JÉRÉMIE
PRÉDICATEUR DE LA JUSTICE
PAR LE COMTE
DE ZINZENDORF.
TRADUIT DE L’ALLEMAND PAR
H. KRUGER.
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LAUSANNE :
CHEZ GEORGES BRIDEL, LIBRAIRE.
GENÈVE :
CHEZ Mmes VEUVE BÉROUD ET SUSANNE GUERS.
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1850
Quelques mots au lecteur.
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Le petit livre que nous offrons au public a été traduit d’après la réimpression qu’on en fit à Berlin il y a vingt ans. Ce n’est point un commentaire, ce n’est point un traité systématique, ce n’est point un écrit d’une forme ordinaire ; c’est un libre épanchement de cœur adressé dans le style le plus simple mais par l’homme de l’esprit le plus distingué et de la spiritualité la plus profonde à tous ceux qui portent le titre de ministres de Christ. « Si j’eusse connu quelque moyen de leur exprimer ces choses en particulier, dit-il lui-même dans son avant-propos, je n’eusse point fait imprimer cet ouvrage. Le voici tel qu’il a coulé sous ma plume pendant que je lisais le prophète. »
La réimpression de Berlin était aussi destinée aux ministres. Mais il s’est fait depuis vingt ans de tels changements dans les esprits, les tendances cléricales surtout se sont tellement modifiées, que des enseignements comme ceux de ce livre tombent naturellement dans le domaine de l’édification commune. Que Dieu veuille faire parvenir ces méditations, ces conseils, ces avertissements, ces consolations à tous ceux à qui il les adresse lui-même !
On pourra trouver étranges et contradictoires les théories ecclésiastiques qui percent dans cet ouvrage. On pourra dire que le multitudinisme et la dissidence, le nationalisme et la profession individuelle y sont tour-à-tour recommandés en principe. Chacune de ces tendances si différentes y pourra trouver des points d’appui. C’est un défaut, il faut l’avouer, surtout au point de vue systématique. Toutefois ce manque d’unité est, à notre avis, plus apparent que réel. L’esprit dont le souffle se fait sentir dans toutes ces pages est un esprit de liberté : c’est ce qui les caractérise. Il n’est pas jusqu’au style qui ne montre que Zinzendorf était ennemi de tout formalisme. Il soutient dans leur entier les droits de Christ, les droits du Saint-Esprit ; il ne fait aux tendances et aux illusions du monde aucune concession, aucun sacrifice réel. Nous n’avons donc aucune inquiétude quant à l’effet que son livre pourra produire, vu surtout la différence des temps, sur ceux qui le jugeront non d’après quelques phrases isolées, mais d’après son esprit.
Au reste, l’œuvre de Zinzendorf fut absolument exempte de tout esprit de parti et de toute étroitesse théologique. Sous ce rapport ses méditations semblent particulièrement propres à exercer une influence salutaire. Elles se rattacheront admirablement au principe qui a produit de nos jours l’alliance évangélique. N’est-il pas nécessaire que nous soyons ramenés avec force à ce qui constitue l’unité essentielle et réelle du peuple de Dieu, du genre humain spirituel ? N’est-il pas nécessaire que les croyants comprennent et sentent toujours plus que malgré la séparation en individus, en familles ou en tribus spirituelles, si l’on me permet de m’exprimer ainsi, ce genre humain-là ne forme pas moins que l’autre un seul corps animé d’une même vie que St Paul désigne comme la chose essentielle en disant : en Jésus Christ ni la circoncision, ni le prépuce n’ont aucune efficace, mais la nouvelle créature (Gal. VI. 15) ? Et ne peut-on pas dire que c’est précisément ainsi qu’ils se dépouilleront finalement de l’esprit de secte et que dans un avenir peu éloigné il n’y aura plus qu’un seul troupeau sous un seul berger ?
Ajoutons que l’écrit de Zinzendorf ne favorise pas le moins du monde un mystique relâchement. Il est plein de nerf, de force, de sérieux. L’auteur n’oublie pas un seul instant que Dieu n’aura point égard à l’apparence des personnes. L’Éditeur allemand remarque avec raison que ces exhortations d’un style mâle et énergique ne donnent nullement lieu aux reproches quelquefois spécieux que d’autres écrits sortis de sa plume lui ont attirés ainsi qu’à son école. Mais c’est un de ces livres qui sont de tous les temps, de tous les pays et qui s’adressent à tous les hommes parce qu’ils parlent presque exclusivement le langage de la conscience et du cœur, et qui appartiennent à l’avenir au moins autant qu’au passé parce qu’ils renferment à chaque page de ces aspirations prophétiques qui accompagnent nécessairement l’œuvre du Saint-Esprit.
Quant à la forme, l’auteur s’est attaché à la brièveté, et le traducteur s’est efforcé d’obtenir encore plus de concision. Il s’est même permis de retrancher certains passages qui lui ont paru ne rien ajouter d’essentiel à la pensée ou se rapporter exclusivement à des circonstances qui n’ont plus d’intérêt. Une lecture attentive fera certainement remarquer le lien réel des cinq parties et même des paragraphes en apparence tout-à-fait détachés dont il se compose. Si, comme nous l’avons dit, il s’adresse à tous les chrétiens et même à tous les hommes, il faut pourtant ajouter qu’il ne s’adresse guère qu’à ceux qui méditent et qu’il offre, dans un petit nombre de pages, des sujets multipliés d’instruction, de rafraîchissement, de retour humiliant sur soi-même, de découvertes profondes dans le cœur humain, de progrès dans la connaissance du Sauveur, à ceux qui ne lisent point avec indifférence et qui préfèrent ce qui fait réfléchir à des développements qui ne demandent à l’esprit aucun travail.
Lausanne, le 20 avril 1850.
H. K.
Nota. On annonce comme devant paraître bientôt une biographie de Zinzendorf d’après l’allemand de Spangenberg. Ce serait pour les pays de langue française une acquisition bien précieuse.
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JÉRÉMIE.
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PREMIÈRE PARTIE.
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VOCATION D’UN TÉMOIN DE LA PAROLE.
Chapitre I. v. 5. Avant que je te formasse dans le sein de ta mère, je t’ai connu ; avant que tu fusses sorti de son sein, je t’ai sanctifié, je t’ai établi prophète pour les nations.
Cette vocation spéciale, expressément énoncée pour Jérémie comme pour Jean-Baptiste et pour Paul, n’est pas moins nécessaire pour le ministère ordinaire de la Parole, car Jaques nous dit : Ne soyez point plusieurs maîtres (Jacq. III. 1.) ; et les difficultés du ministère sont doublées par l’état actuel de la chrétienté : Ils ont le bruit de vivre, mais ils sont morts (Ap. III. 1.) ; il faut donc que celui qui veut garder ses vêtements soit appelé par Celui même qui a dans sa main les sept étoiles. Celui qui donna à Betsaléel et à Aholiab la sagesse nécessaire pour construire le tabernacle, sait encore aujourd’hui mettre à part des serviteurs qu’il rend capables d’être fidèles et de pénétrer avec sa Parole partout où s’ouvrent encore des portes. Tous ceux-là sont ses prophètes, ses témoins parmi les hommes, et ce n’est point en vain qu’ils rendent témoignage.
– v. 6. Ah ! Seigneur Éternel, je ne sais pas parler.
Cette parole caractérise les vrais témoins. Ils ne voient d’avance aucune issue. Ils en espéreraient pour d’autres plutôt que pour eux-mêmes. Tels et tels, pensent-ils, sauraient trouver des moyens qui leur sont inconnus. Ils reconnaissent qu’ils ne savent pas parler. Envoie qui tu dois envoyer, disait Moïse. C’est le monde renversé que de savoir, tant qu’il n’est pas question de nous, compter sur nos doigts toutes les plaies de l’église et démontrer qu’elles sont incurables, puis, dès qu’il s’agit d’être nous-mêmes prophètes, de n’avoir plus que de la confiance et de l’audace.
– v. 7. Ne dis point : je ne suis qu’un enfant, car tu iras partout où je t’enverrai.
L’excuse était plausible, mais elle n’est point reçue. Que personne ne méprise ta jeunesse (I Tim. IV. 12). On est plus entendu que les anciens quand on a pour soi les commandements de son Seigneur (Ps. 119, 100). Salomon était jeune, mais il demanda la sagesse et l’obtint (1 Rois III). L’homme regarde à ce qui paraît à ses yeux, mais l’Éternel regarde au cœur (I Sam. XVI. 7). Le cœur, voilà notre affaire, il prendra soin du reste. Un serviteur de Christ n’a pas grand choix à faire. Il se peut qu’il soupire secrètement après un troupeau choisi, après le repos, après le désert ; – mais Dieu lui dit : tu iras partout où je t’enverrai.
– Et tu diras tout ce que je te commanderai.
Lorsqu’une fois nous sommes entrés en charge, alors sa Parole est une lampe à nos pieds et une lumière pour notre sentier (Ps. 119, 105). Il ne s’agit alors que d’annoncer ses paroles à son peuple (Jérém. XXIII. 22). Si quelqu’un enseigne autrement et n’acquiesce point aux salutaires instructions de notre Seigneur Jésus-Christ, il est enflé, il ne sait rien (1 Tim. VI. 3. 4) ; et lors même qu’un ange du ciel enseignerait un autre Évangile, qu’il soit anathème (Gal. 1. 8).
– v. 8. Ne les crains point, car je suis avec toi pour te délivrer, dit l’Éternel.
La crainte est ici bien naturelle ; car le monde ne se dispose nullement à accueillir l’Évangile tel quel. Et ce n’est point seulement à la cour ou chez les grands et les riches qu’on dit aux prophètes : Voyant, va-t’en, et ne continue plus à prophétiser ici, car c’est le sanctuaire du roi et la maison du roi (Amos VII. 12. 13). Les hommes du commun ne souffrent pas davantage la vérité, et le témoin de la Parole est fort heureux s’ils ne lui répondent crûment comme à Jérémie : Pour ce qui est de la Parole que tu nous as dite au nom de l’Éternel, nous ne t’écouterons point (XLIV. 16). Mais comme le Seigneur nous accompagne dans toutes les circonstances qu’il a lui-même préparées ; puisqu’il dit de lui-même : Mon Père, ne me laisse point seul (Jean VIII. 29), et qu’il promet à ses témoins d’être avec eux jusqu’à la fin du monde, nous pouvons surmonter cette crainte et affronter cette résistance. Tout au moins aurons-nous délivré notre âme (Ézéch. XXXIII. 9).
– v. 9. Et l’Éternel étendit sa main et toucha ma bouche ; puis l’Éternel me dit : Voici, j’ai mis mes paroles dans ta bouche.
Cette sainte ordination suppose qu’on ne hait plus la correction et qu’on ne jette plus la Parole de Dieu derrière soi, autrement Dieu dirait plutôt : Pourquoi prends-tu mon alliance dans ta bouche (Ps. L. 16. 17). Elle suppose qu’un charbon a touché nos lèvres et que notre iniquité a été ôtée ; alors les Paroles de Dieu nous sont adressées pour les répéter à tout le peuple (Ésaïe VI. 7. 8. 9).
– v. 10. Regarde, je t’ai établi aujourd’hui sur les nations et sur les royaumes, afin que tu arraches et que tu démolisses ; que tu ruines et que tu détruises ; que tu bâtisses et que tu plantes.
Cette promesse s’applique aux moindres serviteurs de l’Évangile. Qu’ils soient seulement fidèles ! Eux aussi seront appelés à démolir et à construire.
– v. 17. Toi, donc, ceins tes reins. – Les reins de l’esprit (I Pierre I. 1).
On doit rassembler toutes ses forces. D’abord la méditation, le recueillement, puis la chaussure et la préparation de l’Évangile de paix (Éph. VI). Puis un début sérieux et énergique et qu’on puisse voir, dès le premier jour de l’œuvre d’un prédicateur, que tout son désir est de travailler comme il faut et qu’il s’y est préparé.
– Ibid. Ne crains point, comme si je devais t’effrayer en leur présence 1.
Le Seigneur ne promet pas précisément de l’effet, du succès. Car il y a là-dedans un mystère. Le succès varie sans qu’on sache toujours pourquoi et sans que cela dépende toujours de la fidélité du témoin. Mais il promet de ne point le rendre confus et de ne point lui donner de sujet de trouble ni de crainte.
– v. 18. Car voici, je t’ai aujourd’hui établi comme une ville fortifiée, comme une colonne de fer et comme des murailles d’airain contre tout ce pays.
Contre tout le pays, ainsi contre les hommes du commun, les ouvriers, les paysans, aussi bien que contre les classes élevées. Entre autres applications de cette promesse, il y a ce qui se rapporte à la sûreté personnelle du témoin de la Parole. Un cheveu même ne tombera pas de sa tête sans la volonté du Père (Luc XXI. 18). Nul ne pourra le ravir de la main de Jésus. Jamais il n’aura lieu de regretter de s’être engagé trop avant.
– v. 19. Ils combattront contre toi, mais ils ne seront pas plus forts que toi.
Ils attaqueront....., cela ne peut être autrement. Plusieurs voudraient au moins ne pas se brouiller avec les puissants et font tout ce qu’ils peuvent pour n’être point poursuivis. Mais il n’y a à cet égard aucune promesse. Seulement il est dit : Ils ne seront pas plus forts que toi.
Et quand la terre de démons
Serait toute remplie, – (Dieu est pour nous),
Nous ne craindrons pas leur furie.
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Chap. II. v. 2. Va et crie aux oreilles de Jérusalem...
C’est pour cela proprement que les Jérémie sont préparés, comme l’étincelle est faite pour voler. C’est pour cela qu’ils se privent volontiers de maint plaisir, de mainte commodité, qu’ils sacrifient leur liberté, leur bien-être. C’est une chose précieuse que de prêcher publiquement, que de rendre témoignage sur les toits. Car c’est ainsi que les multitudes entendent les paroles du Seigneur et les trouvent agréables (Ps. CXLVI. 6) ; et tout dépend alors de la manière dont chacun entend (Marc IV. 23. 24). Il y a une infinie douceur à prêcher ainsi, et celui qui pourrait voir en esprit comme ces paroles qui sortent d’un cœur brûlant poursuivent les âmes jusqu’à ce qu’elles les prennent ou les embrasent, verrait un spectacle inexprimable. Certainement, il y a là un mystère ! Crie à plein gosier, ne t’épargne point, élève ta voix comme un cornet, déclare à mon peuple leur forfait et à la maison de Jacob leurs péchés (Ésaïe LVIII. 1).
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Chap. III. v. 15. Je vous donnerai des pasteurs SELON MON CŒUR.
Depuis que ses péchés lui ont été pardonnés, le prédicateur est entré dans une vie nouvelle ; les voies du Seigneur lui plaisent ; son cœur s’accorde avec le cœur de son Rédempteur ; comme les patriarches, il ne demande plus jamais pourquoi ? Il lui suffit de savoir quoi et comment. L’ordre arrive le soir, et dès le matin avant le jour il s’exécute. Et quel est l’objet de tant d’empressement ? L’abandon de la patrie (Genèse XII), – le sacrifice d’un fils bien-aimé (Genèse XXII). Tel est le caractère dont Jésus-Christ devait offrir la perfection. Ta loi est au dedans de mes entrailles (Ps. XL. 8), – obéissant jusqu’à la mort (Phil. II. 8). C’est ainsi que le maître et le serviteur n’ont plus qu’un même esprit, un même intérêt. Que Dieu témoigne de la miséricorde à son maître ou à lui-même, c’est tout un pour Éliéser. Rebecca est pour le fils de son maître, mais il prend l’affaire à cœur comme si c’était la sienne propre. Son propre fils n’en perdra que plus sûrement l’héritage (Genèse XV. 3) ; n’importe, le voilà qui se réjouit de la voix de l’époux, car il est son ami (Jean III. 19). Il fait bon prêcher avec un cœur ainsi disposé !
– Qui vous paîtront avec science.
Nous supplions au nom de Christ, en disant : Soyez réconciliés avec Dieu ! (II Cor. V). Voilà la science dont il s’agit. Il n’y a pas là de quoi charger la mémoire, ni fatiguer la tête. Recevoir dans son cœur le sens de ces paroles, vouloir être sauvé et désirer incessamment, « sentir de la mort du Sauveur la puissante efficace », voilà ce qui constitue un disciple dans le vieux sens apostolique. – Mais il faut paître encore avec intelligence. Qu’est-ce à dire, si ce n’est de ne pas faire avec les morts l’œuvre d’un magicien, les faisant lever, marcher, parler comme s’ils étaient vivants ; – mais de leur répéter, quel que puisse être le développement de leur entendement naturel : « Vous êtes morts dans vos péchés, vous n’avez point l’Esprit, il faut que vous naissiez de nouveau ! » Puis s’il en est qui se réveillent à la voix de Christ, leur aider à naître, à voir la lumière, à croître, à marcher ? Telle est, dans l’état actuel des choses, l’œuvre ordinaire des prédicateurs. Mais s’il arrivait qu’une âme eût conservé dans quelque mesure la grâce de son baptême 2, et que l’homme de Dieu remarquât en elle quelque souffle de vie, – alors il s’agirait de rallumer en elle le don (II Tim. I. 6), et d’affermir le reste qui s’en va mourir (Apoc. III. 2). En un mot, il faut que le prédicateur sache ce qui convient à chaque âme en particulier. En cela consiste son intelligence et sa sagesse. Que d’autres explorent les mers, conduisent des armées, gouvernent les peuples, développent le commerce ou l’agriculture, sa science à lui c’est d’amener des âmes à Christ, et, s’il s’y entend comme il faut, il est assez habile aux yeux de la suprême sagesse.
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Chap. IV. v. 10. C’est pourquoi j’ai dit : Hélas ! Seigneur Éternel ! tu as véritablement abusé ce peuple et Jérusalem en disant : Vous aurez la paix, et l’épée est venue jusqu’à l’âme !
Noble douleur d’un serviteur de Christ, qui ne peut voir avec indifférence fondre le mal sur ses auditeurs rebelles ! Ce fut un travers des premiers siècles qui donna lieu aux moqueries de Lucien, que de se réjouir en quelque sorte de la ruine du monde et de se faire des pestes et des guerres une sorte de consolation dans les repas de charité. Je me souviens encore de l’effet produit, au temps de mon enfance, par les poésies menaçantes de Dauten et par d’autres semblables, qui réveillaient cet esprit chez plus d’un ami du Seigneur. Mais celui qui a l’Esprit de son maître, l’Esprit d’un Moïse, d’un Daniel, d’un Jérémie, s’afflige des malheurs de ses concitoyens et y remédierait volontiers. C’est malgré lui qu’il parle durement à des malades, à des malheureux ; il préférerait les tirer d’abord de leur détresse et leur prêcher ensuite pour que leur conversion fût plus véritable et plus solide. Oh ! que les serviteurs de Jésus prennent garde de se présenter à leurs auditeurs comme des gendarmes et non comme des amis ! Il ne manque pas de geôliers, ni de précepteurs ; mais des pères, des mères ? Voilà ce qui manque à la chrétienté. Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés (Luc IX. 55). Soyons donc animés envers les plus grossiers pécheurs de l’esprit de l’Évangile.
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Chap. V. v. 4. J’ai dit :.... les petits.... ne connaissent point la voix de l’Éternel, ni le droit de leur Dieu.
Oui certes, l’homme du commun est dans une position inférieure et pitoyable...., mais la scène change lorsqu’il a à faire à de fidèles témoins. Il était vrai, du temps des Pharisiens, que le commun peuple n’entendait point la loi ; car ils s’étaient réservé la clef de la science, et ils ne pouvaient comprendre comment les apôtres et Jésus lui-même avaient pu y pénétrer sans eux. Mais voici la grande idée du Nouveau Testament : c’est que Dieu a choisi les choses faibles, viles et méprisables et même celles qui ne sont point pour anéantir celles qui sont (I Cor. 1). Le Sauveur le confesse hautement, il descend du ciel avec ce décret invariable du Père : Oui Père ; il en est ainsi parce que tu l’as trouvé bon ! L’Évangile est annoncé aux enfants et aux pauvres (Matth. XI).
– v. 5. Je m’en irai donc aux plus grands et je leur parlerai : car ceux-là connaissent l’Éternel et le droit de leur Dieu.
Ah ! nous voilà bien adressés !... oui, s’il s’agit de trouver une certaine culture, deux fois plus de culture qu’il n’en faut, et cette connaissance qui enfle jusqu’à faire éclater le cœur comme un vase neuf. Mais la simplicité, mais l’amour d’une instruction véritable ! On sait si c’est là qu’il habite ! Non-seulement, comme dit Jérémie, ils ont brisé le joug et rompu les liens ; mais ils n’ont point compris la doctrine, ils ont les idées les plus fausses de Jésus et de la conversion. Au reste, il faut les en excuser, en quelque sorte : La manière polie et accommodante dont on leur présente, dès l’enfance, la vérité divine, pour obtenir à toute force qu’ils y donnent leur assentiment, rend inutile la croix de Christ. Ils ont l’Évangile sans Jésus. Les plus sincères d’entre eux ne craignent pas de penser et de dire que la chose essentielle, c’est la morale. Et ils s’imaginent avoir fait une précieuse découverte en nous ramenant tout juste au point où en étaient les Platon, les Épictète et les Antonin. S’ils entendent dire qu’avec la plus exacte observation de la morale on peut encore n’être pas chrétien, ils s’écrient tout étonnés : que faut-il donc de plus ! – Un prédicateur ne saurait donc avoir d’auditeurs plus ignorants et moins accessibles que ceux qui ne sont point du commun peuple 3. Les décidera-t-on à épeler de nouveau l’Évangile ? Les ramènera-t-on jusqu’à la croix ! Leur fera-t-on comprendre qu’on ne peut être sauvé que par la grâce du Seigneur Jésus, que la sainteté est le produit de la grâce, que la victoire sur le péché est le privilège exclusif des pécheurs réconciliés, que la volonté du Père manifestée par le Nouveau Testament, c’est que nous croyions en son Fils (Jean VI), et que tout l’échafaudage séculaire de la morale est renversé par cette seule parole : Va-t’en en paix, mon Fils, tes péchés te sont pardonnés ? Si l’on y parvient, ce ne sera qu’après avoir triplement senti leur ignorance.
– v. 13. Les prophètes sont légers comme le vent 4.
Que les pasteurs prennent garde de ne point s’attirer par leur faute une insulte semblable.
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Chap. VI. v. 10. 11. À qui parlerai-je et qui sommerai-je, afin qu’ils écoutent ? Voici, la Parole de l’Éternel leur est en opprobre, ils n’y prennent point de plaisir. C’est pourquoi je suis rempli de la colère de l’Éternel et je suis las de la retenir.
Il arrive souvent qu’un témoin de la vérité s’impatiente trop vite. Qu’il se souvienne que si sa parole est celle de Dieu, elle ne retournera point sans effet. Mais qu’il fasse aussi respecter les saints oracles dont il est l’organe. Les prophètes et les vrais serviteurs de Dieu se sont fait craindre. Que le Seigneur enseigne à ses témoins la juste mesure qu’ils doivent tenir et qu’il leur arrive à tous comme à Jean-Baptiste, qu’Hérode lui-même craignait et écoutait volontiers.
– v. 27. Je t’ai établi pour fondeur 5sur mon peuple, qui est si dur.
Gutta cavat lapidem non vi sed saepe cadendo. (L’eau creuse, non par violence, mais par sa persévérance, la dure pierre.)
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– Afin que tu connaisses et que tu sondes leur voie.
Il est nécessaire que le pasteur connaisse à fond ceux à qui il a à faire. Il ne faut pas qu’ils soient au-dessus de lui en pénétration, mais qu’il soit au-dessus d’eux. Et ne vous dites point, pour vous décourager, que les enfants du monde sont plus prudents dans leur génération que les enfants de lumière. Ils ne le sont que dans leur génération, dans leur domaine, quand les prédicateurs se mêlent de philosopher à perte de vue, ou de décider dans les questions de littérature, de guerre ou de commerce, lorsqu’ils s’adonnent aux études à la mode, etc., mais dans les limites de la folie de Dieu qui est la sagesse entre les parfaits, ils sont plus sages et plus forts que les hommes. Qu’ils gardent seulement les ornières de Dieu qu’il a suivies de tout temps vers ses élus ; qu’ils se servent de la clef mystérieuse par laquelle il ouvre les cœurs et qu’il prête à ses messagers ; ils réduiront souvent au silence les hommes les plus habiles.
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Chap. VII. v. 16..... Ne fais point requête pour ce peuple et n’intercède point pour eux auprès de moi ; car je ne t’exaucerai point.
Dieu défendit à Samuel de mener deuil sur Saül. En général, cependant, il est permis aux témoins de Jésus qui ne font avec ceux qui leur sont confiés qu’un corps et qu’une âme (ne devrait-il pas en être toujours ainsi ?) de réclamer contre les défenses. Nous avons l’exemple de Moïse après le péché du veau d’or. Il s’agit donc de savoir quelles sont les dispositions des témoins eux-mêmes. Chacun d’eux doit se demander sérieusement s’il n’a point prêché, peut-être, à la façon de Jonas, désirant lui-même l’accomplissement de ses menaces, et n’ayant aucune pitié pour les gens de son pays, de sa ville, de son village, où tant de créatures, peut-être, ne savent point encore distinguer leur main droite de leur main gauche. Mais il n’est point permis de regimber contre les jugements. Un pieux théologien disait en mourant, en parlant de son pays : Dieu veuille adoucir les jugements, car ils sont inévitables !
– v. 27.... Tu leur prononceras toutes ces paroles, mais ils ne t’écouteront point ; tu crieras après eux, mais ils ne te répondront point.
C’est une bien terrible épreuve pour les témoins que cette indifférence qui ne se donne pas même la peine de leur opposer des obstacles. C’est le plus grand triomphe de Satan. Cette patience flegmatique des auditeurs est un mal incurable. Tant qu’on se moque, ou qu’on persécute, ou qu’on injurie, il y a quelqu’espoir, mais les armes tombent des mains des soldats de Christ quand personne ne bouge, et c’est pour le ministère l’époque la plus misérable. Il faut pourtant la supporter aussi. Au reste, cet état n’est point général ou bien le témoin est bientôt délivré. Car le Seigneur rejette de telles gens de sa bouche ; et comme de telles époques sont le prélude ordinaire de terribles jugements et surtout de ceux qui ôtent les chandeliers de leur place (lorsque ces signes commenceront à paraître, prenez-y garde), la position des témoins ne tarde pas à changer et Dieu les fait devenir ailleurs une grande nation (Exode XXXII. 10).
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Chap. VIII. v. 21. Je suis froissé par la froissure de la fille de mon peuple, j’en suis en deuil, la désolation m’en a saisi.
Samuel ne vit plus Saül jusqu’au jour de sa mort, mais il pleurait Saül, parce que le Seigneur s’était repenti de l’avoir établi pour roi (I Sam. XV. 35). C’est ainsi que même absent de corps un pasteur peut éprouver une douleur inexprimable en pensant à ceux pour le salut desquels il ne peut plus rien. Absalom, Absalom, mon fils, s’écrierait-il volontiers, plût à Dieu que je fusse mort moi-même pour toi ! On ne peut comprendre cet amour sans l’avoir éprouvé.
– v. 22. N’y a-t-il point de baume en Galaad... pourquoi donc la plaie de la fille de mon peuple n’est-elle point consolidée ?
Les prophètes d’Israël s’attachaient à Israël. Ceux de Juda à Juda, la fille de leur peuple. Le Seigneur Jésus a dit, malgré la corruption du Judaïsme : le salut vient des Juifs (Jean IV. 22). Qu’il est donc légitime qu’un témoin de Jésus 6 considère comme son peuple la société religieuse dans laquelle il a été placé. Un pasteur dont le cœur est séparatiste ne rendra guère un joyeux témoignage pour la réédification de ce qu’il aimerait mieux voir détruit. Pour faire du bien à son Église, il ne faut pas la considérer comme une Babel, mais comme une Sion désolée. C’est alors qu’on demandera avec ardeur, pour elle, des paroles d’onction. Paul était dans ces dispositions à l’égard d’Israël, quoiqu’il appartînt à la nouvelle économie. Combien plus ne le devrait pas celui que le Seigneur a envoyé ici ou là pour réparer les brèches ! Toutefois nous n’entendons point faire des ministres des hypocrites. Si les auditeurs s’appuient sur le mensonge en disant : c’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, ils doivent les désabuser. Mais puisqu’il y a maintenant tant de temples depuis qu’il ne faut plus adorer ni sur cette montagne ni à Jérusalem (Jean IV. 21), n’ayons point de repos jusqu’à ce que nous ayons formé parmi nos auditeurs une assemblée de Jésus assez nombreuse pour remplir un temple, ou une maison, ou ne serait-ce qu’une petite chambre. Nous aurons avec nous notre Souverain Sacrificateur, qui ne dédaigne point de se trouver même avec deux ou trois personnes assemblées en son nom.
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Chap. IX. v. 2. Plût à Dieu que j’eusse au désert une cabane de voyageur, j’abandonnerais mon peuple et je me retirerais d’avec eux.
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C’est une noble qualité pour un témoin que de ne soupirer ni après une meilleure place, ni après de plus gros revenus, mais seulement après une cabane dans le désert !............... Le désert ne devait pas séparer Jérémie de son peuple ; il aurait voulu y pleurer leur malheur.
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Chap. X. v. 19. Et moi j’ai dit : Quoi qu’il en soit, c’est là ma douleur qu’il faut que je souffre (Hébr. trad. allem. et Martin).
