Attente
Ah ! qu’ils nous pèsent long, les jours de notre vie
Où la fatalité prend notre sort en main,
Où l’instant se fait siècle, et quand l’horloge crie,
Où l’on se sent frémir d’un frisson surhumain !
Ah ! qu’ils nous pèsent long ! L’angoisse qui nous plie
Semble nous arrêter au milieu du chemin ;
Puis on reprend sa marche et l’on doute ou l’on prie,
En songeant qu’aujourd’hui, c’est hier et c’est demain.
Quand on est là, courbé sous l’étreinte fatale,
Il semble qu’on voudrait se coucher sur la dalle,
Un poignard dans le cœur, plutôt qu’attendre encor,
Plutôt que prolonger cet éternel supplice !
Je disais, mais j’ai vu, s’offrant en sacrifice,
Jésus qui souriait dans son grand cadre d’or.
Bruno ATHOL.
Recueilli dans Anthologie belge, publiée sous le patronage du roi
par Amélie Struman-Picard et Godefroid Kurth,
professeur à l’Université de Liège, 1874.