde du Seigneur, tandis que ceux qui sont dans l’humiliation de la pensée demandent la Grâce ; et s’ils implorent la Miséricorde, c’est dans un état de tentation, ou c’est seulement de bouche et non de cœur. Comme l’Église nouvelle appelée Noach ne fut pas céleste, mais fut spirituelle, voilà pourquoi elle est dite avoir trouvé grâce, et non pas miséricorde, aux yeux de Jéhovah. Que dans la Parole il soit distingué entre Miséricorde et Grâce, on le voit par un grand nombre de passages, où Jéhovah est dit Miséricordieux et Gracieux ; par exemple, – Ps. CIII. 8. CXI. 4. CXLV. 8. Joël, II. 13. – Cette distinction se trouve pareillement ailleurs, comme dans Jérémie : « Ainsi a dit Jéhovah : Il a trouvé Grâce dans le désert, le peuple réchappé de l’épée, en allant vers le repos qui devait être donné à lui, Israël. De loin, Jéhovah m’est apparu, et d’un amour du siècle je t’ai aimé ; c’est pourquoi je t’ai attiré par Miséricorde. » – XXXI. 2, 3 ; – où la Grâce s’applique au Spirituel, et la Miséricorde au Céleste. Dans Ésaïe : « C’est pourquoi Jéhovah attendra pour vous faire Grâce, et c’est pourquoi il se lèvera pour vous faire Miséricorde. » – XXX. 18 ; – où pareillement la Grâce concerne le Spirituel, et la Miséricorde le Céleste. Dans le passage suivant, où Loth s’adresse aux anges : « Voici, je te prie, ton serviteur a trouvé Grâce à tes yeux, et tu as rendu grande ta Miséricorde, que tu as exercée envers moi, en vivifiant mon âme. » – Genèse, XIX. 19 ; – que la Grâce concerne les Spirituels, qui appartiennent à la foi ou à l’entendement, on le voit aussi ici ; puis, en ce qu’il est dit qu’il a trouvé grâce à tes yeux ; mais que la Miséricorde concerne les Célestes, qui appartiennent à l’amour ou à la volonté, on le voit en ce qu’il est dit avoir fait Miséricorde, et avoir vivifié l’âme.
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9. Voici les nativités de Noach : Noach fut homme juste et intègre en ses générations : avec DIEU marcha Noach.
10. Et Noach engendra trois fils, Schem, Cham et Japheth.
11. Et la terre fut corrompue devant DIEU ; et la terre fut remplie de violence.
12. Et DIEU vit la terre, et voici, elle était corrompue, parce que toute chair avait corrompu son chemin sur la terre.
13. Et DIEU dit à Noach : La fin de toute chair est venue devant Moi, parce que la terre a été remplie de violence par leurs faces ; et voici, je les détruirai avec la terre.
14. Fais-toi une arche de bois de Gopher : par loges tu feras l’arche, et tu l’enduiras en dedans et en dehors de bitume.
15. Et ainsi tu la feras : de trois cents coudées la longueur de l’arche, de cinquante coudées sa largeur, et de trente coudées sa hauteur.
16. Une fenêtre tu feras à l’arche, et à une coudée tu la termineras en haut ; et la porte de l’arche en son côté tu placeras ; avec un bas étage, un second et un troisième tu la feras.
17. Et Moi, Me voici amenant le déluge des eaux sur la terre, pour détruire toute chair, dans laquelle (il y a) esprit des vies, de dessous les cieux : tout ce qui (est) en la terre expirera.
18. Et j’établirai mon alliance avec toi ; et tu entreras dans l’arche, toi, et tes fils, et ton épouse, et les épouses de tes fils avec toi.
19. Et de tout ce qui a vie, de toute chair, tu feras entrer dans l’arche, des paires de chaque à faire vivre avec toi : mâle et femelle ils seront.
20. De l’oiseau selon son espèce, et de la bête selon son espèce ; de tout reptile de l’humus selon son espèce ; des paires de tous entreront vers toi, à faire vivre.
21. Et toi, prends-toi de toute nourriture qui se mange, et assemble-s-en vers toi, et elle sera à toi et à eux pour nourriture.
22. Et Noach fit selon tout ce que lui avait commandé DIEU ; ainsi il fit.
CONTENU.
599. Il s’agit de l’état de l’Église nommée Noach, avant la régénération.
600. L’homme de cette Église est décrit comme ayant été tel qu’il pouvait être régénéré. Vers. 9 ; mais que de cette Église sortiraient trois sortes de doctrines, qui sont Schem, Cham et Japheth. Vers. 10.
601. Que les autres hommes qui descendaient de la Très-Ancienne Église ne pourraient être régénérés, à cause de leurs affreuses persuasions et de leurs hideuses cupidités. Vers. 11, 12. Que par elles ils se perdraient entièrement. Vers. 13.
602. Mais il n’en est pas de même de l’homme de l’Église nommée Noach ; il est décrit par l’Arche. Vers. 14. Et chez lui les Restes (Reliquiae) sont décrits par les mesures. Vers. 15. Ses Intellectuels par la fenêtre, la porte et les étages. Vers. 16.
603. Il est montré que cet homme serait conservé, tandis que les autres périraient par l’inondation du mal et du faux. Vers. 17.
604. Et que les Vrais et les biens qui étaient chez lui seraient sauvés par le moyen de la régénération. Vers. 18. Qu’il en serait de même des choses qui appartiennent à l’entendement et de celles qui appartiennent à la volonté. Vers. 19, 20. Qu’il serait préparé pour recevoir cette régénération. Vers. 21. Et que cela fut fait ainsi. Vers. 22.
SENS INTERNE.
605. Il s’agit maintenant de la formation de l’Église nouvelle, qui est appelée Noach, et sa formation est décrite par l’Arche, dans laquelle ont été reçus les animaux de tout genre ; mais avant que cette Église nouvelle pût exister, il a fallu nécessairement, comme cela arrive d’ordinaire, que l’homme de l’Église soutînt plusieurs tentations, qui sont décrites par l’élévation de cette Arche, par sa fluctuation et par le temps qu’elle resta sur les eaux du déluge ; la cessation des eaux et plusieurs autres circonstances, qui sont ensuite rapportées, montrent que l’homme devint enfin véritablement spirituel et fut délivré. C’est ce que ne peut voir quiconque s’attache au seul sens de la lettre, surtout ici, où tout se trouve lié sous une forme historique, et présente à l’idée une relation de faits. Mais dans ce temps, le style qui plaisait le plus consistait à tout envelopper sous des types qu’on disposait en forme d’histoire ; et mieux ces types étaient liés en série historique, mieux l’ensemble convenait au génie de ces hommes ; car, dans ces temps anciens, on ne s’adonnait pas aux sciences comme on fait aujourd’hui, mais on se livrait à des pensées profondes, d’où résultaient de semblables productions ; c’était là la sagesse des anciens.
606. Que le déluge, l’arche, et les choses décrites au sujet du déluge et de l’arche signifient la régénération, et aussi les tentations qui la précèdent, cela est en quelque sorte connu aujourd’hui des érudits, par qui la Régénération et les Tentations sont aussi comparées aux eaux du déluge.
607. Mais quelle a été cette Église, cela est décrit dans la suite ; ici, il en sera parlé en peu de mots, pour qu’on en ait une idée : La Très-Ancienne était céleste, comme il a été dit ; celle-ci au contraire fut faite spirituelle : la Très-Ancienne avait la perception du bien et du vrai ; celle-ci, ou l’Ancienne, n’eut pas la perception, mais à sa place elle eut une autre sorte de dictamen, qui peut être appelé Conscience. Mais, ce qui est encore entièrement inconnu et incroyable peut-être, l’homme de la Très-Ancienne Église avait une Respiration interne, et non une Respiration externe, si ce n’est une Respiration tacite ; aussi n’était-ce pas par des sons qu’on s’exprimait, comme plus tard et aujourd’hui, mais c’était, comme les Anges, par des idées qu’on pouvait rendre au moyen d’innombrables changements du visage et de la face, surtout au moyen de changements des lèvres, où sont des séries innombrables de fibres musculaires aujourd’hui inextricables, au moyen desquelles, alors dégagées, on pouvait exprimer, signifier, et représenter des idées, au point que ce qui exigerait aujourd’hui une heure pour être rendu par des sons articulés ou par des mots, pouvait alors être exprimé en une minute, et bien plus amplement et plus clairement pour la conception et l’intelligence des personnes présentes, qu’on ne pourrait jamais le faire par des mots et par des séries de mots combinés. Cela est peut-être incroyable, mais n’en est pourtant pas moins vrai. Il y a aussi plusieurs autres hommes, qui ne sont pas de cette terre, qui ont parlé et parlent encore aujourd’hui d’une manière semblable ; il en sera traité dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur. Il m’a été donné aussi de savoir quelle était cette Respiration interne, et comment elle fut changée par laps de temps ; et comme ils avaient une respiration semblable à celle des Anges, qui respirent de même, ils étaient dans de profondes idées de la pensée, et purent avoir une perception telle qu’elle ne peut être décrite ; et si on la décrivait telle qu’elle a été, comme on ne pourrait la comprendre, on n’y croirait même pas. Mais chez leurs descendants cette Respiration interne se perdit peu à peu, et chez ceux qui étaient possédés par des persuasions et des fantaisies affreuses, elle devint telle qu’ils ne pouvaient plus se fixer sur aucune idée de la pensée qui ne fût des plus hideuses, d’où il résulta qu’ils ne purent subsister plus longtemps, aussi furent-ils tous détruits.
608. Quand la Respiration interne cessa, elle fut peu à peu remplacée par une respiration externe telle à peu près qu’elle existe aujourd’hui ; et avec la respiration externe survint le langage des mots ou du son articulé, dans lequel étaient déterminées les idées de la pensée. Ainsi fut entièrement changé l’état de l’homme, et il devint tel qu’il ne pouvait plus avoir une semblable perception ; mais au lieu de la perception, il eut un certain dictamen autre, qui peut être appelé Conscience, car il ressemblait à la conscience, quoique ce fût une sorte d’intermédiaire entre la perception et la conscience que quelques hommes connaissent aujourd’hui : et quand les idées de la pensée eurent été déterminées de cette manière, à savoir, en mots du langage vocal, alors les hommes ne purent plus être instruits, comme ceux de la Très-Ancienne Église, par l’homme interne, mais ils le furent par l’homme externe ; c’est pourquoi aux révélations de la Très-Ancienne Église succédèrent alors des doctrinaux, qui devaient d’abord être saisis par les sens externes, d’après lesquels devaient être formées les idées matérielles de la mémoire, et par suite les idées de la pensée, au moyen desquelles et selon lesquelles on était instruit. De là vient que cette Église, qui succéda à la Très-Ancienne, eut un génie tout différent ; et si le Seigneur n’eût réduit le genre humain à ce génie ou à cet état, nul homme n’aurait pu être sauvé.
609. Comme l’état de l’homme de cette Église, qui est appelée Noach, était absolument différent de l’état de l’homme de la Très-Ancienne Église, il ne fut plus possible à cet homme, ainsi qu’il a été dit, de recevoir la forme et l’illustration comme l’homme Très-Ancien, parce que ses internes avaient été fermés, de sorte qu’il n’avait plus avec le Ciel qu’une communication dont il n’avait pas connaissance. Il ne pouvait donc être instruit que par le chemin externe ou le chemin des sens ou sensuel, comme il a été dit : c’est pour cela que, d’après la Providence du Seigneur, furent conservés les Doctrinaux de la foi avec quelques révélations de la Très-Ancienne Église pour l’usage de cette postérité. Ces doctrinaux avaient d’abord été recueillis par Caïn et mis en réserve afin qu’ils ne se perdissent point ; aussi est-il dit au sujet de Caïn qu’un signe fut mis sur lui afin que personne ne le tuât ; voir ce qui en a été dit en cet endroit, – Chap. IV. Vers. 15. – Plus tard, ils furent rédigés en doctrine par Chanoch ; et, comme cette doctrine ne devait être d’aucun usage dans ce temps-là, mais devait servir à la postérité, il est dit en conséquence que Dieu le prit ; voir aussi ce qui en a été dit, – Chap. V. Vers. 24. – Ce furent-là les doctrinaux de la foi qui furent conservés par le Seigneur pour l’usage de cette postérité, ou de cette Église ; car il avait été prévu par le Seigneur que la perception se perdrait ; aussi avait-il été pourvu à ce que ces doctrinaux restassent.
610. Vers. 9. Voici les nativités de Noach : Noach fut homme juste et intègre en ses générations ; avec Dieu marcha Noach. – Par les nativités de Noach est signifiée la description de la réformation ou de la régénération de la Nouvelle Église : Noach fut homme juste et intègre en ses générations, signifie qu’elle serait de nature à pouvoir être gratifiée de la charité ; juste concerne le bien de la charité, et intègre le vrai de la charité ; les générations sont les choses de la foi : marcher avec Dieu, signifie ici, comme ci-dessus, lorsqu’il s’agissait de Chanoch, la doctrine de la foi.
611. Par les nativités de Noach est signifiée la description de la réformation ou de la régénération de la nouvelle Église : on le voit par ce qui a été dit ci-dessus, Chap. II. Vers. 4, et Chap. V. Vers. 1.
612. Noach, homme juste et intègre en ses générations, signifie qu’elle serait de nature à pouvoir être gratifiée de la charité : on le voit par la signification de Juste et d’Intègre, en ce que Juste concerne le bien de la charité, et Intègre le vrai de la charité ; puis aussi par l’essentiel de cette Église, en ce qu’il serait la Charité, dont il sera parlé dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur : que Juste concerne le bien de la charité, et Intègre le vrai de la charité, on le voit d’après la Parole ; ainsi, dans Ésaïe : « Chaque jour ils Me chercheront, et la science de mes chemins ils désireront, comme une nation qui fait la Justice, et n’abandonne pas le Jugement de son Dieu ; ils m’interrogeront sur les jugements de Justice ; l’approche de Dieu ils désireront. » – LVIII. 2 ; – là, le Jugement est pris pour les choses qui appartiennent au vrai, et la Justice pour celles qui appartiennent au bien. Il s’était établi une formule, pour ainsi dire solennelle, de dire : Faire le jugement et la justice, pour signifier faire le vrai et le bien : par exemple, dans Ésaïe, LVI. 1. Jérémie, XXII. 3, 13, 15. Jérémie, XXIII. 5. XXXIII. 15. Ézéchiel, XXXIII. 14, 16, 19. – Le Seigneur a dit : « Les Justes resplendiront, comme le soleil, dans le Royaume de leur Père. » – Matth. XIII. 43 ; – les justes signifient ceux qui sont doués de charité. Puis, lorsqu’il est parlé de la consommation du siècle : « Les Anges sortiront et sépareront les méchants du milieu des Justes. » – Ibid., Vers. 49 ; – là aussi ils signifient ceux qui sont dans le bien de la charité. Mais Intègre signifie le vrai qui procède de la charité, car le vrai a plusieurs autres origines ; toutefois, ce qui vient du Seigneur d’après le bien de la charité, cela est dit Intègre, et homme intègre, comme dans David : « Qui séjournera dans ta tente ? Qui habitera en la montagne de ta Sainteté ? Celui qui marche Intègre, et pratique la Justice, et prononce la vérité dans son cœur. » – Ps. XV. 1, 2 ; – ici est décrit l’homme intègre. Dans le Même : « Avec le saint, saintement tu Te comportes ; avec l’Homme Intègre, Intègre tu Te montres. » – Ps. XVIII. 26 ; – ici l’homme intègre est celui qui est tel d’après le saint ou le bien de la charité. Dans le Même : « Jéhovah ne refusera pas le bien à ceux qui marchent dans l’Intégrité. » – Ps. LXXXIV. 12. – Que l’Intègre soit celui qui est véridique d’après le bien, ou qui prononce et fait le vrai d’après la charité, on le voit en ce que très-souvent sont appliquées au mot Intègre ou Intégrité les expressions marcher et chemin, puis droit ou droiture, expressions qui, toutes, ont rapport au vrai, comme dans David : « J’instruirai dans le Chemin l’Intègre, jusqu’à ce qu’il vienne à Moi ; je marcherai dans l’Intégrité de mon cœur, au milieu de ma maison. » – Ps. CI. 2 ; – et « Celui qui marche dans le Chemin de l’Intègre, celui-là me servira. » – Ps. CI. 6. – Dans le Même : « Heureux les Intègres dans le Chemin, qui marchent dans la loi de Jéhovah ! » – Ps. CXIX. 1. – Dans le Même : « L’Intégrité et la Droiture me garderont. » – Ps. XXV. 21. – Dans le Même : « Garde l’Intégrité et considère la Droiture, car la fin pour un homme (est) la paix. » – Ps. XXXVII. 37. – D’après ces passages on voit que celui-là est dit Juste qui fait le bien, et Intègre qui fait le Vrai procédant du bien, ce qui est aussi faire la Justice et le Jugement ; la sainteté et la justice sont le céleste de la foi, l’intégrité et le jugement sont le spirituel qui en dérive.
613. Que les Générations aient rapport à la foi, cela n’est pas évident d’après le sens de la lettre, qui est historique ; mais ici, comme il s’agit seulement des internes, sont signifiées les choses qui appartiennent à la Foi ; d’après la série, on voit aussi que les générations ici ne sont pas d’autres générations ; il en est quelquefois de même dans la Parole ; par exemple, dans Ésaïe : « Que de toi on édifie les ruines du siècle ; que tu relèves les fondements de génération en génération, et l’on t’appellera réparateur de la brèche, qui rétablit les sentiers pour l’habitation. » – LVIII. 12 ; – tout ce qui est dit là s’applique à la foi : les ruines du siècle signifient les choses qui appartiennent aux célestes de la foi ; les fondements de génération en génération signifient en même temps celles qui appartiennent aux spirituels de la foi, lesquelles étaient tombées depuis les temps anciens. Dans le Même : « Les ruines du siècle ils édifieront, les désolations précédentes ils relèveront, et renouvelleront les villes de dévastation, les désolations de génération en génération. » – LXI. 4 ; – pareillement, dans le Même : « Ils ne travailleront pas en vain, et ils n’engendreront pas pour le trouble ; car, semence des bénis de Jéhovah, eux et leurs descendants avec eux. » – LXV. 23 ; – là aussi, engendrer se dit des choses qui appartiennent à la foi, et travailler se dit de celles qui appartiennent à l’amour ; semence des bénis de Jéhovah s’applique à celles-ci, et descendants, à celles-là.
614. Marcher avec Dieu, signifie la doctrine de la foi : on l’a vu précédemment, Chap. V. Vers. 22, 24, au sujet de Chanoch, de qui il est dit aussi qu’il marcha avec Dieu ; et là, cette expression signifiait la doctrine de la foi conservée pour l’usage de la postérité ; et, comme il s’agit ici de cette postérité pour l’usage de laquelle cette doctrine était conservée, voilà pourquoi maintenant la même expression est de nouveau employée.
615. Il y a ici une description générale de la qualité de l’homme de cette Église, non qu’il eût déjà cette qualité, car il s’agit de sa formation dans ce qui suit ; mais il est décrit tel qu’il pourrait devenir, à savoir, qu’il pourrait, par les connaissances de la foi, être gratifié de la charité, et ainsi agir d’après la charité, et d’après le bien de la charité connaître ce que c’est que le vrai ; c’est pour cela que le bien de la charité ou Juste est placé dans le texte avant le vrai de la charité ou Intègre. La charité, comme il a été déjà dit, est l’amour à l’égard du prochain et la miséricorde ; c’est un degré inférieur de l’amour qui existait dans la Très-Ancienne Église, lequel était l’amour envers le Seigneur : ainsi maintenant l’amour est descendu et est devenu extérieur ; et il doit être appelé Charité.
616. Vers. 10. Et Noach engendra trois fils, Schem, Cham et Japheth. – Noach engendra trois fils, signifie que trois genres de doctrines, qui sont signifiés par Schem, Cham et Japheth, en sortiraient.
617. Noach engendra trois fils, signifie que trois genres de doctrines en sortiraient : on le voit d’après tout ce qui a été dit précédemment sur ce que les Noms ne signifient rien autre chose que des Églises, ou, ce qui revient au même, des Doctrines : ici donc pareillement ; mais ici, ils ne sont placés que pour former, avec ce qui précède, une série ou un lien, qui consiste en ce qu’il avait été prévu par le Seigneur que l’homme de ce génie pourrait être gratifié de la charité, mais que cependant de là naîtrait trois genres de doctrines, doctrines dont il sera parlé dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, lorsqu’il s’agira de Schem de Cham et de Japheth.
618. Il est dit au prétérit que Noach fut juste et intègre, qu’avec Dieu il marcha, et ici qu’il engendra trois fils, et cependant ces locutions concernent des choses futures ; il faut qu’on sache que le sens interne est d’une telle nature qu’il ne tient aucun compte des temps ; à ce sens aussi la langue originale est favorable en ce que, parfois, un seul et même mot peut être expliqué à n’importe quel temps, de même qu’elle ne distingue pas non plus entre les mots ; ainsi les intérieurs se montrent plus clairement à découvert ; cette Langue tire cela du sens interne, qui est bien plus multiple que jamais qui que ce soit ne le peut croire, c’est pourquoi il ne souffre pas d’être limité par des temps et par des distinctions.
619. Ver. 11. Et la terre fut corrompue, devant Dieu, et la terre fut remplie de violence. Par la terre est signifiée cette race dont il a été précédemment question ; elle est dite corrompue d’après d’affreuses persuasions, et remplie de violence, d’après de hideuses cupidités. Ici, et dans la suite de ce Chapitre, il est dit Dieu, parce que maintenant il n’y a pas Église.
620. Par la terre est signifiée cette race dont il a été précédemment question : on le voit d’après ce qui a été montré sur la signification de la terre et de l’humus. Terre est un mot très-souvent employé dans la Parole ; et par ce mot est entendue la terre où était la véritable Église du Seigneur, comme la terre de Canaan ; et aussi une terre où il n’y avait pas Église, comme la terre de l’Égypte, et une terre des nations ; ainsi, il est pris pour la nation qui l’habite ; et comme il est pris pour la nation, il est aussi pris pour quiconque, là, est tel qu’est la nation. Il est dit terre d’après l’amour céleste, par exemple terre de Canaan ; il est dit terres des nations d’après de honteux amours ; mais il est dit humus d’après la foi qui est semée ; car la terre, comme il a été montré, est le contenant de l’humus, et l’humus le contenant du champ, de même que l’amour est le contenant de la foi, et la foi le contenant des connaissances de la foi qui sont semées. Ici, la terre est prise pour la race chez laquelle tout ce qui appartient à l’amour céleste et à l’Église avait péri. Par le sujet on connaît la qualité de l’attribut.
621. La terre est dite corrompue d’après d’affreuses persuasions, et remplie de violence d’après de hideuses cupidités : on le voit par la signification du mot Corrompre et du mot Violence ; dans la Parole, jamais un mot n’est pris pour un autre, mais constamment est employé celui qui exprime d’une manière propre la chose dont il s’agit, et même de telle sorte que par les seuls mots qui sont employés, on puisse sur-le-champ découvrir ce qui est dans le sens interne. Tels sont ici les mots Corrompre et Violence. Corrompre se dit des choses qui appartiennent à l’entendement quand il est ravagé ; et Violence, des choses qui appartiennent à la volonté quand elle est dévastée ; ainsi, corrompre se rapporte aux persuasions, et violence aux cupidités.
622. Que Corrompre se rapporte aux persuasions, on le voit dans Ésaïe : « Ils ne feront point de mal, et ils ne Corrompront point dans toute la montagne de ma sainteté, parce que remplie sera la terre de science de par Jéhovah. » – XI. 9 ; et pareillement, LXV. 25 ; – là, faire le mal concerne la volonté ou les cupidités ; corrompre concerne l’entendement ou les persuasions du faux. Dans le Même : « Malheur à la nation pécheresse, au peuple chargé d’iniquité, à la semence de malfaisants, aux fils Corrupteurs. » – I. 4 ; – là, comme ailleurs, les nations et la semence des malfaisants sont prises pour les maux qui appartiennent à la volonté ou aux cupidités ; le peuple et les fils corrupteurs sont pris pour les faux qui appartiennent à l’entendement ou aux persuasions. Dans Ézéchiel : « Tu es Corrompue plus qu’elles dans tous tes chemins. » – XVI. 47 ; – là, corrompre se dit des choses qui appartiennent à l’entendement, à la raison ou à la pensée, car le chemin est un mot qui signifie la vérité. Dans David : « Ils se sont Corrompus, et ils ont fait œuvre abominable. » – Ps. XIV. 1 ; – corrompu est là pour d’affreuses persuasions, et abominable pour de hideuses cupidités, qui sont dans l’œuvre ou par lesquelles existe l’œuvre. Dans Daniel : « Après les soixante-deux semaines sera retranché le Messie, et non pour Lui ; et le peuple du chef qui viendra corrompra la cité et le Sanctuaire, et sa fin avec inondation (sera) », – IX. 26 ; – pareillement corrompre concerne les persuasions du faux, auxquelles se rapporte l’inondation.
623. Que la terre remplie de violence se dise de hideuses cupidités, et principalement de cupidités qui appartiennent à l’amour de soi ou à un faste insolent, on le voit d’après la Parole : il est dit violence, quand on fait violence aux choses saintes, en les profanant, comme firent ces antédiluviens, qui plongèrent les doctrinaux de la foi dans des cupidités de tout genre. Ainsi, dans Ézéchiel : « Je détournerai mes faces d’eux, et ils profaneront mon (lieu) secret ; et que des brigands y viennent, et ils le profaneront. Fais la chaîne, car la terre est pleine de jugement de sangs, et la ville est pleine de violence. » – VII. 22, 23, 24 ; – il est décrit quels sont les violents, et qu’ils sont tels qu’il a été dit. Dans le Même : « Leur pain avec sollicitude ils mangeront, et leurs eaux dans la désolation ils boiront, afin que sa terre soit dévastée de sa plénitude, à cause de la Violence de tous ceux qui y habitent. » – XII. 19 ; – le pain qu’ils mangeront avec sollicitude, ce sont les célestes ; les eaux qu’ils boiront dans la désolation, ce sont les spirituels, auxquels ils ont fait violence ou qu’ils ont profanés. Dans Ésaïe : « Leurs toiles ne seront point pour vêtement, et ils ne se couvriront point de leurs œuvres ; leurs œuvres, œuvres d’iniquité, et acte de Violence (il y a) dans les paumes de leurs mains. » – LIX. 6 ; – là, les toiles et les vêtements s’appliquent aux choses qui sont d’entendement ou de pensée, l’iniquité et la violence à celles qui sont de volonté ou d’œuvres. Dans Jonas : « Qu’ils se détournent chacun de son chemin mauvais et de la Violence qui (est) dans les paumes de leurs mains. » – III. 8 ; – là, le chemin mauvais se dit des faux qui appartiennent à l’entendement, et la violence se dit des maux qui appartiennent à la volonté. Dans Jérémie : « Elle viendra dans l’année la rumeur, et Violence en la terre. » – LI. 46 ; – la rumeur est prise pour les choses d’entendement, et la violence pour celles de volonté. Dans Ésaïe : « Point il n’a fait de Violence, et point de fraude en sa bouche. » – LIII. 9 ; – la violence s’applique là aux choses de volonté, et la fraude en la bouche à celles d’entendement.
624. Qu’il s’agisse ici d’un état où il n’y a pas Église, on le voit en ce que, ici et dans la suite de ce Chapitre, il est dit Dieu, tandis que dans ce qui précède il est dit Jéhovah ; quand il n’y a pas Église, il est dit Dieu ; mais quand il y a Église, il est dit Jéhovah : ainsi, dans le premier Chapitre de la Genèse, lorsqu’il n’y avait pas Église, il a été dit Dieu, tandis que dans le Chapitre suivant, lorsqu’il y a eu Église, il a été dit Jéhovah Dieu. Le nom Jéhovah est très-saint, et n’appartient qu’à l’Église ; mais il n’en est pas de même du mot Dieu, parce qu’il n’y a pas eu de nation qui n’ait eu des Dieux, c’est pourquoi le mot Dieu n’est pas aussi saint. Il n’est permis de nommer Jéhovah qu’à celui qui a la connaissance de la vraie foi ; mais tout homme peut nommer Dieu.
625. Vers. 12. Et Dieu vit la terre, et voici, elle était corrompue, parce que toute chair avait corrompu son chemin sur la terre. – Dieu vit la terre, signifie que Dieu connaissait l’homme : elle était corrompue, signifie que tout était faux : parce que toute chair avait corrompu son chemin sur la terre, signifie que le corporel de l’homme avait détruit tout entendement du vrai.
626. Dieu vit la terre, signifie que Dieu connaissait l’homme : cela peut être évident pour chacun ; car Dieu, qui d’éternité connaît tout en général et en particulier, n’a pas besoin de voir si l’homme est de telle ou telle qualité : voir est quelque chose d’humain ; aussi, comme il a été dit au Vers. 6 et ailleurs, Dieu a-t-il parlé selon ce qui apparaît dans l’homme, au point que même il est dit voir de ses yeux.
627. Parce que toute chair avait corrompu son chemin sur ta terre, signifie que le corporel de l’homme avait détruit tout entendement du vrai : on le voit par la signification de la Chair, dont il a déjà été parlé, Vers. 3, en ce que c’est en général tout homme, et en particulier l’homme corporel ou tout ce qui est corporel ; et par la signification du Chemin, en ce que c’est l’entendement du vrai ou la Vérité elle-même : que le Chemin se dise de l’Entendement du vrai ou de la vérité, on peut le voir par ce qui a été déjà rapporté çà et là, et en outre par les passages qui suivent. Dans Moïse : « Jéhovah dit : Lève-toi, descends vite d’ici, parce qu’il s’est corrompu, ton peuple ; ils se sont subitement écartés du Chemin que je leur ai commandé ; ils se sont fait une idole de fonte. » – Deutér. IX. 12, 16 ; – là, il s’agit des préceptes qui sont les vérités. Dans Jérémie : « Toi, dont les yeux sont ouverts sur tous les Chemins des fils de l’homme (hominis), pour donner à l’homme (viro) selon ses Chemins, et selon le fruit de ses œuvres. » – XXXII. 19 ; – les chemins sont la vie selon les préceptes ; le fruit des œuvres est la vie d’après la charité : ainsi, le chemin se dit des vrais qui appartiennent aux préceptes et aux commandements ; il en est de même des fils de l’homme et de l’homme, comme il a été montré ci-dessus ; pareillement dans Jérémie – VII. 3. XVII. 10. – Dans Hosée : « Je visiterai sur lui ses Chemins, et ses œuvres je lui rendrai. » – IV. 9. – Dans Zacharie : « Revenez de vos Chemins mauvais et de vos œuvres mauvaises. Comme Jéhovah Sébaoth avait pensé nous faire selon nos Chemins et selon nos œuvres. » – I. 4, 6 ; – il en est de même ici, mais dans un sens opposé à celui qui précède, parce que les chemins et les œuvres sont mauvais. Dans Jérémie : « Je leur donnerai un seul cœur et un seul Chemin. » – XXXII. 39 ; – le cœur est pris pour les biens, et le chemin pour les vrais. Dans David : « Fais-moi comprendre le Chemin de tes commandements. Éloigne de moi le Chemin du mensonge, et de ta loi gratifie-moi. Le Chemin de la vérité j’ai choisi. Par le Chemin de tes préceptes je courrai. » – Ps. CXIX. 26, 27, 29, 30, 32, 35 ; – là, le chemin des commandements et des préceptes est appelé le chemin de la vérité, auquel est opposé le chemin du mensonge. Dans le Même : « Tes Chemins, Jéhovah ! fais-moi connaître ; tes Sentiers enseigne-moi. Guide-moi dans ta vérité, et enseigne-moi. » – Ps. XXV. 4, 5 ; – le chemin encore, manifestement, pour la vérité. Dans Ésaïe : « Avec qui Jéhovah a-t-il pris conseil, et qui L’a instruit, et Lui a enseigné le Sentier du jugement, et Lui a enseigné la science, et Lui a fait connaître le Chemin des intelligences ? » – XL. 14 ; – le chemin, évidemment, pour l’entendement du vrai. Dans Jérémie : « Ainsi a dit Jéhovah : Tenez-vous sur les Chemins, et voyez, et informez-vous des Sentiers du siècle, quel est le bon Chemin, et marchez-y. » – VI. 16 ; – pareillement il s’agit de l’entendement du vrai. Dans Ésaïe : « Je conduirai les aveugles dans un Chemin qu’ils n’ont point connu ; dans des Sentiers qu’ils n’ont pas connus je les conduirai. » – XLII. 16. – Aux vrais s’appliquent et le chemin, et le sentier, et la voie, et la place et la rue, parce qu’ils conduisent au vrai. Dans Jérémie encore : « On les a fait se heurter dans leurs Chemins, les sentiers du siècle, pour marcher dans des sentiers, Chemin non frayé. » – XVIII. 15. – Pareillement, dans le Livre des Juges : « Dans les jours de Jaël il n’y eut plus de voies, et ceux qui marchaient par sentiers marchaient par voies tortueuses ; il n’y eut plus de rues dans Israël. » – V. 6, 7.
628. Ici, le sens interne est que tout homme sur la terre où était l’Église, quel qu’il fût d’ailleurs, avait corrompu son chemin, de sorte qu’il ne comprenait pas le vrai, parce que tous les hommes étaient devenus corporels, non-seulement ceux dont il est parlé dans le Verset précédent, mais même ceux qui sont appelés Noach, et dont il s’agit ici et spécialement dans le Verset suivant ; car ils étaient tels avant d’avoir été régénérés. Ceci est dit d’abord, parce que plus tard il s’agit de leur Régénération ; et, parce qu’il restait en eux peu de chose de l’Église, il est dit ici Dieu et non Jéhovah. Dans ce Verset, il est signifié qu’il n’y avait point de vrai ; et, dans le Verset suivant, qu’il n’y avait point de bien ; il y en avait seulement dans les restes (reliquiae), qui étaient chez ceux qui sont appelés Noach, car sans restes (reliquiae) il ne saurait y avoir de régénération : il y en avait aussi dans les doctrinaux que l’on connaissait ; mais il n’y avait pas l’entendement du vrai, qui ne peut jamais être que là où est la volonté du bien ; là où il n’y a pas la volonté, il n’y a pas non plus l’entendement, et telle est la volonté, tel est l’entendement. Chez les Très-Anciens, il y avait la volonté du bien, parce qu’il y avait l’amour envers le Seigneur, et par suite il y avait l’entendement du vrai ; mais cet entendement fut totalement détruit avec la volonté. Il était resté une sorte de vrai rationnel et de bien naturel chez ceux qui sont appelés Noach, et c’est pour cela aussi qu’ils ont pu être régénérés.
629. Vers. 13. Et Dieu dit à Noach : La fin de toute chair est venue devant Moi, parce que la terre a été remplie de violence par leurs faces, et voici, je les détruirai avec la terre. – Dieu dit, signifie que la chose fut ainsi : la fin de toute chair est venue devant Moi, signifie que le genre humain ne pouvait éviter de périr : parce que la terre a été remplie de violence, signifie parce qu’il n’y avait plus aucune volonté du bien : voici, je les détruirai avec la terre, signifie que le genre humain périrait avec l’Église.
630. Dieu dit, signifie que la chose fut ainsi : on le voit en ce que chez Jéhovah il n’y a rien que l’Être.
631. La fin de toute chair est venue devant Moi, signifie que le genre humain ne pouvait éviter de périr : on le voit par les expressions elles-mêmes, et aussi par la signification de la Chair, en ce que c’est tout homme en général, et tout homme corporel en particulier, ainsi qu’il a été montré ci-dessus.
632. La terre a été remplie de violence, signifie parce qu’il n’y avait plus aucune volonté du bien : on le voit d’après ce qui a déjà été dit et montré, Vers. 11, sur la signification de la violence ; dans le Verset précédent, il a été dit de l’Entendement du vrai, et il est dit ici de la Volonté du bien, qu’ils ont été détruits l’un et l’autre chez l’homme de l’Église.
