Abandon

 

 

Où sont les mots ailés ? Ils se sont envolés.

La fleur de ma jeunesse ? Elle s’en est allée.

Où la gloire ? Elle est loin. La force de mon corps ?

La douleur a fléchi les vieux membres souffrants.

Où les biens d’autrefois ? Où la richesse encor ?

Dieu l’a prise. Et j’ai vu tout le reste aux méchants,

À leurs jalouses mains, avidement laissé.

Où sont donc mes parents, mes deux frères sacrés ?

Tous au fond du tombeau désormais sont allés,

Et seul m’était resté le sol de ma patrie.

Dans la sombre tempête un démon noir l’a pris.

Maintenant, pèlerin sur la terre étrangère,

Traînant ma vie obscure et ma faible vieillesse,

Sans mitre, sans cité, sans enfants, sans tendresse,

Vivant au jour le jour, d’un pas vagabond j’erre.

Où reposer mon corps ? Quelle fin me viendra ?

Quel tombeau amical, quel sol me couvrira ?

Qui posera ses mains sur mes yeux de mourant ?

Sera-ce ton ami, ô Christ, ou un méchant ?

 

Ô Christ-Roi, tu es seul mon or et ma patrie,

Tu restes à jamais la force et l’univers,

En toi je dormirai et dissoudrai ma vie

Comme je laisserai tous mes chagrins amers.

 

 

 

ANONYME GREC.

 

Traduit par Robert BRASILLACH,

dans Anthologie de la poésie grecque.

 

 

 

 

 

 

 

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