Printemps dans les cœurs
L’hiver, à tous moments, se penche davantage
Vers son déclin ; déjà la nature sourit,
Ainsi que le regard d’un radieux visage
Reflétant le bonheur dont l’amour se nourrit.
Se croyant à l’abri, la pâle violette
S’épanouit, heureuse, à l’ombre du rocher.
Grave erreur !... Dieu la fit pour n’être point secrète :
Son parfum l’a trahie et l’on vient l’arracher.
Comme elle, autour de nous, que de cœurs se révèlent,
Alors qu’ils désiraient rester toujours fermés !...
Ne pouvant dérober le trésor qu’ils recèlent,
Un parfum s’évapore et ces cœurs sont aimés !
C’est aussi le moment où les oiseaux timides,
Gazouillant des refrains gais et mélodieux,
Voltigent sur le nid que leurs ailes rapides
Couvrent, s’élargissant dans leur vol gracieux.
De même, sur nos cœurs plane une douce ivresse !
Un rêve d’or est là, qui nous poursuit toujours !
Et nos cœurs, inspirés bientôt par sa caresse,
Se laissent emporter sur l’aile des amours !
Les cloches du plaisir, dans les airs, carillonnent :
C’est le Printemps avec son cortège de fleurs,
Ces fleurs qu’on aime à voir, qui charment et sillonnent
Le vieux sentier semé de désirs et de pleurs.
Et nos cœurs, tout heureux, bénissant la nature,
Qu’agite, de la sorte, un souffle innovateur,
En admirant le sort de chaque créature,
Se livrent à l’amour du divin Créateur !
Augustin ANGLÈS.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.