Le veau d’or

 

 

Radieux, le poète assoiffé d’idéal

S’élance quelquefois vers les altières cimes...

Et là, plus près des cieux, ses chants sont plus sublimes :

Il n’est pour les ternir aucun souffle fatal.

 

Et quand il redescend, inspiré du ciel même,

Le front resplendissant d’une douce clarté,

Apportant aux humains l’auguste vérité,

Chantant le pur amour, l’espérance suprême,

 

Comme autrefois Moïse, aux flancs du Sinaï,

Il voit la foule immense encenser une idole,

– Aujourd’hui le métal et le plaisir frivole, –

Et blasphémer le nom du grand Adonaï !

 

Alors, le cœur rempli d’une sainte colère

Et sentant naître en lui le découragement,

Le poète divin, pleurant amèrement,

Brise son luth aimé contre l’ingrate terre !

 

 

 

Joseph ARMANDIN.

 

Paru dans Poésie, 11e volume

de l’Académie des muses santones, 1888.

 

 

 

 

 

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