Précieuse résolution. Qui voudrait quitter son peuple avant d’en être séparé par le Seigneur ! Lorsqu’il laisse quelque part ses témoins, n’est-ce pas comme s’il disait : Ne gâte pas....... il y a encore de la bénédiction (Ésaïe LXV. 8) ? – Disons plutôt dans le même sens qu’Abraham et jusqu’à sept fois : Seigneur, ne t’irrite point si j’intercède une fois encore. – Laisse-le encore cette année jusqu’à ce que j’y aie mis du fumier..... tu le couperas ci-après (Luc XIII. 8. 9). – Mais je supplie les pasteurs de ne point s’abuser eux-mêmes en répétant après Jérémie : C’est ma douleur qu’il faut que je souffre, pendant qu’ils ne cherchent peut-être qu’à conserver leur gagne-pain et à couvrir d’une belle apparence leur paresse et leur insouciance. Mais on peut appeler de ce nom des fardeaux insupportables, l’oppression, l’humiliation dont on voudrait mille fois être délivré, lorsque, après avoir, par tous les moyens légitimes, inutilement cherché à se retirer, on s’écrie : Quoi qu’il en soit, c’est là ma douleur qu’il faut que je souffre.
– v. 20. Ma tente est gâtée ; tous mes cordages sont rompus ; mes enfants sont sortis d’auprès de moi et ne sont plus ; il n’y a personne qui dresse ma tente et qui élève mes pavillons.
C’est une grande douleur (j’ai souvent entendu de fidèles serviteurs de Christ l’exprimer), lorsqu’après bien des travaux et quelques conversions péniblement obtenues, le prédicateur est à peine mort ou éloigné du pays qu’il n’en reste plus rien, ou bien il survit lui-même à sa propre œuvre, à moins peut-être qu’il n’ait écrit des livres, ce qui rend son influence plus étendue et plus durable. Cela provient en grande partie de ce qu’on ne comprend point assez l’importance de la communion des frères, ou bien de l’opposition qui éclate partout dès que cette importance est signalée : le diable, comprenant aussitôt tout le dommage qui doit lui en revenir, soutenu d’ailleurs par l’indifférence des uns, par la lâcheté ou par l’amour-propre des autres (que chacun examine son cœur !), combat cette simple réforme avec une telle violence et une persévérance si inouïe, qu’on a vu pour cet objet, peu important en apparence, plus de suspensions, plus de destitutions, plus de condamnations et de calomnies qu’on n’en avait vu pendant des siècles pour toute autre cause. C’est donc encore pour les témoins de l’Évangile un vrai tourment. Car ils ne savent comment unir étroitement entre elles les âmes réveillées, ou comment les maintenir dans cette relation, ou comment se maintenir eux-mêmes contre la fureur générale que cet objet inspire aux esprits aveuglés par Satan. J’avoue que c’est difficile, mais un ardent amour pour les âmes pousse à la pratique et la pratique conduit aux solutions désirées. Il n’y a qu’à aller en avant avec la bannière de la croix. Tous les pasteurs sincères en sentent le devoir. Dieu veuille faire qu’ils ne s’y sentent pas moins disposés. Mais ici le Sauveur a quelque chose à reprocher à ses serviteurs. Sa jalousie est si grande, qu’il ne peut souffrir leur tendance à considérer le troupeau comme leur troupeau, l’œuvre comme leur œuvre, les âmes comme leur appartenant en quelque sorte. C’est pourquoi par un juste jugement il ne permet souvent pas que leur joie soit de longue durée, et même il leur montre quelquefois le mal plutôt que le bien et moins de bien qu’il n’y en a réellement. Car il ne donnera point sa gloire à un autre, et il rappelle à ses messagers qu’ils ne sont point eux-mêmes le Christ, mais qu’ils sont envoyés pour lui préparer les voies.
– v. 23. Éternel, je connais que la joie de l’homme ne dépend pas de lui.
Tant que le serviteur de Dieu est un avec son maître, tout va bien ; mais dès qu’il met du sien, serait-ce même ce qu’il a de meilleur, dès qu’il mêle à la bénédiction quelque chose de sa gloire propre, elle a coutume de s’arrêter, souvent même brusquement, et le Seigneur lui montre que telle entreprise, que telle voie n’était pas la sienne. S’il est sage, il s’arrêtera aussi et rebroussera chemin, il fera le compte de ses voies, nouera le fil à l’endroit où il s’est rompu, et implorera une nouvelle grâce. Il n’y a rien comme de remonter aux vraies causes des mécomptes et des insuccès. Une fois le mal reconnu et pardonné, on n’en reprend que plus rapidement sa marche. Chers frères, considérons donc que nous ne sommes que des serviteurs rachetés par prix, et que le fruit de notre travail appartient tout entier à Celui à qui nous appartenons nous-mêmes.
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Chap. XI.v. 18. L’Éternel me l’a donné à connaître et je l’ai connu ;.... tu m’as fait voir leurs entreprises.
C’est une chose fâcheuse que des ministres sincères se laissent quelquefois bercer de vains compliments, et tiennent pour leurs meilleurs amis ceux qui en réalité ne font que se moquer d’eux. C’est un spectacle digne de pitié. Encore si leur grande charité était la cause ordinaire de leur erreur ! Mais c’est plus souvent l’amour-propre qui les rend dupes d’une hypocrisie grossière. Ceux qui sont bien affermis et qui ne se dirigent point d’après les démonstrations favorables ou défavorables des hommes, mais uniquement d’après les intérêts du Seigneur, et qui savent repousser même un frère qui leur serait en piège, marcheront sûrement sans se demander toujours comment on les estime. Et là où leur propre esprit serait en défaut, Celui qui les conduit secrètement y supplée, toutes les fois qu’il le juge nécessaire, par de spéciales indications ; il le fait même souvent avec plus de soin et d’exactitude que ne le voudrait son serviteur lui-même, car ce Seigneur Tout-Puissant et Saint tient par-dessus tout à ce que les paroles, les relations et l’emploi du temps de ses témoins aient toujours un but excellent et puissent l’atteindre. Il les rend prudents comme des serpents. Aussi leur prière constante doit-elle être que cette qualité ne serve qu’à leur propre préservation, mais que les hommes éprouvent plutôt les effets de cet autre trait de leur caractère qui les rend semblables aux colombes.
– v. 20. Mais toi, Éternel des armées, qui juges justement, tu me feras voir la vengeance que tu feras d’eux.
Voulez-vous voir un exemple de vengeance sous le Nouveau Testament ! Regardez ce malfaiteur qui venait de blasphémer et qui demande à Jésus de se souvenir de lui quand il viendra dans son règne. Le Seigneur est si impatient d’exercer sa vengeance qu’il ne peut attendre : Aujourd’hui même, lui dit-il,tu seras avec moi en paradis. Que les Jérémie de l’Évangile règlent leurs pensées d’après ce modèle !
– Ibid. car je t’ai découvert ma cause.
Les domestiques et les messagers, qui vengent eux-mêmes leurs injures, doivent avoir de mauvais maîtres. Faisons-nous bien de renoncer à la grande commodité dont peuvent jouir tous les enfants de Dieu, et surtout ceux qui ont besoin plus que les autres d’obéir à cette parole : Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend soin de vous ? (I Pierre v. 7).
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Chap. XII. v. 1. Éternel, quand je contesterai avec toi, tu seras trouvé juste..... toutefois j’entrerai en contestation avec toi.
.... Où donc trouver plus de bonté qu’en notre miséricordieux Seigneur ! Nous savons d’avance que nous avons tort ; nous ne doutons pas un instant qu’il n’ait tout fait pour le bien, et pourtant nous sommes oppressés, nous voudrions soulager notre cœur. À qui nous ouvrirons-nous ? – À notre Seigneur lui-même, avec tous nos doutes, notre mauvaise humeur, nos inquiétudes. Répandez votre cœur en sa présence (Ps. LXII. 9). – Puisqu’il veut bien le souffrir, qui pourrait comme Lui nous tirer de peine ? Que seulement nous persévérions chaque fois jusqu’au bout ou recommencions jusqu’à ce qu’il ne nous reste plus rien sur le cœur ; sans quoi la consolation n’est jamais complète. Je ne puis assez hautement proclamer le privilège de dire tout, absolument tout à notre Seigneur. Je me mets très-bien à la place d’Abraham, lui offrant pour Sodome sa persévérante requête ; je me représente très-bien Isaac priant près du puits du vivant qui me voit ; Moïse criant à Dieu sans prononcer de paroles (Ex. XIV. 5) ; Ézéchias réclamant avec larmes contre la mort (2 Rois XX. 3) ; Nathanaël sous le figuier ; notre Seigneur s’entretenant avec son Père ; et Jean dans l’île de Patmos au moment de recevoir la révélation de Celui qui sur la terre lui permettait de se pencher vers son sein. – Oh ! nous avons un précieux Seigneur.
– v. 3. Mais, ô Éternel, tu m’as connu, tu m’as vu, et tu as sondé quel est mon cœur envers toi.
Il est évident qu’un vrai ministre (je ne parle pas de ceux qui ont le malheur d’en porter le titre sans connaître Celui qu’ils prêchent) doit tenir son cœur tout ouvert devant Dieu. Ce serait pour lui un malheur incalculable que de conserver le moindre déguisement. Et pourtant s’il est un point où la pratique contredit le plus simple bon sens, c’est celui-ci. Car on voit même Ses messagers, indirectement, il est vrai, et dans les discours et les écrits qu’ils adressent aux hommes, soit à l’entrée de leurs fonctions, soit dans la suite, chercher à présenter sous un certain jour leur but, leurs mobiles dans tel ou tel acte, dans la recherche de telle ou telle place, dans leur mariage, dans leur sévérité ou dans leur indulgence, dans leur retraite de telle ou telle société, dans le changement de leurs vues, etc., etc., pendant que le Scrutateur des cœurs voit en eux de tout autres pensées. Le Seigneur ne leur dit-il point : As-tu cru que J’étais véritablement comme toi ? (Ps. L. 21.) Ah ! nettoyez-vous, vous qui portez les vases de l’Éternel ! (Ésaïe LII. 11.) Car aucun de ceux qui sont incirconcis de cœur n’entrera dans son sanctuaire (Ézéch. XLIV. 9).
– v. 5. Si tu as couru avec les gens de pied et qu’ils t’aient lassé, comment te mêleras-tu parmi les chevaux ?
J’ai ouï dire qu’un prédicateur habile devant concourir pour une des premières places prit ce texte pour son discours d’épreuve. L’application est facile : qu’aucun serviteur de Dieu ne souhaite des auditeurs plus illustres, plus riches, plus cultivés, plus polis. Que chacun s’examine à fond avant de rechercher un changement et ne se fie point à son intelligence.
– Et si tu n’es pas en assurance dans une terre de paix, que feras-tu quand le Jourdain sera enflé ?
Lorsqu’un ministre quitte de hautes fonctions académiques pour une simple cure, c’est signe de prudence. Il est déjà si difficile, en soi, de sauver son âme dans les diverses communions religieuses ! Que sera-ce s’il faut encore aider à la constitution et au développement de ces communions ! Ce sera bien comme si un chameau devait passer par le trou d’une aiguille ! Chacun ne le sent-il pas dans sa conscience ? J’avoue cependant que ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu, et que c’est une chose précieuse qu’un professeur qui introduit les maîtres futurs dans les bonnes tendances et dans le vrai chemin. Certainement il brillera comme le soleil dans le royaume de son Père (Dan. XII. 3).
– v. 6. Certainement tes frères même et la maison de ton père, ceux-là même ont agi perfidement contre toi, eux-mêmes ont crié contre toi à plein gosier......
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Souvent il arrive qu’une mère veut consacrer son cher fils à Dieu (c’est-à-dire en faire un pasteur) ; et que plus tard, si le fils marche comme il convient à l’Évangile de Christ, il trouve, hélas ! ses plus grands ennemis en ceux qui attendaient de lui la consolation de leur vieillesse, qui maintenant sont trompés dans leurs calculs, dans leurs espérances, et se trouvent bien malheureux d’avoir à porter leur part de son opprobre.
– Ibid. Ne les crois point, quoiqu’ils te parlent amiablement.
Il est dur d’avoir à vivre dans un perpétuel désaccord avec les siens. Il est vrai que si l’on suit Jésus il n’y aura guère d’opposition insurmontable que pour les choses qui sont les plus claires dans la Parole de Dieu, car on cédera volontiers dans celles qui ne lient point la conscience 7. Dans les affaires d’église il y aura des difficultés particulières ; car là on ne peut ni céder, ni rendre raison de tous ses actes, et lors même qu’on dirait toujours ses motifs, l’adversaire ne pourrait guère comprendre ni être satisfait ; et c’est une source permanente de tracasseries qui rendent la vie presque insupportable. Toutefois ces mépris, ces clameurs et ces tracasseries ne sont rien à côté des paroles insinuantes de ceux qui, selon la nature, ont une autorité ou une influence à exercer sur nous. C’est ici qu’il faut être sur ses gardes ! Car ceux qui sont disposés à se servir ainsi de leurs droits pour une œuvre de séduction sont, même à leur insu, si habiles, qu’il semble qu’il y ait en eux une conjuration de la nature, de la raison et de l’expérience pour les rendre dangereux pour ceux qui leur sont en quelque manière soumis. Et si l’on commence à céder, on peut, avec la meilleure apparence, s’éloigner tellement de la simplicité de Christ, qu’on ne verra le piège qu’après y être tombé, jusqu’à ce qu’on se soit engagé par quelque promesse difficile à reprendre ou qu’on ne puisse en la reprenant que donner un prétexte spécieux pour de plus violentes attaques. Plusieurs se brisent contre ce dangereux écueil. Elle est donc bien précieuse cette Parole que le Seigneur dit par Moïse aux sacrificateurs de la nouvelle alliance comme à ceux de l’ancienne : C’est lui qui dit de son père et de sa mère : je ne l’ai point vu, et qui n’a point connu ses frères ni ses enfants ; car ils ont gardé tes paroles et ils garderont ton alliance. Notre Seigneur dit dans le même sens : Si quelqu’un vient à moi et ne hait point son père et sa mère, etc., il ne peut être mon disciple (Luc XIV. 26).
– v. 7. J’ai abandonné ma maison ; j’ai quitté mon héritage ; ce que mon âme aimait le plus, je l’ai livré en la main de ses ennemis.
Jérémie, comme Jephthé, fut méconnu et maltraité par les gens de son pays, qui cherchèrent même à le faire mourir (XI. 21). Un prophète, dit le Seigneur, n’est sans honneur que dans son pays, parmi ses parents et ceux de sa famille (Marc VI. 4).
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Chap. XIII. v. 17. Que si vous n’écoutez ceci, mon âme pleurera en secret à cause de votre orgueil, etc.
C’est bien là le vrai moyen. Ceux qui auront semé avec larmes moissonneront avec chants de triomphe. On obtient ainsi dans une heure plus de grâce de celui qui accomplit le conseil de ses serviteurs, et les âmes sont amenées aussi plus près du but que par trois prédications. Oui, certes, l’expérience le prouve, l’angoisse de l’amour est une chose entraînante et efficace, c’est un travail qui n’est jamais vain. Le Fils de Dieu éprouve alors une sympathie semblable à celle qui lui arracha des larmes près du tombeau de Lazare (Jean XI). Celui qui doit jouir du travail de son âme et en être rassasié (Esaïe LIII. 11) ne peut être insensible à la douleur de ses témoins ; – et les auditeurs eux-mêmes, en revoyant ces Jérémie, ressentent le souffle vivant d’un nouvel esprit. La douleur annonce une joyeuse naissance. Vos efforts paraissent-ils superflus ? Allez, arrosez de vos larmes votre semence, et bientôt vous rentrerez vos gerbes avec chants de triomphe (Ps. CXXVI, 6).
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Chap. XV. v. 10. Malheur à moi, ô ma mère ! de ce que tu m’as enfanté pour être un homme de débat et un homme de querelle à tout le pays.....
Les témoins de Jésus auxquels on s’oppose de tous côtés et que l’on persécute, n’en passent pas moins pour des gens tracassiers et chercheurs de querelles. Les Achab leur disent : N’es-tu pas celui qui trouble Israël (I Rois XIX. 17), et les Abdias eux-mêmes ne se fient point entièrement à eux (I Rois XVIII). Chacun pense qu’ils pourraient faire tout aussi bien et avec moins de vacarme en prenant les choses un peu plus doucement. Cependant le pauvre Élie ne sait quel parti prendre, Jérémie maudit le jour de sa naissance, et nul n’est plus étonné et plus mal à l’aise que l’homme de Dieu lui-même qui cause tout ce tumulte. Pourquoi suis-je comme un monstre (Ps. LXXI. 7. Zach. III. 8), comme une pomme de discorde ? Quelle est donc ma manière ou mon langage, car dès que je parle les voilà à la guerre (Ps. CXX. 7). Quel est mon crime ? Il ne lui vient pas d’abord à la pensée qu’ils ont appelé le Père de famille Béelzébul, qu’ils ont persécuté tous les prophètes, que son grand péché c’est de prendre en main la cause de Jésus contre Satan. Mais souvent il s’en souvient au moment convenable et il reprend courage.
– Ibid. Je n’ai rien prêté et je n’ai rien emprunté à usure.....
Cher Jérémie ! tu l’eusses pu faire, c’est une vieille coutume, on n’en ferait point tant de bruit. Il n’y a pas d’exemple qu’un ministre ait été persécuté pour avoir cherché à établir sa maison. Mais chercher à gagner des âmes, c’est une usure qu’on ne peut permettre, c’est trop d’ambition ; devenez plus modérés, ou tout se soulèvera contre vous, vous serez suspendus, destitués, mis en prison ou même à mort, car ces nouveautés sont un désordre intolérable, ce sont des intrigues et des machinations spirituelles. Si nous le laissons faire, tout le monde s’attachera à lui. Il n’y a pas d’autre parti pour le serviteur de Dieu que de patienter, puisqu’on a toujours fait ainsi aux témoins fidèles. Dieu peut permettre des exceptions. Mais il faut s’attendre au pire. Étonnons-nous de ce que le Diable ne les étrangle pas tous, et non de ce qu’il en fait jeter quelques-uns en prison, ou de ce qu’il grince les dents. Luther écrivait un jour à Mélanchthon : Si l’affaire ne change bientôt, j’irai vous rejoindre à Augsbourg, ne serait-ce que pour être témoin de la fureur du diable.
– v. 15. Éternel..... connais que j’ai souffert opprobre pour l’amour de toi.
Hé ! que faut-il de plus ? Un serviteur de l’Agneau a-t-il autre chose à redouter que de souffrir pour avoir peut-être, par ses paroles ou par ses actes, dénaturé la doctrine de son Dieu ? On voudrait bien n’avoir à faire qu’à son miséricordieux Sauveur. Mais cela ne se peut : Quand mon pied glisse, ils s’élèvent contre moi (Psaume XXXVIII. 17). Il est plus aisé d’obtenir pardon du Seigneur après l’avoir renié, que d’un homme du monde après l’avoir sans cause regardé de travers. Plus Il nous est gracieux, plus le monde nous est disgracieux et sévère. Combien ne devons-nous donc pas nous tenir sur nos gardes, nous laisser façonner et affermir par la patience du Seigneur et nous hâter de reconnaître les torts que nous pouvons avoir, si petits soient-ils, et de les réparer, pour qu’on ne puisse les rassembler en témoignage contre nous. Car nous ne devons souffrir qu’à cause du Seigneur, et parce que nous espérons au Dieu vivant (I Tim. IV. 19). Il serait bien à désirer qu’il n’arrivât à aucun serviteur de Dieu de s’engager, comme par passe-temps, dans ces querelles qui absorbent la moitié d’une vie, et dont il faut dire à la fin : Vinco vel vincor, semper ego maculor (la victoire m’est aussi honteuse que la défaite).
– v. 19. Si tu te tournes vers moi..... tu subsisteras devant moi..... et tu seras ma bouche.
Précieuse promesse ! Celui qui, une fois, a prêché comme il faut, a le cœur plein et ne voudrait point être mis à la retraite. Écoutez donc les paroles de la promesse, serviteurs de Dieu ! On peut vous suspendre, vous reléguer, vous priver de vos titres, de vos biens, de votre asile ; mais on ne peut vous empêcher d’être la bouche de Dieu. Considérez les vicissitudes de la vie de Jérémie ! Malgré tant de traverses et de changements, lorsque tout disparaissait autour de lui, et même en Égypte où il n’y avait plus de temple, il demeura prophète. Il n’y a pas un exemple d’un seul serviteur de Dieu, déposé pour l’amour du Sauveur, qui n’ait reçu en échange un champ d’activité plus considérable. Supposez que nous soyons destitué en douze endroits : eh bien, nous serons le pasteur de treize églises. Car notre innocence, notre foi, notre opprobre prêchent dans les douze autres plus efficacement que notre présence. On peut y dire de notre mémoire comme des lettres de Paul, qu’elle est grave et forte.
– Ibid. Ils se tourneront vers toi et tu ne te tourneras pas vers eux.
Nous ne saurions obtenir une meilleure consolation que d’être assurés par notre Seigneur contre nous-mêmes : Je veux te rendre si ferme, si intelligent, si inébranlable, que malgré la résistance désespérée de leur cœur, il arrivera plutôt qu’ils retournent vers toi qu’il ne sera possible que tu te relâches et que tu passes dans leur camp comme un indigne transfuge. – Ah ! nous pouvons bien dire : Je me confie en l’Éternel : pourquoi donc dites-vous à mon âme : Sauve-toi en votre montagne, oiseau ! (Ps. XI. 1.) et combien d’autres assurances celle-ci nous rappelle ! Parce que tu as gardé la Parole de ma patience, je te garderai aussi de l’heure de la tentation (Apoc. III. 10) ; – Simon, Simon, Satan a demandé à vous cribler comme le blé, mais j’ai prié pour toi pour que ta foi ne défaille point ; quand donc tu seras converti, affermis tes frères (Luc XXII. 31. 32). – Ne vous réjouissez pas de ce que les démons vous sont assujettis, mais de ce que vos noms sont écrits dans les cieux (Luc X. 20). On ne peut les en effacer comme d’un registre civil ou ecclésiastique.
– v. 21. Je te délivrerai de la main des méchants, et te rachèterai de la main des hommes violents.
Les témoins de Jésus ont à faire à bien des gens qui sont tous persécuteurs, mais qui ne se ressemblent pourtant pas. Les uns ont encore l’oreille attentive et se laissent en quelque manière atteindre. Mais il y en a qui ne font qu’opprimer et qui ne veulent rien entendre. Jésus n’avait pas coutume d’ouvrir la bouche devant de telles gens. Le mieux est de leur échapper si l’on peut, et c’est une grande grâce que de sortir de leurs griffes. Tous ne tombent pas au premier choc comme Jacques et Étienne. Il y a des Pierre qui échappent à l’attente de tout le peuple et des Paul qui, abandonnés de tout le monde dans leur défense, sont pourtant délivrés de la gueule du lion. – Que ceux qui ne peuvent croire sur la simple promesse regardent autour d’eux, ils en verront les preuves 8.
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Chap. XVI. v. 2. Tu ne prendras point de femme et tu n’auras point de fils ni de fille en ce lieu-ci.
C’est une vérité d’expérience qu’il n’est point d’état qui s’accorde moins avec le célibat que le ministère. Car si quelqu’un a besoin d’une aide qui le console et le soutienne, c’est bien celui dont la vie est journellement sacrifiée à tant de gens de toute classe. Toutefois, cette règle varie suivant les cas particuliers. Est-il bien sûr, ministre de la Parole, que vous ne vous mariiez que pour Jésus, que pour son église, que pour votre ministère ? et que ce n’est que par dévouement pour vos semblables que vous affrontez les peines sans nombre de l’état du mariage ? Attendez donc d’avoir quelque expérience de votre charge, puis examinez mûrement si quelque parole du Seigneur, si les circonstances ne vous disent point comme à Jérémie : ne prends point de femme dans ce lieu, dans ce temps, ou tout au moins n’en prends point encore ! – Celui qui aime quelque chose plus que Lui n’est pas digne de Lui ! – Si le pas est déjà fait et qu’il n’y ait plus de remède, humiliez-vous ! mais alors considérez d’autant plus ces paroles : Que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’en avaient point (I Cor. VII. 29). Faites envers vos femmes comme Moïse envers Séphora. Plutôt que de vous voir mourir, elles souffriront sans doute que vous obéissiez à votre Seigneur (Ex. IV. 25. 26). Je vis un jour une femme de pasteur pleurer beaucoup dans la crainte que son mari, qui pourtant craignait Dieu, se montrât faible dans une circonstance critique. Cette faiblesse lui eût conservé sa place ; mais elle craignait que le Sauveur ne l’en fît amèrement repentir. Aucun spectacle n’eût pu m’être plus agréable.
– v. 5. Même..... n’entre point en aucune maison de deuil..... car j’ai retiré de ce peuple.... ma miséricorde et mes compassions.
Un vrai témoin de Jésus a bien besoin de se garder d’entrer avec ses auditeurs dans la voie de la politesse mondaine. S’il se conduit envers tous et envers chacun d’une manière droite, intègre, désintéressée, sincère, serviable, si tous les cœurs sont obligés de dire : « Notre pasteur aime mieux donner que de recevoir ; comme Paul il ne se rend à charge à personne, et quoique ce fût peu de chose que de participer à nos biens temporels, puisqu’il répand parmi nous tant de bénédictions spirituelles, comme Paul il préfère y renoncer » ; – ce sera leur montrer assez d’amour et de bienveillance. Mais qu’il s’abstienne de tout ce qu’on appelle dans le monde savoir-vivre, en tant que cela implique quelque assimilation au monde, ou que cela dénature les rapports qui doivent exister entre le pasteur et les ouailles ou que cela peut compromettre le respect dû à celui qui l’a envoyé ; – il ne saurait à cet égard trop se tenir sur ses gardes ; d’autant plus que le monde excusera bien plus facilement la dernière conduite qu’il ne sera disposé à comprendre la première.
– v. 8. Aussi tu n’entreras point en aucune maison de festin, afin de t’asseoir avec eux pour manger ou pour boire.
Telle est, le plus souvent, la règle qu’il nous faudra suivre. C’est à tort qu’on objecterait que Jésus a mangé et bu avec les pécheurs. Car les actions de Jésus avaient quelque chose de parfait, de prophétique et d’infaillible. Celles du ministre, au contraire, sont ordinaires, humaines, faillibles et peuvent plus difficilement s’élever au-dessus des fausses interprétations. D’ailleurs il n’aurait point le temps de répondre à toutes les invitations, il ne pourrait sans inconvénient faire un triage, et le ministère, dans l’état actuel des églises, ne ressemble que trop à l’œuvre de Jean Baptiste au désert, et il n’est point mauvais que le messager de Dieu ait en lui quelque chose qui tranche fortement sur la corruption du monde.
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Chap. XVII. v. 5. Ainsi a dit l’Éternel : Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme, et qui fait de la chair son bras, et dont le cœur se retire de l’Éternel.
Il est difficile d’observer exactement cette parole tout en se conformant à ce que Dieu a commandé à ses serviteurs relativement aux puissances de la terre. Un ministre doit être le premier à honorer les princes et les magistrats, à prier pour eux, à leur être soumis (Rom. XIII. etc.) ; et c’est une maxime fondamentale qu’un serviteur de Dieu ne s’engage pas volontiers dans un débat avec les autorités civiles. Mais comme le prince, devant qui les enfants de Dieu sont comme les autres citoyens, n’a proprement à se mêler de ce qui les concerne particulièrement que comme membre de l’Église, les ministres seront aisément tentés de faire de la chair leur bras, en lui soumettant non pas seulement les constitutions extérieures, qu’un pasteur laissera subsister et dont il pourra même, quoique avec modération, faire usage, mais ce qui concerne la vie de l’Église, réclamant sa protection et son secours pour le maintien du culte et du ministère, et s’appuyant même sur le bras séculier pour forcer les gens à observer les ordonnances ecclésiastiques. C’est le vrai moyen pour le clergé de forger pour lui-même des chaînes qu’il ne pourra plus rompre. Et si ce roseau, sur lequel il s’appuie, lui perce la main, il ne pourra attribuer à d’autres ses douleurs. S’il trouve de l’appui, il se détournera du Seigneur et se rendra dépendant de l’impuissance humaine. Il est vrai que des rois seront les nourriciers de l’Église (Es. XLIX. 23), mais ce sera EN SE PROSTERNANT DEVANT ELLE LE VISAGE CONTRE TERRE ET EN LÉCHANT LA POUDRE DE SES PIEDS 9 (Ibid.), c’est-à-dire qu’une des gloires de la nouvelle alliance devait consister en ce que des princes et des rois deviendraient membres de l’Église, et contribueraient par leur foi, par leur humilité, par leur charité, par leur soumission à la Parole, en marchant dans la lumière et en portant l’opprobre et la croix de Jésus, à éclairer le monde plus attentif à leur exemple qu’à tout autre. Il n’en résulte point que les princes soient les rois ni les maîtres de l’Église ; nous n’avons qu’un seul maître, qu’un seul juge, qu’un seul protecteur, c’est Jésus le crucifié, le Roi de l’Église.
– v. 7. Béni soit l’homme qui se confie en l’Éternel et duquel l’Éternel est la confiance.
Heureux les ministres qui se sont mis vraiment sous la garde de Celui qui promet à son Église que les portes même de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Comme leur cœur est au large, comme ils sont tranquilles, et assurés de la grandeur, de l’importance et de l’infaillibilité de leur entreprise, car ils laissent agir Celui qui peut agir et qui se rend témoignage qu’il n’a jamais erré dans son Gouvernement !
