S’il est une douleur...

 

 

S’il est une douleur qu’on ne puisse guérir,

Qui des nobles pensers éteigne en nous la flamme,

Qui vous fasse douter que vous ayez une âme

Ou le désir du bien, sinon pour en souffrir ;

 

C’est de voir à son but tout un siècle courir,

Sans même regarder si ce but est infâme ;

C’est de voir, triste objet de sarcasme ou de blâme,

Dans les cœurs les plus droits l’amour du vrai mourir.

 

Monte, monte, croyant, aux sommets prophétiques ;

Cherche dans les éclairs, ainsi qu’aux temps antiques,

L’esprit vivant de Dieu qui là-haut souffle encor ;

 

Puis, quand tu descendras, contemple, autre Moïse,

Ton peuple, insoucieux de la terre promise,

Dans la poudre couché sons les pieds du Veau d’or.

 

                                                            Paris, 25 août 1853.

 

 

Edmond ARNOULD, Sonnets et poèmes, 1861.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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