Rébecca à la fontaine
15. À peine avait-il achevé de parler ainsi en lui-même,
qu’il vit sortir Rébecca, fille de Bathuel, qui por-
tait une amphore sur son épaule.
16. C’était une jeune fille très agréable...
17. Le serviteur allant promptement au-devant d’elle, lui
dit : « Donnez-moi, je vous prie, un peu à boire de
l’eau que vous portez dans votre cruche. »
18. Elle lui répondit : « Buvez, mon Seigneur », et abais-
sant aussitôt sa cruche sur le bras, elle lui donna à
boire.
19. Après qu’il eut bu, elle ajouta : « Je m’en vais aussi
tirer de l’eau pour vos chameaux, jusqu’à ce qu’ils
aient tous bu. »
22. Après donc que ses chameaux eurent achevé de boire,
cet homme tira un ornement qui était d’or,..... et
deux bracelets qui pesaient dix sicles d’or, pour
mettre à ses bras.
23. Et il lui dit : « De qui êtes-vous fille ?... y a-t-il dans
la maison de votre père de quoi nous loger ? »
24. Elle lui répondit : « Je suis fille de Bathuel, fils de
Nachor et de Melcha.
25. « Il y a chez nous, ajouta-t-elle, beaucoup de paille
et de fourrage, et de la place pour y loger. »
(GENÈSE, CH. XXIV. )
« Étranger, d’où viens-tu ?
. . . . . . . . . . . . . . . . .
« Viens-tu de la lointaine rive,
« Où s’arrêta l’Arche du ciel ?...
« De Babylone ou de Ninive ?...
« Des champs qui virent naître Abel ?...
« Viens-tu, noble vieillard, des tribus étrangères,
« Chercher sous notre ciel des destins plus prospères,
« Dresser ta tente sur nos terres,
« Roi proscrit ou pasteur,
« Réponds-moi, voyageur ?
. . . . . . . . . . . . . . . . .
« Qui que tu sois, ce long voyage
« A dû fatiguer ton grand âge ;
« Fais arrêter esclaves et chameaux,
« Dans la prairie où paissent mes agneaux...
« Bois un peu d’eau dans mon amphore,
« L’eau du ciel sait guérir encore
« Tous les maux !
« Tu souris, ô vieillard ! que doux est ton sourire !
« Tu m’offres des bijoux, des colliers précieux,...
« Ces trop riches présents sont dignes de nos Dieux !
« Reprends ces bracelets, ces vases de porphyre,
« Leur éclat éblouit mes yeux !
« Ah ! je ne puis sans te connaître
« Accepter ces riches bijoux,
« J’ai mon père pour maître
« Et je crains son courroux !
« Aux vierges des montagnes
« On défend les vains ornements,
« Les fleurs de nos campagnes
« Suffisent au printemps !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
« Mais je m’oublie à la fontaine...
« Voyageur, écoute au lointain,
« Écoute le dernier refrain,
« Que redit l’écho de la plaine...
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
« C’est le son des chalumeaux
« Qui rappelle nos blancs troupeaux.
« Le vallon devient solitaire,
« La nuit descend à l’horizon,
« Viens auprès de mon père,
« Viens dans notre maison ;
« Pour lui l’étranger est un frère,
« Ah ! dis-lui, sans rien lui cacher,
« Ce que tu viens chercher
« Sur notre terre !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
« Avec moi sous les palmiers,
« Suis les pas des chameliers. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La fille courut donc rapporter à la maison de sa mère ce qu’elle avait entendu.
Gaston d’ALBANO, Les femmes de la sainte Bible,
harmonies sacrées (poésie et musique), tome Ier, s. d.