– v. 8. Il sera comme un arbre planté près des eaux...... qui ne CESSERApoint de porter du fruit. – Ainsi donc, lors même qu’il ne paraîtra point agir, il en portera encore ; peut-être même cette apparente interruption sera-t-elle le commencement d’une action plus efficace. Car l’essentiel, c’est qu’il soit toujours prêt à tous les ordres de son Seigneur et ponctuel à faire tout ce qui lui est commandé. C’est une navigation sur l’Océan du monde. Les vents dépendent de la Providence : mais avec sa bénédiction, rapidement ou lentement, avec ou sans fâcheuses traverses, on avance et on finit par arriver au port.
– v. 14...... Tu es ma louange. – Il est dit clairement dans le Nouveau Testament que la croix de Christ est la gloire et la louange de ses ministres (Gal. VI. 14). Ce trait qu’on nous rapporte d’un vieillard qui par sa simple confession confondit un philosophe dans une séance d’un concile, est vraiment magnifique 10. Mais il se répète toutes les fois qu’un ministre, laissant de côté tous les sujets de gloire que pourrait poursuivre un théologien de nos jours, se renferme dans la gloire de la Nouvelle Alliance, disant d’un cœur ferme, comme l’apôtre Paul : Je ne veux savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié (I Cor. II. 2). C’est alors qu’au milieu de tous ses opprobres il remporte victoire sur victoire. Il est certes indispensable qu’un ministre marche dans cet esprit, car il annonce des choses qui sont au-dessus de toute démonstration, des choses dont tous les témoins de Jésus ont reconnu la faiblesse au point de vue de la raison humaine, ne s’appuyant que sur les témoignages d’Esprit et de puissance qu’elles portent avec elles dans les cœurs ; des choses dont la gloire marche à l’inverse de celle des philosophes et du monde. Car ceux qui en obtiennent la plus grande mesure sont aux yeux du monde au plus bas de l’échelle : Nous sommes faits, dit St Paul, la balayure du monde et le rebut de tous jusqu’à maintenant.
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Chap. XX. v. 7. Ô Éternel, tu m’as sollicité et j’ai été attiré ; tu as été plus fort que moi et tu as eu le dessus ;.....
Que les ministres s’éprouvent et se demandent si leur vocation a été semblable. Il est évident que ce qu’on appelle aujourd’hui le ministère ne ressemble guère au ministère du prophète. Ce n’est point un opprobre pour un étudiant que d’être revêtu d’une charge ; c’est alors au contraire qu’il commence à recevoir les titres d’honorable, de révérend, etc. etc. II n’a donc pas besoin d’être sollicité ni attiré, d’être vaincu par le Seigneur.... Que faire, donc, si notre conscience nous convainc de ne point encore comprendre ces paroles et de ne pouvoir nous les appliquer en vérité ?.... – Mais peut-être fera-t-il cette expérience une fois entré en charge...... C’est fort bien, il cherchera donc à s’échapper et il s’échappera, à moins que le Seigneur ne soit plus fort que lui et ne le retienne.
– v. 8. Car depuis que je parle je n’ai fait que jeter des cris..... parce que la Parole de l’Éternel m’est tournée en opprobre et en moquerie tout le jour.
Le Seigneur Jésus a dû lui-même se résigner à la moquerie et endurcir son visage comme un caillou. Mais un vrai témoin sera comme lui respecté et ridiculisé tour-à-tour ; loué par la conscience des hommes et dénigré par leur malice qui crie plus fort que leur conscience.
– v. 9. C’est pourquoi j’ai dit : je ne ferai plus mention de lui et je ne parlerai plus en son nom ; mais il y a eu dans mon cœur comme un feu ardent.....
C’est une résolution violente et qui ne peut durer, une résolution que le serviteur de Dieu prend dans une perplexité inouïe et tout-à-fait hors de lui-même. Celui en qui il n’y a point eu de péché a éprouvé, autant qu’il pouvait le faire sans péché, une perplexité semblable, lorsqu’il a été saisi de frayeur (Marc XII. 33) à l’approche de la puissance des ténèbres. – Mais quelque grande que soit l’angoisse, il n’en résulte aucun mal durable. Jérémie n’exécute point son dessein : car il ne peut supporter le feu qui dès lors consume ses os. Et tel est, dans le fait, le résultat auquel arrivent les vrais témoins. « Me voici, dit Luther, à Worms, je ne puis autrement, que Dieu me soit en aide ! » Il est douloureux, sans doute, d’ouïr les insultes de plusieurs, d’apprendre que ceux avec qui on a paix vous épient et disent : peut-être qu’il sera abusé, alors nous aurons le dessus (v. 10). Il faut avoir passé par cette expérience pour en connaître l’amertume. Mais n’importe. On a découvert sa cause au Seigneur (v. 12), il accorde, par intervalles, de telles consolations, de telles espérances, qu’on ne peut que lui demeurer fidèle : « Je ne puis autrement, que Dieu me soit en aide ! »
– v. 14 à 18, ressemblent aux paroles de Job. Mais je pense qu’il y a là des mystères prophétiques et typiques qui ne permettent pas de les appliquer aux témoins ordinaires. Il fait descendre dans la fosse (dans l’enfer), et il en fait aussi remonter. Voilà donc Jérémie préparé pour les plus grandes épreuves. Elles arrivent et il les supporte de manière à montrer que les précédentes n’ont fait que l’affermir.
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Chap. XXVI. v. 8. Il arriva qu’aussitôt que Jérémie eut achevé de prononcer tout ce que l’Éternel lui avait commandé de prononcer à tout le peuple, les sacrificateurs et les prophètes et tout le peuple le saisirent en disant : tu mourras de mort.
Que fait Jérémie ? Sans entrer dans une longue justification, il se contente de leur dire : L’Éternel m’a envoyé pour prophétiser contre cette maison.... Maintenant donc corrigez votre conduite.... écoutez la voix de l’Éternel votre Dieu et l’Éternel se repentira du mal qu’il a prononcé contre vous.... etc. Cette réponse est d’un merveilleux effet ; les principaux et le peuple se réunissent contre les sacrificateurs et les prophètes : Cet homme, s’écrient-ils, n’a pas mérité la mort. Jérémie est redevable de ce calme et de cette fermeté à son épreuve loyalement supportée, à ses méditations profondes, à ce que sa vocation n’est point un caprice ou un fruit de sa propre volonté, à cette victoire remportée sur lui par le Seigneur, à ce feu qui lui a consumé les os. J’ai connu dans ces derniers temps un homme qui, sans la moindre affectation, marchait sur les traces de Jérémie, un pasteur, que dis-je ? un prophète qui a rendu témoignage à des milliers d’âmes. Il est maintenant auprès du Seigneur. Plusieurs fois il dut subir des enquêtes, mais s’oubliant lui-même il prêchait aux commissaires les choses mêmes dont il était accusé, et cette justification indirecte les pénétrait si bien de son innocence, qu’ils s’en retournaient en se demandant : Qui sommes-nous venus voir ? un prophète ? et ils ne pouvaient s’empêcher de dire comme les sergents envoyés pour prendre Jésus : Jamais homme ne parla comme cet homme (Jean VII. 46). On ne saurait contrefaire de telles choses. Il faut être tout aussi plein de son objet, il faut être tout aussi pénétré du feu sacré pour s’oublier ainsi soi-même et pour parler avec ce calme et cette énergie pendant qu’on vous tient le couteau sur la gorge. Mais ce n’est pas moins l’effet naturel de l’esprit de gloire en celui sur qui il repose, lorsqu’il doit soutenir la cause du Seigneur Tout Puissant devant ceux qui ne sont à ses pieds que comme une poignée de sauterelles (Esaïe XL. 22).
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Chap. XXVIII. v. 6..... Jérémie le prophète dit : Ainsi soit-il ! qu’ainsi fasse l’Éternel ; que l’Éternel mette en effet tes paroles que tu as prophétisées.....
Encore un admirable exemple, quoique d’un autre genre. Un faux prophète, un consolateur mensonger s’oppose à Jérémie, et prédit la délivrance au nom de l’Éternel. Il voudrait sans doute lui persuader, comme le vieux prophète de Béthel, qu’il a reçu une révélation plus récente que les siennes. Jérémie, sans s’émouvoir, se contente de dire : « Amen ! qu’ainsi fasse l’Éternel ! prends garde cependant de ne point t’abuser. » Son contradicteur, enhardi par cette douceur, va plus loin encore. Il rompt sur le cou de Jérémie le joug prophétique. Jérémie le laisse faire et s’en va son chemin. Il est vrai qu’il revient bientôt pour la confusion de l’imposteur, mais... il s’était d’abord retiré, parce qu’il n’avait point encore de réponse de l’Éternel. – Il est des moments où les témoins de Jésus doivent se taire et laisser tranquillement les eaux se déborder, surtout lorsqu’ils n’auraient à répondre que ce que leur propre esprit leur suggère, avec une émotion charnelle, et sans le sérieux et la solidité à laquelle ils doivent accoutumer leurs auditeurs. Car hors de cet esprit, il vaut mieux pour eux ne rien entreprendre.
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Chap. XXX. v. 2.... Écris-toi dans un livre toutes les paroles que je t’ai dites.
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Il est bon pour les témoins du Seigneur d’écrire les dispensations de Dieu envers eux, et ses enseignements, afin de les récapituler souvent et de s’en faire une règle permanente. Mais ils ne doivent communiquer ces notes à d’autres qu’avec la plus grande prudence. Car si Jérémie pouvait le faire sans danger, il est beaucoup plus à craindre qu’un serviteur de l’Évangile, abondamment béni mais imparfait dans son langage et dans ses actes, ne soit mal compris par ceux qui se le proposeraient pour modèle et qui, par l’observation inintelligente de ses maximes et de ses expériences, ne serviraient qu’à faire calomnier ou tout au moins déprécier les principes et le plan juste en lui-même d’après lesquels il travaille.
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Chap. XXXII. v. 9. 16. 24. 25. (Lire le chapitre entier.)
Jérémie conteste avec Dieu ; mais comme doit le faire un serviteur du Seigneur : Il commence par obéir ; il ne fait ses remarques qu’après. C’est une méthode excellente, d’après laquelle il nous convient à tous de nous examiner : dès qu’on s’aperçoit que le Seigneur veut une chose, la faire aussitôt, car il serait intempestif d’objecter ou de réclamer. Mais s’il reste encore dans le cœur quelque scrupule, quelque difficulté, on pourra encore s’en éclaircir auprès du Seigneur, après lui avoir témoigné son obéissance. Car nous avons affaire à un maître qui se rend attentif à la voix de ses serviteurs, qui, pourvu qu’il reconnaisse qu’on l’aime, montre infiniment plus de condescendance et de fidélité que nul homme n’a jamais pu comprendre ; – et toujours on a la satisfaction de le voir maintenir et justifier pleinement son conseil. (Luc V. 5. Matth. XXI. 3, suiv.)
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Chap. XXXIII. v. 3. Crie vers moi et je te répondrai, et je te déclarerai des choses grandes et cachées, lesquelles tu ne sais point.
Telle est la promesse de Dieu à son obéissant serviteur : « Mon fils, lui dit-il, tu m’as obéi même sans me comprendre, tu as bien fait. Mais je t’expliquerai maintenant ma volonté et je te montrerai bien d’autres choses encore, en sorte que tu ne seras plus étonné de rien. » – Cacherai-je à Abraham ce que je m’en vais faire ? (Gen. XVIII. 17). – Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait point ce que son maître fait, mais je vous ai appelés mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père (Jean XV. 15. Daniel IX. 23. – Apoc. I). Au reste, il est bien évident que lorsque Dieu révèle ainsi ses secrets à ses témoins, c’est pure grâce et faveur, puisque le Fils lui-même a dû ignorer certaines choses dans son état d’abaissement (Marc XIII. 32). Mais qui douterait que ceux desquels on peut dire aujourd’hui qu’Il les aime comme il aimait Lazare, ou comme son disciple bien-aimé, ne puissent recevoir de lui des connaissances particulières, cachées au grand nombre ? Puissent-ils seulement administrer de telle manière ces secrets de la grâce que Dieu ne soit pas contraint de les leur retirer.
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Chap. XXXVII. v. 12. Jérémie sortit de Jérusalem pour s’en aller au pays de Benjamin..... mais quand il fut à la porte de Benjamin, un capitaine de la garde, nommé Jiréija...., le saisit en disant : Tu vas te rendre aux Chaldéens. Et Jérémie répondit : Cela n’est point, mais il ne l’écouta pas, etc....
Autre genre d’épreuve !..... Jérémie a rendu son témoignage ; il veut prendre soin de ses affaires. Mais les chefs du peuple relevant la tête, comme Pharaon, dès qu’ils ont un peu de relâche et tout fiers de la retraite momentanée des Chaldéens, le font saisir et mettre en prison au moment où il sortait de la ville par la porte de Benjamin. Jérémie cherchait-il à fuir Jérusalem, et le Seigneur voulut-il l’éprouver en trompant son espérance ? Nous n’oserions le dire. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que le Seigneur l’a gardé de tout mal lorsqu’il a risqué sa vie pour son nom, et que le mal tombe sur lui maintenant en dehors de son ministère. Qui pourrait nier que ce ne fût une dispensation particulière de Dieu ! Il est évident qu’il ne souffre pas ici comme prophète, mais comme citoyen innocent. Le prophète a été préservé spécialement par Celui qui l’a envoyé : mais le citoyen souffre, pour sa part, de la corruption et de l’injustice qui régnait dans le pays. Les serviteurs de Dieu ne sont point à l’abri de pareils maux. Souvent on en voudra, dans le fond, à leur ministère et ce ne sera, en quelque sorte, que par ricochet qu’ils seront atteints comme citoyens. Mais ils ne doivent pas avoir l’air de s’en apercevoir. C’est comme citoyen que Jérémie demande au roi de le tirer de la maison de Jehonathan le secrétaire. Comme prophète, il eût tenu un autre langage. Sa demande lui fut accordée, et il eût bien voulu pouvoir apporter au roi quelque bon message en récompense, comme il le put pour Ébed-Mélec Cuscien (XXXIX. 16). Mais Ébed-Mélec était un enfant de paix, ou tout au moins un homme tout autrement disposif que le roi Sédécias.
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Tels sont, à peu près, tous les passages qui se rapportent à la personne de Jérémie et que les prédicateurs évangéliques peuvent chercher à appliquer aussi à leur personne. Celui qui aura travaillé toute sa vie dans une des fractions de la chrétienté sans pouvoir rassembler autour de lui une vivante Église du Seigneur, n’aura certes pas eu de meilleurs jours. Il aura ardemment désiré sa fin, et tout ce qu’il pourra faire en quittant ce monde, ce sera de remercier Dieu de ce qu’il a gardé sa propre âme (XLV. 5) au milieu de tant de tempêtes, de dangers et d’épreuves, et de ce qu’il lui a donné pour butin quelques-uns de ceux pour qui Christ est mort.
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SECONDE PARTIE.
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CONDUITE DU SERVITEUR DE DIEU VIS-À-VIS DES PUISSANCES TERRESTRES.
Dans l’état actuel des églises, les serviteurs de Dieu, et même ceux qui n’ont pour champ d’activité que de pauvres villages, ont avec les autorités civiles mille frottements auxquels ils pourront appliquer en petit ce qui arriva en grand à Jérémie, et les exemples et les règles qui vont faire l’objet de nos méditations.
Chapitre Ier. v. 18.... Je t’ai établi... comme une colonne de fer et comme des murailles d’airain.... contre les rois de Juda, contre les principaux du pays.
En effet, les grands et les princes sont assujettis comme les autres hommes à la Parole ; rien n’est plus certain, et si tous ne proclament point, comme Joseph, qu’ils ne sont pas à la place de Dieu (Gen. L. 19), il n’est pas moins évident qu’il retranche du monde les princes et qu’il est redoutable aux rois de la terre (Ps. LXXVI. 12). Quant aux appels de l’ÉVANGILE, ils leur sont adressés comme aux autres hommes avec supplications ; mais c’est avec une autorité particulière, quoiqu’avec simplicité et respect, qu’ils doivent être repris de leur injustice et avertis d’accomplir les devoirs dont ils veulent que les ministres instruisent les hommes.
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Chap. V. v. 5. Je m’en irai donc aux plus grands..... mais ceux-là même ont aussi brisé le joug et rompu les liens.
David l’avait annoncé par l’esprit prophétique (Ps. II. 2. 3), Jérémie en fit l’expérience, et les choses ne paraissent guère changées aujourd’hui. Le moindre maire de village qui possède quelque fortune et une mesure ordinaire d’intelligence se persuade que la religion est bonne pour le peuple, et que pourvu qu’il prête au ministre son assistance dans certaines occasions, celui-ci serait bien ingrat s’il osait se permettre de s’enquérir de ce qui le concerne.
Il nous serait bien plus agréable qu’ils n’eussent rien à démêler avec nous. Mais il est d’usage, depuis Constantin, de confesser le Seigneur de bouche quoiqu’on lui soit étranger dans son cœur, et depuis qu’il est honorable aux yeux du monde de s’appeler chrétien, les inconvertis parmi les grands de ce monde ont fait plus de mal à l’Église en se rattachant à elle qu’ils n’eussent pu lui en faire en la reniant et la persécutant. Celui qui habite dans les cieux se rit d’eux lorsqu’ils rompent tous les liens (Ps. II), mais est-il dit qu’il se moque lorsqu’ils revêtent sa livrée ? Ils causent aussi bien des tourments à ses serviteurs, et pourtant il y a dans cet ordre de choses souffert par la Providence quelque chose de mystérieux, et nul ne doit y porter atteinte sans un appel positif d’en Haut. Or, qu’il est difficile d’avoir la certitude d’un pareil appel ! Il suffit aux Jérémie d’opposer à toutes les attaques leur fermeté d’airain.
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Chap. XIII. v. 18. Dis au roi et à la régente : humiliez-vous et asseyez-vous sur la cendre.....
Lorsque la détresse est extrême et qu’il n’y a plus aucun secours humain, on permet aux ministres de parler sur ce ton à leurs princes. Dans d’autres temps on les appellerait insolents. Heureux les maîtres qui, comme Josias, souffrent ce langage dans le temps convenable. Il est des témoins (en bien petit nombre) dont l’impartialité est si évidente, dont le public reconnaît tellement la droiture, la modestie, la soumission aux lois, la sainteté et la charité, qu’on veut bien souffrir qu’en toute occasion ils parlent librement. On écoute leurs exhortations, à la condition toutefois de n’en rien faire. Mais les témoins de Dieu sont quelquefois revêtus d’une autorité plus mystérieuse. Joram vient vers Élisée pour lui faire couper la tête ; et qu’en résulte-t-il ? un paisible entretien. (2 Rois VI. 30 et suiv.)
– v. 21....... c’est toi qui leur as appris à être chefs au-dessus de toi.....
Le roi lui-même (Ch. XXXVIII. 5) dit aux principaux : Le roi ne peut rien par-dessus vous. Il y a comme une fatalité qui entraîne les princes qui ne veulent point du joug aisé du Seigneur, à se rendre plus ou moins dépendants de leurs inférieurs. Il est bon qu’ils en soient avertis, car le peuple ne gagne rien à ce déplacement de l’autorité. Les serviteurs de Dieu sont les plus vrais amis des chefs légitimes. Car ils obéissent à un Dieu d’ordre et de vérité.
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Chap. XIV. v. 3. Les grands d’entr’eux ont envoyé les petits chercher de l’eau..... ils en sont revenus les vases vides.....
Parmi les grands il en est qui cachent le plus longtemps possible les désastres publics aux hommes du commun. D’autres, qui sont plongés dans la mollesse, ne les apprennent que par ces derniers et refusent d’y croire tant qu’ils ne sont pas contraints par l’évidence.
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Chap. XXII. v. 28. Ce personnage, Conja, n’est-il pas comme une idole méprisée et brisée ? etc. (Voir tout le chapitre.)
Compliments peu agréables pour un prince accoutumé à être honoré et à qui même, sous d’autres rapports, l’honneur appartient. Honore-moi devant le peuple, demande Saül à Samuel qui ne s’y refuse point (1 Sam. XV. 30). Mais ici il y avait une parole positive de l’Éternel, et il en prit mal à Sédécias de ne point s’être humilié devant Jérémie (2 Rois XXXVI. 12). Au reste, celui qui voudrait imiter ce langage sans un appel divin ne ferait que trahir sa légèreté et son incapacité, pour ne pas dire son orgueil et sa folie. Je me souviens d’avoir entendu dans ma jeunesse un prédicateur s’élever contre un autre du haut de la chaire, et, après un préambule qui le désignait clairement, lui appliquer audacieusement ces paroles du même chapitre : Écrivez que ce personnage sera délaissé et que c’est un homme qui ne prospérera point pendant ses jours (XXII. 30). Mais cette menace ne se montra, sous aucun rapport, justifiée par l’évènement. De telles imprudences prostituent le ministère de la Parole. Prenons garde de ne pas mentir au nom de Dieu.
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Chap. XXV. v. 17, suiv. Je pris donc la coupe de la main de l’Éternel et j’en fis boire à toutes les nations auxquelles l’Éternel m’envoyait..... à Jérusalem.... à Pharaon roi d’Égypte..... à Édom, à Moab..... etc. etc. etc.
(Comp. XXVII. v. 2, suiv. Fais-toi des jougs.... et les envoie au roi d’Édom, au roi de Moab, etc., par les mains des messagers qui doivent venir à Jérusalem vers Sédécias, roi de Juda.)
Les témoins ordinaires ne doivent-ils pas être confus à l’ouïe de pareils ordres ? Ne devons-nous pas nous appliquer sans cesse les paroles des serviteurs de Naaman : Si le Seigneur m’eût dit quelque grande chose, n’eussé-je pas dû la faire ? À plus forte raison puisqu’il ne me donne que des instructions relativement très-simples et d’une facile application. Celui donc qui n’accomplit aujourd’hui que négligemment la Parole de Dieu sera-t-il moins maudit qu’autrefois ?
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Chap. XXVI. v. 16. Alors les principaux.... dirent aux sacrificateurs et aux prophètes : cet homme ne mérite pas d’être condamné à mort ; car il nous a parlé au nom de l’Éternel notre Dieu.
Il arrive encore aujourd’hui çà et là que les personnes d’autorité, lorsqu’elles n’ont pas lieu de se croire personnellement offensées, se montrent plus justes et plus traitables que les gens d’église......... Les serviteurs de Dieu doivent être d’autant plus circonspects dans leurs rapports avec les magistrats et se souvenir, en temps convenable, de cette parole : Celui qui n’est point contre nous est pour nous.
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Chap. XXXVI. v. 14. ..... Tous les principaux envoyèrent vers Baruc Jehudi fils de Néthanja... pour lui dire : Prends en ta main le rouleau dans lequel tu as lu.... et viens ici.
Il faut faire grand cas de ces bonnes dispositions lorsqu’elles se manifestent. Paul se réjouit de pouvoir faire entendre à Agrippa ce que le Seigneur avait fait pour son âme.
– v. 16. Et il arriva, sitôt qu’ils eurent ouï toutes ces paroles, qu’ils furent effrayés entr’eux.
C’est une suite naturelle de la précédente impression. L’obéissance que l’on rend à la voix de sa conscience conduit infailliblement plus loin dans l’accomplissement des intentions de Dieu et sert à détourner ses jugements.
– v. 23. ..... Aussitôt que Jehudi en eut lu trois ou quatre pages, le roi le coupa avec le canif du secrétaire et le jeta au feu du brasier. – v. 25. 26. Elnathan et Délaja et Guémarja intercédèrent pour qu’il ne brûlât point le rouleau, mais il ne les écouta point.... Il commanda même à Jérahméel..... de saisir Baruc le secrétaire et Jérémie le prophète, mais l’Éternel les cacha.
Lorsqu’il s’agit d’épargner la vie de Jean Baptiste, Hérode craint ses courtisans. Darius n’a pas le courage de refuser aux grands de son royaume l’exposition de Daniel. Sédécias livre Jérémie aux principaux des Juifs en disant : Le roi ne peut rien par-dessus vous (XXXVIII. 5). Mais quand il s’agit de renoncer à faire le mal, c’est autre chose : les rois savent alors être maîtres. Nous en avons ici une preuve. Non-seulement Jehojakim n’écoute point l’intercession qu’on lui présente, mais il commande même de saisir Baruc et Jérémie. Combien sont malheureux les puissants, lorsqu’ils ne sont pas maîtres de leur propre cœur !
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Chap. XXXVII. v. 3. ..... Le roi Sédécias envoya... vers Jérémie le prophète pour lui dire : Fais, je te prie, requête pour nous à l’Éternel notre Dieu...... v. 17. .... Le roi Sédécias l’interrogea en secret et lui dit : Y a-t-il quelque parole de par l’Éternel ?... (XXXVIII. 14. 19.)
Sa familiarité et sa confiance va même jusqu’à avouer au prophète le sujet de ses inquiétudes. Il faut convenir que Jérémie se conduit ici comme un Homme d’État consommé, se possédant parfaitement lui-même, ne s’émouvant pas de sa bonne fortune et ne prêtant le flanc d’aucun côté. Mais il est facile de voir qu’il y a autre chose en lui que de la prudence humaine. Ce n’est point à la cour qu’il a acquis cette dignité, cette sincérité, ce calme, cette fermeté qui se concilie si bien avec la bienveillance. Sa réponse ne varie point : « Que ceux qui veulent échapper sortent vers le roi de Babylone ! » Les serviteurs de Dieu peuvent apprendre ici à ne se laisser ébranler ni par les menaces, ni par les gracieuses paroles des grands, à conserver sous la faveur comme sous l’oppression le même caractère, à ne rien diminuer de la vérité qui leur est si particulièrement confiée, mais à profiter plutôt d’un retour de bienveillance pour exhorter avec d’autant plus de force ceux à qui ils l’ont annoncée dès longtemps. Autrement il leur vaudrait mieux les liens et la mort.
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Chap. XXXVII. v. 13. 15. ... Jiréijia saisit Jérémie en lui disant : tu vas te rendre aux Chaldéens. Et Jérémie répondit : cela n’est point..... mais il ne l’écouta point et l’amena aux principaux.... qui se mirent fort en colère contre Jérémie et le battirent et le mirent en prison.
Il est évident que les soupçons que les hommes politiques conçoivent souvent à l’égard des assemblées des enfants de Dieu sont bien absurdes. Mais il est difficile de les en convaincre, et un sage serviteur de Jésus-Christ s’attachera à éviter même les mauvaises apparences et à convaincre les gouvernants qu’il ne songe à rien moins qu’à se mêler des affaires de l’État. Jérémie, qui vivait dans un temps où les prophètes remplissaient souvent des charges publiques (voy. Nathan, Daniel, etc.) et qui était lui-même appelé à s’occuper de la situation extérieure de son pays, ne pouvait guère échapper aux fausses interprétations. Mais Dieu soit loué ! le règne de notre Seigneur n’est pas de ce monde ! Ses serviteurs n’ont qu’à regarder à l’exemple de Jésus et de ses apôtres pour voir qu’ils n’ont rien à faire avec les intérêts politiques. La justice et la chasteté fut l’unique thème de l’exhortation de Paul au procurateur Félix.
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Chap. XXXVII. v. 9. Ébed-Mélec Cuscien.... apprit qu’ils avaient mis Jérémie dans la fosse, etc. Il dit au roi :.... ces hommes-là ont mal fait dans tout ce qu’ils ont fait contre Jérémie le prophète.....
Le Seigneur se propose des plans avec ses serviteurs ; il faut que ces plans s’accomplissent ; il leur suscite donc tout-à-coup des auxiliaires inattendus, souvent des hommes qui ne prennent leur défense que par une sorte de loyauté naturelle, mais personne ne rend en vain service à un homme de Dieu. Va et parle à Ébed-Mélec Cuscien et lui dis : .... je te délivrerai.... ta vie te sera pour butin, parce que tu as eu confiance en moi, dit l’Éternel (XXXIX. 16-18).
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Chap. XXXVIII. v. 27. Tous les principaux donc vinrent vers Jérémie et l’interrogèrent, mais il leur fit un rapport conforme à toutes les paroles que le roi lui avait commandé de dire......
Les principaux désiraient savoir ce que Jérémie avait dit au roi. Jérémie voulait être fidèle au désir du roi. Il leur répondit avec prudence et ils ne purent apprendre ce qu’ils cherchaient. Que les serviteurs de Christ suivent ce modèle ! Mais ai-je besoin d’ajouter qu’ils ne doivent en rien manquer à la vérité ? La VÉRITÉ, que l’homme naturel poursuit en vain, naît avec la foi chrétienne. Mais la peste de la prudence mondaine, du savoir-vivre, etc., s’est aussi glissée dans le troupeau du Seigneur, et plusieurs en sont si infatués, quelque crainte qu’ils aient de Dieu, qu’on serait tenté de leur demander en les rencontrant, comme Jéhu à Jonadab : Ton cœur est-il aussi droit envers moi que le mien envers toi ? (2 Rois X. 15).
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Chap. XXXIX. v. 11. Or Nébucadnetsar, roi de Babylone, avait donné ordre et commission à Nébuzar Adan.... touchant Jérémie, en disant :... fais pour lui tout ce qu’il te dira.
De telles pensées viennent souvent aux princes dont Dieu fait prospérer les entreprises. Un sentiment secret leur dit à qui ils en sont redevables.
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Chap. XL. v. 4. ... S’il te plaît de venir avec moi à Babylone, viens et je prendrai soin de toi ; mais s’il ne te plaît pas.... demeure ; regarde, tout le pays est à ta disposition.....
