À Sainte Agnès,
à la venue de son image
Gracieuse agnelette,
Le peuple est en liesse,
Car votre venue
Lui donne un feu nouveau.
Agnelette sainte,
De Jésus aimée,
Votre sainte vie
Le Diable épouvante,
Pour quoi vous célèbre
Tout un peuple en joie
Car votre venue
Lui donne un feu nouveau.
Notre sombre faute
Vite s’enfuira
Car de votre chef
Vient si pure flamme ;
Et votre beauté
Du peuple est l’honneur
Car votre venue
Lui donne un feu nouveau.
Tête virginale,
Pour la foi tranchée,
Qu’avec votre arrivée,
Nul plus ne périsse ;
Vitement venez
En aide à ce peuple
Puisqu’avec votre venue
Vous lui donnez un feu nouveau.
Vous êtes agnelette
Du Très-Beau Jésus ;
Mais votre Époux déjà
Vous a faite Reine.
De votre peuple aussi
Vous êtes boulangère,
Puisque par votre venue
Vous lui donnez un blé nouveau.
Il n’est pas de l’Alentejo,
Ce blé que vous apportez,
Mais Jésus ami
Est votre désir.
Je me meurs de voir
Que ce peuple nôtre
N’est point affamé
De ce blé nouveau.
Sainte Mitronnette,
Morte sous le couteau,
Sans mélange de son
Est votre farine.
Elle est le remède
Qui guérit le peuple
Auquel votre venue
Donne un blé nouveau.
Le pain qu’en votre sein
Vous avez pétri
Est l’amour parfait
Qu’à Dieu vous donnâtes.
Lasse de ce don,
Au peuple vous l’offrez,
Afin qu’il laisse le vieux
En faveur du blé nouveau.
Ce n’est au marché que se vend
Ce pain de vie,
Car c’est nourriture
Qui gracieusement se donne.
Ô pâte précieuse !
Ô ce pain si nouveau
Qu’avec votre venue
Dieu au peuple veut donner !
Ô le doux gâteau
Que l’on nomme grâce !
Qui se passe d’elle
Est un fort grand sot,
Homme sans cerveau
Quiconque de ce peuple
N’est tout affamé
De ce pain nouveau.
José de ANCHIETA.
Traduit par Armand Guibert.
Recueilli dans Anthologie de la poésie ibéro-américaine,
Choix, introduction et notes de Federico de Onis,
Collection UNESCO d’œuvres représentatives, 1956.