Hymne de la reconnaissance

 

 

Lorsqu’élevant vers toi ma méditation,

Je repasse, ô mon Dieu, tes bienfaits en silence,

Je me perds absorbé dans un sujet immense

De louange, d’amour et d’admiration.

 

Oh ! quel langage alors, dans l’ardeur qui m’enflamme,

Pourrait de mes pensées égaler la grandeur ?

Mais qui sait, mieux que toi, lire au fond de mon cœur ?...

Qui sait mieux pénétrer les secrets de mon âme ?

 

Avec combien de zèle, avec quels tendres soins,

Même avant ma naissance, ô très généreux père,

Quand je dormais encor dans le sein de ma mère,

Tu veillas sur ma vie et prévins mes besoins.

 

Incapable à la fois de désir et de crainte,

Je ne pouvais prier, ni former aucun son ;

Et déjà cependant d’un faible nourrisson

Ton oreille entendait le langage et la plainte.

 

Ce n’était point assez de protéger mes jours :

Dès l’enfance, mon cœur à la douleur en proie,

Par toi seul consolé, renaissait à la joie,

Avant qu’il pût savoir d’où venait ce secours.

 

Dans les sentiers glissants où l’aveugle jeunesse

Va se précipitant de faux pas en faux pas,

Avançant à l’appui d’un invisible bras,

J’atteignis sans tomber l’âge de la sagesse.

 

Combien de fois trouvai-je un asile en ton sein !

À travers les périls, la mort, les précipices,

Les pièges séduisants dont m’entouraient les vices,

Tu savais me frayer un facile chemin.

 

De mes jours consumés par la fièvre en furie,

C’est toi qui rallumas le languissant flambeau ;

C’est toi qui rappelas mon âme du tombeau

Où la mort du péché l’avait ensevelie.

 

Ta main à chaque instant prodigue de bienfaits,

Multipliait pour moi les dons de la nature ;

De nectar remplissant ma coupe sans mesure,

Ton amour se plaisait à combler mes souhaits.

 

De tous ces biens, Seigneur, qu’avec tant d’abondance

Ta libéralité ne cesse de m’offrir,

Le plus grand est un cœur capable de sentir,

Un cœur né pour l’amour et la reconnaissance.

 

Je veux donc publier ta gloire chaque jour :

Je redirai ton nom du couchant à l’aurore ;

Même après le trépas, je veux le dire encor

Parmi les habitants du céleste séjour.

 

Quand replongeant les cieux dans une nuit profonde,

Et d’un souffle éteignant leurs antiques flambeaux,

Tu confondras le feu, l’air la terre et les eaux,

Je te célébrerai sur les débris du monde.

 

Je l’ai juré, je veux durant l’éternité

Mêler ma faible voix aux cantiques des anges ;

Mais qui pourrait jamais suffire à tes louanges ?

L’éternité se perd dans ton immensité.

 

 

 

Joseph ADDISON.

 

Traduit de l’anglais par Kérivalant.

 

Recueilli dans

Choix de poésies morales

et religieuses, 1837.

 

 

 

 

 

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