633. Voici comment se passe la chose : Il n’y a chez qui que ce soit aucun Entendement du vrai, ni aucune Volonté du bien ; il n’y en a pas même eu chez ceux qui furent de la Très-Ancienne Église ; mais lorsqu’on devient céleste, il semble qu’on a en soi comme une Volonté du bien et comme un Entendement du vrai, mais cette Volonté et cet Entendement appartiennent au Seigneur Seul ; et même, on le sait, on le reconnaît, on le perçoit ; il en est de même chez les Anges ; c’est au point que quiconque ne sait, ne reconnaît, ni ne perçoit qu’il en est ainsi, ne possède absolument rien de l’entendement du vrai ni de la volonté du bien. Chez n’importe quel homme, chez n’importe quel Ange, fût-ce même le plus céleste, le propre n’est que faux et que mal ; en effet, il est connu que les Cieux ne sont pas purs devant le Seigneur, et que tout Bien et tout Vrai appartiennent au Seigneur Seul ; mais selon que l’homme et l’Ange peuvent être perfectionnés, ils le sont par la Divine Miséricorde du Seigneur, et ils reçoivent comme un entendement du vrai et comme une volonté du bien, mais il y a seulement apparence qu’ils ont cet entendement et cette volonté. Tous les hommes peuvent être perfectionnés et recevoir par conséquent ce don de la Miséricorde du Seigneur, selon les actes de la vie de chacun d’eux, eu égard au mal héréditaire que chacun a reçu de ses parents.
634. Mais il est très-difficile de dire, de manière à être compris, ce que c’est que l’entendement du vrai et ce que c’est que la volonté du bien dans le sens propre, par la raison que l’homme croit que tout ce qu’il pense appartient à l’entendement, parce qu’il l’appelle ainsi, et que tout ce qu’il désire appartient à la volonté, parce qu’il lui donne ce nom : et il est d’autant plus difficile de le faire comprendre, que la plupart des hommes, aujourd’hui, ignorent aussi que l’intellectuel est distinct du volontaire ; car, quand ils pensent quelque chose, ils disent qu’ils veulent, et quand ils veulent quelque chose, ils disent qu’ils pensent, par conséquent aussi par la raison qu’ils appellent cela ainsi. Il y a, en outre, une autre cause qui empêche de le comprendre facilement, c’est que les hommes sont seulement dans les corporels, ou que leur vie est dans les extrêmes : d’après ces causes, ils ignorent aussi que dans chaque homme il y a quelque chose d’intérieur, et quelque chose de plus intérieur encore, et même un intime ; et que son corporel et son sensuel sont les extrêmes ; que les cupidités et les choses de mémoire sont les intérieurs ; que les affections et les rationnels sont encore plus les intérieurs, et que la volonté du bien et l’entendement du vrai sont les intimes ; et que toutes ces choses sont tellement distinctes entre elles qu’il n’y a absolument rien de plus distinct. L’homme corporel fait un toutes ces choses, et les confond, ce qui fait qu’il croit que, quand son corporel meurt, toutes ces choses aussi doivent mourir, tandis qu’alors cependant il commence d’abord à vivre, et même par les intérieurs qui se succèdent dans leur ordre. Si ces intérieurs n’étaient ainsi distincts et ne se succédaient, les hommes, dans l’autre vie, n’auraient jamais pu être des esprits, être des esprits angéliques, être des anges, lesquels sont ainsi distingués selon les intérieurs ; de là vient qu’il y a trois Cieux très-distincts entre eux. Maintenant, d’après ce qui vient d’être dit, on peut voir quelque peu ce que c’est que l’entendement du vrai et la volonté du bien dans le sens propre, et que dans ce sens l’entendement du vrai et la volonté du bien ne peuvent se dire que de l’homme céleste, ou des Anges du troisième Ciel.
635. Que vers la fin des jours de l’Église antédiluvienne, il y ait eu destruction de tout entendement du vrai et de toute volonté du bien, cela est signifié par ce qui a été dit dans le Verset précédent et dans celui-ci. Chez les antédiluviens, qui s’étaient imbus d’affreuses persuasions et de hideuses cupidités, cette destruction fut telle qu’on n’en voyait pas même quelque vestige ; mais chez ceux qui sont appelés Noach, il y eut des Restes (Reliquiae), qui cependant ne purent présenter quelque chose de l’entendement et de la volonté, mais seulement le vrai rationnel et le bien naturel ; car tel est l’homme, telle est l’opération des Restes (Reliquiae) ; par les Restes ceux-ci ont pu être régénérés, et des persuasions ne s’opposaient point à l’opération du Seigneur par les Restes, et ne la détruisaient point. Les persuasions ou principes enracinés du faux empêchent toute opération, et si on ne commence par les extirper, l’homme ne peut en aucune manière être régénéré. Il en sera parlé, dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur.
636. Je les détruirai avec la terre, signifie que le genre humain périrait avec l’Église : on le voit en ce qu’ici il est dit avec la terre ; car la terre, dans un sens large, signifie l’Amour, comme il a été dit précédemment, ainsi les célestes de l’Église : ici, comme il n’est resté aucun amour, ni rien de céleste, elle signifie l’amour de soi et ce qui est opposé au céleste de l’Église, mais l’homme fut néanmoins homme de l’Église, parce qu’il avait des doctrinaux de la foi ; car, ainsi qu’il a été dit, la terre est le contenant de l’humus, et l’humus le contenant du champ, comme l’amour est le contenant de la foi, et la foi le contenant des connaissances de la foi.
637. Quant à ce que ces expressions, je les détruirai avec la terre, signifient que le genre humain périrait avec l’Église, voici ce qu’il en est. Si l’Église du Seigneur était entièrement détruite sur la terre, le genre humain ne pourrait nullement exister, mais tous les hommes périraient avec tout ce qui existe. Il en est de l’Église comme du cœur, ainsi qu’il a été dit précédemment ; tant que le cœur vit, les viscères qui l’environnent et les membres peuvent vivre ; mais sitôt que le cœur meurt, tout ce qui tient au corps en général et en particulier meurt aussi. L’Église du Seigneur sur la terre est comme le cœur ; c’est d’elle que le genre humain, même en ce qui concerne la partie qui est hors de l’Église, tire la vie ; la cause est absolument ignorée de qui que ce soit ; mais pour qu’on en sache quelque chose, je dirai que tout le genre humain sur la terre est semblable à un corps avec toutes les parties qui le constituent : l’Église est comme le cœur de ce corps, et s’il n’y avait pas d’Église avec laquelle, comme avec une sorte de cœur, le Seigneur fût uni au moyen du Ciel et du monde des esprits, il y aurait disjonction ; et si le genre humain était disjoint du Seigneur, il périrait sur-le-champ. Voilà pourquoi, depuis la première création de l’homme, il y a toujours eu quelque Église ; et toutes les fois que l’Église a commencé à se perdre, elle est néanmoins restée chez quelques hommes. Voilà aussi quelle a été la cause de l’Avènement du Seigneur dans le monde ; s’il ne fût pas venu par un effet de sa Divine Miséricorde, tout le genre humain eût péri sur cette terre ; car l’Église était alors à la dernière extrémité, et à peine restait-il quelque bien et quelque vrai. Si le genre humain ne peut nullement exister sans être conjoint avec le Seigneur au moyen du Ciel et du monde des esprits, en voici la cause ; c’est que l’homme, considéré en lui-même, est beaucoup plus vil que les brutes ; s’il était abandonné à lui-même, il courrait à sa propre ruine et à celle de tous, car il ne désire que sa propre destruction et celle de tous. L’ordre de l’homme serait que l’un aimât l’autre comme soi-même ; mais à présent chacun s’aime par-dessus tous les autres, par conséquent chacun hait tous les autres. Il en est tout autrement des animaux brutes : il y a pour eux un ordre selon lequel ils vivent, ainsi ils vivent absolument selon l’ordre dans lequel ils sont, tandis que l’homme vit absolument contre l’ordre ; c’est pourquoi, si le Seigneur n’avait pitié de lui et ne se le conjoignait par le moyen des Anges, il n’aurait pas pu vivre un seul instant : voilà ce que l’homme ignore.
638. Vers. 14. Fais-toi une arche de bois de Gopher : par loges tu feras l’Arche, et tu l’enduiras en dedans et en dehors de bitume. – Par l’Arche est signifié l’homme de cette Église : par les bois de Gopher, sont signifiées ses convoitises : par les loges, les deux parties de l’homme qui appartiennent à sa volonté et à son entendement : par l’enduire en dedans et en dehors de bitume, sa préservation de l’inondation des cupidités.
639. Par l’Arche est signifié l’homme de cette Église, ou l’Église appelée Noach : on peut suffisamment le voir par la description qui en est faite dans ce qui suit ; puis, en ce que la Parole du Seigneur enveloppe partout des spirituels et des célestes, c’est-à-dire que la Parole du Seigneur est spirituelle et céleste. Si l’Arche avec son enduit de bitume, sa dimension et sa construction, comme aussi le déluge, ne signifiaient que ce que le sens de la lettre rapporte, il n’y aurait absolument rien de spirituel ni de céleste ; ce serait seulement une sorte d’historique qui ne fournirait pas au genre humain plus d’instruction que tout autre historique décrit par des auteurs profanes ; mais, comme la Parole du Seigneur contient et enveloppe partout dans son sein, ou dans ses replis les plus secrets, des spirituels et des célestes, on voit clairement que par l’arche, et par toutes les choses qui sont dites de l’arche, il est signifié des arcanes non encore dévoilés : pareillement aussi ailleurs, par exemple, par cette petite arche dans laquelle Moïse fut renfermé, et qui fut placée parmi les roseaux sur le bord du fleuve, – Exod. II. 3, – et des arcanes encore plus profonds par l’Arche sainte dans le désert, qui fut construite selon le type montré à Moïse sur la montagne du Sinaï, et qui n’eut été qu’une sorte d’idole et l’objet d’un culte idolâtrique, si son ensemble et toutes les choses qui la composaient n’eussent été des représentatifs du Seigneur et de son Royaume ; pareillement le Temple de Salomon, qui ne fut jamais saint par lui-même, ou par l’or, l’argent, le cèdre et les pierres qui y furent employés, mais qui tirait sa sainteté de chacune des choses que ces objets y représentaient ; pareillement ici, si l’Arche et sa construction avec tous les détails qui la concernent ne signifiaient pas quelque arcane de l’Église, la Parole ne serait pas la Parole du Seigneur, ce serait une lettre morte, comme chez quelque écrivain profane. D’après cela on voit que l’Arche signifie l’homme de l’Église, ou l’Église appelée Noach.
640. Par les bois de Gopher sont signifiées les convoitises, et par les loges, les deux parties de l’homme, qui appartiennent à sa volonté et à son entendement : c’est ce qu’on ne sait pas encore, et personne ne peut connaître la cause de ces significations, s’il n’est pas dit auparavant ce qui s’est passé au sujet de cette Église. La Très-Ancienne Église, comme il a été dit souvent, connaissait par l’amour tout ce qui appartenait à la foi, ou, ce qui est la même chose, elle avait par la volonté du bien l’entendement du vrai. Mais les descendants des Très-Anciens furent entraînés par l’héréditaire à laisser dominer chez eux les cupidités qui appartiennent à la volonté, dans lesquelles ils plongèrent les doctrinaux de la foi, par là ils devinrent Néphilim. Comme donc le Seigneur avait prévu que si l’homme restait dans une telle nature, il périrait pour l’éternité, il fut en conséquence pourvu par le Seigneur à ce que le volontaire fût séparé de l’intellectuel, et que l’homme fût formé, non par la volonté du bien, comme précédemment, mais que, par l’entendement du vrai, il lui fût donné la charité qui paraît comme une volonté du bien. Telle a été formée cette Nouvelle Église appelée Noach ; et ainsi elle fut d’un tout autre caractère que la Très-Ancienne Église. Outre cette Église, il y en eut aussi d’autres dans ce même temps ; par exemple, celle qui fut appelée Énosch, dont il a été parlé ci-dessus, Chap. IV. Vers. 25, 26 ; puis encore d’autres dont il n’existe ni pareille mention ni pareille description. Ici est décrite seulement l’Église appelée Noach, parce qu’elle a été tout autre que la Très-Ancienne Église et d’un caractère absolument différent.
641. Comme cet homme de l’Église devait être réformé quant à cette partie de l’homme qui est appelée Entendement, avant de pouvoir être réformé quant à l’autre partie qui est appelée Volonté, ici est décrit comment les choses qui appartenaient à la volonté ont été séparées de celles qui appartenaient à l’entendement, et pour ainsi dire cachées et réservées, afin que rien ne touchât à cette partie : car si les choses qui appartenaient à la volonté, c’est-à-dire à la cupidité, avaient été excitées, l’homme aurait péri, comme il sera, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, montré dans la suite. Ces deux parties, l’Entendement et la Volonté, ont été tellement séparées chez l’homme, qu’il n’y a rien de plus distinct, ce qu’il m’a été donné aussi de savoir d’une manière manifeste, par cela que les intellectuels des esprits et des anges influent dans la partie gauche de la Tête ou du Cerveau, tandis que les volontaires influent dans la partie droite, pareillement quant à la face ; quand l’influx vient des esprits angéliques, il est léger et ressemble à un souffle très-doux ; mais quand il vient des mauvais esprits, il ressemble alors à une inondation, dans la partie gauche du cerveau avec des fantaisies et des persuasions hideuses, et dans la partie droite avec des cupidités ; leur influx est comme une inondation de fantaisies et de cupidités.
642. Par ce qui précède, on peut voir ce qu’enveloppe cette première description de l’Arche, dans sa construction en bois de Gopher, ses loges et son enduit de bitume en dedans et en dehors ; à savoir, que cette partie de l’homme, qui appartient à la volonté, serait préservée de l’inondation, et que serait seulement ouverte cette partie qui appartient à l’entendement, laquelle est décrite au Vers. 16, par la fenêtre, la porte, le premier étage, le second et le troisième. Ces significations sont peut-être incroyables, parce qu’elles ne sont encore venues à l’idée de personne, et parce qu’on n’a jamais pensé que la Parole du Seigneur pût en renfermer de semblables ; cependant elles sont très-vraies : mais des arcanes que l’homme ignore, ceux-là sont les moindres et les plus communs ; si ceux qui sont d’un ordre plus profond lui étaient présentés, il n’en saisirait pas même un seul.
643. Quant à ce qui regarde la signification même des mots, par exemple, que les bois de Gopher signifient les convoitises, et les loges les deux parties de l’homme, on peut le voir par la Parole. Le bois de Gopher est un bois abondant en soufre, comme le sapin et plusieurs autres de ce genre ; à cause du soufre il est dit qu’il signifie les convoitises, parce qu’il prend facilement feu. Les Très-Anciens comparaient et assimilaient les choses qui sont chez l’homme à l’Or, à l’Argent, à l’Airain, au Fer, à la Pierre, au Bois ; son Céleste intime, à l’Or ; son Céleste inférieur, à l’Airain, et l’infime ou le corporel, qui en provient, au Bois ; ils comparaient et assimilaient son spirituel intime à l’Argent, son spirituel inférieur au Fer, et son infime à la Pierre. Quand ces matières sont nommées dans la Parole, elles signifient de telles choses dans le sens interne ; ainsi, dans Esaïe : « Au lieu de l’airain je ferai venir de l’or ; et au lieu du fer je ferai venir de l’argent ; et au lieu des bois de l’airain ; et au lieu des pierres du fer : et je remplacerai ton cens par la paix, et tes exacteurs par la justice. » – LX. 17 ; – là, il s’agit du Royaume du Seigneur, où il y a, non de tels métaux, mais des choses célestes et spirituelles qui sont signifiées, comme on le voit évidemment, en ce qu’il est parlé de paix et de justice ; là, l’or, l’airain et le bois se correspondent et signifient les célestes ou les volontaires, comme il a été dit ; et l’argent, le fer et la pierre se correspondent et signifient les spirituels ou les intellectuels. Dans Ézéchiel : « On enlèvera tes richesses, on pillera tes marchandises, tes pierres et tes bois. » – XXVI. 12 ; – on voit clairement que par les richesses et les marchandises il est signifié des choses célestes et spirituelles, et non des richesses et des marchandises mondaines ; de même aussi par les pierres et les bois, par les pierres les choses qui appartiennent à l’entendement, et par les bois celles qui appartiennent à la volonté. Dans Habakuk : « La pierre, de la muraille, crie ; et la poutre, du bois, lui répond. » – II. 11 ; – la pierre signifie l’infime de l’entendement, et le bois l’infime de la volonté, qui répond quand quelque chose est tiré du scientifique sensuel. Dans le Même : « Malheur à qui dit au Bois : Réveille-toi ; et à la pierre qui se tait : Éveille-toi. Celle-ci enseignera-t-elle ? Celle-ci, voici, couverte d’or et d’argent, et aucun esprit au milieu d’elle ; mais Jéhovah (est) dans le Temple de sa sainteté. » – II. 19, 20 ; – là aussi, le bois est employé pour la cupidité, et la pierre pour l’entendement infime ; c’est pourquoi, en parlant de cette pierre, il est dit se taire et enseigner ; aucun esprit au milieu d’elle signifie qu’elle ne représente rien de céleste ni de spirituel ; de même un temple où la pierre et le bois sont employés, et recouvert d’or et d’argent, pour ceux qui ne pensent point à ce que ces choses représentent. Dans Jérémie : « Nos eaux pour de l’argent nous buvons, nos Bois à grand prix viennent. » – Lament. V. 4 ; – là, les eaux et l’argent signifient les choses d’entendement, et les bois celles de volonté. Dans le Même : « Qui disent au Bois : Mon père, toi ; et à la pierre : Toi, tu nous as enfantés. » – II. 27 ; – là, le bois, c’est la cupidité appartenant à la volonté, par laquelle il y a conception ; et la pierre, c’est le scientifique sensuel, par lequel il y a enfantement. De là on trouve très-souvent dans les Prophètes les expressions, servir le Bois et la Pierre, pour adorer des idoles de bois et de pierre, ce qui signifie être asservi à ses cupidités et à ses fantaisies ; puis aussi, commettre adultère avec le Bois et avec la Pierre, comme dans Jérémie, – III. 9. – Dans Hosée : « Mon peuple interroge son Bois, et son bâton lui répond ; car un esprit de scortations l’a séduit. » – IV. 12 ; – c’est-à-dire qu’il interroge une idole de bois, ou ses cupidités. Dans Ésaïe : « Préparée dès hier, Topheth ; son bûcher, feu et Bois en abondance ; le souffle de Jéhovah, comme un fleuve de soufre brûlant. » – XXX. 33 ; – là, le feu, le soufre et le bois, ce sont de honteuses cupidités. Le bois, en général, signifie les choses qui sont les infimes de la volonté ; les bois précieux, comme le bois de cèdre, et d’autres semblables, signifient des biens ; tels étaient les bois de cèdre dans le Temple, et le bois de cèdre employé dans la purification de la lèpre, – Lévit. XIV. 4, 6, 7 ; – et le bois jeté dans les eaux amères de Marah, par lequel les eaux devinrent douces, – Exod. XV. 25 ; – il en sera parlé, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, lorsqu’il s’agira de ces passages. Mais les bois non précieux et ceux dont on faisait des images taillées, ainsi que ceux employés pour un bûcher et d’autres bois semblables, signifient des cupidités, comme ici le bois de Gopher en raison du soufre qu’il contenait ; ainsi dans Ésaïe : « Jour de vengeance il y aura pour Jéhovah ; ses torrents seront changés en poix, et sa poussière en Soufre, et sa terre deviendra poix ardente. » – XXXIV. 9 ; – la poix signifie d’horribles fantaisies, et le soufre de honteuses cupidités.
644. Par les Loges sont signifiées les deux parties de l’homme qui appartiennent à la volonté et à l’entendement : on le voit d’après ce qui a été dit, que ces deux parties, volonté et entendement, sont très-distinctes entre elles, et que c’est pour cette raison que le Cerveau humain, comme il a été dit, a été divisé en deux parties, que l’on nomme hémisphères ; à l’hémisphère gauche appartiennent les intellectuels ; à l’hémisphère droit, les volontaires ; cette distinction est la plus commune ; en outre la Volonté et l’Entendement sont distingués en parties innombrables ; car il y a tant de divisions parmi les intellectuels de l’homme et tant de divisions parmi ses volontaires, qu’il serait impossible de les exprimer ou de les énumérer, quant à leurs genres universels, et à plus forte raison quant à leurs espèces. L’homme est comme une sorte de très-petit ciel, qui correspond au monde des esprits et au Ciel, où tous les genres et toutes les espèces d’intellectuels et de volontaires ont été distingués par le Seigneur, dans un ordre si exact qu’il n’y a pas le plus petit d’entre eux qui n’ait une place distincte ; il en sera parlé, dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur. Ces divisions sont appelées, dans le Ciel, Sociétés ; dans la Parole, Habitacles, et par le Seigneur, dans Jean, Demeures ; – XIV. 2 ; – mais ici loges ou demeures, parce qu’elles se disent de l’Arche, par laquelle est signifié l’homme de l’Église.
645. Par l’enduire en dedans et en dehors de bitume, est signifiée sa préservation de l’inondation des cupidités : on le voit par ce qui a été dit précédemment ; car l’homme de cette Église devait d’abord être réformé quant à ses intellectuels, c’est pourquoi il a été préservé de l’inondation des cupidités, qui auraient détruit tout l’ouvrage de la réformation. À la vérité, dans le texte original, ne se lit point l’expression enduire de bitume, mais il est employé un mot qui dénote la protection, mot dérivé d’expier ou rendre propice, c’est pourquoi il enveloppe une semblable signification ; l’expiation ou la propitiation du Seigneur est une protection contre l’inondation du mal.
646. Vers. 15. Et ainsi tu la feras : De trois cents coudées la longueur de l’Arche, de cinquante coudées sa largeur, et de trente coudées sa hauteur. – Par les nombres, ici comme ci-dessus, sont signifiés les Restes (Reliquiae), en ce qu’ils étaient en petite quantité : la longueur en est le saint ; la largeur, le vrai, et la hauteur, le bien.
647. Que telles soient les significations de ces choses, il est impossible que cela ne paraisse pas étrange et bien loin du sens de la lettre ; qu’ainsi les nombres trois cents, cinquante et trente signifient les Restes, et même en petite quantité ; et que la Longueur, la Largeur et la Hauteur signifient ce qui en est le saint, le vrai et le bien ; mais outre ce qui a été dit et expliqué sur les Nombres, au Verset 3 de ce Chapitre, où il a été montré que cent vingt signifient les Restes de la foi, chacun peut aussi s’en rendre compte, en ce que ceux qui sont dans le sens interne, comme les bons Esprits et les Anges, sont hors de toutes ces choses, qui sont terrestres, corporelles et purement mondaines, ainsi hors de tout ce qui tient aux nombres et aux mesures, et que cependant il leur est donné par le Seigneur de percevoir pleinement la Parole, et cela avec complète abstraction des choses du monde ; et comme c’est là une vérité, on peut en conclure que ces choses enveloppent des célestes et des spirituels ; ceux-ci sont si éloignés du sens de la lettre qu’il ne peut pas même y avoir d’apparence qu’ils soient tels, comme sont en général et en particulier les célestes et les spirituels. Par là aussi l’homme peut savoir combien il est insensé de vouloir, par les sensuels et par les scientifiques, sonder les choses qui appartiennent à la foi, et de ne pas les croire avant de les saisir de cette manière.
648. Que les Nombres et les Mesures, dans la Parole, signifient des célestes et des spirituels, on peut avec évidence s’en convaincre d’après la mesure de la Nouvelle Jérusalem et du Temple, dans Jean et dans Ézéchiel. Chacun peut voir que par la Nouvelle Jérusalem et le Nouveau Temple il est signifié le Royaume du Seigneur dans les Cieux et sur les terres, et que le Royaume du Seigneur dans les Cieux et sur les terres n’est point soumis aux mesures terrestres ; et cependant les dimensions, quant à la longueur, la largeur et la hauteur, sont désignées par des nombres. De là chacun peut conclure que les nombres et les mesures signifient des choses saintes : ainsi, dans Jean : « Il me fut donné un roseau semblable à un bâton, et l’Ange se présenta, disant : Lève-toi, et mesure le Temple de Dieu, et l’Autel, et ceux qui y adorent. » – Apoc. XI. 1 ; – et au sujet de la Nouvelle Jérusalem : « La muraille de là Jérusalem Céleste (était) grande et élevée, ayant douze portes, et sur les portes douze Anges, et des Noms inscrits, qui sont (ceux) des douze Tribus des fils d’Israël ; à l’orient trois portes, au septentrion trois portes, au midi trois portes, à l’occident trois portes. La muraille de la Ville avait douze fondements, et en eux les noms des douze Apôtres de l’Agneau. Celui qui parlait avec moi avait un roseau d’or pour mesurer la Ville, et ses portes, et sa muraille ; la Ville en carré est posée, et sa Longueur est d’autant que sa Largeur ; et il mesura la Ville au roseau, en stades, douze fois mille ; sa Longueur et sa Largeur et sa Hauteur étaient égales. Il en mesura la muraille, cent quarante-quatre coudées, mesure d’homme, c’est-à-dire, d’Ange. » – Apoc. XXI. 12, 13, 14, 15, 16, 17. – Ici se présente partout le nombre douze, nombre très-saint, parce qu’il signifie les choses saintes de la foi, comme il a été dit ci-dessus, au Verset 3 de ce Chapitre, et comme il sera montré, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, dans les Chap. XXIX et XXX de la Genèse ; c’est pour cela qu’il est aussi ajouté que cette mesure est mesure d’homme, c’est-à-dire, d’Ange. Il en est de même du Nouveau Temple et de la Nouvelle Jérusalem dans Ézéchiel ; ils sont aussi décrits selon les mesures : XL. 3, 5, 7, 9, 11, 13, 14, 22, 25, 30, 36, 42, 47. XLI. 1 jusqu’à la fin. XLII. 5 à 15. Zachar. II. 5, 6 : – là aussi les nombres, considérés en eux-mêmes, ne signifient rien ; mais, abstraction faite des nombres, il y a le saint céleste et le saint spirituel. Il en est de même aussi de tous les nombres dans les dimensions de l’Arche, – Exod. XXV. 10, – du Propitiatoire, dans la Table d’or, de l’Habitacle, de l’Autel, – Exod. XXV. 10, 17, 23. XXVI. XXVII. 1 ; – et de tous les nombres et de toutes les dimensions du Temple. – I Rois VI. 2, 3, – sans parler de beaucoup d’autres.
649. Mais ici les nombres ou les mesures de l’arche ne signifient autre chose que les Restes qui étaient chez l’homme de cette Église, lorsqu’il était réformé, et même que ces restes étaient en petite quantité ; cela résulte de ce que dans ces nombres domine le nombre Cinq, qui, dans la Parole, signifie quelque ou peu : ainsi, dans Ésaïe : « Il restera en lui des grappillages, comme au secouage de l’olivier, deux, trois baies au sommet du faîte, quatre, cinq, aux branches du fertile. » – XVII. 6 ; – là, deux, trois et cinq sont pris pour une petite quantité. Dans le Même : « Un millier devant la menace d’un seul, devant la menace de cinq, vous fuirez, jusqu’à ce que vous soyez de reste comme le mât sur le sommet de la montagne. » – XXX. 17 ; – là aussi il s’agit d’une petite quantité. Le minimum de l’amende, au sujet de la restitution, était la Cinquième partie ; – Lévit. V. 16. XXII. 14. Nomb. V. 7 ; – et le minimum de l’augmentation, lorsqu’on rachetait une bête, une maison, un champ, des dîmes, était aussi la Cinquième partie. – Lévit. XXVII. 13, 15, 19, 31.
650. Que la Longueur signifie le saint, la Largeur le vrai, et la Hauteur le bien des Restes, dont la description est donnée par les nombres, cela ne peut pas être confirmé de même d’après la Parole, parce que ces expressions sont des attributs qui dépendent, en général et en particulier, du sujet ou de la chose de laquelle il s’agit. Par exemple, la Longueur, appliquée au temps, signifie le perpétuel et l’éternel, comme la longueur des jours, – Ps. XXIII. 6. XXI. 5 ; – mais, appliquée à l’espace, elle signifie le saint de la chose désignée par l’espace. Il en est de même de la Largeur et de la Hauteur. Cette triple dimension de toutes choses est pour les terrestres, mais on ne peut pas appliquer de semblables dimensions aux Célestes ni aux Spirituels ; lorsqu’elles sont appliquées à des sujets, on doit faire abstraction des dimensions et entendre une perfection plus grande ou plus petite du sujet, et ensuite sa qualité et sa quantité. Par exemple, ici la qualité consiste en ce qu’il y a des Restes, et la quantité, en ce qu’ils sont en petit nombre.
651. Vers. 16. Une fenêtre tu feras à l’arche, et à une coudée tu la termineras en haut ; et la porte de l’arche en son côté tu placeras ; avec un bas étage, un second et un troisième tu la feras. – Par la fenêtre qui devait être terminée à une coudée en haut est signifié l’intellectuel : par la porte sur le côté est signifiée l’audition, ou l’action d’entendre ; par le bas étage, le second et le troisième sont signifiés les scientifiques, les rationnels et les intellectuels.
652. Que la fenêtre signifie l’intellectuel, et la porte l’action d’entendre, et qu’ainsi, dans ce Verset, il s’agisse de la partie intellectuelle de l’homme, on peut le voir par ce qui a été dit précédemment, à savoir, que l’homme de cette Église était réformé de cette manière : Il y a dans l’homme deux vies : l’une est la vie de la volonté, l’autre est celle de l’entendement ; elles deviennent deux vies lorsque la volonté est rendue nulle et qu’au lieu de volonté il y a cupidité ; c’est l’autre partie, ou la partie intellectuelle, qui alors peut être réformée, et ensuite par elle une nouvelle volonté peut être donnée, de telle sorte qu’elles ne constituent néanmoins qu’une seule vie, à savoir, la charité et la foi. Comme alors l’homme était tel qu’il n’y avait aucune volonté, mais au lieu de la volonté une pure cupidité, cette partie qui appartient à la volonté était fermée, comme il a été dit, Vers. 16, et l’autre partie, ou la partie intellectuelle, dont il est question dans ce Verset, était ouverte.
653. Voici ce qui se passe quand l’homme est réformé, ce qui a lieu par des combats et par des tentations : alors lui sont associés de mauvais esprits, qui n’excitent que ses scientifiques et ses rationnels, et en même temps les esprits qui excitent les cupidités sont tout-à-fait éloignés de lui ; car il y a deux genres de mauvais esprits ; les uns agissent sur les raisonnements de l’homme, et les autres sur ses cupidités. Les mauvais esprits, qui excitent les raisonnements de l’homme, tirent de lui tous les faux, et s’efforcent de lui persuader que les faux sont des vrais ; bien plus, ils tournent même les vrais en faux ; contre ces esprits l’homme doit combattre, tant qu’il est dans les tentations ; mais c’est le Seigneur qui combat par les anges adjoints à l’homme. Après que les faux ont été séparés et comme dissipés par les combats, l’homme se trouve préparé à pouvoir recevoir les vrais de la foi ; car tant que les faux règnent, l’homme ne peut nullement recevoir les vrais de la foi, parce que les principes du faux s’y opposent. Dès que l’homme a été préparé de manière qu’il puisse recevoir les vrais de la foi, alors, pour la première fois, les semences célestes, qui sont les semences de la charité, peuvent être répandues en lui : les semences de la charité ne peuvent jamais être répandues dans un humus où règnent des faux, mais il leur faut un humus où règnent des vrais. Ainsi s’opère la réformation ou la régénération de l’homme spirituel ; il en a été aussi de même pour l’homme de cette Église, qui est appelée Noach : c’est pour cela qu’ici il s’agit maintenant de la fenêtre et de la porte de l’arche, et de ses loges du bas étage, du second et du troisième, toutes choses qui concernent l’homme spirituel ou intellectuel.
654. Ce que l’on sait maintenant dans les Églises d’aujourd’hui, c’est que la foi vient par audition ; mais la foi n’est nullement la connaissance des choses de foi, ou la connaissance des choses qu’il faut croire ; cela est seulement de la science ; mais la foi en est la Reconnaissance ; or, jamais cette reconnaissance n’est possible chez l’homme à moins qu’il n’y ait chez lui le principal de la foi, lequel est la charité, c’est-à-dire, l’amour à l’égard du prochain et la miséricorde ; quand il y a charité, alors il y a reconnaissance, ou alors il y a foi. Celui qui saisit autrement est aussi éloigné de la connaissance de la foi que la terre est éloignée ou distante du Ciel. Quand la charité, qui est la bonté de la foi, est présente, alors est présente la reconnaissance, qui est la vérité de la foi : c’est pourquoi, quand l’homme est régénéré selon les scientifiques, les rationnels et les intellectuels, c’est dans le but que son humus, ou son mental, soit préparé pour recevoir la charité, par laquelle ou par la vie de laquelle il pense ensuite et agit ; alors il a été réformé ou régénéré, non auparavant.
655. Que par la fenêtre qui devait être terminée à une coudée en haut soit signifié l’intellectuel, chacun peut le voir d’après ce qui a été dit jusqu’à présent ; puis, en ce que l’intellectuel ne peut pas être comparé à autre chose qu’à une fenêtre en haut, lorsqu’il s’agit de la construction de l’arche, et que par l’arche est signifié l’homme de l’Église. Dans la Parole, est appelé pareillement Fenêtre l’intellectuel de l’homme, soit qu’il s’agisse de sa raison ou de son raisonnement, c’est-à-dire, de sa vue interne, comme dans Ésaïe : « Affligée, par la tempête agitée, non consolée, je ferai en agate tes soleils (Fenêtres), et tes portes en pierres d’escarboucle, et toute ton enceinte en pierres de désir. » – LIV. 11, 12 ; – là, au lieu de fenêtres est employée l’expression soleils, à cause de la lumière qui est introduite ou transmise par les fenêtres ; les soleils ou fenêtres y sont les intellectuels, et cela d’après la charité ; c’est pour cela qu’ils sont assimilés à l’agate ; les portes sont les rationnels qui en dérivent ; et l’enceinte, le scientifique et le sensuel : il s’agit là de l’Église du Seigneur. Toutes les Fenêtres du Temple de Jérusalem représentaient la même chose : celles d’en haut, les intellectuels ; celles du milieu, les rationnels, et celles d’en bas, les scientifiques et les sensuels ; car il y avait trois étages ; – I Rois VI. 4, 6, 8. – Il en est de même des Fenêtres de la Nouvelle Jérusalem, dans Ézéchiel, – XL. 16, 22, 25, 33, 36. – Dans Jérémie : « La mort est montée par nos Fenêtres, elle est venue dans nos palais, pour détruire l’enfant dans la rue, les jeunes gens dans les places. » – IX. 20 ; – là, il s’agit des fenêtres de l’étage du milieu ; ce sont les rationnels dans un état d’extinction : l’enfant dans la rue, c’est la vérité naissante. Comme les fenêtres signifient les intellectuels et les rationnels qui appartiennent au vrai, elles signifient aussi, les rationnels qui appartiennent aux faux, comme on le voit dans le même Prophète : « Malheur à qui bâtit sa maison sans justice, et ses chambres hautes sans jugement ; qui dit : Je me bâtirai une maison de dimensions et des chambres hautes spacieuses, et se taille des Fenêtres, et des lambris en cèdre, et peints au vermillon. » – XXII. 13, 14 ; – les fenêtres, ce sont les principes du faux. Dans Zéphanie : « Au milieu d’elle coucheront des troupeaux de bêtes, toute bête sauvage de cette nation ; tant le pélican que le chippod dans ses corniches logeront ; la voix en retentira à la Fenêtre, la dévastation (sera) sur le seuil. » – II. 14 ; – il s’agit d’Aschur et de Ninive ; Aschur, c’est l’entendement ; ici, l’entendement dévasté ; la voix qui retentit à la fenêtre, ce sont les raisonnements d’après les fantaisies.
656. Que par la porte sur le côté il soit signifié l’audition, on peut maintenant le voir, et il n’est pas besoin de le confirmer par des passages semblables tirés de la Parole ; car il en est de l’oreille à l’égard des organes sensoriaux internes comme d’une porte sur le côté à l’égard d’une fenêtre placée en haut, ou, ce qui est la même chose, comme de l’audition qui appartient à l’oreille à l’égard de l’intellectuel qui appartient au sensorium interne.
