Les moulins à vent

 

 

Voyez à l’horizon ces géants aux longs bras

Dont le squelette noir, debout sur la colline,

Semble, au milieu des feux dont le soir s’illumine,

Celui d’un chevalier armé pour les combats.

 

Ces preux bardés d’acier, qui font si fière mine,

À qui les voit de loin et ne les connaît pas,

Donnent au pauvre peuple, à ses meilleurs repas,

Le pain, fleur des dîners... lorsque le peuple dîne.

 

Aimez-les donc, enfants, et ne les craignez plus ;

Et quand vous les verrez, songez, jeunes élus,

Que le génie aussi, dans sa grandeur lointaine,

 

Lève souvent un front menaçant ou chagrin,

Et que pourtant son âme, au fond calme et sereine,

Est la meule divine où se moud le bon grain.

 

                                                                              1840.

 

 

Edmond ARNOULD, Sonnets et poèmes, 1861.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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