Nos mains d’aujourd’hui
Nos mains d’aujourd’hui appuyées sur notre passé d’hier
S’enfoncent en bousculant les minutes déjà comptées
Nos bras aspirent à fouiller le futur
Pour bâtir un rêve sur le chantier de nos aspirations
Nos cris d’alarmes éclatent dans l’air comme des ballons
Et nos chairs meurtries suintent la peur d`un rendez-vous
Agrippés à notre misère nous cahotons dans le présent
Qui roule vers un futur imminent
Dans nos banquets intimes
Victimes et sacrificateurs ont même goût
Allégresses et douleurs même mélodie
Vin et vinaigre même douceur
Nos jouets égarés cherchent l’enfant que nous étions
Tout nous rappelle le terme d’un séjour passager
Nos paupières ferment l’horizon de nos rêves enfumés
Notre bouche se tait quand notre cœur ne sait plus parler
Le soir venu nos derniers pas tombent sur le pouf du salon
Et le sommeil endort notre cœur jaseur
Seule ta présence ô Dieu
Peut donner un sens à nos bras tendus
Car nos cœurs à broyer tant d’objets intimes
Brisent inconsciemment un bonheur futur et innocent
Nos cœurs ont trop gondolé dans le passé
La peur d’aborder au rivage du présent
Les fait prisonniers de remous bouillonneux
L’accent de nos cris trahit notre dépendance
Et nos cœurs ont besoin de tuer des souvenirs
Pour penser à la mort
Nos épaules tordues ne peuvent plus
Détourner les pas d’un repentir
Qui s’égare loin de rios mains
Faut-il qu’à l’image du temps qui s’efface
Nos âmes imbues de votre miséricordieuse bonté
Désespèrent d’un retour possible
D’un repentir qui s’éclipse
À l’ombre d’un retour
Seigneur Seigneur
Paul ANDRINET, Mélodies sur cordes libres,
Les Éditions de l’Atelier, 1956.