657. Que par le bas étage, le second et le troisième il soit signifié les scientifiques, les rationnels et les intellectuels, cela est de même évident : il y a dans l’homme trois degrés d’intellectuels : son degré le plus bas est le scientifique, son intermédiaire est le rationnel, et son suprême est l’intellectuel ; ces trois degrés sont tellement distincts entre eux qu’ils ne se confondent jamais ; mais l’homme l’ignore, et cela, parce qu’il place la vie seulement dans le sensuel et dans le scientifique ; et comme il s’y attache, il ne peut pas même savoir que son rationnel est distinct de son scientifique, à plus forte raison ignore-t-il que son intellectuel est distinct de l’un et de l’autre. Cependant, voici ce qu’il en est : le Seigneur par l’intellectuel chez l’homme influe dans le rationnel, et par le rationnel dans le scientifique de la mémoire ; de là vient la vie des sens, la vue et l’ouïe : c’est là le véritable influx, et c’est là le vrai commerce de l’âme avec le corps. Sans l’influx de la vie du Seigneur dans les intellectuels chez l’homme, ou plutôt dans ses volontaires, et par les volontaires dans ses intellectuels, et par les intellectuels dans ses rationnels, et par les rationnels dans ses scientifiques, qui appartiennent à sa mémoire, il ne peut pas y avoir de vie chez l’homme ; et quoique l’homme soit dans les faux et dans les maux, il y a cependant toujours un influx de la vie du Seigneur par les volontaires et par les intellectuels ; mais les choses qui influent sont reçues dans la partie rationnelle selon sa forme, et cet influx fait que l’homme peut raisonner, peut réfléchir, peut comprendre ce qui est vrai et ce qui est bien ; mais il sera parlé de ce sujet dans la suite, avec la Divine Miséricorde du Seigneur : il sera dit aussi comment la vie est transmise aux brutes.
658. Ces trois degrés qui, en général, sont appelés les degrés des intellectuels de l’homme, à savoir, l’entendement, la raison et la science, ont aussi été signifiés, comme il a été dit, par les fenêtres des trois étages du Temple de Jérusalem, – I Rois VI. 4, 6, 8 ; – puis aussi précédemment par les fleuves qui sortaient du jardin d’Éden du côté de l’Orient, où l’Orient signifie le Seigneur ; Éden, l’Amour qui appartient à la volonté ; le jardin, l’intelligence qui procède de cet amour ; les fleuves, la sagesse, la raison et la science. Voir ce qui en a été dit au Chap. II. Vers. 10, 11, 12, 13, 14.
659. Vers. 17. Et Moi, Me voici amenant le déluge des eaux sur la terre, pour détruire toute chair, dans laquelle (il y a) esprit de vies, de dessous les cieux : tout ce qui (est) en la terre expirera. – Par le déluge est signifiée l’inondation du mal et du faux : pour détruire toute chair, dans laquelle il y a esprit de vies, de dessous les cieux, signifie que toute la postérité de la Très-Ancienne Église se perdrait : tout ce qui est en la terre expirera, signifie ceux qui étaient de cette Église, et qui étaient tombés dans cet état.
660. Par le déluge est signifiée l’inondation du mal et du faux : on le voit d’après ce qui a déjà été dit sur la postérité de la Très-Ancienne Église, que les hommes de cette postérité s’étaient abandonnés à de honteuses cupidités, et avaient plongé dans ces cupidités les doctrinaux de la foi ; que de là étaient venues en eux les persuasions du faux, qui avaient éteint tout vrai et tout bien, et fermé en même temps le chemin aux Restes, pour les empêcher d’opérer ; et qu’ainsi ces hommes ne pouvaient éviter de se perdre. Quand le chemin a été fermé aux Restes, l’homme n’est plus homme, parce qu’il ne peut plus être protégé par les anges, mais il est tout entier possédé par les mauvais esprits, qui ne s’attachent et n’aspirent qu’à détruire l’homme ; de là la mort des Antédiluviens, qui est décrite par le déluge ou par une inondation totale. L’influx des fantaisies et des cupidités par les mauvais esprits ne diffère pas non plus d’une sorte de déluge, c’est même pour cela que, dans la Parole, il est appelé çà et là déluge ou inondation ; il en sera parlé, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, dans les préliminaires du Chapitre suivant.
661. Pour détruire toute chair, dans laquelle il y a esprit de vies, de dessous les cieux, signifie que toute la postérité de la Très-Ancienne Église se perdrait : c’est ce qui résulte de la description qui a déjà été faite de cette postérité, en ce que ces hommes avaient successivement reçu de leurs parents par héritage un tel caractère qu’ils étaient plus que les autres imbus de persuasions si affreuses, et qu’ils tombèrent dans l’état où ils se trouvaient alors, principalement parce qu’ils avaient plongé dans leurs cupidités les doctrinaux qu’ils avaient chez eux. Il n’en a pas été de même à l’égard de ceux qui n’ont nullement les doctrinaux de la foi, et qui vivent entièrement dans l’ignorance ; ceux-ci ne peuvent agir de la même manière ; ainsi, ni profaner les choses saintes, ni d’après cela fermer le chemin aux Restes, ni par conséquent repousser d’auprès d’eux les anges du Seigneur. Les Restes, comme il a été dit, sont toutes les choses d’innocence, toutes celles de charité, toutes celles de miséricorde, et toutes celles de vérité de la foi, que l’homme, dès l’enfance, a reçues du Seigneur et a apprises ; toutes ces choses sont, en général et en particulier, serrées intérieurement ; si l’homme ne les avait pas, il ne pourrait y avoir dans sa pensée ni dans ses actions aucune chose d’innocence, de charité, de miséricorde, par conséquent rien de bien ni de vrai ; par suite il serait pire que les bêtes féroces. Il en serait de même s’il avait de tels restes, mais que par de honteuses cupidités et d’horribles persuasions du faux il leur fermât le chemin au point qu’ils ne pussent opérer. Tels furent les Antédiluviens, qui se perdirent eux-mêmes, lesquels sont entendus par toute chair de dessous les cieux dans laquelle il y a esprit de vies. La chair, comme il a déjà été montré, signifie en général tout homme, et en particulier l’homme corporel ; l’esprit de vies, toute vie, en général, mais proprement la vie de ceux qui avaient été régénérés, par conséquent ici la dernière postérité de la Très-Ancienne Église, dans laquelle postérité, quoiqu’il ne soit resté aucune vie de la foi, cependant, comme elle en avait néanmoins tiré de ses pères quelque semence qu’elle étouffa, elle est appelée ici esprit de vies, ou en les narines de qui il y avait souffle d’esprit de vies, comme au Chapitre VII, Verset 22. La chair de dessous les cieux signifie le purement corporel ; les cieux sont les intellectuels du vrai et les volontaires du bien, lesquels étant séparés du corporel, l’homme ne peut plus vivre. Ce qui soutient l’homme, c’est sa conjonction avec le Ciel, c’est-à-dire, par le Ciel avec le Seigneur.
662. Tout ce qui est en la terre expirera, signifie ceux qui étaient de cette Église, et qui étaient tombés dans cet état. – Que la Terre signifie non pas tout le globe, mais seulement ceux qui avaient été de l’Église, c’est ce qui a été montré précédemment ; ainsi, il ne s’agit nullement ici d’un déluge, et encore moins d’un déluge universel, mais il est entendu l’expiration ou la suffocation de ceux qui existaient alors, quand ils furent séparés des Restes, et ainsi des intellectuels du vrai et des volontaires du bien, et par conséquent des cieux. Que la Terre signifie la contrée où était l’Église, et en conséquence ceux qui l’habitaient, c’est ce qui a déjà été montré par plusieurs passages de la Parole, et va être confirmé encore par ceux-ci : Dans Jérémie : « Ainsi a dit Jéhovah : En désolation sera toute la Terre, et consommation je ne ferai point, à cause de cela en deuil sera la Terre, et assombris seront les cieux. » – IV. 27, 28 ; – la terre est prise ici pour ceux qui habitent là où est l’Église qui a été dévastée. Dans Ésaïe : « J’ébranlerai le Ciel ; et la Terre sera remuée de son lieu. » – XIII. 13 ; – la terre, c’est l’homme qui va être dévasté là où est l’Église. Dans Jérémie : « Il y aura des transpercés de Jéhovah, en ce jour-là, depuis une extrémité de la Terre jusqu’à l’autre extrémité de la Terre. » – XXV. 33 ; – là, extrémité de la terre signifie non pas tout le globe de la terre, mais seulement la contrée où était l’Église, et par conséquent les hommes qui étaient de l’Église. Dans le Même : « C’est Moi qui appelle le glaive sur tous les habitants de la Terre : le tumulte est venu jusqu’à l’extrémité de la Terre, parce qu’il y a querelle de Jéhovah contre les nations. » – XXV. 29, 31 ; – il s’agit ici, non de l’univers entier, mais seulement de la contrée où est l’Église, par conséquent de l’habitant, ou de l’homme de l’Église ; les nations y sont les faux. Dans Ésaïe : « Voici Jéhovah qui sort de son lieu pour visiter l’iniquité de l’habitant de la Terre. » – XXVI. 21 ; – pareillement, dans le Même : « N’avez-vous pas entendu, ne vous a-t-il pas été annoncé dès le commencement, n’avez-vous pas compris (quels étaient) les fondements de la Terre ? » – XL. 21. – Dans le Même : « Jéhovah qui crée les cieux, Lui (est) le Dieu qui forme la Terre et qui la fait, Lui l’affermit. » – XLV. 18 ; – la terre est là pour l’homme de l’Église. Dans Zacharie : « Parole de Jéhovah qui étend les Cieux, et qui fonde la Terre, et qui forme l’esprit de l’homme au milieu de lui. » – XII. 1 ; – la terre est prise évidemment pour l’homme de l’Église. La Terre est distinguée de l’humus comme l’homme de l’Église et l’Église elle-même, ou comme l’Amour et la foi.
663. Vers. 18. Et j’établirai mon alliance avec toi ; et tu entreras dans l’arche, toi, et tes fils, et ton épouse, et les épouses de tes fils avec toi. – Établir alliance, signifie qu’il serait régénéré ; qu’il entrerait dans l’arche, lui, et ses fils, et les épouses de ses fils, signifie qu’il serait sauvé ; les fils sont les vrais, les épouses sont les biens.
664. Dans le précédent Verset, il s’agissait de ceux qui se perdraient ; mais dans celui-ci, il s’agit de ceux qui devaient être régénérés, et par conséquent sauvés, lesquels sont appelés Noach.
665. Établir alliance, signifie qu’il serait régénéré : on peut manifestement le voir, par cela qu’il est impossible qu’il y ait entre le Seigneur et l’homme d’autre alliance qu’une conjonction par l’amour et la foi ; ainsi l’Alliance signifie la conjonction ; en effet, c’est le Mariage céleste qui est l’alliance par excellence ; le Mariage céleste, ou la conjonction, n’existe que chez ceux qui sont régénérés ; ainsi la Régénération elle-même, dans le sens le plus large, est signifiée par l’alliance. Le Seigneur entre en alliance avec l’homme lorsqu’il le régénère ; c’est pourquoi l’alliance avec les anciens n’a représenté rien autre chose. D’après le sens de la lettre, on ne saisit autre chose, sinon que l’alliance traitée avec Abraham, Isaac et Jacob, et tant de fois renouvelée avec leurs descendants, les concerne personnellement ; mais eux étaient tels qu’ils n’ont pu être régénérés ; car ils plaçaient le culte seulement dans les externes, et ils réputaient saints les externes, sans que les internes y fussent joints ; c’est pourquoi les alliances traitées avec eux n’étaient que des représentations de la régénération, comme tous leurs rites, et comme Abraham lui-même, Isaac et Jacob, qui représentaient des choses appartenant à l’amour et à la foi ; pareillement les pontifes et les prêtres, quels qu’ils eussent été, même ceux qui furent criminels, ont pu représenter le sacerdoce céleste et très-saint. Dans les représentations rien n’est réfléchi sur la personne, tout porte sur la chose qui est représentée ; ainsi, tous les rois d’Israël et de Jéhudah, même les plus méchants, représentaient la Royauté du Seigneur ; bien plus, le Pharaon qui éleva Joseph sur la terre d’Égypte la représentait aussi. Par ces exemples et par plusieurs autres qui seront rapportés dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, on peut voir que les alliances tant de fois traitées avec les fils de Jacob n’ont été que des rites représentatifs.
666. Que l’alliance ne signifie autre chose que la régénération et ce qui concerne la régénération, on peut le voir d’après plusieurs passages de la Parole, où le Seigneur Lui-Même est appelé l’Alliance, parce qu’il est Lui-Même le seul qui régénère et le seul que l’homme régénéré contemple, et parce qu’il est tout dans toutes les choses d’amour et de foi. Que le Seigneur soit l’Alliance Même, on le voit dans Ésaïe : « Moi, Jéhovah, je t’ai appelé dans la justice, et je saisirai ta main, et te garderai, et Je te donnerai pour Alliance du peuple, pour Lumière des nations. – XLII. 6 ; – l’alliance, c’est le Seigneur ; la lumière des nations, c’est la foi : pareillement, – XLIX. 6, 8. – Dans Malachie : « Voici, j’envoie mon Ange, et tout-à-coup viendra vers son Temple le Seigneur que vous cherchez, et l’Ange de l’alliance que vous désirez ; voici, il vient ; qui peut soutenir le jour de son avènement ? » – III. 1, 2 ; – là, le Seigneur est appelé l’Ange de l’alliance. Le Sabbath est appelé l’Alliance éternelle, – Exod. XXXI. 16, – parce qu’il signifie le Seigneur Lui-Même et l’homme céleste par Lui régénéré. Comme le Seigneur est l’alliance même, il en résulte que l’alliance est tout ce qui conjoint l’homme au Seigneur, ainsi l’amour et la foi, et ce qui est d’amour et de foi ; car ces choses appartiennent au Seigneur, et le Seigneur est en elles ; ainsi l’alliance même est en ceux chez qui elles sont reçues ; ces choses ne sont données que chez le régénéré, chez lequel tout ce qui appartient au Régénérateur ou au Seigneur appartient à l’alliance ou est l’alliance. Ainsi, dans Ésaïe : « Ma Miséricorde d’avec toi ne se retirera point, et l’Alliance de ma paix ne sera point déplacée. » – LIV. 10 ; – ici, la miséricorde et l’alliance de la paix, c’est le Seigneur et ce qui appartient au Seigneur. Dans le Même : « Inclinez votre oreille, et venez à Moi ; écoutez, et que vive votre âme, et je traiterai avec vous alliance d’éternité, les miséricordes constantes de David ; voici, pour témoin aux peuples je l’ai donné, pour chef et pour législateur aux nations. » – LV. 3, 4 ; – ici, David c’est le Seigneur, l’alliance d’éternité est dans les choses et par les choses qui appartiennent au Seigneur, lesquelles sont entendues par venir à lui et l’écouter pour que l’âme vive. Dans Jérémie : « Je leur donnerai un seul cœur et un seul chemin, pour me craindre tous les jours, pour leur bien et (celui) de leurs fils après eux ; et je traiterai avec eux Alliance d’éternité, que je ne me détournerai point d’eux, afin que je leur fasse du bien ; et ma crainte je mettrai dans leur cœur. » – XXXII. 39, 40 ; – ce sont ceux qui doivent être régénérés, puis aussi les choses qui sont chez le régénéré, lesquelles sont un seul cœur et un seul chemin, c’est-à-dire, la charité et la foi, qui appartiennent au Seigneur, par conséquent à l’alliance. Dans le Même : « Voici les jours qui viennent, dit Jéhovah, où je traiterai avec la maison d’Israël et avec la maison de Jéhudah une alliance nouvelle, non comme l’alliance que je traitai avec leurs pères, parce que ceux-là ont rendu vaine mon alliance ; mais voici l’alliance que je traiterai avec la maison d’Israël après ces jours-ci : Je mettrai ma loi au milieu d’eux, et sur leur cœur je l’écrirai ; et je leur serai pour Dieu, et eux me seront pour peuple. » – XXXI. 31, 32, 33 ; – ici est clairement expliqué ce que c’est que l’alliance, que c’est l’amour et la foi envers le Seigneur, lesquels sont chez ceux qui doivent être régénérés. Dans le Même, l’Amour est appelé l’Alliance de jour, et la foi l’Alliance de nuit. – XXXIII. 20. – Dans Ézéchiel : « Moi, Jéhovah, je leur serai pour Dieu, et mon serviteur David (sera) prince au milieu d’eux ; et je traiterai avec eux Alliance de paix ; et je ferai disparaître de la terre la bête mauvaise, et ils habiteront dans le désert en sécurité et dormiront dans les forêts. » – XXXIV. 24, 25 ; – là, il s’agit évidemment de la régénération ; David, c’est le Seigneur. Dans le Même : « David (sera) leur prince à éternité ; je traiterai avec eux Alliance de paix ; Alliance d’éternité il y aura avec eux ; je placerai mon sanctuaire au milieu d’eux à éternité. » – XXXVII. 25, 26 ; – là, pareillement, il s’agit de la régénération ; David et le Sanctuaire sont là pour le Seigneur. Dans le Même : « J’entrai en Alliance avec toi, et tu fus à moi ; et je te lavai d’eaux, et j’enlevai tes sangs de dessus toi, et je t’oignis d’huile. » – XVI. 8, 9, 11 ; – il est évident qu’il s’agit de la régénération. Dans Hosée : « Je traiterai pour eux Alliance en ce jour-là avec la bête sauvage du champ, et avec l’oiseau des cieux et le reptile de la terre. » – II. 18 ; – c’est la régénération ; la bête sauvage du champ est là pour les choses qui appartiennent à la volonté ; l’oiseau des cieux, pour celles qui sont d’entendement. Dans David : « Rédemption il a envoyé à son peuple ; il a ordonné pour l’éternité son Alliance. » – Ps. CXI. 9 ; – c’est la régénération. Il est dit alliance, parce qu’il y a don et réception. Ceux, au contraire, qui n’ont pas été régénérés, ou, ce qui est la même chose, ceux qui placent le culte dans les externes, qui s’estiment et s’honorent eux-mêmes comme des dieux, qui ne considèrent que leurs désirs et leurs pensées, ceux-là, comme ils se séparent du Seigneur, il est dit d’eux qu’ils rendent vaine l’alliance ; ainsi dans Jérémie : « Ils ont abandonné l’Alliance de Jéhovah leur Dieu, et ils se sont prosternés devant d’autres dieux et les ont servis. » – XXII. 9. – Dans Moïse, il fut ordonné que celui qui transgresserait l’Alliance en servant d’autres dieux, le soleil, la lune, l’armée des cieux, serait lapidé ; – Deutér. XVII. 2 et suiv. – le soleil est là pour l’amour de soi ; la lune pour les principes du faux, et l’armée des cieux pour les faux eux-mêmes. Maintenant, par ces passages, on voit ce que c’est que l’Arche d’alliance, dans laquelle était le Témoignage ou l’Alliance, que c’est le Seigneur Lui-Même ; ce que c’est que le Livre de l’Alliance, que c’est le Seigneur Lui-Même ; – Exod. XXIV. 4, 5, 6, 7. XXXIV. 27. Deutér. IV. 13, 23 ; – ce que c’est que le Sang de l’alliance, que c’est le Seigneur Lui-Même, – Exod. XXIV. 6, 8, – qui Seul est le Régénérateur ; de là, l’alliance et la régénération elle-même.
667. Qu’il entrerait dans l’arche lui et ses fils, et son épouse, et les épouses de ses fils, signifie qu’il serait sauvé : on voit par les choses qui ont été dites précédemment, et par celles qui suivent, qu’il a été sauvé, parce qu’il a été régénéré.
668. Que les fils soient les vrais, et que les épouses soient les biens, cela a déjà été montré au Chap. V, Vers. 4, où il s’agissait de fils et de filles ; mais ici ce sont des fils et des épouses, parce que les épouses sont ces biens qui ont été adjoints aux vrais ; car aucun vrai ne peut être produit à moins qu’il n’y ait un bien, ou un plaisir d’où il tire son origine ; dans le bien et dans le plaisir est la vie, mais non dans le vrai, si ce n’est celle qu’il tire du bien et du plaisir, de là, le vrai est formé et entre en germination. Il en est de même de la foi, qui appartient au vrai, à l’égard de l’Amour, qui appartient au bien. Le Vrai est comme la lumière, qui ne saurait exister sans le soleil ou la flamme, car c’est de là que la lumière est formée. Le Vrai est seulement la forme du bien, et la foi est seulement la forme de l’amour ; de là, le Vrai est formé selon la qualité du bien, et la foi selon la qualité de l’amour ou de la charité. Voilà pourquoi il est parlé ici de l’épouse et des épouses, qui signifient les biens adjoints aux vrais ; c’est de là qu’il est dit, dans le Verset suivant, de faire entrer dans l’arche deux animaux de chaque espèce, le mâle et la femelle ; car sans l’adjonction des biens il n’y a point de régénération.
669. Vers. 19. Et de tout ce qui a vie, de toute chair, des paires de chaque tu feras entrer dans l’arche à faire vivre avec toi ; mâle et femelle ils seront. – Par âme vivante sont signifiées les choses qui appartiennent à l’entendement ; par toute chair, celles qui appartiennent à la volonté : des paires de chaque tu feras entrer dans l’arche, signifie leur régénération : le mâle est le vrai, et la femelle est le bien.
670. Par âme vivante sont signifiées les choses qui appartiennent à l’entendement ; et par toute chair, celles qui appartiennent à la volonté : on peut le voir par ce qui a été dit ci-dessus, puis aussi par ce qui va suivre. Dans la Parole, par âme vivante est signifié tout animal en général, quel qu’il soit, comme dans les Chap. I. 20, 21, 24. II. 19 ; mais ici, comme il y est ajouté immédiatement toute chair, il est signifié des choses qui sont d’entendement, par la raison précédemment donnée, que l’homme de cette Église devait être d’abord régénéré quant aux intellectuels ; c’est pourquoi, dans le Verset suivant, est nommé en premier lieu l’Oiseau, qui signifie les intellectuels ou les rationnels, et ensuite il est parlé des bêtes, qui signifient les choses qui appartiennent à la volonté. La Chair signifie spécialement le corporel, qui appartient à la volonté.
671. Des paires de chaque tu feras entrer dans l’arche pour les faire vivre, signifie leur régénération : on peut le voir par ce qui a été dit dans le Verset précédent, que les vrais ne peuvent être régénérés que par les biens et les plaisirs, qu’ainsi les choses qui sont de foi ne peuvent l’être que par celles qui sont de charité : c’est pour cela qu’ici il est dit que des paires de chaque espèce devaient entrer, à savoir, tant des vrais qui appartiennent à l’entendement que des biens qui appartiennent à la volonté. Chez l’homme non régénéré, il n’y a ni entendement du vrai, ni volonté du bien ; il y a seulement quelque chose qui en a l’apparence ; cela est même nommé ainsi dans le langage ordinaire ; cependant il peut y avoir chez lui des vrais rationnels et scientifiques, mais ils n’ont pas la vie en eux. Il peut aussi y avoir comme des biens appartenant à la volonté, mais ils sont privés de vie, semblables à ceux qui sont chez les Gentils. Il y en a même chez les brutes, mais ce sont seulement des analogues. De tels vrais et de tels biens ne sont jamais vivants chez l’homme avant qu’il ait été régénéré, par conséquent avant qu’ils aient été vivifiés par le Seigneur. Dans l’autre vie, on perçoit bien clairement ce qui n’est point vivant et ce qui est vivant : le vrai qui n’est pas vivant est perçu à l’instant comme quelque chose de matériel, de filamenteux, de fermé ; et le bien qui n’est pas vivant, comme quelque chose de ligneux, d’osseux, de pétrifié. Mais le vrai et le bien vivifiés par le Seigneur sont ouverts, doués de vitalité, pleins de spirituel et de céleste, toujours mis en évidence par le Seigneur, et cela, dans chaque idée et dans chaque action, et même jusque dans la plus petite partie de l’idée et de l’action. Voilà pourquoi il est dit ici que des paires devaient entrer dans l’arche pour être vivifiées.
672. Le mâle est le vrai, et la femelle est le bien : cela a déjà été dit et montré. Dans chaque partie de l’homme, même dans la plus petite, il y a comme une sorte de mariage ; tout ce qui est d’entendement est ainsi uni à quelque chose de sa volonté ; rien n’est produit sans une telle union ou un tel mariage.
673. Vers. 20. De l’oiseau selon son espèce, et de la bête selon son espèce ; de tout reptile de l’humus selon son espèce, des paires de tous entreront vers toi, à faire vivre. – L’Oiseau signifie les intellectuels ; la bête, les volontaires ; le reptile de l’humus, l’intellectuel et le volontaire, mais dans le degré le plus bas : des paires de tous entreront vers toi à faire vivre, signifie, comme précédemment, leur régénération.
674. Que l’Oiseau signifie les intellectuels ou les rationnels, cela a déjà été montré No 40 ; et la Bête, les volontaires ou les affections, Nos 45, 46, 143, 144, 246. Que le Reptile de l’humus signifie l’intellectuel et le volontaire, mais dans le plus bas degré, chacun peut clairement le voir par cela que ce qui rampe sur l’humus est au degré le plus bas. Que des paires de tous entreront vers toi à faire vivre, signifie leur régénération, cela a été dit dans le précédent Verset.
675. S’il est dit l’Oiseau selon son espèce, la bête selon son espèce, et le reptile selon son espèce, il est à savoir que chez chaque homme il y a des genres innombrables d’intellectuels et de volontaires, et des espèces encore plus innombrables, divisions et subdivisions très-distinctes entre elles, quoique l’homme ne le sache pas ; mais dans la régénération de l’homme, le Seigneur tire toutes ces choses en leur ordre, les sépare et les dispose, pour qu’elles puissent être tournées vers les vrais et les biens, et leur être conjointes, et cela avec variété, selon les états, qui aussi sont innombrables. Néanmoins tous ces intellectuels et ces volontaires ne peuvent jamais, à toute éternité, arriver à la perfection ; car, dans le simple, chaque genre, chaque espèce et chaque état contient l’indéfini, et dans le composé, c’est à plus forte raison. L’homme ne sait même pas qu’il en est ainsi, et peut encore moins savoir comment il est régénéré : c’est là ce que le Seigneur dit à Nicodème, au sujet de la régénération de l’homme : « Le vent où il veut souffle, et sa voix tu entends ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va ; de même est quiconque est engendré de l’esprit. » – Jean III. 8.
676. Vers. 21. Et toi, prends-toi de toute nourriture qui se mange, et assemble-s-en vers toi, et elle sera à toi et à eux pour nourriture. – Se prendre de toute nourriture qui se mange, signifie des biens et des plaisirs ; en assembler vers soi signifie des vrais : être à lui et à eux pour nourriture signifie les uns et les autres.
677. Quant à ce qui concerne la nourriture de l’homme qui va être régénéré, voici ce qu’il en est : Avant que l’homme puisse être régénéré, il doit être pourvu de toutes les choses qui peuvent servir de moyens, ainsi de biens et de plaisirs des affections pour les volontaires ; de vrais tirés de la Parole du Seigneur, et aussi de confirmations tirées d’ailleurs, pour les intellectuels : avant que l’homme ait été pourvu de tels moyens, il ne peut être régénéré ; ce sont là ses aliments. C’est pour cela que l’homme n’est régénéré que lorsqu’il parvient à l’âge adulte ; mais il y a pour chaque homme des aliments particuliers et pour ainsi dire propres à lui seul, dont il est pourvu par le Seigneur avant d’être régénéré.
678. Se prendre de toute nourriture qui se mange, signifie des biens et des plaisirs : on peut le voir par cela qu’il a été dit ci-dessus que la vie consiste dans les biens et les plaisirs, et non dans les vrais ; car les vrais reçoivent leur vie des biens et des plaisirs. Tout scientifique et tout rationnel de l’homme, depuis son enfance jusqu’à sa vieillesse, ne lui est jamais insinué que par le bien et le plaisir ; et comme c’est par le bien et le plaisir que son âme a vécu et s’est soutenue, ils sont nommés aliments, et ce sont effectivement des aliments, car sans eux l’homme ne peut nullement vivre ; c’est ce que chacun peut savoir, pour peu qu’il veuille réfléchir.
679. En assembler vers soi, signifie des vrais : on le voit comme conséquence ; en effet, assembler se dit de choses qui sont dans la mémoire de l’homme, où elles ont été recueillies ; et, de plus, enveloppe que ces choses-là et celles-ci, c’est-à-dire les biens et les vrais, doivent être assemblées chez l’homme avant qu’il soit régénéré ; car sans une collection de biens et de vrais, par lesquels le Seigneur opère, comme par des moyens, l’homme, ainsi qu’il a été dit, ne peut nullement être régénéré ; de là maintenant il suit que elle sera à toi et à eux pour nourriture, signifie les uns et les autres.
680. Chacun peut voir que les biens et les vrais sont les aliments réels de l’homme ; en effet, celui qui en est privé n’a pas la vie, mais il est mort ; les aliments dont son âme se repaît, dans cet état de mort, sont les plaisirs résultant des maux et les charmes résultant des faussetés ; ce sont là des aliments de mort ; son âme se repaît aussi de choses corporelles, mondaines et naturelles, qui n’ont en elles rien qui appartienne à la vie. De plus, un tel homme sait si peu ce que c’est que la nourriture spirituelle et céleste, que toutes les fois qu’il trouve dans la Parole le mot nourriture ou pain, il croit que ce mot désigne une nourriture corporelle ; c’est ainsi que dans ces paroles de l’Oraison dominicale : « Donne-nous notre pain quotidien », il pense qu’il ne s’agit que de la nourriture du corps ; ceux qui étendent leurs idées plus loin disent que ces paroles concernent aussi tout ce qui peut être nécessaire au corps, comme des vêtements, des moyens d’existence et autres choses semblables ; bien plus, ils soutiennent avec opiniâtreté qu’elles ne signifient aucune autre nourriture, lorsque cependant ils voient clairement que les expressions qui les précèdent et celles qui les suivent ne renferment que des célestes et des spirituels, et ne traitent que du Royaume du Seigneur ; ils peuvent savoir aussi que la Parole du Seigneur est céleste et spirituelle. Par cet exemple et par d’autres semblables, on peut facilement voir à quel point l’homme est aujourd’hui corporel, et qu’il veut, comme les Juifs, ne saisir ce qui est dit dans la Parole que dans le sens matériel et le plus grossier. Le Seigneur Lui-Même enseigne clairement ce qu’on doit entendre, dans sa Parole, par la Nourriture et le Pain. Voici comme il s’exprime au sujet de la Nourriture, dans Jean : « Jésus dit : Travaillez, non pour la Nourriture qui périt, mais pour la Nourriture qui demeure pour la vie éternelle, (et) que le Fils de l’homme vous donnera. » – VI. 27 ; – et au sujet du Pain, dans le Même : « Vos pères ont mangé la Manne dans le désert, et ils sont morts. Celui-ci est le Pain qui du Ciel descend, afin que qui en mange ne meure pas. Moi, je suis le Pain vivant, qui du Ciel est descendu ; si quelqu’un mange de ce Pain, il vivra pour l’éternité. » – VI. 49, 50, 51, 58 ; – mais il y a aujourd’hui des hommes semblables à ceux qui disaient en entendant ces paroles : « Ce discours est dur ; qui peut l’entendre ? » et qui « se retirèrent en arrière et ne marchaient plus avec Lui. » – Jean, VI. 60, 66 ; – et auxquels le Seigneur disait : « Les paroles que Moi je vous adresse sont esprit et sont vie. » – Jean, VI. 63. – Il en est de même de l’Eau, qui signifie les spirituels de la foi ; en parlant d’elle, le Seigneur s’exprime ainsi dans Jean : « Jésus dit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que Moi je lui donnerai n’aura plus soif pour l’éternité ; mais l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une fontaine d’eau jaillissante en vie éternelle. » – IV. 13, 14 ; – mais il y a aujourd’hui des hommes semblables à la femme avec laquelle le Seigneur s’entretint auprès de la fontaine, et qui lui répondit : « Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour puiser. » – Jean, IV. 15. – Que la Nourriture, dans la Parole, ne signifie rien autre chose que la nourriture spirituelle et céleste, qui est la foi dans le Seigneur et l’Amour, on le voit par beaucoup de passages dans la Parole, comme dans Jérémie : « L’ennemi a étendu sa main sur toutes les choses désirables de Jérusalem, car elle a vu que les nations sont venues dans son Sanctuaire, au sujet duquel tu avais commandé : Elles ne viendront point dans la congrégation avec toi. Tout son peuple (est) gémissant, cherchant du Pain ; ils ont donné leurs choses désirables pour de la Nourriture, pour se restaurer l’âme. » – Lament. I. 10, 11 ; – là, il ne faut point entendre d’autre pain ni d’autre nourriture que le pain spirituel et la nourriture spirituelle, car il s’agit du sanctuaire. Dans le Même : « J’ai crié après ceux qui m’aimaient ; ils m’ont trompée ; mes prêtres et mes vieillards ont expiré dans la ville, parce qu’ils ont cherché de la Nourriture pour eux, afin de restaurer leur âme. » – Lament. I. 19 ; – il en est de même là. Dans David : « Tous ils s’attendent à Toi, pour que tu (leur) donnes leur Nourriture en son temps. Tu (la) leur donnes, ils (la) recueillent ; tu ouvres ta main ; ils sont rassasiés de biens. » – Ps. CIV. 27, 28 ; – il s’agit aussi d’une nourriture spirituelle et céleste. Dans Ésaïe : « (Vous) tous qui avez soif, venez vers les eaux, et (vous) qui n’avez point d’argent, venez, achetez et mangez ; et venez, achetez, sans argent et sans prix, du vin et du lait. » – LV. 1 ; – là, le vin et le lait désignent le breuvage spirituel et céleste. Dans le Même : « La vierge concevra et enfantera un fils ; et tu appelleras son nom Immanuel ; du beurre et du miel il mangera, pour qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien. Il arrivera qu’en raison de la quantité de lait qui se fera, on mangera du beurre ; car du beurre et du miel mangera quiconque (sera) de reste dans le milieu de la terre. » – VII. 14, 15, 22 ; – là, manger du miel et du beurre, c’est prendre de la nourriture céleste-spirituelle ; ceux qui seront de reste désignent les restes, au sujet desquels Malachie s’exprime ainsi : « Apportez toutes les dîmes à la maison du trésor, afin qu’il y ait de la Nourriture dans ma maison. » III. 10. – Les dîmes, ce sont les restes. Voir sur la signification de la nourriture ce qui a été dit, Nos 56 à 58, 276.
681. On peut, dans l’autre vie, savoir très-bien ce que c’est que la nourriture céleste et spirituelle. La vie des anges et des esprits ne se soutient pas par quelque nourriture du genre de celle que l’on prend dans le monde ; mais elle est soutenue par toute Parole qui sort de la bouche du Seigneur, comme le Seigneur l’enseigne lui-même dans Matthieu, – IV. 4 ; – Voici ce qu’il en est : Le Seigneur Seul est la vie de tous ; c’est de Lui que viennent en général et en particulier toutes les choses qui sont pensées, prononcées et faites par les Anges et par les esprits, et non-seulement celles qui le sont par les Anges et par les bons esprits, mais aussi celles qui le sont par les mauvais esprits. Si les choses que prononcent et font les mauvais esprits sont mauvaises, c’est parce qu’ils reçoivent et pervertissent de la sorte tous les biens et tous les vrais qui appartiennent au Seigneur ; car la réception, ainsi que l’affection, est telle qu’est la forme du récipient. Ceci peut être comparé aux divers objets qui reçoivent la lumière du soleil, et qui, selon la forme et selon la disposition et la détermination de leurs parties, changent la lumière reçue en couleurs désagréables et laides, tandis que d’autres objets la présentent en couleurs agréables et belles. C’est ainsi que tout le Ciel et tout le monde des esprits vivent de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur, et c’est de là que chacun tire sa vie, non-seulement dans le Ciel et dans le monde des esprits, mais même dans l’universalité du genre humain. Je sais qu’on ne voudra pas le croire ; néanmoins, je peux attester, d’après une continuelle expérience de plusieurs années, que c’est très-vrai. Dans le monde des esprits, les mauvais esprits ne veulent pas croire qu’il en soit ainsi, c’est pourquoi cela leur a été démontré plusieurs fois par des expériences si concluantes qu’ils ont été forcés d’avouer avec indignation que c’était vrai. Si les Anges, les esprits et les hommes étaient privés de cette nourriture, ils expireraient à l’instant.
682. Vers. 22. Et Noach fit selon tout ce que lui avait commandé Dieu ; ainsi il fit. – Noach fit selon tout ce que lui avait commandé Dieu, signifie qu’ainsi fut fait. La répétition du mot fit indique qu’il s’agit en même temps du bien et du vrai.
