Sur la face lépreuse du mur...

 

 

SUR la face lépreuse du mur dansait une nébuleuse,

Un cœur de lumière avec des cheveux blonds.

Un grand cri troua le silence,

Au lieu d’une nébuleuse de lumière avec ses longs cheveux blonds,

Une araignée noire dansait sur le salpêtre

Projetant sur la lèpre du mur de fantastiques serpents noirs.

 

LA floraison des rêves

Noire et froide

Par lourdes vagues t’ensevelit.

C’est le baiser de la mort

Sur ta peau lumineuse où chante

Le sang de ta jeunesse éternelle.

 

De toi naissent les belles-de-nuit

Closes comme des vierges mortes

Avant la floraison sanglante de l’amour.

 

Homme déchiré,

De joie commune sevré dès ta naissance,

Chaque belle-de-nuit figure la stérilité de tes jours.

Tu peux écarteler les fibres de tes membres :

Ton cœur répond par le silence

Au Cantique de la Création.

 

En toi sommeille un paysage éteint de lune pâle,

Où l’amour est chose sans nom,

Où ne chante plus le saint désir de semer

Dans une tempête

Une floraison de jeunes êtres.

 

Je voudrais être assis au milieu des enfants.

 

J’aimerais tant jouer avec les enfants sages,

Qui rêvent bien au chaud dans un pays d’images

Tranquilles,

Au pied des peupliers chantants au bord de l’eau.

Nous nous prendrions les mains très délicatement,

Et nos doigts enlacés seraient comme des fleurs

Tièdes et frêles dans les frisures du vent

De printemps glissant à pas feutrés.

 

Et nous ne dirions rien, jouant au grand silence

Des oiseaux de nuit, au grand silence du soleil.

Nos yeux n’auraient point d’ombre.

Et chacun connaîtrait le Pays du Miracle.

 

 

 

Jean AMROUCHE, Étoile secrète, « Journal de l’Absent », 1983.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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