Le beau navire
À G. Walch.
Grée un navire, un beau navire, avec deux Voiles
Hautes comme l’Orgueil, claires comme la Foi,
Et pars à l’aventure, au large, devant toi,
Plein du divin espoir d’amarrer aux étoiles !
Pars, grisé d’Impossible et fou de Liberté,
Les yeux hallucinés par l’Idéale Grève.
L’ivresse d’être seul et d’aller vers ton rêve
Vaut mieux que le Bonheur et que la Vérité !
Les flots succéderont aux flots. Et leur colère
Te pourra rejeter loin des Ports triomphants,
N’importe ! puisque l’eau magique que tu fends
Rejaillit sur la proue en gouttes de lumière !
Fidèle au Beau navire, ô capitaine fier !
Tu verras des soleils nager dans ton sillage,
Et mourras, savourant la volupté sauvage
De braver la tempête et de sombrer en mer !...
Pierre AGUÉTANT,
Poème inédit pour l’Anthologie de G. Walch.