683. Pour comprendre que la répétition du mot fit indique qu’il s’agit en même temps du bien et du vrai, il faut savoir que dans la Parole, et surtout dans les Prophètes, une même chose est décrite de deux manières, par exemple, dans Ésaïe : « Il a passé en paix, le chemin avec ses pieds il n’a pas parcouru : Qui a opéré et qui a fait ? » – XLI. 3, 4 ; – dans ce passage, cependant, une expression concerne le bien, et l’autre le vrai ; ou l’une concerne ce qui est de volonté, et l’autre, ce qui est d’entendement ; ainsi, passer en paix renferme les choses de volonté ; ne pas parcourir le chemin avec les pieds renferme celles de l’entendement ; il en est de même d’opérer et de faire. C’est ainsi que, dans la Parole, se conjoignent les choses qui concernent la volonté et l’entendement, ou celles qui sont d’amour et de foi, ou, ce qui est la même chose, les célestes et les spirituels, de sorte que dans chacune de ces choses il y a comme un mariage, et qu’elles se réfèrent au mariage céleste ; c’est ce qui est pareillement signifié ici par la répétition d’un même mot.
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DES SOCIÉTÉS QUI CONSTITUENT LE CIEL.
684. Il y a trois Cieux : le Premier, où sont les bons Esprits ; le Second, où sont les Esprits Angéliques ; le Troisième, où sont les Anges ; et chacun, après le Premier, plus intérieur et plus pur que celui qui le précède ; aussi sont-ils très-distincts entre eux. Tous trois, tant le premier que le second et le troisième, sont divisés en Sociétés innombrables, et chaque Société se compose de plusieurs Esprits ou de plusieurs Esprits Angéliques, ou de plusieurs Anges, qui, par leur harmonie et leur unanimité, constituent comme une seule personne, et toutes les sociétés réunies constituent comme un seul Homme. Les Sociétés sont distinguées entre elles en raison des différences d’amour mutuel et de foi dans le Seigneur ; ces différences sont si innombrables qu’on ne pourrait pas même en calculer les genres les plus universels ; et il n’y a pas de différence, quelque petite qu’elle soit, qui ne soit disposée dans l’ordre le plus parfait pour qu’elle concoure, avec la plus grande unanimité, à la composition d’une unité commune, et pour que l’unité commune concoure à l’unanimité des parties, de sorte que la félicité générale consiste dans la félicité de chacun, et que la félicité de chacun consiste dans la félicité de tous. De là, chaque Ange et chaque Société est une image de tout le Ciel, et comme un petit Ciel.
685. Les associations, dans l’autre vie, sont admirables ; elles sont, par comparaison, comme les affinités sur les terres, c’est-à-dire qu’on reconnaît comme des pères et mères, des enfants, des frères, des consanguins, des alliés ; l’Amour qu’on leur porte est en raison de telles différences : les différences sont en nombre indéfini, et les perceptions communicatives si exquises, qu’il est impossible de les décrire ; il n’y est pas tenu compte des pères et mères, enfants, consanguins et alliés, qu’on a eus sur terre, ni de la personne quelle qu’elle soit, non plus que des dignités, ni des richesses, ni de toute autre chose de ce genre, mais seulement des différences d’amour mutuel et de foi, dont chacun a reçu du Seigneur la faculté d’être réceptacle, quand il a vécu dans le monde.
686. C’est la Miséricorde du Seigneur, c’est-à-dire, son Amour envers tout le Ciel et tout le genre humain, et ainsi le Seigneur Seul, qui détermine tout en général et en particulier dans les sociétés ; c’est cette Miséricorde qui produit l’Amour conjugal, et par suite l’amour des pères et mères envers leurs enfants, amours qui sont fondamentaux et principaux, car de ces deux amours dérivent tous les autres, qui sont variés à l’infini, et distingués dans les sociétés selon l’ordre le plus parfait.
687. Le Ciel étant ainsi constitué, aucun Ange ni aucun Esprit ne peut avoir quelque vie qu’autant qu’il est dans une société, et par conséquent en harmonie avec plusieurs autres ; car une société n’est autre chose qu’une harmonie entre plusieurs anges ou entre plusieurs esprits. Personne, en effet, ne peut recevoir une vie entièrement séparée de la vie des autres ; bien plus, jamais ange, esprit ou société, ne peut avoir quelque vie, c’est-à-dire, être affecté du bien, vouloir, être affecté du vrai, penser, à moins que, par plusieurs autres de sa société, il ne soit en conjonction avec le Ciel et avec le Monde des Esprits. Il en est de même du Genre humain : nul homme, quel qu’il soit, ne peut vivre, c’est-à-dire, être affecté du bien, vouloir, être affecté du vrai, penser, à moins qu’il n’ait été pareillement conjoint avec le Ciel par les Anges qui sont chez lui et avec le Monde des Esprits, même avec l’Enfer par les esprits qui sont chez lui ; car tout homme, lorsqu’il vit dans le corps, est dans une certaine société d’esprits et d’anges, quoiqu’il n’en sache absolument rien ; et s’il n’était pas conjoint avec le Ciel et avec le Monde des Esprits par la société dans laquelle il est, il ne pourrait pas vivre un seul instant. Il en est de cela comme du corps humain ; toute partie qui n’est pas conjointe aux autres par les fibres et les vaisseaux, et ainsi par les rapports des fonctions, n’est plus une partie du corps ; elle en est aussitôt détachée et rejetée comme ne participant plus à la vie. Les sociétés dans lesquelles et avec lesquelles les hommes ont été, pendant la vie du corps, leur sont montrées lorsqu’ils viennent dans l’autre vie. Quand ils viennent dans ces sociétés après la vie du corps, ils entrent exactement dans la vie même qu’ils ont eue dans le corps ; et c’est par cette vie qu’ils en commencent une nouvelle ; et ainsi, selon leur vie qu’ils ont menée dans le corps, ou ils descendent dans l’Enfer, ou ils sont élevés au Ciel.
688. Comme telle est la conjonction du tout avec les parties et des parties avec le tout, cette conjonction existe pareillement en ce qui concerne les moindres sentiments de l’affection et les moindres idées de la pensée.
689. De là résulte l’Équilibre de tous en général et de chacun en particulier, quant aux choses célestes, spirituelles et naturelles, de sorte que nul ne peut penser, sentir, ni agir que par plusieurs, et cependant chacun croit penser, sentir et agir très-librement par soi-même. Il n’existe de même rien qui ne soit en équilibre par son opposé et par les intermédiaires de l’opposé, de telle sorte qu’on vit dans l’équilibre le plus parfait, chacun par soi-même et plusieurs ensemble ; aussi ne peut-il arriver du mal à quelqu’un qu’aussitôt il ne soit mis en équilibre ; et quand il y a surcharge de mal, le mal ou le méchant est châtié selon la loi de l’équilibre, comme si c’était par lui-même, mais jamais à autre fin que pour qu’il en résulte un bien. C’est dans une telle forme et dans l’équilibre qui en résulte que consiste l’ordre céleste, qui est formé, disposé et conservé par le Seigneur Seul pour l’éternité.
690. Il faut savoir de plus qu’il n’existe pas une seule société qui soit entièrement et absolument semblable à une autre, et que dans une société il n’y a pas un seul membre qui soit semblable à un autre ; mais il y a dans l’ensemble une variété qui forme l’accord et l’harmonie. Ces variétés ont été établies par le Seigneur dans un tel ordre qu’elles tendent toutes vers une seule fin, à laquelle on arrive par l’amour et la foi en Lui ; de là l’union. De là il n’est jamais accordé à l’un un Ciel ni une joie céleste qui soient entièrement et absolument semblables au Ciel et à la joie céleste d’un autre ; mais telles sont les variétés de l’amour et de la foi, tels sont aussi en eux le Ciel et la joie.
691. Ceci est dit en général sur les sociétés, d’après une expérience répétée et prolongée ; dans la suite, il en sera parlé en particulier, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur.
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LIVRE DE LA GENÈSE
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CHAPITRE SEPTIÈME.
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DE L’ENFER.
692. L’homme n’a de l’Enfer, comme du Ciel, qu’une idée très-générale, qui est tellement obscure, qu’elle est pour ainsi dire nulle. Ceux qui n’ont jamais quitté leurs huttes de la forêt peuvent-ils avoir une idée de la terre ? Ils n’ont aucune connaissance des empires, des royaumes ; ils connaissent encore moins les formes des gouvernements, et bien moins encore les sociétés et la vie sociale ; avant qu’ils aient acquis ces connaissances, ils ne peuvent avoir de la terre qu’une idée très-générale qui, par sa nature, est presque nulle. Telle est celle qu’on a du Ciel et de l’Enfer. Cependant il y a dans le Ciel et dans l’Enfer des choses innombrables et en quantité indéfiniment plus grande que sur aucun globe de l’univers. On peut juger de la quantité innombrable de ces choses par cela seul que comme jamais le Ciel de l’un ne peut être semblable au Ciel d’un autre, de même jamais l’Enfer de l’un ne peut être semblable à l’Enfer d’un autre, et que toutes les âmes qui ont existé dans le monde depuis la première création viennent et se rassemblent, soit dans le Ciel, soit dans l’Enfer.
693. De même que le Ciel consiste dans l’Amour envers le Seigneur et à l’égard du prochain, et dans la joie et la félicité qui en résultent, de même l’Enfer consiste dans la Haine contre le Seigneur et contre le prochain, et dans les peines et les tourments qui en sont la conséquence. Les genres de haines sont innombrables ; les espèces en sont encore plus innombrables ; et ce sont là autant d’enfers.
694. Comme le Ciel, par le Seigneur, constitue, au moyen de l’amour mutuel, comme un seul Homme et une seule Âme, et n’a par conséquent en vue qu’une seule fin, qui est de conserver et de sauver tous les hommes pour l’éternité, de même, en sens opposé, l’Enfer par son Propre constitue, au moyen de l’amour de soi et du monde, c’est-à-dire au moyen de la haine, un seul diable et un seul esprit, et n’a par conséquent en vue qu’une seule fin, qui est de perdre et de damner tous les hommes pour l’éternité. Mille et mille fois j’ai perçu que tel est l’effort continuel des Enfers ; c’est pourquoi, si le Seigneur à chaque instant, même jusqu’au moindre des instants, ne défendait tous les hommes, tous périraient.
695. Mais le Seigneur a introduit dans les Enfers une telle forme et un tel ordre que tous ceux qui les habitent sont tenus liés et enchaînés par leurs cupidités et par leurs fantaisies, qui constituent leur vie même ; et cette vie, parce qu’elle est une vie de mort, se change en tourments affreux, qui sont si excessifs qu’on ne saurait les décrire. En effet, le plus grand plaisir de leur vie consiste à pouvoir se punir, se tourmenter et se torturer les uns les autres : ils emploient même des artifices dont on n’a aucune idée dans le monde, et par lesquels ils savent produire des sensations raffinées, absolument comme si l’on était dans le corps ; ils ont aussi recours à des fantaisies abominables et horribles, sans parler des terreurs, des frayeurs et de plusieurs autres moyens semblables qu’ils emploient. La tourbe diabolique trouve à cela une si grande volupté, que lors même qu’elle pourrait augmenter et étendre à l’infini les douleurs et les tortures, elle ne serait pas satisfaite, et brûlerait encore d’une haine qui ne trouverait pas de fin ; mais le Seigneur s’oppose à ses efforts et adoucit les tourments.
696. Il y a en général et en particulier un tel équilibre dans toutes les choses de l’autre vie, que le mal se punit lui-même, de telle sorte que dans le mal est la peine du mal. Il en est de même du faux, sa peine revient sur celui qui est dans le faux. Ainsi chacun attire à soi la peine et le tourment, et se précipite alors au milieu de la tourbe diabolique qui en fait souffrir de semblables. Jamais le Seigneur n’envoie qui que ce soit dans l’Enfer ; il veut au contraire en tirer tous ceux qui y sont : à plus forte raison ne jette-t-il pas dans les tortures ; mais comme les mauvais esprits s’y précipitent eux-mêmes, le Seigneur tourne en bien et en quelque usage chaque peine et chaque tourment. Il ne peut y avoir aucune peine dont le Seigneur ne tire une fin d’usage ; car le Royaume du Seigneur est le Royaume des fins et des usages ; mais les usages que peuvent remplir les Esprits infernaux sont les plus vils. Tant que ces esprits s’occupent de ces usages, ils sont moins tourmentés ; mais l’usage cessant, ils retombent dans leur enfer.
697. Il y a dans chaque homme pour le moins deux mauvais Esprits et deux Anges. L’homme par les mauvais Esprits est en communication avec l’Enfer, et par les Anges avec le Ciel. Sans cette double communication, l’homme ne pourrait pas vivre un seul instant. Ainsi chaque homme est dans quelque société d’Esprits infernaux ; c’est ce qu’il ignore entièrement ; cependant leurs tourments ne lui sont pas communiqués, parce qu’il est dans une préparation pour la vie éternelle. Cette société dans laquelle il a été lui est parfois montrée dans l’autre vie, car il revient vers elle, et c’est ainsi qu’il rentre dans la vie qu’il avait eue dans le monde, et, par suite, ou il tend vers l’Enfer, ou il est élevé au Ciel. Ainsi l’homme qui ne vit pas dans le bien de la charité et qui ne se laisse pas conduire par le Seigneur est au nombre des esprits infernaux, et après la mort devient aussi un diable.
698. Outre les Enfers, il y a aussi les Vastations, dont il est souvent parlé dans la Parole. L’homme, en effet, entraîne avec lui dans l’autre vie, par suite de ses péchés actuels, une foule innombrable de maux et de faux ; il les entasse et les accouple ; de même ceux qui ont vécu honnêtement ; ceux-ci, avant de pouvoir être élevés au Ciel, doivent dissiper leurs maux et leurs faux ; et cette dissipation se nomme Vastation. Il y a plusieurs genres de Vastations, et le temps de la Vastation est plus ou moins long. Quelques esprits sont enlevés au Ciel après un laps de temps très-court, quelques autres, aussitôt après la mort.
699. Pour que je visse les tourments de ceux qui sont en Enfer et la Vastation de ceux qui sont dans la Terre inférieure, j’y fus quelquefois envoyé (être envoyé en Enfer, ce n’est pas être transféré d’un lieu dans un autre lieu, c’est être introduit dans quelque société infernale, l’homme restant toujours dans le même lieu) ; mais il ne m’est permis de rapporter ici que cette seule expérience : je percevais clairement qu’une sorte de colonne m’environnait ; cette colonne s’augmentait sensiblement, et il m’était insinué qu’elle était ce mur d’airain dont parle la Parole, formé par les Esprits Angéliques, pour que je pusse être envoyé en sûreté vers ces infortunés : et quand j’y fus, j’entendis leurs pitoyables lamentations, et surtout celles-ci : « Ah Dieu ! ah Dieu ! Qu’il ait pitié de nous ! qu’il ait pitié de nous ! » et cela durait longtemps. Il me fut même accordé de m’entretenir assez longtemps avec ces malheureux. Ils se plaignaient surtout des mauvais esprits, qui ne souhaitaient et ne désiraient avec fureur que de les tourmenter ; ils étaient livrés au désespoir, disant qu’ils croyaient que leur tourment serait éternel ; mais il me fut accordé de les consoler.
700. Comme les Enfers sont en très-grand nombre, ainsi que je l’ai annoncé, il est nécessaire, pour en dire quelque chose, de suivre un ordre ; en conséquence je parlerai dans la suite : I. des Enfers de ceux qui ont passé leur vie dans la haine, dans la vengeance et dans la cruauté ; II. des Enfers de ceux qui ont vécu dans l’adultère et dans les lascivetés, et des Enfers des fourbes et des enchanteresses ; III. des Enfers des avares, et en même temps de la Jérusalem souillée, et des brigands dans le désert, puis des Enfers excrémentiels de ceux qui ont vécu uniquement dans les voluptés ; IV. d’autres Enfers, qui diffèrent de ceux-ci ; V. et enfin des Esprits qui sont en vastation. Ces articles seront placés au commencement et à la fin des Chapitres suivants.
CHAPITRE SEPTIÈME.
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1. Et JÉHOVAH dit à Noach ; Entre, toi et toute ta maison, dans l’arche, parce que je t’ai vu juste devant Moi dans cette génération.
2. De toute bête pure prends avec toi par sept, par sept, le mari et son épouse, et de la bête qui n’est pas pure, par deux, le mari et son épouse.
3. Aussi de l’oiseau des Cieux, par sept, par sept, le mâle et la femelle, pour vivifier semence sur les faces de toute la terre.
4. Parce que après sept jours encore, Moi, je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits, et je détruirai de dessus les faces de l’humus toute substance que j’ai faite.
5. Et Noach fit selon tout ce que lui avait commandé JÉHOVAH.
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6. Et Noach (était) fils (ou âgé) de six cents ans, et le déluge d’eaux arriva sur la terre.
7. Et Noach entra, et ses fils, et son épouse, et les épouses de ses fils avec lui, dans l’arche, de devant les eaux du déluge.
8. De la bête pure, et de la bête qui n’était point pure, et de l’oiseau, et de tout ce qui rampe sur l’humus.
9. Entrèrent par deux, par deux, vers Noach, dans l’arche, le mâle et la femelle, comme avait commandé DIEU à Noach.
10. Et il arriva, après les sept jours, que les eaux du déluge arrivèrent sur la terre.
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11. En l’an six cent de la vie de Noach, au second mois, au dix-septième jour du mois, en ce jour-là firent éruption toutes les sources du grand abîme, et les cataractes du Ciel furent ouvertes.
12. Et il y eut pluie sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits.
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13. En ce même jour-là entrèrent Noach et Schem, Cham, et Japheth, fils de Noach, et l’épouse de Noach, et les trois épouses de ses fils avec eux, dans l’arche.
14. Eux, et toute bête sauvage selon son espèce ; et toute bête (douce) selon son espèce ; et tout reptile qui rampe sur la terre selon son espèce ; et tout oiseau selon son espèce, tout volatile, tout ce qui est ailé.
15. Et ils entrèrent vers Noach dans l’arche, par deux, par deux de toute chair dans laquelle (il y avait) esprit de vies.
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16. Et les entrants, mâle et femelle de toute chair, entrèrent, comme lui avait commandé DIEU ; et JÉHOVAH ferma après lui.
17. Et le déluge fut quarante jours sur la terre, et les eaux s’accrurent et soulevèrent l’arche, et elle fut élevée de dessus la terre.
18. Et les eaux se renforçaient et augmentaient beaucoup sur la terre ; et l’arche allait sur les faces des eaux.
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19. Et les eaux furent renforcées beaucoup beaucoup sur la terre, et furent couvertes toutes les hautes montagnes qui étaient sous tout le Ciel.
20. De quinze coudées au-dessus les eaux s’élevèrent, et couvrirent les montagnes.
21. Et toute chair qui rampe sur la terre expira, quant à l’oiseau, et quant à la bête, et quant à la bête sauvage, et quant à tout reptile qui rampe sur terre, et tout homme.
22. Tout ce qui avait souffle d’esprit de vies en ses narines, tout ce qui (était) dans l’aride, mourut.
23. Et il détruisit toute substance qui (était) sur les faces de l’humus, depuis l’homme jusqu’à la bête, jusqu’au reptile, et jusqu’à l’oiseau des cieux ; et ils furent détruits de dessus la terre, et il ne resta que Noach, et ce qui (était) avec lui dans l’arche.
24. Et se renforcèrent les eaux sur la terre pendant cent cinquante jours.
CONTENU.
701. Il s’agit ici en général de la préparation de la Nouvelle Église ; de même que précédemment elle a été décrite quant à ses intellectuels, de même elle l’est ici quant à ses volontaires, Vers. 1 à 5.
702. Il s’agit ensuite de ses tentations, qui sont décrites quant à ses intellectuels, Vers. 6 à 10, et quant à ses volontaires, Vers. 11, 12.
703. Puis il s’agit de la protection accordée à cette Église et de sa conservation, Vers. 13 à 15 ; mais son état de fluctuations est décrit, Vers. 16, 17, 18.
704. Enfin il s’agit de la dernière postérité de la Très-Ancienne Église ; il est décrit quelle elle fut, qu’elle fut possédée de persuasions du faux et des cupidités de l’amour de soi à tel point qu’elle périt. Vers. 19 à 24.
SENS INTERNE.
705. Il s’agit ici en particulier du Déluge, par lequel sont signifiées non-seulement les Tentations que l’homme de l’Église appelée Noach a dû soutenir avant de pouvoir être régénéré, mais encore de la désolation de ceux qui n’ont pu être régénérés. Dans la Parole, les Tentations aussi bien que les Désolations sont comparées à des déluges ou à des inondations d’eaux et sont ainsi nommées. Au sujet des Tentations, on lit dans Ésaïe : « Pour un petit moment, je t’ai abandonnée, mais par mes grandes compassions je te recueillerai ; dans une inondation de colère j’ai caché un moment mes faces de toi, mais par une miséricorde d’éternité j’aurai compassion de toi, a dit Jéhovah ton Rédempteur ; car des Eaux de Noach, ceci pour Moi desquelles j’ai juré que ne passeraient plus les Eaux de Noach sur la terre ; ainsi j’ai juré de ne plus m’irriter contre toi et de ne plus te réprimander ; ô affligée et battue de la tempête, non consolée ! » – LIV. 7, 8, 9, 11 ; – il s’agit ici de l’Église qui devait être régénérée et des tentations qui sont appelées eaux de Noach. Les tentations sont appelées Inondation par le Seigneur Lui-Même dans Luc : « Jésus dit : Quiconque vient à Moi et entend mes discours et les met en pratique, est semblable à un homme bâtissant une maison, lequel a fouillé et pénétré profondément et a posé le fondement sur le roc ; or, une Inondation étant survenue, le torrent s’est précipité sur cette maison ; mais il n’a pu l’ébranler, parce qu’elle était fondée sur le roc. » – VI. 47, 48 ; – chacun peut voir qu’ici l’inondation signifie les Tentations. Au sujet des Désolations, on lit dans Ésaïe : « Le Seigneur va faire monter sur eux les Eaux du fleuve fortes et grosses, le roi d’Aschur et toute sa gloire ; et il montera par-dessus tous ses lits, et ira par-dessus tous ses bords ; et il ira par Jéhudah, inondera et traversera, jusqu’au cou atteindra. » – VIII. 7, 8 ; – le roi d’Aschur est pris là pour les fantaisies, les principes du faux et les raisonnements tirés de ces principes qui désolent l’homme et ont désolé les Antédiluviens. Dans Jérémie : « Ainsi a dit Jéhovah : Voici des Eaux qui montent du septentrion, et elles deviendront un torrent inondant, et elles inonderont la terre et sa plénitude, la ville et ses habitants. » – XLVII. 2, 3 ; – il s’agit ici des Philistins, par lesquels sont représentés ceux qui prennent des principes faux et raisonnent d’après eux sur les spirituels ; c’est ainsi que l’homme est inondé comme l’ont été les Antédiluviens. Si, dans la Parole, les Tentations aussi bien que les Désolations sont comparées à des déluges ou inondations d’eaux, et sont ainsi nommées, c’est parce que ce qui passe en elles ressemble à ces inondations. Ce sont les mauvais esprits qui influent avec leurs persuasions et les principes du faux dans lesquels ils sont, et qui excitent chez l’homme des choses semblables ; chez l’homme qui se régénère, ce sont des Tentations ; chez l’homme qui ne se régénère pas, ce sont des Désolations.
706. Vers. 1. Et Jéhovah dit à Noach : Entre, toi et toute ta maison, dans l’Arche, parce que je t’ai vu juste devant Moi dans cette génération. – Jéhovah dit à Noach, signifie qu’ainsi fut fait ; il est dit Jéhovah, parce qu’il s’agit maintenant de la charité ; entre, toi et toute ta maison, dans l’Arche, signifie ce qui appartient à la volonté, qui est signifiée par la maison ; entrer dans l’Arche, c’est ici être préparé ; parce que je t’ai vu juste dans cette génération, signifie avoir le bien par lequel on peut être régénéré.
707. On trouve ici, jusqu’au Vers. 5, presque les mêmes choses que celles qui ont été dites dans le Chapitre précédent, à quelques changements près ; et il en est de même dans ce qui suit. Celui qui ne connaît pas le sens interne de la Parole ne peut faire autrement que de penser que c’est seulement une répétition de la même chose. De semblables répétitions se rencontrent dans d’autres endroits de la Parole, surtout dans les Prophètes, où une même chose est exprimée par des mots qui diffèrent entre eux ; et quelquefois même elle est reprise et décrite de nouveau. La raison de cela, c’est qu’il y a chez l’homme, comme déjà il a été dit, deux facultés qui sont très-distinctes entre elles, l’entendement et la volonté ; et que dans la Parole il s’agit, d’une manière distincte, de l’une et de l’autre. Telle est la cause des répétitions. La suite prouvera qu’il en est de même ici.
708. Jéhovah dit à Noach, signifie qu’ainsi fut fait ; c’est ce qui résulte de ce que chez Jéhovah il n’y a que Être ; ce qu’il dit se fait et est fait ; il en est de même dans le Chapitre précédent, Vers. 13, et ailleurs, où le dire de Jéhovah, c’est se faire et être fait.
709. Il est dit Jéhovah, parce qu’il s’agit maintenant de la Charité. Dans le Chapitre précédent, du Verset 9 à la fin, il n’est pas dit Jéhovah, mais Dieu, parce que là il s’agit de la préparation de Noach, ou de l’homme de l’Église qui est appelée Noach, quant à ses Intellectuels qui appartiennent à la foi ; mais ici il s’agit de sa préparation quant aux Volontaires, qui appartiennent à l’amour. Quand il s’agit des Intellectuels ou des vrais de la foi, il est dit Dieu ; quand il s’agit des Volontaires ou des biens de l’amour, il est dit Jéhovah. En effet, l’Église n’est pas constituée par les Intellectuels qui appartiennent à la foi, mais elle l’est par les Volontaires qui appartiennent à l’amour : Jéhovah est dans l’amour et dans la charité, mais il n’est pas dans la foi, à moins qu’elle ne soit la foi de l’amour ou de la charité ; aussi la foi, même dans la Parole, est-elle comparée à la nuit, tandis que l’amour est comparé au jour, par exemple, dans le Premier Chapitre de la Genèse, où lorsqu’il s’agit des grands luminaires, il est dit que le Grand Luminaire, ou le soleil, qui signifie l’amour, dominera sur le jour, et que le Luminaire moindre, ou la lune, qui signifie la foi, dominera sur la nuit. – Genèse I. 14, 16. – Il en est de même dans les Prophètes. – Jérém. XXXI. 35. XXXIII. 20. Ps. CXXXVI. 9, et dans l’Apoc. VIII. 12.
710. Entre, toi et toute ta maison, dans l’arche, signifie ce qui appartient à la volonté ; on le voit, en ce que dans le Chapitre précédent, où il s’agissait des Intellectuels, il a été dit autrement, à savoir : Tu entreras dans l’arche, toi et tes fils et ton épouse, et les épouses de tes fils avec toi, Vers. 18. – Que la Maison signifie la Volonté et ce qui appartient à la volonté, on peut le voir çà et là dans la Parole ; ainsi dans Jérémie : « Leurs Maisons seront transférées à d’autres, leurs champs et leurs épouses aussi. » – VI. 12 ; – là, les maisons aussi bien que les champs et les épouses se rapportent aux choses qui appartiennent à la volonté. Dans le Même : « Bâtissez des Maisons et habitez (les) ; et plantez des jardins et mangez-en les fruits. » – XXIX. 5, 28 ; – là, bâtir des maisons et les habiter se rapporte à la volonté, et planter des jardins, à l’entendement. Il en est de même dans plusieurs autres passages. Très-souvent il est dit la Maison de Jéhovah pour l’Église, où l’amour est le principal ; la Maison de Jéhudah pour l’Église céleste ; la Maison d’Israël, pour l’Église spirituelle, parce que la Maison est l’Église ; par suite, la Maison est le Mental de l’homme de l’Église, où sont les Volontaires et les Intellectuels, ou les choses qui appartiennent à la charité et à la foi.
711. Que entrer dans l’arche, c’est être préparé, c’est ce qui a été dit déjà au Chapitre précédent, Vers. 18 ; mais là, ces mots signifiaient la préparation quant aux intellectuels, qui sont les vrais de la foi ; ici, c’est la préparation quant aux volontaires, qui sont les biens de la charité, pour être sauvé. L’homme, s’il n’a été préparé, c’est-à-dire instruit des vrais et des biens, ne peut nullement être régénéré ; il peut encore moins subir les tentations ; car les mauvais esprits, qui sont alors chez lui, excitent ses faux et ses maux ; et s’il n’y a pas en lui des vrais et des biens sous lesquels le Seigneur fasse fléchir les maux et les faux et par lesquels il les dissipe, l’homme succombe. Les vrais et les biens sont les Restes (Reliquiae) qui ont été réservés par le Seigneur pour de tels usages.
712. Parce que je t’ai vu juste dans cette génération, signifie avoir le bien par lequel on peut être régénéré ; c’est ce qui a été dit et exposé, Chap. VI, Vers. 9 ; là, juste signifie le bien de la charité, et intègre, le vrai de la charité ; là il est dit les générations, parce qu’il s’agissait des Intellectuels ; et ici, la génération, parce qu’il s’agit des Volontaires ; car la volonté renferme en soi les intellectuels, mais l’entendement ne renferme pas les volontaires.
713. Vers. 2. De toute bête pure prends-toi par sept, par sept, le mari et son épouse, et de la bête non pure par deux, le mari et son épouse. – Par toute bête pure sont signifiées les affections du bien ; par sept signifie qu’elles sont saintes ; le mari et l’épouse signifient les vrais conjoints aux biens ; par la bête non pure sont signifiées les affections mauvaises ; par deux signifie qu’elles sont relativement profanes ; le mari et l’épouse signifient les faux conjoints aux maux.
714. Par toute bête pure sont signifiées les affections du bien ; on le voit par ce qui a été déjà dit et exposé au sujet des bêtes, Nos 45, 46, 142, 143, 246. La raison pour laquelle les affections sont ainsi signifiées, c’est que l’homme, considéré en lui-même et dans son propre, n’est absolument qu’une bête ; ses sens, ses appétits, ses cupidités, ses affections quelles qu’elles soient, ses amours bons et même les meilleurs, ceux qui consistent à aimer les êtres de son espèce, ses enfants, sa femme, en un mot, tout est semblable chez lui et chez la bête ; il n’y a absolument rien qui diffère : mais ce qui fait que l’homme est homme et supérieur à la bête, c’est qu’il a une vie intérieure, qui n’est pas donnée et ne peut jamais être donnée aux bêtes ; cette vie est la vie de la foi et de l’amour procédant du Seigneur. Si cette vie n’était dans chacune des choses que l’homme a en commun avec les bêtes, il ne serait jamais qu’une bête. Prenons seulement pour exemple son amour envers ses semblables ; s’il ne les aimait que pour lui-même, et s’il n’y avait pas quelque chose de plus céleste ou de plus divin dans son amour, il ne pourrait pas pour cela être appelé homme, parce que ce même sentiment existe chez les bêtes. Il en est de même de toutes les autres affections dont on vient de parler. C’est pourquoi, s’il n’y avait dans la volonté de l’homme la vie de l’amour, et dans son entendement la vie de la foi, procédant l’une et l’autre du Seigneur, il ne serait nullement homme. Il vit après la mort au moyen de la vie qui lui vient du Seigneur, parce que le Seigneur se l’adjoint à Lui-Même ; et c’est ainsi qu’il peut être dans le Ciel avec les Anges, et vivre pour l’éternité. Quoique l’homme vive comme une bête sauvage et qu’il n’aime que lui-même et ce qui le concerne spécialement, néanmoins la Miséricorde du Seigneur est si grande, car elle est Divine et Infinie, que le Seigneur n’abandonne point l’homme, mais il lui inspire continuellement sa vie par le moyen des Anges ; et quoique l’homme ne la reçoive pas autrement, le Seigneur fait toujours des efforts pour qu’il puisse penser, réfléchir, comprendre s’il y a un bien ou un mal, moral, civil, mondain et corporel, et de là s’il y a un vrai ou un faux.
715. Comme les Très-Anciens ont su, et qu’ils ont reconnu, lorsqu’ils étaient dans l’humiliation d’eux-mêmes, qu’ils n’étaient que des bêtes et des bêtes sauvages, et que s’ils étaient hommes, ils avaient cette prérogative seulement par le Seigneur, voilà pourquoi non-seulement ils assimilaient toutes les choses qui étaient en eux aux bêtes et aux oiseaux, mais même ils les désignaient par leurs noms : ils comparaient aux bêtes les choses qui appartiennent à la volonté, et les appelaient bêtes ; ils comparaient aux oiseaux celles qui appartiennent à l’entendement, et les appelaient oiseaux ; mais ils faisaient une distinction entre les affections bonnes et les affections mauvaises ; ils comparaient les affections bonnes aux agneaux, aux brebis, aux chevreaux, aux chèvres, aux boucs, aux béliers, aux veaux, aux bœufs, parce que ces bêtes sont bonnes et douces, et parce qu’elles sont utiles à la vie, en ce sens qu’on peut se nourrir de leur chair et se vêtir de leurs peaux et de leur laine. Ce sont là principalement les bêtes pures. Mais les bêtes qui sont méchantes et cruelles, comme aussi celles qui sont inutiles à la vie, sont des bêtes impures.
716. Que par sept signifie ce qui est saint, on le voit d’après ce qui a été dit, Nos 84 à 87, au sujet du septième jour ou du Sabbath, à savoir : que le Septième Jour signifie le Seigneur, et, d’après le Seigneur, toute Église céleste, ou tout homme céleste, et de plus le Céleste Même, qui, en raison de ce qu’il appartient au Seigneur Seul, est très-saint. De là, dans la Parole, sept signifie ce qui est saint, et même, dans le sens interne, comme ici, il ne reste absolument rien de ce qui tient au nombre ; car ceux qui sont dans le sens interne, comme les Anges et les Esprits angéliques, ne savent pas même ce que c’est que le nombre, ni par conséquent ce que c’est que sept ; il n’est donc nullement signifié ici qu’on prendrait de toute bête pure sept paires, ou que le bien serait par rapport au mal comme sept est à deux, mais il est signifié que les volontaires dont cet homme de l’Église fut pourvu étaient des biens, et que ces biens étaient des choses saintes, par lesquelles, comme déjà il a été dit, il pourrait être régénéré. Que sept signifie ce qui est saint ou les choses saintes, on peut le voir par les rites observés dans l’Église représentative, où le septénaire se rencontre si souvent : par exemple, on faisait sept fois l’aspersion du sang et de l’huile, comme il est dit dans le Lévitique : « Moïse prit l’Huile de l’onction, et il oignit l’Habitacle et toutes les choses qui (étaient) au-dedans, et il les sanctifia ; et il en fit aspersion sur l’Autel Sept fois, et il oignit l’Autel et tous ses vases pour les sanctifier. » – VIII. 10, 11 ; – qu’aurait signifié là cette aspersion répétée sept fois, si ce n’eût été pour représenter le saint ? L’Huile, là, signifie le saint de l’amour. Et ailleurs on lit : « Lorsque Aharon entrera dans le Saint, il prendra du sang du jeune taureau, et il fera aspersion avec son doigt sur les faces du Propitiatoire vers l’Orient, et sur les faces du Propitiatoire il fera aspersion du sang Sept fois avec son doigt » ; et il est dit de même au sujet de l’Autel : « Il fera aspersion du sang avec son doigt sur l’Autel Sept fois, et le purifiera et le sanctifiera. » – Lévit. XVI. 14, 19 ; – là, c’est le Seigneur Lui-Même, et par conséquent le Saint de l’Amour, que représentent tontes ces choses, en général et en particulier, tant le Sang que le Propitiatoire, l’Autel, l’Orient vers lequel devait se faire l’aspersion du sang, et par conséquent aussi le nombre Sept. Il en est de même au sujet des sacrifices dont il est parlé dans le Lévitique : « Si une âme a péché par erreur ; et si le prêtre qui a reçu l’onction a péché avec le peuple, il immolera un jeune taureau devant Jéhovah ; et le prêtre trempera son doigt dans le sang, et fera aspersion du sang Sept fois devant Jéhovah vers le voile du Saint. » – IV. 2, 3, 5, 6 ; – là, sept signifie semblablement le saint, parce qu’il s’agit de l’expiation, qui appartient au Seigneur Seul, et qu’ainsi il s’agit du Seigneur. Il y a aussi de semblables ordonnances au sujet de la purification de la lèpre, dont il est parlé dans le Lévitique : « Le Prêtre, avec le sang du passereau, le bois de cèdre, et l’écarlate, et l’hysope, fera aspersion Sept fois sur celui qui doit être purifié de la lèpre, et le purifiera » ; de même il est dit au sujet de l’huile qui était dans sa main gauche, « qu’il en ferait aspersion Sept fois devant Jéhovah », et au sujet de la purification de la maison où il y avait lèpre, il est dit que le prêtre ferait « aspersion Sept fois avec le bois de cèdre, et l’hysope, et l’écarlate, et le sang du passereau ». – XIV. 6, 7, 27, 51 ; – là, chacun peut voir qu’il n’y aurait absolument aucune signification dans du bois de cèdre, dans de l’écarlate, dans de l’hysope, dans de l’huile, dans le sang d’un passereau, ni par conséquent dans Sept, si par ces objets n’avaient été représentées des choses saintes. Si l’on fait abstraction de ces choses saintes, il ne reste que quelque chose de mort ou une profanation idolâtrique ; mais dès que par ces objets sont signifiées des choses saintes, alors il y a là un culte Divin qui est interne et qui seulement est représenté par des externes. Les Juifs, à la vérité, n’ont pu savoir, et personne encore aujourd’hui ne sait ce que signifiaient le bois de cèdre, l’hysope, l’écarlate, l’oiseau ; cependant, s’ils eussent seulement voulu penser que ces objets enveloppaient des choses saintes qu’ils ignoraient, et s’ils eussent ainsi rendu le culte au Seigneur, ou au Messie qui devait venir pour les guérir de leur lèpre, c’est-à-dire de la profanation des choses saintes, ils auraient pu être sauvés ; car ceux qui pensent et croient ainsi sont instruits, dans l’autre vie, aussitôt qu’ils le désirent, sur tous ces préparatifs en général et sur chacun d’eux en particulier. – Il est dit de même au sujet de la Vache rousse : « Le Prêtre prendra de son sang avec son doigt, et il (en) fera aspersion Sept fois vers les faces de la Tente de convention. » – Nomb. XIX. 4. – Comme le Septième Jour ou le Sabbath signifiait le Seigneur, et, d’après le Seigneur, l’homme céleste et le céleste même, le Septième Jour, dans l’Église Judaïque, était le plus saint d’entre tous les rites ; de là le Sabbath de Sabbath à la Septième Année, – Lévit. XXV. 4 ; – de là le Jubilé, qui devait être proclamé après Sept Sabbaths d’années, ou après Sept fois Sept ans ; – Lévit. XXV. 8, 9. – Que le Septénaire, dans le sens suprême, signifie le Seigneur, et de là le Saint de l’amour, on peut le voir par le Chandelier d’or et ses Sept lampes (lucernae), dont il est parlé, – Exod. XXV. 31, 32, 33, 37. XXXVII. 17, 18, 19, 23. Nomb. VIII. 2, 3. Zach. IV. 2, – et dont il est ainsi fait mention dans Jean : « Je vis Sept Chandeliers d’or, et au milieu des Sept Chandeliers un semblable au Fils de l’Homme. » – Apoc. I. 12, 13 ; – on voit là très-clairement que le Chandelier avec ses sept lampes signifie le Seigneur, et que les Lampes sont les choses saintes de l’amour, ou les Célestes, aussi sont-elles au nombre de sept. Dans le Même : « Devant le Trône (étaient) Sept lampes de feu ardentes, qui sont les Sept esprits de Dieu. » – Apoc. IV. 5 ; – ici, les sept lampes (lampades) qui étaient sorties du Trône du Seigneur sont la même chose que les sept Lampes (Lucernae) mentionnées plus haut. Il en est de même dans les Prophètes, partout où se trouve le nombre septénaire, comme dans Ésaïe : « La lumière de la Lune sera comme la lumière du Soleil, et la lumière du Soleil sera Septuple, comme la lumière de sept jours, au jour que Jéhovah bandera la fracture de son peuple. » – XXX. 26 ; – là, la lumière septuple, comme la lumière de sept jours, ne signifie rien de septuple, mais le saint de l’amour signifié par le Soleil. Voir aussi ce qui a été dit et exposé précédemment sur le nombre septénaire, Chap. IV, Vers. 15. On voit encore clairement, par tout ce qui vient d’être rapporté, que, dans la Parole, les Nombres, quels qu’ils soient, ne signifient nullement des nombres, comme déjà il a été montré, Chap. VI, Vers. 3.
