La chanson de Noël

 

(Poésie traduite du Catalan)

 

 

Le moineau chantait : Aujourd’hui, nuit de Noël, nous verrons naître une étoile, comme jamais plus il n’y en aura ; jamais le monde n’en verra d’aussi belle.

Le rossignol chantait : Ce n’est pas une étoile, mais un soleil étincelant de lumière, pour les hommes, pour les cités, pour les anges et pour les saints, c’est la lumière de l’avenir.

Et l’hirondelle disait : Je traverserai la lumière ainsi que la mer salée, et j’irai par tous les peuples, répandre la nouvelle, dès que l’aube apparaîtra.

L’onde roulante dit, lorsqu’elle termina sa route : Écoutez, vous tous, hommes ; le Verbe s’est fait homme, et la liberté une doctrine.

Et l’ange dit : Ô étoile, qui ornes tout le ciel, ô saint fils de Marie ! Les hommes verront le fils de Dieu, sur la croix, mourir dans l’agonie.

Et la rose dit : Ô soleil ! pour toi je porterai le deuil, tant que durera ma vie ! je ne veux plus de la couleur blanche, je veux toujours être vêtue de la couleur du sang.

Et les ondes et les oiseaux, les fleurs et les anges disent à présent : Ô peuples ! Races, Rois ! Avez-vous encore dans vos lois la peine de mort ?

 

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Sous de noirs nuages le ciel bleu s’est obscurci ; tout ce qui vit se couvre d’un épais linceul de neige ; les rivières et les ruisseaux se sont gelés ; le soleil, allumé, s’est éteint ; la terre semble vide de la bonté de Dieu.

Miracle ! Tout à coup, au milieu de la nuit silencieuse, et par-dessus la neige, la terre reverdit ; on voit le ciel se teindre d’une couleur rose ; les rivières poursuivent leurs cours, la neige est fondue.

Tout ce qui est mort remue ; tout ce qui est inerte revient à la vie, les arbres se balancent avec une verdure luxueuse. Tout ce qui apparaît à la vue, est un jardin fleuri, et dans les cieux on voit apparaître l’étoile de l’amour.

Du sein de la terre, ses esprits candides, comme des fleurs d’or et de pourpre, traversent l’immense espace portant dans leurs bras des bouquets aromatiques d’où s’exhalent le myrte, l’aloès et l’encens. Et au milieu de la nuit, les anges, battant des ailes, tournent, courent, vont et reviennent, entourés de nuages d’or, et à tous ceux qu’ils rencontrent, et à tous ceux qui les voient, ils disent : Hosanna ! le Sauveur est né.

L’étoile des Rois fait briller ses lumières splendides, l’immensité est remplie par les harmonies angéliques. Et un chœur de voix mélodieuses va partout en chantant et en murmurant : Hosanna ! Hosanna ! le Sauveur est né.

 

 

 

Victor BALAGUER.

 

Recueilli dans Contes espagnols,

rassemblés et traduits par

E. Contamine de Latour

et R. Foulché-Delbosc, 1889.

 

 

 

 

 

 

 

 

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