Souvent les princes entendent comme une voix d’en Haut en faveur des serviteurs de Dieu, ils la comprennent assez pour la suivre, et leurs subordonnés s’empressent de s’y conformer. Dans ces cas, les serviteurs de Dieu ne feraient pas bien de témoigner une défiance hors de saison. – Il peut ainsi venir des temps où il s’établit comme une sorte d’entente entre eux et des hommes d’ailleurs tout-à-fait inconvertis, sans qu’on puisse les accuser de chercher à complaire aux hommes. Distinguons les temps et les personnes pour comprendre l’Écriture (Distingue tempora et concordabit scriptura).
– v. 6. Jérémie donc alla vers Guedalja fils d’Ahikam à Mitspa, et demeura avec lui parmi le peuple qui était demeuré au pays.
Que chacun se soumette aux autorités qui subsistent (Rom. XIII). Les ministres ne sont point appelés à peser les droits ou les prétentions des gouvernants. Leur roi légitime, le Seigneur Jésus-Christ, les en a dispensés par son exemple. On lui demandait de payer un impôt pour le temple. Que t’en semble, dit-il à Simon-Pierre, les rois de la terre, de qui prennent-ils des tributs ou des impôts ? Est-ce de leurs enfants ou des étrangers ?..... Mais afin que nous ne les scandalisions point, etc. (Mat. XVII. 27). Il savait qu’il était roi de ce peuple, et cependant il dit : Rendez à César ce qui appartient à César. – Je sais, dit Paul à Félix, qu’il y a déjà plusieurs années que tu es juge de cette nation. De quel droit ? C’est ce qu’il n’examine point. Pour être disciple, il faut savoir renoncer à des droits et à des privilèges. Soumettez-vous au joug du roi de Babylone, dit le prophète, et pour montrer qu’il ne s’agit point d’une obéissance forcée et déloyale, il ajoute : cherchez la paix de la ville dans laquelle je vous ai fait transporter, et priez l’Éternel pour elle ; parce qu’en sa paix vous aurez la paix (XXIX. 7). L’esprit guerroyeur et la bravoure de ce monde ne convient donc point aux serviteurs de l’Évangile.
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Chap. L. v. 23. Comment est mis en pièces et rompu le marteau de toute la terre ?...
Que ces paroles servent d’avertissement aux autorités grandes ou petites qui, dans leur aveuglement, confondent ces débonnaires sur lesquels Dieu veille avec les masses dont il leur est permis de disposer. Ils ignorent qu’il est plus facile à un monarque de venir à bout de la moitié de l’univers que d’arracher une cheville de l’humble tente que Dieu protège. Le grand Nébucadnetsar ne fut-il pas obligé de s’écrier : Il n’y a aucun autre Dieu qui puisse délivrer comme le Dieu de Sadrac, de Mésac et d’Abed-Négo ! Certes, le Dieu de toute chair est dans le même moment et au même degré, le Dieu de la pauvre femme malade qui l’invoque et le Dieu du puissant Salomon qui lui consacre un temple glorieux. Si les hommes politiques voulaient le croire et se persuader que, s’il leur laisse la terre, ils doivent lui laisser les âmes qu’il s’est réservées comme sa possession ! Mais s’ils ne peuvent se contenter de leur lot et si, comme l’homme riche dont parle Nathan, ils veulent encore lui ôter sa pauvre et unique brebis, on ne se hasarde point trop en leur prédisant un funeste sort. On prétend que l’empereur Rodolphe, ayant perdu une importante forteresse le jour même où il avait rendu un édit de persécution contre les Picards 11, s’écria : « Je m’y attendais bien, car j’ai porté la main au sceptre de Dieu. » Qu’il ait prononcé ou non ces paroles, elles expriment la vérité.
J’ai déjà remarqué qu’un vrai serviteur de Dieu n’abusera point de tels passages prophétiques pour traiter insolemment les autorités. Il se gardera de ces inspirations démagogiques et audacieuses qui ne proviennent point du Seigneur. Jérémie nous offre un parfait modèle. Avec quel respect et quelle humilité ne parle-t-il point à Sédécias, son adversaire, qui avait menacé sa vie et dont il avait pourtant montré qu’il savait, lorsque Dieu l’y appelait, affronter les menaces (XXXVII. 18. 20). Il ne croit pas s’abaisser en lui présentant sa requête. Non-seulement il est permis à un serviteur de Dieu de s’humilier ainsi et de tenir ce simple langage, comme David le fit deux fois vis-à-vis de Saül, mais il lui convient tout particulièrement de chercher à préserver ses maîtres terrestres de faire le mal, et lorsqu’il peut y réussir par de douces représentations, ne doit-il pas se réjouir d’avoir ainsi détourné la calamité de leurs têtes ?
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TROISIÈME PARTIE.
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RAPPORTS DES TÉMOINS DE JÉSUS AVEC LE CLERGÉ.
Chap. Ier. v. 18. Je t’ai établi comme une ville forte... contre les sacrificateurs.....
Il est facile de reconnaître que Jérémie eut une mission particulière à remplir envers les docteurs de son temps, qui étaient tombés dans une bien grande dégradation.
Le Seigneur Jésus dit à ses disciples, en parlant des faux docteurs : Laissez-les, ce sont des aveugles (Matth. XV. 14). Paul dit à Timothée : Retire-toi de ces sortes de gens. Et pourtant le Seigneur a dit ailleurs : Faites ce qu’ils vous disent.... (Matth. XXIII. 3), mais non pas ce qu’ils font. Quels sont donc les mauvais fruits auxquels on peut les reconnaître ?
On peut dire, d’une manière générale, qu’ils prennent en vain le nom de Dieu.
Ils haïssent la correction et pourtant ils prennent son alliance dans leur bouche (Ps. L).
Ils n’ont point conservé la foi avec une bonne conscience (1 Tim. I. 19).
Ils sont remplis d’envie contre les vrais serviteurs de Dieu.
Ils blasphèment contre la doctrine qui est selon la piété.
Ils estiment que la piété est un moyen de gagner des avantages terrestres, etc., etc.
On s’imagine quelquefois que les ministres qui ne servent pas Dieu de tout leur cœur ne peuvent être que des athées. Pour moi, je crois plutôt qu’ils s’imitent les uns les autres depuis que cette manière d’accomplir le ministère est devenue traditionnelle et ne soulève plus une grande contradiction. Les auditeurs s’y accommodent. Les enfants sont destinés par leurs parents au ministère comme à une charge honorable selon le monde. Au reste, ils ne se préparent point directement pour elle, mais pour des examens, pour des épreuves académiques. Il semble hors de doute que, pourvu qu’on réussisse à obtenir la charge, tout sera dit et qu’on trouvera toujours en soi les qualités nécessaires pour l’accomplir.
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Chap. II. v. 8..... Ceux qui ont pris en main la science et l’instruction 12ne m’ont point connu.
Il ne faut point s’en étonner. Le monde, dit St. Paul, n’a pu, par sa sagesse, connaître Dieu selon la sagesse de Dieu. Et sous ce rapport comme sous tant d’autres, l’esprit du monde a pénétré dans l’Église. On entend nos théologiens philosophes parler de la nécessité d’employer un langage scientifique et de n’apporter que des arguments que la raison puisse accepter. Ils oublient que la croix de Christ est anéantie par des discours conformes à la sagesse humaine (1 Cor. I. 17). Il faut avouer que les paroles du même apôtre : Vous n’êtes pas, quant à votre vocation, beaucoup de sages selon la chair, ne s’appliquent guère aux universités, où des milliers de jeunes gens cherchent leur vocation dans la science des hommes. Les louanges qu’on y tient pour valables sont de celles que le Seigneur tient pour néant. Paul avait étudié, mais il ne tenait d’aucun homme ce qu’il appelle la science et la sagesse entre les parfaits, savoir la connaissance de Jésus-Christ crucifié.
Mais, dira-t-on, que deviendra la science, que deviendra la philosophie ? (C’est une vieille attaque : Habebimus studiosos satis pios, sed satis indoctos 13). – Nous persistons à répondre avec St Paul : Non les paroles persuasives de la sagesse humaine, mais les témoignages d’esprit et de puissance. Les ministres fidèles amènent la science captive sous l’obéissance de Christ. Je n’ai point ici l’intention de faire la guerre à telle ou telle philosophie plutôt qu’à telle autre, comme on pourrait le supposer d’après les ardentes controverses actuellement pendantes ; mais je crois et je déclare, avec Saint Paul qui parle de la philosophie et de la sagesse humaine en général, que la philosophie n’a aucun droit sur la théologie, ni pour la combattre ni pour la soutenir. Formez et façonnez, si cela vous plaît, l’intelligence de vos élèves par la philosophie. Mais dites-leur bien que s’ils veulent aborder les choses divines, il faut qu’ils deviennent comme des enfants, qu’ils fassent table rase et qu’ils reçoivent des choses qu’ils ne pourront jamais faire concorder avec leurs formules. J’avoue qu’entre les vérités révélées, il en est que la raison peut accepter plus aisément que d’autres. Mais il est évident qu’aussi longtemps que les philosophes nous contesteront que Dieu ne soit lié par aucune nécessité et qu’il ait pu livrer son propre Fils pour nous tous, leur assistance pour le reste nous est parfaitement inutile sinon nuisible.
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Si le grand apôtre des Gentils avait cru pouvoir rendre par la science sa doctrine plus plausible, il lui eût été facile d’y avoir recours. Mais il y renonce complètement et se résigne à être traité de fou par les sages du siècle, en enseignant ce qui n’est une sagesse qu’aux yeux de ces parfaits que les savants appellent des idiots ou des visionnaires. Qu’y a-t-il de plus beau dans ses épîtres que cet endroit où il s’écrie : Ô profondeur, etc. (Rom. XI). Eh bien, n’est-ce pas ce que les savants appellent se tirer d’affaire par l’occulta qualitas ? Nos théologiens ne craignent-ils donc pas de suivre une autre marche que ce Paul de Tarse, que ce philosophus praestantissimus simul ac illuminatissimus ?
Chers frères ! disons bon soir à jamais à la philosophie et posons pour fondement de notre sagesse, – devant Dieu, cette confession de David : Je suis comme une brute en ta présence (Ps. LXXIII. 22), –
Et vis-à-vis des hommes, ce conseil de St Paul : Si quelqu’un d’entre vous pense être sage en ce monde, qu’il devienne fou pour devenir sage (1 Cor. III. 18).
Reconnaissons le plan de notre justification dans ces raisonnements de pêcheur et de charpentier : Ne fallait-il pas que le Christ souffrît, etc. (Luc XXIV). – Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle (Jean III) ; –
Et pour le principe de notre sanctification ces magnifiques paroles : Ce qui était impossible à la loi, parce qu’elle était faible en la chair, Dieu l’a fait en envoyant son propre Fils en forme de chair de péché et pour le péché, et il a condamné le péché dans la chair, etc. (Rom. VIII).
Et souffrons sans nous étonner et sans nous plaindre que, par une suite inévitable, la sagesse humaine nous couvre de dérision et d’opprobre, jusqu’à ce que le jour vienne où l’évidence même nous justifiera devant ceux qui auront rejeté notre travail comme mauvais et dédaigné notre espérance.
Voilà pour ce qui nous concerne ; mais que ferons-nous pour convertir le monde ?
Nous nous souviendrons que, d’après l’Écriture, la foi est nécessaire pour connaître. Mais comment croire avant de comprendre ! Aucun lien philosophique ne paraît entre ces paroles : le maître en a besoin et l’acte de détacher l’âne d’un inconnu. Toutefois le propriétaire de l’âne y trouve un motif plus que suffisant. La conversion est un miracle, – c’est-à-dire un fait patent et irrécusable, et qu’on ne saurait pourtant démontrer à ceux qui ne croient point.
Nous nous souviendrons ensuite que notre prédication ne s’adresse qu’aux enfants et aux pauvres. Son utilité dépend donc entièrement de Celui qui abaisse les superbes et qui engendre Lui-même ceux qui doivent la recevoir (Jean I. 13).
Nous avons cru devoir nous étendre sur ces choses, parce que c’est là qu’est la grande plaie, le πρωτον ψευδος 14 de notre temps.
Mais pour montrer par un exemple combien la philosophie peut être pernicieuse, nous ne citerons que le célèbre Boëtius, que toutes les communions estiment, qui mourut pour la vérité et qui est mis encore au rang des confesseurs. Je ne le condamnerai point à la légère et sans tenir compte de ce qu’on a pu dire pour sa défense. Boèce fut en si grand renom que les docteurs de l’Église qui vinrent après lui le suivirent comme un oracle. Il est intéressant de rechercher dans ses derniers écrits à quelle source il puisa sa consolation en face de la mort. Je ne m’arrêterai point à la prosopopée par laquelle il présente la FORTUNEcomme une déesse. Il a pu la mettre en scène, comme la SAGESSE, dans l’intérêt de la forme oratoire. Je n’insisterai pas sur la doctrine antichrétienne qu’il met dans la bouche de la sagesse : spem que fugato, ne dolor adsit 15, ni sur ces autres expressions relatives aux peines de l’autre vie : magna quidem exerceri PUTO 16 ; quoiqu’elles ne puissent être justifiées par aucune licence poétique, puisque le discours est en prose. – Mais ce que je ne puis pardonner à Boèce, c’est que dans ce livre De consolatione, qui ne contient aucune consolation en harmonie avec le Nouveau Testament, il ne fait pas la moindre mention de notre bien-aimé Rédempteur, qui est seul la Consolation véritable. Que dis-je, on pourrait croire, d’après cet entretien, que ni Boèce ni cette SAGESSEpar laquelle il se fait instruire n’ont jamais entendu dire qu’il y ait un JÉSUS. « Est-il possible, dit à ce sujet un savant nommé Glaréanus (Henri Lorit), que cet écrit soit de Boèce ? Un homme si pieux aurait-il pu, en face de la mort, oublier Jésus pour des fantaisies philosophiques ? – Les savants n’y auront point réfléchi. » Mais que répond l’abbé Gervaise (évêque in partibus mis à mort lui-même, il y a quelques années, par les sauvages des îles caraïbes) ? « Notre Boèce est l’auteur de cet écrit. On reconnaît son style. Les objections de Glaréanus ne sont que des enfantillages. Il ne mentionne pas le nom de Jésus ! mais qu’est-ce à dire ! À ce compte, il faudrait plutôt s’étonner de ce qu’un homme si pieux a pu écrire dans cette même prison un traité sur la Trinité dans lequel, au lieu de parler du Sauveur et de sa croix, il ne présente que des idées abstraites, métaphysiques, desséchantes, dans un style scholastique et presque barbare. Certes, le traité De consolatione est bien plus moral, plus pratique et plus émouvant que le livre sur la Trinité ; et l’on ne peut douter que sous le nom de la philosophie ou de la sagesse, il n’ait voulu mettre en scène la sagesse incréée. » Cette défense est plausible, à son point de vue. Mais n’ai-je pas droit d’en conclure que la croix de Christ, comme l’annonçait Paul, est anéantie par la philosophie ? – « Les Pères des premiers siècles, continue M. Gervaise, ne répétaient-ils pas sans cesse que le christianisme est la parfaite philosophie et que les chrétiens sont les vrais philosophes ? Comment donc s’étonner que Boèce, élevé dès l’enfance à l’école des philosophes...., ait exprimé ses dernières pensées dans un langage conforme à ses études favorites ? Si, par son incarnation, le Verbe de Dieu est devenu le lait des petits enfants, il présente, selon sa Divinité, une nourriture plus forte aux âmes les plus avancées. Boèce, étant de ces dernières, s’en est tenu à sa Divinité seule et s’est entretenu avec elle en la faisant paraître sous l’image de la philosophie,... etc. » Ce que St Paul appelle une séduction (Col. II. 8), M. Gervaise, avec approbation supérieure, l’appelle une image bien choisie de la Divinité de Christ. Ce qu’il considérait comme de l’ordure (Phil. III), il l’appelle christianisme plus épuré, plus spirituel. Seigneur Jésus ! quelle chute, quel renversement ! Je supplie au nom de Dieu, au nom des plaies de Jésus, tous les théologiens qui y croient encore, de méditer cet exemple et s’ils ont lieu de trembler pour eux-mêmes, s’ils s’aperçoivent qu’à la fin leur philosophie pourra les conduire (comme on en voit tant d’exemples) à préférer jusqu’à leur dernière heure les sujets les plus abstraits de méditation à la simple et vulgaire nourriture que Pierre et Paul trouvaient dans la contemplation de la croix, oh ! qu’alors ils tombent sur leur face et s’écrient : Seigneur Jésus, aie compassion de nous !
Mais retournons à Jérémie et voyons comment il caractérise les faux docteurs de son temps.
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Chap. VI. v. 13. ... Depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand, chacun s’adonne au gain déshonnête ; tant le prophète que le sacrificateur, tous enseignent à servir Dieu faussement 17.
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Je ne parle point de ceux qui sont tout-à-fait en dehors de l’église, ni de ceux qui exercent le ministère avec une entière négligence, sans se rendre compte de la doctrine de leurs sermons empruntés le plus souvent à des livres qu’ils ne se sont pas même donné la peine de comprendre. Mais, parmi les faux docteurs qu’on peut prendre au sérieux, –
Les uns disent : « Lisez assidûment la Bible, saisissez l’ensemble et les détails de la doctrine orthodoxe et retenez-en le patron sans varier, soyez à côté de cela de braves et honnêtes gens, c’est assez pour accomplir la loi de Christ. »
D’autres disent : Croyez fermement que le sang de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, nous purifie de tout péché ; car le juste pèche sept fois le jour et nous sommes tous remplis de péchés et privés de la gloire de Dieu 18.
D’autres disent : Repentez-vous et corrigez-vous de votre vie mauvaise, renoncez au péché et à la vanité, vivez dans la piété, le Dieu de toute grâce aura pitié de vous et vous donnera un héritage dans le ciel.
Quoique ce ne soit point ici le lieu d’exposer la vraie doctrine, il faut que nous en mettions un abrégé à côté de ce qui précède, pour faire sentir la différence. Le docteur instruit de Dieu dit aux âmes :
Reconnaissez en tremblant votre état naturel qui n’est que péché, que misère et que mort. Ne vous engagez point dans un travail inutile, car vous n’avez ni droits, ni puissance, vous n’êtes que les esclaves du diable. Mais si vous désirez un Rédempteur, le voici prêt à répondre à vos soupirs ! Il s’appelle Jésus, c’est le Fils unique et éternel de Dieu. Il s’est fait homme ; il a souffert la mort pour tous les pécheurs ; et son père lui donne tous ceux qui veulent être arrachés par Lui au pouvoir du Diable. Il vous fait grâce de tous vos péchés sans qu’il faille d’abord vous laver, vous parer vous-mêmes ; venez seulement, c’est Lui qui lave, qui revêt et qui nourrit. Croyez-vous en Lui ? vous recevez grâce. Avez-vous reçu grâce ? ah ! pécheriez-vous encore ? Sachez que vous avez désormais non pas le devoir seulement, mais le privilège de pouvoir le servir en nouveauté de vie et lui consacrer vos membres. Que faut-il encore ? Votre but est bon, mais prenez soin de le réaliser. Demandez-lui de moment en moment de venir en aide à votre faiblesse ; car jamais vous ne pourrez faire autant de bien que vous voudriez. Implorez journellement sa patience. Prenez garde que le Diable ne vous séduise et ne vous porte au mal sous l’apparence du bien. Qu’aucune de vos pensées ni de vos paroles ne s’écarte de l’Écriture ni de l’Esprit d’onction. N’entrez point en explications avec Satan, renvoyez-le à Jésus, et portez à Jésus, sans tarder, tous vos doutes, toutes les pensées qui vous paraissent suspectes. Avez-vous commis quelque méprise, quelque faute, quelque négligence, quelque péché, en actions, en paroles ou en pensées ? Vite au Sauveur ! Il vous fera grâce, il vous donnera d’en revenir. Tout va-t-il bien, faites-vous des progrès, êtes-vous forts, le Diable s’enfuit-il de vous ? Ne quittez point Jésus, mais répétez avec tous les Saints ce que vous chanterez encore dans le ciel :
Ma seule justice est Jésus,
Son sang est l’habit de salut, etc.
Telle est la doctrine qui est selon la piété.
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Chap. VI. v. 14. Ils pansent à la légère la froissure de la fille de mon peuple, en disant : paix, paix, et il n’y a point de paix.
Ils ne sont pas tous assez aveuglés pour nier la plaie du péché, la seule qui doive faire gémir. Mais ils l’amoindrissent autant qu’ils peuvent, en dépit de l’évidence.
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Chap. VIII. v. 3. Comment dites-vous : nous sommes les sages et la loi de l’Éternel est avec nous !..... La plume des Scribes est une plume de fausseté.... Ils ont rejeté la Parole de l’Éternel, et quelle sagesse auraient-ils ?
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Je puis dire que c’est avec impartialité que je rends témoignage contre la triste race des faux docteurs, car longtemps je n’ai pu me persuader que des hommes soi-disant évangéliques seraient assez déhontés pour prendre un texte de l’Écriture comme prétexte d’une doctrine contraire à celle qui s’y trouve, ou même pour rejeter ouvertement l’Écriture par des fins de non-recevoir semblables à ces quamvis Paulus, quamvis Petrus, hoc non obstante, qu’un protestant ne devrait s’attendre à trouver que dans les canons du concile de Trente. Mais, je dois le dire, Jérémie en trouverait même parmi nous, qui tantôt prennent des textes d’où ils tirent l’opposé de ce qu’un enfant même y voit avec évidence, ou qui, lorsqu’ils émettent des idées étranges et qu’on leur demande : Où trouvez-vous cela dans la Bible ? ne craignent pas de répondre. « Oh ! tout ce qui est vrai n’est pas dans la Bible ! » – ou même : Il y a bien des choses dans la Bible qui ne sont plus applicables.
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J’entrai un jour dans une église où je vis en chaire un prédicateur, qui probablement est déjà devant son juge. Cet homme, d’ailleurs habile, avait pris pour texte ces paroles : Tu ne tueras point. À le voir s’agiter, on pouvait aisément supposer qu’il avait reçu de quelque membre de son troupeau une offense personnelle. Passant légèrement sur l’explication directe du commandement, il se hâta d’en tirer un sens qu’il crut devoir appuyer sur ces paroles édifiantes :
Fama et vita pari passu ambulant 19,
Avec de tels développements qu’il n’y avait plus lieu de s’étonner de ce que dit le païen Cicéron à propos de l’officium neminem laedendi 20, quoique les Pères de l’Église lui en aient fait tant de reproches. Et si les bourgeois de cette ville sont tous devenus des ferrailleurs, ils n’ont fait qu’obéir aux puissants arguments par lesquels leur pasteur leur avait démontré qu’ils devaient être jaloux de leur honneur, et que celui qui attaquait leur honneur n’épargnerait point leur vie si elle était en sa puissance. – Je ne pus entendre la fin, mais il en avait trop dit pour pouvoir se redresser, et d’ailleurs il faut bien se dire que les auditeurs ne prennent pas garde à tous ces palliatifs par lesquels on cherche après coup à diminuer l’effet d’une doctrine fausse.
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Chap. X. v. 81. Les pasteurs sont abrutis et n’ont point recherché l’Éternel.
N’est-ce pas un véritable abrutissement que d’être le serviteur on ne sait de qui ; – et de parler et de pérorer sans savoir de quoi ? C’est pourtant l’ordinaire chez les faux docteurs. Il est vrai que dans notre siècle de raffinement il leur est facile de prendre une telle apparence, qu’à moins de posséder en quelque manière la sonde et la clef de Jérémie, on ne peut croire, en les voyant ou les entendant, qu’on ait devant soi un homme que le Seigneur appelle abruti.
– et parce qu’ils n’ont point eu d’intelligence....
Ils se croient pourtant intelligents, habiles et instruits. Mais si, comme nous l’avons vu, la philosophie et l’érudition ne servent souvent qu’à embrouiller des esprits droits, combien plus ceux dont le cœur est tout-à-fait aveugle !
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Chap. XII. v. 16. Il arrivera que s’ils apprennent bien les voies de mon peuple pour jurer en mon nom : l’Éternel est vivant, – ainsi, qu’ils ont enseigné à mon peuple à jurer par Bahal, ils seront édifiés parmi mon peuple.
Dernièrement je fus frappé de ces paroles placées dans le petit livre de textes de Herrnhut, au-dessous du v. 17 du Chap. XLIX d’Ésaïe (Ceux qui te détruisaient et qui te réduisaient en désert sortiront du milieu de toi).
Veuille plutôt les retenir,
À ton peuple les unir.
C’est la pensée de Jérémie : Il y a encore espérance pour eux. S’ils veulent retourner à l’école, à l’école de Dieu, ils pourront devenir véritablement ses ministres. Dans le court espace de trois jours Paul fut : un persécuteur, un pécheur repentant, un pécheur justifié, un témoin, un apôtre. C’est avec joie que je verrais ce bonheur devenir le partage de ceux que je ne puis maintenant autrement considérer que comme des ennemis de la croix de Christ.
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Chap. XIV. v. 14. .... Je ne les ai point envoyés, je ne leur ai point donné de charge.....
Aujourd’hui cela n’entre point en ligne de compte ; et je ne sais si dans tant de circonstances, où ces ministres s’autorisent devant le troupeau de leur titre et de leur vocation, il leur vient jamais à la pensée de se demander s’ils ont été réellement envoyés de Dieu. C’est que l’exemple des fils de Seéva (Actes XIX. 14. 16.) ne se renouvelle plus, et le Diable n’a sans doute nulle envie de troubler la sécurité des faux docteurs par de telles scènes d’effroi.
– v. 15. C’est pourquoi, ainsi a dit l’Éternel, ces prophètes-là seront consumés par l’épée et par la famine.
Ces paroles furent confirmées bientôt après par plusieurs exemples. Tout en usant de la circonspection et de la modestie que recommande dans son histoire de l’Église le D. Weismann, dont je voudrais voir l’excellent ouvrage entre les mains de tous les pasteurs 21, il est bon de prendre garde à la manière dont le Seigneur fait justice, même dès ici-bas, de ceux qui blasphèment son nom : d’autant plus que ces terribles jugements sont souvent le dernier remède qui peut les sauver. On raconte qu’un pasteur d’un village de Saxe, pressentant un pareil jugement, s’humilia devant Dieu, qu’il s’excommunia lui-même en présence de son église, en un jour de jeûne, et tomba mort en prononçant ces paroles liturgiques :
Le poids de mes péchés est extrême,
Je m’en repens de cœur,
Veuille me les quitter et m’en délivrer
Par la vertu de ta mort. (En 1730.)
Plus heureux que des milliers d’autres, que leurs collègues décorent dans les discours funèbres du titre de pasteurs fidèles, et qu’un jugement encore caché mais souverainement juste flétrit du titre de loups, de chiens muets ou de mercenaires.
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Chap. XVIII. v. 18. Venez et faisons des machinations contre Jérémie, car la loi ne se perdra pas chez le sacrificateur, ni le conseil chez le sage, ni la parole chez le prophète.....
S’il est question du Pape de Rome et de son infaillibilité, on sait quelle est la réponse dans nos chaires protestantes. Un professeur de Leyde a-t-il à prononcer un Judicium de doctrina Meisneri, Hülsemanni, Musaei cujusdam, le decisum ne se fait point attendre : « Il a erré en ceci ou en cela. » Parle-t-on d’un prophète Drabik ou d’une prophétesse Poniatovia, un théologien luthérien ne manquera de dire : Ces prophètes ont erré. Mais qu’un paroissien essaie de dire à son pasteur qu’il a erré, à son consistoire qu’il a pris un arrêté injuste, etc., ne répondra-t-on pas avec emphase : « La loi ne se perdra pas chez le sacrificateur ? etc. » Je m’en rapporte à l’expérience qu’on fait journellement dans toutes les communions.
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Chap. XXIII. v. 2. Malheur aux pasteurs qui détruisent et dissipent le troupeau de mon pâturage, dit l’Éternel.
Telle est l’entrée d’un chapitre entièrement consacré à la censure des ministres infidèles qui troublent le peuple de Dieu.
– v. 2. Vous avez dispersé mes brebis ; – en occasionnant des sectes et des désordres ; vous les avez chassées ; – vous n’avez pas repoussé de la Cène ceux qui devaient l’être ; mais vous avez repoussé de votre compagnie et privé de la communion fraternelle les personnes de peu d’apparence, pour ne point « perdre votre temps » en visites, pour étudier tout à votre aise sans prendre sur le repos de vos nuits ; – vous ne les avez point visitées...
Si la parole de Dieu était encore en quelque honneur, n’y aurait-il pas à tirer de ce texte des applications à faire dresser les cheveux d’effroi ? Les pasteurs doivent faire sortir le troupeau, le mener aux pâturages, chercher les brebis qui s’égarent ou s’écartent, les ramener, et que d’autres choses encore auxquelles on ne songe plus à l’heure qu’il est !
– v. 11. Tant le prophète que le sacrificateur se contrefont.
Ils sont habiles à trouver des échappatoires, et fort habile est celui qui ne se crée pas à lui-même des embarras en voulant les dénoncer.
– v. 13. 14. J’avais bien vu des choses mal convenables dans les prophètes de Samarie. Ils prophétisaient par Bahal et faisaient fourvoyer mon peuple d’Israël. – Mais j’ai vu des choses énormes dans les prophètes de Jérusalem ; car ils commettent des adultères ; ils marchent dans la fausseté ; ils ont fortifié les mains des méchants, tellement que pas un ne s’est détourné de sa malice. Ils me sont comme Sodome et Gomorrhe.
