Petite chanson
Le pin débite ses augures
dans le silence vespéral.
– Pin albinos, dis-moi le nombre de mes jours ;
le compte en finit toujours mal...
– Pin qui pries à voix basse,
pin albinos, pin qui sais l’avenir,
d’un blanc bois de pin sera la caisse
où l’on m’enveloppera d’un linceul.
Une caisse en pin bourgeonnant
pour enterrer un rimeur.
Ah ! qu’on l’enterre en automne...
Qu’on mette aussi quelques fleurs.
Le pin débite ses augures
près du moulin qui rumine ;
là-haut voilà les trois Maries
comme trois pétales d’une fleur.
Le pin débite ses augures
sur le silence vespéral ;
comme les jours passent les pauvres ;
le pin lit sa prière en son missel.
Enrique BANCHS,
Traduit par Pierre Darmangeat.
Recueilli dans Anthologie de la poésie ibéro-américaine,
Choix, introduction et notes de Federico de Onis,
Collection UNESCO d’œuvres représentatives, 1956.