Ballade à la Sainte Vierge
Vierge Marie ! après ce bon rimeur
François Villon, qui sut prier et croire,
Et qui jadis, malgré sa folle humeur,
Fit sa ballade immortelle à ta gloire,
Je chanterai ton règne et ta victoire.
Ton diadème éclate avec fierté
Et sur ton front il rayonne, enchanté.
Mille astres d’or frissonnent sur tes voiles.
Tu resplendis, ô Lys de pureté,
Dame des cieux, dans l’azur plein d’étoiles.
Mère sans tache, entends notre clameur
Et sauve-nous du mirage illusoire !
Vierge, à travers le monde et sa rumeur
Guide nos pas tremblants dans la nuit noire.
Luis, Porte d’Or ! Apparais, Tour d’Ivoire !
Toujours le Mal, avec peine évité,
Poursuit notre ombre, et dans l’obscurité
Pour nous meurtrir ce chasseur tend ses toiles,
Aide-nous, toi dont le Fils a lutté,
Dame des cieux, dans l’azur plein d’étoiles !
Conduis le faible ! Éveille le dormeur !
Parfois le sombre Océan sans mémoire
Rit à nos yeux troublés, comme un charmeur
Et montre un flot calme et rayé de moire
Comme une source où la biche vient boire ;
Puis il devient un gouffre épouvanté !
Quand le marin sent l’orage irrité
Briser ses mâts et déchirer ses voiles,
Tu fais pour lui briller une clarté,
Dame des Cieux, dans l’azur plein d’étoiles !
ENVOI
Reine de grâce, et Reine de Bonté,
Aide et soutiens notre fragilité.
Fuyant l’abîme affreux que tu nous voiles,
Fais que notre âme arrive en liberté,
Dame des Cieux, dans l’azur plein d’étoiles !
Théodore de BANVILLE, mai 1869.