La messe de minuit
Les cloches ont sonné la messe de minuit.
Dans la chambre où vacille une morne veilleuse,
Un vieillard est sur pied, œil triste, âme anxieuse.
Vers un lit il se penche en évitant le bruit.
Sa femme qui gît là, palpitante et fiévreuse,
L’inquiète : la mort aime à rôder la nuit,
La malade se plaint ; son visage se creuse ;
Elle aspire au sommeil, et le sommeil la fuit.
Où sont les fils sortis de tes flancs, pauvre mère ?
Pour toi, près des autels, font-ils une prière
À celui devant qui nous nous agenouillons ?
Dieu, famille, ... vieux jeu ! Des soupers, des maîtresses !
Loin du toit paternel hanté par les tristesses,
Que font ces jeunes gens ? – De joyeux réveillons.
Louis AIGOIN.
Paru dans L’Année poétique en 1906.