On lui mit au front...
On lui mit au front une couronne de lis et on la revêtit de blanc, les mains en croix.
Elle semble vivante dans son cercueil de cristal, quand les vierges vont l’enterrer.
Ah ! Dieu ! quand il arrivera ! Ah ! Dieu ! quand il saura que sa bien-aimée est morte pendant qu’il voyageait sur mer !
Soudain il arrive. – « Ne me direz-vous pas où est l’Aînée, car j’apporte pour elle des perles et des coraux ? »
– « Hier soir l’Aînée est morte, et nous sommes allées l’enterrer. Cependant son corps et encore dans l’église. »
– « Hélas, mon Dieu, mon cœur me le disait bien ! Hélas, mon Dieu, je veux lui donner un baiser ; s’il ne la ressuscite pas, c’est qu’alors elle sera bien morte ! »
Il est allé à l’église, il se trouve devant l’autel de Saint Paul, et il brise les verres du cercueil de cristal.
Déjà, ses lèvres sur ses lèvres, il lui a donné un ardent baiser, et déjà la morte, ressuscitée, pousse un cri de plaisir.
Ah, mon Dieu, quelle joie ! Ah, mon Dieu, quelle joie plus grande que de trouver sa fiancée vivante et de pouvoir l’embrasser !
Victor BALAGUER.
Recueilli dans Contes espagnols,
rassemblés et traduits par
E. Contamine de Latour
et R. Foulché-Delbosc, 1889.