Préparatif à la mort
En allégorie maritime
C’est un grand heur en vivant
D’avoir vaincu tout orage,
D’avoir au cours du voyage
Toujours en poupe le vent :
Mais c’est bien plus de terrir
À la côte désirée,
Et voir sa vie assurée
Au havre de bien mourir.
Arrière craintes et peurs,
Je ne marque plus ma course
Au Canope, ni à l’Ourse,
Je n’ai souci des hauteurs :
Je n’épie plus le Nord,
Ni pas une des étoiles,
Je n’ai qu’à baisser les voiles
Pour arriver dans le port.
Agrippa d’AUBIGNÉ,
Poésies religieuses et vers mesurés.
(Éd. Réoume et Caussade, Paris, 1873-1892.)
Recueilli dans La poésie mystique,
Jean Mambrino, Seghers, 1973.