Émile Moussat

(1885-...)

 

Notice biographique extraite de :

Gérard WALCH, Poètes nouveaux, Delagrave, 1924.

 

 

 

 

Émile-Charles Moussat, né le 26 juin 1885, à Alger, de père parisien et de mère algérienne, italienne d’origine, fut élevé de 1886 à 1894 à Paris, puis de 1894 à 1901 à Alger, au lycée. Son père, Georges Moussat, poète, chansonnier, conférencier et surtout journaliste, encouragea ses précoces aspirations littéraires en lui faisant faire, dès sa douzième année, des comptes rendus pour le journal dont il était rédacteur en chef, Le Télégramme Algérien. Élève de seconde, Émile Moussat fondait, avec quelques camarades, un journal : La Pensée Libre. Il y écrivait des vers et eut la chance de rencontrer, sur la route universitaire, des poètes tels que Martinon, dont la thèse de doctorat, Les Strophes, est un instrument technique fort utile, et qui traduisait en vers tous les auteurs de l’Antiquité, puis au Lycée Henri IV, à Paris, Henri Chantavoine, et à la Sorbonne, Frédéric Plessis. Au lycée, il s’était lié plus particulièrement avec ses camarades de classe, Léo Loups et Edmond Gojon. Il fonda avec eux, en 1903, à Alger, la revue L’Essor.

Bachelier en 1902, licencié en 1904, élève de l’École Normale l’année suivante, diplômé d’Études Supérieures en 1908, agrégé des lettres en 1909, Émile Moussat fut nommé professeur de première au lycée d’Alais, la même année puis, en 1913, au lycée de Bordeaux. Le discours qu’il y prononça, à l’occasion de la distribution des prix, le 13 juillet 1914 : De Montaigne à Montesquieu, était remarquable. Il avait comme un accent prophétique. C’est que l’auteur sentait déjà la guerre inévitable et il la sentait venir avec une intuition frémissante. Mobilisé dès le 4 août, comme sergent au 220e régiment d’infanterie, il fut grièvement blessé à Rouvres, en Woëvre, le 24 août, et relevé par les Allemands. Sa belle conduite au feu lui valut une citation à l’ordre du jour, mais il dut subir le triste sort des prisonniers de guerre. Après trois mois passés à l’hôpital de Montigny-les-Metz, il fut dirigé sur les camps d’Allemagne, où il traîna jusqu’à l’armistice. Ce qu’il put faire, pourtant, en Allemagne, au cours de sa captivité, lui valut, à son retour, une citation à l’ordre de l’armée, la croix de guerre avec palmes et la médaille militaire.

Aussitôt démobilisé et rentré dans l’enseignement, il fut désigné pour Paris et nommé professeur au Lycée Janson-de-Sailly, mais il alla d’abord à Metz en volontaire, et y arriva le premier professeur de français au lycée, où il occupe actuellement encore les chaires de première et première supérieure. Il a fondé, à Metz, les cours universitaires du lycée qui renouent pour le public messin une tradition interrompue durant un demi-siècle. Il y a occupé la chaire de poésie française.

Cédant aux instances de quelques amis de captivité, Émile Moussat a publié, en 1921, ses « sonnets d’un prisonnier de guerre », qui furent couronnés du prix Sully Prudhomme et qu’il a réunis sous ce titre : Sous le Ciel d’Allemagne. On ne saurait mieux définir ce volume, ni en faire, à la fois, un plus bel éloge, qu’en disant que l’auteur joint à l’âme d’un poète un coeur de soldat, un de ces vrais coeurs de soldat dont les grandes vertus sont le dévouement et un strict sentiment du devoir.

C’est ce qui fait, avec un accent de générosité naturelle qui ne saurait tromper et l’amour ardent de la patrie qui éclate à chaque page, le principal attrait de ce premier recueil de poèmes qu’il offre au public. Un métier probe et sûr, la sévère discipline à laquelle il a su soumettre son style et son vers, ont mieux fait ressortir encore les hautes qualités de cette poésie.

 

Émile Moussat a collaboré au Télégramme Algérien, à La Pensée Libre, à L’Essor, à La Revue Littéraire, aux Annales Africaines, à La Mouette, au Languedoc, aux Voix Lorraines, etc. Il a fondé les revues La Pensée Libre et L’Essor (Alger, 1903).

 

 

 

 

 

 

 

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