La poésie
De Dieu c’est le front dévoilé
Le sourire de la patrie,
Le trait d’une image chérie
Pendue au cou de l’exilé ;
Dans l’ombre du bois solitaire
Un portrait que l’on peut trouver,
Dont le modèle fait rêver,
Bien qu’invisible sur la terre ;
Le rêve des mortels écrit
Avec une plume échappée
Aux ailes du céleste Esprit
Qui tient la flamboyante épée ;
La fleur dont le bouton divin
Sous les pieds de l’ange soupire ;
L’écho léger du ciel trop plein
Des hymnes que l’extase inspire ;
Le secret de notre destin,
De la pudeur le doux mystère,
L’émail de la fleur passagère,
La prairie aux feux du matin ;
Le son de la cloche rustique
La mousse aux fentes des tombeaux ;
Un adieu ; l’œil mélancolique ;
L’innocence aux mains des bourreaux.
C’est le soleil posé sur l’onde,
Un soupir de l’infortuné ;
C’est un souris du nouveau-né,
Un orage lointain qui gronde.
C’est le vol d’un nom immortel,
C’est la gloire avec ses misères ;
C’est le prêtre au lit de ses frères,
Le silence autour de l’autel ;
Le poids des ans, un vaste abîme,
Ce qui surprend ou fait horreur,
Le doux, l’inconnu, le sublime,
La mélodie et la terreur.
Édouard ALLETZ.
Paru dans La France littéraire en 1834.