Charles Grandmougin
(1850-1930)
Notice biographique extraite de :
Gérard WALCH, Anthologie des poètes français contemporains, 1924.
BIBLIOGRAPHIE. – Chez Rouam, Paris : Les Siestes, poésies (1874) ; – Nouvelles Poésies (1880) ; – Souvenirs d’Anvers (1881) ; – Orphée, drame antique en vers (1882) ; – Caïn, drame biblique en vers ; – Poèmes d’amour (1884) ; – Rimes de combat (1886) ; – À pleines voiles, poésies (1888) ; – L’Enfant Jésus, mystère en 5 parties et en vers ; – L’Enfant Jésus, édition de luxe avec lithographies originales de MM. Fantin-Latour, Wencker, de Richemont, Mouchot et Trochsler ; – Le Christ, drame sacré en vers, couronné par l’Académie française (1892) ; – L’Empereur, drame épique en vers, en 13 tableaux, 1807-1821, théâtre des Poètes (1893) ; – De la Terre aux Étoiles, poésies (1897) ; – Visions chrétiennes, récits en vers (1899) ; – Le Réveillon, drame en un acte, en vers ; – La Vouivre, poème franc-comtois ; – Les Serfs du Jura, drame en vers, autographié par l’auteur, avec lithographies originales de Fantin-Latour et J.-A. Meunier ; – Aryénis, drame en vers ; – La Chanson du village, édition de luxe avec lithographies originales de Dagnan-Bouveret, Courtois, Lobrichon, Amblet et Mme Marie Grandmougin. – Chez Fischbacher, Paris : Prométhée, drame antique (1878). – Chez Chamuel, Paris : Medjour, roman surnaturel ; – Les Heures divines, poésies (1894) ; – La Forêt mystérieuse, plaquette. – Chez Ollendorff, Paris : Le Naufrage de l’amour, poésie dite par Mlle Dudlay, de la Comédie française, plaquette. – Chez Calmann-Lévy, Paris : Contes d’aujourd’hui, en prose. – Chez Baudoin, Paris : Terre de France, poésie. – Chez Gautier, Paris : Contes en prose. – Chez Jouve, Paris : Dernières Promenades (1910).
En outre : La Vierge, légende sacrée, musique de Massenet (Opéra, 1880) ; – Hulda, opéra en cinq actes, musique de César Franck ; – Le Tasse, poème dramatique couronné par la Ville de Paris, musique de Benjamin Godard ; – La Résurrection de Lazare, légende sacrée, musique de Raoul Pugno ; – Mazeppa, opéra en cinq actes, musique de C. de Grandval ; – La Mort de Carthage, pièce en trois actes (1907) ; – La Fille adoptive, un acte en vers (1909) ; – Le Sang du Calvaire (1909) ; – La Mission de Jeanne d’Arc (1909) ; – Vers le Devoir, un acte en vers (1910) ; – La Première Bataille, scène dramatique, musique de J. Vidal (1911).
Fils d’un bâtonnier de l’ordre des avocats, M. Charles Grandmougin, né à Vesoul le 17 janvier 1850, appartient à cette pittoresque et robuste province de la Franche-Comté où sont nés tant d’artistes et de poètes. Il avait d’abord été destiné au barreau et avait déjà commencé ses études de droit, lorsque la guerre éclata ; il s’engagea volontaire dans le fameux bataillon Bourras et fit bravement la campagne ; puis il vint à Paris, à la conquête de la gloire. En trente années d’un labeur consciencieux, M. Grandmougin, artiste puissant, au talent souple et robuste, a édifié une œuvre qui ne manque, certes, ni de valeur ni de variété.
Poète coloré et divers, il a publié Siestes, qui déjà contenait de brillantes promesses ; Nouvelles Poésies, où son talent s’affirmait définitivement ; Poèmes d’amour, pleins de charme et de grâce ; Rimes de combat, Les Chansons du village, Les Heures divines, De la Terre aux Étoiles, Visions chrétiennes, œuvres délicieuses, où l’auteur trouve des accents émouvants et où son art atteint souvent à la perfection ; conteur charmant et pittoresque, il a écrit Histoires sentimentales, Contes d’aujourd’hui, Contes franc-comtois, Medjour, dans une langue claire, précise, d’excellent aloi ; enfin, auteur dramatique plein de verve, il a donné au théâtre Le Christ, drame superbe couronné par l’Académie française ; L’Enfant Jésus, mystère un cinq tableaux pour lequel Fr. Thomé a écrit une délicieuse musique de scène ; L’Empereur, puissante épopée qui résume l’histoire du premier Empire ; d’autres drames en vers comme Prométhée, Orphée, Caïn, Aryénis, Les Serfs du Jura, et des poèmes qui ont inspiré les maîtres de la musique comme La Vierge avec Massenet, Hulda avec Franck, Le Tasse avec Godard, Lazare avec Pugno.
« La Muse de Charles Grandmougin, écrit M. Jules Mazé, est une libre fille de la nature. Tantôt vêtue de la bure champêtre, chaussée de sabots, elle folâtre dans la rosée des matins bleus, fredonnant des chants villageois simples et naïfs ; tantôt, fièrement drapée dans le péplum antique et toujours séduisante, elle élève ses accents jusqu’au lyrisme le plus pur pour nous dire les souffrances d’Orphée ; puis, soudain, elle nous apparaît farouche, enveloppée dans le drapeau tricolore, célébrant sur les cordes d’airain de sa lyre les victoires du grand empereur, ou, dans une robe de deuil, chantant douloureusement les malheurs de la France meurtrie. Et toujours, dans toutes ses manifestations, ou la reconnaît aisément, car elle n’emprunte rien à personne : elle a fabriqué elle-même sa lyre, merveilleux instrument qui vibre sous ses doigts avec, tour à tour, d’éclatantes sonorités où semble rouler la rumeur des tempêtes, et de délicieux et doux murmures pareils aux soupira de la brise embaumée des beaux soirs d’été. »