Pierre Aguétant

(1890-...)

 

Notice biographique extraite de :

Gérard WALCH, Poètes nouveaux, Delagrave, 1924.

 

 

 

 

Pierre Aguétant, né le 27 avril 1890 à Guéreins (Ain), et qui fit ses études dans son pays natal, au Lycée Lalande, à Bourg, est un poète de la terre et un poète du cœur, un poète profondément humain, idéaliste et religieux, également capable de nous plaire et de nous émouvoir par la sincérité de son amour pour le vieux sol bourguignon et par son fidèle et pieux attachement aux choses d’autrefois, son vibrant enthousiasme devant les splendeurs de la création et la douce et tendre mélancolie de son rêve. Le culte fervent qu’il a voué à la Nature remplit son âme d’un extatique émoi et la fait communier avec l’âme éparse en l’air des clairs jardins d’été, des parcs mélancoliques d’automne. Pour lui, le paysage vit, non pas d’une vie agreste ni même champêtre seulement, mais d’une vie humaine. La terre est une mère tendre et bonne qui le berce et le caresse, dont il sent battre le cœur, dont il respire l’haleine embaumée; le soir rose, une chair câline d’amoureuse; la voix du vent pleure dans les branches d’un chêne, la glèbe souffre, les arbres regardent passer le promeneur solitaire, leur visage lui est familier. Tout dans la nature lui parle, lui fait, à mi-voix, des confidences, lui livre son secret. Et ainsi il vit d’une vie multiple, heureuse infiniment, embellie, intensifiée comme par une magie.

Soit qu’il chante, dans Le Poème du Cœur, l’aube de l’amour, les heures roses, les heures grises, les aspects changeants des saisons, ou qu’il célèbre, dans des livres plus récents, les clochers, les vignes, les bois, les pâturages de son cher Bugey et de l’opulent Beaujolais, son ardent lyrisme, lors même que sa poésie garde son goût de terroir, nous ouvre des paradis de rêve, nous révèle les secrètes correspondances des choses et transmue en harmonieuse beauté jusqu’aux choses les plus humbles et quotidiennes.

L’oeuvre en prose, déjà importante, de Pierre Aguétant s’apparente à ses ouvrages en vers par le même don de pénétration intuitive, le même sens intime du mystère quotidien, la même profondeur de sentiment et de pensée qui semblent caractériser ce poète. Les consolations qu’il apporte à « Ceux qui pleurent », dans le livre paru sous ce titre avec la date fatidique : 1918, les intimités du Divin Roman d’Amour et de Nous deux, de même que ses « pensées » sur les femmes, l’amour, l’amitié, la sagesse, l’ironie, d’une forme si piquante, et si poétique souvent, nous mettent en présence d’un poète doublé d’un sagace et subtil observateur. Rien de tel, en effet, pour voir clair dans la vie, pour approfondir le miracle de l’amour, comme pour comprendre et consoler la douleur, que la perspicacité d’un cœur sensible, sincère et généreux qui a aimé et souffert.

Pierre Aguétant a collaboré aux Annales, à La Revue Hebdomadaire, au Gaulois, à Excelsior, etc.

Il fut reçu membre de l’Académie de Mâcon en 1922.

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net