Les premiers sont les hétérodoxes et les seconds les orthodoxes, que Jérémie décrit avec tant de précision comme administrant la vraie doctrine de telle manière que les méchants sont fortifiés dans leur méchanceté ou que tout au moins personne ne se convertit. De tels hommes sont aux yeux de Dieu comme Sodome et Gomorrhe !
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– v. 15. Ils prononcent la vision de leur cœur...
Ce n’est point un mensonge ordinaire, c’est un mensonge qu’on se persuade à soi-même.......... C’est ainsi qu’un pasteur bien reçu à la table d’un homme riche lui souhaite réellement longue vie, bonne santé et prospérité. Ce qu’il souhaite, il le prophétise. C’est naturel. Mais qu’il est misérable celui qui en est là !
– v. 17. Ils ne cessent de dire à ceux qui me méprisent : l’Éternel a dit : vous aurez la paix.....
Ce qu’il y a de plus insupportable dans ces flagorneries pastorales, c’est qu’elles aiment à se revêtir d’un langage biblique ; c’est qu’on dérobe à leur vraie application les promesses les plus nourrissantes et les plus onctueuses, c’est qu’on en prive ceux qui soupirent après elles, pour les prodiguer à ceux qui ne s’en soucient point et dans des circonstances où, d’après le contexte, il faudrait prophétiser tout le contraire.....
– Il ne vous arrivera point de mal.......
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« Ce n’était point une comète, disent les uns, cc n’était que tel ou tel phénomène insignifiant. » – « Ce tremblement de terre peut s’expliquer par telle ou telle cause naturelle. » – « Le fléau pour lequel on ordonna des prières publiques provenait, on l’a reconnu depuis, de telle et telle circonstance ; on a pris des mesures pour l’avenir, etc. » – « Nous avons eu un affreux incendie ; mais il est à regretter qu’on n’ait pu, dès l’abord, sacrifier telle ou telle maison ; il faudra faire un arrêté ad hoc. Au reste, on bâtit maintenant à l’épreuve du feu, etc. » – « Le déluge a tout détruit parce que les eaux se sont élevées de quinze coudées par-dessus les plus grandes hauteurs ; mais nous bâtirons une tour qui dépassera de trente coudées les cimes des plus hautes montagnes,..... etc. » – C’est ainsi que l’homme cherche à se cacher les voies de son Créateur, et à se mettre en défense contre lui. Les ecclésiastiques infidèles sont la cheville ouvrière de ce vain travail, surtout lorsqu’ils se piquent de pénétration et de science.
– v. 21. Je ne les ai point envoyés et ils ont couru ; je ne leur ai point parlé et ils ont prophétisé.
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« Encore s’ils savaient ce qui doit être dit aux gens, il serait moins étrange qu’ils courussent, quoique je ne les aie point envoyés. Mais ils ne m’ont point écouté. Ils ne savent point ce que je veux, et pourtant ils courent et ils enseignent. »
– v. 22 22 . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ces paroles répondent à la direction donnée par Jésus lui-même à ses disciples : Faites ce qu’ils vous disent et non pas ce qu’ils font. Je puis assurer que lors même qu’un pasteur serait le plus grand scélérat et le plus grand ennemi de Dieu dans sa conduite, si, du haut de la chaire, il expose, développe et presse les enseignements de Dieu tels qu’ils sont, tels qu’il ne peut s’empêcher de les voir dans la Parole, ou tels qu’ils lui ont été insinués par une éducation chrétienne ou par de bonnes lectures (je ne parle pas de certaines méprises inévitables dans un pareil état d’âme), s’il ne combat pas ex professo la vérité et ne renverse point aujourd’hui ce qu’il enseigna il y a huit jours en conformité avec la saine doctrine, je puis assurer devant Dieu que je me garderai bien de blâmer sa prédication. Car le ministère, tel qu’il existe dans les communions diverses dont Dieu tolère l’existence, renferme, il est vrai, de la part du Diable et du monde un mystère d’iniquité, de la part de Dieu un mystère de colère, – mais, par contre, un tel mystère de sagesse, de miséricorde et de patience, que je regarderais comme un blasphème de condamner, quant à ses fonctions, un ministre qui enseigne d’une manière exacte et orthodoxe. Tel a toujours été mon sentiment ; et si je parais à quelques-uns trop timide, qu’ils me supportent, car mon point de vue est au moins sincère. Je crois mon principe applicable même pour un ministre athée qui tiendrait la doctrine orthodoxe pour la plus conforme aux Écritures, pour la mieux liée, pour la plus conséquente. Car ce ne seront point de tels philosophes qui nieront les conséquences pratiques que nous tirons de nos prémisses. Or ce sont précisément ces conséquences, appliquées simplement aux consciences, qui opèrent les conversions.
Je veux que pendant toute la semaine il ne s’occupe d’autre chose que de spéculations, de littérature, d’affaires temporelles ou de divertissements ; – si, dans la chaire, il parle avec respect et convenance des choses divines, s’il parle clairement, bibliquement, quoique sans ce cachet particulier qu’imprime l’expérience (à peu près comme un chrétien pourrait exposer d’après le sens littéral la doctrine de l’Alcoran ou du Talmud) ; – sa prédication pourra servir à amener à Christ les âmes dans lesquelles Dieu s’est préparé une entrée ; et s’il est tolérant, équitable, s’il consent à supporter ou même à encourager les effets de ses propres paroles (loyauté et tolérance malheureusement fort rares), il pourra se former, sous son influence, une église de Jésus qui, à son tour, à force de soupirs et de prières devant le trône de la grâce, l’amènera lui-même à Jésus et le recevra dans les tabernacles éternels. J’ai vu moi-même un cas semblable, et je voudrais bien que la question de theologia irregenitorum 23 fût traitée avec plus de modération, ne serait-ce que pour adoucir de tels hommes et pour empêcher qu’ils n’entrent en charge avec le dessein arrêté d’étouffer tout réveil, parce qu’ils se disent : « Ces gens-là rejetteraient bientôt mon ministère et me condamneraient comme un théologien irrégénéré. » Je vous le demande à vous-mêmes, theologi irregeniti qui lirez ces lignes, qui sentez bien que vous n’êtes point régénérés, ou qui, cherchant à vous persuader que vous l’êtes, avez pourtant un cœur plein d’aigreur contre ceux qui suivent la voie de l’Évangile, ne sont-ce pas là vos secrets motifs ? Vous pouvez le nier maintenant, mais ne devrez-vous pas confesser un jour devant le trône de Christ que c’est là ce qui cause votre irritation ? Vous ne voulez point être méprisés, condamnés par vos auditeurs, et vous ne croyez pas possible que, dans l’état actuel des choses, la recherche de la régénération puisse ne pas entraîner le mépris et la condamnation du pasteur inconverti..... – Que le Seigneur Jésus découvre à ses enfants ce mystère. L’erreur, sous ce rapport, coûte, non pas au Seigneur, mais à l’Église visible, des milliers d’âmes. Car le Seigneur ne se laisse, il est vrai, arracher aucune âme ; il connaît mille moyens de rendre sa parole efficace, même dans le secret et sous la plus grande oppression, mais les effets n’en sont point visibles, et l’on ne saurait compter les diocèses et les paroisses où de tels nuages demeurent sur tous les chapitres de la Bible qui parlent de la communion des frères, de leur amour, de leur confession publique, etc., qu’il semblerait qu’ils n’ont jamais été écrits, – ou que le temps de leur accomplissement est passé. Cette dernière illusion se produit même avec audace, quoiqu’elle soit bien l’une des plus étranges et des moins fondées. Croyez-moi, bien-aimés frères : Jésus sait mieux que personne ce qui convient à sa cause : nul n’est plus sage, plus prudent, plus véritable que Jésus. Apprenez d’abord ce qu’il veut jusqu’à ce que vous compreniez pourquoi il le veut. Que vos paroles et vos actes soient entièrement bibliques ; soyez bibliques dans vos cœurs et dans vos pensées, et il y aura bientôt du progrès dans la cause de Jésus.
– v. 25..... Les prophètes ont dit :.... J’ai eu un songe, j’ai eu un songe.
Le style a changé. Car les Juifs demandaient des miracles, tandis qu’aujourd’hui on estime la science. On ne dit plus : j’ai eu un songe, mais : j’ai fait des recherches, j’ai découvert ceci ou cela ; telle est ma pensée – mon opinion.
– v. 27....... qui pensent comment ils feront oublier mon nom à mon peuple par les songes qu’ils récitent..... comme leurs pères ont oublié mon nom pour Bahal.
Il y en a qui mêlent tout ensemble, la saine doctrine et leurs opinions. D’autres plus habiles s’aperçoivent des inconvénients de cet alliage, ils laissent bientôt entièrement la Parole et s’en tiennent à leurs propres pensées. Mais nous venons de voir qu’il y a avantage pour le prédicateur de prêcher la pure Parole, lors même qu’elle ne serait pas encore dans son cœur.
– v. 34. suiv.
Un des traits les plus caractéristiques des faux docteurs, c’est qu’ils représentent le conseil de Dieu comme une charge. Aujourd’hui toutefois on le représente plus volontiers comme une impossibilité ; mais cela revient au même. Quiconque contredit d’une manière quelconque ces paroles de St Jean : Ses commandements ne sont point pénibles, est un faux docteur auquel s’adressent ces terribles paroles : Parce que vous avez dit la CHARGEde l’Éternel..... je mettrai sur vous.... une confusion qui ne sera point mise en oubli.
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Chap. XXVI. v. 8....... Aussitôt que Jérémie eut achevé de prononcer, etc. – Il faut bien qu’ils nous permettent, lorsque Dieu le veut, d’achever de prononcer ce que Dieu nous a commandé.
– v. 11. Les sacrificateurs et les prophètes parlèrent aux principaux et au peuple, en disant : Cet homme mérite d’être condamné à mort, car il a prophétisé contre cette ville.....
Aujourd’hui qu’il y a moins de crainte, parce qu’il y a moins de foi, on se contenterait de le traiter de fou ou de le mettre en prison. Mais quelle logique ! Il a parlé contre cette ville, donc il est digne de mort. Mais est-il plus rigoureux de conclure : il parle contre nous, donc c’est un insensé, un novateur, un fanatique ?
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Chap. XXVII. v. 18..... S’ils sont prophètes.... qu’ils intercèdent maintenant envers l’Éternel.....
Un faux docteur ne saurait être capable d’intercéder ainsi, il fuit plutôt le Seigneur. Un hérétique qui prie en secret n’est certes pas loin du royaume des cieux.
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Chap. XXIX. v. 24-32. Parle aussi à Sémaja, Néhélamite, etc. ........ parce qu’il a parlé de révolte contre l’Éternel.
J’ajouterai peu de chose à ces graves paroles, sur lesquelles je voudrais persuader à ceux qui poursuivent les enfants de Dieu de s’arrêter sérieusement. Peu importe qu’ils ne les tiennent pas pour tels. N’est-il pas évident que la main de Dieu se prépare à s’appesantir sur de tels persécuteurs ! Amis ! si vous saviez où vous allez avec vos dénonciations, etc., vous en seriez plus avares. Les librairies ne fourmilleraient pas de vos pamphlets ; les consistoires et les facultés de théologie auraient moins à faire, et votre pauvre cœur serait plus léger à la fin de vos jours. De tels péchés sont de ceux dont on n’obtient guère le pardon en ce monde, car la crainte du déshonneur empêche de les reconnaître, et on les emporte avec soi dans l’éternité.
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Je ne crois pas devoir m’arrêter plus longtemps sur ce qui concerne les faux docteurs. J’abandonne avec joie ce triste sujet. En voilà assez pour leur faire quelque bien, si le Seigneur le permet. Je les ai traités un peu rudement. Mais j’étais lié par mon texte, que je ne pouvais songer à appliquer à d’autres qu’au clergé de l’Église chrétienne.
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QUATRIÈME PARTIE.
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LES TÉMOINS ENVOYÉS AUX CHRÉTIENS DE NOM.
Chap. II. v. 2. .... Il me souvient pour l’amour de toi de la compassion que j’ai eue pour toi en ta jeunesse et de l’amour de tes épousailles, quand tu venais après moi dans le désert, en un pays qu’on ne sème point.
Parole étonnante, et nous serions presque tentés de dire paradoxale ! – mais d’autant plus admirable et bien propre à nous convaincre qu’une Sion dégradée est bien loin encore d’être pour le Seigneur une Babel ! Qu’on se souvienne de quelle épouse il est ici parlé ; qu’on songe à ses conducteurs Moïse et Aaron ; aux verges nombreuses rompues sur elle. Qu’on se rappelle les plaies diverses qui, après quarante ans, ne laissèrent que deux survivants pour entrer en Canaan ; – n’aura-t-on pas lieu d’être surpris de ces paroles : Je me souviens de l’amour de tes épousailles, qui ne font au reste que nous rappeler celles de Moïse dans le Deutéronome (XXXIII. 29) : Oh ! que tu es heureux, et qui est le peuple semblable à toi, ô Israël, etc. Mais il faut remarquer ces mots : Tu venais après moi.... Que de peines, que de douleurs le Sauveur n’eut-il pas avec ses disciples ? Mais ils le suivaient. Qu’est-ce donc qui constitue une Église 24 ? C’est que les gens suivent tant bien que mal la volonté que Dieu y a manifestée : c’est qu’ils n’ont pas rompu les liens ; c’est qu’on peut encore les dompter jusqu’à un certain point en présentant à leur conscience et à leur cœur ce qu’il y a de plus sérieux dans la vérité de Dieu ; c’est qu’ils ne disent point aux voyants : « Va-t’en prophétiser dans un autre pays ! » – mais plutôt : « Nous avons péché, prie le Seigneur pour nous. » La plaie particulière des Églises de nos jours n’est donc pas que les gens sont morts, inconvertis, désobéissants, etc. (car ils l’étaient aussi autrefois) ; – mais c’est qu’il n’y a plus de respect, plus de crainte, plus d’attention, plus de sérieux ; c’est que les hommes traitent les choses divines comme des bagatelles ou comme des choses ridicules, et qu’ils ressemblent plus aux chevaux et aux mulets du Psaume XXXII qu’à l’aimable épouse dont parle Jérémie. Aussi est-ce un vrai scandale que l’on permette surtout aux grands, lors même qu’ils ne sont que des moqueurs manifestes, de s’associer dans des vues politiques à des actes religieux dont ils ne craignent pas de dire, dès qu’ils ne sont plus dans le forum, qu’ils n’en font aucun cas. Il n’y a pas d’excuse à donner, car le fait est patent : Ils ne croient pas, ils se rient des mystères, ils ravagent comme des sangliers la vigne du Seigneur. Il faudrait se servir des armes de Dieu pour réprimer de telles gens. Alors ils ne seraient point reçus dans l’Église et on ne les verrait pas, comme aujourd’hui, se rendre les maîtres des serviteurs de Dieu.
Mais, dans l’application aux masses, il est bon de leur rappeler qu’elles étaient autrefois (dans les premiers temps du christianisme et de la réformation) une épouse qui marchait après le Seigneur. Il est bon de leur rappeler que naguère encore, du temps d’un Jean Arndt, d’un Jean Gerhardt, d’un Selnecker, d’un Martin Geyer, d’un Scrive, d’un Spener, d’un Schade, les auditeurs avaient non-seulement un autre extérieur, mais un tout autre esprit, et que la folie de la croix triomphait aisément de la vieille philosophie d’Aristote et même de celle de Descartes, tandis qu’aujourd’hui la philosophie soi-disant épurée menace de l’anéantir par son principe des arguments suffisants et de faire disparaître en peu d’années jusqu’aux dernières traces du christianisme. Efforcez-vous de ramener les auditeurs dans les justes limites ; qu’ils apprennent encore à marcher après Dieu, qu’ils retrouvent l’intelligence des vieux cantiques : Wer Gott vertraut, etc. ; – Es spricht der Unweisen Mund, etc. ; Herr Christ der ein’ge Gottes Sohn, etc. ; – Valet will ich dir grben, etc. ; – Beficht du deine Wege, etc. ; – et de tant d’autres que nos prédécesseurs nous ont légués en témoignage de leur intelligence des choses de Dieu et de leur participation à l’Évangile. Mais je dois ajouter que si les pasteurs pieux eux-mêmes sont à moitié prévenus contre une partie de leurs actes religieux, ils ne sauraient faire respecter ni inspirer au peuple les sentiments qui doivent relever la religion. J’ai souvent exprimé de bouche et je dois répéter que c’est une inconséquence et presque une maladie mentale que d’aimer Jésus, de poursuivre les âmes, de demeurer dans une Église et d’en accomplir les actes sans avoir une certitude intérieure de la convenance de tout ce qu’on accomplit ni même de tout ce que l’on prêche. O Deus, in quae tempora nos servasti 25 ! Mais cc sujet trouvera mieux sa place dans ce que nous aurons à dire de l’Église proprement dite du Seigneur.
– v. 3. ... Israël était une chose sainte à l’Éternel, c’était les prémices de son revenu : tous ceux qui le dévoraient étaient trouvés coupables.....
Représentez fortement aux âmes combien notre Seigneur est fidèle ; comme il protège les siens, comme il maintient le culte là où l’on sait ce qu’on adore, quelle part privilégiée ceux qui se tournent vers le Seigneur comme des prémices ont à son amour ; ce que c’est que de lui appartenir en propre, d’être son triomphe, sa gloire devant le monde !.... Qu’on y réfléchisse !..... je crains de multiplier les paroles. Sélah !
– v. 5. Ainsi a dit l’Éternel : quelle injustice ont trouvée vos pères en moi, qu’ils se soient éloignés de moi, qu’ils aient marché après la vanité et qu’ils soient devenus vains ?
Il est vrai qu’on peut dire que ce ne sont point les masses, mais les grands dignitaires civils et religieux qui ont de tout temps commencé la défection. Mais ce n’est point une excuse, car chacun devra porter son propre fardeau. Si du temps d’Achab qui faisait mourir les prophètes, un petit résidu a pu se maintenir, combien plus de nos jours où on ne pousse plus les choses aux mêmes extrémités ! On emploie toutes sortes d’insinuations et de voies indirectes pour porter les fidèles à renier le Seigneur, mais ils ne risquent point leur vie pour résister. Ne cherchons pas à amoindrir la culpabilité des âges précédents pour alléger d’autant celle du nôtre. Faites plutôt comprendre aux âmes les causes impures des antiques apostasies. Préparez-les ainsi à mieux comprendre les circonstances actuelles. Car nul ne peut dire que notre cher Sauveur ait le premier troublé l’eau, ni le convaincre d’aucune injustice. Mais, il faut bien le reconnaître, ce qui détourne les gens du Sauveur, c’est pour l’un son industrie, pour l’autre ses études, pour un troisième ses passions impures, ou son ambition, ou la faiblesse pour sa femme, ou l’amour du monde, ou l’apathie, ou une inimitié secrète contre Celui qui nous a rachetés. C’est ce qui empêche les uns de se convertir et les autres de devenir entiers dans le service de Dieu. Un vaste champ s’ouvre ici au prédicateur.
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v. 7. Je vous ai fait entrer dans un pays de Carmel........ mais sitôt que vous y êtes entrés, vous avez souillé mon pays et rendu abominable mon héritage.
Grand sujet de méditation. Outre l’abus des grâces temporelles de Dieu, qui devraient être sanctifiées par la Parole et par la prière, c’est une indigne ingratitude que de profaner une doctrine sainte et pure, que de fermer son cœur à ses effets, que de la rendre méprisable à ceux du dehors ; – c’est vraiment souiller le temple de Dieu par les œuvres de Bélial, et ce n’est pas moins abominable qu’il ne l’aurait été sous l’économie mosaïque d’offrir une tête de chien sur l’autel de l’Éternel.
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v. 9. Pour cette cause encore, dit l’Éternel, je plaiderai avec vous, je plaiderai avec les enfants de vos enfants.
....... Sur quoi fonder l’espoir de temps meilleurs ? Certes il y a de la sottise et de l’hypocrisie à représenter la jeunesse telle qu’on la rencontre aux universités, dans les écoles, dans les rues, dans les églises, comme un sujet d’espérance. De l’hypocrisie, car c’est parler contre l’évidence. De la sottise, car on s’expose ainsi aux moqueries des jeunes gens eux-mêmes. La jeunesse est telle à présent, et sous de telles influences, qu’il ne faut pas de profondes réflexions pour voir que ce qu’il y a de plus vrai, c’est de la désigner comme un gage pour le Diable, qui lui donne l’assurance qu’il gouvernera à l’avenir encore plus aisément que par le passé. Quiconque est capable d’embrasser dans ses pensées trois époques : la jeunesse de ses enfants, sa propre jeunesse et ce que nos pères nous ont raconté de la leur, peut calculer, degré après degré, les progrès du mal. Une chose particulière à notre temps, c’est que même des parents sérieux ont emprunté à la philosophie certaines idées, comme par exemple : qu’il faut nécessairement que les choses se fassent volontairement, librement ; – qu’il n’est pas bon d’enfermer une bête sauvage que tôt ou tard il faudra mettre en liberté, etc. ; et il en résulte que l’éducation de leurs enfants est misérable.
– Je plaiderai avec vous.....
Il faut que je vous en supplie encore, chers frères ! Expliquez donc au peuple la bonté, la condescendance, l’inexprimable patience de Dieu. Qui plaidera avec nous ! le maître peut plaider avec ses élèves indisciplinés, le chef d’atelier avec des ouvriers paresseux, les gouvernants avec leurs sujets rebelles, etc., cela se comprend. Mais le Dieu Éternel, infini, avec ses intraitables créatures ! – Pourquoi donc ne détruit-il pas son ouvrage ? Je ne sais. Il plaide avec elles. Quelle profondeur ! Il faut pourtant remarquer qu’il ne le fait qu’envers ceux dont il s’est chargé d’une manière particulière, envers son peuple. C’est ce que nous appelons, dans le vrai sens, une Église, une communion religieuse 26.
– v. 10. Passez par les îles.... et regardez s’il y a eu rien de tel.......
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Il est très-utile de faire de telles comparaisons ; en particulier des membres d’une communion religieuse avec ceux d’une autre qui professe une doctrine moins pure. La comparaison tirée de l’obéissance des bœufs et des ânes (Ésaïe I), nous montre la légitimité de celles-ci. Toutefois les choses se sont passablement égalisées à l’heure qu’il est ; les différences de formes persistent, mais, en pratique, ils ont tous si bien profité des exemples les uns des autres, qu’ils s’accordent généralement à oublier Dieu.
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Je souhaiterais pourtant aux Luthériens quelque chose du sérieux avec lequel les réformés cherchent la solidité de la doctrine, ainsi que de l’humilité des catholiques et du respect qu’ils témoignent pour tout ce qu’ils regardent comme une manifestation du Dieu vivant ; – aux réformés quelque chose de la cordialité avec laquelle les Luthériens désirent le salut de toutes les âmes ; – aux catholiques quelque chose de l’éloignement des Mennonites et d’une partie des Arminiens pour tout esprit de persécution. Chacune de ces communions aurait ainsi profité de l’exemple de ceux du dehors. Le Sauveur aimait à citer aux Juifs l’exemple des Samaritains.
– v. 11. Y a-t-il une nation qui ait changé de Dieux, lesquels toutefois ne sont point Dieux ? Mais mori peuple a changé sa gloire en ce qui ne profite de rien.
II faut bien avouer qu’en cela les nations païennes sont au-dessus de nous. La chose est passée de l’église juive à l’église chrétienne. Mais il n’est pas difficile de comprendre le pourquoi. Le Dieu de ce monde n’a aucun intérêt à ce que les Païens changent de Dieux ; ils pourraient rencontrer le véritable. Mais il a quelque intérêt à ce que la vraie Église soit agitée et criblée comme le grain : il en tombe toujours quelques-uns qui perdent la foi. On pourrait donc retourner la thèse de M. Bossuet et lui prouver, par l’histoire, que c’est toujours au siège même de la vérité qu’il y a le plus de variations.
– v. 13. Mon peuple a fait deux maux : ils m’ont abandonné, moi qui suis la source des eaux vives pour se creuser des citernes, des citernes crevassées qui ne peuvent point contenir d’eau.
Son peuple..... ceux à qui il a confié le vrai culte..... – ceux-là ne peuvent agir ainsi que par endurcissement. Car ils ont la source ; ils peuvent y puiser sans peine de l’eau vive autant qu’ils veulent ; mais plutôt que de faire ce qui est pour eux un devoir si évident, ils imaginent des moyens nouveaux, pénibles, insuffisants, trompeurs, des moyens condamnés par l’expérience de tous les jours. De là viennent les œuvres de surérogation, les cérémonies, les vœux, les commandements de l’Église, etc., ordonnances et statuts humains qui n’ont aucune promesse ni pour cette vie ni pour l’autre. Ce péché est double : 1o On n’a point égard au Seigneur. 2o On consent à tout supporter, pourvu qu’on puisse ne point aller à Lui.
– v. 14. Israël est-il un esclave ou un serf ? Pourquoi donc a-t-il été mis au pillage ?.....
En sorte qu’il est à la merci de tous ceux qui le souhaitent, et que son Père seul doit s’en passer ! Noble sujet de méditation qui occupait beaucoup le bienheureux Jean Arndt et dont le D. Fr. Richter de Halle faisait son élément. Il écrivit un livre sur la noblesse de l’âme. Je ne l’ai point lu, mais ses cantiques : Es glänzet der Christen inwendiges Leben, etc., – O wie selig sind die Seden, etc., – montrent assez combien la chose lui était importante. Elle est grande en effet, même après qu’on en a séparé les idées plus ou moins mystiques ou théosophiques. N’est-ce pas assez déjà que nous soyons : son ouvrage, créés en Jésus-Christ pour les bonnes œuvres ? C’est une honte que nous soyons tombés si bas, et que nous ayons perdu notre gloire. On prétend que le bienheureux Spener eut l’idée d’en porter le deuil toute sa vie ; ce n’était point une pensée extravagante.
– v. 14. 16. 17. .... Pourquoi a-t-il été mis au pillage ?..... Les lionceaux ont jeté leur cri sur lui.... Même les enfants de Noph..... te casseront le sommet de la tête. Ne t’es-tu pas fait cela parce que tu as abandonné l’Éternel ton Dieu, dans le temps qu’il te menait par le chemin ?
Dites à un pauvre esclave récemment emmené de Guinée combien il serait heureux auprès de son père et de sa mère, à quoi cela lui servira-t-il, si ce n’est à se désespérer d’autant plus ? Car il n’y a point de remède : c’est à la patience qu’il faut l’exhorter. C’est ainsi que les anciens philosophes n’avaient rien de mieux à faire que d’exhorter les hommes à la patience. Ce fut vraiment pour eux la plus haute sagesse. Mais avec des chrétiens, avec des hommes pour qui Christ est mort, il faut tenir un autre langage. Le remède est là tout prêt pour quiconque vent le saisir. Mais pourquoi abandonnent-ils l’Éternel, lorsqu’il veut les conduire ainsi doucement par le chemin ? Pourquoi n’écoutent-ils point ses discours ?.,.. La méthode ne leur convient pas ; – ils ne sentent point la nécessité du remède.... Les longs sermons n’y feront rien : mais il faudrait tâcher d’obtenir des auditeurs la promesse que lorsqu’ils auront été touchés, saisis, ils n’interrompront point une salutaire méditation pour se mettre à table, pour aller en société ou au cabaret ! On aurait gagné un grand point. Le Diable ne viendrait pas aussitôt, comme les oiseaux du ciel, ravir la Parole semée dans leur cœur.
– v. 18. Et maintenant qu’as-tu à faire, etc.
Question qu’il importerait de s’adresser bien souvent : Cui bono ? Est-ce la peine ? etc. Quid tum ? disait souvent le bienheureux Martin Geyer. Si les hommes qui se piquent si bien de philosopher voulaient devenir philosophes dans cette matière et se rendre compte du but et du résultat qu’ils poursuivent..... Mais le Diable n’a rien à gagner à cette philosophie-là, il ne cherche donc point à la propager.
– v. 19. Ta malice te châtiera.....
Les châtiments ont-ils quelque efficace ?..... les hommes deviennent à cet égard toujours plus insensibles. En général on peut dire que les plaies nationales ou particulières servaient mieux pour le relèvement du Judaïsme qu’elles ne servent à faire triompher la croix dans les cœurs. C’est qu’alors il s’agissait de démolir des hauts-lieux, de brûler des idoles, de profaner des autels, de rétablir les sacrifices, etc. ; – ici c’est le dedans qui doit prendre un nouvel aspect. Un regard de Jésus sur nous, ou de nous dans son cœur est ici plus efficace que deux pestes, que trois famines et que quatre invasions. Il règne, il est vrai, une solennelle attention dans les services de prières ordonnés en temps de famine ou de guerre ; mais cette attention se rapporte aux demandes temporelles qui y sont exprimées. Le reste est écouté avec respect, mais avec un esprit trop agité pour en profiter. Les plaies et les fléaux servent plus pour avertir ceux qui en sont les témoins que pour convertir ceux qui en sont l’objet. C’est ainsi que la roue et la potence servent plus pour les assistants que pour les coupables. Il en est de même des maladies. Il y a beaucoup de pasteurs qui regardent le lit de mort ou de maladie comme leur moisson. Je l’accorde en ce sens que des âmes déjà converties par leur ministère leur sont alors manifestées. Mais je ne puis croire que ce soient là des circonstances particulièrement favorables pour implanter l’Évangile dans les cœurs : les promesses sont alors trop forcées, l’état de l’âme trop agité, trop extraordinaire, trop pliable, trop suspect. Le Fils de Dieu vivifie ceux qu’il veut ; il peut donc convertir des mourants, mais plutôt pour manifester sa grande puissance qu’à cause de la commodité particulière du moment. Nous n’avons pas besoin d’insister, car c’est ici une vérité d’expérience, et c’est ce qui a donné lieu à ce brocard connu :
Guéri selon ses souhaits,
Il fut pire que jamais 27.
