Odi profanum

 

 

LE sentiment échappe à qui ne peut se taire :

Prière, poésie, amour, religion,

Toutes ces fleurs de l’âme ont besoin de mystère,

Et nul, sans le ternir, ne touche au papillon.

Respect à la chose adorée !

Le babil indiscret de pudeur dépourvu

Profane, en la nommant, toute grâce éthérée ;

Quand le rêve est divin, la réserve est sacrée :

La fleur suave doit n’être que respirée :

Le frêle papillon ne doit être que vu.

 

 

 

Henri-Frédéric AMIEL,

Jour à jour, 1880.

 

 

 

 

 

 

 

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