François Porché

(1877-1944)

 

Notice biographique extraite de :

Gérard WALCH, Poètes nouveaux, Delagrave, 1924.

 

 

 

 

François Porché (Pierre-Louis-François), né à Cognac (Charente) le 21 novembre 1877, fit ses études au collège de cette ville jusqu’à la classe de quatrième, puis, en qualité d’interne, au lycée d’Angoulême, d’où il sortit bachelier ès lettres. Venu à Paris à la fin de 1895 pour y faire son droit, il quitta en 1897 la capitale pour aller continuer ses études à Bordeaux, mais il revint bientôt à Paris. Après une interruption de cinq mois, pendant lesquels il fit un voyage en Allemagne, il reprit ses études, obtint le diplôme de deuxième année, puis, se sentant attiré vers les lettres, abandonna pour un temps le droit. Vers cette époque, il accomplit son service militaire à Angoulême. De retour à Paris, il prépara pendant quelque temps la licence ès lettres-philosophie, mais il se vit forcé de renoncer à ce projet. Finalement, après avoir essayé de divers métiers et s’être fait successivement employé de commerce, agent d’assurances, etc., il reprit ses études de droit et se fit recevoir licencié en 1905. Il fit son stage de 1905 à 1907, au barreau de Paris, et partit bientôt après pour Moscou. Il y resta quelques années, puis revint s’établir définitivement en France.

Comme le promettait son titre, le premier livre de François Porché : À chaque jour comme j’ai pu, comme il m’advint, est une confession sincère; l’auteur l’a conçu dans la franchise de son âme libérée de toute fausse honte. Il y raconte fidèlement, simplement et sans effort vers l’« éloquence », ses impressions de la vie, ses joies et ses douleurs, ses amours, ses amitiés, ses admirations, ses luttes et ses défaillances, et s’il n’essaye aucunement de farder la vérité, sa confession est également exempte de cynisme. Ce qui la rend particulièrement touchante, c’est la sincérité du regret que lui font éprouver les fautes commises. Et en cela il rappelle le poète de Sagesse, auquel il a dédié quelques-uns de ces poèmes.

Dans Au loin, peut-être..., qui est, en quelque sorte, une suite du précédent volume et qui débute par les Paroles de la trentième année, le poète dit la douleur de vivre, et sa méditation intime et attristée se prolonge et s’approfondit encore dans les deux volumes suivants : Humus et Poussière et Le Dessous du Masque, parus, l’un et l’autre, avant la guerre. Nous trouvons dans Humus et Poussière des vers émouvants qui chantent le retour en France, Paris, « le petit coin de terre » là-bas dans la Charente, la mort d’une grand’mère tendrement chérie, la naissance du premier enfant; l’auteur a rapporté de ses voyages d’intéressantes impressions de Finlande et de Norvège, « les pays des yeux graves ». Le Dessous du Masque contient des poèmes en prose et des chapitres en vers, parmi lesquels nous remarquons cette pièce qui prend aujourd’hui comme un caractère prophétique : La Rêverie derrière les Faisceaux, où se dresse tout à coup cette accusation :

Nos enfants nous diront : « Qu’avez-vous fait ? » Et nous,
Faudra-t-il que, vieillards tremblants sur nos genoux,
Pareils à des caissiers embrouillés dans leurs comptes,
Nous sentions à nos fronts la rougeur de la honte ?

Puis ce fut l’horrible catastrophe de 1914 et François Porché nous apparut – et ses amis n’en furent point surpris – comme un vrai poète-soldat digne de chanter la Grande Guerre, avec L’Arrêt sur la Marne (1916), Le Poème de la Tranchée (1916), où il trouva des accents nouveaux tout en restant bien lui-même, toujours soucieux d’être vrai.

Mais ce furent surtout deux pièces de théâtre qui révélèrent au grand public le nom de François Porché : Les Butors et la Finette, allégorie de la guerre, « allégorie versifiée selon le goût et suivant la prosodie du dix-septième siècle », représentée en novembre 1917 au Théâtre Antoine, oeuvre fringante, savoureuse et pétillante de jeunesse et de verve, qui a toute la fraîcheur d’un conte de fée, et La Jeune Fille aux Joues roses, représentée au théâtre Sarah-Bernhardt en mars 1919, comédie lyrique mêlée de prose et de vers, « la prose étant réservée aux parties de comédie, et le vers, libre, mais à coupe régulière, commençant de chanter aux instants où la pensée s’élève et où naît l’émotion ». Cette pièce, elle aussi, est allégorique. C’est un conte de fée encore et qui symbolise, cette fois, la lutte entre l’Amour qui délivre, qui crée, et qui est proprement la Vie, le divin, et le culte de la « Méthode » froide où se fige la pensée, de la « Forme » rigide, représenté par ses fidèles adeptes, « les faces grises », et qui n’est autre chose que la Mort.

Ces deux oeuvres, venues chacune à son heure, et supérieurement interprétées, ont obtenu un succès des plus mérités. L’âme française s’y est mirée un instant avec plaisir et s’y est reconnue.

Le Poème de la Délivrance, paru en 1919 dans La Revue des Deux Mondes, est une puissante glorification de la grande Victoire, dont le poète a pénétré le sens profond et hautement symbolique. – Dans Le Chevalier de Colomb, qui obtint en 1922 un grand succès à la Comédie-Française, il y a des scènes d’un beau lyrisme.

François Porché a collaboré au Mercure de France, à La Renaissance Latine, aux Lettres, à L’Ermitage, aux Cahiers de la Quinzaine, aux Essais, à La Revue des Charentes, à La Petite Gironde, à La Revue des Deux Mondes, au Figaro, etc.

 

 

 

 

 

 

 

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