717. Il résulte aussi de ce qui précède qu’il s’agit des volontaires de l’homme ou de ses biens et de ses choses saintes, qui sont des attributs de la volonté ; car il est dit ici qu’il devait prendre des bêtes pures par sept, et la même chose lui est ordonnée au sujet de l’oiseau dans le Verset suivant ; mais dans le Chapitre précédent, Vers. 19, 20, il est dit qu’il devait les prendre par deux ou par paires, et non par sept, parce que là il s’agissait des intellectuels, qui ne sont pas saints en eux-mêmes, mais tirent leur sainteté de l’amour appartenant à la volonté.
718. Que le mari et l’épouse signifient les vrais conjoints aux biens, on le voit par la signification du mari, en ce qu’il est le vrai appartenant à l’entendement, et par la signification de l’épouse, en ce qu’elle est le bien appartenant à la volonté, comme déjà il a été dit. Cela résulte encore de ce qu’il ne saurait y avoir dans l’homme la moindre idée de pensée, ni le moindre sentiment d’affection, ni le moindre mouvement d’action, où ne soit une sorte de mariage de l’entendement et de la volonté ; sans cette sorte de mariage, rien n’existe, rien n’est produit. Dans les parties organiques mêmes de l’homme, simples ou composées, et même dans les plus simples, il y a un passif et un actif, qui, s’ils n’étaient unis par une sorte de mariage à l’instar du mari et de l’épouse, y seraient inutilement et ne pourraient rien produire. Il en est de même dans toute la nature. Ces mariages continuels tirent leur principe et leur origine du mariage céleste, par lequel l’idée du Royaume du Seigneur a été aussi imprimée dans la nature entière à chaque chose, tant animée qu’inanimée.
719. Par la bête non pure sont signifiées les affections mauvaises : on le voit par ce qui a été dit précédemment au sujet des bêtes pures. Les bêtes sont appelées pures lorsqu’elles sont douces, bonnes et utiles ; et, par opposition, elles sont appelées non pures lorsqu’elles sont sauvages, mauvaises et inutiles ; elles ont leurs genres et leurs espèces. Dans la Parole, les bêtes non pures sont désignées par les loups, les ours, les renards, les porcs et plusieurs autres animaux, et elles signifient différentes cupidités et différentes méchancetés. S’il est dit ici que les bêtes non pures, ou de mauvaises affections, seraient aussi introduites dans l’Arche, voici comment il faut l’entendre : Ici est décrit l’homme de cette Église tel qu’il était ; et cette description est faite par l’arche, et en conséquence par tout ce qui est dans l’arche ou qui a été introduit dans l’arche, c’est-à-dire par tout ce qui était chez l’homme avant qu’il fût régénéré. Il y avait chez lui des vrais et des biens dont il avait été pourvu et doué par le Seigneur avant d’être régénéré ; car sans des vrais et des biens personne ne peut être régénéré. Ici, il est fait mention des maux qui étaient chez lui, et ils sont signifiés par les bêtes non pures. Lorsque l’homme se régénère, il y a des maux qui doivent être chassés, c’est-à-dire, affaiblis et tempérés par des biens ; car aucun des maux actuels et héréditaires qui sont chez l’homme ne peut être chassé au point d’être entièrement détruit ; mais il demeure enté ; seulement il est affaibli et tempéré par des biens que donne le Seigneur, afin qu’il ne nuise point et ne paraisse point ; c’est là un arcane qui a été ignoré jusqu’à présent. Ce sont les maux actuels qui sont affaiblis et tempérés ; il n’en est pas de même des maux héréditaires ; c’est encore une chose qui est ignorée.
720. Par deux signifie relativement profanes : on peut le voir d’après la signification de ce nombre : Par deux ou deux ne signifie pas seulement le Mariage, – et quand c’est le mariage céleste qu’il signifie, ce nombre est saint, – mais il signifie encore la même chose que six, c’est-à-dire que deux est à l’égard de trois ce que les six jours de travail sont par rapport au Septième, qui est le jour de repos, ou le jour saint ; aussi le Troisième jour est-il pris, dans la Parole, pour le Septième, et a-t-il une signification presque semblable, à cause de la résurrection du Seigneur le troisième jour ; c’est de là aussi que l’avènement du Seigneur dans le monde et dans la gloire, et que tout avènement du Seigneur est représenté par le troisième jour de même que par le septième ; c’est pour cela que les deux jours qui les précèdent ne sont pas saints, mais sont relativement profanes. Ainsi, dans Hosée : « Venez, et retournons à Jéhovah, car Lui, il a blessé, et il nous guérira ; il a frappé, et il nous pansera ; il nous vivifiera après Deux jours, au Troisième jour il nous relèvera, et nous vivrons devant Lui. » – VI. 1, 2. – Et dans Zacharie : « Et il arrivera sur toute terre, Parole de Jéhovah, que Deux parties en elle seront retranchées, elles expireront, et la troisième restera en elle, et je ferai passer cette troisième partie par le feu, et les affinerai comme on affine l’argent. » – XIII. 8, 9 ; – et l’argent était très-pur lorsqu’il avait été purifié sept fois. – Ps. XII. 7. – On voit par ce qui précède que de même que par sept signifie non pas par sept, mais ce qui est saint, de même par deux signifie non pas par deux, mais ce qui est relativement profane ; ainsi, non pas que les bêtes impures ou les mauvaises affections de l’homme fussent, relativement aux bêtes pures ou à ses bonnes affections, en aussi petit nombre que l’indiquerait le rapport de deux à sept, puisque chez l’homme les maux sont innombrables en comparaison des biens.
721. De ce qui vient d’être dit il résulte que par le mari et l’épouse sont signifiés les faux conjoints aux maux ; car ici les expressions mari et épouse sont employées en parlant des bêtes impures, et précédemment elles étaient appliquées à des bêtes pures ; aussi, là elles signifiaient les vrais conjoints aux biens, et ici elles signifient les faux conjoints aux maux. Tel est le sujet, tel est l’attribut.
722. Vers. 3. Aussi de l’oiseau des cieux, par sept, par sept, le mâle et la femelle, pour vivifier semence sur les faces de toute la terre. – L’oiseau des cieux signifie les intellectuels ; par sept, leur sainteté ; le mâle et la femelle signifient les vrais et les biens ; pour vivifier semence sur les faces de toute la terre signifie les vrais de la foi.
723. Il a été montré précédemment que l’oiseau des cieux signifie les intellectuels ; il est donc inutile de s’y arrêter davantage.
724. On a vu aussi que par sept signifie ce qui est saint ; mais ici ce sont de saints vrais, qui sont saints parce qu’ils procèdent des biens. Aucun vrai n’est saint, à moins qu’il ne procède du bien. L’homme peut prononcer un grand nombre de vérités tirées de la Parole, et par conséquent les répéter de mémoire ; mais si ces vérités ne sont pas produites par l’amour ou la charité, la sainteté ne peut leur être attribuée ; si c’est au contraire l’amour ou la charité qui les produit, l’homme alors les reconnaît et les croit, et par conséquent c’est du fond du cœur. Il en est comme de la foi, dont tant de personnes disent que seule elle sauve ; s’il n’y a point l’amour, ou la charité, qui produise la foi, il n’y a point de foi : l’amour et la charité, voilà ce qui sanctifie la foi. Le Seigneur est dans l’Amour et dans la Charité, et non dans la foi séparée ; mais l’homme lui-même, dans lequel il n’y a rien qui ne soit corrompu, est dans la foi séparée ; car lorsque la foi a été séparée de l’amour, il parle de la foi, soit pour s’attirer des louanges, soit pour son intérêt, et ces motifs sont dans son cœur. C’est ce que chacun peut savoir par sa propre expérience : celui qui dit à un autre qu’il l’aime, qu’il le préfère à tout le monde, qu’il le reconnaît de préférence aux autres pour un excellent homme, etc., et qui cependant pense le contraire dans son cœur, celui-là ne parle ainsi que de bouche, et nie de cœur, souvent même il rit en lui-même. C’est ainsi qu’il en est à l’égard de la foi ; il m’a été montré clairement par un grand nombre d’expériences, que ceux qui, dans la vie du corps, avaient prêché le Seigneur et la foi avec une telle éloquence jointe à une dévotion si bien simulée, que leurs auditeurs en avaient été étonnés, mais qui n’avaient pas agi de cœur, étaient, dans l’autre vie, du nombre de ceux qui ont la plus grande haine contre le Seigneur, et qui persécutent les fidèles.
725. Le mâle et la femelle signifient les vrais et les biens : on peut le voir par ce qui a été dit et expliqué ci-dessus, à savoir, que le mari et le mâle signifient le vrai ; l’épouse et la femelle, le bien ; mais mâle et femelle se dit lorsqu’il s’agit des intellectuels, et mari et épouse, lorsqu’il s’agit des volontaires, parce que le mariage est représenté par le mari et l’épouse, et qu’il ne l’est pas de même par le mâle et la femelle. En effet, le vrai ne peut pas de soi-même former un mariage avec le bien, mais le bien le peut avec le vrai ; parce qu’il ne peut pas exister de vrai qui ne soit produit par un bien, et qui ne soit ainsi conjoint à un bien ; si l’on sépare le bien du vrai, il ne reste plus que des mots.
726. Pour vivifier semence sur les faces de toute la terre, signifie les vrais de la foi : on le voit d’après cela, que par cette Église il a été vivifié semence ; par la semence est entendue la foi. Le reste de la postérité de la Très-Ancienne Église avait perdu la semence céleste et spirituelle par ses honteuses cupidités et par ses affreuses persuasions ; mais pour que la semence céleste ne pérît pas, ceux qui sont appelés Noach furent régénérés, et cela au moyen d’une semence spirituelle ; voilà ce qui est signifié ici. Ceux qui reçoivent du Seigneur la vie sont dits être vivifiés, parce que la vie n’est que dans ce qui appartient au Seigneur, comme chacun peut le voir, en ce qu’il n’y a pas réellement de vie dans les choses qui n’appartiennent point à la vie éternelle, ou qui ne se rapportent point à la vie éternelle. La vie qui n’est pas éternelle n’est pas la vie ; mais elle périt dans un espace de temps très-court. L’Être ne peut se dire des choses qui cessent d’être, mais il se dit des choses qui ne cessent jamais d’être ; ainsi le vivre et l’Être ne sont que dans ce qui appartient au Seigneur ou à Jéhovah, parce que Être et vivre pour l’éternité lui appartiennent entièrement. Par la vie éternelle on doit entendre la félicité éternelle. Voir ce qui a été dit et exposé sur ce sujet, Nos 290.
727. Vers. 4. Parce que, après sept jours encore, Moi, je ferai pleuvoir sur la terre, pendant quarante jours et quarante nuits, et je détruirai de dessus les faces de l’humus toute substance que j’ai faite. – Par après sept jours est signifié le commencement de la tentation ; par pleuvoir, la tentation ; par quarante jours et quarante nuits, la durée de la tentation ; détruire de dessus les faces de L’humus toute substance que j’ai faite, signifie le propre de l’homme qui est comme détruit lorsque l’homme est régénéré : ces mêmes mots signifient aussi la destruction de ceux qui appartenaient à la Très-Ancienne Église et qui se perdirent eux-mêmes.
728. Après sept jours signifie ici le commencement de la tentation : on le voit d’après le sens interne de tous les mots de ce Verset, car il s’agit de la Tentation de l’homme appelé Noach. En général, il s’agit autant de la Tentation que de la Vastation totale de ceux qui avaient été de la Très-Ancienne Église et qui étaient devenus tels qu’il a été dit ; c’est pourquoi après sept jours signifie non-seulement le commencement de la tentation, mais aussi la fin de la Vastation. Si ces mots après sept jours ont cette signification, c’est que sept est un nombre saint, comme il a été dit et expliqué, Vers. 2 de ce Chapitre et Chap. IV. 15, 24, et Nos 84 à 87, et qu’il signifie l’avènement du Seigneur dans le monde, puis son avènement dans la gloire, et en particulier tout avènement du Seigneur. Tout avènement du Seigneur a cela de particulier qu’il est un commencement pour ceux qui se régénèrent, et une fin pour ceux qui sont dévastés ; ainsi, pour l’homme de cette Église, l’avènement du Seigneur a été le commencement de la tentation ; car, lorsque l’homme est tenté, il commence à devenir nouveau et à se régénérer ; et cet avènement a été en même temps la fin de ceux de la Très-Ancienne Église qui étaient devenus tels qu’il était impossible qu’ils ne périssent point. Il en fut de même quand le Seigneur vint dans le monde ; l’Église était alors dans son dernier état de Vastation, et alors une nouvelle Église fut formée. Cette signification des mots après sept jours devient évidente par ce passage dans Daniel : « Soixante-dix semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta ville de sainteté, pour consommer la prévarication, et pour mettre le sceau sur les péchés, et pour expier l’iniquité, et pour amener la justice des siècles, et pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le Saint des Saints ; sache donc et perçois que depuis la sortie de la Parole pour rétablir et bâtir Jérusalem jusqu’au Messie Prince, (il y a) sept semaines. » – IX. 24, 25 ; – là, soixante-dix semaines et sept semaines signifient la même chose que sept jours, c’est-à-dire l’avènement du Seigneur ; mais, comme là c’est une prophétie manifeste, les temps sont désignés d’une manière encore plus sainte et plus certaine par des nombres septénaires. Que le nombre sept, ainsi appliqué aux temps, signifie non-seulement l’avènement du Seigneur, mais aussi alors le commencement d’une nouvelle Église, on le voit par ces paroles : pour oindre le Saint des saints, et pour rétablir et bâtir Jérusalem ; que ce même nombre signifie en même temps la dernière vastation, on le voit aussi par ces mots : des semaines ont été déterminées sur la ville de sainteté, pour consommer la prévarication et pour mettre le sceau sur les péchés. Il en est de même dans d’autres endroits de la Parole, comme dans Ézéchiel, lorsque, parlant de lui-même, ce Prophète dit : « Je vins vers la captivité de Thel-abib, vers ceux qui étaient assis auprès du fleuve de Kébar, et j’y fus assis Sept jours, stupéfait au milieu d’eux ; et il arriva, à la fin des Sept jours, que la Parole de Jéhovah me fut adressée. » – III. 15, 16 ; – là, les Sept jours sont pris aussi pour le commencement de la visitation ; car, c’est après les sept jours, lorsqu’il était assis auprès de ceux qui étaient en captivité, que la Parole de Jéhovah lui fut adressée. Dans le Même : « On ensevelira Gog, afin de nettoyer la terre, pendant Sept mois ; à la fin des Sept mois, on fera la recherche. » – XXXIX. 12, 14 ; – là, il s’agit aussi du dernier terme de la Vastation, et du premier de la visitation. Dans Daniel : « Le cœur de Nébuchadnezar ne tiendra plus de l’homme, et un cœur de bête lui sera donné, et Sept temps passeront sur lui. » – IV. 13, 22, 29 ; – c’est pareillement la fin de la Vastation et le commencement du nouvel homme. Les soixante-dix années de la captivité de Babylone ont représenté la même chose ; qu’il s’agisse de soixante-dix ou de sept, c’est toujours la même signification, comme lorsqu’il est parlé de sept jours, ou de sept années, ou de sept siècles qui font soixante-dix ans : la vastation avait été représentée par les années de la captivité ; le commencement de la nouvelle Église l’avait été par la délivrance des Juifs, et par la réédification du Temple. Les mêmes choses furent aussi représentées par le service de Jacob chez Laban ; on le voit par ces paroles : « Je te servirai Sept ans pour Rachel ; et il servit Sept ans. Laban dit : Achève cette Semaine, et nous te donnerons aussi l’autre pour le service que tu feras encore avec moi sept autres années. Et Jacob fit ainsi, et il acheva cette Semaine. » – Genèse, XXIX. 18, 20, 27, 28 ; – là, le service de sept années a une semblable signification ; et c’est après les jours des sept années qu’il y eut mariage et liberté ; le temps de ces sept années était nommé Semaine, comme dans Daniel. La même chose était aussi représentée par l’ordre qui fut donné aux Israélites de faire sept fois le tour de Jéricho, après quoi la muraille devait tomber : il est dit à ce sujet qu’au Septième jour ils se levèrent à l’aurore, et firent le tour de la ville de la même manière sept fois, et qu’à la septième fois, sept prêtres sonnèrent de sept trompettes, et que la muraille s’écroula. – Josué, VI. 10 à 20. – S’il n’y avait pas eu là une semblable signification, il n’aurait pas été ordonné qu’on fit sept fois le tour de la ville, et qu’il y eût sept prêtres et sept trompettes. Par ces passages et par plusieurs autres, comme dans – Job, II. 13. Apoc. XV. 1, 6, 7. XXI. 9 ; – on peut voir que ces mots après sept jours signifient le commencement d’une nouvelle Église et la fin d’une ancienne. Ici, comme il s’agit autant de l’homme de l’Église appelée Noach et de sa tentation que de la dernière postérité de la Très-Ancienne Église qui se perdait, ces mots après sept jours encore ne peuvent signifier autre chose que le commencement de la tentation de Noach et la fin de la Très-Ancienne Église, ou sa dernière vastation et son expiration.
729. Par pleuvoir est signifiée la Tentation : on le voit d’après ce qui a été dit et expliqué dans le préambule de ce Chapitre ; il y a été montré, en effet, que le déluge et l’inondation des eaux, indiqués ici par pleuvoir, signifient non-seulement la Tentation, mais aussi la vastation. Cette signification de pleuvoir deviendra encore évidente par ce qui sera dit, dans la suite, sur le déluge.
730. Par quarante jours et quarante nuits est signifiée la durée de la tentation : on le voit clairement d’après la Parole du Seigneur. Si quarante signifie la durée de la tentation, c’est parce que le Seigneur a bien voulu être tenté pendant quarante jours, ainsi qu’on le voit dans – Matth. IV. 1, 2. Luc, IV. 2. Marc, I. 13 ; – et comme toutes les choses qui ont été instituées, en général et en particulier, dans l’Église Judaïque et dans les autres Églises représentatives, avant l’avènement du Seigneur, étaient des types du Seigneur, il en fut aussi de même des quarante jours et quarante nuits, qui représentaient et signifiaient en général toute Tentation, et en particulier la durée quelconque de la tentation. Et comme lorsque l’homme est en tentation, il est dans la vastation de tout ce qui appartient à son propre et de tout ce qui est corporel, car les propres et les corporels doivent mourir, et cela par des combats et des tentations, avant que l’homme renaisse de nouveau ou devienne spirituel et céleste, voilà pourquoi quarante jours et quarante nuits signifient aussi la durée de la vastation. Il en est de même ici, où il s’agit tant de la tentation de l’homme de la nouvelle Église appelée Noach que de la vastation des antédiluviens. Que quarante signifie aussi bien la durée de la tentation que celle de la vastation, et aussi bien une grande durée qu’une petite, on le voit dans Ézéchiel : « Tu coucheras sur ton côté droit, et porteras l’iniquité de la maison de Jéhudah pendant quarante jours ; un jour pour chaque année je t’ai assigné. » – IV. 6 ; – là, il s’agit de la durée de la vastation de l’Église Judaïque, et aussi de la représentation de la tentation du Seigneur, car il est dit qu’il porterait l’iniquité de la maison de Jéhudah. Dans le Même : « Je livrerai la terre d’Égypte aux dévastations, à une dévastation de désolation ; le pied de l’homme ne passera plus par elle, ni le pied de la bête ne passera plus par elle, et elle ne sera pas habitée pendant quarante ans. Et je livrerai la terre d’Égypte en désolation au milieu des terres désolées, et ses villes au milieu des villes dévastées seront une solitude pendant quarante ans. » – XXIX. 10, 11, 12 ; – là, il s’agit encore de la durée de la vastation et de la désolation, et dans le sens interne il s’agit non de quarante années, mais seulement de la désolation de la foi en général pendant un intervalle de temps plus ou moins long. Dans Jean : « Le Parvis qui (est) au dehors du Temple, laisse-(le) dehors et ne le mesure pas, parce qu’il a été donné aux nations qui fouleront aux pieds la Cité sainte pendant Quarante-deux mois. » – Apoc. XI. 2 ; – et dans le Même : « Il fut donné à la bête une bouche qui disait de grandes choses et des blasphèmes ; et il lui fut donné pouvoir de le faire pendant Quarante-deux mois. – Apoc. XIII. 5 ; – là, c’est la durée de la dévastation, car on ne doit pas entendre un espace de temps de quarante-deux mois, comme chacun peut le voir ; mais, dans ces passages, il est dit quarante-deux, nombre qui a une même signification avec quarante ; l’origine de cette signification, c’est que sept jours signifient une fin de vastation et un nouveau commencement, tandis que le nombre six signifie le travail, d’après les six jours de travail et de combat, c’est pourquoi sept a été multiplié par six, d’où est résulté le nombre quarante-deux, signifiant la durée de la vastation et la durée de la tentation, ou le travail et le combat de l’homme qui doit être régénéré, combat dans lequel se trouve la sainteté ; mais le nombre rond quarante a été pris pour le nombre non rond quarante-deux, ainsi qu’il résulte de ces passages de l’Apocalypse. Le peuple israélite, en ce qu’il fut conduit dans différentes parties du désert pendant quarante ans, avant d’être introduit dans la terre de Chanaan, représentait et signifiait également par là la durée de la tentation ainsi que la durée de la vastation ; la durée de la tentation, en ce que les Israélites furent ensuite introduits dans la Terre-Sainte ; la durée de la vastation, en ce que tous ceux qui étaient sortis d’Égypte âgés de plus de vingt ans, moururent dans le désert, à l’exception de Josué et de Chaleb. Ce sont les tentations qu’il faut entendre par les choses contre lesquelles ils murmurèrent tant de fois ; et ce sont les vastations qui sont représentées par les plaies et les destructions dont ils furent si souvent frappés : qu’elles signifiaient des tentations et des vastations, c’est ce qui, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, sera montré en son lieu. Il en est ainsi parlé dans Moïse : « Souviens-toi de tous les chemins par lesquels Jéhovah ton Dieu t’a conduit, pendant ces Quarante années, dans le désert, à l’effet de t’affliger, de te tenter, de connaître ce qui était dans ton cœur, si tu garderais ses préceptes, ou non. » – Deutér. VIII. 2, 3, 16. – Les quarante jours et les quarante nuits que Moïse passa sur le mont Sinaï signifient semblablement la durée de la tentation, ou la tentation du Seigneur, comme on le voit dans Moïse lui-même. Il dit qu’il fut « quarante jours et quarante nuits sur le mont Sinaï, ne mangeant point de pain, ne buvant point d’eau, suppliant pour le peuple, afin qu’il ne fût point détruit. » – Deutér. IX. 9, 11, 18, 25 jusqu’à la fin. X. 11. Nomb. XIV. 33, 34, 35. XXXII. 8 à 14. – Si par quarante jours est signifiée la durée de la tentation, c’est parce que le Seigneur, comme il a été dit, s’est laissé tenter par le diable pendant quarante jours ; c’est pourquoi, comme tout était représentatif du Seigneur, lorsque l’idée de la tentation est venue chez les Anges, cette idée a été représentée dans le monde des esprits par des choses du monde, comme il arrive pour toutes les idées des Anges, lorsqu’elles parviennent dans le monde des esprits, où elles sont fixées d’une manière représentative. Ainsi, l’idée de la durée de la tentation y fut fixée par le nombre quarante, parce que le Seigneur devait être tenté pendant quarante jours. Pour le Seigneur, et de là pour le Ciel angélique, peu importe qu’une chose doive arriver ou qu’elle soit présente, ce qui doit arriver est présent ; ou bien ce qui doit se faire est fait ; de là cette représentation des tentations et des dévastations par le nombre quarante dans l’Église représentative. Mais ces arcanes ne peuvent pas encore être suffisamment compris, parce qu’on ne connaît pas l’influx du Ciel angélique sur le monde des esprits, et parce qu’on ne sait pas qu’il est d’une telle nature.
731. Détruire de dessus les faces de l’humus toute substance que j’ai faite, signifie le propre de l’homme, qui est comme détruit lorsque l’homme se régénère : on le voit d’après ce qui a été déjà dit sur le propre. Le propre de l’homme n’est absolument que mal et faux ; tant qu’il subsiste, l’homme est mort ; mais quand l’homme subit les tentations, le propre est dissipé, c’est-à-dire affaibli et adouci par les vrais et les biens qui procèdent du Seigneur, et par conséquent vivifié, et il paraît ne plus exister. Le mot détruire signifie que le propre ne paraît et ne nuit plus, quoique cependant il ne soit pas détruit et qu’il reste. Il en est de cela à peu près comme du noir et du blanc, qui, tempérés avec variété par les rayons de la lumière, se transforment en de belles couleurs, par exemple, en bleu, en jaune, en pourpre, par lesquelles en raison de la disposition, comme dans les fleurs, se présentent des nuances brillantes et agréables, quoique le noir et le blanc en soient toujours le fondement radical. Mais comme il s’agit en même temps ici de la dernière vastation de ceux qui étaient de la Très-Ancienne Église, par détruire de dessus tes faces de l’humus toute substance que j’ai faite, sont signifiés ceux qui ont péri, comme on le verra encore au Vers. 23. La substance que j’ai faite, c’est tout ce qui a eu en soi la semence céleste, ou tout homme qui a eu cette semence, ou qui a été de l’Église ; aussi ici, et dans le Verset suivant 23, est employé le mot humus, qui signifie l’homme de l’Église chez lequel ont été semés le bien et le vrai, bien et vrai qui, chez ceux qui sont appelés Noach, après qu’ils eurent, comme il a été dit, dissipé les maux et les faux, prirent successivement de l’accroissement, mais furent détruits par l’ivraie chez les antédiluviens qui ont péri.
732. Vers. 5. Et Noach fit selon tout ce que lui avait commandé Jéhovah, signifie comme précédemment qu’ainsi fut fait. – Voir le Chapitre précédent, Vers. 22, où il est dit deux fois Noach fit ; ici, cela n’est dit qu’une fois. Là, il était dit Dieu ; ici, il est dit Jéhovah ; c’est que là il s’agissait des intellectuels, et qu’ici il s’agit des volontaires : les intellectuels regardent les volontaires comme étant d’une autre nature et distincts d’avec eux-mêmes ; les volontaires, au contraire, regardent les intellectuels comme leur étant unis, ou comme faisant un avec eux ; car c’est par la volonté que l’entendement existe ; voilà pourquoi faire est dit là deux fois, et ici seulement une fois, et pourquoi là il est dit Dieu, et ici Jéhovah.
733. Vers. 6. Et Noach (était) fils (ou âgé) de six cents ans, et le déluge d’eaux arriva sur la terre. – Par Noach fils (ou âgé) de six cents ans est signifié le premier état de sa tentation, et par le déluge d’eaux sur la terre, le commencement de la tentation.
734. Dans ce qui précède, il a été traité des vrais intellectuels dans lesquels l’homme de l’Église, appelée Noach, avait été instruit par le Seigneur avant d’être régénéré, Chap. VI, Vers. 13 jusqu’à la fin, et ensuite des biens volontaires dont il avait aussi été doué par le Seigneur, – VII. 1 à 5. – On a vu qu’il semble y avoir répétition, parce qu’il s’est agi des vrais et des biens. Maintenant, il s’agit de sa tentation, et même ici, du Vers. 6 au Vers. 11, de son premier état, et par conséquent du commencement de la tentation ; et, comme chacun peut le voir, il se présente de nouveau une répétition ; car, dans ce Verset, il est dit que Noach était fils de six cents ans quand le déluge arriva sur la terre ; et, dans le Vers. 11, il est dit : En l’an six cent de la vie de Noach, au second mois, au dix-septième jour. De même, au Vers. 7, il est dit que Noach entra dans l’arche avec ses fils et leurs épouses, et la même chose est répétée au Vers. 13 ; puis aux Vers. 8 et 9, il est dit, comme aux Vers. 14, 15, 16, que les bêtes entrèrent vers Noach dans l’arche. Il résulte de là qu’il y a de même ici répétition de choses dites précédemment. Celui qui s’en tient au seul sens de la lettre ne peut voir dans cette narration que des faits historiques répétés ; mais ici, comme partout ailleurs, il n’y a pas un seul mot qui soit superflu et vide de sens, parce que c’est la Parole du Seigneur ; par conséquent, il n’y a pas une seule répétition qui ne soit employée pour marquer une autre signification. Ici, comme précédemment, il s’agit d’abord d’une première tentation qui concerne les intellectuels, et ensuite de la tentation quant aux volontaires. Ces tentations, chez l’homme qui doit être régénéré, se succèdent ; car c’est tout autre chose d’être tenté quant aux intellectuels, et tout autre chose de l’être quant aux volontaires : la tentation quant aux intellectuels est légère, tandis que la tentation quant aux volontaires est grave.
735. Si la tentation quant aux intellectuels ou quant aux faux qui sont chez l’homme est légère, c’est parce que l’homme est dans les illusions des sens, et que les illusions des sens sont telles qu’elles ne peuvent pas ne pas entrer ; c’est pourquoi aussi elles peuvent être facilement dissipées. Ainsi tous ceux qui restent dans le sens de la lettre de la Parole, où il est parlé selon la manière de comprendre de l’homme, et par conséquent selon les illusions de ses sens, s’ils y ajoutent foi ingénument, parce que c’est la Parole de Dieu, quoiqu’ils soient dans ces illusions, néanmoins ils se laissent facilement instruire, comme, par exemple, celui qui croit que le Seigneur se met en colère, punit, fait du mal aux impies, celui-là, parce qu’il tient ces idées du sens de la lettre, peut facilement être informé de ce qu’il en est en réalité. De même, s’il croit avec ingénuité qu’il peut faire le bien de lui-même, et que, dans l’autre vie, il reçoit une récompense si de lui-même il est bon, il peut aussi être facilement instruit que le bien qu’il fait vient du Seigneur, et que le Seigneur par sa Miséricorde donne gratuitement la récompense. C’est pourquoi, lorsque de tels hommes viennent en tentation, quant à leurs intellectuels ou quant à de semblables illusions, ils ne peuvent être tentés que légèrement. C’est là la première tentation, et à peine paraît-elle comme une tentation ; c’est celle dont il s’agit maintenant. Mais il en est autrement de ceux qui ne croient pas à la Parole dans la simplicité du cœur, mais qui se confirment dans les illusions et dans les faussetés, parce qu’elles favorisent leurs cupidités ; ce motif les pousse à entasser une foule de raisonnements qu’ils tirent d’eux-mêmes et de leurs scientifiques, et à les confirmer ensuite par la Parole ; c’est ainsi qu’ils s’inculquent à eux-mêmes et se persuadent que le faux est le vrai.
736. Pour ce qui concerne Noach ou l’homme de cette nouvelle Église, il avait cru avec ingénuité à tout ce qu’il avait reçu de la Très-Ancienne Église, c’est-à-dire aux points de doctrine qui avaient été rassemblés et réunis en une certaine forme de doctrine par ceux qui ont été appelés Chanoch ; et son caractère était absolument différent de celui des antédiluviens, qui périrent et furent appelés Néphilim. Ceux-ci plongèrent les doctrinaux de la foi dans leurs honteuses cupidités, et se forgèrent ainsi d’affreuses persuasions, dont ils ne voulurent jamais se départir, quelles que fussent les instructions qu’ils recevaient des autres, et quoiqu’il leur fût démontré qu’ils s’abandonnaient à des faussetés. Aujourd’hui encore il y a des hommes de l’un et de l’autre de ces caractères : ceux qui sont du premier peuvent être régénérés facilement ; mais ceux du second, difficilement.
