La nuit de Noël
1835.
Noël ! Noël ! ô nuit d’amour et d’allégresse
Où Dieu naît pour mourir, homme par ses douleurs,
Toi qui mets, sur l’autel, les pleurs de la tendresse
Pour éteindre le feu des tonnerres vengeurs !
Noël ! ô nuit où Dieu sublimement s’abaisse
Jusqu’à sourire, au sein d’une cour de pasteurs,
Dont l’astre heureux doit luire, et partout, et sans cesse,
Non plus au front du ciel, – mais au plus noir des cœurs :
Pauvreté que l’amour enrichit de ses charmes,
Or, myrrhe, encens, biens vils comparés à ses larmes,
Foi penchée à genoux près d’un berceau qui luit,
Nuit sacrée, en travail d’une aurore brillante,
Souffre que je redise, ô nuit étincelante !
Est-il beau jour plus beau que cette belle nuit ?
Léon BARBEY D’AUREVILLY,
Sonnets, 1836.