L’appel vers Dieu

 

(Psaume XLI)

 

 

Tel le cerf soupirant vers les eaux des fontaines,

Mon âme te désire, ô Seigneur tout-puissant,

Mon cœur a soif et veut boire son Dieu vivant.

Ah ! quand pourront le voir nos prunelles humaines ?

 

Jour et nuit j’ai mangé la douleur comme pain,

Et tous ils me disaient : Où donc est ton Seigneur ?

Je m’en suis souvenu, j’ai refermé mon cœur,

J’irai, je foulerai le pavé du lieu saint,

 

J’aurai dans la maison du Souverain des anges

La louange et la joie et les airs de la fête.

Pourquoi te troubles-tu, ô mon âme inquiète ?

Ton espoir est en Dieu, et je dis Sa louange.

 

Il est de mon regard aujourd’hui le soutien.

De lui-même mon cœur tremble dans ma poitrine.

Mais je T’appellerai, Seigneur, sur le Jourdain

Et l’Hermon qui pour Toi n’est rien qu’une colline.

 

On voit le sombre abîme invoquer un abîme,

Et Tes eaux rejaillir sur la rive en fracas,

Tes flots m’ont submergé, puissants comme des cimes.

Le jour dit Ta pitié et la nuit Ton éclat.

 

Voici donc ma prière au Dieu de toute chose.

Je lui dirai : « Pourquoi m’as-tu donc oublié ?

Pourquoi dois-je marcher vagabond et morose ?

Pourquoi mon ennemi a-t-il pu m’accabler ? »

 

Quand mes os sont brisés, mes ennemis s’entêtent,

Ils vont toujours disant : Où donc est ton Seigneur ?

Pourquoi te troubles-tu, ô mon âme inquiète ?

Ton espoir est en Dieu, et je loue le Seigneur.

 

Il est pour mon regard l’aide la plus parfaite.

 

 

 

APOLLINAIRE.

 

(Traduit du grec par Robert Brasillach.)

 

 

 

 

 

 

 

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