Trente-huit fois déjà...

 

 

Trente-huit fois déjà je t’ai vu reparaître,

Depuis que mes parents, pour la première fois,

Parmi des cris plaintifs entendirent ma voix,

Jour heureux et fatal où j’ai commencé d’être !

 

Malgré l’amer destin que tu m’as fait connaître,

Malgré les maux subis et ceux que je prévois,

Malgré mon dos meurtri du fardeau de ma croix,

Je ne te maudis pas !... – Tu me bénis peut-être ?

 

– Oui, car si j’ai souffert, j’ai senti, j’ai vécu ;

Oui, car je lutte encore et ne suis pas vaincu ;

Oui, car de mes combats mon âme sort plus belle ;

 

Oui, car si j’ai perdu les rêves du berceau,

Dans l’espace infini j’étends, plus fier, mon aile,

Et j’ai porté mon but au-delà du tombeau !

 

 

                                                 Poitiers, 13 mars 1849.

 

 

Edmond ARNOULD, Sonnets et poèmes, 1861.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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