Toutefois le souvenir d’une détresse passée peut rendre de bons services. Il est bon de la rappeler et d’y insister.
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v. 21. Je t’avais moi-même plantée comme une vigne exquise de laquelle tout le plant était franc.
On n’est que trop enclin à rejeter jusque dans leur origine les choses qui ne vont pas comme elles devraient aller. L’institution du mariage est misérablement observée : DONCelle est vicieuse, inutile, ou fondée seulement après la chute. Le peuple d’Israël s’est toujours indignement conduit : DONCce ne pouvait être le peuple particulier du Seigneur. Les protestants profanent scandaleusement la doctrine de grâce, leur conduite y est diamétralement opposée, ils savent à peine ce qu’ils doivent croire, etc. ; DONCle protestantisme n’a jamais rien valu. DONCencore il serait inutile de chercher à le rétablir ; ce serait coudre une pièce neuve à un vieil habit. Oh non, mille fois non ! Celui qui a institué le mariage au commencement, celui qui avait planté Israël comme une vigne exquise, a planté aussi l’Église évangélique, je le dis avec assurance, devant le Sauveur, comme une vigne dont tout le plant était franc. Tout était disposé pour qu’elle pût prospérer. Elle fut sainte dans son origine, qu’est-ce qui empêchait qu’elle ne continuât à l’être ? Mais il est vrai d’ajouter qu’elle s’est changée en une vigne abâtardie. Ne négligez pas de le confesser, mes chers collègues ! Mais profitez aussi de toute occasion pour rappeler à vos auditeurs ce qu’ils devaient être.
– v. 22. Quand tu te laverais avec du nitre et que tu prendrais beaucoup de savon, ton iniquité demeurerait encore marquée devant moi, dit l’Éternel.
Ne voit-on pas, en effet, dans l’ordre naturel, le fard ou les ornements affectés ne faire qu’augmenter la laideur ? J’accorde qu’en général c’est plutôt aux hommes qu’à Dieu que ces artifices s’adressent, car on sait que Dieu regarde au cœur, mais on espère que des parents, des maîtres, des amis, que le public pourra s’y tromper. N’importe, notre comédie n’en est pas moins une abomination devant Dieu. Le but de ce texte est sans doute d’engager les âmes à fuir toute dissimulation, à vouloir bien se montrer sous leur véritable aspect ou tout au moins à ne se contrefaire ni devant Dieu ni devant les hommes. Je sais qu’on fait à l’heure qu’il est un grand abus de ce principe ; et qu’on affiche une franchise qui n’est que de l’insolence et qui n’est propre qu’à tout ruiner ; mais on ne peut s’en prendre au commandement du Seigneur.
– Ton iniquité....
Reconnaître sa laideur, rester dans son sang (comme il est dit dans un autre passage), dans sa détresse, sans chercher ni parure, ni palliatif, et se borner à implorer le secours, voilà ce que l’âme doit faire d’après ce texte ; c’est bien triste, bien propre à abattre, c’est bien contraire à toutes nos tendances ; mais c’est là que le secours se trouve. Cette sincérité n’est point de l’effronterie, ni de l’indifférence. Ce n’est point volontiers qu’une âme se découvre ainsi à ses propres yeux et à ceux des hommes ; ni qu’elle renonce à ses illusions et se voit comme abandonnée de Dieu. Mais ceux qui connaissent le Sauveur la voient déjà toute aimable, ils la voient reçue dans le royaume, consolée, parée, sans nitre et sans savon, par la seule efficace du sang qui nettoie de tout péché. Mais souvent avant d’en venir là, elle passe par un état sec et triste, où elle n’éprouve aucun courage, aucune force, même pour confesser ses péchés, où tout ce qu’elle peut faire c’est de repousser toute dissimulation.
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– v. 25. Retiens ton pied.......
Je ne sais si je serais aussi frappé maintenant que je le fus dans mon enfance du trait de cet ancien qui persuada à un jeune homme d’interrompre, à des époques régulières, sa vie dissipée pour lui apprendre à s’attacher peu à peu à la vertu : ce serait, je pense, une barrière peu efficace. Toutefois un temps d’arrêt est en soi-même salutaire pour l’âme. Une grâce d’enhaut peut intervenir et lui montrer où est la chose essentielle. L’enivrement ou le désespoir servent au contraire le Diable d’une manière merveilleuse.
– Non, car j’aime les étrangers...... etc.
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Il faut se souvenir pourtant de la parabole des deux fils, dont l’un dit : je vais et n’alla point à la vigne, tandis que l’autre refusa d’y aller et finit par s’y rendre. C’est ainsi qu’on voit souvent ceux qui montrent le plus de hardiesse dans leur rébellion être gagnés les premiers. Portez donc l’opprobre avec patience.
– v. 26. Comme le larron est confus quand il est surpris......
Il est des circonstances, assez fréquentes, où le ministre pourrait triompher de la confusion des gens. Mais il doit alors user de sa victoire avec modération et de manière à leur montrer qu’il y a dans son cœur plus d’amour et de compassion que d’exigence et de tyrannie. J’ai vu plus d’une fois avec douleur des ministres parler alors avec une sorte d’arrogance qu’on dévorait, pour l’heure, en silence, mais qu’on n’en tournait plus tard que plus impitoyablement contre eux-mêmes
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– v. 27. .... Ils m’ont tourné le dos et non pas la face ; puis ils disent dans le temps de leur calamité : Lève-toi et nous délivre......
Ils montrent ainsi qu’au fond du cœur ils savent bien qu’il y a un Dieu..... Leur faute n’en est que plus grande ; il faut avoir bien soin de la leur représenter.
– v. 28...... Ô Juda ! tu as eu autant de Dieux que de villes.
Ces paroles ne s’appliquent pas seulement aux catholiques et à la multitude de leurs saints et de leurs saintes à la protection desquels ils recommandent les villes, les villages et les pays. Elles ne désignent pas moins ces nombreuses Divinités terrestres que les hommes se choisissent dans les villes, dans les villages, dans les familles ; des églises entières dépendant, ici d’un bourgmestre, là d’une femme de qualité, ou d’un ecclésiastique de distinction, etc., ou d’un patron, ou du prince du pays, etc. Ces idoles leur sont-elles ôtées par la mort, ils s’attachent à leurs successeurs..... C’est un courant qui entraîne tout et dont les âmes qui connaissent Dieu ont peine à se défendre. Il n’y a que la sagesse d’en Haut qui puisse enseigner à un ministre à exercer dans ce cas la fidélité d’un Sadrac, d’un Mésac et d’un Abed-Négo, sans toutefois irriter imprudemment le monstre.
Medium tenuere beati. Rendez à qui l’honneur l’honneur, mais ne craignez point leur audace, ne soyez point épouvantés, mais sanctifiez dans votre cœur l’Éternel votre Dieu. Autant il est sage de ne pas les blesser sans sujet et d’éviter une polypragmosyné 28 dont il ne revient aux ministres aucun honneur, autant il est nécessaire pourtant d’empêcher que ces dii medii 29 n’établissent leur temple. On y réussira surtout en donnant soi-même l’exemple, par la condescendance la plus cordiale et la plus modeste dans les choses légitimes, par la résistance la plus modeste encore, mais la plus ferme, dans les choses non légitimes grandes ou petites, et en évitant avec le plus grand soin de recourir à leurs services, à leur aide, à leur patronage.
– v. 29. .... Vous avez tous péché contre moi, dit l’Éternel.
Voilà le mal, voilà la cause de la malédiction : c’est que les hommes vivent sans Dieu dans le monde, et que nul n’est plus étranger dans les églises que le Sauveur. On frémit d’entendre quelles moqueries des étudiants en théologie, de futurs pasteurs font des plus saintes vérités ; et comment ils se font un jeu de sauter par-dessus les fondements où les serviteurs de Dieu demeurent à jamais prosternés.... Les fondements sont ruinés, que fera le juste ? (Ps. XI. 3). Comment les impies ne pulluleraient-ils pas là où de tels hommes vont s’ériger en docteurs des âmes ?
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– v. 31. Ô race ! .......
Voyez ce que Paul disait des Crétois (Tite I. 12) : Ce sont de méchantes bêtes, kaka theria. C’est encore le cas de certaines nations, de certaines villes, de certains lieux. Les serviteurs de Christ qui s’y trouvent placés l’éprouvent bien. Si ces gens se convertissent, ils seront peut-être plus entiers, plus fermes que d’autres 30. Mais jusque-là que de tourments ! On y consume ses forces. Veuillez le croire, vous à qui le Sauveur a fait une position plus commode, et puissiez-vous éprouver, à la fois, de la pitié et de la confusion.
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– v. 32. La vierge oubliera-t-elle ses ornements et l’épouse ses atours ? Mais mon peuple m’a oublié durant des jours sans nombre.
C’est que l’épouse connaît sa parure, elle l’aime, car c’est par elle qu’elle plaît et qu’elle se plaît à elle-même. Mais combien y a-t-il d’âmes qui connaissent le Seigneur ? S’ils le connaissaient, ils l’estimeraient plus que tous les trésors ; la gloire du monde, leur propre gloire ne leur paraîtraient à côté que de l’ordure. Travaillez, chers frères, à faire que l’épouse apprenne à connaître son époux et montrez-lui son portrait, surtout Ps. XXII. Ésaïe LIII. Car l’âme voit les choses autrement que le corps. Le Sauveur crucifié fait, dans l’économie présente, infiniment plus de captifs que le Sauveur victorieux et couronné de gloire..... Il est remarquable que le spectacle de la transfiguration n’eut d’autre effet sur l’ardent Simon, si enclin à l’enthousiasme, que de lui faire dire : Il est bon que nous demeurions ici, faisons-y donc trois tentes, tandis que la vue des plaies de Jésus arracha à l’esprit raisonneur de Thomas cette exclamation qui nous est un si précieux modèle pour nous approcher de Lui : Mon Seigneur et mon Dieu !
– v. 34. Ces choses ne sont point secrètes, mais se font publiquement en ces mêmes lieux 31.
Ce n’est malheureusement que trop vrai. S’il ne s’agit, hélas, que d’alléguer la coutume ou de s’appuyer même sur ce que toute une suite de ministres ne s’y sont point opposés ou l’ont confirmé par leur exemple, il est des lieux où l’on voit s’accomplir publiquement, sans que les coupables soient le moins du monde recherchés, des choses dont, en cent autres lieux, les auteurs ne pourraient se montrer sans rougir et ne s’étonneraient nullement d’être recherchés et punis. Je pourrais citer plusieurs exemples des conséquences qu’entraîne pour un ministre l’opposition franche et fidèle à de tels abus. Mais je me contenterai d’en indiquer un : le trafic d’esclaves avec ses conséquences. Comment les chrétiens 32 qui se croient permis d’arracher un de leurs semblables à sa patrie, à sa famille, et de le forcer à coups de bâton à contracter un autre mariage, reconnaîtraient-ils à leur pasteur le droit de les exclure pour ce fait de la participation au common prayer ? Les Cannibales sont-ils plus barbares ? « Mais, dit-on, ces choses ne sont point secrètes, c’est un vieil usage qu’on suit publiquement. » Que doivent faire les ministres ? Plaider avec ces gens et leur montrer leur péché, soit qu’ils écoutent soit qu’ils se bouchent les oreilles. Dieu les a établis en sentinelle, il faut qu’ils avertissent de sa part les pécheurs. Ne sont-ils pas comme des colonnes de fer et des murailles d’airain ?
– v. 35. Et tu dis : je suis innocente.......
Ils parlent ainsi sérieusement. Ce n’est point simplement pour le plaisir de contester ou de raisonner, mais avec une sorte de sincérité. Il y a de ces péchés tellement enracinés dans la tradition, que les gens ne peuvent croire que ce soient des péchés. Témoin ce sauvage qui tua son camarade à Copenhague, et qui s’étonna fort qu’il lui fallût payer de sa vie un acte si légitime ! (Il avait été réellement offensé.) Dans les lieux où depuis longtemps il n’y a eu trace de prédication fidèle, il est nécessaire, chers frères, que vous procédiez avec beaucoup de ménagements et de patience, et que vous laissiez aux gens le temps de se reconnaître. Souvenez-vous de l’exemple d’Abimélec (Genèse XX). Son raisonnement est sans doute des plus étranges : « Sarah n’est que la sœur d’Abraham ; je puis donc la prendre sans scrupule ; je suis juste. » Il eût été facile de le réfuter. Mais Dieu lui dit : Je sais que tu l’as fait dans l’intégrité de ton cœur : c’est pourquoi j’ai empêché que tu ne péchasses contre moi ;..... maintenant donc rends à cet homme sa femme, etc. Abimélec obéit.
– v. 36. ..... Tu seras aussi confuse de l’Égypte que tu as été confuse de l’Assyrie.....
Tels sont les remèdes que cherche l’homme naturel. Cc ne sont que des cures palliatives. On fait un trou pour en boucher un autre. Le mal n’en devient que pire : on tombe de Charybde en Scylla. Pour chasser la fièvre intermittente, on se donne la phtisie ou l’hydropisie et on en meurt. Pourquoi vas-tu ainsi de côté et d’autre, pauvre nation, pauvre ville, pauvre village ! Où cherches-tu le secours ? – « Nous ne connaissons pas le chemin de la paix.... » – Ah ! si tu pouvais pleurer sur tes péchés, crier à Dieu, implorer la grâce, tu trouverais un refuge éternel ! L’a-t-on regardé, on en est illuminé et leurs faces ne sont point confuses. – Cet affligé a crié et l’Éternel l’a exaucé et l’a délivré de toutes ses détresses.
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Chap. III. v. 8. Et j’ai vu que quoique j’eusse renvoyé Israël la rebelle pour tous les cas où elle s’était rendue coupable d’adultère, et que je lui russe donné ses lettres de divorce, néanmoins Juda sa sœur la perfide n’en a point eu de crainte.
Les jugements de Dieu ne font aucune impression. On dirait que ce sont des songes ou des fables. Ils ne servent.... qu’à passer le temps. Ne devrions-nous pas nous intéresser à l’état religieux de tant de pays si déchus depuis le temps de la réformation, où c’est à grand-peine que la pure doctrine peut çà et là se faire jour, où les âmes meurent de faim ou sont obligées d’avoir recours à une mauvaise nourriture ! Mais, hélas, qu’importe à l’Allemagne la France, à la Hongrie la Grèce, à la Saxe la Bohême, la Silésie, la Moravie, l’Autriche ? Et pourtant ce ne sont pas des villages ou des villes, cc sont des pays entiers qui étaient dans l’abondance et qui maintenant meurent de faim.
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– v. 10. .... Elle ne s’est point retournée à moi de tout son cœur, mais elle l’a fait en mentant, dit l’Éternel.
C’est parce que les hommes ne croient pas à la Toute Présence de Dieu, ou qu’ils n’y pensent pas. Sans quoi ils n’oseraient apporter devant Lui cette phraséologie du monde par laquelle ils se complimentent les uns les autres en mentant. Je doute qu’on tînt pour un serviteur bien appris celui qui oserait sans rougir affirmer à son maître une chose de la fausseté de laquelle il le saurait parfaitement informé.
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– v. 11. L’Éternel donc m’a dit : Israël la rebelle s’est montrée plus juste que Juda la perfide.
Dieu pèse et compare les péchés avec une parfaite équité. Israël ne pouvait facilement se rendre à Jérusalem. Outre la distance, il y avait l’opposition souvent violente de ses rois, motivée par des raisons politiques. Il y avait encore la jalousie de tribu, etc. ; causes impures, sans doute, mais qui ne se rapportaient pas directement à Dieu. Juda n’avait aucun de ces motifs, aucune de ces excuses, et c’était bien par une résistance directe et de propos délibéré qu’ils ne voulaient pas se soumettre. Et si les maris conservaient encore quelque apparence d’orthodoxie, tout au moins permettaient-ils volontiers à leurs femmes de se soustraire au culte légitime. Est-ce à l’insu de nos maris que nous avons fait des gâteaux et des aspersions à la reine des cieux ? (XLIV. 19).
............... – Ces sortes de parallèles sont utiles à établir entre la conduite des diverses classes d’hommes, ou de diverses nations ou religions, en particulier parce qu’elles anéantissent souvent les prétextes que les hommes ont coutume de rechercher avec grand soin pour se justifier.
– v. 12. Retourne-toi, Israël la revêche, dit l’Éternel ; je ne ferai point tomber ma colère sur vous ; car je suis miséricordieux, dit l’Éternel, et je ne vous la garderai point à toujours.
C’est la méthode évangélique : effrayer .... mais montrer une issue ; censurer.... mais non pas jusqu’à décourager ; exprimer les plus dures vérités.... mais bientôt parler à Jérusalem selon son cœur. L’âme qu’on tient comme sur une toile d’araignée par-dessus l’enfer, ou sur laquelle on suspend incessamment un glaive, deviendra folle plus que croyante. Il y a longtemps qu’on prêche l’Évangile ; mais la méthode évangélique est encore bien neuve dans le monde et bien rare même parmi les prédicateurs sincères.
Je ne fais aucun cas des distinctions qu’on a imaginées à l’appui du confessionnal 33. L’absolutio conditionalis n’est qu’une moquerie, l’abs. declaratoria ne peut suffire. Le souverain pasteur a donné plus de puissance à ses messagers. Lier, retenir, c’est une réelle malédiction ; délier, c’est une bénédiction réelle. Fortifiez-vous par le Saint-Esprit, témoins de Jésus, et soyez rendus capables de dire à vos auditeurs s’ils sont maudits ou sauvés. Est-ce trop pour vous, au moins tenez-vous fermes à la Parole : Reconnais ton iniquité, v. 13. Mais cela peut-il suffire ? Oui, cela peut suffire. Qu’est-ce donc que l’absolution ? C’est une prière de foi adressée librement, apostoliquement au Dieu miséricordieux, pour qu’il pardonne à tel pécheur qui reconnaît son état de mort, d’incrédulité, ou pour qu’il relève tel croyant de ses chutes. Essayez de pratiquer ainsi le confessionnal, et vous verrez si vous êtes encombrés d’un trop grand nombre de pénitents !...... L’absolution déclarative ne sert qu’à plonger les âmes dans une plus grande misère. Ce que je redoute, ce n’est pas qu’elle leur donne une trop grande assurance de la grâce, je crains plutôt qu’elle ne fasse d’elles des athées pour qui les choses divines ne sont qu’une vaine comédie.
– v. 22. Enfants rebelles, convertissez-vous, et je REMÉDIERAIà vos rebellions.
La rébellion des âmes est vraiment une maladie. Il faut bien le répéter aux âmes et leur montrer quelle sollicitude elles inspirent à notre grand médecin Jésus-Christ, jusqu’à ce qu’elles puissent dire : Nous avons reçu la guérison par ses meurtrissures.
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Chap. IV. v. 8. C’est pourquoi ceignez-vous de sacs, lamentez et hurlez......
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......... On rencontre dans les églises les plus déchues les états d’âme les plus bénis. Qui dirait, en lisant les fragments qui nous restent des sermons du comte Elger de Hohenstein, moine prêcheur d’Erfurt, qu’ils ont été écrits dans des temps de ténèbres et de barbarie ? Qui aurait cru que la pieuse Élisabeth de Thuringe (à la même époque) était la fille spirituelle du ridicule Conrad de Marburg ? – D’où vient que tant de riches et nobles protestants ne sortent pas autrement de ce monde que s’ils avaient juré les canons du Concile de Trente, et que tel moine, telle nonne meurt aussi évangéliquement que si dès l’enfance elle eût connu ad unguem le commentaire pratique 34 du Docteur Luther ? D’où cela vient-il ?.... Du cœur. C’est le cœur qui porte les premiers, malgré la doctrine, si irrésistiblement vers le mérite des œuvres qu’ils ne comprennent pas le salut et ne peuvent concevoir de moyen plus efficace de l’obtenir que le sacrifice d’une partie de leur Mammon. C’est le cœur, auquel Dieu regarde, qui rend au contraire ce pauvre papiste si évangélique, si avide du sang expiatoire de Jésus, qu’il ne trouve aucun repos dans sa pauvreté volontaire, dans sa chasteté, dans son obéissance ; mais qui lui fait trouver, en un moment, dans tel ou tel hymne, dans telle ou telle péricope 35, une bénédiction gratuite infiniment plus grande que tout ce qu’il put jamais atteindre par les sacrifices prétendus méritoires de toute sa vie. Je lus un jour, sur un calice d’étain, dans un village, l’éloge du donateur luthérien, comme un parfait contraste avec l’épitaphe choisie par une impératrice dont les œuvres de charité sont innombrables : Ci-gît la pauvre pécheresse Magdeleine Thérèse.
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– v. 22. ... Ils sont habiles à faire le mal, mais ils ne savent pas faire le bien.
L’ignorance est un des plus grands obstacles et l’une des excuses le plus souvent alléguées pour justifier le peu de progrès que l’on fait dans le bien. Elle règne surtout, pense-t-on, parmi les soldats, les montagnards, les ouvriers, les rouliers, les marins, etc. Mais où sont les sages, les intelligents, où trouve-t-on plus d’expérience, plus de certitude spirituelle ! Est-ce parmi les savants, qui sont souvent si embarrassés pour les questions les plus simples ? Parmi les gens de condition, qu’il faut si souvent redresser dans les choses morales les plus ordinaires ? Parmi les négociants, qui savent si rarement apprécier ce qui ne tombe point dans le domaine des chiffres et des calculs ! C’est encore ici l’affaire du cœur. Naguères on pensait que les sauvages et les nègres étaient trop stupides pour recevoir l’Évangile. Trop stupides, en effet, s’il fallait qu’il entrât par la porte de l’intelligence ; – mais une parole de grâce a-t-elle pénétré le cœur, on n’a point le temps de se retourner qu’elle est déjà dans la tête avec toutes ses conséquences et tout ce qui l’accompagne.
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Chap. V. v. 2. Que s’ils disent : l’Éternel est vivant ! ils jurent en cela plus faussement.
Lorsqu’ils chantent : Wir glauben all an einen Gott 36, etc, ; – wir wollen dir zu Ehren alles wagen 37 etc. ; ils ne pensent pas même à la vraie signification de ce qu’ils expriment. Ce sont pour eux des formules, des manières de parler. Jamais je n’ai vu, sous ce rapport, l’ordre extérieur et le décorum du culte troublé avec plus de bénédiction que dans l’occasion que voici, par un témoin de Jésus, que tous ceux qui l’ont connu regardent sans doute avec moi comme un des plus vénérables, M. Johann Christoph Schwedler, véritable apôtre des Silésiens, qui vint à bout de se tuer au service de son maître, en février 1730. Un jour de communion, l’église de Wiese entonnait le cantique : Valet will ich dir geben, du arge falsche Welt 38. À l’ouïe des premiers mots du vers suivant : Dein sundlich böses Leben durchaus mir nicht gëfallt 39, ce bienheureux fut saisi d’un zèle d’Élie si ardent, que sa face parut comme embrasée. Se faisant entendre par-dessus les orgues, par-dessus des milliers de voix, il cria d’une voix de tonnerre : « Au nom de Dieu, que chantez-vous là ? Qu’est-ce qui ne vous plaît point ? C’est le Seigneur Jésus. C’est à Lui que vous devez dire : tu ne me plais point. Vous chanterez ainsi la vérité. Mais vous le dites au monde. » Il ajouta de telles paroles, que l’assemblée entière fondit en larmes toute hors d’elle-même. « Eh bien, dit-il, s’il y en a parmi vous qui haïssent en effet le monde ou qui veuillent désormais le haïr, qu’ils le confessent au nom de Jésus ! » Le verset fut alors repris, mais plutôt pleuré que chanté ;..... il n’est pas douteux que ce ne fût pour un grand nombre avec des pensées et des résolutions qui s’élevèrent, au moins à cette heure, comme une bonne odeur de Christ. Ah ! pourquoi voit-on aujourd’hui si peu de Schade, de Stolte, de Lange, de Hedinger, de Franke, de Nitsch, de Schwedler, de Veit, de Dietrich, de Geyer, de Scriver ? Je ne parle ici que de ce qui leur fut commun à tous, de ce zèle qui les rongeait pour la maison de Dieu et qui, quoiqu’on ait pu dire, leur a érigé un éternel monument dans des milliers de cœurs ; et, pour moi, le souvenir d’un seul de ces noms suffit pour me remplir d’une douce joie. Chers frères, dans les troupeaux apostoliques on peut suivre une marche plus paisible.......... mais, dans les assemblées ordinaires, s’il n’y a point d’Élie, point de Boanerges 40 (fils du tonnerre), tout dort ; les instructions, les exhortations sont trop philosophiques, trop mesurées, trop douces, trop bien liées, trop circonspectes. Il faut emporter d’assaut, il faut renverser des pans de mur, il faut brûler avant que de pouvoir rebâtir. Mais ce sérieux-là, il faut l’avouer, ne s’apprend point dans les livres, lors même qu’on s’y crèverait les yeux. Il faut que ce feu du ciel, après lequel notre Maître soupirait dans les jours de sa chair, intervienne et s’allume dans les cœurs. C’est ce feu que Jérémie sentit brûler dans ses os. Il embrasera tout à l’entour.
– v. 3. Éternel, tes yeux ne regardent-ils pas à la fidélité ? (Ou à la foi ?)
Il ne se contente pas de paroles. Mais aussi le sujet de sa plainte est-il que les véritables ont disparu (all. que la foi est rare) parmi les fils des hommes (Ps. XII. 2). Abraham, proposant une condition au Seigneur, n’osa point descendre en dessous de cinq justes. Mais ici qu’entendons-nous ! Promenez-vous par les rues de Jérusalem (v. 1). .... Si vous y trouvez UN HOMMEde bien....... qui cherche la fidélité (ou la foi)..... je pardonnerai à la ville.N’y a-t-il pas de quoi faire corner les oreilles ! Si près des temps de Josias être descendu plus bas que du temps d’Élie ! Et, si, de la part de Dieu, c’est le comble de la miséricorde, la pauvre ville n’est-elle pas entièrement dépouillée, et rendue confuse de la manière la plus sensible ? Dieu ne lui reconnaît pas même ce seul juste, cette seule âme qui s’attache à la foi !
Je ne doute point qu’il n’en fût de même dans plus d’une ville chrétienne, si la grâce du Nouveau Testament n’avait quelque chose de si insinuant, de si victorieux, de si supérieur à celle de l’ancienne alliance. Mais elle est si puissante que je ne craindrais pas d’affirmer qu’à ce compte il n’y en aurait pas une qui n’échappât à la destruction. Que les témoins de Jésus aient seulement des yeux pour chercher. Il n’est sans doute aucune de nos villes où ils ne pussent trouver une, deux, trois.... ou un plus grand nombre d’âmes (où ? Je ne veux point le déterminer...... c’est peut-être un pauvre aveugle à l’hospice..... une fille qui garde les oies dans les fossés de la ville, etc.), qui ne recherchent pas seulement la foi, mais qui en ont faim et soif et qui la recevraient avidement et croiraient, laissant à peine le temps de la leur annoncer.
Il ne faut pas non plus ignorer que dès qu’un messager de Dieu vient quelque part, il faut compter qu’il y a là des âmes au secours desquelles il est envoyé. Dieu ne pousse ses ouvriers que là où se prépare sa moisson. – Ayant un jour tenu un service allemand dans un pays étranger, je vis s’approcher de moi un homme qui me dit : « Monsieur, vous voir que moi mal parler votre langue. Moi ne vous avoir compris qu’à moitié. Mais voici vingt ans que j’ai des pensées dont je n’aurais su rendre compte. En vous entendant, je me suis dit : c’est cela, c’est cela ! Vous avoir exprimé toutes mes pensées. »
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Chap. VI. v. 30. .... L’Éternel les a rejetés.
C’est pourquoi il est dit :
Chap. VII. v. 4. Ne vous fiez point à des paroles trompeuses en disant : le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel.
On pouvait encore dire : l’Église juive, le peuple de Dieu. Mais c’était comme une maison déserte, une cosse vide, un autel sans feu, un corps sans esprit. « Le temple y était encore », dites-vous. Non, dit le Seigneur, ne parlez plus du temple. Les Corinthiens communient ; mais, dit le Seigneur, par la bouche de Paul, ce n’est point manger la Cène du Seigneur (1 Cor. XI. 20). Oh ! quel abîme n’y a-t-il pas entre le nom et la chose, la vérité et l’apparence, la forme et la réalité !
– v. 10. Toutefois vous venez et vous vous présentez devant moi dans cette maison-ci.....
L’opus operatum 41 est un vieil abus. Les ministres feraient bien, en temps et lieu, de rechercher par quels secrets motifs des hommes raisonnables peuvent se tranquilliser ainsi dans un culte auquel leur cœur n’a point de part. Il existe des livres qui énumèrent les excuses des pécheurs. J’ignore s’ils épuisent la matière ; mais ce que je sais, c’est que les pécheurs avouent rarement leurs véritables motifs : ils gardent soigneusement au fond du cœur ce qu’il y a pour eux de capital et les points sur lesquels ils ne veulent point se laisser convaincre.
Oderint dum metuant 42 ; tel est le principe superficiel de bien des grands, et même de bien des pères de famille. Les hommes ne verraient-ils en Dieu qu’un tel Baal !..... Et n’est-ce point ce qui explique cette parole : Tu ne m’appelleras plus ton Baal ? S’il en est parmi nos protestants qui se font dans leur cœur de semblables idées, comme il ne paraît que trop certain, le motif de leur culte ne diffère point essentiellement de celui qui porte certains peuples à adorer le Diable.
