Quand le grand Florentin...

 

 

Quand le grand Florentin qui se nomme le Dante,

Poussé par ses douleurs, descendit en enfer,

Il avait mille fois, fils d’un siècle de fer,

Aux pointes du réel blessé son âme ardente.

 

En suivant pas à pas la rampe descendante,

À travers ces damnés, rêve d’un cœur amer,

Il lui semblait encor qu’il respirait notre air,

Et le dédain crispait sa bouche âpre et mordante.

 

Mais Dante, en ces lieux bas où l’on vit sans espoir,

Où l’on meurt sans mourir, ne voulut pas s’asseoir ;

Il monta, d’un coup d’aile, à des sphères plus hautes,

 

S’avança, grave et fier, dans ce moyen séjour,

Où de nos passions se rachètent les fautes,

Et ne s’arrêta plus qu’où s’arrête l’amour.

 

                                                     Limoges, 16 juillet 1851.

 

 

Edmond ARNOULD, Sonnets et poèmes, 1861.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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