Du temps que les pâtres chantaient
(PROVENCE)
Du temps que les pâtres chantaient
Le bonheur qui venait d’arriver
Brebis, moutons, cabris jouaient
Avec tous les troupeaux de moutons
Brebis criaient
Agneaux bêlaient
Chèvres sautaient
Et disaient : Mê
Et bê, bê, bê, bê, bê
Que bien-être vous soit.
En cette heure bénie
Où ce grand Dieu est apparu
Toute la terre est réjouie
Et tout lui a fait la bienvenue
L’âne brayait
Le bœuf meuglait
Le coq chantait
Ils disaient : Coco
Coco, Cocorico
Le bienvenu êtes.
Tous les animaux domestiques
À la louange de ce Dieu
Chantaient de jolis cantiques
Se piquant qui chanterait le mieux
Le chien aboyait
Le porc grognait
Le chat miaulait
Il faisait miaou, miaou
Le porc faisait graou, graou
Et le chien baou, baou, baou.
Les oiseaux couverts de plumage
Canaris, rossignols, pinsons
Louèrent Dieu dans leur ramage
En disant de belles chansons
Tous entonnèrent
Tous fredonnèrent
Tous jargonnèrent
Disant : Tirli
Chantant : Chilili ! li !
Vous êtes le plus joli.
Les gros oiseaux de nuit chantèrent
Pour louer leur grand créateur
Tous les chats-huants sifflèrent
Les ducs soufflèrent à leur tour
Chauve-souris
Toute pelée
Faisaient chamarade
Elles faisaient : Rou ! Rou !
La chouette : Chou ! Chou !
Et le coucou : Coucou !
Les grillons avec les cigales
Guêpes, abeilles et les bourdons
Les cousins avec les demoiselles
Mouches, hannetons et papillons
Troupe authentique
Fort magnifique
Faisaient musique
En faux bourdon
Les uns faisaient boum ! boum !
Et les autres zoum ! zoum ! zoum !
Courons vite, tous à l’étable
Pour adorer le bel enfant
Et sa mère qui est tant aimable
Et Joseph le bon grand-père
Chacun s’extasie
Et danse et vante
Que chacun chante
Le Dieu d’Amour
Qui est né dans ce jour
Vive le Rédempteur.
ANONYME français du XIXe s.
Traduit par R. Comte, chant X des Noëls des Aïeux, Aubanel, éditeur, Avignon.
Recueilli dans La grande et belle bible des Noëls anciens,
par Henry Poulaille, Albin Michel, 1951.