Sonnet
31 mai 1890.
Quand de mes yeux, enfin, la muette prière
Eut pénétré vos yeux, c’est mon ange gardien
Qui vous fit devant moi relever la paupière.
Depuis je vous adore, et vous le savez bien !
Mais lorsque, rayonnant de divine lumière,
Votre tendre regard se croise avec le mien,
J’y cherche, mais en vain, l’espérance première
Et je me désespère en n’y lisant plus rien.
Oui, c’est là mon tourment, et je puis le maudire,
Mais du mal qu’il me fait je ne devrais rien dire
Si dans vos yeux, hélas ! je ne relis jamais.
Et ce sont là pour moi des peines éternelles,
Car je ne pourrai plus oublier désormais
Ce que mes yeux, un jour, ont lu dans vos prunelles.
Georges BAL.
Paru dans L’Année des poètes en 1890.