Résurrection
Le feu agile vole,
Et l’air subtil s’agite,
L’eau fluide s’écoule,
Stable reste la terre ;
Les corps légers s’élèvent
Les corps graves s’équilibrent ;
Tout est renouvelé.
Le gel de la mort se résout ;
Le prince du monde est renversé ;
Son empire, en nous,
Est détruit.
Pour avoir voulu posséder
Ce qui n’était pas de son règne
Il a perdu son propre droit.
Le renouveau du monde
Enfante des joies nouvelles ;
Le Seigneur ressuscitant
Tout avec lui ressuscite ;
Les éléments, ses serviteurs,
Sentent la grandeur de la fête
De celui qui les a créés.
Le ciel est plus serein,
La mer plus tranquille ;
L’air souffle plus léger.
Notre vallée fleurit ;
Les terres arides reverdissent
Les terres froides se réchauffent
À la tiédeur du printemps.
La vie triomphe de la mort,
Voici que l’homme récupère
Ce qu’il avait jadis perdu :
La joie du paradis.
L’Ange nous ouvre un chemin facile
En écartant de nous
(Ainsi que Dieu l’avait promis)
La prompte lame de son glaive.
ADAM DE SAINT-VICTOR,
Prose pour la résurrection du Seigneur, 1192.
Traduit du latin par P. H. Michel.