Sur les innocents

 

 

Quel orage, ô Seigneur, vient menacer ta tête ?

Un tyran furieux, de ta gloire jaloux,

Pour te donner la mort s’enflamme de courroux

Et fait avec horreur éclater sa tempête.

Le fer fume à regret du sang des Innocents ;

L’air s’émeut de pitié par leurs tristes accents ;

Le jour pâlit de crainte en voyant ce carnage ;

Les bourreaux de frayeur sont eux-mêmes surpris,

Et, dans le désespoir d’un si cruel outrage,

Les mères jusqu’au ciel font entendre leurs cris.

 

Victimes de Jésus, bien que la destinée

Coupe dans le berceau la trame de vos jours,

L’astre, père du temps, verra finir son cours

Sans que votre grandeur par les ans soit bornée.

Le Monarque éternel vous prend pour ses enfants ;

Vous êtes de la mort à jamais triomphants ;

Vous montrez aux martyrs le chemin de la gloire,

Mille félicités naissent de vos douleurs,

Les Anges dans le ciel chantent votre victoire,

Et présentent à Dieu votre sang et vos pleurs.

 

 

 

Arnauld d’ANDILLY.

 

Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,

poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,

Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.

 

 

 

 

 

 

 

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