Robert de Bonnières

(1850-1905)

 

Notice biographique extraite de :

Gérard WALCH, Anthologie des poètes français contemporains, 1924.

 

 

 

Appartenant à une famille ancienne dont plusieurs membres se sont distingués dans la diplomatie, petit-fils du marquis de Couanen, Guillaume-François-Robert de Wierre de Bonnières est né à Paris le 7 avril 1850. Après la campagne de 1870, qu’il fit, comme volontaire, au 8e lanciers, dans les armées de l’Est et de la Loire, il suivit les cours de droit, mais son goût le portait vers les lettres, où il devait bientôt se faire une place enviable.

Ses premiers ouvrages – deux volumes de critique : la Comédie des Académies de Saint-Évremond (1879) et les Lettres grecques de Mme Chénier (1881) – dénotaient un écrivain de race au style pur servi par un jugement droit. Ces mêmes qualités se retrouvent dans les articles qu’il publia dans le Gaulois, le Figaro et le Gil Blas sous les pseudonymes de Robert-Étienne Janus et Robert-Robert et qu’il réunit en trois volumes sous ce titre : Mémoires d’aujourd’hui. En 1885, il faisait paraître dans la Revue des Deux-Mondes une curieuse étude sur le monde israélite, Les Monach.

D’un voyage aux Indes anglaises, Bonnières rapporta des notes qu’il donna à la Revue Politique et Littéraire, et le sujet d’un roman, qui parut dans le Journal des Débats avant d’être édité en librairie (1886); puis vinrent les jolis Contes dorés (1887), suivis de Jeanne-Avril (1887) et du Petit Margemont (1890), publiés d’abord dans la Revue des Deux-Mondes; les Contes à la Reine (1893), divisés en trois parties : le Livre des Fées, le Livre des Saints, le Livre des Rois, où se rencontrent des poésies au tour archaïque d’un grand charme; enfin, Lord Hyland, histoire véritable (1895), d’une haute portée philosophique; l’auteur a voulu montrer que la pitié humaine n’est pas inspirée par la seule religion. Bonnières a également écrit, pour Vincent d’Indy, le livret d’un opéra-comique : Attendez-moi sous l’orme. Grand amateur de musique, du reste, il donnait une partie de son temps à cet art et s’estimait heureux de pouvoir réunir autour de lui des célébrités musicales telles que Vincent d’Indy, Isaïe, Risler, etc.

« Robert de Bonnières, écrivait dès 1892 Émile Faguet, est assez connu du public comme romancier et comme essayiste, comme peintre mordant et aigu de la société contemporaine. Il l’est moins comme poète. On aurait tort cependant d’oublier les contes en vers d’autrefois, qui étaient d’un tour si vif et si preste. Il a voulu qu’on s’en souvînt, et il vient de leur donner quelques petits frères. Ce sont les Contes à la Reine. Bonnières, dans ce coquet volume, a tenté de ressusciter la jolie langue et la charmante allure de style des conteurs du XVIIIe siècle. C’est dans ce mode, sans une fausse note, à ce qu’il me semble, sans broncher une fois sur le fond, ni sur le ton, qu’il nous déduit les aventures des bonnes et des méchantes fées, du diable au moulin, des bons saints et des bonnes bêtes qui les aiment et qui les suivent jusqu’en paradis... »

 

 

 

 

 

 

 

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