Je te retrouve, ô lac...

 

 

Je te retrouve, ô lac, après vingt ans d’absence,

Calme et pur comme aux temps de mon heureux malin,

Quand tu me renvoyais un visage enfantin

Beau de grâce naïve et de fraîche innocence.

 

Plus tard, aux jours fougueux de mon adolescence,

J’ai vu luire parfois, dans ton azur lointain,

Un œil sauvage et vif, un front pâle et hautain,

Beau de mâle énergie et de fière espérance.

 

Aujourd’hui !... – Loin de moi, traits désormais flétris,

Ombre de ce qui fut, muets et froids débris,

Où l’ardeur n’étant plus, la fatigue est restée !...

 

Ce que je cherche, ô lac, parmi tes verts roseaux,

Ce n’est pas le reflet de ma face attristée,

C’est l’image du ciel réfléchi dans tes eaux !

 

                                                     Paris, 18 juin 1857.

 

 

Edmond ARNOULD, Sonnets et poèmes, 1861.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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