– v. 14. Je traiterai cette maison sur laquelle mon nom est réclamé.... comme j’ai traité Scilo....
Telle est la cause de cette sorte de persécutions, dont l’effet est d’ôter la doctrine.
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Chap. VIII. v. 4. 5. Ainsi a dit l’Éternel : si l’on tombe, ne se relèvera-t-on point.... etc...., pourquoi donc ce peuple.... s’est-il égaré d’un égarement continuel ?....
Parce qu’ils n’ont, quant à la religion, aucun but, aucun désir ; parce qu’ils tiennent, en quelque sorte, la religion en réserve comme un pis-aller. Qu’ils soient couchés ou debout, qu’ils suivent ou non le droit sentier, peu leur importe, car ils n’ont intention de se diriger nulle part.
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Chap. IX. v. 3.... Ils sont allés de malice en malice....
........ Ne nous irritons point contre eux ; ayons-en compassion. C’est un pauvre peuple vendu en esclavage et qui ne sait et ne peut se racheter. Ne nous lassons point de lui dire et de lui répéter où la rançon se trouve.
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Chap. X. v. 14...... Tout homme est abruti......
Fous et aveugles, disait notre Sauveur. De telles paroles, dites à leur place, ne demeurent point sans effet. Mais il faut pour cela le baptême d’esprit et de feu ; car si c’est l’homme qui, par son propre esprit, parle à l’homme, il n’en résulte que du trouble.
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Chap. XI. v. 3. ..... Maudit est l’homme qui n’écoutera pas les paroles de CETTE ALLIANCE.
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J’ai vu un athée trembler à l’ouïe de cette parole de Paul : Si quelqu’un N’AIMEpas le Seigneur JÉSUS-CHRIST, qu’il soit anathème (2 Cor. XVI. 22). « Ce sont, dit-il aussitôt, des mouvements involontaires. »
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Chap. XII. v. 1. 2...... Pourquoi la voie des méchants a-t-elle prospéré ?...... Tu es près de leur bouche et loin de leurs pensées.
...... Langmuth ohne gleichen, womit bist du zu erreichen 43. La longanimité du Seigneur ne sert, hélas, qu’à les endurcir. Les vieux pécheurs démontrent aux jeunes, par les appels séculaires à la repentance, par l’infatigable munificence de Dieu (VII. 10), qu’ils ne peuvent qu’être les enfants chéris de Dieu !
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Chap. XIII. v. 33. Un More changerait-il sa peau, etc..........
Les inconvertis s’étonnent eux-mêmes de l’inefficacité de leurs résolutions et de leurs pratiques. Cette parole en donne la raison : Naturam frustra expellas furca.... usque recurret 44.
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Chap. XV. v. 1. Quand Moïse et Samuel, etc....... je n’aurais pourtant point d’affection pour cc peuple. Chasse-les de devant ma face et qu’ils sortent....
...... Ayez pitié des uns en usant de discernement et sauvez les autres par la frayeur(Jude 22. 23). De telles extrémités sont pour de certaines âmes le dernier remède.
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Chap. XXIII. v. 24. Quelqu’un se pourra-t-il cacher dans quelque cachette que je ne le voie pas ?
Si vous réussissez à pénétrer vos auditeurs de la foi en la Toute Présence de Dieu, vous aurez gagné un grand point : ils seront sérieux et attentifs. Pourvu que seulement ils consentent à mettre cette dévotion hors de compte dans l’affaire du salut, et qu’ils ne songent pas même à se la représenter comme les arrhes de la grâce.
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Chap. XXXII. v. 31. ..... afin que je l’abolisse de devant ma face. Voyez la fin du chap. v. 36 : Et cependant voici ce que l’Éternel a dit touchant cette ville, etc.
Il faut que le ministre puisse, de l’abondance de son cœur et avec une entière persuasion, insister sur cet amour paternel de Dieu, qui ne punit et n’afflige pas volontiers les hommes.
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Chap. XXXV tout entier. (L’exemple des Récabites.)
Soyons pour le monde chrétien des Récabites spirituels. S’il y a quelque chose de si frappant dans l’exemple de la soumission et de la piété filiale envers un père terrestre, la fidélité, l’obéissance filiale des enfants de Dieu, leur exactitude scrupuleuse en toutes choses (le monde lui-même se moque d’une demi-fidélité), ferait-elle une impression moins grande ?
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Chap. XLIV. v. 19. ..... Est-ce à l’insu de nos maris que nous avons fait des aspersions à la reine des cieux...... etc.
Les époux ne se sentent jamais si pressés de chercher la paix et l’union que lorsqu’il s’agit de sacrifier la vérité du Seigneur.... Rien n’est plus fréquent que d’alléguer ce prétexte pour ne point s’attacher au sérieux du christianisme. C’est un ancien abus...... Achab, Salomon, etc., ont marché sur les traces d’Adam.
– v. 26. ..... J’ai juré par mon grand nom..... que mon nom ne sera plus réclamé, etc......
C’est ici le comble de la colère de Dieu, le nec plus ultra de ses jugements. Je vous dis, en vérité, qu’aucun de ceux qui étaient invités ne goûtera de mon souper. Je ne doute point que cette seule parole appliquée dans la force de l’Esprit, adressée aux cœurs avec larmes, dans l’exhortation ou dans la prière, ne pût convertir à la fois la moitié d’un nombreux auditoire. C’est l’argument extrême. C’est une épée qui perce de part en part. Si nous savons alors conjurer au nom de ces plaies de Jésus, qui laissent difficilement un baptisé tout-à-fait indifférent, si les cœurs sont de pierre, ce sera pour eux le marteau qui brise. « Prenez votre dernier parti ! Faut-il que le Seigneur lève sa main vers le ciel et vous maudisse ? » – « Si vous le souffrez, votre condamnation est juste ! » mais je pense qu’après l’inutilité de tous les autres appels, ce dernier coup pourra encore porter et abattre devant Dieu plusieurs pécheurs.
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CINQUIÈME PARTIE
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LES TÉMOINS DE JÉSUS ENVOYÉS AUX CROYANTS.
Mais ce serait une triste mission que celle des serviteurs de Dieu s’ils n’étaient envoyés qu’au monde, même au monde chrétien, car ce serait, pour parler avec le Docteur Luther, comme s’ils n’avaient à prêcher qu’en plein air aux Turcs et aux Païens.
Dieu les appelle encore à une autre œuvre incompréhensible à la plupart des hommes, et c’est vraiment pour eux un secret salaire tiré de ses trésors, c’est de marcher avec la troupe (Ps. XLII. 4.) et de s’en alter avec elle à la maison de Dieu, quel qu’en soit le nombre, qu’il y en ait 12, 70, 120, 500, 5000, ou seulement 2 ou 3, n’importe, avec ceux parmi lesquels a promis d’être Celui que nous devons connaître (Matth. XVIII. 20).
Il serait vraiment dommage que Jérémie ne nous gardât en réserve quelques enseignements relatifs à cet objet. Mais Dieu soit loué ! il nous en offre en abondance, et je ne te demande qu’une chose, ô mon Sauveur ! c’est que je n’affaiblisse pas par trop de paroles les traits énergiques qui vont se présenter maintenant à notre méditation.
Mes frères sentiront ici redoubler leur attention. Car il ne se peut que ce ne soit leur matière favorite ; puisque c’est le but proprement dit de la mort du Sauveur, et que c’est en cela que s’accomplit son alliance. Un ministre qui n’a point une bénédiction particulière à communiquer à ceux qui partagent sa foi, est comme une branche qui se dessèche séparée du tronc ; tandis que celui qui aime les frères trouve incessamment dans la sève de chacun d’eux le renouvellement de la sienne. Et puisque d’ailleurs on ne peut douter, parmi nous, qu’un ministre ne doive se considérer tout simplement, à l’égard de ceux qu’il n’a point engendrés à Christ, mais qu’il trouve déjà régénérés, comme étant avec eux et comme eux un membre de Son corps, et vis-à-vis de ceux que le Sauveur lui a donné de pouvoir réveiller, comme l’ami de l’époux, dont le plus sérieux désir doit être de ne pas faire ombre à l’époux ; les ministres s’appliqueront à eux-mêmes la plupart des choses que nous allons maintenant présenter, parce que la qualité de brebis de Jésus les honore encore plus que leur charge même : Ne vous réjouissez point de ce que les démons vous sont assujettis, mais de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. Comme une pauvre femme se fait à elle-même l’application de la Parole derrière son rouet, que le ministre, dans sa charge, s’approprie chacune des bienheureuses vérités qui vont suivre. Les voici donc maintenant telles qu’elles nous sont offertes.
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Chap. III. v. 14-15. – v. 17. Ils ne marcheront plus dans la dureté de leur mauvais cœur.
Tel est le commencement béni de la vie selon Dieu. L’imagination du cœur des hommes est mauvaise dès leur jeunesse, c’est la sentence prononcée déjà dans les anciens temps (Gen. VIII. 21). Et voici comment s’introduit la nouvelle alliance : Μετανοειτε (faites-vous un nouveau cœur) (Marc I. 15) ; c’est par-là que commence à naître l’Israël selon l’esprit. Précisément selon ce que nous enseignons aux petits enfants à demander : un bon cœur. L’homme qui est bon tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur. Mais comment devenir bon ? Comment donner au Seigneur ce cœur qu’il demande ! Il est, hélas,
Voller Sündenwust
Und voller Eitelkeit
Des Guten aber unbewusst
Der wahren Heiligkeit 45.
Mais le Sauveur, praevia concessione 46, prend le mauvais cœur pour l’anéantir, et en donne à la place un nouveau lavé du péché par son sang. Alors viennent des pensées, des inclinations, une crainte, une espérance, des intentions, des méditations nouvelles, tout est changé. Telle est la marche de la conversion des enfants de Dieu.
– v. 18. En ces jours-là la maison de Juda marchera avec la maison d’Israël et ils viendront ensemble....
Ceux qui servent ensemble un bon maître s’accordent volontiers. C’est à ceci que tous connaîtront que vous êtes MESdisciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres (Jean XV. 35). – Quand nous aimons les frères, nous connaissons par-là que nous sommes passés de la mort à la vie (1 Jean III. 14). – Jésus devait mourir non-seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un seul corps les enfants de Dieu qui étaient dispersés (Jean XI. 52). Ceux que le Seigneur convertissait étaient joints à l’Église, persévéraient dans la communion : ils étaient ensemble dans un même lieu ; ils avaient toutes choses communes, etc. (Actes II). Mais cette union est-elle possible de nos temps ? dira-t-on. Certes nous trouvons bien moins d’obstacles que les premiers fidèles. Il fallait que, sans se séparer du temple et de la synagogue, ils confessassent pourtant le nom de Jésus. Tâche difficile ! Comment s’y prirent-ils ? Ils n’étaient qu’un cœur et qu’une âme. Les apôtres eux-mêmes ne se croyaient pas trop purs pour aller encore prier dans le temple (Actes III. 1) ; mais cela n’empêchait pas les assemblées nombreuses dans les chambres hautes ni l’organisation particulière qui s’y formait à mesure des conversions (Actes VI). Ce qui fut praticable pour plusieurs milliers ne le serait-il pas pour dix, pour vingt, pour trente personnes ? Toutefois arrangez-vous comme vous pourrez ou voudrez, pourvu que vous établissiez et resserriez la communion. Car l’idée que le ministre doit être comme un énorme pilier autour duquel et contre lequel seraient disposés les fidèles, sans se toucher et même sans se voir les uns les autres, n’est qu’une invention en l’air jetée dans l’Église par la tromperie de l’ange de ténèbres. Il est vrai que les apôtres étaient des colonnes : mais l’Église ne serait point devenue une seule pâte (1 Cor. V) sans l’union intime des diverses parties que les apôtres se proposaient constamment et qu’ils ne cessaient de recommander dans leurs discours et dans leurs épîtres. – Mais écoutez, frères, ce qui suit :
– v. 1.9. Mais j’ai dit : comment te mettrai-je au nombre de mes fils, et te donnerai-je la terre désirable ? – (le pays où l’on demeure devient alors comme un paradis) ; l’héritage excellent de l’armée des nations ?
Les 120 reçurent butin 5000 personnes en quelques jours ! Tu m’appelleras : mon Père ! et tu ne te détourneras plus de moi. La communion que nous avons ensemble est bonne, car c’est une communion avec le Père et avec Jésus-Christ son Fils (1 Jean I. 1. 3).
– v. 24. Car la honte a consumé le travail de nos pères...., leurs brebis, leurs bœufs, etc.
Dans le langage du Nouveau Testament, cela revient à dire : Ce qui m’était un gain, je l’ai considéré comme une perte et même comme de l’ordure, pourvu que je gagne Christ (Phil. III). – Ce n’est ni par argent ni par or, mais par le précieux sang de Christ que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre QUE VOUS AVIEZ APPRISE DE VOS PÈRES(1 Pierre I. 18).
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Chap. VII. v. 7...... Je vous ferai habiter en ce lieu depuis un siècle jusqu’à l’autre siècle....
Il n’est donc point nécessaire qu’un troupeau de Jésus ne dure jamais qu’une génération. Il arrive sans doute que le chandelier est ôté de sa place, mais, remarquez-le bien...., c’est parce qu’on a perdu le premier amour. Dieu ne se repent pas de ses dons, il ne se fatigue point, il ne s’ennuie point. Il n’aime point à changer. Il n’est point obligé d’abandonner un lieu pour en bénir un autre, Lui dont les trésors sont inépuisables !
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Chap. IX. v. 24. Que celui qui se glorifie se glorifie en ce qu’il a de l’intelligence et qu’il me connaît.
Paul dit de même : Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur (2 Cor. X. 17).
L’humilité qui porterait à taire la grâce qu’on a reçue serait affectée. Y a-t-il personne qui craigne de dire : Grâces à Dieu, je me porte bien ? Il est ridicule de relever ses propres œuvres, car c’est la grâce qui opère, nous n’agissons que par elle et ne ferions rien sans elle, mais l’œuvre de Dieu en nous doit être proclamée ; la dissimuler, c’est d’une humeur morose et ingrate.
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Oh ! que ne pouvons-nous ainsi remplir la terre de sa gloire !
O wären wir vermögend
Ihn also zu erhöhn
Dass unsre ganze Gegend
Von Seinem Lob ertön’ 47.
La fausse théologie, aussi bien que le monde, montre, à cet égard, par ses prudentes recommandations, qu’elle ne sait guère où elle en est. Mais au lieu de disputer, contentons-nous d’opposer à ses objections des témoignages d’esprit et de puissance. – Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils louent aussi votre Père céleste.
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Chap. XIV. v. 21. N’expose point à opprobre le trône de ta gloire.
Satan a bien son trône en tel ou tel lieu (Apoc. II. 13). Je voudrais savoir pourquoi le Sauveur n’aurait point ici ou là sa chaire ? Heureuse l’académie de laquelle on peut ainsi parler. Le Seigneur saura la défendre et la maintenir.
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Chap. XV. v. 15. Prends connaissance des opprobres que je souffre pour l’amour de toi......
Ah ! c’est une chose douce que l’opprobre qu’on endure immédiatement et uniquement parce qu’on espère au Dieu vivant ! (1 Tim. IV.10). Mais c’est ce qui n’a que trop manqué jusqu’ici. Il s’est glissé sub schemate illo pietistico 48, un tel mélange de choses vaines, vraies, vraisemblables ou douteuses qu’on n’a pu toujours porter avec joie cette livrée.
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– v. 16. Dès que j’ai trouvé tes paroles, je les ai aussitôt mangées......
Pour qu’il y ait vraiment une Église de Dieu, il faut que les âmes soient pour la Parole de Dieu comme les poulets pour le grain. Sans cela les réveils ne sont point solides. La marque la plus caractéristique d’un troupeau bien fondé sur Jésus, c’est précisément cette affection cordiale pour la Parole de Dieu, qui fait estimer plus que toutes les jouissances celles que procurent ces vérités si simples mais si pénétrantes. Pour moi, un regard jeté dans la Bible suffit pour me donner un bien-être de plusieurs heures ; je ne sache pas de peine dont je ne puisse me consoler instantanément au moyen d’un seul passage. Ce doit être pour l’Église la seule arme défensive et offensive, la seule règle, la source unique des preuves de la vérité ; c’est d’elle que doit venir la première pensée de toute doctrine, de tout enseignement.
– v. 19. Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est méprisable, tu seras ma bouche......
C’est un point capital. Sauvez-vous du milieu de cette race perverse, disait Pierre dans sa première prédication (Act. II. 40). Au reste on peut voir par la pratique de Pierre lui-même, qui fréquentait le temple comme les autres, qu’il ne l’entendait point dans le sens des séparatistes (dont je ne parle ici qu’occasionnellement et que je ne juge point)........ – Toutefois les croyants doivent, d’une certaine manière, se séparer des incrédules ; ce qui a lieu lorsque les serviteurs de Jésus-Christ rassemblent à part ceux qui veulent développer et manifester une communion entière avec Jésus-Christ. Car les actes qui s’y rapportent ne pourraient guère s’accomplir dans les temples, et n’y produiraient même le plus souvent que du désordre, comme on l’a vu là même où l’essai en avait été autorisé par les magistrats..... – C’est dans ce sens qu’il faut prendre, je pense, le passage où il est dit que les disciples étaient réunis dans le portique de Salomon et que nul des autres n’osait se joindre à eux, mais que le peuple leur donnait de grandes louanges (Actes V. 12. 13). Il faut, en un mot, qu’on puisse savoir que les disciples de Jésus s’assemblent en un même lieu. Tous les habitants ne sont-ils pas libres de se convertir et de se joindre à leur assemblée ? On croira bien qu’il me serait agréable qu’il n’en restât pas un dehors...... Mais tant qu’on ne se disposera pas davantage à le faire, il n’y aura rien de plus déraisonnable que d’en vouloir aux disciples de Jésus de ce qu’eux, au moins, s’occupent avec sérieux de leurs grands intérêts. En définitive, ils n’ont à recueillir que des souffrances... Eh bien ! qu’elles viennent !
– v. 17. Je ne me suis point assis dans les conseils secrets des moqueurs.
Il semble que cela va sans dire, d’après ce qui précède. Mais l’esprit de notre temps est satirique. Si les âmes n’y prennent garde, elles se trouvent sans s’en douter envahies d’un esprit de moquerie qui, sous le prétexte spécieux de blâmer ce qui est blâmable, produit une foule de jugements et de paroles inutiles et toutes sortes de manifestations qui ne servent qu’à distraire et à dissiper. Cette disposition à la critique et au sarcasme est la peste de notre âge ; elle a fait bientôt perdre presque entièrement au Sauveur plus d’une Église qui avait bien commencé. Là où les âmes sérieuses se comptaient par centaines, on est réduit à se réjouir de trouver encore cinq ou six personnes fidèles, ou quelques étincelles d’un feu qui semblait prêt à tout embraser. Aussi regardé-je plutôt comme un châtiment que comme une épreuve la dispersion de pareils troupeaux par la persécution. Persévérez seulement à marcher comme en présence du Seigneur, respectez en vous-mêmes votre dignité sacerdotale. Votre conduite confondra mieux les adversaires que les peintures les plus vraies et les plus mordantes de leurs travers.
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Chap. XXIII. v. 6. C’est ici le nom duquel on l’appellera : L’ÉTERNEL NOTRE JUSTICE.
Johann Conrad Dippel 49, si connu sous le nom de christianus Democritus, n’était point au fond du cœur si ennemi de la doctrine de l’expiation qu’on pourrait le croire d’après ses écrits. Un homme qu’il estimait profondément lui ayant demandé avec beaucoup d’affection, dans le secret de l’intimité : « D’où vient que vous comprenez si peu cette doctrine que je trouve si clairement (et vous savez que ce n’est point par préjugé) sur tous les feuillets de la Bible ? » – « Notre vocation dans le règne de Dieu n’est point la même », répondit-il, « mon œuvre c’est de démolir (ici il insista beaucoup sur les abus de la doctrine vulgaire de la justification) ; la vôtre c’est de bâtir..... voilà ma première réponse. La seconde c’est que cette grâce ne m’a point été étrangère dans ma jeunesse, mais que j’ai reculé et que je ne puis (ici ses yeux se baignèrent de larmes), je ne puis en retrouver la trace, je ne vois plus qu’obscurité. » – Cet homme intelligent confessait là deux choses 1o Qu’on ne peut rien édifier dans l’Église de Dieu sans la doctrine de la justification par le sang de Jésus. 2o Que c’est une doctrine qu’on ne comprend point si on ne l’expérimente. Je remarquai lors de cette controverse, à laquelle bien des gens prirent part, que souvent l’opposant et le répondant n’en savaient guère plus l’un que l’autre. – Ainsi donc le caractère distinctif d’une assemblée de croyants, c’est l’intelligence qu’ils ont tous de la rançon payée par Jésus, c’est que le doigt même de Dieu leur a gravé dans le cœur ce mystère, qui n’est pour la raison qu’une incompréhensible folie.
Lass mir nie kommen aus dem Sinn
Wie viel es dir gekostet
Dass ich erlöset bin 50 !
Telle est, matin et soir, la prière d’une telle Église, d’une sœur de l’assemblée d’en Haut.
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Chap. XXIV. v. 7. Et je leur donnerai UN CŒURpour me connaître.... et ils seront mon peuple et je serai leur Dieu, car ils se retourneront à moi de TOUT LEUR CŒUR......
Je lisais dernièrement dans un écrit de controverse d’un professeur hollandais cette expression : « Celui qui comprend l’œuvre du cœur. » Elle est belle et réelle. L’ordre de la grâce tout entier est œuvre du cœur. Le chancelier de Tubingue le pensait ainsi lorsqu’il composa, il y a 16 ans, un catéchisme du cœur. Mais écoutons St. Paul :
D’où vient qu’Israël ne se convertit point ? Ne lisent-ils pas les prophéties et en particulier Ésaïe chap. LIII ? Oh ! c’est que le voile demeure SUR LEUR CŒUR(2 Cor. III. 15).
La foi aux miracles, la science de tous les mystères et de toute la théologie, le martyre même quand est-il inutile ? Quand l’amour de Dieu n’a pas été répandu dans le cœur (1 Cor. XIII. comp. Rom. V. 5).
Quand le plus simple et le plus ignorant peut-il comprendre les célestes vérités ? Quand tombera-t-il sur sa face et reconnaîtra-t-il que Dieu est présent dans l’assemblée ? – Quand les secrets de son cœur auront été découverts (1 Cor. XIV. 25).
Où la paix de Dieu doit-elle régner ? Dans le cœur. Que doit-elle garder ? Le cœur (Phil. IV. 7).
Quel est le siège de la circoncision évangélique ? Le cœur (Rom. II. 29).
Où le Seigneur veut-il écrire sa loi ? Dans le cœur (Héb. VIII. 10).
D’où vient l’incrédulité qui détourne du Dieu vivant ? Du cœur (Héb. III. 12).
etc., etc., etc.
Qu’est-ce donc que le cœur ? Contentons-nous de la science des enfants, qui comprennent tous fort bien ce que c’est que de faire une chose à contre-cœur ou de tout son cœur. Exhortons les âmes à de semblables recherches ; si nous parvenons à gagner le cœur de nos frères, nous aurons une œuvre durable.
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Chap. XXIX. v. 11. 12. Car je sais que les pensées que j’ai sur vous, dit l’Éternel, sont des pensées de paix et non pas d’adversité...... alors vous m’invoquerez pour vous en retourner, et vous me prierez et je vous exaucerai.
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L’attente des justes repose toujours sur quelque promesse. Or c’est honorer Dieu et lui rendre un culte que de croire à ses promesses. C’est le déshonorer au contraire, c’est une révolte que de ne pas y croire (Ésaïe VII. 13).
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Faites ensorte que les frères aient pour principe bien arrêté que l’exaucement des prières n’est point une illusion, mais une chose bien réelle. Un ministre d’État disait un jour, à table, en ma présence : « Mon pasteur m’avait écrit qu’il avait demandé à Dieu et obtenu que ma femme ne mourût point. Ma femme est morte. Maintenant il me félicite et me dit : Vous le voyez bien : elle n’est pas morte ...... elle vit à jamais. C’est tout simple. La Bible est une cire molle. Ces Messieurs n’auront jamais de peine à expliquer leurs paroles. » Ce sarcasme me remplit de confusion. Il signalait un abus réel, semblable à celui qu’on fait de certaines formules, comme : si Dieu le veut, etc. Est-ce donc en vain que le Seigneur Jésus a dit : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez et il vous sera accordé ? (Marc XI. 24). – Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera (Jean XVI. 23). – Est-ce en vain que Jaques s’est efforcé d’expliquer pourquoi telles ou telles demandes ne sont point exaucées ! (Jacq. IV. 3). Ne pas être exaucé, c’est vraiment une chose étrange (vu les promesses), et il y a certes lieu de s’enquérir du pourquoi et de chercher où est l’obstacle qui arrête la bénédiction. Si nous prions indifféremment pour tous les objets qu’il plaît à tel ou tel de nous recommander ; si nous parlons au scrutateur des cœurs de bien des choses dont il voit clairement que nous n’avons aucun désir véritable, alors, je l’avoue, il ne saurait nous exaucer. Étonnons-nous même de sa patience qui ne nous punit point de notre insolente étourderie. Mais il n’en demeure pas moins invariable que s’il y en a deux (d’entre les disciples) qui s’accordent sur la terre, tout ce qu’ils demanderont leur sera accordé par le Père (Matth. XVIII. 19). Essayez de le faire, selon vos besoins. Mais priez avec foi et sans douter. Je suis parfaitement certain que vous serez exaucé. Mais je crois qu’il s’agit de considérer sérieusement : s’il faut prier pour tel ou tel objet ; et s’il faut demander telle chose expressément, plutôt que de s’en remettre aux directions du Seigneur ; – car il ne faut pas croire qu’une prière soit toujours légitime et bonne, par cela seul que Dieu l’exauce.
C’est donc une disposition bienheureuse que celle d’un cœur qui s’est habitué à ne rien demander que ce que Dieu veut qu’il demande. C’est une chose bienheureuse pour les frères que d’étudier, en vue de l’application, la nature, la vertu de la prière et tout ce qui s’y rapporte ainsi qu’à l’intercession et aux actions de grâces.
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Chap. XXX. v. 16...... Tous ceux qui te dévorent seront dévorés.
Il est des temps où Dieu veut châtier ses enfants, mais il en prend mal à ceux qui profitent de ces occasions pour tomber sur eux..... Je suis extrêmement indigné, est-il dit (Zach. I. 15), contre les nations qui sont à leur aise : car j’étais courroucé POUR UN PEU DE TEMPSet ils ont aidé au mal.
– v. 18. ..... La ville sera rétablie sur son sol et le palais sera assis en sa place.
Il y a une bénédiction et une douceur particulière à retrouver les bonnes choses des siècles passés ; et même à invoquer de nouveau le nom du Seigneur, à relever les ruines dans les lieux mêmes d’où le chandelier fut retiré à cause de l’infidélité. Les enfants de Dieu ne sont pas des novateurs ; ils aiment les chemins battus (Ps. LXXXIV).
– v. 20. Son assemblée sera affermie devant moi......
Il y a assemblée (ecclesia, église) là où deux ou trois seulement sont assemblés en son nom. La nature même et l’essence du petit troupeau ne donnent qu’une importance secondaire au nombre.
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Chap. XXXI. v. 1. En ce temps-là, dit l’Éternel, je serai le Dieu de TOUTESles familles d’Israël et ils seront mon peuple.
Rien n’est plus facile, ce me semble, que de réfuter le reproche qu’on fait souvent aux vrais enfants de Dieu de leurs relations avec des personnes de communions différentes, comme si c’était une marque d’hétérodoxie ou même d’indifférentisme. Le Sauveur était-il ou n’était-il pas orthodoxe ?.... Que fait-il cependant ? Ne recommande-t-il pas, dans plus d’une occasion, l’exemple des Samaritains ? Vit-il avec peine la population de toute une ville samaritaine le reconnaître directement pour le Messie près du puits de Jacob sans passer par Jérusalem ? Je ne crois pas qu’un seul témoin de Jésus voulût fortifier les hétérodoxes dans leurs erreurs ; mais est-il raisonnable de défendre de se lier avec eux ? S’ils prêtent l’oreille, n’y a-t-il pas lieu de se réjouir ? J’ai déjà déclaré bien souvent que si j’obtenais la permission d’annoncer Christ dans une mosquée, je ne me laisserais pas arrêter par la crainte de scandaliser les Grecs ou d’autres chrétiens. L’Aréopage (colline de Mars) n’était pas une place plus sainte ; la maison de Corneille non plus ; mais que dis-je ? ces choses ne sont-elles pas évidentes, et chacun ne devrait-il pas les comprendre de lui-même ?..... « Mais, dit-on, gagnez-vous quelque chose ! Si ces gens ont vraiment des intentions sérieuses, que ne confessent-ils leurs erreurs ? » – Oui bien, si vous parlez de Païens ou de gens entièrement étrangers à la doctrine et à la piété. Mais il y a bien des circonstances et des personnes pour lesquelles nous devons nous contenter de faire une œuvre connue du Seigneur.
– v. 2. Le peuple..... a trouvé grâce......
