Soir
Le soir, tout ruisselant d’ombres et de clartés,
Baigne amoureusement le val et la colline :
La lune monte au ciel et le soleil décline,
Et la forêt frissonne au souffle des étés.
Mon cœur s’épanouit en tes sérénités,
Heure de calme pur et d’extase divine :
Il s’ouvre, quand tu dis : « Fleuris ! » à l’aubépine ;
Il chante, quand tu dis aux rossignols : « Chantez ! »
Le buisson lance au ciel l’encens de ses corolles ;
Ton rêve prend l’essor, et tes douces paroles
Au jour qui va mourir jettent l’hymne d’adieu.
Soir divin ! soir d’amour ! – Prie, ô ma bien-aimée !
Car ta prière alors, avant d’aller à Dieu,
Frôle son aile aux fleurs, et part tout embaumée.
F.-E. ADAM.
Paru dans L’Année des poètes en 1893.