Inscription funéraire
Si tu crois que la Mort est la sœur du Silence,
Et que l’ombre éternelle habite mon tombeau,
Lis l’épitaphe et considère le flambeau
Dont la flamme sculptée à jamais se balance.
L’une t’enseignera qu’en vain l’âme dépense
Le souffle du désir, âpre, puissant et beau,
Puisque immortel, ainsi que le feu du flambeau,
Des cendres de lui-même il renaît et s’élance.
Penche-toi vers la terre où mon passé repose,
Écoute éperdument battre le cœur des choses
En un frisselis d’eaux, de feuilles, et de vent ;
Aux échos souterrains vibrent des bruits sans nombre,
Et les voix de la vie éveillent doucement
Des paroles d’amour sur les lèvres des Ombres.
Roger ALLARD, La Divine aventure.
Recueilli dans Anthologie critique des poètes normands de 1900 à 1920,
Introduction, notices et analyses par Charles-Théophile Féret,
Raymond Postal et divers auteurs, Librairie Garnier Frères, s. d.