Prière pour des poètes

de mon pays

 

 

Seigneur, dans mon pays on n’aime

Que rarement la poésie,

Hélas ! Vous en souffrez vous-même

Qui voyez les âmes choisies

 

Par vous pour chanter la couleur

Des mondes, pâlir et puis blêmes,

Donner voix, plus bas, aux poèmes

Exaltant le pommier en fleurs

 

Et l’ombre du clocher d’ardoise

Qui s’allonge avec son église

Tandis que l’air sent la framboise

Et que terre et ciel s’égalisent.

 

Seigneur, je connais des poètes

Dont la tristesse est d’être nés,

Puisqu’il n’y a jamais de fête

Pour eux qui sont insoupçonnés...

 

Que faire, afin qu’ils soient heureux

Une heure, des lauriers au front ?

Je ne demande rien pour eux

Qu’une heure, et que les pommiers ronds

 

Laissent tomber toutes leurs fleurs

Avec tendresse, avec ampleur

Sur eux, pour que, devenus roses

De joie – et leur âme assouvie –

Ils voient comme jamais, les choses

Briller, et qu’ils aiment la vie...

 

 

Alliette AUDRA.

 

Extrait de Le lendemain des jours, Rodez.

 

 

 

 

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