Les deux voix
Il regarde la Terre, il regarde les Cieux !
Ici, tous les néants, les douleurs et les craintes !
Ici, dans tous les temps, ici, dans tous les lieux,
La grande voix humaine aux étranges complaintes
Qui s’élève toujours, commue un cri de douleur !....
– Et c’est le Genre humain tournoyant dans l’abîme,
Qui se lamente ainsi !.... Sa voix sombre et sublime
A crié : – « Sur la terre, il n’est pas de bonheur ! »
Il relève les yeux, le rêveur immobile ;
Et, d’un plus doux éclat, son front inspiré brille.
Il regarde la Terre, il regarde les Cieux !
Là, toutes les splendeurs les rayons et les charmes,
Dans l’or et dans l’azur, s’étalent à ses yeux !
Puis il sent, de son cœur, couler en saintes larmes
La prière et l’amour, l’extase et le bonheur.
Dieu vient de lui parler ! – dans le ciel sans nuage,
Il a vu tout à coup resplendir son image !
S’est écrié : – « Là-haut, il n’est plus de Douleur ! »
Maurice BAILLARGÉ,
Derniers adieux de Graziella
suivis de quelques autres poésies détachées, 1879.