737. Noach fils (ou âgé) de six cents ans, signifie le premier état de sa tentation ; c’est ce qui résulte de ce qu’ici et jusqu’à Héber, Chap. XI, les nombres, les années de l’âge et les noms ne signifient que des choses, comme les âges et les noms de tous ceux dont il est fait mention dans le Chap. V. Qu’ici, les six cents ans signifient le premier état de la tentation, on peut le voir par les nombres Dix et Six qui y dominent, deux fois multipliés l’un par l’autre ; un nombre plus grand ou plus petit ne change rien à la signification de ceux dont il dérive. Que Dix signifie les Restes, c’est ce qui a été montré précédemment, Chap. VI, Vers. 3 ; et que Six ici signifie le travail et le combat, on le voit d’après la Parole en plusieurs autres endroits. En effet, tel est l’ordre des choses : dans ce qui précède, il s’agissait de la préparation de Noach à la tentation, à savoir, en ce qu’il fut instruit par le Seigneur dans des vrais intellectuels et dans des biens volontaires. Ces vrais et ces biens sont les Restes, qui ne se présentent pas de manière à être reconnus avant que l’homme soit régénéré. À l’égard de ceux qui sont régénérés par les tentations, les Restes chez l’homme servent aux anges qui sont chez lui ; ils en tirent des moyens de défendre l’homme contre les mauvais esprits qui excitent chez lui les faux, et ainsi l’assaillent. Or, parce que les Restes sont signifiés par Dix, et que le combat est signifié par Six, c’est pourquoi est employé le nombre six cents, dans lequel dominent dix et six, et il est dit six cents ans, qui signifient l’état de tentation. Pour ce qui concerne en particulier le nombre Six, à savoir, qu’il signifie le combat, on le voit d’après le Chapitre premier de la Genèse, où six jours sont employés pour la régénération de l’homme, avant qu’il soit devenu céleste ; pendant ces six jours, l’homme a été dans un combat continuel, mais au septième jour il y a eu repos ; c’est de là qu’il y a six jours de travail, et un septième, le Sabbath, qui signifie repos ; c’est de là aussi que le serviteur hébreu devait servir six années, et qu’à la septième il devait être libre, – Exod. XXI. 2. Deutér. XV. 12. Jérém. XXXIV. 14. – C’est de là encore qu’on devait pendant six ans ensemencer la terre et en recueillir le produit, mais, à la septième année, la laisser reposer, – Exod. XXIII. 10, 11, 12 ; – il en était de même de la vigne ; cette septième année était le sabbath de sabbath de la terre, le sabbath à Jéhovah, – Lévit XXV. 3, 4. – Six signifiant le travail et le combat, signifie aussi la dispersion du faux ; par exemple, dans Ézéchiel : « Voici, Six hommes qui prenaient par le chemin de la porte supérieure, laquelle regarde vers le septentrion, et chacun (avait) son instrument de dispersion dans sa main. » – IX. 2 ; – et dans le Même, contre Gog : « Je te ferai retourner, et te réduirai au sixième, et je te ferai remonter des côtés du septentrion. » – XXXIX. 2 ; – là, Six et la réduction au sixième, c’est la dispersion ; le septentrion, ce sont les faux ; et Gog, ce sont ceux qui des externes tirent des doctrinaux par lesquels ils détruisent le culte interne. Il est dit par Job : « Dans Six angoisses il te délivrera, et à la septième le mal ne te touchera point. » – V. 19 ; – c’est le combat des tentations. Il y a dans la Parole d’autres passages dans lesquels le nombre Six ne signifie ni le travail, ni le combat ou la dispersion du faux, mais le saint de la foi, parce qu’il se réfère à Douze, nombre qui signifie la foi et l’ensemble de toutes les choses appartenant à la foi ; et à trois, nombre qui signifie le saint, d’où vient même la dérivation réelle du nombre six, comme on le voit dans Ézéchiel, Chap. XL. 5, où la canne de l’homme, avec laquelle il mesura la ville sainte d’Israël, était de six coudées ; et comme on le voit encore ailleurs. La cause de cette dérivation, c’est que dans le combat de la tentation, il y a la sainteté de la foi, puis, que les six jours de travail et de combat ont pour but le septième, qui est saint.
738. Noach est nommé ici Fils de six cents ans, parce que le Fils signifie le vrai intellectuel, comme il a été montré précédemment ; mais il n’est point appelé Fils dans le Vers. 11, parce que là il s’agit de sa tentation quant aux volontaires.
739. Que par le déluge d’eaux est signifié le commencement de la tentation, on le voit par cela qu’il s’agit ici de la tentation quant aux intellectuels, tentation, qui précède les autres, et qui est légère, ainsi qu’il a été dit ; aussi est-il dit le déluge d’eaux, et non pas simplement le déluge, comme ci-dessous, Vers. 17 : les eaux, en effet, signifient principalement les spirituels de l’homme, les intellectuels de la foi, puis leurs opposés, ou les faux, comme on peut le confirmer par un grand nombre de passages de la Parole. Que le déluge d’eaux ou l’inondation signifie la Tentation, on le voit par ce qui a été montré pour prémisses de ce Chapitre, puis aussi par les passages suivants : dans Ézéchiel : « Ainsi a dit le Seigneur Jéhovih : Je ferai éclater un vent de tempêtes par mon indignation, et une Pluie inondante par ma colère il y aura, et des pierres de grêle par ma fureur, jusqu’à consommation, afin que je détruise la muraille que vous enduisez d’ineptie. » – XIII. 11, 13, 14 ; – le vent de tempêtes et la pluie inondante, c’est la désolation du faux ; la muraille enduite d’ineptie, c’est la fiction, sous l’apparence du vrai. Dans Ésaïe : « Jéhovah Dieu, est une protection contre l’inondation, un ombrage contre la chaleur ; car le souffle des (hommes) violents (est) comme une Inondation contre une muraille. » – XXV. 4 ; – là, l’inondation, c’est la tentation quant aux intellectuels ; elle est distinguée de la tentation quant aux volontaires, qui est appelée chaleur. Dans le Même : « Voici, au Seigneur, un fort et robuste, comme une Inondation de grêle, une tempête de destruction, comme une Inondation de grosses eaux débordées. » – XXVIII. 2 ; – là, sont décrits les degrés de la tentation. Dans le Même : « Quand tu passeras par les Eaux, avec toi, Moi, (je serai), et par les fleuves, ils ne t’inonderont pas ; quand tu iras à travers le feu, tu ne seras point brûlé, et la flamme ne t’embrasera point. » – XLIII. 2 ; – là, les eaux et les fleuves sont pris pour les faux et pour les fantaisies ; le feu et la flamme, pour les maux et pour les cupidités. Dans David : « C’est pourquoi tout saint te priera au temps qu’on (te) trouve, en sorte que dans l’Inondation des grosses eaux, elles ne l’atteindront point. Toi, retraite pour moi, de l’angoisse tu me garderas. » – Ps. XXXII. 6, 7 ; – là, l’inondation des eaux, c’est la tentation, qui est aussi appelée déluge. Dans le Même : « Jéhovah au déluge est assis ; et Jéhovah est assis Roi à éternité. » – Ps. XXIX. 10. – D’après ces passages, et par ce qui a été dit en tête de ce Chapitre, on voit que le Déluge, ou Inondation d’eaux, ne signifie pas autre chose que des Tentations et des Vastations, bien que, selon la coutume des Très-Anciens, il soit historiquement décrit.
740. Vers. 7. Et Noach entra, et ses fils, et son épouse, et les épouses de ses fils avec lui, dans l’arche, de devant les eaux du déluge. – Noach entra dans l’arche de devant les eaux du déluge, signifie que dans la tentation il fut garanti : ses fils signifient, comme précédemment, des vrais ; son épouse, des biens ; et les épouses de ses fils, les vrais conjoints aux biens.
741. Que Noach entra dans l’arche de devant les eaux du déluge signifie qu’il fut garanti, c’est ce que chacun peut voir. Les tentations ne sont autre chose que des combats des mauvais esprits contre les Anges qui sont chez l’homme. Les mauvais esprits rappellent toutes les actions dépravées de l’homme, et aussi toutes les pensées dépravées qu’il a eues depuis son enfance, ainsi, tant ses maux que ses faux, et ils le condamnent ; rien ne leur procure plus de plaisir ; c’est en cela que consiste le charme même de leur vie. Mais le Seigneur, au moyen des Anges, protège l’homme, et empêche que les mauvais esprits et les génies ne dépassent les bornes et ne poussent leur inondation au-delà de ce que l’homme peut supporter.
742. Que les fils signifient des vrais ; l’épouse, des biens, et les épouses des fils, les vrais conjoints aux biens, c’est ce qui a été dit déjà au Chapitre précédent, Vers. 18, où se lisent les mêmes paroles. Par les vrais et les biens, quoiqu’ils soient appelés ici fils et épouses, on doit entendre les vrais et les biens qui étaient chez l’homme appelé Noach, et qui le mirent en sûreté. Tel est le style très-ancien de la Parole ; il enveloppe des arcanes du Ciel dans une connexion historique.
743. Vers. 8, 9. De la bête pure, et de la bête qui n’était point pure, et de l’oiseau, et de tout ce qui rampe sur l’humus, par deux, par deux entrèrent vers Noach dans l’arche, le mâle et la femelle, comme avait commandé Dieu à Noach. – La bête pure signifie, comme précédemment, les affections du bien ; la bête qui n’est point pure, les cupidités ; l’oiseau en général, les pensées ; tout ce qui rampe sur l’humus, le sensuel et tout ce qui est de volupté : par deux, par deux signifie correspondants entre eux ; entrèrent dans l’arche, signifie qu’ils furent garantis ; le mâle et la femelle, comme précédemment, signifient le vrai et le bien ; comme avait commandé Dieu à Noach, signifie qu’ainsi fut fait.
744. Que la bête pure signifie les affections du bien, c’est ce qui a été déjà dit et expliqué au Vers. 2 de ce Chapitre, il est donc inutile de s’y arrêter ; on a vu aussi, au même endroit, que la bête qui n’est point pure signifie les cupidités ou les affections mauvaises.
745. L’oiseau en général, signifie les pensées : on le voit par tout ce qui a été dit sur les oiseaux, précédemment, en plusieurs endroits, où il a été montré qu’ils signifiaient les intellectuels ou les rationnels ; mais alors étaient nommés les oiseaux des cieux, tandis qu’ici est nommé seulement l’oiseau, c’est pourquoi, pris en général, il signifie les pensées ; car il y a plusieurs genres d’oiseaux, tant purs qu’impurs, qui sont distingués, ci-après, dans le Vers. 14, en oiseau, en volatile, et en ailé ; les purs sont les pensées du vrai, les impurs sont les pensées fausses ; d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il en sera parlé dans la suite.
746. Que tout ce qui rampe sur l’humus signifie le sensuel et tout ce qui est de volupté, cela aussi a été dit et montré précédemment. Les Très-Anciens comparaient et assimilaient les sensuels de l’homme et ce qui tient à ses voluptés aux reptiles et aux animaux rampants, et ils les appelaient de même, parce que les sensuels et ce qui tient aux voluptés sont les extrêmes de l’homme et rampent pour ainsi dire à sa surface, et qu’il ne leur est pas permis de s’élever plus haut.
747. Que par deux, par deux, signifie correspondants entre eux, chacun peut le voir en ce que ce sont des couples. Il ne peut pas exister de couples sans qu’ils soient formés d’objets qui se correspondent ; tels sont les vrais et les biens, les maux et les faux ; en toutes choses, en effet, il y a une sorte de mariage, ou d’accouplement, comme celui des vrais avec les biens, et des maux avec les faux, parce qu’il y a un mariage de l’entendement avec la volonté, ou des intellectuels avec les volontaires. Chaque chose même à son mariage, ou son accouplement, sans lequel elle ne subsiste pas.
748. Entrèrent dans l’arche, signifie qu’ils furent garantis, c’est ce qui a été dit précédemment, au Vers. 7, où il a été parlé de Noach, de ses fils et de leurs épouses.
749. Le mâle et la femelle signifient le vrai et le bien : on l’a vu plus haut, Chap. VI, Vers. 19 ; on a vu aussi Chap. VII, Vers. 2, 3, qu’il est dit mâle et femelle en parlant des oiseaux, et mari et épouse en parlant des bêtes ; la raison en a été dite, c’est qu’il y a un mariage des volontaires avec les intellectuels, mais que les intellectuels considérés en soi ne forment pas mariage avec les volontaires ; dans le premier cas, c’est comme s’il y avait mari et épouse ; dans le second, c’est seulement comme s’il y avait mâle et femelle. Or, comme il s’agit d’abord ici de la tentation de cet homme quant aux intellectuels, ainsi qu’il a été expliqué, il est dit le mâle et la femelle, et il est entendu le combat ou la tentation quant aux intellectuels.
750. Comme avait commandé Dieu, signifie qu’ainsi fut fait ; c’est ce qui a été déjà montré au Vers. 22 du Chapitre précédent, et au Vers. 5 de ce Chapitre.
751. Comme il s’agit ici de la Tentation de l’homme de l’Église nouvelle appelée Noach, et qu’il y a peu de personnes, si toutefois il y en a, qui sachent en quoi consistent les Tentations, parce que aujourd’hui il y a peu d’hommes qui subissent de telles tentations, et que ceux qui les subissent croient seulement qu’il y a par inhérence quelque chose en eux-mêmes qui souffre ainsi, il convient de donner sur ce sujet quelques explications : ce sont les mauvais esprits qui alors, comme il a été dit, rappellent les faux et les maux de l’homme, et cela en tirant de sa mémoire tout ce qu’il a pensé et fait depuis son enfance, ce que les mauvais esprits peuvent faire avec tant d’adresse et de malice qu’on ne saurait le décrire ; mais les Anges qui sont chez l’homme en tirent ses biens et ses vrais, et ainsi le défendent ; c’est ce combat qui est senti et perçu chez l’homme, et qui cause le remords et le tourment de la conscience. Il y a deux genres de Tentations : l’un quant aux intellectuels, l’autre quant aux volontaires. Lorsque l’homme est tenté quant aux intellectuels, les mauvais esprits lui rappellent les actions mauvaises qu’il a faites, et qui sont signifiées ici par les bêtes impures, et ils les censurent et les condamnent ; ils lui rappellent même ses actions bonnes, qui sont aussi signifiées ici par les bêtes pures, mais ils les pervertissent de mille manières ; ils lui retracent aussi en même temps ses pensées, désignées ici par l’Oiseau, et même jusqu’aux choses qui sont ici signifiées par ce qui rampe sur l’humus. Toutefois, cette tentation est légère ; et elle est seulement perçue par le rappel de toutes ces choses dans la mémoire, et par une sorte d’anxiété qui en résulte. Mais, lorsque l’homme est tenté quant à ses volontaires, les actions et les pensées ne sont point ainsi rappelées ; il y a alors des mauvais génies, – ainsi peuvent être appelés les mauvais esprits de ce genre, – qui l’embrasent de cupidités et des honteux amours dont il est rempli, et ainsi combattent par les cupidités mêmes de l’homme, ce qu’ils font avec tant de malice et si clandestinement que l’homme ne peut jamais croire que c’est leur ouvrage ; car ils pénètrent en un moment dans la vie de ses cupidités, puis changent et tournent presqu’en un instant l’affection du bien et du vrai en affection du mal et du faux, de sorte que l’homme ne peut savoir autre chose sinon que c’est par lui-même que cela se fait, et qu’ainsi cela coule de son plein gré. Cette tentation est très-grave ; elle est perçue comme une douleur interne et un feu dévorant : il en sera parlé dans la suite. Il m’a été accordé par un grand nombre d’expériences de connaître qu’il en est ainsi, et de savoir quand les mauvais esprits, ou les génies, influaient et se répandaient chez l’homme, d’où ils venaient, quels ils étaient et comment ils agissaient. Dans la suite, par la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera parlé en particulier de ces expériences.
752. Vers. 10. Et il arriva, après les sept jours, que les eaux du déluge arrivèrent sur la terre. – Par ces paroles est signifié, comme ci-dessus, le commencement de la tentation.
753. On a vu, au Vers. 4, que les sept jours signifient le commencement de la tentation, et cela se rapporte à ce qui précède, à savoir, que cette tentation, qui concernait les intellectuels, était le commencement de la tentation ou la première tentation ; c’est par conséquent la fin de cette tentation qui est exprimée ici : or, comme cette première tentation concernait les intellectuels, elle est exprimée par les eaux du déluge, comme ci-dessus, Vers. 7 ; on a vu aussi, Vers. 6, que le déluge d’eaux signifie proprement une semblable tentation.
754. Vers. 11. En l’an six cent de la vie de Noach, au second mois, au dix-septième jour du mois, en ce jour-là firent éruption toutes les sources du grand abîme, et les cataractes du ciel furent ouvertes. – L’an six cent, le second mois et le dix-septième jour signifient l’autre état de la tentation ; l’éruption de toutes les sources du grand abîme signifie l’extrême de la tentation quant aux volontaires ; et l’ouverture des cataractes du ciel, l’extrême de la tentation quant aux intellectuels.
755. Que l’an six cent, le second mois et le dix-septième jour signifient l’autre état de la tentation, c’est ce qui résulte de ce qui a été dit jusqu’ici ; car, du Vers. 6 au Vers. 11, il s’agissait du premier état de tentation qui concernait les intellectuels de l’homme ; mais à présent il s’agit de l’autre état qui concerne ses volontaires ; voilà pourquoi il est parlé une seconde fois de l’âge de Noach : précédemment il a été dit qu’il était fils (ou âgé) de six cents ans, et ici il est dit que le déluge arriva l’an six cent de sa vie, au second mois, et au dix-septième jour du mois. Personne ne pourrait soupçonner que par la désignation de l’âge de Noach en années, en mois, et en jours, il soit entendu l’état de tentation quant aux volontaires ; mais, comme il a été dit, telle était la manière de parler et d’écrire des Très-Anciens ; ils prenaient surtout plaisir à pouvoir se servir de temps et de noms déterminés, pour en composer une histoire qui eût apparence de réalité ; c’est en cela que consistait leur sagesse. Au Vers. 6, il a été montré que six cents ans ne signifient autre chose que le premier état de la tentation ; il y a pareillement ici six cents ans ; mais pour qu’ils signifient l’autre état de la tentation, il a été ajouté des mois et des jours, et même, à savoir, deux mois, ou au second mois, ce qui signifie le combat même, comme on peut le voir par la signification du nombre deux, donnée précédemment au Vers. 2 de ce Chapitre, où il est dit que deux signifie la même chose que six, c’est-à-dire le travail et le combat, et enfin la dispersion, comme on peut le voir à l’endroit indiqué. Le nombre dix-sept signifie tant le commencement de la tentation que la fin de la tentation, parce qu’il est composé du nombre septénaire et de dix. Lorsqu’il signifie le commencement de la tentation, ce nombre est considéré comme renfermant sept jours, ou la semaine de sept jours, qui signifie le commencement de la tentation, comme déjà il a été montré, au Vers. 4 de ce Chapitre ; mais quand il signifie la fin de la tentation, comme au Chapitre VIII, Vers. 4, c’est alors le nombre saint sept, auquel est ajouté dix, qui signifie les Restes (Reliquiae) ; car, sans des Restes (Reliquiae), l’homme ne peut être régénéré. Que le nombre dix-sept signifie le commencement de la tentation, on le voit dans Jérémie, en ce qu’il lui fut ordonné d’acheter le champ de Chanamel, fils de son oncle, qui était à Anatoth, « et il lui pesa l’argent, (à savoir) dix-sept sicles d’argent. » – XXXII. 9. – Que ce nombre signifie aussi la captivité des Juifs à Babylone, représentant la tentation de ceux qui étaient fidèles et la dévastation de ceux qui ne l’étaient point, et même le commencement de la tentation, et en même temps la fin de la tentation ou la délivrance, on peut le voir par la suite de ce Chapitre du Prophète, en ce qu’il est parlé de la captivité jusqu’au Vers. 36, et de la délivrance à partir du Vers. 37. Un tel nombre ne serait pas employé dans le Prophète si, comme tous les autres mots, il ne renfermait des arcanes. Que dix-sept signifie le commencement de la tentation, on peut encore le voir par l’âge de Joseph qui était fils de dix-sept ans lorsqu’il fut envoyé vers ses frères, et vendu pour aller en Égypte, – Genèse, XXXVII. 2 ; – cette vente pour aller en Égypte représente pareillement le commencement de la tentation, comme, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera montré en cet endroit ; là, les historiques sont des représentatifs, mais ils sont arrivés tels qu’ils ont été décrits, tandis qu’ici les historiques sont des fictions significatives, qui ne sont pas arrivées comme cela est décrit dans le sens de la lettre ; mais toujours est-il qu’ils renferment des arcanes du Ciel ; chaque mot même en renferme, comme on le voit ici. Que les choses soient ainsi, il est impossible que cela ne paraisse pas étrange, parce que là où se présente quelque historique vrai ou quelque historique fictif, l’esprit est retenu dans la lettre, de laquelle il ne peut se détacher ; de là il croit qu’elle ne signifie et ne représente rien autre chose que ce qu’il y lit. Mais tout homme intelligent peut voir que la vie de la Parole est dans un sens interne, et non dans la lettre, qui, privée du sens interne, est morte. Sans le sens interne, en quoi l’historique de la Parole différerait-il d’un historique des écrivains profanes ? De quelle utilité serait-il donc qu’on sût dans quelle année de la vie de Noach et dans quel mois et quel jour le déluge est arrivé, si ces paroles ne renfermaient un arcane céleste ? Et qui ne peut voir que ces mots, toutes les sources du grand abîme firent éruption et les cataractes du Ciel furent ouvertes, sont une locution prophétique ? On pourrait donner bien d’autres preuves semblables.
756. Que ces mots, toutes les sources du grand abîme firent éruption, signifient l’extrême de la tentation quant aux volontaires, on peut le voir d’après ce qui vient d’être dit des tentations ; en effet, il a été dit qu’il y a deux genres de tentations, l’un concernant les intellectuels, et l’autre les volontaires, et que celui-ci est grave en comparaison de celui-là ; on peut aussi le voir par cela que jusqu’ici il s’est agi de la tentation quant aux intellectuels ; de même on le voit par la signification de l’Abîme, en ce que ce sont les cupidités, puis les faussetés résultant des cupidités, comme déjà il a été dit, No 18 ; on le voit encore d’après ces passages de la Parole : Dans Ézéchiel : « Ainsi a dit le Seigneur Jéhovih : quand je t’aurai rendue une ville désolée, comme les villes qui ne sont point habitées, quand j’aurai fait monter sur toi l’Abîme et que les grosses Eaux t’auront couverte. » – XXVI. 19 ; – là, l’abîme et les grosses eaux, c’est l’extrême de la tentation. Dans Jonas : « Des Eaux m’avaient enveloppé jusqu’à l’âme, l’Abîme m’avait environné. » – II. 6 ; – là, pareillement, les eaux et l’abîme sont pris pour l’extrême de la tentation. Dans David : « Un Abîme appelle un Abîme à la voix de tes canaux d’eau ; toutes tes vagues et tous tes flots sur moi ont passé. » – Ps. XLII. 8 ; – c’est encore évidemment l’extrême de la tentation. Dans le Même : « Il tança la mer de Suph, et elle fut desséchée, et il les fit marcher à travers les Abîmes, comme en un désert ; et il les préserva de la main de qui (les) haïssait, et les racheta de la main de l’ennemi, et les eaux couvrirent leurs adversaires. » – Ps. CVI. 9, 10, 11 ; – là, l’Abîme, ce sont les tentations dans le Désert. Anciennement, par l’Abîme fut signifié l’Enfer, et les fantaisies ainsi que les persuasions du faux furent assimilées à des eaux et à des torrents, puis à une fumée ; ainsi apparaissent aussi certains Enfers ; ils sont comme des abîmes et comme de mers ; d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il en sera parlé dans la suite ; de là viennent les mauvais esprits qui dévastent l’homme, et aussi ceux qui le tentent ; leurs fantaisies, qu’ils introduisent dans l’homme, et les cupidités dont ils l’embrasent, sont comme des inondations et des exhalaisons sorties de ces enfers ; car l’homme, comme il a été dit, est conjoint à l’Enfer par les mauvais esprits, et au Ciel par les Anges ; aussi est-ce là ce qui est signifié quand il est dit que toutes les sources du grand abîme firent éruption. Que l’Enfer est appelé l’Abîme, et que les turpitudes qui en sortent sont appelées torrents, on le voit dans Ézéchiel : « Ainsi a dit le Seigneur Jéhovih : Au jour de sa descente en Enfer, je l’ai réduit au deuil, j’ai mis sur lui l’Abîme pour couverture, et j’ai arrêté ses Fleuves, et les grandes Eaux furent retenues. » – XXXI. 15. – L’Enfer est aussi appelé l’Abîme dans Jean, – Apoc. IX. 1, 2, 11. XI. 7. XVII. 8. XX. 1, 3.
757. Il résulte aussi de là que ces mots, les cataractes du Ciel furent ouvertes, signifient l’extrême de la tentation quant aux intellectuels. La tentation quant aux volontaires ou aux cupidités ne peut nullement être séparée de la tentation quant aux intellectuels ; si elle en était séparée, ce ne serait pas une tentation ; ce serait une inondation telle qu’elle existe chez ceux qui vivent dans un embrasement de cupidités, dans lesquelles, comme les esprits infernaux, ils perçoivent les plaisirs de leur vie. Il est dit les Cataractes du Ciel à cause de l’inondation des faux ou des raisonnements ; il en est aussi parlé dans Ésaïe : « Celui qui fuira à cause de la voix d’épouvante tombera dans la fosse ; et celui qui sera remonté du milieu de la fosse sera pris dans le piège ; car les Cataractes d’en-haut ont été ouvertes, ébranlés ont été les fondements de la terre. » – XXIV. 18.
758. Vers. 12. Et il y eut pluie sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits. – Il s’agit ici de la durée de la tentation ; la pluie, c’est la tentation ; les quarante jours et quarante nuits, c’est sa durée.
759. La pluie ici c’est la tentation : on peut le voir par ce qui a déjà été dit et expliqué au sujet du déluge et de l’inondation, puis aussi par cela que l’éruption des sources de l’abîme et les Cataractes du Ciel ouvertes expriment les tentations.
760. Quarante jours et quarante nuits signifient la durée, c’est ce qui a été montré plus haut, au Vers. 4 ; quarante, comme il a été dit, signifie toute la durée de la tentation, qu’elle soit longue ou courte, et même la tentation grave, qui est celle des volontaires ; en effet, par de continuelles voluptés et par les amours de soi et du monde, en conséquence par les cupidités qui dérivent continuellement de ces amours, l’homme s’est acquis une vie qui ne consiste absolument que dans ces voluptés et dans ces amours, vie qui ne peut nullement s’accorder avec la vie céleste ; car personne ne peut aimer en même temps et les choses mondaines et les choses célestes ; aimer les choses mondaines, c’est regarder en bas ; aimer les choses célestes, c’est regarder en haut. On peut encore moins s’aimer soi-même et aimer en même temps le prochain ; et il serait encore plus difficile à celui qui s’aime lui-même d’aimer le Seigneur. Celui qui s’aime hait tous ceux qui ne se soumettent pas à lui ; ainsi, celui qui s’aime est bien éloigné de l’amour et de la charité célestes, qui consistent à aimer le prochain plus que soi-même et le Seigneur par-dessus toutes choses. On voit par là combien la vie de l’homme diffère de la vie céleste ; aussi est-ce par les tentations que le Seigneur régénère l’homme et qu’il le redresse jusqu’à ce qu’il y ait accord. C’est là ce qui fait que cette tentation est grave ; car elle touche la vie même de l’homme, l’attaque, la détruit et la change ; aussi est-ce pour cela que cette tentation est décrite par l’éruption des sources du grand abîme, et par l’ouverture des Cataractes du Ciel.
761. Il a déjà été dit que chez l’homme la Tentation spirituelle est un combat des mauvais esprits contre les Anges qui sont chez lui, et que ce combat est communément senti dans sa conscience. Or, il faut qu’on sache, au sujet de ce combat, que les Anges défendent continuellement l’homme, et détournent les maux que les mauvais esprits lui suggèrent ; ils défendent même des choses qui, chez l’homme, sont fausses et mauvaises ; car ils savent très-bien d’où viennent à l’homme les faux et les maux ; ils savent qu’ils viennent des mauvais esprits et des génies : l’homme ne produit absolument par lui-même aucun faux ni aucun mal ; ce sont les mauvais esprits qui sont chez lui qui produisent le faux et le mal, et qui font croire à l’homme que c’est de lui qu’ils proviennent ; telle est leur malignité ; et, qui plus est, au moment où ils introduisent dans l’homme des faux et des maux, et lui font croire qu’ils proviennent de lui, ils l’accusent et le condamnent ; c’est ce que je puis affirmer d’après un grand nombre d’expériences. L’homme qui n’a pas la foi dans le Seigneur ne peut être éclairé de manière à ne pas croire que le mal vient de lui ; c’est pourquoi il s’approprie aussi le mal et devient semblable à ces mauvais esprits qui sont chez lui. C’est ainsi qu’il en est de l’homme ; comme les Anges le savent, ils défendent même, dans les tentations de la régénération, les faux et les maux de l’homme ; autrement, l’homme succomberait ; car il n’y a chez lui que mal et que faux dérivant du mal, de sorte qu’il n’est qu’un amas et un composé de maux et par suite de faux.
762. Mais les tentations spirituelles sont peu connues aujourd’hui ; elles ne sont pas permises comme elles l’étaient autrefois, parce que l’homme n’est pas dans la vérité de la foi, et qu’en conséquence il succomberait ; au lieu de ces tentations, il y a d’autres épreuves, comme sont les infortunes, les tristesses et les anxiétés, qui existent par des causes naturelles et corporelles, comme sont aussi les souffrances et les maladies du corps, qui ne laissent pas de dompter et d’abattre en quelque sorte la vie de ses voluptés et de ses cupidités, et de fixer et d’élever ses pensées sur des choses internes et pieuses. Mais ce ne sont pas là des tentations spirituelles ; celles-ci ne sont permises que chez ceux qui ont reçu du Seigneur la conscience du vrai et du bien. La conscience elle-même est le plan dans lequel elles opèrent.
763. Jusqu’ici il s’est agi des Tentations ; maintenant il va être traité de la fin de la tentation, qui consista à donner l’existence à une nouvelle Église.
764. Vers. 13. En ce même jour-là entrèrent Noach et Schem, et Cham, et Japheth, fils de Noach, et l’épouse de Noach et les trois épouses de ses fils avec eux dans l’arche. – Entrer dans l’arche, c’est ici, comme précédemment, être sauvé. Noach signifie ce qui appartenait à l’Église ; Schem, Cham et Japheth, ce qui appartenait aux Églises dérivées de cette première Église ; les fils de Noach, les doctrinaux ; l’Épouse de Noach, l’Église même ; et les trois épouses de ses fils avec eux, les Églises dérivées elles-mêmes.
765. Jusqu’ici il s’est agi de la tentation de l’homme de l’Église, nommé Noach ; d’abord, de sa tentation quant aux intellectuels, qui sont les vrais de la foi, Vers. 6 à 10 ; puis, de sa tentation quant aux volontaires, qui concernent les biens de la charité, Vers. 11, 12. La fin des tentations a consisté à faire renaître l’homme de l’Église, ou une Nouvelle Église, au moment où la Très-Ancienne périssait. Cette Nouvelle Église, comme déjà il a été dit, fut d’un caractère différent de celui de la Très-Ancienne ; elle fut spirituelle : or, ce qui constitue une telle Église, c’est que l’homme y renaît au moyen de doctrinaux de foi, et que lorsqu’ils ont été implantés en lui, il lui est insinué une conscience pour l’empêcher d’agir contre le vrai et le bien de la foi ; c’est ainsi qu’il est doué de la charité qui gouverne sa conscience, et dès lors il commence à agir par elle. On peut voir par là ce que c’est que l’homme spirituel ; ce n’est pas celui qui croit que la foi sauve sans la charité, mais c’est celui qui fait de la charité l’essentiel de la foi, et qui agit d’après ce principe. La fin de la tentation consista à donner l’existence à un tel homme ou à une telle Église ; aussi s’agit-il maintenant de cette Église elle-même, ce qu’on peut voir par la répétition de choses qui sont à peu près les mêmes ; car il est dit ici : En ce même jour-là entrèrent Noach, et Schem, et Cham, et Japheth, fils de Noach, et l’épouse de Noach et les trois épouses de ses fils avec eux dans l’arche ; la même chose avait été dite au Vers. 7, mais en ces termes : Et Noach entra, et ses fils, et son épouse, et les épouses de ses fils avec lui dans l’arche. Mais comme il s’agit maintenant de l’Église, les fils sont désignés par leurs noms, Schem, Cham et Japheth ; et lorsqu’ils sont ainsi désignés, ils signifient l’homme de l’Église ; tandis que, quand ils sont appelés fils sans désignation de noms, ils signifient les vrais de la foi. En outre, ce qui avait été dit sur les bêtes et sur les oiseaux, Vers. 8, 9, au sujet de leur entrée dans l’arche, est repente une seconde fois, Vers. 14, 15, 16, mais avec le changement convenable et applicable ici à l’Église.
767. Que leur entrée dans l’arche signifie qu’ils furent sauvés, à savoir, l’homme de l’Église, qui est Noach, et les autres Églises descendues et dérivées de lui, et dont il est ici parlé, on peut le voir par ce qui a été dit précédemment au sujet de l’entrée dans l’arche.
768. Noach signifie ce qui appartenait à l’Église, et Schem, Cham et Japheth ce qui appartenait aux Églises dérivées : c’est ce qui résulte de ce qu’ici il n’est pas dit simplement ses fils, comme au Vers. 7, mais les fils mêmes sont désignés par leurs noms ; étant ainsi désignés, ils signifient l’homme de l’Église. L’homme de l’Église est non-seulement l’Église même, mais encore tout ce qui appartient à l’Église ; c’est une expression générale comprenant ce qui est de l’Église, comme il a été déjà dit en parlant de la Très-Ancienne Église, qui fut appelée l’Homme, et des autres Églises, qui furent semblablement désignées par des noms d’hommes. Ainsi Noach, Schem, Cham et Japheth signifient tout ce qui, dans un même ensemble, appartient à cette Église et aux Églises qui en sont dérivées. Tel est le style et telle est la manière d’exprimer les choses dans la Parole ; par exemple, dans les Prophètes, lorsque Juda est nommé, c’est le plus souvent l’Église céleste qui est signifiée, ou tout ce qui appartient à cette Église ; si Israël est nommé, c’est le plus souvent l’Église spirituelle, ou tout ce qui appartient à cette Église ; si c’est Jacob, c’est l’Église externe ; car dans chaque homme de l’Église il y a un interne et un externe de l’Église ; l’interne, c’est où est la véritable Église ; l’externe, c’est ce qui en résulte, c’est-à-dire Jacob. Il en est autrement lorsqu’ils ne sont pas désignés par leur nom. La raison pour laquelle il en est ainsi, c’est parce qu’alors ils se réfèrent, d’une manière représentative, au Royaume du Seigneur. Le Seigneur est Seul Homme, et il est le tout de son Royaume ; et comme l’Église est le Royaume du Seigneur sur les terres, le Seigneur Seul est le tout de l’Église : le tout de l’Église est l’Amour ou la charité ; en conséquence, l’Homme, ou, ce qui est la même chose, celui qui est désigné par un nom, signifie l’amour ou la charité, c’est-à-dire le tout de l’Église, et alors l’épouse signifie simplement l’Église qui résulte de ce tout, comme on le voit ici. Dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera dit quelles sont les Églises qui sont signifiés par Schem, Cham et Japheth.
769. Les fils de Noach signifient les doctrinaux : on le voit par la signification des fils, ci-dessus donnée : sans doctrinaux, en effet, il ne peut y avoir Église ; c’est pourquoi non-seulement ils sont désignés par leurs noms, mais encore il est ajouté qu’ils étaient ses fils.
770. L’épouse de Noach signifie l’Église elle-même, et les trois épouses de ses fils avec eux les Églises dérivées elles-mêmes ; c’est ce qui résulte de ce qui vient d’être dit, à savoir que l’homme de l’Église, lorsqu’il est désigné par son nom, est le tout de l’Église, ou la tête de l’Église, ainsi qu’on l’appelle ; et qu’alors l’Épouse est l’Église, comme déjà il a été montré, Nos 252, 253. Il en est autrement lorsque, dans la Parole, on trouve les expressions l’Époux et l’Épouse, ou le Male et la Femelle ; alors par l’époux et le mâle sont signifiés les intellectuels ou les vrais de la foi, et par l’épouse et la femelle les Volontaires ou les biens de la foi.
771. Comme, dans la Parole, chaque mot est du Seigneur, et qu’en conséquence le Divin se trouve dans chacune de ses parties, il en résulte qu’il n’y a pas un seul mot, pas même un iota, qui ne signifie et n’enveloppe quelque chose, ainsi aussi lorsqu’il est dit ici les trois épouses, ensuite épouses de ses fils, puis avec eux. Mais il serait trop long d’exposer ce que renferme chacune de ces expressions, il suffit de donner seulement une idée générale des choses les plus générales.
772. Vers. 14, 15. Eux et toute bête sauvage selon son espèce ; et toute bête selon son espèce ; et tout reptile qui rampe sur la terre selon son espèce ; et tout oiseau selon son espèce, tout volatile, tout ce qui est ailé. Et ils entrèrent vers Noach dans l’arche, par deux, par deux de toute chair dans laquelle (il y avait) esprit de vies. – Par eux est signifié en général l’homme de l’Église ; par toute bête sauvage selon son espèce est signifié tout bien spirituel ; par toute bête selon son espèce, le bien naturel ; par tout reptile qui rampe sur la terre selon son espèce, tout bien sensuel et corporel ; par l’oiseau selon son espèce, tout vrai spirituel ; par le volatile, le vrai naturel ; par ce qui est ailé, le vrai sensuel. Leur entrée dans l’arche vers Noach signifie, comme précédemment, que tous ces biens et ces vrais furent préservés ; deux par deux signifie, comme précédemment, l’union par paires de chaque bien avec chaque vrai ; de toute chair dans laquelle il y avait esprit de vies, signifie la création nouvelle, ou qu’ils reçurent du Seigneur une vie nouvelle.
