Il tomba une rosée du ciel...
Il tomba une rosée du ciel
Dans une petite fille.
Jamais il n’y eut aussi bonne femme.
Cela fit un petit enfant
Qui naquit d’elle :
Et elle resta vierge.
Ô Vierge choisie entre toutes,
Louange doit toujours vous revenir.
La Vierge portait l’enfant.
La grossesse ne la contrariait pas.
Quand joseph s’en aperçut,
Ce bon et digne homme,
Il pensa : je veux l’abandonner
– Je ne suis pas le père –
Et suivre mon chemin
Avant que cette honte m’advienne.
Or du trône des cieux
Un ange l’apostropha :
« Ô Joseph fils de David,
Homme choisi,
Restez donc ensemble.
C’est en dehors des forces humaines
Que dieu le Père Tout-Puissant
A ainsi opéré en elle. »
L’empereur grand en puissance
A donné un ordre
Que suivant sa famille
Chacun devait aller dans la ville
D’où il était né
Et apporter son tribut :
C’est ce qu’on fit entendre là
Et crier publiquement.
Marie – et Joseph avec elle –
Arriva à Bethléem
Car c’était la ville de Joseph
Comme l’écriture le déclare.
Mais elle ne put entrer nulle part :
On l’envoya toujours plus loin.
La reine des anges
Ne fut pas écoutée là.
Après cela ils ont trouvé
Une maison très piètrement couverte
Et en quelques instants
Pris là leur logement.
Alors la Vierge devint mère
(Sans gémissements ni mal)
Du fils et du frère de l’homme.
Savait-il nous être plus proche ?
Combien elle était intimement joyeuse,
Contemplant son mignon enfant !
Elle était pleine d’amour,
Elle mit l’enfant sur ses genoux,
Elle l’embrassa sur ses paupières,
Elle l’embrassa maintes fois,
Parce qu’il venait délivrer
Ses prisonniers jeunes et vieux.
Maria, belle fontaine
Dans laquelle Dieu prit son repos,
Priez pour nous tous en commun
Jésus, ce bon agneau,
Qu’il veuille nous avoir
Dans son palais céleste
Où il y a de la joie hors mesure
Et de l’amour et de la douce paix.
Poésie en vieux-flamand recueillie en 1621 à Anvers.
Parue dans Le Spectateur catholique en décembre 1897.