Fernand Dauphin
(1876-...)
Notice biographique extraite de :
Gérard WALCH, Poètes nouveaux, Delagrave, 1924.
Fernand Dauphin, né à Nancy le 20 septembre 1876, fut élevé par ses grands-parents. Il fit ses études au lycée de sa ville natale et passa sa licence à Paris. Entré à vingt-cinq ans à l’administration de l’Assistance publique, il a consacré à la poésie les loisirs que lui laissait l’exercice de ses fonctions.
Le premier volume de Fernand Dauphin, Odes à voix basse, paru en 1997, est une œuvre d’émotion et de sincérité. La sensibilité du poète, toujours en éveil, est vivement affectée par tout ce qui l’entoure, son âme est « une eau changeante » qui sans cesse fait et défait son univers. Pour Fernand Dauphin, le poète est bien « celui qui jamais ne vit par habitude ». Tout le passionne, les choses lui paraissent neuves chaque jour. S’il a traversé les crises de douleur qui seules font les vrais poètes, il y a trouvé la sérénité qui est au fond de sa philosophie, et il n’en aime que mieux la vie, il veut « la vénérer chaque jour davantage, de plus en plus la mériter ». Nous trouvons, dans ce recueil, des pièces d’un beau symbolisme, telles que L’Auberge, des poèmes d’un large souffle lyrique comme Rembrandt.
Ce n’est qu’après un assez long intervalle que Fernand Dauphin s’est décidé à publier un second volume de vers, Les Allégresses, Les Jeux de l’Âme et du Monde, Les Élégies du Bonheur, L’Apprentissage de la Joie (1922). Ce livre émouvant pourrait porter en épigraphe ces deux vers de l’Ode à l’Automne :
Ah ! faut-il que se taise en l’homme sa jeunesse
Pour qu’il entende enfin son véritable cœur ?
L’âme du poète, jadis à la merci des choses, « chétive au point qu’on l’eût pu croire façonnée d’échos et de reflets », est maintenant en quête d’harmonie et non d’enivrement. La jeunesse égoïste ne vise qu’à elle-même et ainsi elle dépend de tout. Plus tard, l’homme « entrevoit la conquête de se donner de plus en plus profondément », et c’est ainsi qu’il fait l’apprentissage de la Joie, mais cet apprentissage est rude : « s’assoupir dans la tristesse était si doux », et bien grande est la séduction exercée par le charme mélancolique de l’automne, la grande tueuse d’énergie au regard ensorceleur, la folle en haillons d’or qui laisse flotter dans les jardins rouillés son voile de brume et sa traîne de feuilles mortes. Malgré la présence d’un être cher à son cœur, d’une âme aimante, d’une âme claire et toute d’azur, le poète hésite encore bien souvent entre la rêverie et la félicité...
Dans des poèmes tels que L’Après-Midi sur la Grève, L’Épervier, Le Navire, d’antres encore, Fernand Dauphin a chanté magnifiquement la joie de vivre, la virile Énergie, le triomphe de l’Esprit dompteur de la Matière. L’âme du poète communie avec la nature, elle boit avidement le souffle de la mer, l’air pur de la montagne, elle se laisse aller avec délices à la douceur des climats méridionaux, elle jouit de la beauté de l’Estérel, se hausse à l’hymne en majeur de la Méditerranée au flot nombreux comme les strophes des Antiques; pourtant, même en présence de la grande nappe azurée, ourlée d’écume blanche et de rochers roux, elle a la nostalgie d’humbles pays gris voilés de brume et de mystère, et l’azur tout d’un coup lui devient un exil...
Fernand Dauphin a collaboré à La Lorraine Artiste, à La Grange-Lorraine, à La Revue littéraire de Paris et de Champagne, etc.