773. Par Eux est signifié en général l’homme de l’Église, ou tout ce qui a appartenu à cette Église : on le voit en ce que ce mot se rapporte à ceux qui viennent d’être nommés, Noach, Schem, Cham et Japheth, qui, bien qu’ils soient quatre, constituent néanmoins ensemble un tout. Dans Noach, par lequel est entendu en général l’Ancienne Église, sont contenues, comme dans un père ou dans une semence, les Églises dérivées de celle-ci ; c’est pour cela que ce mot eux signifie l’Ancienne Église. Toutes ces Églises, qui furent nommées Schem, Cham et Japheth, constituent ensemble l’Église qui est appelée l’Église Ancienne.
774. Que par la bête sauvage selon son espèce est signifié tout bien spirituel ; par la bête selon son espèce, tout bien naturel, et par le reptile qui rampe sur la terre, tout bien sensuel et corporel, c’est ce qui a été dit et montré précédemment, Nos 45, 46, 142, 143, 246. Mais cette signification du bien spirituel, attribuée à la bête sauvage, peut, il est vrai, au premier aspect, paraître comme n’étant pas bien appliquée ; cependant cette signification peut devenir évidente en examinant la série des choses ; car il est d’abord dit Eux, c’est-à-dire l’homme de l’Église, ensuite la Bête sauvage, puis la Bête, et enfin le Reptile. En conséquence, la Bête sauvage signifie quelque chose qui l’emporte en dignité et en excellence sur ce qui est signifié par la Bête ; cela vient de ce que ce mot, dans la langue hébraïque, signifie aussi Animal dans lequel est une âme vivante ; ainsi il n’est pas pris ici pour bête sauvage, mais il est pris pour animal dans lequel est une âme vivante, car l’expression pour ces deux sens est la même. Il a été dit et montré ci-dessus que par les animaux, les bêtes et les reptiles qui rampent sur la terre, sont signifiés les volontaires ; on le verra en outre dans ce qui va suivre au sujet des oiseaux.
775. Comme tous les biens se divisent en genres et en espèces, tant les biens spirituels que les biens naturels, et même les sensuels et les corporels qui en dérivent, il est dit ici, en parlant de chacun d’eux, selon son espèce. Il y a tant de Genres de biens spirituels, et de même tant de Genres de vrais spirituels, qu’il n’est pas possible d’en faire l’énumération ; il est encore moins possible de faire celle des Espèces qui appartiennent à chaque genre. Dans le Ciel, les Biens et les Vrais Célestes et Spirituels sont tous distingués dans leurs genres et les genres dans leurs espèces, de sorte qu’il n’y a rien qui n’y soit dans un ordre très-distinct ; et le nombre en est si considérable, qu’on peut dire que les différences spécifiques sont indéfinies. Il est facile de voir par là combien est pauvre, combien est presque nulle la sagesse humaine, qui sait à peine qu’il y a un bien et un vrai spirituels, et moins encore en quoi consistent ce bien et ce vrai, C’est par les Biens célestes et spirituels, et par les vrais qui en procèdent, que les biens et les vrais naturels existent et c’est d’eux qu’ils tirent leur origine ; car il ne peut y avoir aucun bien ni aucun vrai naturel qui ne vienne d’un bien spirituel produit lui-même par un bien céleste et qui ne subsiste par ces biens : si le spirituel se retirait du naturel, il n’y aurait point de naturel. Voici quelle est l’origine de toutes choses : tout, en général et en particulier, existe par le Seigneur : le Céleste existe par le Seigneur même ; par le Céleste qui vient de Lui existe le spirituel ; par le Spirituel, le naturel ; par le Naturel, le corporel et le sensuel ; et comme tout existe ainsi par le Seigneur, tout subsiste ainsi par Lui ; car la subsistance, comme on le sait, est une perpétuelle existence. Ceux qui entendent autrement les existences et les origines des choses, par exemple, ceux qui rendent un culte à la nature, et qui tirent d’elle les causes des choses, sont dans des principes si funestes, que les fantaisies des bêtes sauvages des forêts peuvent être déclarées beaucoup plus saines. Tels sont beaucoup d’hommes qui se croient bien au-dessus des autres par leur sagesse.
776. L’oiseau selon son espèce signifie tout vrai spirituel ; le volatile, le vrai naturel ; et ce qui est ailé, le vrai sensuel : on le voit par ce qui a déjà été dit et montré au sujet des oiseaux, par exemple au No 40. Les Très-Anciens avaient assimilé les pensées de l’homme aux oiseaux, parce qu’il y a entre les oiseaux et les animaux le même rapport qu’entre les intellectuels et les volontaires. Comme ici l’oiseau, le volatile et ce qui est ailé sont nommés et placés dans le même ordre où se trouvent, dans l’homme, les Intellectuels, les Rationnels et les Sensuels, il convient, pour que personne ne doute de ces significations, de rapporter quelques passages de la Parole qui les confirmeront, et qui montreront en outre que les significations attribuées aux bêtes sont réelles. Dans David : « Tu L’as fait dominer sur les œuvres de tes mains, tu as mis tout sous ses pieds : troupeaux de menu et de gros bétail, et même les bêtes des champs, l’oiseau des cieux et les poissons de la mer. » – Ps. VIII. 7, 8 ; – là, il s’agit du Seigneur, dont la domination sur l’homme et tout ce qui appartient à l’homme est ainsi décrite ; autrement, que serait cette domination sur des bêtes et sur des oiseaux ? Dans le Même : « L’arbre fruitier et tous les cèdres, la Bête sauvage et toute Bête, le Reptile et le volatile ailé, glorifieront le nom de Jéhovah. » – Ps. CXLVIII. 9, 10, 13 ; – l’arbre fruitier est l’homme céleste, le cèdre est l’homme spirituel ; la bête sauvage, la bête et le reptile signifient les biens de ces hommes, comme ici ; le volatile ailé désigne leurs vrais, par lesquels ils peuvent glorifier le nom de Jéhovah, ce que ne peuvent faire ni la bête sauvage, ni la bête, ni le reptile, ni le volatile. Dans les écrits profanes, de telles expressions peuvent être employées par hyperboles ; mais dans la Parole du Seigneur, il n’y a point d’hyperboles, tout est significatif et représentatif. Dans Ézéchiel : « Devant Moi trembleront les poissons de la mer, et l’oiseau des cieux, et la Bête sauvage du champ, et tout Reptile qui rampe sur l’humus, et tout homme qui (est) sur les faces de l’humus. » – XXXVIII. 20 ; – il est bien évident que les bêtes et les oiseaux ont ici de telles significations ; car quelle gloire reviendrait à Jéhovah si les poissons, les oiseaux et les bêtes tremblaient devant lui ? Quelqu’un pourrait-il croire que de telles locutions fussent saintes si des choses saintes n’étaient pas renfermées en elles ? Dans Jérémie : « J’ai vu et voici : Point d’Homme ; tout oiseau des cieux a fui. » – IV. 25 ; – il s’agit de tout bien et de tout vrai, l’homme en outre ici signifie le bien de l’amour. Dans le Même : « Dévastées elles sont (les montagnes et les prairies), tellement qu’il n’y a pas un homme qui passe, et qu’on n’entend plus la voix du Bétail ; depuis l’oiseau des cieux jusqu’à la Bête, ils ont fui, ils s’en sont allés. » – IX. 9 ; – de même ici, cela signifie que tout vrai et tout bien ont disparu. Dans le Même : « Jusques à quand la terre sera-t-elle dans le deuil, et l’herbe de tout le champ se desséchera-t-elle, à cause de la malice de ceux qui l’habitent ? Bêtes et Oiseau ont péri, parce qu’ils ont dit : On ne verra point notre dernier moment. » – XII. 4 ; – là, les bêtes, ce sont les biens, et l’oiseau, ce sont les vrais, qui ont péri. Dans Séphanie : « Je consumerai l’Homme et la Bête, je consumerai l’Oiseau des cieux et les poissons de la mer, et les achoppements avec les impies, et je retrancherai l’homme de dessus les faces de l’humus. » – I. 3 ; – l’homme et la bête sont là pour les choses qui appartiennent à l’amour et au bien qui en provient ; l’oiseau des cieux et les poissons de la mer sont pour celles qui appartiennent à l’entendement, et par conséquent au vrai ; elles sont nommées achoppements, parce que, pour les impies, les biens et les vrais sont des achoppements, ce que ne sauraient être pour eux des bêtes et des oiseaux ; il y est clairement dit aussi que ce sont les choses qui appartiennent à l’homme. Dans David : « Ils sont rassasiés, les arbres de Jéhovah, les cèdres du Liban qu’il a plantés, où les Volatiles se nichent. » – Ps. CIV. 16, 17 ; – les arbres de Jéhovah et les cèdres du Liban, c’est l’homme spirituel ; les volatiles, ce sont ses vrais rationnels ou naturels, qui sont comme des nids. D’ailleurs, c’était une formule commune de langage de dire que les oiseaux faisaient leurs nids dans les branches, pour signifier les vrais, comme dans Ézéchiel : « Sur la montagne de hauteur d’Israël je le planterai, et il produira des branches et donnera du fruit ; et il deviendra un cèdre magnifique, et sous lui habiteront tout volatile de toute aile ; sous l’ombre de ses branches ils habiteront. » – XVII. 23 ; – le cèdre magnifique, c’est l’Église des nations, qui est spirituelle ; et le volatile de toute aile, ce sont les vrais de tout genre. Dans le Même : « Dans ses rameaux ont fait leurs nids tout oiseau des cieux, et sous ses rameaux out engendré toute Bête sauvage du champ, et sous son ombre ont habité toutes nations grandes. » – XXXI. 6 ; – il s’agit d’Aschur, qui est l’Église spirituelle, et qui est appelé cèdre ; l’oiseau des cieux, ce sont ses vrais ; la bête, ce sont ses biens. Dans Daniel : « Son branchage (était) beau et son fruit abondant, et nourriture pour tous (il y avait) en lui ; sous lui s’abritait la Bête sauvage du champ, et dans son branchage habitaient les Volatiles du ciel. » – IV. 9, 18 ; – la bête est là pour les biens, et le volatile des cieux pour les vrais ; chacun peut facilement le reconnaître ; car, que résulterait-il de ce que là auraient habité l’oiseau et la bête ? Il en est de même de ces paroles prononcées par le Seigneur : « Le royaume de Dieu est semblable à un grain de sénevé, qu’un homme prit et jeta dans son jardin ; et il crût et devint un grand arbre, de sorte que les oiseaux du Giel habitèrent dans ses branches. » – Luc, XIII. 19. Matth. XIII. 32. Marc, IV. 32.
777. Il résulte de là que l’oiseau signifie le vrai spiritual ; le volatile, le vrai naturel, et ce qui est ailé, le vrai sensuel : c’est ainsi, aussi, que sont distingués entre eux les vrais. Ce qui est ailé désigne les vrais sensuels qui appartiennent aux sens de la vue et de l’ouïe, parce qu’ils forment les extrêmes ; telle est aussi la signification de l’aile appliquée à d’autres objets.
778. Comme les Oiseaux des cieux signifient les vrais intellectuels, et par conséquent les Pensées, ils signifient aussi ce qui leur est opposé, c’est-à-dire les fantaisies ou les faux, qui sont aussi appelés oiseaux parce qu’ils appartiennent à la pensée de l’homme. Ainsi, il est dit que les impies seraient donnés en pâture aux oiseaux du Ciel et aux bêtes sauvages, c’est-à-dire aux fantaisies et aux cupidités ; – Ésaïe, XVIII. 6. Jérém. VII. 33. XVI. 4. XIX. 7. XXXIV. 20. Ézéch. XXIX. 8. XXXIX. 4 ; – le Seigneur Lui-Même compare aussi aux oiseaux les fantaisies et les persuasions du faux, lorsqu’il dit : « La semence qui tomba sur le chemin battu fut foulée, et les oiseaux du Ciel la mangèrent. » – Matth. XIII. 4. Luc, VIII. 5, Marc, IV. 4, 15. ; – là, les oiseaux du Ciel ne sont autre chose que les faux.
779. Ils entrèrent vers Noach dans l’arche, signifie, comme il a été dit précédemment, que ces biens et ces vrais furent préservés. Deux par deux signifie l’union par paires de chaque bien avec chaque vrai, comme on peut le voir au Chap. VI, Vers. 19.
780. De toute chair dans laquelle il y avait esprit de vies, signifie la création nouvelle, ou qu’ils reçurent du Seigneur une nouvelle vie ; c’est ce qu’on peut voir par la signification du mot chair ; la chair désigne tout homme en général, et l’homme corporel en particulier, comme il a été dit et exposé ci-dessus ; de là, la chair dans laquelle il y avait esprit de vies signifie l’homme régénéré, car dans son propre est la Vie du Seigneur, qui est la vie de la charité et de la foi. Tout homme n’est que chair ; mais lorsque la vie de la charité et de la foi lui est inspirée par le Seigneur, la chair est vivifiée ; il devient spirituel et céleste, et il est appelé nouvelle créature, – Marc, XVI. 15, – parce qu’il a été créé de nouveau.
781. Vers. 16. Et les entrants, mâle et femelle de toute chair, entrèrent, comme lui avait commandé Dieu ; et Jéhovah ferma après lui. – Ces mots, les entrants, signifient les choses qui étaient chez l’homme de l’Église ; mâle et femelle de toute chair entrèrent, signifie que chez lui il y avait des vrais et des biens de tout genre ; comme lui avait commandé Dieu, signifie qu’il avait été préparé pour les recevoir ; et Jéhovah ferma après lui, signifie que l’homme n’aurait plus avec le Ciel une communication semblable à celle qu’avait eue l’homme de l’Église céleste.
782. Il s’est agi, jusqu’au Verset 11, de l’Église en ce qu’elle fut conservée dans ceux qui ont été appelés Noach ; ce qui suit maintenant se rapporte à l’état de l’Église, lequel est décrit, et cela d’abord ici de la manière qui vient d’être expliquée ; puis est expose quel fut ensuite l’état de cette Église : chaque Verset et même chaque mot renferme un état particulier. Or, comme il s’agit maintenant de l’état de l’Église, ce qui a déjà été dit est répété même deux fois ; en effet, on lit ici ! « Et les entrants, mâle et femelle de toute chair, entrèrent », tandis que dans le Verset précédent il avait été dit : « Et ils entrèrent vers Noach dans l’arche, deux par deux, de toute chair » ; répétition qui, dans la Parole, signifie qu’il s’agit d’un autre état ; autrement, comme chacun peut le comprendre, la répétition serait tout à fait inutile.
783. Que ces mots, les entrants, signifient les choses qui étaient chez l’homme de l’Église, on le voit d’après ce qui précède ; puis aussi que ces mots, mâle et femelle de toute chair, entrèrent, signifient que chez lui il y avait des vrais et des biens de tout genre ; car il a été plusieurs fois dit et montré que le mâle et la femelle signifient les vrais et les biens. Comme lui avait commandé Dieu, signifie qu’il avait été préparé pour les recevoir ; on a déjà vu que telle est la signification de ces mots. Chez le Seigneur, commander, c’est préparer et faire.
785. Vers. 17, 18. Et le déluge fut quarante jours sur la terre, et les eaux s’accrurent et soulevèrent l’arche, et elle fut élevée de dessus la terre. Et les eaux se renforçaient et augmentaient beaucoup sur la terre ; et l’arche allait sur les faces des eaux. – Par quarante jours est signifiée la durée de l’Église appelée Noach ; le déluge signifie les faux qui l’inondèrent encore : ces mots, les eaux s’accrurent et soulevèrent l’arche, et elle fut élevée de dessus la terre, signifient qu’elle fut ainsi dans un état de fluctuation ; ceux-ci, les eaux se renforçaient et augmentaient beaucoup sur la terre, et l’arche allait sur les faces des eaux, signifient que les fluctuations de cette Église augmentèrent ainsi.
786. Il a été montré ci-dessus, Vers. 4, que par quarante jours est signifiée la durée de l’Église appelée Noach ; ici, il y a quarante jours ; là, il y avait quarante jours et quarante nuits, parce que là il s’agissait de la durée de la tentation, dans laquelle les nuits sont les anxiétés.
787. Il résulte aussi de là que le déluge signifie les faux qui l’inondèrent encore ; car le déluge, ou inondation, n’est autre chose qu’une inondation de faussetés. Le déluge des eaux, au Vers. 6, signifiait la tentation, comme il y a été montré ; cette inondation était aussi celles des faussetés que les mauvais esprits excitent alors chez l’homme ; il en est de même ici, mais il n’y a pas de tentation ; aussi est-il dit simplement ici le déluge, et non le déluge d’eaux.
788. Que ces mots, les eaux s’accrurent et soulevèrent l’arche, et elle fut élevée de dessus la terre, signifient que l’Église fut ainsi dans un état de fluctuation ; et que ceux-ci, les eaux se renforçaient et augmentaient beaucoup sur la terre, et l’arche allait sur les faces des eaux, signifient que les fluctuations de cette Église augmentèrent ainsi ; c’est ce qu’on ne peut voir clairement si l’on ne dit d’abord quel a été l’état de cette Église appelée Noach. – Noach n’a point été l’Ancienne Église elle-même, mais il en a été comme le père et la semence, ainsi qu’il a été déjà dit : Noach, Schem, Cham et Japheth constituaient l’Ancienne Église qui succéda immédiatement à l’Église Très-Ancienne. Tout homme de l’Église, appelé Noach, était de la postérité de la Très-Ancienne Église, et par conséquent, quant au mal héréditaire, dans un état presque semblable à celui où était le reste de cette postérité qui périt ; et ceux qui étaient dans un semblable état n’ont pas pu être régénérés ni devenir spirituels, comme ceux qui n’ont pas par héritage un tel mal. On a vu précédemment, No 310, de quelle nature était leur mal héréditaire. Je prendrai un exemple, afin de rendre la chose plus claire : ceux qui sont de la semence de Jacob, comme les Juifs, ne peuvent pas être aussi facilement régénérés que les nations ; une disposition contraire à la foi est inhérente en eux, non-seulement par les principes pris dès l’enfance et ensuite continues, mais encore par héritage. Que cette disposition soit même inhérente en eux par héritage, on peut le voir jusqu’à un certain point, en ce qu’ils diffèrent des autres hommes par leurs penchants, par leurs mœurs, ainsi que par le caractère du visage, choses par lesquelles on peut reconnaître ce qui vient d’héritage ; de même aussi ils diffèrent quant aux intérieurs, car les mœurs et le caractère du visage sont les types des intérieurs ; aussi même les Juifs convertis flottent-ils bien plus que les autres entre le vrai et le faux. Il en a été de même des premiers hommes de cette Église, qui sont appelés Noach, parce qu’ils ont été de la race et de la semence des Très-Anciens. Ce sont ces fluctuations qui sont ici décrites ; elles le sont aussi plus tard, lorsqu’il est dit que Noach était homme de l’humus, qu’il planta la vigne, qu’il but du vin, et s’enivra au point de s’étendre nu au milieu de sa tente, – Gen. IX. 20, 21. – Qu’ils ont été en petit nombre, j’ai pu le remarquer, en ce que l’homme de cette Église, dans le monde des esprits, est représenté comme un homme long et mince, vêtu de blanc, dans une chambre étroite ; ce sont eux néanmoins qui conservèrent les doctrinaux de la foi, et qui les ont eus chez eux.
789. Les fluctuations de l’homme de cette Église sont décrites ici, en ce qu’il est dit d’abord que les eaux, c’est-à-dire les faux, s’accrurent ; qu’alors elles soulevèrent l’arche ; puis, que l’arche fut élevée de dessus la terre ; ensuite, que les eaux se renforçaient et augmentaient beaucoup sur la terre, enfin, que l’arche allait sur les faces des eaux. Mais il serait et trop long et superflu de décrire chacun de ces degrés de fluctuation ; il suffit qu’on sache que ces degrés sont décrits ici. Je dirai seulement que personne ne peut bien voir ce que signifient ces paroles, l’arche fut élevée de dessus la terre et allait sur les faces des eaux, s’il n’est pas instruit de la manière dont l’homme est détourné des maux et des faux. Comme c’est là un arcane, je vais l’exposer en peu de mots : Tout homme en général, même celui qui est régénéré, est tel que si le Seigneur ne le détournait des maux et des faux, il s’élancerait et se jetterait dans l’enfer, et du moment qu’il n’est pas retenu, il s’y précipite ; c’est ce que j’ai reconnu par plusieurs expériences, et ce qui m’a aussi été représenté par le cheval dont il a été parlé, Nos 187, 188. Cette action de détourner des maux et des faux se fait absolument comme s’il y avait élévation, de sorte que les maux et les faux sont perçus en bas, et l’homme en haut ; il sera parlé de cette élévation, dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur. C’est cette élévation qui est signifiée par cela que l’arche fut élevée de dessus la terre, et que l’arche allait sur les faces des eaux.
790. Qu’ici, et dans ce qui suit, les Eaux signifient les faux, on peut le voir par les passages de la Parole rapportés dans le préambule de ce Chapitre et au sujet du Vers. 6, où il s’agit du déluge ou de l’inondation d’eaux. Il y a été montré que les inondations d’eaux signifiaient les Désolations et les Tentations, qui contiennent la même chose que les faux, car les désolations et les tentations ne sont que des inondations de faux excités par de mauvais esprits. Si ces eaux signifient des faux, cela vient de ce qu’en général les Eaux, dans la Parole, signifient le spirituel, c’est-à-dire l’intellectuel, le rationnel et le scientifique ; et comme elles ont cette signification, elles désignent aussi ce qui est opposé ; car tout faux est une sorte de scientifique et paraît comme rationnel et comme intellectuel, parce qu’il appartient à la pensée. D’après beaucoup de passages de la Parole on voit que les Eaux signifient les spirituels ; mais, pour prouver qu’elles signifient aussi les faux, aux passages déjà cites j’ajouterai ceux qui suivent, par exemple, dans Ésaïe : « Ce peuple a rejeté les Eaux de Schiloach, qui coulent doucement ; c’est pourquoi, voici, le Seigneur va faire monter sur eux les Eaux du fleuve, fortes et grosses, et il montera par-dessus toutes ses rives, et il ira par-dessus tous ses bords. » – VIII. 6, 7 ; – les eaux qui coulent doucement sont là pour les spirituels, et les eaux fortes et grosses pour les faux. Dans le Même : « Malheur à la terre qui fait ombre de ses ailes, qui (est) au-delà des fleuves de Kusch ; qui envoie des ambassadeurs sur la mer, et dans des embarcations de jonc sur les faces des Eaux ! Allez, messagers rapides, vers la nation mesurée au cordeau et foulée, dont les Fleuves ont ravagé la terre. » – XVIII. 1, 2 ; – il s’agit des faux appartenant à la terre qui fait ombre de ses ailes. Dans le Même : « Quand tu passeras par les Eaux, avec toi Moi (je serai), et par les Fleuves, ils ne te submergeront pas. » – XLIII. 2 ; – les eaux et les fleuves, ce sont les obstacles, puis ce sont les faux. Dans Jérémie : « Qu’as-tu à faire au chemin de l’Égypte pour boire des Eaux du Schichor ? et qu’as-tu à faire au chemin d’Aschur pour boire des Eaux du fleuve ? » – II. 18 ; – les eaux, c’est-à-dire des faux tirés des raisonnements. Dans le Même : « Qui (est-ce) ici (qui) comme un Fleuve monte, dont comme des Fleuves sont agitées les Eaux ? (C’est) l’Égypte (qui) comme un Fleuve monte, et comme des Fleuves sont agitées ses Eaux ; et elle dit : Je monterai, je couvrirai la terre, je détruirai la ville et ceux qui y habitent. » – XLVI. 7, 8 ; – les eaux sont les faux qui proviennent des raisonnements. Dans Ézéchiel : « Ainsi a dit le Seigneur Jéhovih : Quand je t’aurai rendue une ville désolée, comme les villes qui ne sont point habitées, quand j’aurai fait monter sur toi l’abîme, et que les grosses eaux t’auront couverte, et que je t’aurai fait descendre avec ceux qui descendent en la fosse. » – XXVI. 19 ; – les Eaux, c’est-à-dire les maux et les faux qui en proviennent. Dans Habakuk : « Tu as foulé avec tes chevaux la mer, le limon des grosses Eaux. » – III. 15 ; – les eaux désignent les faux. Dans Jean : « Le dragon jeta de sa gueule après la femme de l’Eau comme un fleuve, afin qu’elle fût engloutie par le fleuve », – Apoc. XII. 15, 16 ; – là, les eaux sont pour les faux et les mensonges. Dans David : « Étends tes mains d’en-haut ; arrache-moi et délivre-moi des grosses eaux, de la main des fils de l’étranger, dont la bouche prononce le mensonge, et (dont) la droite (est) une droite de fausseté. » – Ps. CXLIV. 7, 8 ; – là, les grosses eaux désignent clairement les faux ; les fils de l’étranger signifient de même les faux.
791. Il vient d’être parlé de Noach, ou des régénérés, appelés Noach, qui entrèrent dans l’Arche, et furent élevés sur les eaux ; maintenant il va être parlé des descendants de la Très-Ancienne Église, qui furent submergés sous les eaux ou par les eaux.
792. Vers. 19, 20. Et les eaux se renforcèrent beaucoup beaucoup sur la terre, et furent couvertes toutes les hautes montagnes qui étaient sous tout le Ciel. De quinze coudées au-dessus les eaux s’élevèrent, et couvrirent les montagnes. – Les eaux se renforcèrent beaucoup beaucoup sur la terre, ce sont les persuasions du faux qui s’étaient ainsi accrues ; et furent couvertes toutes les hautes montagnes qui étaient sous tout le Ciel, signifie que tous les biens de la charité furent éteints. De quinze coudées au-dessus les eaux s’élevèrent, et couvrirent les montagnes, c’est-à-dire qu’il n’y avait plus le moindre reste de charité ; quinze signifie si peu, que c’est à peine quelque chose.
793. Maintenant ici, et jusqu’à la fin de ce Chapitre, il s’agit des Antédiluviens qui ont péri ; c’est ce qu’on peut voir par chaque mot de cette description. Ceux qui sont dans le sens interne peuvent, sur-le-champ et même par un seul mot, savoir de quelle chose il s’agit ; ils le peuvent encore plus facilement par la liaison de plusieurs mots. Quand il s’agit d’une autre chose, aussitôt se présentent d’autres expressions, ou les mêmes dans un autre arrangement, en raison de ce qu’il y a des expressions particulières pour les choses spirituelles, et des expressions particulières pour les choses célestes, ou, ce qui est la même chose, pour les intellectuels et pour les volontaires ; par exemple : désolation est un mot qui se rapporte aux spirituels, vastation, aux célestes ; ville se rapporte aux spirituels, montagne s’emploie pour les célestes, et ainsi du reste. Il en est de même pour les arrangements de mots ; et ce qu’on ne peut s’empêcher d’admirer, c’est que dans la langue hébraïque on distingue très-souvent par le son les mots qui appartiennent à la classe des spirituels ; dans ces mots, les trois premières voyelles ont coutume de dominer ; dans ceux qui ont rapport aux célestes, ce sont les deux dernières voyelles qui dominent. C’est aussi par là que l’on connaît qu’il s’agit ici d’autre chose ; on le voit encore par la répétition dont il a été parlé ci-dessus, car il est dit ici une seconde fois : « Et les eaux se renforcèrent beaucoup beaucoup sur la terre », comme il avait été dit aussi au Verset précédent ; on le verra enfin par tout ce qui va suivre.
794. Ces mots, et les eaux se renforcèrent beaucoup beaucoup sur la terre, signifient que les persuasions du faux s’étaient ainsi accrues : on le voit par ce qui vient d’être dit et expliqué au sujet des eaux ; on a vu, en effet, que les eaux du déluge, ou les eaux d’inondation, signifient les faux : or, comme ici il y a un plus grand accroissement de faux ou de persuasion du faux, il est dit que les eaux se renforcèrent beaucoup beaucoup, expression superlative de la langue originale. Les faux sont les principes du faux et les persuasions du faux ; et il est évident, par ce qui a été déjà dit de ces principes et de ces persuasions, qu’ils s’accrurent immensément chez les Antédiluviens. Les persuasions s’accroissent immensément lorsqu’on plonge les vrais dans les cupidités, ou lorsqu’on fait qu’ils deviennent favorables aux amours de soi et du monde ; car alors on pervertit les vrais, et on les force par mille moyens à s’accorder avec les persuasions. Est-il, en effet, un homme qui, ayant puisé ou s’étant forgé un principe du faux, ne le confirme ensuite en lui par une multitude de moyens scientifiques, et même par la Parole ? Est-il une seule hérésie qui ne saisisse ainsi les choses propres à la confirmer, et qui ne force, n’interprète et ne torde de mille manières celles qui ne lui sont pas favorables, pour qu’elles ne lui soient pas opposées ! Par exemple, celui qui adopte le principe que la foi seule sauve sans les biens de la charité, ne peut-il pas, d’après la Parole, bâtir un système entier de doctrine, sans prendre garde, sans faire aucunement attention, sans voir même que le Seigneur a dit que l’Arbre est connu par le fruit, et que l’arbre qui ne porte pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu ? – Matth. VII. 16, 17, 18, 19, 20. XII. 33. – Est-il rien qui ne plaise mieux que de vivre selon la chair, et d’être néanmoins sauvé par la seule connaissance du vrai, quoiqu’on ne fasse pas le moindre bien ? Toute cupidité à laquelle l’homme s’abandonne fait la vie de sa volonté, et tout principe ou toute persuasion du faux fait la vie de son entendement ; ces deux vies n’en font qu’une lorsqu’on plonge les vrais ou les doctrinaux de la foi dans les cupidités. C’est ainsi que chaque homme se forme comme une âme, dont la vie, après la mort, devient telle qu’elle a été formée ; aussi, rien n’est-il plus important pour l’homme que de savoir ce que c’est que le vrai. Quand il sait ce que c’est que le vrai, et qu’il en a une connaissance telle que ce vrai ne puisse être perverti, il ne peut plus être ainsi plongé dans les cupidités, ni faire ce qui porte avec soi la mort. Qu’est-ce que l’homme doit avoir de plus à cœur que sa vie pour l’éternité ? S’il détruit son âme dans la vie du corps, ne la détruit-il pas pour l’éternité ?
795. Que ces mots, et furent couvertes toutes les hautes montagnes qui étaient sons tout le Ciel, signifient que tous les biens de la charité furent éteints : on le voit par la signification des Montagnes chez les Très-Anciens ; les Montagnes, chez eux, signifiaient le Seigneur, parce qu’ils lui rendaient un culte sur les montagnes, par le motif que les Montagnes étaient les lieux les plus élevés de la terre ; de là, les Montagnes signifiaient les choses célestes, qu’ils appelaient aussi les choses Très-Hautes ; elles désignaient donc l’amour et la charité, et par conséquent les biens de l’amour et de la charité qui sont les Célestes. Dans le sens opposé, sont nommés aussi montagnes, dans la Parole, ceux dont l’âme est gonflée d’orgueil, et par conséquent l’amour de soi. La Très-Ancienne Église aussi est signifiée, dans la Parole, par les Montagnes, parce que les montagnes sont élevées sur la terre, et comme plus près du Ciel, où sont les principes des choses. Que les Montagnes signifient le Seigneur, et tout le céleste qui vient de lui, ou les biens de l’amour et de la charité, c’est ce qui résulte des Passages suivants de la Parole, par lesquels on voit clairement ce qu’elles signifient dans chacun d’eux ; car toutes les significations, en général et en particulier, sont appliquées en raison de la chose dont il s’agit. Dans David : « Les Montagnes porteront la paix, et les collines, dans la justice. » – Ps. LXXII. 3 ; – les montagnes, c’est l’amour envers le Seigneur, et les collines, c’est l’amour à l’égard du prochain, tels que ces amours étaient dans la Très-Ancienne Église, qui était aussi signifiée, dans la Parole, par les montagnes et les collines, parce qu’elle possédait ces amours. Dans Ézéchiel : « Dans la Montagne de ma sainteté, dans la Montagne de hauteur d’Israël, parole du Seigneur Jéhovih, là ils me serviront, la maison d’Israël tout entière, dans cette terre. » – XX. 40 ; – la montagne de sainteté, c’est l’amour envers le Seigneur ; la montagne de hauteur d’Israël, c’est la charité à l’égard du prochain. Dans Ésaïe : « Il arrivera, dans la suite des jours, que affermie sera la Montagne de la maison de Jéhovah au sommet des Montagnes, et élevée elle sera au-dessus des Collines. » – II. 2 ; – cette montagne, c’est le Seigneur, et par Lui toute chose céleste. Dans le Même : « Jéhovah Sébaoth fera à tous les peuples sur cette Montagne un festin de graisses, et il supprimera en cette Montagne les faces du voile. » – XXV. 6, 7 ; – la montagne, c’est le Seigneur, et par Lui toute chose céleste. Dans le Même ; « Il y aura sur toute haute montagne et sur toute colline élevée des ruisseaux, des conduits d’eaux », – XXX. 25 ; – les montagnes sont les biens de l’amour, et les collines les biens de la charité, desquels procèdent les vrais de la foi, qui sont les ruisseaux et les conduits d’eaux. Dans le Même : « Cantique il y aura chez vous, comme en la nuit de la Sanctification d’une fête, et une joie du cœur comme de qui marche avec la flûte, pour venir en la Montagne de Jéhovah, vers le Rocher d’Israël. » – XXX, 29 ; – la montagne de Jéhovah, c’est le Seigneur quant aux biens de l’amour ; le rocher d’Israël, c’est le Seigneur quant aux biens de la charité. Dans le Même : « Jéhovah Sébaoth descendra pour combattre sur la Montagne de Sion et sur sa Colline. » – XXXI. 4 ; – là, et dans beaucoup d’autres passages, la montagne de Sion, c’est le Seigneur, et par lui tout céleste qui est amour ; la colline, c’est le céleste inférieur qui est charité. Dans le Même : « Sur une Montagne élevée monte, messagère de bonne nouvelle, Sion ! élève avec force ta voix, messagère de bonne nouvelle, Jérusalem ! » – XL. 9 ; – monter sur une haute montagne et annoncer bonne nouvelle, c’est rendre un culte au Seigneur d’après l’amour et la charité, qui sont les intimes, c’est pourquoi ils sont aussi appelés très-hauts ; ce qui est intime est appelé très-haut. Dans le Même : « Qu’ils chantent, les habitants du Rocher ; que du Sommet des Montagnes on crie. » – XLII. 11 ; – les habitants du rocher sont ceux qui sont dans la charité ; crier du sommet des montagnes, c’est rendre un culte au Seigneur d’après l’amour. Dans le Même : « Qu’ils sont agréables sur les Montagnes les pieds du messager de bonne nouvelle, qui proclame la paix, du messager de Bien, qui proclame le salut ! » – LII. 7 ; – annoncer bonne nouvelle sur les montagnes, c’est pareillement prêcher le Seigneur d’après la doctrine de l’amour et de la charité, et lui rendre un culte d’après l’amour et la charité. Dans le Même : « Les Montagnes et les Collines retentiront devant vous en chant, et tous les arbres du champ applaudiront avec la paume (de la main). » – LV. 12 ; – c’est le culte rendu au Seigneur d’après l’amour et la charité, qui sont ici les montagnes et les collines, et d’après la foi qui en résulte, et que représentent les arbres du champ. Dans le Même : « Je disposerai toutes mes Montagnes en chemin, et mes sentiers seront élevés. » – XLIX, 11 ; – les montagnes sont l’amour et la charité, le chemin et les sentiers désignent les vrais de la foi ; elles sont dites être élevées, lorsqu’elles procèdent de l’amour et de la charité, qui sont les intimes. Dans le Même : « Celui qui se confie en Moi possédera en héritage la terre, et il héritera de la Montagne de ma sainteté. » – LVII. 13 ; – il s’agit du Royaume du Seigneur, où il n’y a qu’amour et charité. Dans le Même : « Je ferai sortir de Jacob une semence, et de Jéhudah un héritier de mes Montagnes ; et mes élus en hériteront. » – LXV. 9 ; – les montagnes sont le Royaume du Seigneur et les biens célestes ; Jéhudah, c’est l’Église céleste. Dans le Même : « Ainsi a dit celui qui est Haut et Élevé, qui habite à éternité, et dont le Nom (est) le Saint : Le Haut et le Saint j’habite. » – LVII. 15 ; – le Haut, là, c’est ce qui est Saint ; de là, les montagnes, d’après leur élévation sur la terre, signifiaient le Seigneur et ses saintetés célestes ; c’est pourquoi aussi le Seigneur promulgua la Loi du haut de la Montagne du Sinaï. Le Seigneur aussi désigne l’amour et la charité par les montagnes, lorsqu’en parlant de la consommation du siècle il dit : « Alors, que ceux qui seront dans la Judée s’enfuient dans les Montagnes. » – Matth. XXIV. 16. Luc, XXI. 21. Marc, XIII. 14 ; – la Judée, là, c’est l’Église dévastée.
