Stella
À N. B.
Hier au soir, à l’heure où tu devais dormir,
je rêvais à ma fenêtre, les yeux levés au ciel ;
j’aperçus une étoile au-dessus de ta demeure...
je regardais l’étoile, mais je pensais à toi !
Étoile aux feux si doux, perle de la couronne
De l’Éternel,
Brillant flambeau des nuits, bel astre qui rayonne
Au front du ciel !
Où vas-tu ? d’où viens-tu ? quelle est ta destinée ?
Du Créateur
Serais-tu le séjour ? de l’âme infortunée
Es-tu la sœur ?
Entends-tu les soupirs que la douleur exhale
Dans le secret,
Et d’un premier amour la plainte virginale,
Témoin discret ?
Ton rayon descend-il pour calmer la souffrance,
Quand fuit le jour ?
Riante étoile, es-tu l’astre de l’espérance
Ou de l’amour ?
N’as-tu pas vu, dis-moi, dans ta course rapide
Au firmament,
Une vierge au front pur, au sourire timide,
Frais et charmant ?
Quand tu la vois, le soir, pensive et solitaire,
Baisser les yeux,
C’est elle ! oh ! verse-lui ta tremblante lumière
Du haut des cieux !
Si parfois en secret elle répand des larmes,
Glisse en son cœur,
Dis-lui qu’en cette vie on peut trouver des charmes
Et du bonheur !
Dis-lui qu’il ne faut pas être seul en ce monde
Pour être heureux,
Qu’il nous faut ici-bas une âme qui réponde
À tous nos vœux !
Fais entendre à son cœur ta céleste parole :
Tu dois savoir
Sans doute plus d’un mot qui plaît et qui console,
Doux mot d’espoir,
Qui fait chanter soudain la lèvre qui soupire
Sur ses douleurs,
Et qui sait faire éclore un pur et frais sourire
Au sein des pleurs !
Descends et viens près d’elle, et dis-lui, quand sa bouche
Aura gémi,
Qu’à l’âme qui repose, il ne faut d’autre couche
Qu’un sein ami !
Si tu la vois, hélas ! qui pleure avec mystère
En son séjour,
Dis-lui que le bonheur sur cette pauvre terre
Est dans l’amour !
Et quand son œil alors, souriant d’espérance,
Se fermera,
Ton rayon bien-aimé sur son front en silence
Se posera.
Comme un ange gardien tu veilleras sur elle
Dans son sommeil,
Et pour la protéger tu déploieras ton aile,
Astre vermeil !...
Va donc, rayon divin, et reste en sa demeure
Jusques au jour ;
Porte-lui les soupirs de mon âme qui pleure
Et mon amour !
F.-E. ADAM.
Paru dans La Tribune lyrique populaire en 1861.