À Rome
Berceau des justes lois, des lettres et des arts,
Ô toi dont le seul nom enchante notre oreille !
Bienheureux celui-là dont la nef appareille
Vers tes quais de porphyre où dorment les lézards !
Rien en toi n’a changé parmi tant de hasards ;
Ville toujours diverse et constamment pareille,
Ton vieux sol qui nourrit le laurier et la treille,
Mêle aux cendres des saints la poudre des Césars.
Tes sept monts t’ont prêté la forme d’un beau vase
Que le pampre enguirlande et qu’emplit jusqu’aux bords
Le sang clair des raisins que la vendange écrase ;
Et tu restes ensemble, ô cité des grands morts,
Le calice d’or pur où l’ange boit l’extase
Et la coupe de bronze où bout le vin des forts.
Franz ANSEL, Muses Latines.
Paru dans Les poètes de la tradition en janvier 1938.