796. Comme la Très-Ancienne Église exerçait un culte saint sur les Montagnes, de la vint aussi à l’Ancienne Église, et par suite à toutes les Églises représentatives de cette époque, et même aux Nations, le rite de sacrifier sur les Montagnes et de construire des Hauts-lieux ; on en voit des exemples chez Abram, – Genèse, XII. 8. XXII. 2 ; – chez les Juifs, avant la construction du temple, – Deutér. XXVII. 4, 5, 6, 7. Jos. VIII. 30. I Sam. IX. 12, 13, 14, 19. X. 5. I Rois, III. 2, 3, 4 ; – chez les Nations, – Deutér. XII. 2. II Rois, XVII, 9, 10, 11 ; – chez les Juifs idolâtres, – És. LVII. 7. I Rois, XI. 7. XIV. 23. XXII. 44. II Rois, XII. 4. XIV. 4. XV. 3, 4, 34, 35. XVI. 4. XVII. 9, 10, 11. XXI. 5. XXIII. 5, 8, 9, 13, 15.
797. D’après tout ce qui précède, on voit maintenant ce que signifient les Eaux dont furent couvertes les montagnes, à savoir, que les persuasions du faux éteignirent tout bien de la charité.
798. Que ces mots, de quinze coudées au-dessus les eaux s’élevèrent et couvrirent les montagnes, signifient qu’il n’y avait plus le moindre reste de charité, et que quinze signifie si peu que c’est à peine quelque chose, on peut le voir par la signification du nombre cinq, mentionnée au Chap. VI. Vers. 15, où il a été montré que Cinq, dans le style de la Parole, ou dans le sens interne, signifie peu. Or, comme le nombre Quinze est composé de Cinq, qui signifie peu, et de Dix, qui signifie les Restes (reliquiae), ainsi qu’on l’a vu, Chap. VI. Vers. 3, ce nombre concerne les Restes qui, chez eux, étaient à peine quelque chose, car les persuasions du faux étaient si fortes qu’elles avaient éteint tout bien. Déjà il a été dit ce qui se passe au sujet des Restes chez l’homme ; c’est que les principes du faux, et plus encore les persuasions du faux, telles qu’elles étaient chez ces Antédiluviens, avaient renfermé et séquestré les Restes, au point qu’ils ne pouvaient plus se produire ; et que, s’ils se fussent produits, ils auraient été sur-le-champ falsifiés ; car la vie des persuasions est telle que non-seulement elle rejette tout ce qui est vrai et s’empare de tout ce qui est faux, mais qu’elle pervertit encore le vrai qui l’approche.
799. Vers. 21, 22. Et toute chair qui rampe sur la terre expira, quant à l’oiseau, et quant à la bête, et quant à la bête sauvage, et quant à tout le reptile qui rampe sur la terre, et tout l’homme. Tout ce qui avait souffle d’esprit de vies en ses narines, de tout ce qui (était) dans l’aride, mourut. – Toute chair qui rampe sur la terre expira, signifie que ceux qui étaient de la dernière postérité de la Très-Ancienne Église s’éteignirent ; ces mots, quant à l’oiseau, et quant à la bête, et quant à la bête sauvage, et quant à tout le reptile qui rampe sur la terre, signifient leurs persuasions, à savoir : l’oiseau, les affections du faux ; la bête, les cupidités ; la bête sauvage, les voluptés ; le reptile, les corporels et les terrestres ; et toutes ces choses réunies sont appelées tout l’homme ; tout ce qui avait souffle d’esprit de vies en ses narines, signifie ceux qui avaient été de la Très-Ancienne Église, dans les narines desquels il y avait souffle d’esprit de vies, c’est-à-dire une vie d’amour et par suite de foi ; ces mots, de tout ce qui était dans l’aride, signifient ceux dans lesquels il n’y avait plus rien d’une telle vie ; mourut, c’est-à-dire qu’ils expirèrent.
800. Toute chair qui rampe sur la terre expira, signifie que ceux qui étaient de la dernière postérité de la Très-Ancienne Église s’éteignirent : on le voit par la suite du texte, qui contient leur description quant aux persuasions et quant aux cupidités. Ici, ils sont d’abord nommés chair qui rampe sur la terre, parce qu’ils sont devenus entièrement sensuels et corporels. Les Très-Anciens, comme déjà il a été dit, assimilaient aux reptiles les sensuels et les corporels ; voilà pourquoi, lorsqu’il est dit chair qui rampe sur la terre, on doit entendre l’homme qui est devenu purement sensuel et corporel. Déjà il a été dit et expliqué que la chair signifie tout homme en général, et spécialement l’homme corporel.
801. D’après la description de ces Antédiluviens, on peut voir quel a été le style des Très-Anciens, et par suite quel est le style prophétique ; ici, et jusqu’à la fin de ce Chapitre, ils sont décrits ; ils le sont, dans ce Verset, quant à leurs persuasions, et dans le Vers. 23, quant à leurs cupidités ; c’est-à-dire, d’abord quant à l’état de leurs intellectuels, puis quant à l’état de leurs volontaires ; et, quoiqu’il n’y eut chez eux ni intellectuels ni volontaires, on doit néanmoins nommer ainsi les choses opposées, telles que les persuasions du faux, qui ne sont rien moins que des choses d’entendement ; on doit les nommer ainsi, parce qu’elles sont des choses de pensée et de raisonnement ; il en est de même des cupidités, qui ne sont rien moins que des choses de volonté : ils sont décrits, dis-je, d’abord quant aux persuasions du faux, puis quant aux cupidités ; c’est là la cause des répétitions qu’on trouve dans ce Vers. 21 et dans le Vers. 23, mais dans un ordre différent : tel est aussi le style prophétique. Cela vient de ce qu’il y a chez l’homme deux vies qui sont très distinctes entre elles, l’une des intellectuels, l’autre des volontaires : l’homme subsiste par l’une et par l’autre, et, quoiqu’elles soient aujourd’hui séparées chez l’homme, elles influent cependant l’une dans l’autre, et le plus souvent elles s’unissent. Il y aurait bien des moyens de constater et de montrer même jusqu’à l’évidence que ces deux vies s’unissent, et comment elles s’unissent. L’homme donc consistant en ces deux parties, l’entendement et la volonté, et l’une influant dans l’autre, c’est pourquoi, quand l’homme est décrit dans la Parole, il est décrit d’une manière distincte quant à l’une et à l’autre de ces parties, ce qui est la cause des répétitions ; autrement la description serait incomplète. Il en est de même d’une chose quelconque, car il en est de la chose absolument comme du sujet ; en effet, les choses dépendent des sujets, puisqu’elles sortent des sujets ; toute chose séparée de son sujet ou de sa substance est une chose de néant. Voilà pourquoi, dans la Parole, les choses sont également décrites quant à l’une et à l’autre partie ; c’est ainsi que la description de chaque chose est complète.
802. Il s’agit ici des persuasions, et, dans le Vers. 23, des cupidités ; on le reconnaît, en effet, en ce que, dans ce Verset, est nommé d’abord l’oiseau, puis la bête ; car l’oiseau signifie ce qui appartient aux intellectuels ou aux rationnels, et la bête, ce qui appartient aux volontaires. Mais lorsqu’est décrit ce qui appartient aux cupidités, comme dans le Vers. 23, d’abord est nommée la bête, et ensuite l’oiseau ; et cela, comme il a été dit, parce qu’il y a influx réciproque de l’une des parties dans l’autre, et que de cette manière leur description est complète.
803. Ces mots, quant à l’oiseau, et quant à la bête sauvage, et quant à tout le reptile qui rampe sur la terre, signifient les persuasions des Antédiluviens, dans lesquelles par l’oiseau sont signifiées les affections du faux, par la bête, les cupidités, par la bête sauvage, les voluptés, par le reptile qui rampe, les corporels et les terrestres ; on peut le voir par ce qui a été dit précédemment sur la signification des oiseaux et des bêtes ; sur les oiseaux, No 40 et Vers, 14 et 15 de ce Chapitre ; sur les bêtes, Vers. 14 et 15 ibid., et Nos 45, 46, 142, 143, 246. Les oiseaux, par cela qu’ils signifient les intellectuels, les rationnels et les scientifiques, signifient ce qui leur est opposé, comme les rationnels pervertis, les faux et les affections du faux. Les Persuasions des Antédiluviens sont ici pleinement décrites, en ce qu’il est signifié qu’elles renfermaient les affections du faux, les cupidités, les voluptés, les corporels et les terrestres. Toutes ces choses sont dans les persuasions, ce que l’homme ignore, s’imaginant qu’un principe du faux ou qu’une persuasion du faux est seulement quelque chose de simple, on une certaine idée générale ; mais il est dans une grande erreur ; il en est tout autrement. Chaque affection de l’homme tire son existence et sa nature des intellectuels et en même temps des volontaires, de sorte que l’homme est tout entier, quant à tous ses intellectuels et à tous ses volontaires, dans chacune de ses affections et même dans les plus petites parties de chaque affection. C’est ce que j’ai pu voir clairement par plusieurs expériences ; je rapporterai seulement ce qui suit : Dans l’autre vie, un esprit peut, par une seule idée de sa pensée, être connu pour ce qu’il est ; bien plus, les Anges obtiennent du Seigneur de pouvoir, en portant seulement leurs regards sur quelqu’un, connaître à l’instant ce qu’il est, et rien ne peut les induire en erreur ; par là on voit que chaque idée de l’homme, que chacune de ses affections, et même que la plus petite partie d’une de ses affections est son image et son effigie, c’est-à-dire qu’il y a dans cette idée, dans cette affection, ou dans cette partie d’affection, quelque chose qui de près et de loin tient à tout son intellectuel et à tout son volontaire. Ainsi sont décrites les affreuses persuasions des Antédiluviens, en ce qu’elles renfermaient en elles les affections du faux, les affections du mal ou les cupidités, puis les voluptés, et enfin les corporels et les terrestres. Toutes ces choses existent dans de semblables persuasions, et non-seulement dans les persuasions prises en général, mais même dans les plus petites particularités des persuasions, où dominent les corporels et les terrestres. Si l’homme savait combien en renferme un seul principe du faux ou une seule persuasion du faux, il serait saisi d’horreur ; c’est comme une image de l’enfer : toutefois, si le principe ou la persuasion est due à l’innocence ou à l’ignorance, les faux sont facilement dissipés.
804. Il est ajouté : tout l’homme, ce qui signifie que toutes ces choses étaient dans cet homme (l’Antédiluvien) ; c’est une conclusion générale comprenant tout ce qui précède ; de semblables conclusions sont souvent ajoutées aux descriptions.
805. Tout ce qui avait souffle d’esprit de vies en ses narines, signifie ceux qui avaient été de la Très-Ancienne Église, dans les narines desquels il y avait souffle de vies, c’est-à-dire une vie d’amour et par suite de foi : on le voit par ce qui a été dit précédemment, Nos 93, 97. Chez les Très-Anciens, la vie était signifiée par le souffle dans les narines, ou par la respiration, qui est la vie du corps en correspondance avec les spirituels, comme le mouvement du cœur est la vie du corps en correspondance avec les célestes. Comme il s’agit ici des Antédiluviens qui avaient reçu par héritage de leurs pères une semence d’origine céleste, mais éteinte on étouffée, il est dit : tout ce qui avait souffle d’esprit de vies en ses narines ; ces paroles aussi renferment plus profondément caché en elles quelque chose dont il a été déjà parlé au No 97, à savoir, que l’homme de la Très-Ancienne Église avait une respiration interne, par conséquent conforme et semblable à la respiration des Anges, de laquelle, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il sera parlé dans la suite. Cette respiration fut variée selon tous les états de l’homme interne ; mais, avec le temps, elle changea progressivement dans les descendants jusqu’à cette dernière postérité dans laquelle tout ce qui était angélique périt ; alors il ne leur fut plus possible de respirer avec le ciel angélique. Telle fut la cause réelle de leur extinction ; et c’est pour cela qu’il est dit maintenant que ceux qui avaient souffle d’esprit de vies dans les narines expirèrent et moururent. Depuis cette époque, la respiration interne cessa, et avec elle la communication avec le ciel, et par conséquent la perception céleste ; et il y eut à sa place une respiration externe. La communication avec le Ciel ayant ainsi cessé, les hommes de l’Ancienne Église, qui était alors l’Église nouvelle, ne purent plus être des hommes célestes, comme les Très-Anciens, mais ils furent spirituels. Il en sera parlé, dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur.
806. De ce qui précède il résulte que ces mots, de tout ce qui était dans l’aride, signifient ceux dans lesquels il n’y avait plus rien d’une semblable vie, et que mourut, signifie qu’ils expirèrent ; cette expression, l’aride, est ici employée parce que toute vie d’amour et de foi avait été éteinte en eux. L’aride, c’est où il n’y a point d’eau, c’est-à-dire, où il n’y a plus rien de spirituel ni, à plus forte raison, rien de céleste. La persuasion du faux éteint et étouffe pour ainsi dire tout spirituel et tout céleste ; c’est ce que chacun peut savoir par plusieurs expériences, s’il veut y faire attention. Ceux qui ont une fois adopté des opinions, fussent-elles les plus fausses possibles, s’y attachent avec tant d’obstination qu’ils ne veulent pas même écouter quoi que ce soit qui contrarie ces opinions ; en conséquence, ils ne se laissent nullement instruire, lors même qu’on place le vrai sous leurs yeux ; plus grande encore est leur obstination lorsque quelque idée de sainteté leur devient un motif de vénération pour leurs fausses opinions. De tels hommes sont de ceux qui repoussent tout vrai, et ce qu’ils admettent de vrai, ils le pervertissent, et le mêlent à leurs fantaisies ; ce sont eux qui sont signifiés ici par l’aride, où il n’y a ni eau ni gazon, comme on le voit dans Ézéchiel : « Je réduirai les fleuves en aride, et je vendrai la terre en la main des méchants, et je désolerai la terre et sa plénitude. » – XXX. 42 ; – réduire les fleuves en aride, c’est faire qu’il n’y ait plus rien de spirituel. Dans Jérémie : « Votre terre est devenue aride. » – XLIV. 22 ; – l’aride, c’est la terre désolée et dévastée, de telle sorte qu’il n’y a plus rien du vrai ni rien du bien.
807. Vers. 23, Et il détruisit toute substance qui (était) sur les faces de l’humus, depuis l’homme jusqu’à la bête, jusqu’au reptile, et jusqu’à l’oiseau des cieux ; et ils furent détruits de dessus la terre ; et il ne resta que Noach, et ce qui (était) avec lui dans l’arche. – Il détruisit toute substance, signifie les cupidités qui appartenaient à l’amour de soi ; qui était sur les faces de l’humus, signifie la postérité de la Très-Ancienne Église ; ces mots, depuis l’homme jusqu’à la bête, jusqu’au reptile, et jusqu’à l’oiseau des cieux, signifient la nature de leur mal, à savoir : l’homme, cette nature elle-même ; la bête, les cupidités ; le reptile, les voluptés ; l’oiseau des cieux, les faussetés qui en résultent ; et ils furent détruits de dessus la terre, c’est la conclusion, c’est-à-dire, que la Très-Ancienne Église expira ; il ne resta que Noach et ce qui était avec lui dans l’arche, c’est-à-dire que furent conservés ceux qui constituent une nouvelle Église ; ce qui était avec lui dans l’arche, c’est ce qui appartenait à la nouvelle Église.
808. Il détruisit toute substance, signifie les cupidités qui appartenaient à l’amour de soi : on le voit par la description qui est ensuite faite par des représentatifs. La substance se dit des volontaires, parce que tout sort de la volonté, ou existe et subsiste chez l’homme par la volonté ; la volonté est la substance même de l’homme, ou l’homme même. Les cupidités des Antédiluviens appartenaient à l’amour de soi ; il y a deux genres de cupidités qui les comprennent toutes ; l’un appartient à l’amour de soi, et l’autre à l’amour du monde ; l’homme ne désire que ce qu’il aime, et c’est pour cela que les cupidités appartiennent à l’amour. Chez ces Antédiluviens régnait l’amour de soi, et régnaient par conséquent les cupidités qui appartiennent à cet amour ; en effet, ils s’aimèrent tellement qu’ils se crurent des dieux, ne reconnaissant aucun Dieu au-dessus d’eux ; telle était leur persuasion.
809. Qui était sur les faces de l’humus, signifie la Postérité de la Très-Ancienne Église : on le voit par la signification de l’humus, de laquelle il a été parlé précédemment, en ce que c’est l’Église et par suite ce qui appartient à l’Église ; ici, comme il est dit que la substance qui était sur les faces de l’humus fut détruite, cela signifie que ceux de la Très-Ancienne Église, et qui étaient tels, furent détruits. Ici, il est dit l’humus, et au Vers. 21, la terre, parce que l’Église n’est nullement qualifiée par les intellectuels, mais elle l’est par les volontaires ; ce n’est ni le scientifique ni le rationnel de la foi qui constitue l’Église ou l’homme de l’Église, mais c’est la charité qui appartient à la volonté. Tout essentiel vient de la volonté ; par conséquent, ce n’est pas non plus le doctrinal qui fait l’Église, à moins que le doctrinal en général et en particulier ne concerne la charité ; alors la charité devient la fin ; c’est par la fin qu’on voit quelle est la qualité du doctrinal, s’il appartient à l’Église ou s’il ne lui appartient pas. L’Église du Seigneur, comme le Royaume du Seigneur dans les Cieux, n’appartient qu’à l’amour et à la charité.
810. Ces mots, depuis l’homme jusqu’à la bête, jusqu’au reptile, et jusqu’à l’oiseau des Cieux, signifient la nature de leur mal, à savoir : l’homme, cette nature elle-même ; la bête, les cupidités ; le reptile, les voluptés ; l’oiseau des Cieux, les faussetés qui en résultent : on peut le voir par la signification de toutes ces choses, de laquelle il a été parlé précédemment ; ainsi, il n’est pas besoin de s’y arrêter davantage.
811. Que ils furent détruits de dessus la terre, c’est la conclusion, c’est-à-dire, que la Très-Ancienne Église expira ; que il ne resta que Noach et ce qui était avec lui dans l’arche, signifie que furent conservés ceux qui constituèrent une nouvelle Église ; et que ce qui était avec lui dans l’arche signifie tout ce qui appartenait à la nouvelle Église, on le voit clairement sans qu’il soit non plus besoin d’autre explication.
812. Vers. 24. Et les eaux se renforcirent sur la terre pendant cent cinquante jours. – Ces paroles signifient le dernier terme de la Très-Ancienne Église ; cent cinquante, c’est le terme dernier et premier.
813. Que ces paroles signifient le dernier terme de la Très-Ancienne Église, et cent cinquante, le terme dernier et premier, c’est ce qui ne peut, à la vérité, être confirmé par la Parole de la même manière que cela a été fait quand il s’est agi des nombres plus simples qu’on y rencontre fréquemment ; mais néanmoins cela se voit par le nombre Quinze, dont il a été parlé au Vers. 20, nombre qui signifie si peu que c’est à peine quelque chose ; cette signification s’applique à plus forte raison au nombre cent cinquante, formé de quinze multiplié par le nombre dix, qui signifie les Restes (Reliquiae). La multiplication par un nombre qui signifie peu, de même que la multiplication par la moitie, le quart ou le dixième, donne un produit dont la signification est encore moindre, tellement qu’on arrive enfin à presque rien, par conséquent à ce qui est la fin ou le dernier terme. Le même nombre se rencontre au Chap. VIII, Vers. 3, où il est dit que « les eaux diminuèrent au bout de cent cinquante jours », et où ce nombre a une pareille signification. Dans la Parole, les nombres doivent être entendus en faisant abstraction complète du sens de la lettre ; ils n’y sont insérés, comme il a déjà été dit et exposé, que pour former avec ordre la série historique que présente le sens de la lettre. Ainsi, partout où se trouve le nombre Sept, il signifie ce qui est saint, abstraction complètement faite des temps et des mesures auxquels ce nombre est ordinairement joint ; car les Anges, qui perçoivent le sens interne de la Parole, ne savent rien du temps ni de la mesure ; ils savent encore moins ce que c’est que le nombre désigne, et néanmoins ils comprennent pleinement la Parole, lorsqu’elle est lue par l’homme ; aussi, lorsqu’il s’y rencontre quelque part un nombre, ils ne peuvent nullement avoir l’idée d’aucun nombre ; mais ce qui se présente à eux, c’est l’idée de la chose signifiée par le nombre, ainsi, ici, par ce nombre cent cinquante, l’idée que c’est le dernier terme de la Très-Ancienne Église, et, au Vers. 3 du Chap. suivant, que c’est le premier terme de l’Église Ancienne, qui était alors l’Église nouvelle.
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CONTINUATION. – DES ENFERS.
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Des Enfers de ceux qui ont passé leur vie dans les haines, les vengeances et la cruauté.
814. Ceux qui sont animés d’une haine mortelle, et par suite ne respirent que vengeance, et n’aspirent, sans relâche, qu’à la mort d’autrui, sont tenus dans un Enfer très-profond et cadavéreux, où se fait sentir une puanteur aussi infecte que celle qui s’exhale de cadavres ; et, chose étonnante ! ces esprits se plaisent tellement dans cette puanteur qu’ils la préfèrent aux odeurs les plus agréables ; telle est leur affreuse nature et la fantaisie qui en résulte ; de cet Enfer s’exhale effectivement une telle puanteur ; et, lorsqu’il s’ouvre, ce qui arrive rarement et pour quelques instants seulement, l’infection qui s’en exhale est si grande que les autres esprits ne peuvent séjourner dans le voisinage. Certains génies, ou plutôt des furies, qui avaient été laissés libres d’en sortir afin que je pusse savoir quels ils sont, répandaient une sphère infectée d’un souffle si empoisonné et si pestilentiel que les esprits qui étaient autour de moi ne pouvaient y résister ; et cette sphère produisait en même temps sur l’estomac un effet tel que je vomissais. Ils se manifestaient par un enfant à la face assez belle, mais avec un poignard caché ; ils envoyaient vers moi cet enfant, portant un vase à la main ; par là il m’était donné de savoir que, sous l’apparence de l’innocence, ils avaient l’intention de tuer, ou par le poignard, ou par le poison ; or, eux-mêmes avaient le corps nu et très-noir ; mais bientôt ils furent rejetés dans leur Enfer cadavéreux. Alors il me fut donné à observer comment ils y étaient retombés : ils s’avançaient à gauche, dans le plan de la tempe gauche, et suivirent même cette direction jusqu’à une grande distance sans s’abaisser ; ensuite ils tombèrent, d’abord dans un feu qui apparut, puis dans une fumée embrasée semblable à celle d’une fournaise, et bientôt sous cette fournaise, vers les antérieurs, où sont plusieurs cavernes très-ténébreuses qui tendent vers le bas. Dans leur route, ils projetaient et tentaient continuellement de faire du mal, surtout à des innocents, et sans avoir pour cela aucun motif ; lorsqu’ils furent tombés dans le feu, ils se lamentèrent beaucoup. Pour qu’on puisse reconnaître d’où ils sont et quels ils sont, ils ont, quand ils sortent, une sorte de cercle auquel sont fixés des aiguillons comme d’airain, qu’ils pressent et tordent de leurs mains, ce qui est l’indice qu’ils sont tels qu’il vient d’être dit, et qu’ils sont liés.
815. Ceux qui se plaisent dans des haines et par suite dans des vengeances, au point de n’être pas seulement contents de détruire le corps, mais encore, de désirer perdre l’âme, que cependant a rachetée le Seigneur, ceux-là sont précipités en bas par une ouverture extrêmement ténébreuse vers des lieux très-bas de la terre, à une profondeur proportionnée au degré de leur haine et de leur ardeur de vengeance ; ils sont alors frappés d’une terreur et d’une horreur profondes, et tenus en même temps dans le désir de la vengeance ; et à mesure que ce désir augmente, ils sont précipités plus profondément. Ensuite, ils sont envoyés, sous la Géhenne, dans un lieu où apparaissent des serpents affreux, grands, à large ventre, et cela d’apparence aussi vivante que la réalité même, par lesquels ils sont tourmentés de morsures, qu’ils ressentent aussi vivement ; ces choses sont ainsi ressenties par les esprits, elles répondent à leur vie, comme les choses corporelles à la vie de ceux qui sont dans un corps, et en même temps ils vivent dans d’affreuses fantaisies, et cela pendant des siècles, jusqu’à ce qu’ils ne sachent plus qu’ils ont été hommes : leur vie, qu’ils ont passée dans de telles haines et de telles vengeances, ne peut être autrement détruite.
816. Comme les genres de haines et de vengeances sont innombrables et leurs espèces plus innombrables encore, et que l’enfer qui résulte d’un de ces genres n’est pas semblable à celui qui provient d’un autre ; qu’ainsi il est impossible de recenser dans leur ordre les particularités de chacun d’eux, il m’est à cause de cela simplement permis de rapporter ce que j’ai vu : Un esprit vint vers moi, avec l’apparence comme d’un noble personnage (les esprits m’ont apparu comme dans la clarté du jour, et même dans une clarté plus grande encore, mais à ma vue interne, parce que, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur, il m’a été donné de me trouver avec eux) ; cet esprit, dès son arrivée près de moi, usant de feinte, insinuait par signes qu’il avait beaucoup de choses qu’il voulait me communiquer, me demandant si j’étais chrétien ; sur ma réponse affirmative, il me dit qu’il l’était aussi, me demandant à être seul avec moi, parce qu’il avait à me raconter des choses que d’autres ne devaient pas entendre ; mais je lui répondis que dans l’autre vie on ne peut pas être seuls, comme les hommes pensent l’être sur la terre, et qu’il y avait près de nous plusieurs esprits. Néanmoins il s’approcha plus près et se plaça par derrière à l’occiput. Je perçus alors qu’il était un assassin ; et, pendant qu’il était à cette place, je sentis comme un coup qui m’était porté au cœur et presque en même temps au cerveau. Un homme devait, sans nul doute, mourir d’un tel coup ; mais, comme j’étais gardé par le Seigneur, je n’eus aucune crainte. Je ne sais à quel artifice il eut recours. Me croyant mort, il dit à d’autres qu’il venait présentement de quitter un homme qu’il avait tué ainsi, et cela par un coup mortel porté par derrière, d’une certaine manière, à laquelle il se disait habile, qui faisait que l’homme ignorait, avant de succomber, comment il était frappé mortellement, et que lui ne pouvait être regardé que comme innocent. Il me fut, par là, donné de savoir que cet esprit avait récemment quitté cette vie, où il avait commis un tel forfait. La punition de pareils esprits est horrible ; après avoir subi des tourments infernaux pendant des siècles, leur visage devient si horrible et si monstrueux, que ce n’est plus un visage, c’est quelque chose de blafard ressemblant à de l’étoupe. Ils se dépouillent ainsi de tout ce qu’ils avaient d’humain ; alors tous ceux qui les voient sont saisis d’horreur ; aussi, ces monstres errent-ils, comme des bêtes sauvages, dans des lieux ténébreux.
817. Un esprit qui sortait d’une chambre infernale, placée sur le côté gauche, vint à moi et me parla ; il me fut accordé de percevoir qu’il était du nombre des scélérats, et voici comment me fut manifesté ce qu’il avait fait dans le monde : il fut envoyé assez profondément dans la terre inférieure, en avant, un peu sur la gauche ; et là, il se mit à remuer la terre comme pour creuser une fosse du genre de celles qui sont destinées à recevoir les corps morts, ce qui me fit soupçonner que, dans la vie du corps, il avait commis quelque meurtre. Alors apparut une litière funéraire couverte d’une tenture noire, et bientôt sortit de la litière un esprit qui vint à moi et me raconta innocemment qu’il était mort avec la pensée d’avoir été empoisonné par cet esprit, et que cette idée lui était venue à l’approche de l’heure de la mort, sans qu’il sût néanmoins si ce soupçon était légitime. Quand l’esprit scélérat eut entendu ces paroles, il avoua qu’il avait commis le crime. Cet aveu fut suivi de la punition : le meurtrier fut deux fois enveloppé dans la terre noire de la fosse qu’il avait creusée, et il devint noir comme une momie égyptienne, tant du visage que du corps ; puis, dans cet état, il fut enlevé en haut et transporté devant les esprits et devant les anges, et l’on s’écriait : Quel diable ! Il devint ensuite froid, et fut en conséquence mis au rang des infernaux qui sont froids, et envoyé dans l’enfer.
818. Il existe, sous les fesses, un Enfer horrible : ceux qui l’habitent paraissent se frapper à coups de couteaux, semblables à des furies, dirigeant leurs couteaux sur les poitrines des autres, mais le couteau leur est chaque fois enlevé dans le mouvement pour frapper le coup. Ce sont ceux qui furent animés contre les autres d’une haine si violente qu’ils brûlaient du désir de les faire périr avec cruauté ; et c’est de là qu’ils ont tiré un caractère si féroce. Cet enfer me fut ouvert – mais seulement légèrement, à cause de leurs affreuses cruautés, – pour que je visse quelles sont les haines meurtrières.
819. Il y a, sur la gauche, dans un plan qui correspond aux inférieurs du corps, un certain Étang, vaste, dont la longueur est plus grande que la largeur. Sur la rive antérieure apparaissent à ceux qui y sont des représentations de serpents, tels qu’il s’en trouve dans des étangs, et dont le souffle est pestilentiel. Plus loin, sur la rive gauche, apparaissent ceux qui se repaissent de chair humaine et se dévorent entre eux en s’attachant avec les dents aux épaules des autres. Plus loin encore, sur la gauche, apparaissent d’énormes poissons, de monstrueuses baleines, qui avalent un homme et le vomissent. Au plus loin enfin, ou sur la rive opposée, apparaissent des faces des plus difformes, surtout de vieilles femmes, si hideuses qu’on ne peut les décrire, courant çà et là comme des folles. Sur la rive droite il y en a qui tentent de se tuer mutuellement avec des instruments de cruauté ; ccs instruments diffèrent selon l’atrocité du cœur de chacun d’eux. Dans tout le milieu de l’étang se trouve un liquide qui est noir, comme ayant croupi longtemps. J’ai vu quelquefois des esprits amenés vers cet étang, et je m’en étonnais ; mais je fus instruit par quelques-uns qui en étaient venus, lesquels me dirent qu’ils étaient de ceux qui avaient nourri contre le prochain des haines intestines ; que, chaque fois que l’occasion s’en était présentée, ces haines avaient éclaté, et qu’ils y trouvaient leur plus grand plaisir ; que pour eux il n’y avait pas de plus grande jouissance que de traduire le prochain en jugement et de faire en sorte que des peines lui fussent infligées ; et qu’ils l’auraient tué s’ils n’eussent été arrêtés par le châtiment de la loi. C’est en de telles représentations que sont changées les haines et les cruautés des hommes après la vie du corps ; leurs fantaisies, qui viennent de ces cruautés, sont absolument pour eux comme si elles étaient vivantes.
820. Ceux qui, dans la vie du corps, ont exercé des brigandages et des pirateries, préfèrent à tous les autres liquides l’urine fortement fétide. Il leur semble habiter dans de semblables liquides et dans des étangs qui répandent cette odeur fétide. Un brigand qui s’approcha de moi grinçait des dents ; j’entendis le bruit du grincement de ses dents aussi bien que s’il eût été homme, quoiqu’ils n’eussent pas de dents, ce qui m’étonna. Il m’avoua qu’il aimait beaucoup mieux vivre dans des mares infectes d’urine que dans les eaux les plus limpides, et que l’infection de l’urine était ce qui constituait ses délices : il disait qu’il voudrait rester de préférence dans des tonnes d’urine, et y avoir sa demeure.
821. Il y a des hommes qui, à l’extérieur, présentent une physionomie décente et une vie honorable, de sorte que personne ne saurait supposer qu’ils ne sont pas d’honnêtes gens. Ils s’étudient en toute manière à paraître ainsi, pour s’élever aux honneurs et acquérir des richesses sans craindre de perdre leur réputation ; aussi n’est-ce pas ouvertement qu’ils agissent ; mais, en employant d’autres personnes et au moyen d’artifices trompeurs, ils enlèvent le bien d’autrui, se souciant fort peu que les familles qu’ils dépouillent périssent de faim. Si ce n’était la crainte que cela ne se manifestât devant le monde, ils le feraient eux-mêmes sans aucune conscience ; néanmoins ils sont aussi coupables que s’ils l’eussent fait par eux-mêmes ; ce sont des brigands occultes, et leur genre de haine est joint au faste, à l’avidité du gain, à la dureté de cœur et à la fourberie. De tels hommes, arrivés dans l’autre vie, se prétendent innocents, disant qu’ils n’ont fait aucun mal, parce que le mal qu’ils ont fait n’a pas été découvert ; et pour montrer qu’ils sont irrépréhensibles, ils se dépouillent de leurs vêtements, se montrent nus, attestant ainsi leur innocence. Quand on les examine, à chaque mot qu’ils prononcent, à chaque idée de leur pensée, ils se découvrent absolument tels qu’ils sont, chose qu’ils ignorent. Dans l’autre vie, de tels esprits désirent massacrer, sans aucune conscience, tous ceux de leurs compagnons qu’ils rencontrent ; ils ont sur eux une hache et à la main un maillet, et paraissent avoir auprès d’eux, renversé sur le dos, un autre esprit qu’ils frappent, mais non jusqu’à effusion de sang, parce qu’ils ont peur de la mort. Ils ne peuvent rejeter ces instruments de leurs mains, ce que cependant ils s’efforcent avec beaucoup de peine de faire, de peur qu’en paraissant tels qu’ils sont, la férocité de leur caractère ne soit reconnue par les esprits et par les anges. Ils sont à une moyenne distance sous les pieds, vers le devant.
822. Il est contre le prochain un genre de haine, dans lequel on se plaît à faire du tort à chacun et à le harceler, quel qu’il soit ; et plus on peut lui causer de dommage, plus on éprouve de plaisir ; ceux de ce caractère sont en grand nombre dans le plus bas peuple ; cependant, il y en a qui, sans être de cette classe, ont un semblable caractère, mais, à l’extérieur, annoncent plus de mœurs, tant à cause de la vie civile dans laquelle ils ont été élevés que par la crainte des peines de la loi. Ceux-là, après la mort, paraissent nus quant à la partie supérieure du corps, les cheveux en désordre ; ils se ruent l’un sur l’autre, se saisissent mutuellement par les épaules, se harcellent, sautent par-dessus la tête de leur adversaire, reviennent après s’être retournés promptement, et se frappent violemment à coups de poing. Ceux qui ont reçu plus d’éducation, et dont il vient d’être parlé, agissent de même ; mais ils se saluent d’abord, passent en tournant derrière leur adversaire, et l’attaquent à coups de poing ; mais, quand ils se retrouvent en face, ils se saluent, puis tournent de nouveau par derrière et frappent du poing : c’est ainsi qu’ils sauvent les apparences. On les voit sur la gauche, à une hauteur moyenne et à une certaine distance.
823. Tout ce que l’homme a fait dans la vie du corps revient successivement dans l’autre vie, même tout ce qu’il a pensé : quand reviennent les inimités, les haines, les fourberies, alors les personnes contre lesquelles on a eu de la haine et contre lesquelles on a secrètement machiné se présentent aussi à la vue, et cela à l’instant même. C’est ainsi que les choses se passent dans l’autre vie ; quant à la présence des personnes, j’en parlerai dans la suite, d’après la Divine Miséricorde du Seigneur. Les pensées qu’on a eues contre les autres se montrent avec évidence, car il y a perception de toutes les pensées ; de là des états lamentables ; les haines cachées y éclatent ouvertement. Tous les forfaits et toutes les pensées de ceux qui sont méchants reparaissent ainsi d’une manière frappante ; mais il n’est pas de même de ceux qui sont bons ; pour eux, ce sont seulement tous leurs états de bien, d’amitié et d’amour qui reparaissent avec un charme et une félicité suprêmes.
FIN DU TOME PREMIER.