Cyprès
Mon âme est ce cyprès qui pointe vers le ciel :
Effilée en sa cime et plus drue à sa base,
Fer de lance qui luit au soleil qui l’embrase
Et qui semble viser un but essentiel.
L’élan intérieur qui la tend est réel.
Il lui donne l’aspect d’une orante en extase ;
Mais, son destin la tient sous son poids qui l’écrase
Et l’enchaîne, captive, en son rêve éternel.
Parfois, tel l’arbre altier qui frisonne à la brise,
Un désir de monter la soulève et la grise
Comme un qui rêverait de s’évader un peu
Loin d’un monde trop vu, par delà les nuages...
Et puis, le vent s’apaise et des raisons plus sages
Lui font aimer son coin de sol choisi par Dieu.
Gilbert ALBY.
Paru dans Art et poésie, reflets poétiques de l’ethnie française,
Anthologie des membres titulaires, agrégés d’honneur de la
Société des poètes et artistes de France,
sous la direction littéraire de Henry Meillant,
Jean Grassin éditeur, 1968.