Tel est, tel a toujours été le fondement. Nous croyons que nous serons sauvés par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ comme eux aussi (Actes XV. 11). Que dirai-je de plus, mes frères ! Soyez prédicateurs de la grâce. Tout ce que l’Église possède, tout ce qu’elle voit, entend et éprouve, n’est-ce pas grâce ? J’ajouterais volontiers que toutes les erreurs, tous les égarements, toutes les fautes, etc., sont des marques de disgrâce (voy. 2 Sam. XXIV. 1). Tant qu’une âme est dans la paix et dans la grâce du Seigneur, elle ne fait qu’une bouchée de tous ses ennemis..... Si vous voyez un enfant de Dieu commettre un péché, ne vous arrêtez point à ce fait isolé, mais demandez-lui comment était son cœur auparavant. C’est là qu’est la source du mal, et c’est à cela que se rapportent les censures et les châtiments. L’a-ton reconnu, tout est à moitié réparé.
– v. 2. Israël va être mis en repos.
Vers la fin de l’automne, lorsque le ciel se rembrunit, on a coutume de dire : maintenant nous n’avons rien de mieux à attendre. Au printemps, au contraire, on dit : nous allons vers le beau temps. Telle est l’espérance du chrétien. L’homme naturel n’a rien à attendre, en fin de compte, que le supplice, n’importe par quel chemin, en sorte qu’il va toujours en empirant, comme je me souviens de l’avoir entendu représenter avec une grande force par le curé de S. Sulpice à ses élèves..... Mais les enfants de Dieu marchent vers la vie, vers la grâce, vers la paix, vers le salut, dans une joie toujours plus grande. Pour nous qui avons cru, nous entrons dans le repos (Héb. IV. 3).
– v. 3.... Je t’ai aimée d’un amour éternel : c’est pourquoi j’ai prolongé envers toi ma gratuité.
Un Calviniste et un Luthérien qui connaissent Jésus peuvent, en laissant de côté les subtilités, contracter alliance. Par le fait ils condamnent ainsi l’un son decretum reprobrationis, – l’autre sa légèreté dans ce qui concerne l’élection : il faut qu’il reconnaisse qu’il n’a pas assez pesé, médité avec faim, avec soif, qu’il n’a pas assez goûté des paroles comme celles-ci : Je VEUXdonner à celui-ci autant qu’à toi, – si je VEUXqu’il demeure (Matth. XX. Jean XXI). – ce n’est pas que NOUS AYONSaimé Dieu, etc., ni ce qui se rapporte à la sûreté de l’héritage du Fils de Dieu et du fruit du travail de son âme (És. LIII), au sceau dont ses enfants sont scellés, etc., ni cette parole plus précieuse que tout le sang qui est dans nos veines : Elles ne périront jamais ; nul ne les ravira de ma main (Jean X).
Je t’ai aimé d’un amour éternel !Avant que j’eusse fait aucun bien, déjà Ton cœur m’était favorable ! Que ces paroles se gravent en vous par la puissance du Saint Esprit ; ce seront les flambeaux qui vous introduiront dans la salle des noces.
– v. 6. Il y a un jour auquel les gardes crieront sur la montagne d’Éphraïm : levez-vous et montons en Sion vers l’Éternel notre Dieu.....
Les gardes d’Éphraïm..... c’est-à-dire ceux qui, aux temps de Roboam, avaient poussé à la séparation d’avec Juda ; – qui plus tard, quoique déjà dans la plus grande détresse, s’étaient raillés des messagers qu’Ézéchias leur envoyait pour les exhorter à venir célébrer la Pâque à Jérusalem (2 Chron. XXX. 10). Ce sont eux, dit le prophète, qui se lèveront et crieront : Venez et montons en Sion vers l’Éternel notre Dieu..... C’est une grande bénédiction lorsque le Seigneur fait cesser, en son temps, la jalousie qui s’élève souvent d’Église à Église et qui fait tant souffrir les enfants de paix.
– v. 7.... Faites-vous entendre, chantez des louanges et dites : Éternel, délivre ton peuple, savoir le reste d’Israël.
Il ne faut pas que les frères oublient d’intercéder d’un commun accord pour ce qui reste encore d’Israël. Les passages suivants nous montrent combien le Père de tous les fidèles tient à l’achèvement de ce rassemblement. 1o J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie, etc. (Jean X. 16). 2o Tous ceux-là ont obtenu bon témoignage pour leur foi, mais ils n’ont point reçu.... etc., afin qu’ils ne parvinssent pas à la perfection sans nous (Héb. XI. 40). 3o Lorsque la multitude des Gentils sera entrée...., alors tout Israël sera sauvé (Rom. XI). 4° ..... On leur dit de demeurer un peu de temps en repos, jusqu’à ce que le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux fût accompli (Apoc. VI. 11).
Nous avons donc abondante matière à intercession. 1o Pour tous les hommes. Car Dieu VEUT, est-il dit précisément sous ce rapport, que tous les hommes soient sauvés. 2o Pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité. 3o Pour tous nos frères. 4o Pour tous ceux qui restent à rassembler.
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Chap. XXXI. v. 8. Voici, je vais les faire venir du pays d’Aquilon et je les assemblerai du bout de la terre ; l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et celle qui enfante seront ensemble parmi eux ; une grande assemblée retournera ici.
Le pays de l’Aquilon, rude climat. Ni 1e Seigneur (Matth. XIX), ni son apôtre (1 Cor. VII), ne font mystère des difficultés qu’il y a à suivre Jésus dans une foule de circonstances de la vie humaine. Mais le Seigneur connaît des issues auxquelles nul ne pense. Je connais des exemples récents de femmes accouchées depuis quelques jours que le Seigneur a gardées de tout mal dans leur fuite (occasionnée par la persécution), pendant le voyage le plus long et le plus pénible. Une pauvre vieille femme, ne pouvant suivre les autres fugitifs, leur dit : « Poursuivez votre route. Je suis au Seigneur soit à la vie soit à la mort. » Eh bien, Il lui donna, malgré sa faiblesse et son délaissement, de pouvoir les rejoindre au bout de quelques jours. Et que de fois ne nous montre-t-il pas qu’il fait tout ce qu’il lui plaît dans le ciel, sur la terre, dans la mer et dans tous les abîmes ?
– v. 9. Ils viendront en pleurant et je les ferai marcher avec des supplications 51.
Ce n’est point un signe de défiance ni de découragement. On pleure comme pleurent les enfants qui ne quittent point le tablier de leur mère, et qui fondent en larmes à la seule pensée de faire un pas sans elle. « Si ta face ne vient, dit Moïse, ne nous fais point monter d’ici (Ex. XXXIII. 15), et l’Éternel dit à Moïse : Je ferai aussi ce que tu dis..... (v. 17). Car je suis ton Père (Jérémie XXXI. 9). Nos anciens disaient avec une bien grande sagesse :
Herr Jésu ! führe mich, solang ich leb’ auf Erden,
Lass mich nicht ohne dich durch mich geführet warden 52.
– v. 10.... Vous, nations, écoutez la parole de l’Éternel.... Annoncez-la aux îles éloignées et dites : CELUIqui a DISPERSÉ, Israël le RASSEMBLERA.....
Pourquoi ? Parce qu’il est le berger. Il ne disperse point comme le loup, mais comme le berger qui disperse pour mieux rassembler. Sachons bien que lorsqu’une Église dont les membres subsistent encore vient à se dissoudre, c’est le Seigneur qui l’a dispersée. Pourquoi ? Ils pourraient nous le dire eux-mêmes. Car autrement on pourra bien en opprimer, en faire mourir quelques-uns..... mais disperser une Église ! Où sont ceux qui le peuvent ! – Ils ne broncheront point, est-il dit au verset 9. Il y a une grande sûreté pour ceux qui ont à cœur la cause du Seigneur et qui se tiennent avec simplicité aux règles et aux limites qu’il a Lui-même établies.
– v. 11. Car l’Éternel a racheté Jacob et l’a retiré de la main d’un ennemi plus fort que lui.
Lorsque je me représente Paul à Rome, continuant, malgré sa chaîne, pendant deux ans, sous la domination de Néron, l’œuvre de l’Évangile, la honte et l’indignation se partagent mon âme à la vue de la timidité, de l’idolâtrie de la plupart des frères et de leur lâcheté dans l’œuvre du Seigneur. « Ah ! dites-vous, tu si hic esses, aliter sentires 53. Le prince, le bourgmestre, le superintendant, le seigneur du lieu, les artisans eux-mêmes..... » – Eh bien ? – « Eh bien, ils ne m’approuvent point. » – Est-ce tout ? – « Ils s’opposent même avec force : Ils mettent des obstacles ;.... » – Ignorez-vous donc ce qui se passait à Rome, à Jérusalem, à Athènes ? ce qui s’est passé de tout temps ? – « Quoi donc ? » – Tout ce que les serviteurs du Seigneur ont osé, tout ce qu’ils ont ACCOMPLI, tout cc qu’ils ont dû accomplir dans la foi ? Rien ne les a arrêtés, et d’ailleurs l’imagination est pour beaucoup dans l’idée qu’on se fait des obstacles. Souvent on prend pour un homme un tronc de la forêt. Mais d’où vient que tant de ministres bien intentionnés ne viennent à bout de rien ? – Souvent de ce qu’ils ne sont point bien assurés en eux-mêmes ; peut-être même de ce qu’ils ne se rendent pas bien compte du but qu’ils poursuivent. Souvenez-vous aussi, mes frères, que le Seigneur est votre chef. Ne cherchez point à vous délivrer vous-mêmes : donnez lieu à sa délivrance !
– v. 12. Ils viendront donc et se réjouiront avec chant de triomphe..... ils accourront aux biens de l’Éternel......
Les obtiendront-ils ? Ah ! je pense que ce sera comme pour la manne, dont chacun eut autant qu’il lui fallait ; comme pour l’huile de Sarepta : Autant il y aura de vaisseaux prêts, autant de remplis.
– Leur âme sera comme un jardin plein de sources.
Quel état délicieux ! C’est la félicité cachée de l’Église, qu’aucun œil ne voit, qu’aucune oreille n’entend et qui ne monte point au cœur de l’homme.
– v. 13. La vierge.... les jeunes gens..... les vieillards.
Ainsi chaque âge, chaque position trouve ce qui lui convient. Les jeunes filles, les femmes ont des motifs particuliers de s’attacher à l’agneau de Dieu et de fixer constamment sur Lui leurs regards ; les jeunes hommes ont besoin d’apprendre à quoi le Seigneur veut employer les qualités particulières à leur âge ; les vieillards qui ont travaillé pour le Seigneur et qui ont porté le poids et la chaleur du jour seront consolés par les douces méditations de l’éternité.
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– v. 14. Je rassasierai de graisse l’âme des sacrificateurs.
Cette promesse est surtout pour ceux qui enseignent. C’est bien là qu’est leur force. C’est bien cette joie du Seigneur et cette intelligence de la croix qui leur rend facile leur pénible service (car il est pénible en effet, non vis-à-vis du troupeau de Jésus, mais vis-à-vis du monde) ; ensorte qu’ils s’aperçoivent à peine des difficultés et que leur foi est toujours agissante.
– Et mon peuple (chaque fidèle) sera rassasié de mes biens, dit l’Éternel.
Ici il est bon que les ministres se demandent s’ils voudraient dénoncer au superintendant (chez nous au Président du Consistoire) les ELDADet les MÉDADde leur troupeau, ou si plutôt, comme Moïse, ils sont prêts à s’écrier : Plût à Dieu que tout le peuple de l’Éternel fût prophète ! Coré, Dathan et Abiram ne comprenaient pas le caractère de Moïse. Que pouvait-il contre la dispensation du Seigneur qui les excluait du sacerdoce et de fonctions qu’il n’avait point lui-même recherchées ? Quant à l’ordre établi par les hommes, il n’est point sans fondement dans l’Écriture ; on le respecte, on s’y soumet, surtout lorsqu’il ne contrarie point ipso facto l’œuvre du Seigneur. C’est pour le même motif et non par vanité ou par intérêt que le ministre lui-même y demeure fidèle.
– v. 16.... Retiens ta voix de pleurer.... car ce que tu as fait aura sa récompense.....
Put-on faire comprendre aux mères de Bethléhem qu’il naîtrait, à la fin, une bénédiction du meurtre de leurs enfants ! De telles épreuves sont rares aujourd’hui. Les nôtres ne sont point, en général, aussi mystérieuses..... Quoi qu’il en soit, disons-nous bien qu’il naît quelque chose de la douleur, pourvu qu’on répande ses larmes devant Jésus et que devant le monde et souvent même devant les frères, on sache se taire comme Aaron. C’est ce qui s’appelle faire bonne mine à mauvais jeu ; refouler ses angoisses au dedans et ne montrer au dehors qu’un visage paisible, pour ne point troubler les âmes. C’est un travail..... mais il ne demeure pas sans récompense. – Il est aussi nécessaire dans le règne de Dieu que dans les affaires de ce monde, de savoir se posséder soi-même. C’est un attribut essentiel des ouvriers fidèles et des héros de la foi.
– v. 17. Il y a de l’espérance pour tes derniers jours, dit l’Éternel, et tes enfants retourneront en leurs quartiers.
Élevez-les donc dans une discipline qui les conduise à Christ. Maintenez les enfants dans l’alliance de leur baptême, alors cette rubrique rebattue : Spes temporum meliorum 54 vous sera applicable. Vos enfants ne sont point impurs, mais ils sont saints (1 Cor. VII. 14). La promesse est pour vous et pour vos enfants (Act. II. 39). Les enfants, profitant alors du travail de leurs pères et suivant des sentiers frayés, poursuivront avec plus de succès ce que leurs pères commencèrent avec bénédiction mais à travers mille difficultés. Hélas ! c’est ce qu’on n’a guère vu jusqu’ici. Car l’éducation et la discipline chrétienne est un point indignement négligé, et plus d’un serviteur de Dieu, sur son lit de mort, pourrait répéter, à cet égard, comme le pieux Usher 55 devant ses enfants rassemblés : Condona mihi, Domine, peccata mea omissionis.
– v. 19. J’ai été honteux et confus, parce que j’ai porté l’opprobre de ma jeunesse.
À nous la confusion de face !..... C’est ce que les enfants de Dieu peuvent bien répéter jusqu’à la fin de leur vie. Ils sentent qu’il ne leur convient pas même de lever les yeux. Car leurs péchés ne leur paraissent jamais légers, et ils ne peuvent assez s’étonner des richesses de la grâce. Il faut être sauvé pour comprendre combien le péché est une chose honteuse et pour faire véritablement pénitence.
– v. 20. Éphraïm n’a-t-il pas été pour moi un enfant chéri ?.... Depuis que je lui ai parlé, je n’ai pas manqué de m’en souvenir.
Notre Seigneur a bonne mémoire, n’en doutons pas ; mais surtout lorsqu’il s’agit de ses promesses. Il oublierait plutôt d’exercer ses jugements. Jusqu’à la quatrième génération, N. B. si les enfants eux-mêmes le haïssent, il gardera le souvenir de sa colère ; mais le mémorial de sa faveur sera encore devant ses yeux lorsque mille générations auront passé ! Ô trésor incomparable ! qui ne voudrait t’aimer ? – Au reste, si, même après la dispersion d’Éphraïm, il se souvenait si bien encore de la promesse toute gratuite qu’il lui avait faite plusieurs siècles auparavant par son serviteur Jacob (Gen. XLVIII), son cœur ne sera-t-il point ému des demandes de ses enfants et ne se souviendra-t-il point des promesses qu’il leur appliqua par la foi et qui ne sont point encore accomplies ! Il ne peut manquer de s’en souvenir. Puissent-ils seulement s’en souvenir eux-mêmes avec un sérieux véritable !
– v. 21. Dresse-toi des signaux ; mets-toi des monceaux de pierres ; prends garde aux chemins et par quelle voie tu as marché.....
Que les enfants de Dieu fassent de même dans les châtiments ou dans les épreuves. Ils reconnaîtront, souvent longtemps après, combien ils ont eu raison d’espérer au Seigneur contre toute espérance. Pour moi je puis dire, dans ma faiblesse, que j’ai fait mille fois l’expérience de cette vérité (Gen. XXVIII.18-22). L’Éternel me sera Dieu ! Amen.
– v. 23. Ô demeure agréable de la justice, ô saintes montagnes.
C’est ainsi qu’une église du Seigneur sanctifie le lieu qu’elle habite. On ne peut le nier. Oh ! combien les magistrats aimeraient le peuple de Dieu s’ils pouvaient le comprendre ! Ceux qui l’ont compris s’en sont bien trouvés. Les membres de Jésus sont véritablement des anges gardiens établis par la promesse (Matth. XXV. 40.) et non par l’imagination.
– v. 24..... Les laboureurs et ceux qui conduisent les troupeaux habiteront en elle.....
.... Nous sommes ouvriers avec Dieu, vous êtes le labourage de Dieu (1 Cor. III. 9). Temps bienheureux où les laboureurs laboureront...... où l’espace deviendra trop étroit pour les troupeaux, où ils devront s’étendre sur toute la face de la terre ! Commençons, commençons, le reste viendra en son temps.
– v. 25..... J’ai rassasié toute âme qui languissait.....
Il y a deux sortes de langueur. Celle que produit un travail assidu, persévérant, mais peu fructueux ; bien différente de celle qui provient de la délicatesse, de la lâcheté, de la préoccupation des choses du corps qu’on ne remarque que trop de nos jours et dont il serait bien à désirer que beaucoup d’âmes précieuses ne fussent infectées.
– J’ai enivré l’âme altérée.....
Donne du vin, ô Lémuël, non pas aux rois mais à celui qui est dans l’amertume de cœur, afin qu’il ne se souvienne plus de sa peine ! (Prov. XXXI). Le Fils de Dieu sera rassasié du travail de son âme (Esaïe LIII). Mais quel est le cordial des témoins de Dieu ? Le salut des âmes : il n’y en a pas d’autre. Car rien ne les oppresse plus que de voir l’Évangile sans succès. Mais dès que l’un d’eux entend dire : Le Seigneur vient de gagner une âme, c’est pour son cœur une nourriture meilleure que le miel et que ce qui découle des rayons de miel.
– v. 28. Comme j’ai veillé sur eux..... je veillerai sur eux.......
Il ne néglige rien. Son œil est toujours ouvert. Un homme inexpérimenté qui voyage sur terre ou sur mer s’inquiète souvent sans raison. Si le cocher habile s’approche du bord de la route pour éviter un mauvais pas, il crie qu’on va verser : un vent frais qui réjouit le pilote lui fait appréhender la tempête. Toutefois l’expérience s’acquiert vite dans ces choses. Mais qu’on est lent à comprendre les voies de Dieu ! Veut-on se mettre sérieusement à cette étude ? On meurt avant d’y avoir fait de grands progrès. Le plus court est donc de se dire dès l’abord et de répéter dans tous les cas possibles : C’est l’Éternel ; il y pourvoira. Mais il permet bien de porter devant Lui quelques plaintes et il ne les laisse point sans réponse.
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Chap. XXXV. (Les Réchabites).
L’obéissance est pour les Églises le vrai secret de durée. Dieu veut faire miséricorde en mille générations à ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements. Obéissez à vos conducteurs (Héb. XIII). – Soyez soumis les uns aux autres dans la crainte de Dieu. – Il veut l’obéissance plutôt que le sacrifice (1 Sam. XV. 22).
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Chap. L. v. 33. 34. Tous ceux qui les ont pris les retiennent et refusent de les laisser aller..... Leur Rédempteur est fort.
Il n’est pas bon de s’attaquer aux enfants de Dieu. Surtout lorsqu’ils ne compromettent pas eux-mêmes leur cause par un esprit processif, mais qu’ils donnent lieu à la vengeance (Rom. XII). S’il se tiennent coi devant le Seigneur et le laissent agir, bientôt il intervient de telle sorte que les montagnes s’ébranlent et fument. Nous en voyons encore des preuves.
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Chap. LI. v. 50...... quoique vous soyez loin, souvenez-vous de l’Éternel et que Jérusalem vous revienne dans le cœur.
La moindre fibre du corps de Christ est unie avec la tête et avec toutes les autres fibres tout autour. On s’aime, on prie les uns pour les autres et lorsqu’on se rencontre, l’Esprit produit un tressaillement sympathique : Celui-ci est os de mes os et chair de ma chair.
Puisse le Seigneur vous multiplier par milliers, enfants du Dieu vivant !
– v. 15. Mais, direz-vous, nous sommes honteux des opprobres que nous avons entendus, la confusion a couvert nos faces de ce que les étrangers sont venus contre les sanctuaires de la maison de l’Éternel !
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Le vénérable évêque Comenius faisait entendre cette plainte qui rappelle si bien les lamentations de Jérémie : « Nous sommes dispersés et réduits à peu de restes, comme quand on secoue l’olivier et qu’il reste deux ou trois olives au bout des plus hautes branches et quatre ou cinq au haut des branches fertiles (Ésaïe XVII. 6). Car ceux qui nous aimaient nous oublient, nous délaissent, personne ne prend en main notre cause. Nous portons justement la colère du Très-Haut..... Toutefois malheur à ceux qui nous abandonnent. Car pourquoi ce peuple affligé est-il l’objet de tant de haine, de tant de persécutions, d’un si grand mépris, si ce n’est parce qu’il a voulu s’attacher à la doctrine des apôtres, aux exemples de la primitive Église, aux plus pures traditions des anciens fidèles ? Il ne lui reste donc aucune autre consolation que de répéter comme autrefois le peuple de Dieu : Nos larmes sont sur nos deux jours ; il n’y a pas un de nos amis qui nous console ; nos adversaires sont établis pour chefs ; nos ennemis ont prospéré ; nous sommes devenus comme des orphelins ; la joie de notre cœur est cessée...... Mais toi, Éternel, tu demeures éternellement et ton trône est d’âge en âge. Convertis-nous à toi, ô Éternel, et nous serons convertis. Renouvelle nos jours comme ils étaient autrefois (Lament. I. V).
C’est ainsi que ce nouveau Jérémie fermait, comme il s’exprime lui-même, la porte du temple avec des larmes intarissables. Il croyait son peuple mort. Mais il se trompait, cet homme excellent. Israël et Juda n’ont point perdu leur Dieu, quoique leur pays ait été trouvé par le Saint d’Israël plein de crimes (Jérémie LI. 5).
Les Églises sont éternelles !
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Comte ZIZENDORF, Jérémie, 1850.
1Trad. allem ; l’hébreu pourrait signifier : ne crains point que je te rende confus en leur présence. (Trad.)
2Doctrine luthérienne qu’il s’agit de confronter avec l’enseignement de l’Écriture. (Trad.)
3Qu’on n’oublie pas que c’est un comte souverain qui parle ainsi. (Trad.)
4Héb. sont ou seront du vent ; allem. sont des bavards. Osterv. ne paraît pas avoir compris le texte. (Trad.)
5Trad. allem., l’hébreu est obscur. (Trad.)
6Pour ce qui regarde la théorie ecclésiastique que l’auteur indique ici et sur laquelle il reviendra encore, voyez la Préface. (Trad.)
7Distinction bien délicate ! (Trad.)
8Voyez Hist. des frères de Bohême et de Moravie, par Bost.
9Ceux qui citent ce passage à l’appui du nationalisme ont-ils bien pesé ces expressions ? (Trad.)
10C’était au Concile de Nicée. Voyez Sozomène H. E. I. 18. (Note de l’édit. allem.)
11C’est l’un des noms donnés aux frères de Bohême.
12Héb. Et allem. Comme dit Jésus-Christ : ils ont pris les clefs de la science, etc. Ces deux textes s’appliquent directement aux théologiens ; Zinzendorf, en les appliquant à la philosophie, est pourtant fidèle à leur esprit. (Trad.)
13 Nous aurons des étudiants pieux, mais passablement ignorants.
14Le grand mensonge.
15Fuyez l’espérance pour éviter la douleur.
16Je pense qu’elles seront grandes.
17Lehren allesammt falschen Gottes-Dienst. Trad. allemande qui est moins exacte ici que le français. (Trad.)
18On voit que Zinzendorf vivait dans un temps d’orthodoxie. (Trad.)
19La renommée vaut autant que la vie.
20Sur le devoir de n’offenser personne.
21Weismanni Introd. in memorabilia historiae sacrae Nov. Test. Halle, 1731 et 1745.
22À ce verset se rapportent des réflexions que nous avons cru devoir reproduire, parce que l’auteur paraît y attacher beaucoup d’importance. Mais elles reposent sur la traduction allemande, qui ne répond pas exactement au texte hébreu. (Trad.).
23De la théologie des inconvertis.
24Église n’a point ici le sens qu’il faut attribuer à ce mot dans d’autres passages et surtout dans la 5e partie. Il désigne ici une Église nationale. Ailleurs il désignera les assemblées privées des croyants. (Trad.)
25Seigneur, quels temps nous avais-tu réservés !
26Voyez la préface et page 78.
27Da der Kranke genas
Nie ärger er was.
28Se mêler de ce qu’on n’est point appelé à régler.
29Qui tiennent le milieu entre Dieu et l’homme.
30L’application est fausse, car St Paul parle des Crétois convertis mais conservant plus ou moins leur caractère naturel. (Trad.)
31Trad. allem. Le français est ici bien plus conforme à l’hébreu, mais nous avons désiré conserver des pensées précieuses. (Trad.)
32Le mot chrétien se rapporte ici uniquement à la profession. (Trad.)
33Ceci se rapporte à la pratique de l’Église luthérienne. (Trad.)
34Kirchen-postille.
35Portion de l’Écriture.
36Nous croyons tous en un Dieu, etc.
37Nous voulons tout oser pour ta gloire, etc.
38Je te dis adieu, monde méchant et trompeur.....
39Ta vie impure et pécheresse ne saurait plus me plaire...
40Nom donné par le Sauveur aux fils de Zébédée.
41Cette expression désigne l’œuvre comme telle, indépendamment du sentiment qui en est le principe. (Trad.)
42Peu importe leur haine, pourvu qu’ils me craignent !
43Ô longanimité sans pareille, qui pourra te comprendre !
44En vain chercherait-on à contraindre et à comprimer la nature.
45Il est plein de souillure, – plein de vanité, – étranger par nature, – à la vraie sainteté.
46Par une concession provisoire.
47Oh ! que ne pouvons-nous faire résonner notre contrée toute entière de sa louange !
48Sous la livrée du piétisme. L’auteur, dans un autre ouvrage, donne une explication curieuse de l’origine de ce nom. « Il y a 50 ans, dit-il, que mourut à Leipzig un étudiant pieux. Le professeur de poésie, voulant honorer sa mémoire, composa une pièce de vers où, sans doute, l’embarras de la rime lui fit terminer une strophe par ces mots : er war ein pietist, fabriquant ainsi un terme qui n’est pas plus allemand que grec ou latin. Et comme presque tous les noms des sectes séparées du Luthéranisme finissent en ist (Schwenkfeldist, etc.)..... » etc. etc. (Édit. allem.)
49Voici, sur cet homme dont Jung Stilling a parlé d’une manière intéressante dans son Théobald, quelques détails tirés des Sonderbaren Gesprächen eines Reisenden du comte de Zinzendorf, p. 14O. « ..... Le conseiller Dippel était si savant, que s’il n’a point enseigné dans toutes les facultés, il eût pu le faire. Il avait la majesté terrible d’un lion et toutes les bêtes le craignaient, comme il tremblait lui-même à la pensée de Dieu. Il reconnaissait Jésus pour le Fils de Dieu, mais il ne voyait qu’un galimatias dans la doctrine de sa mort expiatoire, et se donnait mille peines pour laver la Divinité de ce qu’il regardait pour elle comme un opprobre. Cette sollicitude ne lui vint pas dès l’abord. Il commença par une campagne contre les abus et les lubies de la philosophie, de la médecine et de la scholastique.... En Danemark il voulut jouter comme Don Quichotte avec un haut personnage et délivrer le public de sa tyrannie. Jeté en prison, il dut perdre quelque chose de sa pétulance, mais il n’en devint que plus hardi dans ses plans de réforme et finit même par s’attaquer, avec scandale, à la théologie scripturaire. Son intention pouvait se borner, au commencement, à justifier Dieu devant les incrédules ou à secouer dans leur antinomique sécurité les ecclésiastiques relâchés. Mais bientôt, échauffé par la dispute, il ne s’égara plus seulement dans les termes, mais incontestablement dans l’essence même de la doctrine. Il prétendit que la satisfaction n’avait point été nécessaire, conséquemment qu’elle n’avait point eu lieu, et se mit, avec la plus grande ardeur, à faire un tel usage des leçons, des versions, des interprétations diverses et de tous les artifices de l’exégèse, qu’il obscurcit autant qu’il était en lui le sens de passages et de déclarations aussi claires que le soleil. Vers l’an 1730 ses yeux s’ouvrirent : il était même prêt à faire une rétractation publique. Mais un théologien de notre Église (luthérienne) l’ayant prévenu par un écrit violent, Dippel en fut si irrité qu’il n’y eut plus moyen de lui faire entendre raison. Il poussa sa négation scandaleuse jusqu’à ses plus extrêmes conséquences, ce qui lui attira, en 1731, de la part d’une assemblée chrétienne, une censure très-grave suivie de l’exclusion. (J’en ai lu le récit fait par lui-même.) Cet homme avait des qualités. Sa mort subite fut bien pénible à ceux qui l’avaient connu de près. »
Nous avons cru que cette citation d’un livre très-rare ferait plaisir au lecteur, soit par l’intérêt qu’elle offre en général, soit par le jour qu’elle projette sur l’histoire ecclésiastique du dernier siècle. (Note de l’éditeur allem.)
50Que la rançon au prix de laquelle Tu m’as sauvé soit toujours présente à mon âme !
51Hébr. et allem.
52Jésus, conduis-moi pendant ma vie ; ne permets pas que sans toi je me conduise moi-même.
53Vous ne vous mettez point à notre place.
54L’espérance de temps meilleurs.