Sur les fleuves de Babylone

 

(Psaume CXXXVI)

 

 

Assis en pleurs aux bords des eaux de Babylone,

Nous rappelons Sion, abri délicieux.

Nous avons suspendu nos guitares qui sonnent

Sur les saules des eaux aux fruits pernicieux.

 

C’est là que nos gardiens, ceux qui nous emmenèrent,

Voulaient que nous chantions une hymne, et demandaient :

« Dites-nous de Sion quelque chant si vanté. »

Mais comment chanter Dieu sur la terre étrangère ?

 

Si jamais je t’oublie, ô ma Jérusalem,

Que ma main droite alors soit aussi oubliée !

Que ma langue se sèche au fond de mon gosier,

Si ta mémoire fuit quelque jour mon cœur même !

 

Jérusalem sera mon émerveillement.

Et toi, des fils d’Édom, souviens-toi, ô Seigneur.

La belle ville un jour fut leur jour de bonheur.

Ils disaient : « Qu’elle croule et retourne au néant !

 

Rasez tout sans pitié jusqu’aux racines mortes. »

Fille de Babylone, ah ! vienne la misère !

Heureux qui te rendra une peine plus forte,

Et viendra écraser tes enfants sur la pierre !

 

 

 

APOLLINAIRE.

 

(Traduit du grec par Robert Brasillach.)

 

 

 

 

 

 

 

 

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