En Dieu, mon Créateur
Rien n’est sûr ici-bas.
Ces choses que l’on voit
Sont en train de passer.
La vie ne dure pas,
Son bonheur va finir.
Souffle et buée,
La créature s’efface.
En Dieu, mon créateur,
Repose tout mon bien,
Mon espérance et
Mes délices, tout mon amour
Enfin et toute ma joie.
Qui sert un tel Seigneur
Ne connaît nul changement.
Bienheureuse, ô mon âme,
Es-tu, lorsque, meurtrie
Du doux amour de Dieu,
Tu délaisses le monde
Pour chercher l’autre vie,
En laquelle tu désires
T’abîmer et te fondre.
Au pied de la montagne sainte,
Levant les yeux
Vers sa plus haute cime,
J’ai vu jaillir la source
De la vraie connaissance,
Qui en mon cœur consume
Toute ténèbre.
Douces sont les liqueurs
Qui ruissellent des grandes failles
Du rocher. Vertige ici
L’erreur prend fin,
Et l’exil,
Lorsque enfin l’amertume
Du fruit est enlevée !
José de ANCHIETA.
Recueilli dans La poésie du Brésil, anthologie du XVIe au XXe siècle,
choix, présentation et traduction de Max de Carvalho
en collaboration avec Magali de Carvalho et Françoise Beaucamp,
Éditions Chandeigne, 2012.